RockBallad1

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Re~-I pK 14 Frs

Interview ELLIOTT MURPHY

t

JOHN COUGAR MELLENCAMP

Interview LITTLE BOB


EDlTORlAL Ainsi donc, une nouvelle revue arrive sur le marché déjà fourni de la presse rock française. Pourtant, malgré cette effervescence médiatique, aucune publication n'est jamais parvenue à nous satisfaire pleinement : entre la lecture des dinosaures essouflés et discrédités par leurs multiples compromissions (suivez mon regard), et celle des fanzines se sentant parfois investis d'une mission de gardiens du temple rock, subsistait toujours la désagréable impression de rester sur notre faim. Bien sûr, par-ci par-là, un article, une interview, une chronique de disques attiraient notre attention et nous laissaient espérer un prochain numéro plus conforme à notre attente. Ce sentiment d'insatisfaction nous a poussé à nous lancer dans cette aventure parsemée d'embûches mais exaltante qu'est la création d'une revue. C'est donc à notre tour d'essuyer les reproches. Pourtant, nous estimons que le jeu en vaut la chandelle, dans la mesure où la ligne de conduite que nous nous sommes fixés nous confère une double spécificité : 1) Rock Ballad traitera notamment de tout un secteur de la musique rock ignoré ou dénigré, à savoir la pop ; recensez les articles parus dans la presse française sur Dramarama, les Shoes ou les Bongos : on les compte sur les doigts d'une main. 2) Rock Ballad ne fera aucune discrimination, dans ses chroniques, entre les disques sortis en France et ceux importés. Pourquoi en effet confiner dans l'anonymat (ou expédier en trois lignes) des disques de grande qualité, sous prétexte d'un pressage non estampillé <<bleu, blanc, rouge. ? C'est au nom de cette logique absurde qu'ont été passés sous silence en 1986, deux albums importants, .Sangs from the film,, de Tommy Keene et (cRun>,des Windbreakers, alors qu'un minimum d'efforts permettait de se procurer ces pépites. Pas de sortie française, donc pas de critiques, donc pas d'informations, donc pas d'acheteurs : un cercle vicieux qui maintient des gens de talent dans l'ombre. Briser ce carcan relève de la plus grande urgence. Rock Ballad se veut aussi une revue soignée et attrayante, possédant de nombreux repères via plusieurs rubriques, dont le nom et la fonction renvoient à un titre d'album (amusez-vous à en reconnaître les auteurs) : ainsi, <,Everybody's in show biz,, vous informera des faits les plus intéressants de l'actualité rock, ~Jumpin'inthe night- rendra compte des concerts, .01d waysn portera un regard vers le passé, <<Newmorning,, vous fera découvrir de nouveaux talents, -Turn ! Turn ! Turn !- vous proposera une sélection de 33 t. et de 45 t., et ~Reckoning,,vous permettra de connaître, d'un seul coup d'oeil, l'appréciation de l'équipe rédactionnelle sur les L.P.'s chroniqués dans le mëme numéro. Enfin, nous comptons sur votre enthousiasme pour vous abonner et faire connaître Rock Ballad autour de vous.

ROCK BALLAD asaemue &bée pr r-ation

RakBÎllad BI'. ü 33007 B O R E A L X CEDEX **********

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&h p b k a t i o n :

MmNoanomnrion pariciire : en cours

Imprimerie :Lm .Unirai du Papier

Avenu dc Paris - B.P 13

336210 C--i\-IG.\L4C

Ont cdhbmé à cr numéro :

Jem-Charks DL-BOIS Bernard F w n -

Domniiqu L4G;IRDE CZrilc . W B E . - 1 L' J d RL7Z

Gdks RC-OPOU

Ln -nand merci à : C h u & BIELTKIS

Jarni-Michel PETIT

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Tom àroits de reproduction réservés pour tous pays. Les documents reçus ne sont pas rendus et leur envoi implique l'accord de l'auteur pour leur libre publication.

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50, rue de l'Arbre-Sec 75001 Paris Té1 : (1) 42.97.4235 Métro : Louvre Ouvert du lundi au samedi de 10 h 30 à 19 h Le rock à toutes ces époques (des 50's aux 80's) et dans tous ses genres (country, R & B, Tamla, Pop, New wave, Français).

Copyright ROCK BALLXD


SOMMAIRE Editorial

2

Everybody's in show-biz

4

LlïTLE BOB

Bernard FRETIN

Dominique LAGARDE

Jumpin'in the nigllt

JOHN COUGAR MELLENCAMP

M r MOONLIGHT

5

14

16

Gilles RUOPOLI

Jean-Charles DUBOIS Old ways FESTIVAL DE BLAYE

5

Dominique LAGARDE

HOUR GLASS R.S. DRAMARAMA José RUIZ

En couverture : ELLlOïT MURPHY à

New Morning :

Saint-Brieuc le 24/11 /84

EDDlE RAY PORTER

(photo Guy KINDBEITER)

22

Cécile MIREBEAU Visions of tlze night

6

Bernard FRETIN Unprince charmant

Tirrn !Turn !Turn !: 7

Bernard FRETIN

CELIBATE RIFLES

10

Cécile MIREBEAU ROAD RUNNERS Bernard FRETIN

Chroniques 33 tours

23

Chroniques 45 tours

29

Reckoning : Les cotations de Rock Ballad

12

31

Le prochain numéro et les tarifs de Rock Ballad

32

I

Ce numéro est spécialement dédié à José RUIZ sans qui cette revue n'auraitpas vu le jour.

-

Rock Ballad no1 Septembre 1987 3


Les Surrenders Iravliillent actuellement à la maqucttc de leur prochain album. Feront-ils eThe loner~de Neil Young qu'ils jouent désormais sur scène ? En attendant, leur mini L.P. nStay overnight~ sort en Espagne chez Maryliu Records et en Australie chez Au Go Go Records. Ces derniers éditent également un single avec eLoaded dice>,en face A et une version live de eCinnamon girls (toujours Neil Young !) en face B. Adresse du Surrenders fan-club : Jean-Charles Dubois, 13, rue Pauline-Kergomard -33150- Cenon i Le numéro 2 du fanzine de B.D, Experiment 87, comprend des interviews des dessinateurs Sanalzujas, Morchoisne e t Raoul Kepchup. Il est en vente par correspondance, contre un chèque de 13 F. à l'ordre de Olivier Belrose, 4 rue Eugène-Ducrétète -51100- Reims Glenn Tillbrook et Chris Difford, leaders de Squeeze, ont recruté Andy Metcalfe, ancien bassiste du groupe de Robyn Hitchcock, Les Egyptians. 11 y joue des claviers aux côtés de Jools Holland qui s'occupe plus spécialement du piano i Les Windbreakers viennent de sortir un album ~Differenfsort* sur le label américain D.B.Records, avec de nouveaux membres, Tim Lee restant seul aux commandes depuis le départ de Bobby Suriif La bande originale du film .La Bambax comprend, outre des morceaux de Los Lobos, une reprise du nCrying, waiting, hopingn de Buddy Holly par Marshall Crenshaw m La rentrée sera, entre autres, placée sous le signe de Little Bob Stoty : d'abord un 45 tours avec une version du célèbre <<Hwhu,puis un nouvel album *Ringalevio~>, le premier depuis trois ans qui sort en disque ,en cassette et en compact, enfin une tournée française ! Adresse du fan-club Little Bob Story : B.P 76 -33016- Bordeaux Cedex Les Replacements ont un nouveau guitariste en la personne de Bob eSlim>> Dunlop, ami du groupe, qui succède ainsi à Bob SINlson. MTV, la chaîne de télévision américaine consacrée à la musique, refuse de passer leur vidéo <The ledges à cause du thème de cette chanson, qui traite du suicide Le prochain album de Let's Active devrait sortir en début d'année prochaine, et ne sera pas, en principe, produit par son leader Mitch Easter Tom Stevens, bassiste des Long Ryders, a quitté le groupe, dont le remarquable premier mini L.P., CIO-5-60>,a été réédité par le label anglais Z i ~ o oavec une pochette légèrement

hl! h l O O N I . I ~ i l l ' l ~ ( p h o Patrice ro

Lalroii)

remaniée, et un inédit, *The T r i p . Adresse du Long Ryders International Fan-Club : P.O. Box 266, Hollywood, C.A. 90078, U.S.A. Les angelinois font également l'objet d'un fanzine, <<TheLong Wytern, que l'on peut se procnrer en écnvant à son auteur : Glenn Minderman, Nachtwachtlaan 345, 1058 E.M., Amsterdam, Holland L'ancien Byrd Gene Clark a sorti en compagnie de la chanteuse des Textones, Carla Olson, un nouvel album d o rebellious a lovera, paru en Angleterre chez Demon La suite de la biographie de Bruce Springsteen, écrite par Dave Marsh, est enfin parue. Le second volume s'intitule «Glory days : Bruce Springsfeen in the 1980'sn Espérons qu'il aura droit, comme son prédécesseur, a une traduction française. Quant au boss, il poursuit I'enregistremqt de son nouvel album à Los Angeles, avec notamment des musiciens de country m Une vidéo-cassette de R.E.M. d'une durée de cinquante minutes est actuellement commercialisée. Intitulé eSuccumbc~~, elle regroupe des clips tirés des albums et des extraits de concerts. Le nouvel album ,,Documenrs. produit par Scott Litt (qui a notamment travaillé avec les d B's et Katrina and the waves), a été enregistré à Nashville et son ce mois-ci i La compilation publiée par le label anglais Bam Caruso. ~Meanwchiie back at the ranch big Dan isfghting for his lifen (ouf !) comprend un titre inédit des Fortunate sons. 11 s'agit d'une reprise d'une chanson de P. F. Sloan, d i n s of the familyi m Décidément, David G e f f n , président de la compagnie de disques qui porte son nom, et à laquelle appartient Neil Young, ne fait pas de cadeau à ce dernier : aprts lui avoir reoroché. il v a oeu. de commettre des

albums non comnierciaux, il s'oppose maintenant à une reformation de Crosby, Stills, Nash et Young si le disque en résultant ne paraît pas sur son label. Or, Neil Young devant encore deux L.P.'s à Geffen et ses trois anciens partenaires étant sur Atlantic, on peut penser que cette réunion ne se concrétisera pas (au niveau vinylique du moins) avant un bon moment, d'autant plus qu'un arrangement entre les parties concernées semble improbable. Ce que d'aucnns se réjouiront ... Contact Mr MoonligM : 253, nie du Fond du Val, 76770 Houpenlle (Té1 : 35.59.17.06) Le remarquable magazine anglais <Bucketfull of brains~a sorti un numéro spécial retraçant l'histoire des FlaminlGroovies et vendu avec un titre inédit (excellent) sur flexi-disc pour Le prix de f 1,80 payable à ~Bucketfull of brainsn, 70 Prince Georges Avenue, London SW20 8 BH Le dernier album de Prince est déjà soldé a Austin, Texas, pour cause de mévente. Quel plaisir de savoir qu'il existe encore des contrées où I'exhibitionnisme et les pseudo-talents ne font pas recette ! m Participant au concert de soutien aux vétérans du Viet-Nam, donné à Washington le 4 juillet dernier, John Fogeriy a fait sensation en revenant sur sa décision de ne plus jouer les chansons de Creedence Cleanvater Revival. Le public a ainsi pu apprécier <Born on the bayou,,, «Who'll stop the rains, eUp amund the bendz, <<Bad moon risingu, nFortunate sonn et eProud Mary* Les amateurs de rockabilly ne tarissent pas d'éloges sur le groupe bordelais les Frégatesl qui joue impeccablement le rock des années 50 et a le bon goût de ne pas reprendre les classiques déjà entendus dix mille fois. Contact té1 : 56.91.10.06 ou 56.97.77.48 I.R.S. a sorti aux U.S.A. un album ~~Athens, GA Inside / Out., bande sonore d'un documentaire sur la scène d'Athens, Georgie. Le L.P. regroupe des enregistrements live et studio de groupes locaux : on y trouve, entre antres, des inédits de R.E.M. (nouvelle version de <<Swanswan H* et reprise acoustique du nAll 1 have to do is dream» des Everly Brothers), Pylon et Love Tractor On aimerait bien entendre très prochainement les nouvelles chansons de Richard Baronc et James Maslro, les deux compositeurs des Bongos, dont rien n'est paru depuis janvier 1985, date de leur dernier L.P., <<Beat hot el^. Bernard Fretin


JUMPIN9IN THE NlGHT MISTER MOONLIGHT (24 juin 87 - Bordeaux Luxor) 1962 - Sur la scénc du Star Club d'Hambourg, quatre garsons pas encore dans le vent nasillent leur version de «Mr Moorl11ghfs.. 1987 - Mr Moonlighi encore, et cette fois c'est le noiii du groupe qui se présente au Luxor à Bordeaux. Mr Moonlighi s'est créé en janvier 1986 à Rouen ; au début. c'était une bandc de copaiiis qui jouaient dans les clubs, pianobars ...et puis, cette année ils décident de foncer à cent à I'heure.dans des comliositioiis qui sont dans l'esprit de Springsleert, Tlie Alnrrii, ou Paul Collins Beai. Pour l'heure, leur plus grand titre de gloire est une premikrc partic des Fleshtones à Rouen. En cette fiii juin donc. ces musiciens passent par Bordeaux. Pour nous mettre à l'aise, ils attaquent par deux reprises d'affilée des Preliy Tlzings pour ouvrir Ic set : d o r l ' i hring me down>> et eMidniglii io sir mon,>. Puis, ils nous halanceiit trois originaux, pleins de puiicli et composés dans l'esprit : ~ F S E I Iki.s.~», C~ "Giin~ilrsoiiie frietidshipa et ~~liziiznreO/ yoar Ioi'e~. La rytliinique est siipcrhe et sans faille, assurCc par Larrrcrlr Pardo à la basse et Yves Duritu à la batteric. losé Butez assure la lead guitar et le iiioiiis qu'on puisse dire est qu'il a beaiicoiip écouté Alvin Lee à I'Cpoqiie où il n'était pas pCjoratif de parler dc Te11 Yeors Aper ; il partage les vocaux arcc I'atrich Prote, uii jeune guitariste harii~oiiicistequi fait craquer les nanas. Ces gars-là adiiiettent qu'ils sont contamiiiés, ils savctit trouver le refrain qui accroche ou le giiiiiiiick qui vous secoue. Retour au concert avec <<Glorio>~, oui, le <<Gloria>> de 71re1,1, et dans la foulée «The lnsi iirite. des Stoiies en version speedée. Et encore des compas du groupe *Make i~r~/eeI nlrighir. Si c'est vrai ! et CIrried)>et eMorylin>>... Dans la sallc, la teiision cominence à monter salement. Les bons vieux classiques reprennent vie : *Do yorr love nie22 (repris entre autres par les Soriics) avec des Iiarmoiiies vocales à la Beatles, d'ailleurs, ils enchaînent sans temps mort sur «Twisi and shout». Puis, le dernier original «Rock'n'roll Dadu. Avec les rappels, c'est véritablement un

deuxième concert qui redémarre : ~Whammer Jammeri, instrumental bluesy de J. Geils Band(avec nMngic Pairickn à I'harmonica !), ,<Boom Boomx de J.R.Walker que le public chante en choeur et également qDirry wniera des Standells. Mais le meilleur est encore à venir : un petit riff du meilleur cru et c'est, mais oui, eRefried Boogier créé par Catined Heai, I'hyinne de Woodstock. Comme il se doit, ce morceau s'étend sur plusieurs minutes, soli de guitares, d'liarnionica, passage parlé délirant scandé par les mains de tous les spectateurs hallucinés. Mais au Luxor, le temps est compté. et c'est sur un blues acoustique à la slide et à l'harmonica qu'ils nous achèvent, et personne, réellement personne n'a envie que Fa cesse. C'était vraiment un des meilleurs concerts de l'année à Bordeaux, tant le dialogue passait bien entre le groupe et son public. Gageons que ces quatre là sauront faire leur chemin. Pour river définitivement le clou. j'ajouterai qu'il leur arrive de faire aussi une cover de SVUSAB de Paul Collins et Peier Case. et à cela, no comment ! Jean-Charles D ~ ~ b o i s

FraiiçoisP~;iiidolii ct Rohcit<,lDi:i,.~:i

(photo Gilles Ruopoli)

FESTIVAL DE BLAYE 17 juület 1987 La citadelle de Blaye offrait son cadre prestigieux pour ces deux soirées de Festival Rock, sorte de revue d'effectif d'une partie de la scène rock fran~aisesous la protection des murs de Vauban. Relativement distrait par la beauté du site, j'ai repris mes esprits à temps pour écouter Kid Pharaon and the Lonely Ones présen-

ter quelques uns des nouveaux morceaux qui figureront sur leur premier album. Les Bordelais ont assuré un bon set devant uii public pas encore au complet ; peu de temps pour souffler avant le passage des Désaxés qui m'ont trks vite donné I'occasion de retourner visiter les fondations et de faire une petite visite aux marchands du temple. Le point fort de la soirée allait être fourni par la prestation des Road Runners ; sachant parfaitement occuper une grande scène, les rockers d'Evreux m'ont fait une iinpression énorme, même s'ils n'ont pas joué tous les titres du mini L.P. &eep B e e p (adieu ~ B a b yBees et ~Jealorisof ÿour Mirroru).La complémentarité des Road Runners est parfaite entre leur disque mélodieux produit, et la fougue qu'ils déploient sur scène, avec un François Parido@ particulièrement speedé, même s'il se plaisait à reconnaître que nous avions seulement vu le côté aWithout Tequila,, des Roud Runners. Pour tout arranger, la pluie qui commensait à tomber a fourni au groupe I'occasioii d'entonner un «Umbrella~ pas du toiii déplacé, même si l'on aurait souhaité qu'une distributioii de ces engins ait lieu. Au rayon des reprises, cuViona~~et ~ H e y Gyp>>sont venus annoncer le clou du show, celui que tout le monde attendait, Roberio Piazza alias Little Boh, producteur et fan des Road Runners ...après avoir été leur première idole. Les classiques brûlants ont alors défilé d o m e see meo, eLilile Latin Lulle Lus, ~ ~ B r i itn gon home IO me>, #Play wiii~fire», nBoom Boom*, «Tm crying» et <<Lucillea,le tout court et violent comme de bien entendu, juste le temps pour Bo6 d'annoncer la sortie de son disque d'automne et de s'en retourner récupérer en salle des gardes. L'allégresse et I'afflueiice (environ 2000 personnes) étaient alors à leur comble pour le passage des Baimen, un long set qui m'a surtout donné envie de revoir les dauphinois dans le cadre plus propice pour eux d'un petit club. Tard dans la nuit, les torches brûlaient encore le long des chemins de ronde, mais les assaillants, au lieu d'arriver par la mer, avaient simplement franchi le poiit levis pour bombarder le tapis d'herbe fraîche de canettes dégoupillées. Merde à Vauban ! Dominique Lagarde


ELLIOTT MURPHY Elliott MURPHY est véritablement un artiste à part dans le monde du rock :pas tout à fait star, en raison d~ son impact commercial limité, mais star jusqu'au bout des ongles, eu égard à une discographie sans faille ou brillent de mille feux, huit albums majestueux. Cette marginalité est probablement inscrite dans le personnage Murphy :son élégance naturelle, ses mélodies racées et ses textes raffinés ne correspondent guère à l'attente de la majorité du public rock. Mais Elliott Murphy ne s'arrête pas à ce genre de considérations et poursuit, contre vents et marées, son petit bonhomme de chemin. Personnage clé des années 70, il regarde droit devant lui et se sent parfaitement à l'aise dans le rock de 1987. Et pour cause : sa musique est hors du temps, ce qui n'empêche pas Elliott Murphy d'avoir les pieds sur terre (ou plus exactement sur scène) en venant saluer l'Europe pour une tournée de deux mois. <<ROCKBALLAD» était, bien sûr, présent au rendez-vous.

