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L'arbre comme puits de carbone
Sujet proposé par Alexandre d’Angelo Principale chercheuse et rédactrice : Salila Sihou
Le dernier rapport du GIEC paru en avril 2022 nous alerte sur la nécessité d’atteindre le pic d’émissions de gaz à effets de serre au plus tard en 2025 si l’on veut pouvoir limiter les effets les plus dévastateurs du réchauffement climatique [1]. De fait, la température globale de la surface de la planète a augmenté plus vite depuis 1970 que toute autre période depuis au moins 2000 ans, et les conséquences de ce changement sont déjà visibles. Les phénomènes climatiques extrêmes, notamment les vagues de chaleur, les fortes précipitations et les sécheresses, sont plus fréquents et intenses dans la plupart des régions terrestres depuis plusieurs décennies. L’avertissement lancé par les experts du climat de l’ONU s’inscrit dans une priorité d’ensemble, suggérée par leur rapport complet (Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change), qui est celle de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 43% d’ici 2030. Les objectifs du European Green Deal – ou Pacte vert pour l’Europe – la rejoignent de près. Depuis 2019, la Commission européenne a proposé et mis en place un ensemble d’initiatives politiques qui visent à atteindre la neutralité climatique de l’Union européenne d’ici 2050. En ce sens, le plan d’évaluation a fixé une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55% d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 1990. Ces grandes mesures gouvernementales s’inscrivent dans la lignée du tout premier accord international sur le climat : le Protocole de Kyoto, entré en vigueur en 2005. Celui-ci fxait déjà des limitations de rejets de gaz à effet de serre par pays –les pays industrialisés étaient les plus visés, étant considérés historiquement plus responsables des émissions mondiales que les pays en développement – mais l’objectif global était une réduction de 5% entre 2008-2012… En fin de compte, 37 des 39 pays industrialisés participants ont accepté de ratifier ces mesures ; excluant, en réalité, deux des plus grands pollueurs du globe (les États-Unis et le Canada)[2]. Au fil des années, ces objectifs ont été largement revus et adaptés afin de faire passer la réduction des émissions de gaz à effet de serre au premier plan des stratégies écologiques nationales et internationales.
Les puits de carbone planétaires face au réchauffement climatique
La montée des températures sur Terre est effectivement due à un excès de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Sans dérèglement climatique, les cinq gaz qui y sont naturellement présents (la vapeur d’eau, le dioxyde de carbone, le méthane, le protoxyde d’azote, l’ozone) contribuent à un effet de serre naturel qui, en renvoyant une partie du rayonnement de la Terre vers l’espace, permet de réguler la température moyenne de la planète à des seuils suffisamment supportables pour que des organismes puissent vivre et évoluer – sans l’effet de serre, la température moyenne de la planète serait de -18°C[3]. Or, les activités humaines (la production d’énergie par combustion d’énergie fossile, le transport, les industries et la construction, l’élevage, la gestion des sols agricoles, etc[4]) ont considérablement augmenté la concentration de ces gaz dans l’atmosphère, jusqu’à atteindre récemment leur niveau le plus élevé depuis deux millions d’années[5].
En s’intensifiant, l’effet de serre agit tel un piège sur une partie de la réverbération des rayons du Soleil, dont les rayonnements infrarouges qui sont désormais stockés dans une couche de gaz située à basse atmosphère. Ainsi se créent des variations à long terme de la température, et notamment un réchaufement à l’échelle planétaire. Par rapport à la température enregistrée dans l’ère pré-industrielle, la température à la surface du globe est actuellement supérieure de 1,1°C. Dans la continuité du Protocole de Kyoto, l’Accord de Paris, ratifié en 2015 par 55 États, vise justement à limiter cette hausse à 1,5°C ; un chiffre qui, selon des milliers d’experts dont ceux du GIEC, nous permettrait de prévenir les effets climatiques les plus graves et de maintenir un climat vivable.
Le rôle de la vapeur d’eau et des nuages dans ce phénomène de réchauffement est souvent controversé car sa part de responsabilité dans l’effet de serre est dominante (entre 66% et 85%) – contre 9% à 26% pour le CO2[6]. Il arrive donc que cette comparaison soit utilisée par certains discours pour minimiser la responsabilité des rejets anthropiques de dioxyde de carbone dans l’air. Pourtant, la grande majorité des scientifiques sont catégoriques sur la question : il est primordial de distinguer les facteurs qui enclenchent le dérèglement climatique de ceux qui amplifient une perturbation initiale. Dans le cas de la vapeur d’eau, on parle justement de rétroaction positive.