VISIONS OF THE NlGHT <<MilwaukeeTour,, ou le grand retour sur scène d'Elliott Murphy : une trentaine de dates à travers l'Europe pour une tournée se déroulant essentiellement en %&de, en Espagne et en France. Soit les trois pays du vieux continent les plus actifs lors des dernières productions discographiques du new-yorkais ; rappelons, en effet, d'une part que les deux premiers pays à avoir sorti <<Murphthe s u f i ont été la France et la Suède, et d'autre part, que <Milwaukee» bénéficie en France d'une édition en disque compaci (merci New Rose), et en Espagne, d'une pochette double incluant une superbe photo de concert. Tous ceux qui ont vu Elliott Murphy sur scène peuvent témoigner de l'exceptionnelle chaleur qui se dégage de ses concerts. Celui qu'il donna ce samedi 6 juin 1987 à Bordeaux (ou plus exactement, ce dimanche 7 juin, le set ayant débuté à Oh 45 !)ne dérogea pas à la règle. II s'agissait des grandes retrouvailles d' Elliott Murphy et de son fidèle bassiste Emie Brooks, avec le public bordelais qui n'avait pas eu l'occasion de les applaudir depuis leur concert mémorable du 14 janvier 1983 dans la salle des fêtes du Grand Parc. Cette fois, le cadre était plus intime en raison de la relative exigüité de la salle du Performance, où quelques trois cents personnes avaient répondu à l'appel. Il incombait aux Valenrino d'assurer la première partie de la tournée française ; les quatre Caennais s'acquittèrent honorablement de cette tâche, même si le studio leur convient mieux. Une demi-heure après, arrive enfin 1' Elliot Murphy Band dans une composition remaniée par rapport à l'enregistrement du dernier album c,MiIwaukee~~: exit le batteur Jesse Chamberlain et Art Labriola, dont les interventions aux claviers sur <Milwaukee,>ue sont pas toujours judicieuses. Seul, Jesse Cham-

Elliotr bliirpiiy (photo G u y Kiridlieitzr I

berlain a été remplacé. et i'heureu~ élu s'appelle Lewis King. Quant à Ellion i i f r r phy, et Ernie Brooks, ils restent fidèles à leur image, celle des rockers élégants : le premier apparaît tout de noir rétu. le second porte un tee-shirt blanc et un pantalon de cuir noir. Le trio débute le concert par une petite surprise : une version électrique de <Change will comew, pendant idéal de la splendeur acoustique figurant sur le mini

L.P. de 1980, <Affairsg. Dans la foulée, Ellion enchaîne sur di'inners, losers, beggars, choosers~et dister real., pendant lesquels Ernie Brooks se joint à lui pour chanter les refrains. Suit un «Out for the külinp tendu, mettant en valeur la remarquable cohésion du trio, ici mené de main de maitre par le sobre mais efficace Lewis King. Avec une rythmique aussi solide, Elliott peut donner libre cours à son inspiration et se fend d'un solo incendiaire au


beau milieu du morceau. Bien que peu représentatif de son répertoire, nOut for ihe killing. est largement applaudi, ce qui incite Elliott Murphy à s'adresser, pour la première fois de la soirée, au public, dans un français quelque peu hésitant : nMerci beaucoup Bordeaux.. . Fait chaud,, (tu n'y es peut-être pas pour rien, Elliott !). Les premiers accords de J n s t a stnry h m American nous ramènent à la période où tout semblait encore possible quant a une carrière dorée (commercialement parlant) pour Elliott : dix ans déjà ont passé mais toujours est-il que ce morceau, comme l'album du même nom d'ailleurs, reste de première bourre et que le groupe le joue avec une conviction qui fait plaisir à voir. Mais Murphy se conjugue également au présent et *Rnnnin' aronnd*, avec son solo plaintif, démontre aux sceptiques (il y a des blasés partout et peut-être même surtout dans la rock-music) que l'inspiration est toujours au rendez-vous. Au cas où certains n'en seraient pas encore cnnvaincus, rebelote avec <Par@ girls and hroken poetsx, où Elliott avalele début du refrain : <Out wi~ka bad boy ...Out witk a badgirb,. Les premières notes d'harmonica du morceau suivant ne laissent planer aucun doute : c'est bien d'wAnasfasia* qu'il s'agit. On a parfois l'impression d'assister à des moments vraiment privilégiés, dont on sait qu'ils se reproduisent très rarement. C'est le cas, ce soir avec nAnaîtasia2 ; jamais je n'oublierai le visage illuminé et bouleversant d'Ellion Murphy pendant ces quelques minutes où il se trouvait en véritable état

de grâce. Un tel degré d'intensité est forcément suivi d'un moment de décompression ; Ellion le sait parfaitement et en profite pour accorder quelques secondes de détente à la salle : .Maintenant, je voudrais chanter une nouvelle chanson. Vous me comprenez ...parfaitement ?» C'est incroyable mais.. .Elle s'appelle sMany can read (Few can reason)~.S'ensuit un rock superbe, ponctué de aHey, heyn des deux acolytes et traversé d'un solo rageur d'Elliou, qui précise : prochain albwnx. Ce qui laisse bien augurer de l'avenir ! Notons d'ailleurs que le groupe a joué, durant cette tournée, un autre titre inédit, ~ E y e s of the children of Mariau, dont le public bordelais fut, hélas, privé. En attendant, celui-ci se délecte d'un eYnu got it made» joué avec un immense plaisir et largement communicatif, à en juger par la formidable ovation qu'il recueille. Retour au dernier album, avecsonmeilleur morceau niag gara fallsw, où Emie Brooks fait apprécier une superbe partie des basse. Le reste du concert sera constitué de classiques murphiens : tout d'abord xLast of the rock stars», que le groupe joue pratiquemeut à chaque set. C'est ensuite au tour de «Rock Ballad. (ne vous demandez plus d'où vient le nom du magazine que vous tenez entre vos mains) au cours duquel Ellion prend un long solo nerveux et sacrifie à la traditionnelle présentation de musiciens. C'est aussi l'occasion pour Elliott Murphy de se lancer dans une improvisation chantée qui l'amène à évoquer le souvenir d'Ob Redding. Le trio quitte alors la

scène et revient pour un rappel de rêve : xDiamnnds hy the yardr, emmené par un Ernie Brookr impérial. Ceux qui connaissent les paroles par coeur auront noté un «Muddy waters playing blues guita»> à la place du <<Oldblack man playing blues guitar~, du texte original. Le groupe enchaîne sur <Drive a11 nighb où s'entremêlent quelques paroles du <The wasp>~ des Doors puis, les accords du «I'm a1lright.v des Rolling Stones. Elliott conclut par un <Merci beaucoup Bordeaux. You're the bestx, et le groupe se retire définitivement. Le *Route 66» prévu au départ ne sera finalement pas joué, le D.J. du Performance rappelant que la fermeture de la salle aurait déjà du avoir lieu depuis un bon moment. A cette frustration s'ajoute celle du cadre austère dans lequel s'est déroulé le concert : deux spots rouges et blancs pour un artiste de cette envergure, c'est vraiment regrettable. Sans réclamer un véritable light-show, j'estime que de telles circonstances requièrent un éclairage décent, dont tout le monde a pu constater l'absence ce soir-la. Quoi qu'il en soit, ce concert qui reste un des meilleurs souvenirs de ce ~Milwaukee Tour>>,aux dires d' Elliori Murphy luimême, offrait retrospectivemeut un bien beau panorama de sa carrière : tous les albums, hormis «Los/ generationu, ont été représentés avec, c'est normal, une préférence pour le dernier L.P., dont cinq titres ont été joués, suivi de près par «Jus/ a story from Americax avec quatre chansons. Cette tournée constituait, sans nul doute, un des temps forts de cette année et j'espère vraiment que vous n'avez pas raté ça. Sion, il ne vous reste plus qu'à aitendre la prochaine venue de 1' Elliott Murphy Band. Et je ne connais pas de meilleur moyen, pour prendre patience, que d'écouter ses disques. Mais reviens-nous vite, Elliott ! Bernard Fretin

UN PRINCE CHARMANT

Ernic Brooks et Elliott Murphy (plioto Gu" Kitidbeiter)

Elliott Murphy a la réputation d'être un artiste attachant et affable. Ces qualités, Dominique Lagarde et moi-même avons pu les vérifier peu après le concert décrit ci-dessus. Et nous les avons d'autant plus appréciées qu'Elliott est apparu dans sa loge extrêmement fatigué, conséquence d'un traitement antibiotique et d'une tournée qui touchait à sa fin. Combien, dans ces conditions, auraient (au mieux) refusé poliment la demande d'une interview ? Une telle attitude aurait d'ailleurs été par-


Elliott Miirpliy (phot« Guy Kindbçitcr)

faitement compréhensible. Mais le petit prince new-yorkais, ainsi que l'avait justement surnommé un journaliste -quand ces gens là s'intéressaient encore au rock'n'roll avant de devenir blasés et de se soumettre aux diktats des major companies- Elliott Murphy donc, est un être de passion et c'est avec la plus extrême gentillesse qu'il a répondu à nos questions. Rock Ballad- Ta tournée européenne va bientôt se terminer. Le groupe a joué en Suède et en Espagne avant de visiter la France. Comment s'est-elle déroulée ? Elliott Murphy- Elle s'est très bien passée mais c'était difficile pour moi, je suis malade depuis notrepassage en Espagne où il faisait @ès froid. De plus, la scène et les loges étaient également froides. Entreprendre une tournée n'est pas quelque chose de facile. Les voyages me paraissent de plus en plus éprouvants du fait que je vieillis, mais, au fil des concerts, tout devient plus facile. Aussi, je ne sens pas la différence. R. B.- Tu joues à nouveau en trio, avec un nouveau batteur. Qu'est-il advenu de Jesse Chamberlain et Art Labriola qui ont parti? cipé à l'enregistrement de «Milwaukee>> E. M.- Jesse Chamberlain est en Californie et Art Labriola tourne en Norvège avec un groupe de rhythm'n'blues. Aussi, Ernie Brooks et moi-même avons fait appel à Lewis King, qui a fravaillé avec les Rockets, Tim Scott et Beat Rodeo.

R. B.- Tu joues désormais <<Madalynnsur scène. ~ s t - c ela publication de i'excellente cassette <<Aprèsle délugen qui t'a donné envie de l'inscrire à ton répertoire ? E. M.- Je ne l'ai pas souvent joué pendant cette tournée. Mais je la chante de temps en temps depuis qu'ellefigure sur cette cassette. R. B.- Y aura-t-il d'autres cassettes d'enregistrements inédits ? E. M.- C'est fort possible mais pas tout de suite. Peut-être donnerons-nous. toujours avec mon fan-club américain, I'Elliott Murphy Information Society, une suite à cette cassette ;un .Après le déluge>,part hvo, en quelque sorte. R. B.- Tes prestations en public sont très appréciées. Penses-tu sortir bientôt un disque live ? E. M.- J'espere que oui, parce que les chansons de mes premiers L.P.'s sont très dificiles à trouver. Aussi, j'aimerais vraiment qu'elles apparaissent sur un album live. R. B.- Pourquoi avoir enregistré ton dernier disque à Milwaukee ? E. M.- Nous y sommes tout d'abord allés / Out for the pour faire un single, <<Texas killing~,car le producteur, Jerry Harrison habite Milwaukee. Puis, ]'ai rencontré dans cette ville, une fille, Rita, avec laquelle je suis maintenant marié. C'est à cause d'elle que je suis resté à Milwaukeepour y enregistrer l'album du même nom.

R. B.- Justement, ce disque marque une évolution musicale par rapport aux précédents avec notamment une production plus moderne. Penses-tu persister dans cette voie ? E. M.- Certainement, carj'aime vraiment le son de «Milwaukee». R. B.- Les synthétiseurs auront-ils la part aussi belle ? E. M.- Je ne pense pas ;le prochain album devrait conienir plus de guitare. R. B.- «Milwaukee» bénéficie d'une production exemplaire, bien meilleure que celle de <<Partygirls/broken poets,,. Pourtant, ces deux albums ont été produits par Ernie Brooks et toi. Comment expliques-tu la différence de qualité ? E. M.- Cela provient tout simplement du fait que n o w avions un peu plus d'argent pour faire nMilwaukeea. R. B.- «Niagara fallsw vient de sortir en 45 tours.avec, en face B, la reprise du célèbre <<Iwant you» de Bob Dylan. Est-ce un inédit des sessions de «Milwaukee* ? E. M.- Non, I. want youu a été enregistré entre les sessions de nParry girls / broken poets~~ et de ~Milwaukee~>. Les musiciens qui m'accompagnent sur ce titre sont Ernie Brooks à la basse, Tony Machine à la batterie, Peter Gordon au saxophone et, probablement, Richard Sohl a u claviers. R. B.- A l'écoute de la version que hi en as faite, on a l'impression que tu as voulu replacer «I want you» dans le contexte des années 80, avec un son résolument moderne ? E. M.- Oui, tout à fait. J'ai voulu faire quelque chose de drôle (somethingfunny). R. B.- Tu as produit récemment un L.P. d'un groupe espagnol, Los Elegantes. Quelles en sont les raisons ? E. M.- Je les ai rencontré lors de ma précédente tournée en Espagne. Ils ouvraient devant dix mille personnes un festival dans les Asturies, auquel je participais. Ils m'ont demandé de produire leur album et on I'a fait en d e u semaines à Ibiza. J'ai navaillé entre quinze et seize heures par jour. Je suis très content d'eu. Ils chantent en espagnol mais ils jouent de la guitare en anglais ! R. B.- Aujourd'hui, rock et vidéo sont étroitement associés. Ne penses-tu pas qu'il s'agit d'une situation dommageable pour le rock ? E. M.- Absolument, car réaliser des vidéos coûte très cher et, de ce fait, les compagnies de disques signent moins de groupes, l'investissement étant beaucoup plus important pour chacun d'entre eux. Sachez que le coût d'une seule vidéo estplus llevé quepour un seul de mes albums.


R. B.- Ces dernières années, beaucoup de rock stars ont donné des concerts de soutien à différentes causes. A ma connaissance, tu n'as jamais participé à de telles manifestations. Est-ce parce qu'on ne te i'a pas proposé ? E. M.- Sai fait quelques concerts de soutien, notamment un à New-York avec David Johansen, destiné à aider les sans abris. Et je pense être de nouveau impliqué pour le Murphy aid (ironie teintée d'amertume ?). R. B.- Peux-tu nous citer quelques uns de tes albums préférés ? E. M.- avalo on^ de Roxy Music, *Blonde on blondex de Bab Dylan, nAfrermathn des Rolling Stones et cRubbersou1.v des Beatles. R. B.- Et en ce qui concerne les singles ? E. M.- l'adore run na round Sue. par Dion, <Themefrom the summer placen de Percy Faith and his Orchestra. J'aime également nCryinga de Roy Orbison, *Dock of the b a y ~d'0tis Redding el nRuby Tuesdayr des Rolling Stones. R. B.- On parle rarement du guitariste Elliott Murphy et c'est assez injuste. Que penses-tu de toi en tant que guitariste ? E. M.- Je pense que je suis le plus grand guitariste du monde (Elliot esquisse un sourire qui dissimule mal sa fatigue). Mais mon guitar-heros s'appelle Eric Clapton. R. B.- En 1977, nLost generationn était, des quatre albums que tu avais alors enregistré, celui que tu préférais. En 1981, «Night lightsx avait ta faveur. Et en 1987 ? E. M.- nMilwaukeew. Saime changer d'avis (cette versatilité devait être confirmée deux semaines plus tard, puisqu'Elliott déclarait à son fan-club nantais que ses préférences allaient à «Aquashow,>!). R. B.- aAffaina contient deux de tes plus belles chansons : «Veronique (the actress)n et *Change wiU corner. Elles sont toutes les deux acoustiques. N'as-tu pas I'intention d'enregistrer d'autres ballades de ce style ? E. M.-Certainement. D'ailleurs, un de ces jours, j'aimerais faire un album entièrement acoustique. R. B.- As-tu donné d'autres concerts acoustiques depuis celui de I'Eldorado, à Pans, en novembre 1981 ? E. M.- Oui, en Suède, et de temps en temps, à New-York, dans un club qui s'appelle Folk Ciîy. R. B.- dtreets of New-York» est une véritable protest-song. C'est plutôt rare de ta part. Est-ce un genre que tu apprécies ? E. M.- Mes chansons sont toutes engagées, mais celle-ci est la p l u évidente. Parfois, je proteste contre la façon dont je me sens (réponse dylanienne à souhait).

Elliott Murphy (photo G u y

Kiiidbeitci-)

R. B.- Mais n'as-tu pas envie d'écrire d'autres eStreets of New-York» ? E. M.- Oh oui. C'est juste que je n'ai pas le temps. Car ça prend beaucoup de temps d'écrire une chanson comme nStreets of New-York». Ça demande beaucoup de recherches. R. B.- Tu connais toujours des problèmes de distribution aux U.S.A. puisque c'est I'Elliott Murphy Information Society qui distribue <Milwaukee». N'as-tu pas i'impression d'être considéré comme un «horsla-loin par tes concitoyens ? E. M.- Oui, je crois que j'en suis un. Mais, avec <Milwaukee*, nous avons commencé à passer sur quelques stations de radio. Ce qui m'amène à penser que cMi1waukee.v est le premier disque depuis dust a story from Americar à avoir un impact aux Etats-Unis. Souhaitons qu'il s'agisse là d'une véritable percée d'Elliott Murphy dans son propre pays. Ce ne serait que justice ! Nous avons également questionné Elliott au sujet de Steve Forbert, dont on reste sans nouvelles

depuis 1982, date de parution de son dernier L.P. : il joue désormais des chansons de Buddy Holly avec l'ancien groupe de celui-ci, les Crickets ! Enfin, Elliott nous a indiqué que son prochain album devrait sortir pour l'hiver. Mais il était temps de laisser Elliott se reposer bien qu'il se tenait, malgré sa grande fatigue, prêt à répondre à de nouvelles questions. Une telle disponibilité méritait d'être signalée. Chapeau, Mr Murphy !. Bernard Fretin Un grand merci à Guy Kindbeiter pour ses photos, prises à Nantes, le 20 juin 1987, ainsi qu'à Frank D. pour ses informations. Contacts : Ellinti Mnrphy Fan-club B.P. 828 44M0 NANTES cedex 01 FRANCE EUioiî Mnrphy Information Society P.O. Box 253 NORTHAMPTON, MA.01061 U.S.A


L'AUTRE TORNADE BLANCHE ! Les EasyBeats ont marqué de leur empreinte les 60's australiennes. Les héros de la décennie suivante avaient pour nom Radio Birdman. La question reste posée pour les 80's : Hoodoo Gurus, Sunny Boys, Scientists...? et pourquoi pas les Celibate Rifles plutôt que les autres. Après tout, il y a bien assez de place pour tout le monde, ceux qui sont bons en tout cas. Et bons, les Ceübate Ritles le sont précisément. Très bons, même puisqu'üs laissent des souvenirs impérissables aussi bien à ceux qui les ont vu en concert qu'à ceux qui ne les connaissent que par les disques. L'histoire commence vers 1978 à Sydney où une petite poignée de lycéens décide un beau jour de monter un groupe, simplement pour s'amuser. Puisqu'il faut dire les choses clairement, ce n'est pas bien sérieux comme c'est le cas pour la plupart des high school bands. Leur premier nom (si on peut appeler ça un nom) sera «The Southem Highland Troupe of Faeces», et on aboutit aux Celibate Rifles après quelques hésitations bien compréhensibles ! Ils sont quatre : Philip Jacquel (à la batterie) et Michael Couvre1 (à la basse), deux descendants d'imigrants français au vu de leur nom, puis Kent Steedman à la lead guitar, et enfin un rythmique, Ian Martin qui est également le chanteur. Nos lascars écrivent quelques morceaux. fortement influencés par tout ce qui va vite et fait du bmit : les MC5, Stooges (toujours cette fameuse «Detroit Connection*), N.Y. Dolls, Ramones, Saints et les Radio Bridman, naturellement ! Ils avouent même un certain penchant pour des choses aussi variées que Television ou Blue Oyster Cult. Que voulez-vous, personne n'est parfait. S'ensuivent quelques mouvements de personnel dans le groupe. Tom, le frère de Michael les rejoint quelques temps, aux claviers, avant de se faire jeter, puis, c'est au tour de lan de mettre les bouts (pour la bonne cause : il veut aller 2 l'université). C'est alors que les rejoignent Damien Lovelock au chant et Dave Morrk à la guitare rythmique. En ce qui concerne ce dernier, c'est déjà un copain des Rifles. Damien, en revanche, ne rentre dans les Celibate Rifles que provisoirement (du moins, le croit t-il au départ). Vous connaissez le provisoire qui dure, et c'est bien mieux wmme ça quand on voit à quel point Damien est devenu la figure de proue du groupe. Son problème à lui, c'est que Albert Production (AC / DC !) lui a proposé de faire un disque, alors il s'associe avec nos quatre fusils célibataires (traduction de Celibate Rif[es) pour mener à bien ce beau projet ...qui n'aboutit pas. Mais ça y est, il reste dans le groupe. On a frôlé la catastrophe.

I>c gauche à droite : D. Moiii\, I l . I.riicl«ck. J. Darrocii, K. Stce<lin;in. P. Jacquet

Premiers méfaits. Nous sommes approximativement en 1981 Les Celibate Rifles donnent des concerts, se font connaître et apprécier, quoique le mot ne soit gukre assez fort pour exprimer ce que l'on peut ressentir à l'écoute de cette musique furieuse. On est proprement décapé, rien moins ! C'est en tout cas ce qui est arrivé au jeune label Hot Records puisqu'ils ne vont pas hésiter longtemps à faire signer les Rifles chez eux. II faut dire que la formation s'est décidée à enregistrer et à sortir un disque, un E.P. qu'ils appellent mystérieusement <But Jacques the Tishw. Ils en casent quelques uns chez divers disquaires locaux, en vendent d'autres lors de leurs concerts, et enfin en laissent une centaine à leur label qui les liquide en deux jours. Hot Records les pousse à faire un second pressage (ce qui se fera en fait plus tard avec un tirage tout aussi limité), ce qu'ils refusent, prefèrant garder l'argent amassé pour un autre disque. Le petit millier de personnes qui possède *But Jacques the Tish* peut le garder dans un coffrefort, c'est un bien précieux ; ce E.P. est donc déjà un bon exemple de la terrible efficacité des Australiens, ça fonce à cent à l'heure et la suite nous montre qu'ils n'ont toujours pas ralenti ce délicieux excès de

vitesse. Trois des quatre titres du E.P. sont disponibles sur la compilation quintess sencially yours* parue en 85 sur le label What Goes On, en Angleterre. A défaut d'autre chose, c'est cet album qu'il vous faut. Récemment, vient aussi de paraître en Bside de la réédition du single uhetiy pictnre*, le seul titre de *But Jacques the fishs qui ne paraît pas sur ~Quintessencially yoursu, à savoir <Kent's theme». Ainsi, vous pouvez toujours avoir l'intégrale de ce premier enregistrement des Celibate Rifles. J'espère que vous ne vous êtes pas perdus ! O.K., on wntinue. En 1982, Michael Couvret quitte le groupe pour rejoindre Mushroom Planet. Son remplaçant se nomme James Darroch qui jouait d6jà sur le E.P. comme invité, et parfois sur scène. Appartenant jusqu'alors au groupe Fifrh Estate, il aime les trucs pop à la Ramones (pop ?!)ce qui ne dépare pas avec ses collt?gues. Avec lui, les Celibate Rifles vont sortir leur premier L.P. l'année suivante (en avril) : Un titre abominable .Sideroxylonu, une pochette qui ne l'est pas tellement moins (vert pomme, à hurler !), et une musique primaire et violente qui était déjà l'apanage du E.P. Un album supra-énergétique qui ne laisse aucun doute quant au goût de ses auteurs. On retrouve trace des Radio Bird-


man dans le piano sur wThi weekn, sur ~ G o squad*. d Ce dernier titre d'ailleurs est une pure merveille ;long, balayé de climats successivement doux et colériques, la guitare wah-wah judicieusement placée, la voix inspirée de Damien ; c'est déjà I'annonce de i'album qui suivra, tout en force brute et en nuances...Comme toujours, les textes sont destructeurs mais non dénués de réflexion, et dans l'ensemble, le disque est mené d'un bout à l'autre par un principe : la vélocité. Quand on joue bien, on peut se le permettre. Après i'album, le groupe tourne beaucoup en Australie et enregistre aussi un single *Merry X-Mas Bluest, puis un autre r<Preiiy Pictures~, avec des faces B inédites, respectivement ~Snmmerholidaysu et <Out in the West a g a h . Début 1984, Michael Couvret manifeste l'intention de réintégrer le groupe. Le single *Wild desire* paraît cependant, toujours avec Darroch à la basse ; mais les choses commencent à se gâter, James écrit des morceaux qu'il voudrait voir jouer à sa façon à lui, elle est peut-être bonne, mais Kent et Damien ne pensent pas vraiment à la même chose et ne voient pas comment jouer ces chansons autrement que sur les chapeaux de roues. Lassé, James finit par lâcher prise et s'en va former Eastern Dark. Cela peut paraître étrange mais il restera en bon terme avec les Celibate Rifles. II joue encore sur le deuxième L.P. Du moins, une grande partie des morceaux, et on retrouve encore sa trace dans l'album suivant de 1986 où, comme il l'a fait pour xSideroxylon* et aceiibate Ritlesn (2 plus grande échelle, il est vrai), il signe encore un titre, conjointement à Lovelock ou Steedrnon. James Darroch trouvera la mort en 1986 lors d'une tournée avec Eastern Dark. Lelibate Rifles>, le deuxième album paraît en avril 1984 et montre d'emblée une onentation différente du précédent. Un tel résultat émane d'une intention délibérée du groupe de faire autre chose, sans pour autant perdre de leur vigueur. Mais il y a aussi une inclinaison naturelle puisque Damien, notamment, avouera écouter beaucoup plus de jazz que de rock. Raffiné et explosif, voici les mots d'ordre. On nepeut que constater la mise en place étonnante, surtout dans ce genre de rock en principe peu varié. Dans des chansons comme *Back in the redx. peu de surprise, c'est aussi abrasif qu'au début. Mais il en est tout autrement avec a a n k yon Amerira., aux lyrics, tout à tour dithyrambiques et assassins, à la'stmcture musicale complexe. II y a encore la voix guttu-

De gauche à droite : K. Stcedman, P. Longhead. D. Lovelock, D. Morris, Rudi

rale de Damien sur QESS me deadly* (je ne peux m'empêcher de penser à <The black widow* d'Alice Cooper), on encore I'épopée écologique de ~ R a M o r e s bavec un tapis de guitare. Un très beau texte où les Rifles tentent d'attirer l'attention sur la conservation des paysages australiens et des petites bêtes qui y vivent. Et ce n'est en rien de la démagogie. L'album se termine sur la guitare acoustique et les pipeaux de xElectnc snake rivem. C'est un 45 tours qui clôture i'année 1984 : xSometimes,,, avant-goût du troisième L.P. qui ne verra le jour que près de deux ans plus tard.

Seigneur, que la route est longue ! En 1985, les Celibate Rifles se contentent de sortir un single, toujours sur Hot Records, «Six days on the rnadv avec une chanson de Tony-Joe White en face B, '<Groupie girl*, qui montre leur goût pour le country-rock. Au cours de I'enregistrement de leur troisième L.P., une mésaventure leur arrive : alors qu'il ne reste plus

que les voix à prendre et à faire le mixage, Damien se chope une pneumonie qui l'oblige à arrêter. Les gens du studio leur tombent dessus en les accusant de n'avoir pas payé et séquestrent les bandes. Une fois leur chanteur rétabli, le groupe s'en va sur les routes donner suffisamment de concerts pour racheter leurs bandes et terminer le disque qui sortira avec un retard conséquent à ces événements. Ceci dit, les tournées se passent bien quand on est entre gens de bonne compagnie comme c'est le cas. Wet Taxis, Died Pretty et Mwhroom Planet sont engagés dans le même bain. Imaginez ce que cela a dû être pour le public australien de voir ces quatre-là le même soir. Les Rifles sont déjà assez agités sur disques, mais sur scène, c'est terrassant, colossal. Cette année-là paraît la premiere compilation, non australienne *Quintessentially yours» qui regroupe trois des qiiatre titres du E.P. <But Jacques » et cinq extraits de «Sideruxylon». Même chose l'année suivante avec <Mina, Mina, Mina*,

...


rassemblant des morceaux des deux premiers L.P. australiens dont deux remixés («Back in the r e b et unanis you Ameiicm), une version différente de uWild desite» et «Rab foiresb,, ré-enregistrés avec la voix de Kent.Toujours en 1986, sort le troisième L.P. original du groupe. ~ T b e hirgid miasma of existence., autrement nommée «Happening Sounds for the modem degeneration*. Le disque renoue partiellement avec le speed du début. Cependant, l'évolution amorcée dans «CeLibate iüîlesn se retrouve sur le progressif (pas de relation avec Genesis ou autres...). Eddie ou un aNo signx désespéré ;pour ne citer que ça. En Australie, un free-single est donné avec l'album (en principe), mais on en retrouve certains exemplaires jusqu'en France vendus individuellement. Le tout, c'est de l'avoir, surtout qu'il n'existe que 500 exemplaires de l'objet. xEddie*, en version acoustique occupe la face A, et de i'auhe côté, on a droit à d c e blue» et d ü a n k yon Americar (dans une forme entièrement différente de celle du deuxième L.P.), en live. 1986 est une année importante car nos cinq hommes s'eu vont fouler d'autres sols pour la première fois, avec une tournée européenne, dont un bref passage en France, fin juin à Lille lors d'un festival, et pas mal de dates en Grande-Bretagne. De toute façon, les publics divers ont tous été conquis par ces cinq garçons, pas poseurs pour deux sous, par leur musique à priori brutale, et leur talent indéniable d'instrumentistes et de chanteurs. La même politique de la terre bnilée sera pratiquée ensuite aux Etats-Unis où va être enregistré le live nKiss kiss bang hanp, sorti en 1987. Outre des morceaux des trois L.P. précédents, on trouve sur ce live (livré tel quel sans overdub) «Bnm my eyex des Radio Birdman, et également «Ci@ of funn des Only Ones, ce qui est plutôt inattendu ! II y a un an, Michael Couvret et Pkilip Jacquet quittaient le groupeaprès la tournée U.S. Leurs remplaçants sont Rudi (à la basse) et Paul Longhead (batterie - le nom. a l'air d'un gag : <<Longuetête*) avec qui les Celibate Rifles ont tourné en 1987 en Europe (dont une date à Paris) puis aux U.S.A. Ils devraient revenir par ici, si ce n'est déjà fait, pour enregistrer un nouveau L.P. Peut-être en Angleterre ou aux PaysBas. On vous tiendra au courant quoiqu'il arrive, ou au moins, pour la sortie de ce disque que I'on espère proche. Vivement qu'ils nous reviennent, et tant pis si ça brûle ! Cécile Mirebeau

BEEP BEEP A LULA Le rock made in France va t-il enfin devenir adulte ? S'il convient tout de même de rester prudent et de ne pas crier victoire trop rapidement, on constate avec joie que, partout dans l'hexagone, les leçons incnlquées par les éternels Little Bob Story et Dogs sont de mieux en mieux assimilées. Les Road Runners figurent parmi leurs élèves les plus talentueux. On comprend mieux pourquoi à l'écoute du maître d'oeuvre, François Pandofi.

L'affiche du Festival de Blaye (pour le compte rendu, cf p.5) était des plus alléchantes avec la participation de deux des groupes français les plus prometteurs : Kid Pharaon and the Lonely Ones et les Road Runners. Des premiers, nous aurons l'occasion d'en parler dans notre prochain numéro. Quant au groupe d'Evreux, il béuéficiait du renfort de Little Bob, également producteur de leur L.P., d e e p Beep». La caution apportée par le petit Italien devrait suffire 3 situer la dimension des Road Runners : pensez-vous vraiment qu'il irait perdre son temps avec des musiciens de deuxième catégorie ? Mais n'allez pas croire pour autant que le destin du groupe est lié à la présence de Little Bob sur disque et sur scène. J'en veux pour preuve leur première partie de concert qu'ils assurèrent seuls et qui fut l'occasion d'entendre quatre nouveaux morceaux (nLaurena, ,,A snake in the grasss, «Jus1 a dropu et nSo many lies») ainsi qu'un titre plus ancien non retenu pour le mini L.P. (cou1 of sightx). Un set que les Road Runners ont

joué à cent à l'heure, comme pour faire honneur à leur nom (rappelons que le roadrunner est un oiseau réputé pour sa rapidité et immortalisé dans le célèbre cartoon <<Bip-Bipet le coyolea). Deux choses m'ont vraiment étonné pendant ce concert : ?existence d'un son Road Runners (leur reprise du <,Play witk firen des Stones donnait l'impression qu'il s'agissait d'une de leurs compositions !) et la présence imposante de leur leader François Pandolfi. La classe, ce type ! Retenez bien son nom. II n'a que vingt-deux ans, et on n'a pas fini d'entendre parler de lui, à en juger par ses multiples talents de chanteur, de guitariste et de compositeur. Et, en plus, il accorde des interviews ! Rock Ballad : Votre disque a mis du temps à sortir. Peux-tu nous eu expliquer les raisons ? François Pandolli :Tout d'abord, on a pris notre temps avant de l'enregistrer car on a préféré attendre et faire quelque chose de bien plutôt que de sortir des petits bucs par-ci par-là et plus ou moins foireux.


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Ensuite, il a mis du temps sortir parce que la boite qui a financé le disque, Romance, s'est cassée la gueule. On a alors récupéré les bandes, fondé notre propre label, Acme Records, et Madrigal nous a contacté pour distribuer le disque d e e p Beep> est donc une autoproduction mais Madrigal fait beaucoup d'efforts au niveau de sa promotion. R. B. : Comment Little Bob eu est-il venu à travailler avec vous ? F. P. : Pukque Bob est là, il va te le dire lui-même. Little Bob :Tai vu plusieurs fois les Roud Runners sur scène et, à chaque fois, j'ai aimé : ils ont cette espèce de passion qui now tient tous, mais chez eux, ça éclate vraiment, ça sort par tous les pores. Si bien que lors d'un concert où tout le public était encité comme une pucr tellement ils jouaient bien, je suis monté sur scène avec e u el on a fait un ~Bringit on home to me), complètement histérique, ainsi que nLucille». Alors, je leur ai dit : <<Lesmecs, je veux vous produire, débrouillez-vous comme vous voulez, mais c'est moi qui vous produitu. R. B. : Comment ça s'est passé en studio ? L. B. : Très bien. Les Road Runners sont sérieux et précis ;en même temps, ils ont ce côté fou qui les amène à rentrer à fond la caisse dans tout ce qu'ils entreprennent. &cep Beep>>a été réalisé très vite : en douze jours, mixage compris. R. B. : Comment se fait-il que le son soit si bon pour un aussi petit budget ? L. B. :Tout simplement parce que les Roud Runners étaient très bons !Nico Garotin, Stéphane Sahakian (respectivement batteur et ingénieur du son de Little Bob Story) et moi-même avons juste essayé de les aider d avoir le son adéquat en leur faisant profiter de notre expérience de studio. Et ils se sont trouvés à l'aise en studio comme s'ils avaient toujours fait ça. Mais je ne crois pas que j'aurais pu obtenir le même résultat en rravaillant avec un autre groupe. Je tiens d'ailleurs à dire que les arrangements viennent totalement des Road Runners. F. P. :C'est vrai qu'on a fait très attention aux mélodies et aux voix. L. B. : A ce sujet, je voudrais rajouter que si je me suis branché sur les Road Runners, c'est aussi à cause de la voix de François. R. B. : Le nom du groupe, le titre et la pochette du disque évoquent les cartoons. Ça tourne à l'obsession ? F. P. :J'adore Chuck Jones, les cartoons de la Warner, Tex Avery évidemment. J'aime bien la pochette, même si j'aurais préféré que le liseré de Rond Runners soir plus en évidence. A l'origine, le verso devait être

Gilles R , ~ ~ ~ ~ ~ o l i j

l'inverse du recto ;il devait représenter les corps de Bip Bip avec nos têtes photographiées. Mais comme c'était trop dur ù réaliser, on a du abandonner l'idée et se contenter de nos têtes dessinées. R. B. : Sur sckne, vous avez tendance à accélérer les morceaux du disque. Y auraitil deux Road Runners ? F. P. : Tout à fait. Nous sommes plutôt sauvages sur scène et plus mélodiqcies en studio. Mak c'est assez complémentaire. Ces deux tendances se retrouvent dans mes irtfluences : j'adore les Sonics, le rhythm'n'blues dur, Larry Williams, Liale Richard ; à c6té de ça, je srris un fan des Everly Brothers, des Byrds, des Beatles et des Zombies. R. B. : Vous jouez pas mal de reprises en concert. Comptez-vous en enregistrer quelques unes ? F. P. : Oui je pense qu'on fera une coiier sur notre pr~chain'dis~rre. Mais pas forcément un standard, ni un morceau obscur. Simplement un litre qui nousplaît. R. B. : Parlons justement du futur album, même s'il est un peu tôt, puisque «Beep Beepx est sorti en avril. F. P. : On prendra nolre temps avant de

l'enregistrer. Mais il sera certainement différent de nBeep Beepa ou niveau des climats. Avec le recul, j'aime bien cTwo Lolitasu et «Baby Bees, mais on fera peut-être moins de chansons dans ce style. Il y aura encore plus d'arrangements et de ballades. R. B. : Ce soir. Gene Clarksville vous accompagnait aux claviers, comme sur le disque d'ailleurs. Les Road Runners comptent-ils un cinquième membre ? F. P. :Non, Cene est un ami qui joue de temps en temps avec nous. Noiis nous connaissons depuis longtemps puisqu'on a joué ensemble au Golf Drouot alors que j'avais 14-15 ans. On faisait notamment cles reprises des Pretty Things et on reprenait le ,I can't conîrol mvselfn des Troggs. R. B. : Comment expliques tu que peu de groupes de rock émergent en France, commercialement parlant ? F. P. : Je crois que c'est essentiellement 11n problème de public. Les gens achètent moins de disques de rock'n'roll car ils sont de moins en mouls habitués à en écouler. Les seuls groupes qui marchent sont ceux qui font un compromis entre le rock et la variélé comme les Innocents et les Désaxés. Bernard Fretin


PETIT ROBERT EN 2000 MOTS En tournée avec le pianiste de jazz Joël Drouin, Little Bob nons livre sa foi et son enthousiasme sans cesse régénérés en douze ans de carrière. C'est aussi l'occasion pour lui de nons parler, en avant-première, de son nouvel album, adaptation du roman d9EmmettGrogan :«Ringolevio».

Liitlc Boh

; !

i3i)idcicux le 14/8/87

(photo Gilles

Rock Ballad : Actuellement, tu donnes une série de concerts avec la seule compagnie du pianiste Joël Drouin. Comment l'idée vous est-elle venue de jouer ensemble ? LïïïLE BOB : L'idée a été suggérée par un ami commun qui travaillait à Radio France Rouen, un fan de rock et de jazz à la fois, le genre de choses apparemment incompatibles. Il voulait faire une soirée qui sorte vraiment de l'ordinaire, et il m'a propose de jouer avec Joël. Je lui ai dit :<<Qui est Joël Drouin ?B, alors qu'en jazz, il est très connu dans la région. II ne jouairpas le blues et je ne voyais pas comment nous pouvions jouer ensemble. II nous a fait rencontrer, et après un ou deux verres de Jack Daniels, ça a collé. On a essayé, on a fait ce concert, puis ça a marché ;on s'est retrouvés sur quelque chose qu'on aimait tous les deux, c'est à dire pas le blues dans la forme, mais une certaine manière de jouer et de chanter des ballades, des rocks ou même des trucs plus bluesj ou jazzy, moi avec ma voix cassée et lui avec son style léger, fm, à la fois technique et mélodique. Avec le groupe, on avait décidé des'éloigner de In scène, surioui pour préparer ~Ringolevia>>, et j'ai faitparaiièlement trois tournées avec Joël, ce qui fait que maintenant ça

fonctionne bien ; il y a une complicité évidente entre lui et moi, et je peux chanter des trucs comme ~ C r me y a rivera de Julie London, ou la version de *Rouie 66r à la manière de Nat King Cole, ou encore des titres de Tom Waits, chose que je ne pourrais puî faire avec le groupe. On joue aussi bien dans des clubs rocks que des boîtes de jazz ;en général ça marche partout même s'il faut parfois demander au public de ne pas trop parler pendant les morceairx ! R. B. : Ce duo demande t-il beaucoup de travail, ou cela vient-il comme ça ? L. B. : A chaque fois, on répète trois ou quatre jours avant de partir en tournée, er là, c'est très très dur, car lorsque je sors de concerts ou de rép6titions avec Litde Bob Story, je suis dans un autre monde, et quand j'arrive ld, il y a un jour où ça ne va pas ;il faut que je me remette dans le bain, et lui c'est pareil lorsqu'il quitte son quintette au jazz très européen, il est complètement dépaysé. R. B. : Ta voix est nettement plus en évidence qu'avec Little Bob Story ? L. B. : Je mets toujours mes tripes sur la table, et des fois je suis content, d'autres pas, mais c'est vraiment ma voix car il n'y a que le piano derrière. Dans le groupe, avec les autres instruments, elle ne peut pas 2tre

devant, parce qu'on n'est pas un groupe de variétés, on est un groupe de rock et ma voix est fondue avec les autres ins~ruments. Je crois que fous les gens qui aiment l'esprit de Linle Bob Story s'y retrouvent car f i i choisi tous les titres que je chante à part les deux morceaux de Gordon Beck, pour que Joël se fasse plaisir de temps en temps. Ces concerts me permettent également d'affmer ma voix et mon travail. Aussi, quand je me retrouve en studio, je sens vraiment que le duo m'a apporté beaucoup, car je sais faire avec ma voix des choses que je n'arrivais puî à faire avant. Par exemple, je sais maintenant la placer autrement. R. B. : Vous n'avez pas eu envie dimettre un autre instrument, une contrebasse par exemple ? L. B. : On a fait des concerts avec mon bassiste et son saxophoniste, mais ça casse cet équilibre très precaire entre son piano aérien, éthéré, et ma voix hurlante ou soupirance. Ça devient alors tant& un peu trop rock et tantôt un peu trop jazz, et aucun de nous deux n'y trouve son compte. Par contre, si un jour je fais un disque de ballades qui pourrait s'intituler, comme I'affiche et le concert nBallades for the night>,, j'utiliserais certainement un contrebassiste, un saxophone de temps en temps, et aussi le guitariste du groupe qui est très capable de jouer dans ce style. R. B. : Puisque tu parles de ton guitariste, enchaînons sur ton prochain album «Ringolevion. L. B. : Ce bouquin, nRingoleviou, (en parlais déjà il y a trois ans. Savais alors écrit les paroles, qui ont évolué depuis, de même que la musique, parce que l'arrivée d' Yves Chouard, guitariste solo dans le groupe a changé beaucoup de choses. En fait, j'ai rehavaiiié les compositions avec lui, et quand on est rentré en studio, on savait déjà ce qu'on allait jouer. L'enregLÎtrement des dix titres de I'album a duré dix-huit jours et le mixage, huit. On avait même une onzième chanson pour la B-side du 45 tours, mais le temps nous a manqué car on voulait garder huit jours pour le mixage, c'est à dire presque un jour de mixage par titre ;ce n'est doncpas le hasard si «Ringolevio» sonne aussi bien. R. B. : Où Pas-tu enregistré ? L. B. : Au Greenhouse Studio, dans le

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nord-est de Londres, c'est le studio d'un ancien musicien, Pat Collier, qui a joué avec les Vibrators, puis produit Kahina and the Waves, les Screaming Blue Messiahs, les Soup Dragons et un tas d'autres groupes. C'est un iype exceptionnel ; en ce qui me concerne, c'est le premier ingénieur du son et producteur qui a été capable de restituer fidèlement ma voix comme quand je chante avec Joël. Et ça s'est passé avec une facilité étonnante, alors que d'habitude j'avais toujours le trac avant d'entrer en studio. Pour ma voix, j'allais rarement au delà de la quohième prise, Par me disait :<Ça va, j'ai ce qu'il faut, c'est supera. En plus, Yves Chouard est un perfectionniste et il est techniquement très très fort ;il peut faire ce que faisaient Jeff Beck, Ammy Page ou Eddie Van Halen avec son vibrato <Floyd Rose». 11 a quinze ans de studio derrière lui, et il a joué avec Balavoine et Renaud. R. B. : Comment ras-tu rencontré ? L. B. :Quand Guy-Georges et François ont décidé d'arrêter, je voulais un super guitariste et notre ingénieur du son, Stéphane Sahakian, connaissait Yves qui voulait vraiment faire du rock'n'roll. Il nous a donc proposé de jouer avec nous tout en sachant qu'il serait bien moins payé qu'avec Balavoine ou Renaud. R. B. : Peux-tu nous parler des textes de «Ringolevio* ? L. B. : J'aime beaucoup les paroles de cet album. En fait, c'est un album libertaire puisque ~Ringolevio,est un jeu de liberté et, à la fin du disque, Lemmy crie :rFree allx J'y dénonce l'attitude des politiciens qui se foutent des vrais problèmes du monde et ne se soucient que de savoir comment ils peuvent rester au pouvoir. Dans la deuxiPme chanson nShadow lane*, je parle de la dope et de plusieurs personnes que je connais qui sont tombées dedans. La dope, ça n'a jamais été bienpourpersonne. J'avais envie de dire quelque chose là-dessus. Ensuite, nLife goes on>>parle des gens autour de moi qui se laissent aller ;je voudrais les aider tous, mais je ne peux pas car je n'ai pas le temps et ça me file les boules.~Crosseson the h i l l ~est la seule chanson qui n'ait rien à voir de très proche avec «Ringoleviou puisque je parle de mes parents qui m'ont tout donné et ne m'ont jamais mis de bâtons dans les roues ;j'ai fait devenir ma mère à moitié folle tellement j'ai répété dans l'appartement à mes débuts et avec tout le bruit que je lui ai fait encaisser, elle n'a jamais rien dit, car elle voyait que ça me tenait, que ma vie c'était le rock. Avec la reprise de «Hushu dont j'ai modifié les paroles, je parle à nouveau du «Ringole-

vion, d'une partie du jeu où un flic descend un môme parce qu'il le prend pour un voleur alors qu'il est simplement en train de jouer à ce jeu un peu violent; il lui tire donc dessus et c'est le genre de nuc qui arrive tous les jours donsla rue. R. B. : Pourquoi avoir repris ce morceau ? L. B. :e H u s h ~est un titre que j'aime bien et qui a été un hit monstrueux; j'avais envie de reprendre une chanson un peu gnan-gnan art niveau des paroles et d'en faire un truc très carton, on y entend ainsi des porteavions de guitares et I'harmonica de Mark Feltham des Nine Below Zero qui fait les na-na-na. C'est un morceau très accrocheur qui sera la face A du 45 tours et, je l'espère, pmsera en radio et incitera peut-être les gens à écouter le reste de I'album.

Roberto Piana à Blayc le 17/7/87 (photo Gilles Ruopoli)

R. B. : Quels sont les autres titres de rRingolevio» ? L. B. :Sur la face B, il y a «Sad sang», une chanson de révolte, puis nMotorcycle boy,,, une chanson sur les motarh et donc aussi sur la liberté ;les vrais motardr font partie des derniers aventuriers d'aujourd'hui. Ces mecs qui aiment les grands espaces, leur machine et se foutent de tout le reste, c'est grandiose ;moi, je trouve ça exceptionnel. .Motorcycle boys est dédié à Mickey Rourke et à Coppola et figurera en face B du 45 tours. Le troisième morceau s'appelle <Tell everybody the truth» ;il est surtout destiné aux politiciens. Pour moi, Madmax, c'est un peu comme Jules Verne, lefutur de la terre et c'est pour ça que j'en veux aux poliiiciens qui laissent les choses se casser la

gueule. Ensuite, il y a la reprise de *Greenback dollar* qui dit que l'argent, j'en ai rien à foulre, ce qui est la vérité la plus complète, &me si je ne crache pas dessus, car il permet au groupe de continuer. Mais mon bonheur à moi, c'est de chanter. J'ai là encore changé les paroles, tout en conservant le refrnin qui lui, est très joli, puisqu'il dit :=Jem'en fous du dollar vert, tout ce qui m'intéresse, c'est une bonne chanson et une bonne guitare>>.Le dernier titre de l'album, c'est uRoads of Freedomu qui est un peu autobiographique car, depuis que je chante, j'ai toujours fait exactement ce que j'ai voulu ;donc pour moi, ce sont les routes de la liberté, j'ai envie d'y rester etj'aimerais bien qu'un maximum de gens puissent faire ce qu'ils veulent, mémesi c'est difficile. R. B. : Tu as plusieurs invités sur ce disque ? L. B. : Oui, il y a Lemmy de Motorhead que je connais depuis 1977 quand on a joué à la Roundhouse ensemble ;on est devenu potes tout de suite et on a un respect mutuel i'un pour l'autre. On h i a donc demandé de venir car on .voulait qu'il gueule quelque chose ;de plus, j'aime bien sa manière de provoquer ou d'engueuler les gens. Quant à Mark Feltham, c'est pour moi le seul qui tienne la comparaison à l'harmonica avec Magick Dick du J.Geils Band. R. B. : Cet album marque t-il un retour à une musique plus dure par rapport à tes dernières productions ? L. B. : Complètement. J'avais envie d'y revenir dès la sonie de nCover girl», carpas mal de gens ont pu se dire : .Tiens, Bob s'adoucit*. J'avais aussi envie de durcir le ton par rapport à la vie en général, à ce qui sepasse dans le monde entier. R. B. : ~Ringolevioasera t-il suivi d'une tournée ? L. B. :Il y aura d'abord un concert au Bol d'Or le 19 septembre, qui est très important car c'est le premier depuis I'enregistrement du disque. Après, il devrait y avoir une tournée en novembre et décembre avec de bons moyens. II faut que le disque se vende bien pour qu'on puisse jouer sur scène avec le son du disque. On a envie de reproduire à peu près le concert du dixième anniversaire ou Havre, puisqu'après tout, il n'y a que 1200personnes qui ont vu ça. On va essayer de monter une tournée dans les grandes villes et les belles salles, et puis si l'album marche vraiment, on peut espérer un gros conceri à Paris, peut-être au début 88. 11 y aura aussi certainement des tournées à i'étranger, l'album soriant en Angleterre, en Scandinavie et en Allemagne. Dominique Lngarde


LE JUBILÉ DU COUGAR Sous estimé, le plus souvent mis de côté par la critique Rock mais récompensé par un succès public américain depuis 1982, John Cougar Meliencamp a gagné sa place aux côtés de Bruce Springsteen, Bob Seger, Tom Petty et de tous ceux qui font le rock à coups de coeur et de guitares. II continue donc, imperméable à toutes les modes, à vouer son temps au rock'n'roll et à nous donner ses chansons aux accents rebelles et humanistes à la fois. Pur dans ses intentions, fidèle dans ses idées, John Cougar Mellencamp viendra t-il enfin nous asséner un de ses concerts coup-de-poing comme il a si souvent l'habitude de le faire dans son pays ? Pour le décider à venir visiter le vieux continent, le public européen devra réserver un accueil chaleureux à son nouvel album, «The lonesome jubilee», qui vient juste d'arriver dans les bacs des disquaires. Ce jubilé, «Rock Ballad>>ne l'a pas voulu solitaire et vous propose une rétrospective de la carrière, plutôt méconnue, de ce rocker talentueux et sans prétention. titre <<Sadlady>>qui semble tout droit sorti d'un disque de Moot the Hoople. Avec «Chesnut Street incident*, se clôt déjà la collaboration entre Tony De Fnes et John. Dans la foulée, celui-ci enregistre *The Kid lnsidew en 1977, que M.C.A. ne fit pas paraître, mais que Main Man sortit en 1982 quand le succès de Cougar éclata. Le disque apparait peu inspiré, avec une dynamique faible, mais deux titres se dégagent quand même : «Sidewalks and Streetlights* et «Young genocidess. R N A LA PAïïENTE

John MELLENCAMP, est né aux U.S.A. à Seymour. Indiana, petite ville de 15 000 habitants, le 7 octobre 1951. C'est le second enfant d'une famille de trois garçons et deux filles. Son arrière grand-père, venu d'Allemagne, s'était installé en Indiana à la fin du siècle dernier ; son grand-père fut charpentier et son père ingénieur. Tout jeune, John était un voyou, une sorte de rebelle qui rôdait dans la Chesnut-Street à Seymour. Il racontera souvent ses mésaventures plusieurs années après, dans des titres comme <<Authority songr. Le rock'n'roll fut une influence majeure dans sa jeunesse. Dès quatorze ans, il joua de la guitare dans son premier groupe, CREPE SOUL. A vingt-trois ans, après avoir passé deux ans Vincennes-University et joué

dans un groupe de glitter rock appelé TRASH, il partit pour New-York avec ses propres enregistrements, à la recherche d'un producteur. Moins d'un an plus tard, il signa avec i'ancien manager de David BOWIE, Tony De FRIES, qui le rebaptisa Johnny COUGAR pour des raisons commerciales. Peu après, sortit l'album *Chesnut Street incidentw en 1976, sur M.C.A., qui se vendit seulement à 12 000 exemplaires. Il s'agit d'un disque inégal qui ne comporte pas moins de cinq reprises, parmi lesquelles «Jailhouse rocks et le «Twentieth century fox,, des Doors. On note la participation de l'ancien guitariste de David Bowie, Mick Ronson, et de nombreuses influences : Bruce Springsteen pour la voix, et m@meIan Hunter pour le

En 1978, John Cougar contacte Riva, petite maison de disques et enregistre *A biography*, produit par John Punter, connu notamment pour son travail avec Roxy Music, dans un studio de Londres. Le L.P. ne sera pas distribué aux U.S.A. ; il est quasiment introuvable aujourd'hui et sa seule chance fut d'avoir un titre a1 need a lover» numéro 1dans les charts australiens. <<Ahiographyn est déjà une oeuvre plus mature où la voix et les compositions du Cougar s'affirment, se font plus sûres, rappelant Dylan dans «Let them run your lives» ou M;nk De Ville dans «High C.Cherrien. Mais malgré beaucoup de qualités évidentes, le disque ne fut pas un grand succès. L'album suivant voit l'abandon du diminutif Johnny et, pour bien marquer le coup, est intitulé clohn COUGAR*. Enregistré aux studios Criteria à Miami, il sort en 1979. Le titre *I need a lovem, que i'on trouvait sur «A biographyn fut repris par Pat Benatar qui en fit un hit énorme. Se détachent aussi sur cet album <Taxi dancers, ballade tranquille, «A Little night dancinn, rock entraînant, et surtout uSmall Paradisen, petite perle sentimentale qui, à elle seule, mérite le détour. A l'éwute de «John Cougarn, on sent une évolution : les guitares sèches se mêlent naturellement


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aux guitares électriques (<Do you think that's fair* et xPray for me») et les claviers occupent une place importante («Great Mid-West»). 1980 voit la sortie de aNoîhii' matters and What if it did» produit par Steve Cropper. Deux titres figurent dans les charts américains : <<Thistime» et <<Ain7even done with the night,,. Le disque sonne toujours très rock américain : on ne change surtout pas la recette. Riva a laissé à Mellencamp le temps de fignoler les neuf titres qui sont aussi parfois des ballades sur tempos moyens. Et l'Amérique défile avec ses spleens, ses amours espérés, ses histoires de filles. On est obligé de se référer souvent à Springsteen, quand le Cougar traîne sa voix puissante avec un traitement basse / batterie/piano/sax, parfois aussi un peu à Tom Petty pour le son de la batterie ou la manière enlevée de balancer les rythmes. Ecouter «Make me feelw, «This time, et «Wild angel,,, c'est se convaincre que Cougar a atteint dés ce quatrième L.P. pratiquement le niveau de quelques grands songwriters du rock. II manie ici l'humour, la tendresse («Make me feeln) avec toujours cette énergie saine, cette joie de chanter. Harmonicas et pianos se melent avec un grand savoir faire. Cet album n'obtient pourtant que des critiques moyennes qui ne pouvaient en aucun cas laisser une chance au disque de toucher un public immense, et c'est dommage car la touche personnelle est ici évidente. LA RECONNAISSANCE PUBLIQUE

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Heureusement, les concerts donnés depuis 1979 laissent, à chaque occasion, des traces et John commence à se tailler une sacrée réputation de perfonner. Ne reste plus qu'à enregistrer le disque qui fera mouche. Alors, ce coup-ci, Cougar Mellencamp va prendre son temps et, entre les tournées, mettra deux ans pour composer les titres d' uAmeriean f o o l ~qui sortira en 1982 et le consacrera. Trois millions d'exemplaires vendus rien qu'aux States, des stades entiers sold out et deux singles «Huns so goodx et <Jack & Diane,,, respectivement numéros 1 et 5 simultanément dans le Top 10 du Billboard ! Aucun artiste n'avait placé deux titres dans le Top 5 et un L.P. no 1 depuis près de dix ans. eAmerican fools marque le début d'une fmctueuse collahoration, en tant que producteurs, entre John et Don Gehman qui, désormais, travailleront toujours ensemble. Dans ce disque exemplaire, enfin débarrassé des scories, hésitations et influences trop encombran-

tes, Cougar balance un rock parfait tout en force et en retenue à la fois, dépouillé et plein d'un feeling rare, avec ce mélange de guitares électriques et sèches que l'on doit à ses fidèles guitaristes, Mike Wanchic et Larry Crane. rAmerican fooln se situe. dans la lignée du précédent L.P. mais avec une force nouvelle, un plus de maturité. Ici, Cougar n'innove pas : il peaufine, laisse éclater sa musique avec ce mélange de tendresse et de violence qui fait que le rock'n'roll, tout en restant la musique la plus violente qui existe, est aussi la plus humaine du monde quand elle est bien servie. Et l'album se déroule sans heurt («Jack & Diane,,, «Hand to hold on ton et «China girl») et avec force («Thundering hearts et Hurts so goodm). aWeakest moments,, clôt le disque avec des sons d'orgues, de flûtes et un tambourin. ROCK'N'ROLL Peut-être John avait-il déjà en tête de faire non pas un disque de rock et de ballades,

mais presque uniquement de rock'n'roll, peut-être l'idée lui est-elle venue d'un coup après le succès d' «Amencan fooln, n'empêche que son nouveau L.P., an titre surprenant «UH-HUH, (qui signifie oui-oui) sonne beaucoup plus dur que les précédents ; supprimées, les ballades à I'exception de «Pink houses* et <Golden Gates,,, supprimés les pianos, flûtes et autres. Le disque sort en 1981, sous la signature, c'est la première fois, de John Cougar Mellencamp, et obtient une nouvelle fois un grand succès commercial. Trois titres furent des hits : <<Authoritysongn, <<Crumblio'dowm et %Pinkhouses». Dans «Uh-huh», Cougar ne fait plus dans la dentclle ; le son est sec, la voix hargneuse, comme si l'immense succès de 1982 avait déclenché chez lui une violence jusque là retenue. On a là un disque de rock'n'roll de référence comme peut l'être <<Exileon main Street» des Rolling Stones, qui sont d'ailleurs remerciés en pochette intérieure. Les morceaux y sont jouissifs (*Play guitarn, d m m blin'down~),bourrés d'énergie (nWarmer


place to sleepa) ou stoniens («Seriousbusiness,,) Le même état d'esprit prévaudra pour «Scarecrow~(l'épouvantail), qui sort en juillet 1985. C'est le premier disque que John a enregistré dans son propre studio situé à une dizaine de kilomètres de Bloomington, Indiana, où il vit. Au sujet des chansons de ce disque, John dit : <desuis réellement fier de ces titres parce que je pense que cela donne une bonne indication de là où je vais. Je commence jute à réellement progresser comme chanteur et comme compositeur ;ce que je sens maintenant, c'est que je ne suis plus le garçon que j'étais autrefois ; qunnd vous grandissez, vous devez prendre plus de responsabilités ;c'est ce que j'ai fait sur cet albunru. «Scarecrow» est l'aboutissement final de huit années de travail, et ce rock a rarement atteint une telle rage, une telle violence («Rain on the scarecrow~~).Les musiciens n'ont jamais aussi bien joué («Beetween a laugh and a team), les chansons contiennent des textes personnels («Rumbleseatm,&naIl town,,). *Rock in the U.S.A.» est une célébration exubérante des racines du rock. Pas moins de cinq singles sont extraits de «Scarecrow>> qui comprennent tous des faces B inédites : «The kind of fella 1 am», B side de uhnely301'night» ; <<SrnaIlt o m » en version acoustique, couplé avec la version rock de l'album ; ,<Underthe boardwah, reprise du célèbre morceau des Drifters en face B de <<Rockin the U.S.A.*, qui sonne très country ; <<Prettyballerina* sur le 45 t. américain .Rain on the scarecrown qui est le premier titre live de Mellencamp gravé dans le vynil ; et «Cold sweat~,reprise de James Brown qui figure sur la B side de b rumb le se atm. *Scarecrowu est donc un album à posséder quand on aime le rock pour ce qu'il devrait être : franc, violent, dépouillé et suîfisamment humain pour qu'on le respecte. II prouve aussi que Tony De Fries qui imposa le nom de Cougar à John ne s'était pas trompé, car ce nom lui va comme un gant, un gant de velours qui n'empêche pas ses griffes acérées de sortir et c'est tant mieux pour nous. En septembre 1985, aidé par Willie Nelson et Neil Young, John organisa le Farmaid Concert, un concert immense et télévisé où se produirent tous les grands noms de la musique country, ainsi que Bob Dylan, Lou Reed, Tom Petty, John Fogerty pour venir en aide aux petits fermiers américains en guerre contre les grands trusts qui, grâce à la crise, s'enrichissent en rachetant toutes les exploitations agricoles endettées. Ce 18

concert de quinze heures rapporta dix millions de dollars.

THE LONESOME JUBUEE Août 1987 : le mois aurait été triste si...si «The lonesome jubileen, le nouveau Cougar ne tournait pas sans cesse sur ma platine. Le disque a été enregistré de septembre 1986 à juin 1987 à Belmont, Indiana. La pochette, où l'on voit John accoudé à un bar, est magnifique et s'ouvre sur les paroles et la photo des musiciens habituels plus des nouveaux, au nombre de quatre : Lisa Germano au violon, John Cascella (déji présent dans «Scarecrow») à l'accordéon et aux claviers, ainsi que deux jeunes filles noires au chant. Bon, je crois qu'il est inutile de vous faire un dessin, la musique de Mellencamp avec tout ça a pris une coloration différente, plus country parfois (le violon), plus américaine : ce mélange banjo / violon/ accordéon. Attention, cela reste quand même du rock, mais un rock teinté, moins brut, plus riche. Ce qui plaira à certains et déplaira à d'autres. Alors, est-ce là le meiUeur album de Cougar ? Peut-être, si l'on se réfère au travail d'ensemble, à la parfaite constmaion du disque, à la cohésion du groupe, à I'assimilation parfaite du violon et surtout de I'accordéon partout présent, qui adoucit les moments durs des chansons ; par contre,

ce n'est pas le meilleur Cougar. si l'on préfère les sonorités sèches de .Uh huhn ou la violence de «Scarecrowa ; ceci dit, <<Thelonesome jubilee,, n'est pas un disque où l'on dort, loin de là ; chaque titre a un rythme bien soutenu ; seulement le son est plus propre, plus travaillé qu'à l'accoutumée. Cougar a véritablement appris à écrire de bonnes chansons, dont les refrains touchent au coeur («We are the people», «Pape1 in fire*), et teintées de nostalgie («Cherry bombs) et d'humanisme («Empty bands,, meilleur moment du disque). Toujours avec une sensibilité jamais prise en défaut qui fait la force de sa musique, John Mellencamp continue son chemin en ligne droite, fidèle à lui-même. Ce neuvième L.P. est indispensable tant les chansons sont inspirées et même si les solis de Mike Wanchic et Larry Crane sont moins incisifs, laissant souvent la place à des banjos frénétiques, cela reste du rock'n'roll et ce disque, cette année, va compter. II ne reste, pour vous en convaincre, qu'une écoute attentive de <<Paperin firem, le petit single parfait qui résume à lui seul très bien l'ambiance générale de <<Thelonesome jubilees, avec la voix mordante de Cougar, les choeurs des chanteuses noires déchaînées et l'apport du banjo et du violon. Merci Johnny pour tous ces grands moments. Gilles Ruopoli


OLD WAYS

Dans l'esprit de la plupart de ceux qui, un jour ou l'autre, se sont intéressés au rock, se tient ancrée solidement une idée qu'il convient de ne pas contrarier, sous peine de passer pour un affreux passéiste : nLes années 70, c'était long, c'était chiant, il ne s'est rien passé*. En effet, Fa a duré dix ans. Et malgré les prétentions plus ou moins puristes ou intellectuelles de beaucoup, ces années 70 furent, pour ceux de ma génération, les plus belles, celles qui nous permirent de découvrir l a rock-music et pas seulement, contrairement à l'époque actuelle, par les disques qui sortaient dans

HOURGLASS

pes qui écrira une des plus belles pages du rock américain : 1' Allman Brothers Band. J'en connais qui vont monter au plafond. Quel intérêt, en effet, de ressortir de la poussière de l'histoire ces vieux géorgiens dont on ne parle plus ? Justement ! On n'en parle plus et c'est bien dommage. Tout juste si un disque solo de Gregg Allman parvient parfois à alimenter encore une ou deux pages de <Rolling stones. Mais si on reprenait depuis le début ? D e 1967 à 1969, Mabron Mc Kinney (basse), remplacé plus tard par Jessie Williard Carr, Paul Hornsby (claviers), Johnny Sandlin (batterie), Gregg Allman (orgue) et D u n e Allman (guitare), formaient un groupe nommé «Hourglassu. Si les disques

D e gauche i droite : Duane ALLMAN

rrii

Gregg ALLMAN Johnny SANDLIN Mabron MC KINNEY Paul HORNSBY

l'instant, mais aussi par son passé. D'où l'idée de la présence de cette rubrique dans <<ROCKBALLAD>>.Si le sectarisme et les chapelles ont fait tant de mal à la rockmusic depuis 197: et même peut-être avant, cela ne nous empêchera pas de traiter également dans cette mhrique de disques ou de groupes des années 50 et 60, ou même du début des années 80. Pas de carcan, pas de barrière. Un seul critère : l'envie ! Ce préambule fait, guère de raisons de nous attarder. Mais regardons un peu derrière nous. 1970 : Bill Graham et son Fillmore East, et, à l'affiche, un des grou-

orignaux parus chez Liberty Records semblent introuvables, du moins à ma connaissance, un album de compilation (double) sorti chez United Artists (où l'on retrouve Neil Young et Steve Stills dans les notes de pochette) rassemble exactement vingt-trois titres enregistrés par le groupe. Car il s'agit vraiment là d'une musique de groupe. Un mélange de rock à la Yardbirds, avec quelques éclairs de guitare fuzz, des influences e s o u l ~évidentes, un son unique, basé sur l'harmonie entre l'orgue et la guitare, des vocaux d'une extrême pureté et un enregistrement hors pair. Le premier groupe des frères Allman ne ressemble pourtant en

rien à ce qu'ils feront par la suite. Gregg. Allman signe huit morceaux, les quinze autres sont des reprises de gens plus ou moins connus. Parmi les signatures les plus célèbres : Jackson Browne ( ~ C a s off t al1 my fears,,), Curtis Mayfield (nl've been tryinga), Gerry Goffin et Carole King (<No emy way down*), Lennon et Mc Carmey (~~Nowegian woodu) ainsi que Del Shannon, Hinton and Greene, Don Covay.. .Gregg AIlman fait preuve d'une inspiration incontestable (dhanging of the gunrd,,, ,<I can stand alone.~).Tout cela donne des morceaux courts, bienfaits, bien construits, avec toujours ici et là, ces éclairs de guitare de Duane Allman ou ces inflexions de voix de Gregg, ces choeurs inattendus sur ei've been trying~,qui marquent ainsi ce que sera la qualité première de la musique des deux frères : I'inspiration, l'invention à chaque instant, qui fait que l'attention de l'auditeur ne se relâche jamais. Une musique qui pourtant est bien plus <<sixties>>, plus ramassée, avec peu de solos de Duane (O" très courts) et qui ne fait guère penser à ce que pourrait être la suite. Mais ces perfectionnistes (et en particulier Johnny Sandlin) ne semblaient guère satisfaits de leur musique. Sandlin : «Si nous avions eu un bon producteur et un bori preneur de son en studio, peui.être aurions nom pu faire un album dont je n'aurais pas honte>>.Sévère, et même tout à fait injustifié ! Mais Sandlin, futur producteur et sessionman, n'y allait pas par quatre chemins pour exprimer ses sentiments. L'inspiration passée, le groupe éclata. On sait ce qu'il advint de Gregg et de Duane Allman. Paul Hornsby poursuivit une carrière de sessionman, puis de manager cher Capricorn, Carr fit le même choix, mais cette fois dans les célèbres studios de Muscle Schoals, en Alabama. Hourglasi étoile filante du rock américain, venait de s'éteindre. Mais dans son sillage, allait se poursuivre la carrière de sessionman de Duane Allman pour arriver enfin à l'éclosion de ce merveilleux groupe américain puisant aux sources du blues : I'Allman Brothers Band. (à subre)

R.S.


DROLE DE DRAME Originaire de New-York, mais installé depuis l'année dernière en Californie, Dramarama compte parmi les valeurs sûres de la pop américaine. Un E.P., un mini L.P., «Comedy», et un L.P. paru chez New Rose, «Cinéma vérité», ont suffi pour asseoir la réputation de ce groupe rare, précieux. Tournées, radios, télévisions : Dramarama poursuit inexorablement sa marche vers les sommets, auxquels peut l'amener son nouvel album, «Box office bomb». II restait à interroger les deux têtes pensantes du groupe, Chris Carter, bassiste, et John Easdale, chanteur et compositeur. Deux personnalités totalement différentes, mais certainement complémentaires : l'un, Chris Carter, volubile, l'autre, John Easdale, plus mystérieux. Ils ont, en tout cas, manifesté un enthousiasme commun à répondre aux questions de José Ruiz qui, par la même occasion, est parvenu à résoudre une partie de l'énigme John Easdale, être secret et assez distant. Rock Baiiad : La musique de Dramarama semble plus influencée par les 70's que les 60's. Quel est ton avis John ? John Easdale : C'est absolument vrai, bien que tout le monde revendique l'héritage des sixties. Ça vient aussi du fait que nous avons grandi dans les années 70. J'avaïs dix ans en 1971 et c'est donc la musique de cette période que j'écoutais. l'aimais les Beatles quand j'avais cinq ans, mais c'est ce que tu écoues à douze ans qui compte car c'est pendant I'adolescence que tu subis la plus grande ifluence. Les 70's sont donc pour nous noturek. Mais nous n'essayons pas d'être 70's ;nous essayons juste de ne pas étre 80's (rires). R. B. : Votre musique renvoie plus à des références anglaises qu'américaines, non ? J. E. : Oui, surtout. Parce que dans les anrzées 70, il ne passait pas grand chose a u U.S.A. Une bande de hippies barbus avec des guitares acoustiques régnait et, finalemen!, il n'y avait pur beaucoup de bonne musique dans mon pays pendant mon adolescence. La meilleure musique américaine était plus ancienne : on la trouvait dans les fifties et au début des sixties ; au fil du temps, elle est devenue molle et ça ne m'intéressait vraimentpas. Par confre, dans ce qui se fait actuellement, j'écouie plus de.musique américaine qu'anglaise. R. B. : Peux-tu nous parler de ta façon de composer ? J. E. :Pour écrire mes chansons, je n'utilise pur d'instrument sauf, de remps en temps, une guitare ;mais le p l u souvent, je compose en conduisant et j'entends comme m e radio dam ma tête. N'ayant pas d'autoradio dans ma voiture, je n'écoute pas de musique quand je roule. A la place, je la fais. J'en parle ensuite a u membres du groupe et les paroles viennent après. Enfin, Chris er moi réfléchissons pour savoir si la chanson convient ou non au groupe. Mais la moitié des compositions que je présente ne sont pas retenues ou enregistrées parce qu'elles ne collent pas complètement à l'es-

DRAMARAMA (de gauche à di-uitc) : au prrinirr 1il;iii. Jcsse Farbmziii çr Solin Easdale ; en arrière plan, T. Ellenis, Mark (Mr E Boy) Englcrt, Chris Carter et Peler Wood (photo coiirtesy of José Ruiz)

prit de Dramarama. R. B. : Qu'est-ce qui t'inspire pour écrire une chanson ? J. E. : Oh, je'ne suis pas du genre a m'asseoir en me disant :<Bon,je vais écrire une chanson ce soir>>.Non, c'est une question de chance et d'inspiration. Ça fonctionne comme une radro sauf que c'est moi qui fait la chanson dans le poste. R. B. : Chris, parle-nous des problèmes de batteur qu'a connu Dramarama. C'est un vrai poème, cette histoire.

Chns Carter :Nous avons eu trois batteurs. Le premier, c'était juste un ami qui a joué sur notre premier 45 tours. On a cherché un remplaçant parce qu'on ne s'entendait pas avec lui. Il n'allaitpas du rout avec nous qui sommes plutôt réservés sur scène. Il était toujours excité à l'excès, dans le style : *Virez ces mecs, c'est d nous de jouer !B. On ne savait plus où se mettre quand il parlait comme ça !Pour lui, jouer dans un groupe de rock, c'était conime faire du foot. On n'était vraiment pas branché sur la


.

même longueur d'ondes. Alors, il nous a fallu trouver un nouveau batteur. On avait un ami, Kenny, qui jouait dans un orchestre de bal, un type très fort qui avait fait une école de batterie: Nous lui avons donc demandé de venir nous rejoindre. Il apprenait cinq à six chansons par nuit ; et il se rappelait absolument de tout. Vraiment un grand batteur. Le problème, c'est que sur scène, il en rajoutait vraiment trop, il jouait debout, il gesticulait. Et pendant ce temps, John chantait. Et un jour, on a vu une vidéo d'une de nos chansons (avkiting the zoo,,) et sur le passage ou John chante : ~Makes me think of youu, Kenny faisait le pitre comme si John s'adressait a lui. Quand on a vu ça à la télé, on s'est dit : «Mais qu'est-ce qu'il fout là ce type ? x Il a fallu donc virer le meilleur musicien de Dramarama ! Quelques temps auparavant, à l'occasion d'an concours local, nous avions vu un petit groupe, trois musiciens qui ne jouaient que des reprises, notamment de Chuck Berry et des Rolling Stones. lis étaient vraiment géarzts et leur batteur nom avait impressionné, dans la lignée des Charlie Watts et Ringo Srarr. Quand il fut temps pour nous de trouver un nouveau batteur, on a pensé à lui. Jesse Farbman était devenu batteur de Dramarama. R. B. : Tu m'as dit être passionné de télévision. Qu'est-ce qu'elle représente pour toi ? C. C. : Ce que j'apprécie énormément dans la télévision, c'est qu'il y en a pour tout le monde, tellement les programmes proposés sont divers. Personnellement, j'adore les flashes d'information, qui te tiennent au courant de tout ce qui se passe. Tu peur allumer ton poste à n'importe quel moment de la journée, tu as toujours quinze à vingt minutes d'informations où I'on te parle des nouvelles importantes, de la météo, des résultats sportifs, etc... A part ça, j'aime les vieux films en noir et blanc des années 30 et 40, qui passent sur les chaînes par câble ; c'est la seule chance de voir les films de cette époque, les cinémas ne les diffusant plus. J'apprécie également les comédies des années 50 et 60 qui sont à nouveau très populaires. Elles sont tout a fait différentes des comédies actuelles. C'était souvent drôle et les gens riaient vraiment pendant l'enregistrement, contrairement à aujourd'hui, où les rires sont pré-enregistrés sur la bande sonore. Il se passe vraiment qiielque chose quand la télévision est allumée ; quand tu l'éteins, c'est comme un ami qui s'en va. R. B. : Les Américains ressentent-ils tous la même chose ? C. C. :l e ne sais pas, mais je ne connais

Mr E Boy et Chris Carter sur scfnc h L.A. cil 1986 (photo courtesy of José Ruiz)

personne qui ne regarde par la téiévisioii. Lorsque nous nous réunissons avec les autres, nous noils asseyons autour d'une table et regardons la télévision. Et nous allons en parler pertdam des heures. La télévision est vraiment très importante a u Etats-Unis. Regarde, Jesse, notre batteur, il a grandi sans que ses parents possèdent la télévision et il a dii mal à s'intégrer a une conversation ;ainsi, il ne connaît pas les acteurs, les présentateurs. toutes ces choses qui servent pour jouer au Trivial Pursuit. R. B. : John, as-tu les mêmes rapports avec la télévision que Chns ? J. E. :J'aime bien les films a la télévision et j'aime aussi lire, beaucoup. Mais, si la télévision représente une partie de notre vie, c'est parce que, depuis notre naissance, on nous y a installé devant. Tous les jeunes Américains sont des T.V. addicts. R. B. : Puisque tu aimes la lecture, parlons en. J. E. :Je lis de tout, des auteurs classiques, modernes, des biographies ;en fait, tout ce qui me tombe sous la main. Mais je reste quand même à l'abri des manitek et des trucs sur l'électronique. A part ça, mes lectures sont très éclectiques et j'essaye surtout de me cultiver : je lir la Bible, des tragédies grecques, des philosophes, même si ce n'est pas toujours évident. En tout cas, j'essaye de ne pas ignorer certaines choses qui me paraissent importantes. R. B. : Que penses-tu de cette manière de faire passer un message au monde qu'avait Boh Dylan dans les annees 60 ? J. E. :Je pense qu'an même moment où il envoyait des messages aux hommes, il utili-

sait toujours ses propres observations sur ce qu'il voyait. Il chantait des protest-songs très personnelles, c'était toujours SES réactions sur les événements. Moi, je ne p e u pas parler de politique, je ne me sens pas assez au courant des affaires du monde ;je ne pourrais jamais faire ce que fait Joe Sirummer par exemple. R. B. : Est-ce parce que tu n'en sais pas assez ou parce que tu ne veux pas en parler ? J. E. :Je ne pense pas que la musique rock soit faite pour ça. Il y a assez de gens qui parlent de ces choses Ià dans les journaux. La musique doit être avant tout divertissante. De plus, je ne me sens pas Pâme d'un porte-parole. Je préfire chanter sur des .sujets que je connais mieux. R. B. : Tu as l'air assez négatif A propos de tout cela ? J. E. :Oh, je ne dis pas que c'est m l . Je pense simplement que chacun devrait rester à sa place et parler de ce qu'il connaît. R. B. : Penses-tu que les gens puissent considérer tes textes comme de la poksie ? J. E. : Non, je ne crois pas que la poésie puisse se chanter. C'est phtôt quelque chose d'écrit qu'il faut lire. Et puis, j'estine que mes textes ne sont pas assez bons pour être considérés comme de la poésie. Même avec les rimes. R. B. : Tu n'as jamais pensé à inclure les textes de tes chansons sur la pochette des prochains disques de Dramarama ? J. E. :Non, car ce sont juste des paroles de chansons et ça ne me paraît pas fait pour être lu. En plus, il y a tant de disques épouvantables dont les paroles sont reproduites. Je me demande d'ailleurs combien de bons albums comportent les textes reproduits. Peut-être quelques Bob Dylan, mais les Rolling Stones des 60's ne l'ont jamais fait, de même que les Beatles avant d e r geant PepperSz ...Personnellement, je ne vois pas mes paroles imprimées sur le papier, ça me gênerait un peu. R. B. : Tes producteurs favoris ? J. E. : Peut-être George Martin, pour les albums des Beatles et également Jimmy Miller qui a produit les meilleurs albwns des Rolling Stones. Mais ils avaient déjà du bon matériel à l'origine. En fait, il est rare qu'un grand producteur fasse un bon album avec des chansonsfaibles. Par contre, si les chansons sont bonnes au départ, il n'est pas nécessaire d'avoir ungrandproducteur pour faire un bon album. Au bout du compte, il existe peu de producteurs à avoir ruiné un album. Propos recueillis par José Ruiz (juillet 1986)


NEW MORNING L'Amérique, le nouveau monde ! Une notion qui n'est plus représentée par grand chose sauf peut-être dans certains endroits reculés du Wyoming, mais si on doit aller chercher jusque là ...Par ici le look «Rambon, les grandes cités jungles, souvenirs contrits des guerres du Viet-nam, magnats de la presse et trusts internationaux. Voilà en grande partie les clichés habituels qu'on se visionne dans la tête. Pour être franc, il faut bien avouer qu'il y a un petit peu de ça. Eddie Ray Porter devrait véhiculer une telle image au vu de son passé, fondamentalement urbain mais il n'en est rien. Chanson après chanson, c'est une route tonte droite qui nous emporte vers Dieu seul sait où : même Porter doit l'ignorer. Vous avez du voir ça dans un film, une route poudreuse qui file vers l'horizon, bordée d'une ligne télégraphique et parfois dune ferme ou d'un relais routier, tous les 500 kilomètres. Des champs de maïs tout autour quand ce n'est pas le désert. Ça existe aussi, et tel quel ; je le sais puisque j'ai roulé sur cette route et c'est bien pour cette raison que je peux affirmer que la musique d' Eddie Ray Porter y correspond parfaitement. Voyager sur une telle route, c'est connaître une succession de moments de bonheur, d'angoisse et d'épuisement. Le chemin est tellement long qu'on a le temps de passer par de nombreux sentiments, exactement comme le disque d' Eddie Ray Porter, si ce n'est chaque chanson elle-même. Mais venons en au bonhomme ; sachez que le jeune Edward Raymond (je suppose que c'est là son prénom intégral et ça fait un peu lourd à assumer à mon humble avis !)a vu le jour dans la bonne ville d'Atlanta où il a passé son enfance et peut-être même plus que cela ; quoi qu'il en soit, il n'a pas rompu lesliens qui l'attachaient à sa région natale (la Georgie donc) puisque son label Less Records est basé à Atlanta. Eddie Ray a ensuite passé quelques temps vers NewYork et a fini par atterrir -supposition gratuite, il est peut-être venu en train on en stop..: à San Francisco, en Californie, vers la fin des années 70. C'est là qu'il fait connaissance de Leslie Rule qui, elle-même installée par là depuis une quinzaine d'années, va devenir sa bassiste quand il décidera de se mettre i la musique. II chante, joue de la guitare et du piano, compose ses

n

EDDIE RAY PORTER chansons et en écrit les textes ; il les produit également -avec Leslie Rule- et a créé son propre label. That's al1 folks ! -et ce n'est pas un dessin animé- 0.K ? 11 faut encore un batteur p u r monter un groupe ; ce sera Leor Beary (dont je ne connais que le nom, la fonction et la photo. Me pardonnerez vous jamais de ne vous en dire plus à son sujet ?!). Chuck Prophet, guitariste de Green on Red vient compléter la formation. Maintenant qu'on a les protagonistes et qu'on a planté le décor, on peut se pencher sur le sujet de la pièce, ou plus précisément de I'acte 1 qui a p u r titre .When the morning fullsr (paru au cours de l'été 86) -quand tombe le matin- c'est joli, mais on ne dit pas ça comme ça d'habitude. Vision pessimiste ? Moi ça me fait penser au coup de la bouteille uà moitié vide,, plutôt qu'à moitié pleine ! Une chose est sûre, Eddie Ray Porter et son groupe nous ont donné un bien bel ouvrage et I'acte II est impatiemment attendu. Neuf chansons de larmes, de perdition, parfois d'espoir et de lumière. C'est sans doute pas nouveau mais ça touche toujours. Là, c'est sombre et plus loin on se ramasse le soleil dans la figure. La coloration générale est countryrock et j'ai bien dit coloration seulement. Eddie Ray Porter a le rock instinctif, de même que le blues ou le swing. Tout ça se mêle et se défait au gré des morceaux nerveux ou désespérés. C'est beau comme ça ! La production de <<Wkenthe morning fullsa est claire et profonde, ce qui fait se demander quel aurait été le résultat avec uo véritable producteur.

Pourtant, cela ne s'est pas passé tout seul au début ; le groupe rentre en studio tout émoustillé et puis le temps passe, l'argent avec et il faut bien sortir quelque chose : ce sera une cassette dont le contenu ne les satisfait pas tellement. Ils essaient quand même de la vendre sans trop de succès, et puis, ayant réussi à amasser la somme suffisante, ils réintègrent les studios pour mettre à jour le projet qui leur tient tant à coeur. L'expérience précédente du 24 pistes leur est bénéfique, et ils peuvent produire l'album par eux-mêmes et obtenir ainsi ce qu'ils imaginaient auparavant. Leslie Rule dit d'ailleurs que plus on a le contrôle de son travail, meilleur est le résultat. On peut la croire sans difficultés à récoute de la superbe guitare dans #slow motion danceru ou de la tension qui s'échappe d' nAffer ihe faIl>. Cela devait être fait ainsi et pas autrement.. Toute la production a été réalisée dans ce sens. C'est quand même pas rien d'arriver à créer neuf chansons avec neuf ambiances ; et qui ne passeront pas leur temps à rappeler des influences ou des points communs avec d'autres artistes. C'est vrai qu'on pense parfois à Green on Red (la voix), Lou Reed (l'acidité), Dream Syndicate (le style), et cncore selon l'humeur, Tom PetQ, Bob Dylan ou Television. Ce sont des impressions fugaces qui ne résistent guère à la personnalité d' Eddie Ray Porler, loin d'être une pâle copie des musiciens précités ou d'autres encore. ~ W h e the n morning falls~vient d'être distribué en France par New Rose (sous une pochette différente), et vous n'avez donc pas le prétexte du prix insensé des imports pour ne pas vous l'offrir. Je vous l'ai dit, c'est un beau cadeau que vous fait Eddie Ray Porrcr, et ce n'est que le premier. A l'inverse de Lucky Luke, il ne vous tourne pas le dos et derrière lui, le matin qui tombe sur la longue route droite laisse entrevoir que la journée sera belle ; sa camère aussi. Pour contacter Eddie Ray Porter : Mod Lang 48 Shattuck Square Box 138 Berkeley, CA 94704-1140 U.S.A. Un grand merci à Howard Klein Cécile Mirebeau


THE DOORS

ED KUEPPER

JOHN HIAïT

«Live at the Hollywood bowl»

«Rooms of the magnificent~

eBring the Familyn

E l e k t r a 960741-1 (dist. WEA)

A t t i t u d e Records A T 23

A & M 395158-1

par Frédéric Bartoli On pourra toujours ergoter et s'interroger sur l'opportunité du choix d'Elel\tra de sortir un nouvel album live des Doors (rappelons qu'il s'agit du deuxième L.P. live publié depuis la disparition du groupe, le premier étant d l i v e shecrieda, paru en 1983) alors que l'on pensait le filon définitivement épuisé. Outre l'aspect mercantile d'une telle entreprise, sans doute faut-il voir dans cette décision la volonté de restituer au public l'ultime témoignage sonore d'un des groupes phares des années soixante sur lequel repose I'essentiel de sa renommée. II convient donc de dissiper les craintes légitimes suscitées par cet enregistrement public effectué le 5 juillet 1968 à I'Hollyood Bowl de Los Angeles, c'est-à -dire un an avant la série de concerts d'où fut tiré l'un des plus grands albums live de l'histoire du Rock'n'roll : ~Absolutelyliver. Extrait d'une vidéo cassette retraçant l'intégralité du concert, et pour le moment, uniquement disponible aux Etats-Unis, ce mini L.P. d'une vingtaine de minutes ne rend qu'imparfaitement compte du climat exalté et passionnel, maisaussi tout empreint de solennité, qui régnait au cours des concerts des Doors. La musique tissée par Manzarek et Krieger permet à Morrisson de donner libre cours à ses tendances baroques particulièrement sensibles sur les premiers hits américains du groupe, à savoir eLightmyj7re.v et <The unknown soldieru. Le reste de l'album comprend également une version écourtée de cSpanish caravann (tiré de ewaiting for the Sun.) et trois titres extraits de la composition fétiche deJim Morrkson, *The celebrution of the lizardu. Si cet enregistrement souffre de certaines imperfections bien compréhensibles et demeure d'un intérêt discutable, du moins dans sa version vinylique, il a cependant le mérite de constituer un nouveau témoignage sur le comportement scénique du groupe alors au sommet de sa popularité aux States.

par Dominique Lagarde I'avoue n'avoir prêté qu'une oreille lointaine aux efforts solo d'Ed Kuepper avec les Laughing Clowns depuis leur formation au début des années 80. Tout au plus la compilation nHislory of rock'n'roll>~m'était-elle un jour par hasard tombée entre les mains ; alors l'occasion était bonne avec la parution de cet album de renouer avec les ébats du guitariste killer des Saints (période 76-78). A la première écoute de ce L.P., deux types d'appréciations peuvent naître, ceUe de l'amateur des Saints actuels qui ne pourra s'empêcher de faire des rapprochements avec les protégés de Chrk Bailey, ou celle du béotien qui reçoit œ disque entre les oreilles sans aucun souci d'historique ou de contexte. Ce qui frappe d'entrée dans ce disque, c'est la finesse des arrangements de guitare et de uiivres qui se voient ménagés de larges espaces dans la plupart des compositions. Disons le tout de suite, <Roomî of the mugnificent* est un album ktmiste au feeling très européen, très éloigné du traditionnel rataplan magique australien. Côté chant, cela me paraît indéniable : Ed phase comme Chrk (à moins que ce ne soit le contraire), et certaines chansons pourraient même être interchangeables. Il y a cependant çà et la des choses bien différentes dans cet album : du Dylan revisité par une ballade à la John Cale dans des Airs, une chanteuse Mélanie Oxley qui apparaît sur plusieurs titres, et partout, ces guitares acoustiques et ce piano qui donnent une impression de fragilité désabusée à des titres, tels que : eAlso sprach the King of Euro Discou (où les cuivres citent bien entendu Zarathoustra) ou rWithout your mirror». Plus abouti que les tentatives un peu confuses des Laughing Clowns, ~Roomsof the magnificentu fait entendre Ed Kuepper entouré de Paul Smith (basse), Mark Dawson (batterie, Pernissions), Mickael Arthur (harmonica), Chris Abrahams (piano, orgue), et d'une section de trois cuivres préférant les nuances au rifisanguinaire.

(Dist. P o l y d o r )

par Gilles Ruopoli Attention, ce disque est profondément humain ; je veux due par là qu'il sonne vrai, que le feeling deJohn Hian a quelque chose de naturel, évident comme sa musique et que les sentiments exprimés dans ses chansons n'ont rien d'édulcorés. John Hiatt est sain comme le blues, sensible comme les paroles de ses chansons. Si ce disque ne manque pas de défauts, il est presque indispensable tant la chaleur que cet homme dégage est rare. Ecoutez simplement .Have a little faith in meD où Hian s'accompagne uniquement avec son piano, « T b of my longue", véritable poème musical ou bien nThank you girl* et I'mtro de guitares de Ry Cooder : c'est être confondu devant l'évidence ; l'évidence d'un grand chanteur, (dont le timbre de voix n'est pas sans rappeler Graham Parker), d'un songwiter sensible qui, malgré le peu de succès de ses sept albums précédents, garde la foi et le feeling. &ring the familya est un disque de blues qui pourrait avoir comme reférence Ray Charles, Tom Waits, ou tant d'autres qui savent influer un souffle humain à leur musique ; c'est aussi un disque de rock <Memphis in the meantirne" et ~(Yourdad didx, mais c'est surtout un disque attachant d'un artiste vrai, servi par des musiciens exceptionnels qui ont toujours fait preuve de goût : la simple évocation des noms de Ry Cooder (guitare électrique), Jim Kelher (batterie), et Nick Lowe (basse), suffit à situer le niveau. Ce qui ne saurait faire oublier les compétences instrumentales de John Hiatt en personne, qui assurent toutes les parties de guitare acoustique (citons notamment nleaming how 10 love youu). Hélas pour les ventes, c'est aussi une oeuvre qui nécessite une écoute répétée et insistante, comme s'il fallait, pour se réhabituer à l'eau de source non javellisée, y goûter plusieurs fois. N.B :les fans noferont que (<Brinsthe familyr esi sorti en Angletene avec une pochette diRérente.


TOMMY KEENE

SHOES

«Pleased to meet me»

«Run Now» Geffen Records 924 128-1 (dist. WEA)

par Jean-Charles Dubois La vitalité de la pop américaine des 80's n'est plus à démontrer. La décennie en cours a en effet vu naître un nombre appréciable d'artistes talentueux : Les Bangles, Lei's Actlve, les d B's ou les Bongos, pour n'en citer que quelques uns. Il faut désormais rajouter à cette liste. Tommy Keene. Après la faillite du petit label pour lequel il travaillait depuis trois ans, Dolphin Records, Tomm)' Keene a signé avec une grande compagnie, Geffen, qui a sorti un L.P., «Sangs From The Filma, et fait maintenant paraître un mini L.P. de six titres, nRun nowu. II s'agit là d'une excellente introduction à I'univers de Tommy Keene, caractérisé par un rock mélodieux qui s'exprime tout à la fois en finesse et en puissance. Avec cette reprise de d i I l your sonsr: Tommy Keene se verra probablement coller l'étiquette gênante d'héritier de Lou Reed ; en fait, à part cette chanson (cover live par ailleurs très réussie !) ce mini L.P. n'a pas grand chose à voir avec les climats velvétiens. S'il est des références à citer, il vaudrait mieux regarder du c8té des Nerves, et plus particulièrement Jack Lee qu'il évoque souvent dans les inflexions de la voix. Disons que Tommy a retenu la leçon mélodique de ses prédécesseurs, car c'est bien de cela qu'il est question ici : de bonnes pop songs... La production est assurée par T.Bone Burnen et Don Dixon, ce qui devrait suffire à situer le niveau du débat. Qui pourra résister aux fortes réminiscences plimsouliennes de ~ R u nNowx (le titre) et a l'entraînant d w a y From It AIlr ? Qui pourra rester indifférent à la délicatesse de x i Don'i Feel Righi Ai A l l ~à, la pulsion de ~BackAgain. et au charme de ~They'reIn Their Own Worldn ? La musique de Tommy Keene est de la gelée royale qui coule dans votre gorge, sucrée et sacrément rengorante. ~ R u nNow» est son premier disque distribué en France : vous n'avez donc aucune raison valable de ne pas l'acheter. Vous ne le regretterezvraiment pas !

THE REPLACEMENTS

New Rose FC 028 par Ckcile Mirebeau Ça fait un bail que je connais les Shoes et à peu près autant que j'ai envie d'en parler de façon concrète. La réédition de «Boomerang> m'en fournit l'occasion ; j'eus priféré un nouvel album, cela va de soit, mais ce ~Boomeinng)> là n'en est-il pas un puisqu'il est accompagné d'un mini-album en live, jusqu'alon inédit en France. Veinardes, les radios américaines y avaient déjà eu droit en 1982. A présent, nous voilà à égalité. Je ne vais pas m'appesantir sur xBoornerang» lui-même puisqu'il a déjà sûrement fait l'objet de critiques diverses à l'époque de sa sortie. Simplement, il faut dire que c'est un disque nullement déplacé dans l'époque actuelle. Comme les autres L.P.'s des Shoes, les compositions sont assurées à parts égales par les trois principaux protagonistes : Gary Klebe, Jeff et John Murphy. (le batteur, Skip Meyer àd'ailleurs disparu depuis leur dernier album). C'est simple, équilibré, et terriblement efficace. C'est à se demander comment il se peut que leur audience soit si confidentielle. Ils devraient hanter les charts depuis longtemps ;je ne pense pas qu'ils y perdraient en crédibilité, vis à vis de leurs fans actuels (il y en a). Notons également que la pochette intérieure amprend des photos ainsi que les paroles des douze titres de ~Boomerangu, qui ne figuraient pas sur i'album originel. C'est at home (Zion, Illinois) qu'a été enregistré "Shoes on icea le mini L.P. live. Six titres seulement (quand c'est bien comme ça, on en voudrait toujours plus), et on s'aperçoit que malgré leurs passages très peu fréquents sur scène, ils y sont très à i'aise et ne donnent pas lieu à certains débordements qu'on connaît assez souvent dans cette situation. C'est toujours bien en place avec les d h o e s ~; le son est merveilleux, et on reconnaît parfaitement les titres (quatre de rPresenr Tensen et deux de nTongue Twistern), ce qui n'est pas toujours évident en concert ! Une dernière remarque : rien sur la pochette (qui est celle de *Boomerang>) n'indique la présence du disque live et ce serait dommage de le manquer à cause de cette absence de publicité.

S i r e 925 557-1 (dist. WEA)

par Cécile Mirebeau J'avais débarqué chez mon disquaire habituel et sans plus attendre, je commençais moninvestigatioi que j'espérais aussi infructueuse que possible, car il faut avouer que, au w des prix des disques et de la production actuelle, on aurait vite fait de terrasser son compte en banque. Alors, j'espérais ...C'est à croire que la sorcière Rock m'avait jeté un sort, et de la pire espèce : clle me foutait devant les yeux deux merveilles qu'il me fallait ABSOLUMENT (c'est ce que je me dis à chaque fois !) : les nouveaux L.P. de Jiiles SShear dont vous trouverez mention ailleurs dans cette rubrique, el celui des Repiacemrnrs. Ces derniers viennent de sortir leur cinquième album en cinq ans, intitulé <,Pleasedto mecf me# (heureux de nie rencontrer !) ; les Replocemenrs sont vraiment des petits facétieux. Des gens doués aussi .ne font ils pas de la bonne musique ?- et aussi bizarrement pointilleux. Imaginez qii'ils ont viré leur gratteux qui t5tait un peu trop de la bouteille et qu'ils s'en vont écrire un titre qui s'appelle *Red red wines. Ça m'a laissée toute perplexe. De toute façon Bob Stinson ne manque pas tellement et les trois autres s'arrangent aussi bien sans Ihi. Tant que Pair1 Westei. berg sera là, avec sa voix à la Sieven T)'ler (d' Aerosiniih), ce sera OK pour moi ;et il n'y a pas que son organe (ne me faites pas dire ce quc je n'ai pas dit SVP) qui me fasse penser à Aerosmiil! qui, j'aiine le rappeler, n'est pas un groupe de Hard. Mais certains titres au demeurant fort nombreux, n'ont rien à voir avec I'équipc de Bostoii tant pour les ambiances que pour les arrangements : le jany <,Nigghtclubjesiers>>,I'affolanr eTlie ledgea et sa guitare hallucinante, les cuivres sur ~Can'ihnrdly wnifn (avec Alex Cl~iltoi:, ce qui n'est guère référentiel) etc ...les exemples ne manquent pas. Alors, les Replacemei~/s,"Pleasedio meei ben13 !


STEVE EARLE &THE DUKES «Exit O» MCA 254802-1 (dist. WEA)

par Bernard Fretin Avec son premier album ~GuitarTown" un des tout meilleurs de 1986, Sleve Earle contribuait au renouveau d'un genre musical qui en avait bien besoin, je veux parler du country-rock. Réussite artistique mais aussi succès commercial ( a u U.S.A. du moins), nGuiiar townn ayant enthousiasmé à la fois les fansde rock et de country, fait suffisamment exceptionnel pour être signalé. Ce crossover a incité les pontes de C.B.S. à prendre un virage à 1800, en exhumant récemment nEarly tracks*, disque que Steve Earle avait enregistré pour eux en 1983 mais qu'ils ne s'étaient jamais décidés à sortir. Ce dont ne saurait se plaindre le label concurrent M.C.A. qui, enhe temps, a récupéré cl'indésirablea et les dollars ...et s'apprête à récidiver avec le véritable nouvel album, nExil01. Celui-ci apparaît wmme le digne successeur de ~Guiiartownr avec toutefois, un son plus rock qui éloigne encore davantage son auteur de la muntry traditionnelle, telle que la pratique Randy Travis, par exemple. Les claviers occupent désormais une place prépondérante, que ce soit le piano (CI ain't ever saiisfieds) ou l'orgue (el love you too muchr). Et un morceau comme <,San-Antoniogirlu n'est pas sans rappeler Bruce Springsieen, avec qui Steve Earle partage la même fascination des autoroutes (~Nowhere roada) et des quatre roues (nSweet linle 66~). Comme le Boss, il bénéficie du soutien d'un grand groupe, The Dukes : écoutez donc *The week of living dangeroulys, bien bel exercice de country-rock moderne et *Il's al1 up to y o u ~ , tout empreint de sensibilité. Mais la palme rain came downx, revient assurément à n% avec ses paroles chargées d'émotions (sur le destin tragique des fermiers endettés) et sa mélodie parfaite (fabuleuses guitares). Inoubliable. Tout au long des dix chansons d'«Exil 01, Sieve Earle confirme ses grands talents de songwriter. Le rock américain -le vrai, celui attaché à ses racines- ne s'en porte que mieux.

PAUL COLLINS BEAT «Live at the universal» T w i n s T 3043 Producciones Twins C/Aralar.S - 28028 M a d r i d - E s p a g n e

par Dominique Lagarde Ainsi donc, Paul Collins a signé depuis plusieurs mois un mariage d'amour avec l'Espagne qui d'ailleurs le lui rend bien en publiant ce 33 tours enregistré en public à I'Universal de Madrid, un endroit certainement des plus recommandables puisque (entre autres) Kid Pharaon et les Lonely Oiies ainsi que les Kingsnakes avouent avoir conservé un excellent souvenir de leur passage dans cette salle. Le vendredi I l juillet 1986, c'était au tour de l'enfant terrible des Nerves de réchauffer l'été madrilène qui n'en a pourtant pas besoin. Accompagné de Steve Hyff (basse), Emilio Huertas (lead guitar) et Manolo de Palma (batterie), Paul Collins a passé en revue, ce soir là, une grande partie de ses chansons pop-rock à la fois nerveuses et mélodiques, pour la plupart bien connues des amateurs de rock US. Pas de grandes surprises dans ce disque qui peut servir de rappel des dix années de carrière de C o l l i ~ , mais pas non plus d'oubli fâcheux ;jugez plutôt : <Rock'n'roll girlu, nAlways got you on my mind», rWorking too hard8 (créé avec les Newes), ~Don'iwail upu, non the highwaya, VAU over ihe world~,rien ne manque ! Sans être particulièrement incisif, le son de cet album est fort wrrect et comme The Beot envoie toujours son répertoire à cent à l'heure, on a droit à treize morceaux, en fin de compte pas très éloignés des versions originales. Moins cahotique que le "Live in Madrid* des Barracudas, cet album peut offrir une excuse valable à ceux qui voudraient délaisser momentanément copains, parents ou petit (e) ami (e) sur les plages surpeuplées d'Ibérie pour fouiner dans les boutiques de disques, d'autant que la pochette rose est très réussie, ornée qu'elle est d'un cliché de Collins (Paul) en plein blues, cigarette sur le manche et tee-shirt d'actionnaire à I'Universal sur le torse.

NElL YOUNG & CRAZY HORSE «Life» G e f f e n 924 154-1 (Dist. WEA)

par Bernard Fretin L'annonce de la sortie d'un nouvel album de Neil Young suscite désormais les plus vives inquiétudes. On ne peut pas dire en effet, que le Canadien ait particulièrement gâté ses fans durant cette décennie : personnellement, seuls *Haws & Dovas (1980) et nOId Waysn (1985) m'ont satisfait, les autres L.P.'s étant franchement inégaux, voire mauvais (cf la précédente réalisation: ~Landingon waier~>).Résultat : Neil Young n'intéresse plus grand monde. A ce manque d'inspiration chronique (appelons les choses par leur nom), s'ajoute le fait que Neil Youngsouffre d'une image profondément liée aux années 70. Le drame, c'est qu'il s'est mis en tête de rectifier le tir en voulant se doter d'une touche moderne via l'emploi des synthitiseun, alors que ce n'est pas du tout son tmc, à en juger par les échecs de .Transe (1982), et de ~Landingon watern (1986). nLifez poursuit cette voie dans une moindre mesure et marque le retour du groupe Crazy Horse, absent depuis trois albums. On y trouve au moins, deux bons morceaux : "Long walk homen, dont I'harmonica et le piano rappellent un instant le grand Neil Young, et surtout nlnca Queen., huit minutes de mariage heureux entre guitares acoustiques et synthétiseurs (mais oui !), alnca Qiieenw s'ajoute à la collection des longues pièces musicales de Neil Young, dont le dernier témoignage s'appelait précisément clike an Inca;. (paru sur Trans), décidément, cette . civilisation inspire notre homme. Le reste de l'album est largement en-dessous : le moyen, qu'il s'agisse de morceaux rageurs, dans la lignée de de-Actora (nToo lonelyz el ~Prisoners of Rock'n'rolls) ou de slow songs (eWhen you lonely heari breaks» et «We never danced~)y &oie le mauvais («Around the worlds ne mène vraiment nulle part, ce qui est un comble !). "Lifez est donc un nouveau disque inégal de Neil Young, dont le comportement absolument imprévisible laisse malgré tout espérer un retour à un meilleur niveau.


LYLE LOVETT

MARSHALL CRENSHAW

«Lyle Lovettn

1

RANDY TRAVIS «Always & Forever» WEA 925 568-1

Vogue 540 144

«Mary Jean & 9 othersn

par R.S.

W.E.A. 925 583-1

par R.S.

Dar Dominiaue LaFarde "

Plus d'un million d'albums vendus rien qu'aux U.S.A. pour eStorms of life~,le premier L.P. de Randy Travis, paru en 86. Ça marche fort pour la nouvelle star du country-rock et c'est mérité : les ballades sont dignes du meilleur Charlie Daniels des 70's (encore un que les suiveurs de mode feraient bien d'écouter pour savoir ce qu'est «vraiment. le country-rock.) Rand)) Travis a tout pour réussir : une belle gueule de cow-boy moderne et désabusé en apparence, une voix profonde et grave, et l'art de transformer en qualité ce qui pouvait être un handicap : I'attachement à la tradition. Rien de plus erootsn, en effet, que la musique de Randy Travis : un country-rock ultra-simple joué par des musiciens efficaces et sobres comme on doit en trouver pas mal à Nashville. Le son de ~Always& Forever. est superbe. II manque cependant peut-être A ce disque ce qu'il y avait dans *Storm of lifeu : deux compositions magistrales telles que nThere'11 always be a honky tank somewherex ou rDiggin'up bones*. Ce qui ne veut pas dire que les morceaux ne sont pas bons, bien au contraire, .My houseu, eAnythingu, n l iold you son, sont de véritables perles. II écrit ou compose peu (trois titres dans ce deuxième album, deux dans le premier), mais c'est, par contre, un interprète tout à fait remarquable qui vous «prend» par le seul son de sa voix. Un Presley du country-rock, en somme, doublé d'une «gueule» à la James Dean que l'on oublie pas. Si vous êtes comme moi, si vous aimez ce chanteur de <<love-songsxpour ce qu'il est, si vous préférez n'importe quel western de série B avec Glenn Ford ou Randolph Scott à toute autre forme de cinéma, bref, si vous aimez le country-rock avec plein de guitares, steel, dobro, harmonica ou violon, procurer-vous ce L.P .....et le précédent. De toute façon, cet album, c'est lavieet ~There'll always be a honky tank with a juke-box in a corner*.

De tous les albums de cette~new-wavecountryrocks, qui déferlent actuellement avec un certain succes sur le marché américain, le premier disque de Lyle Lover! est probablement le plus original et le plus agréable à I'éwute, donc forcément le plus attachant. Plus inventif que Steve Earle, moins traditionnel que Randy Travis, les chansons de Lyle Loven ont une wuleur unique qui séduit par leur sensibilité, leur pudeur dans les paroles et surtout I'extrême diversité qui lescaractérise. Sur les dix chansons du disque, sept datent de 1983, les trois autres de 86. Entre ces deux années, le voyage de Houston à Nashville, la rencontre avec Merlin Linlefield de ASCAP (la SACEM américaine), un contrat d'auteur compositeirr chez MCA / CURB et enfin, le disque. Du rythme syncopé (le violon de Glen Duncan) de .Cow-boy mana, à la mélancolie de eClosing timeu et sa combinaison piano / guitare sèche avec un superbe solo de guitare de Billy Williams au milieu, on passe d'un sentiment à un autre, d'une histoire à une autre, avec la plus grande simplicité qui soit. Ballades country empreintes de mélancolie, rock'n'roll (nYou can'l resisr itn) et joie de vivre, les influences gospel et le ton "Blues à la Tom Waitru de <The wedding songw, tout cela vous donne envie d'aller plus loin, d'en savoir davantage sur ce petit paysan texan devenu journaliste avant de faire les premières parties de Randy Newman et d'Emmylou Harris. Remarquablement accompagné, Lyle Lovett sait trouver quant à lui les mots simples (il écrit et compose tout) qui font le charme de ce disque : *And if the stars didn'i shine on the water Then the sun wouldn't bum on the stand And if1were the man she wanfed 1would not be the man that 1 amu (nlf 1 were the man you wanteds, le plus beau moment du disque) Reste tel que tu es, Lyle, et continue à sortir des rondelles comme celle-là.

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Marshall Crenshaw est une énigme : en cinq ans, quatre albums et quatre producteurs différents, personne n'a réussi mettre un sourire sur le visage du chanteur. La pochette de *Mary lean & 9 orhersa, I'une des plus belles de l'année, ne fait donc pas exception et Marshall possède toujours cet au triste d'un Buddy Holly en train de réaliser que l'avion dans lequel il a pris place va s'écraser. Ce nouvel album dont la production a été confiée à Don Dixon (toujours des pointures après r e s peauensement Richard Goitehrer, Steve Ldlywhiie et T.Bone Burnen) reste dans la lignée du : son étoffé, enrobé L.P. précédent uDowntown>> avec l'impression qu'une multitude de guitares cristallines viennent frapper à vos oreilles ; on s'éloigne sensiblement de la production plus intimiste des deux premiers disques. Ce quatrième disque marque le retour à la formule du tno, abandonnée pour ~Downtown~, Marshall Crenshaw assurant les parties de guitares, accompagné de son frère, Robert, à la battene, et de Graham Maby (ancien musicien de Joe Jackson) à la basse. L'album contient une reprise de Peier Case, .Steel Sfrings~ (où l'on note la participation de Mitch Easter), que l'on peut situer dans les moments de quiétude du disque au méme titre que le délicat eThey never will know, ou le romantique (pas néo) nSomebody crying~.Le ton de i'album est d'ailleurs toujours empreint d'une grande finesse, d'une émotion toute entière exprimée dans la voix sinueuse et pleine de nuances de Marshall. Les instants de torture se retrouvent dans les titres comme ~ W i l d abandon8 ou xCalling oui for love (at crying rime)., mais le grand moment du disque demeure mon avis @MaryJean* ellemême, superbe chanson où plusieurs mélodies différentes s'entrecroisent pour donner au morceaucette palette de couleurs si particulière, et le sentiment que Crenshaw va toujours chercher une grande part d'inspiration dans ce pop-rock des années 58-62, que de nombreux puristes jugent négligeable.


JULES SHEAR

1

Demo-itis

JULES SHEAR

FLAMIN' GROOVIES

«We can work in ont»

«Derno-Itis»

«One night stand»

G.M.G. 75018

E n i g m a 3244-1 (dist. Dancetaria)

Musidisc 130 087

par Cécile Mirebeau J'adore vraiment les compiles : 10 groupes (plus ou moins) pour le prix d'un, c'est déjà un argument en soi, et puis quand ces groupes sont représentés -en principe- par ce qu'ils ont fait de mieux, cela ne gâte rien. Des compiles, il y en a eu de toutes sortes : par styles, par époques, par maisons de disques, etc ..."We con work it out* offre les deux demières options ; le tout se situe entre 85 et 87 environ et sur le label français G.M.G. à qui on doit, entre autres choses, la réédition essentielle du &op outw des Barracudas ou le premier L.P. des Bad Loosers (malheureusement absents sur ce disque-ci). Le fait que je connaisse une partie des groupeset morceaux présents sur cet album n'a en rien altéré mon plaisir. Les 14 titres nous proposent un patchwork de style qui devrait convaincre de la diversité dans laquelle oeuvre G.M.G. Diversité, et non pas dispersion puisque l'un des aspects remarquables réside dans la cohésion de l'ensemble où, d'un titre à l'autre, tout se lie parfaitement sans que rien ne soit jamais pareil. Ça se présente ainsi : ~ R i pif upa des Vibrators en live qui n'est pas sur leur album en concert, suivent les Français de Blue Jim avec .Me ind my buck* qui a été jugé comme décevant par certains mais que je trouve tout à fait à mon goût. Une erreur ensuite : celle d'avoir choisi "Darling* pour les Creeps, qui est loin d'être bien caractéristique de ce qu'ils font en général. Cependant c'est en soi bien agréable. Pour Chihuahua, on a droit à un extrait de cHot chicm vraiment délectable puis Charlie Burton & the Hiccups, Lucky Seven et Les Maniacr suivent avec des passages de leurs disques respectifs. De même pour Les Needles et Miners of Muro sur l'autre face qui démarre avec Tino Carlier, le seul titre (instrumental) qui ne m'a pas convaincu. On continue avecdes morceaux de Trigger & the Thrili Kings, Jon Ashenon (des Froggies) et Spider X. Et on termine par un bien beau titre des Infidels qui n'est pas sur leur mini L.P. Si vous aimez les compiles comme moi, foncez !

par Cécile Mirebeau Jules Shear, il est comme moi ; il a une voix enrhumée, seulement, lui c'est naturel et ça lui va plutdt bien. Moi, je m'en passerais volontiers (de mon rhume, pas de Jules...). Ceci dit, il s'agit là du seul élément de comparaison entre nous parce que, si Jiiles écrit des chansons, les chante, les joue et en principe les produit, moi, je ne suis là que pour les écouter et surtout les apprécier, ce qui ne fait d'ailleurs pas défaut. Le type n'est pas dans le circuit depuis hier : deux albums en 79 et 80 avec son groupe d'alors, les nPolars Beurs*, puis une camère solitaire à partir de 83, avec deux autres L.P.'s et , récemPlus j'écoute, plus j'aime, et ment, nDemo-ltis~>. comme j'aimais déjà plus que beaucoup ...! Malg k ça, j'étais un peu gênée devant ce nouveau disque. II faut dire que le précédent, .The Eterna1 Rerurns flirtait d'un peu trop près avec toute cette technicité moderne (électronique en tous genres) qui ne fait assez souvent que déparer ce rock qui nous est si cher 1 j'ai donc craint un. instant que "Demo-liisu ne s'engage aussi dans ce sens. Non pas que je sois une ennemie jurée du progrès, mais je préfère la vraie guitare et le vrai piano (par exemple), aux trop faciles synthés. Bon, je sais bien qu'il faut faire avec, et fréquemment, il arrive que cela se passe réellement bien, ainsi, dans les productions de Jules Shear~,avec ou sans groupe. C'est amplement le cas avec nDemo-ltis,~, un disque tout empreint d'émotion, de drôlerie et de la personnalité très forte de son auteur : les textes d'abord, où se croisent images troublantes, paradoxes (<Chain wirkin a Chain"), comparaisons étranges. Jules a toujours eu une façon unique de dire les choses, et sa musique ne devrait pas toucher que les amateurs de pop-rock : Jules ratisse beaucoup plus large. Enfin, ce n'est pas parce que d e m o 1iis~(qui est une compilationde démos) présente trois titres déjà connus (mais différents ici) qu'il faut le bouder. Alors, souriez que diable, et achetez ce rayon de ! soleil appelé ~Demo-ltis~~

par Dominique Lagarde Voilà bien des années que la Groovies mania des seventies était en sommeil, sauf bien sûr pour une poignée d'incormptibles sans cesse persuadés de l'imminence d'un éternel retour. Paru initialement en Australie, point de départ de la reconquête, *One night stand* ne comprend pas moins de quatre reprises du groupe lui-même, reprises bien choisies puisque l'on trouve de nouvelles (et bonnes) versions de ces titres essentiels que sont eShakesome actionr, .Slow dealha, nTeenage Head. et RI can't hider, plus le aTallahassie Lassiex de Freddie Cannon que l'on pouvait entendre en face B de <Slowdeutha en 1972. Bien sûr, pochette en main, l'enragé des Groovies pourra se sentir frustré en contemplant le programme, mais il faut admettre que Cyril Jordan et George Alexander ont su s'entourer de manière impeccable avec JackJohnson i la guitare, lequel se révèle surtout être un chanteur rageur de première bourre qui insuffle une vitalité incroyable aux titres qu'il interprète, et Paul Zahl à la batterie dont la <<présence.me dérangeait un peu au début, mais dont le son s'inscrit parfaitement dans cette optique de rock plus sauvage qui caractérise l'album. Je vous rassure : les guitares sont toujours bien là, moins cristallines mais aussi efficaces ; disons le tout de suite, on est plus près de nlumpin' in the nightx ou de la tempête .Teenage Head/Flamingo~de 70-71 que de ~ Y o fore u me downn et des nostalgiques enjolivures Beafles d'il y a dix ans. Le reste de l'album est constitué de reprises ...des autres, les familiers nMoneyx ou <Slow downr et puis .Cal1 me lighîningu des Who et *Kicksa tube sixties de Paul Revere and the Raiders. La reprise la plus étonnante (et la plus fraîche) est bien sûr ~Binersweetudes Hoodoo G u m . En résumé, un album plus que rassurant des Groovies perdus de w e depuis sept ans et la satisfaction de se natter l'oreille sur autre chose que la moindre stemutation pirate de Cyril Jordan, même si le quarantecinq tours «Way over my head / Shakinn qui a précédé none night stand. laissait espérer d'autres titres originaux.


HOODOO GURUS

ROAD RUNNERS

LONG RYDERS

«Blow, your cool !n

«Beep Beep»

«Two fisted tales»

C h r y s a l i s 830 947-1 (dist. P h o n o g r a m )

Acme 001 (dist. M a d r i g a l )

I s l a n d 208.287 (Dist. R C A - A r i o l a )

par Jean-Charles Dubois

par Bernard Fretin

par Cécile Mirebeau

Le jour de gloire est-il arrivé ? Les ventes de leurs deux précédents albums leur assurant maintenant une certaine sérénité, les Hoodoo Gurus peuvent dorénavant se consacrer à leur art. Loin du pilonnage incessant de la plupart des groupes australiens, les Gurus, tout en assurant solidement, savent oeuvrer dans la finesse. Ils n'hésitent pas à faire claquer une guitare électro-acoustique (~Comeonu), ou à nous faire savourer de délicieux arpkges électriques postgrooviens (uWhat's my scene~)).Le morceau le plus surprenant de ce L.P. est assurément <My curavan., une pièce psychédélique de toute beauté : tempo halluciné, guitare en délire, voix grave et récitative, batterie dont le gimmick évoque des petites choses comme vTo morrow never knowsir des Beatles ou <As real, as realu de Tkree o'ciock ! Finalement, ce groupe me rappelle les Who de la grande époque, non par la forme, mais sur le fond : un son immédiatement identifiable et le don d'amalgamer pêche et mélodies, puissance et harmonies ... Sachant même oeuvrer dans le plus pur créneau pop avec cl'm the one., ils se révèlent comme le grand groupe d'aujourd'hui, coiffant les Sunny boys, Fortunare Sons, ou Wayward Souls par I'immense étendue de leurs possibilités. Talent, énergie, variété, que demander de plus ? Ce n'est d'ailleurs certainement pas un hasard s'ils sont distribués au over the world par une Major Company. Les Hoodoo Guru sont en effet i'un des rares groupes de rock capables de présenter un <<produit)) qui soit à la fois crédible, sincère et efficace. Un seul conseil : Let's al1 turn on ! N.B : le pressage français ne contient pas les paroles conirairemeni d son komoiogue anglais : pourquoi ?

Vos oreilles averties auront sûrement remarqué la vitalité inhabituelle manifestée par le rock français ces derniers temps : au même moment, apparaissent plusieurs compositeurs de talent préoccupés avant tout d'écrire des mélodies durables et d'y apposer de belles voix. Parmi les artisans de ce renouveau, figurent, en premitre ligne, aux côtés des Surrenders et de Kid Pharaon & The Lonely Ones, les Rond Runners. Ces derniers, originaires dnvreux, ont gravé avec «Beep Beepn, leur premier disque. Le mini LP est produit de façon exemplaire, par Lirrle Bob, qui a ainsi permis aux Road Runners d'obtenir un son à la hauteur de leurs compositions. Résultat : les six titres de <<BeepBeepx possèdent une maturité étonnante et une séduction immédiate. «Behind the door (Ulio's)~ ouvre la danse et balise le terrain avec ces harmonies vocales et ces guitares nerveuses si caractéristiques des compositions qu'écrivait Pete Townshend pour les Who dans les sixties. dhnbrellan fait la part belle aux guitares, assistées d'un harmonica efficace. «Baby Been met en valeur la qualité des vocaux des Rond Runners, ici sérieusement secondés par Little Bob himself. On retourne le disque pour entendre d'emblée le meilleur morceau: ~Jealousof your mirrora est une superbe ballade, ~ t h m é epar d'énergiques guitares acoustiques et enrichie d'une lead guitare (électrique) particulièrement inspirée. Avec <<TwoLolitasbb et son beat stonien, les Road Runners nous rappellent à qiielle école ils ont été formés. xBlack balloon~)fait partie de ces rocks racés qui témoignent d'une envergure certaine : le plus est apporté par un orgue subtil et des notes deguitareacoustique judicieusement intercalés au milieu du morceau. Décidément, les Road Runners disposent d'atouts non négligeables : ils jouent bien et juste, possèdent un bon compositeur (doublé d'un bon chanteur) et font preuve d'imagination au niveau des arrangements. «Beep Beep. constitue une belle carte de visite que les Road Rwiners Deuvent arborer avec fierté.

Oui, j'avoue ; je n'ai pas acheté tous les disques des Long Ryders. Mais, parole, j'ai droit à des circonstances atténuantes. En effet, jugez plutôt : j'alrais bien aimé les deux premiers albums (dont un mini L.P. un peu ardu à dénicher il est vrai), et puis plus rien ou presque. Je veux dire, plus de nouvelles. Le manque de promotion qui a accompagné leur troisième et précédenle réalisation diate of our ri fi ion^, -et qui soit dit en passant, se maintient pour <Tut0 jsted inlesaleur a été franchement préjudiciable, et pourquoi cela à votre avis ?Tout bétement parce queça se passait sur un gros label. II paraît que ça ne pardonne pas. Plus la maison de disque est importante, moins le disque est bon. Un tel parti-pris est carrément révoltant. Bien, c'est dit. J'aime autant m'arréter là et fisied iules>>. parler plus précisément de ,YTIIIO C'est un disque que je qualifierai d'agréable, car il l'est bel et bien, même s'il n'est peut-étre pas ce que le groupe a fait de mieux. De toute manière, si l'on veut vraiment apprécier -ou nonun album, il est bon de le considérer en soi, sans tenir compte de ses prédécesseurs. On a là un vinyl réalise simplement, sans artifices autres que I'emploi de la mandoline ou du clairon sur quelques chansons, et surtout, enregistré avec un plaisir que nos quatre lascars n'ont pas jugé utile de cacher : ainsi les relents mexicains sur #The light gels in the w a p avec i'accordéon de David Hidalgo (Los Lobas), et la douceur triste de nBnby's in Toylnndx qui n'est pas sans rappeler R.E.IM.. Mais il faudrait citer tous les morceaux, chacun ayant sa petite histoire. J'ai gardé le meilleur pour la fin : Les Long Ryders ont eu l'idée de génie de reprendre un titre de N.R.B.Q. (New Rhythm & Blues Quartet, groupe du Kentucky, installé à New-York au début des 70's. Au cas où vous trouveriez n'importe lequel de leurs disques: ne vous posez pas de questions, hein ?). Ça, c'est une preuve de bon goUt ! Au fait, j'espère que vous en avez vous aussi ;et moil je m'en vais chercher l'album oui me rnanoiie.


GAMINE

BOBBY SUTLIFF

«Le voyage»

uAnother janglg mess>>

B a r c l a y 885 502-7

( M a x i 43 t . a n g l a i s T a m b o u r i n e )

par Jean-Charles Dubois

par Bernard Fretin

Enregistré à Bmxeiies, le nouveau single des enfants terribles du rock bordelais inquiétait ...Verseront ou verseront pas dans la variété puimauve, telle était la question. Finalement, nous voici rassurés. "Le voyagc~est tout à fait enthousiasinant et passe bien en radio. La musique composée parJosé Ririz (qui, depuis, a quitté le groupe) sur laquelle Paco a grcffC un imparable riff d'harmonica est une grande réiissite dans le créneau qu'ils s'imposeiit. En face B, <<Les jeus innocents>>, moins directs, devient tout aussi attachant après plusieurs écoutes. D'un point de vue strictement musical, ce single se situe dans le peloton de tête du rock fran~ais, la seule réserve que j'émettrais est pour les textes un peu faiblards ; Antoine ou Téléphonr ont prouvé qu'on pouvait mieux faire. Certains répondront que le teenage pop se pose en dehors de tout ça et que seule, compte I'impulsion de I'ensemble. OK les gars ! C'est un bon single. à la prochaine !

Si je vous dis que Bobby Sutlifl était l'une des deux tétes pensantes (l'autre étant Tim Lee) de ce groupe américain essentiel qui s'appelle les Windheokers, ça ne vous avancera probablement pas beaucoup ; rien d'étonnant à cela : leurs six disques (un 45 t.. deux mini L.P.'s et trois 33 L.P.'s) ont été plus ou moins passés (beaucoup plus que moins d'ailleurs) sous silence. par la presse rock francaise. Ce qui est proprement lamentable mais justice leur sera prochainement rendue dans ces colonnes. Pour finstant, c'est Bobb)' Sirtliffqui nous intiresse plus partidièrement: ~ o t r homme ë vient de ~aikso",Mississipi et .-Another jangly niess. est son premier disque solo, enregistré peu après son départ des Windhrokers en début d'année dernière. Mitch E u ler a produit quatre des cinq titres de ce maxi 45 tours (ce qui. vous en conviendrez. est un gage de qualité) et fait aussi apprécier ses talents de multi-instmmentiste puisqu'il !. joue des giiitares, de la basse et des percussions. II s'agit là d'ailleurs d'un point commun avec l'auteur de ce disque, crédité pour les guitares. voix, claviers et basse. Mais ce n'est pas le seul. ni le plus important : ce qui les rapproche a a n t tout, c'est leur amour immodéré des six et douze cordes. Celles-ci sont tantdt aériennes (.Alivays love you"), tantôt incisives à l'occasion d'un solo (<,Suinewuy romonon.-). rantôt cristallines (la splendide partie de pirare acoustique de Tim Lee sur ~~Couldn't help m- self^^: dans tous les cas, elles sont très mélodiques et accrocheuses (si les radios faisaient preuve d'un minimum de goût. elles n'hésiteraient pas à consacrer Yentraînant eDidn'r mcan roa). Bobb: Sirtlfff est un perfectionniste qui se soucie du moindre détail : écoutez les nappes d'orpe discrètes (<Second choires), ou constatez le travail au niveau des harmonies vocales. Mais ce qu'il y a peut-être de plus remarquable. c'est la personnalité des compositions de Bobb,~Sirrliff. sa musique, croisement de folk-rock et de pop. n'évoquant véntablement personne de précis. Ce feeling unique donne toute sa saveur à ~Anotlierjailgly messu, que je vous conseille vivement de posséder.

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ELLIOTT MURPHY «Niagara Falls>> New 91 (45 T. New Rose)

par Bernard Fretin Saluons le choix inspiré de <Niagara Folls~commesingle, meilleur morceau du dernier *Niagara L.P. d' Ellion Murphy, ~Milwaukee~. Fallsn est une sublime ballade relatant l'histoire d'un amour déçu avec toute l'amertume de circonstance. Le ton est donné d'entrée : nReceived your postcard maiied to the wrong address~,.Le genre de petites phrases apparemment anodines mais tout à fait explicites, qui donnent un aperçu de la dimension d'un song-writer. diagara Fullsu est du grand Murphy, qu'on se le dise ! Le deuxième titre de ce 45 tours constitue un petit événement puisqu'il s'agit d'une reprise (jusqu'à présent, les disques d'Elliott Murphy ne contenaient que ses propres compositions) : CI want you*. L'hommage de l'élève au maître ? Quoi qu'il en soit, reprendre e t want youa apparaît assez casse-gueule, compte tenu de l'extrême popularité du classique de Bob Dylan et des tentations inévitables de comparaison. Conscient du piège, Elliorr Murphy nous propose une version up-to-date de *[ want youa, dont seules, les paroles sortent (à quelques dttails près) indemnes. Dans ce contexte, on reste évidemment sur sa faim, même si la voix enjouée d' Elliort Murphy peut procurer un réel plaisir.

WET TAXIS «Sailor's dream» (45 t. a u s t r a l i e n C i t a d e l )

par Cécile Mirebeau Les Wei Taxis ont déjà une certaine expérience discographique derrière eux. Si je les connaissais de nom, je les découvre vraiment avec ce single et je peux dire que c'est un bon départ. Je

préfère commencer par la face B et garder Ir meilleur pour la fin puisque tel est le cas ici. II n'y a de toutes façons, rien de plus aléatoire que l'option de tel titre en face A, reléguant l'autre sur le côté opposé. Le public fait son choix et ce ne serait pas la première fois qu'un titre de B-side fasse flamber les chats, ou votre âme, tout simplement. ambulance ridez débute avec le hurlement d'une sirène et dénote une urgence évidente, suggérée par le titre lui-même (la course de l'ambulance). Quant à ~SailorS dream,,, que je préfère amplement, c'est LE titre de l'annte. D'une facture inhabituelle, le morceau est peuplé de combinaisons de batterie diquetante, guitare indiscrète, frise de piano et cuivres magistraux, toiijours différentes. Un fouillis apparent seulement, mais, bon sang, il y a de la magie dans l'air !

FORTUNATE SONS «Hammerhead» ( m a x i 45 t. a n g l a i s B a r n C a r u s o )

par Bernard Fretin S'il y avait bien un disque que j'attendais avec impatience, c'était vraiment celui des Fortirnote sou. Léur premier L.P., ~Risinga,est un de ceux que j'ai le plus écouté en 1986. et l'arrivée de Chris Wilson pendant l'été de cette même année ouwait des perspectives particulièrement alléchantes. Ai-je fixé la barre trop haut ? Toujours est-il que ce maxi 45 tours me laisse un peu sur ma faim. En effet, je pensais que l'ancien chanteur émérite des Flamin'Groovies et occasionnel des Barracudas apporterait une nette amélioration au niveau des voix, domaine dans lequel uRisingr pêchait légèrement. Or, à I'écoute des trois titres proposés ici, le problème des lead vocals reste entier : ainsi, enammerheada, malgré un bon riff de guitare et des <<euh ! ouh!u renvoyant explicitement à dympathy for the Devilu, se trouve un peu gâché par le chnnr inopportun de Chris Wilson qui se prend, en la circonstanc'e, pour Robert Plant. Les guitares inspirées et les choeurs superbes du morceau suivant, ~Neighbourhood»,démontrent à quel point Robin Wills est un compositeur hors du commun. La face B contient une version live de <The Pnsher*, réquisitoire contre les drogues dures émit par Hoyt Axton et popularisé par Steppenwolf à la fin des 60's. Outre la portée symbolique que i'on peut lui attribuer, cette reprise permet d'apprécier le talent des deux Robinson, Steve à la basse et Lee à la batterie. Avec une assise rythmique aussi fiable et deux compositeurs de la trempe de Robin Wills et de Chris Wilson (qui devra cependant se montrer en meilleure forme vocale), les Fortunare sons ont les moyens de figurer parmi les leaders du folkrock des 80,s. A cet égard, le second album, imminent, permettra d'y voir plus clair.


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FISHERMEN

THE LONG RYDERS

«Can't you stop»

«The U.S. Marshalls»

«I want you bad»

(45 t. a u s t r a l i e n W a t e r f r o n t )

(maxi 45 t. G.M.G.)

( M a x i 45 T. a n g l a i s I s l a n d )

par Cécile Mirebeau

par Dominique Lagarde

par Bernard Fretin

Ça y est : je l'ai enfin trouvé cette voix si chère à

Près de quinze ans après leurs débuts, les frères Kenny et Kevin Marshall amvent aux oreilles des amateurs européens. La pochette nous apprend que ce duo possède un répertoire de 2 000 chansons puisées dans le vaste réservoir de la musique américaine (pop, rock, country, folk), ce qui expliquerait tout à fait la diversité des styles abordés dans ce disque. L'influence exercée par les Everly Brothers reste cependant évidente tout au long des cinq titres et les Marshaih comme beaucoup de duos américains sont irréprochables dans le domaine des harmonies vocales (dans nHailey's cornet* et nWhen you're not nearn en particulier). nBrand new todayx qui ouvre le disque est le titre le plus pop alors que nTkat's àatn, plus appuyé sonne comme du Wreckless Eric avec cette voix nasillarde et gouailleuse ; *Halley's cornet* s'achève sur quelques touches de psychédélisme anglais fin des années 60. Sans laisser un souvenir impérissable, ce m a i 45 t. s'écoute sans efforts ;c'est une pop rôdée aux samedis soirs bostoniens et aux tournées dans les campus, avec sans doute l'absence d'une identité plus marquée. Curieusement enregistrée i Londres, cette session des C.S. Marshall.~a reçu le soutien des Inmates Peter Gunn (guitare et production) et Eddie (batterie), probablement fans de longue date.

Les Long Ryders nous devaient une revanche après la (relative) déception qu'était diate of our uniona. Même s'il n'atteint pas les sommets de .10.5.60~ ou de native Sonsu, le tout récent L.P. ~ T w oFisted Taies» contient d'excellents morceaux et n l want you bada, face A du maxi 45 t o u ~en fait partie. On trouve en effet dans cette reprise du groupe new-yorkais, N.R.B.Q., tous les ingrédients qui font la force des Long Ryders : assimilation parfaite de l'esprit des Byrdr, mélodie enlevée, voix généreuses (Stephen Mc CarSny est ici aidé des deux Bangles, Debbi et Vicky Peterson). La face B contient un inédit de Sid Grifin, ~RrngBellsa, qui se situe dans la lignée des compositions nerveuses qu'il affectionne particulièrement. La surprise vient de la présence imposante d'un saxo rageur apportant une couleur rhythm'u'blues. Figure également au menu de cette face B, une version live de "Store of my union>>,rock chuck bemen en diable, où les deux guitaristes Sid Grifin et Stephen Mc Carihy s'en donnent à coeur joie.

mon coeur («oreiUes» serait plus approprié je crois !)... C'est celle de Jeremy Oxley. Et qui était-il S.V.P. ? Ne levez pas tous le doigt en même temps surtout ...Bon, peut-être que le nom des Sunny Boys vous rappelera quelque chose, et leremy Oxley qui y officiait de son vivant (au groupe tiens !) écrivait avec ses trois acolytes des chansons dont A peu près chacune est inoubliable. De ce single, je ne risque pas davantage oublier "Can't you stop>>qui est de la même trempe nerveuse et mélodique que des titres des Swrny Boys comme...oh, comme n'importe lequel après tout ! En fait, c'est *This is real* qui me vient à l'esprit mais juste à cause des breaks, c'est tout. L'autre face, nCiQ operau n'a rien à voir avec les S m y Boys. Jeremy y pratique le chant à la sauvage, à la voyou ; bref, suivant l'exemple des grandes gueules que sont David loharzîen ou Mick lagger. Ça hurle et ça tape des mains dans tous les coins mais comme je suis tentée d'en faire autant en écoutant ça, je ne saurais m'en plaindre.

LONE JUSTICE NIfound love»

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THE U.S. MARSHALLS

( m a x i 45 t. anglais G e f f e n )

par Bernard Fretin Alors, il paraît qu'avec son deuxième album, *Sheiterz, Lone Justice serait une nouvelle victime du syndrome du gros son américain? Quelle rigolade ! Le genre d'affirmations qui discréditent à tout jamais leurs auteurs, car c'est faire bien peu de cas de la qualité des compositions de Maria Mc Kee et de la foi qui l'habite. Et ÇA, même le show-bii n'y pourra rien changer. La preuve en est une nouvelle fois donnée avec ce deuxième maxi 45 t. entrait de<Shelter8.Difficile tout d'abord de passer sous silence la superbe photo de pochette : toute la magie d'un regard s'exprime ici, à travers celui de Maria Mc Kee, bouleversant d'intelligence, de sensibilité et de tristesse. x l found love. est présentée dans deux versions : la première est remixée et allongée, la deuxième est celle du L . P . Avec sa batterie dominatrice et ses choeurs prenants, «I found love# est le morceau le plus rock de ~Shelter*et constitue la transition idéale entre les deux albums de Lone Justice. Le troisième titre (médit) clfyou don'! like rain~,est largement représentatif du registre actuel du groupe, ce qui nous vaut une superbe ballade musclée, illuminée par les guitares cristallines de Shane Fonlayne et la voix merveilleuse, comme toujours, de Maria.

THE BATMEN uGet on your kneesn C l o s e r 771

par Dominique Lagarde Les Bannen vont-ils relancer l'art de la pâte à modeler en France ? Après le succès britannique des clips de Jackie Wilson et Genesis, les Grenoblois ont choisi pour leur nouveau 45 tours, une pochette très attrayante, pleine de petits personnages aux mines patibulaires en extase devant un concert des quatre petits bonshommes de cire. Celle-ci ne.saurait pourtant nous faire oublier la qualité de la musique qui se cache à l'intérieur : <Ge/ on your kneesu marque un pas important dans le répertoire des Batmen ; bien sûr, i'énergie féroce est toujours au rendez-vous, mais le côté plaintif et sinueux de la mélodie nous offre une autre facette du talent des Barmen. Enregistrée au Studio du Chalet, tout comme aThink l've never seen yous (la B side plus carrée), «Ge/ on your kneesa pourrait très bien se retrouver sur des milliers de lèvres pour peu qu'on lui offre une petite part de chance.

JOHN MELLENCAMP «Pape1 in fire» (45 t. M e r c u r y ) par Bernard Fretin Le nouvel album de John Cougar Meliencamp, <The ionesome jubilee., va en étonner plus d'un par son approche très uroots>>.Mais il avait déjà clairement annoncé ses intentions peu après la sortie de <<Scarecrow~ en 1985, histoire de couper i'herbe sous le pied aux médisants qui n'auraient pas manqué de l'accuser de suivisme, puisque la musique américaine effectue un grand retour aux sources, ce dont on ne saurait se plaindre. Le choix de ~Paperin fireu en face A du premier 45 t. extrait de *The lonesome jubileeu apparaît judicieux, tant il constitue une bonne synthèse entre le rock tendu des derniers L.P.'s et les climats rustiques du nouveau disque : si la batterie reste toujours aussi imposante, les guitares électriques sont plus en retrait (ce qu'on peut regretter, compte tenu de la valeur des deux duettistes, Larry Crane et Mike Wanchic) au profit d'mstniments plus traditionnels, tels que I'harmonica, le violon ou le banjo. Les choeurs féminins occupent également une place importante. Tout ça mélangé donne un résultat surprenant, presque trop riche. Le titre de la face B, *Never 100 oldu, qui n'apparaît pas sur l'album, sonne de façon encore plus pur' puisque basé sur des guitares acoustiques avec des interventions très réussies au bottleneck.


RECKONING

Si vous n'arrivez pas a vous procurer un des disques chroniqués dans ce numéro, n'hésitezpas à nous écrire. Nous vous donnerons, dans la mesure du possible, les indications nécessaires

pour l'obtenir.


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(sortie le 25 novembre) TOM PETTY DU LUNDI AU VENDREDI ENTRE 20 H ET 21 H BOOMERANG

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