En réalité, tant que les températures restent stables, la teneur en vapeur d’eau dans l’atmosphère varie peu au cours du temps car, l’eau étant impliquée dans un cycle rapide et complet, elle subit une régulation quasi immédiate. Néanmoins, lorsqu’un facteur extérieur induit une hausse des températures, cela encourage l’évaporation de l’eau et élève donc considérablement les concentrations de vapeur d’eau atmosphérique (les sources anthropiques de vapeur d’eau sont négligeables dans ce processus). Étant elle aussi un gaz à effet de serre, la vapeur d’eau y répond en augmentant d’autant plus la température de surface par l’effet de serre, et ainsi de suite.
Cet effet, à risque exponentiel, engage de multiples facteurs plus complexes mais, dans l’ensemble, il se comprend par la perturbation des équilibres des cycles naturels. Par exemple, les glaciers étant désormais soumis au réchauffement, leurs fonte conduit à une montée du niveau des océans, mais aussi, à une plus grande surface d’eau couvrant la planète. Or, ces eaux sombres, par le pouvoir réfléchissant de la Terre (appelé albédo), absorbent plus de radiations solaires que les glaciers. À nouveau, la rétroaction positive, ici de l’albédo, amplifie les conséquences du réchauffement global initial qui, tel qu’il est aujourd’hui prouvé et confirmé, a été principalement déclenché par l’excès de CO2 dans l’atmosphère[7].
Par son taux largement majoritaire d’émissions mondiales anthropiques (environ les trois quart), mais aussi, par sa longue durée de vie dans l’atmosphère et par sa capacité très élevée à retenir la chaleur, le dioxyde de carbone est effectivement le gaz à effet de serre le plus pointé du doigt dans la lutte contre le réchauffement climatique[8] – on mesure d’ailleurs usuellement l’effet des autres gaz à efet de serre en équivalent CO2 (eq. CO2). Son taux dans l’air connaît une augmentation d’environ 42% depuis le début de l’ère industrielle et continue à s’accumuler, jusqu’à atteindre en février 2022 les 417,81 ppmv (parties par millions en volume) – contre 280 ppmv avant 1750[9] Jusque-là, les océans et les terres ont continué à absorber environ la moitié des émissions de carbone dans l’atmosphère, même lorsque celles-ci ont augmenté drastiquement[10]. Les processus intervenants dans le cycle global du carbone sont principalement des échanges de carbone qui se font entre quatre réservoirs majeurs et au sein desquels il est stocké sous différentes formes :
• dans l’atmosphère, le carbone est sous forme de gaz (dioxyde de carbone ou CO2) ;
• dans la lithosphère (sols et sous-sols), il se trouve dans les roches, les sédiments et les combustibles fossiles ;
• dans l’hydrosphère (mers, océans, lacs et rivières) il est sous forme de calcaire, de CO2 dissous, et se stocke aussi au sein de la faune et la fore marine (plancton et corail) ;
• dans la biosphère (forêts, végétaux, animaux et autres organismes vivants), on le retrouve sous forme de matière organique (biomasse).
En tant que véritables « puits de carbone » naturels, les écosystèmes terrestres ont la capacité d’absorber plus de carbone qu’à en émettre. Cette séquestration naturelle se fait grâce à la capacité des organismes vivants à capter et stocker le CO2 atmosphérique, que ce soit en synthétisant des molécules organiques ou en recyclant de la matière organique préexistante. Ainsi, grâce au plancton et au corail, les océans ont absorbé au cours des dix dernières années plus de 20% des rejets anthropiques de CO2 libérés en moyenne par an (soit 9 Gt sur 41 Gt), établissant au fil du temps une gigantesque réserve de carbone dans leurs fonds. Les forêts et les tourbières, puits de carbone constitutifs de la biosphère et des sols, ont permis aux réservoirs terrestres d’en absorber près d’un tiers. Dès lors, la moitié restante est séquestrée dans l’atmosphère, faisant de ce dernier le réservoir carbone le plus affecté des quatre par les activités humaines[11].
Face au déséquilibre causé, ces puits de carbone sont aujourd’hui fragilisés. Nous ne sommes toujours pas certains que leur capacité d’absorption continuera à ce rythme. On peut prendre pour exemple les océans qui, en partie à cause de l’excès de carbone actuel à absorber, soufrent désormais des impacts de l’acidification. D’autre part, certaines études mettent en garde contre le phénomène d’inertie climatique. En effet, il serait possible que l’arrêt immédiat de tous les rejets anthropiques de gaz à effet de serre n'empêche pas la Terre de subir les changements climatiques liés aux émissions des décennies précédentes. Couvrant plusieurs années voire plusieurs décennies, ce décalage incertain s’expliquerait par les caractéristiques inhérentes des systèmes climatiques, écologiques et socio-économiques en interaction – certains résultats peuvent être plus lents que d’autre à être perçus, certains seuils pourraient causer des répercussions irréversibles, etc[12].
Ainsi, malgré certaines divergences, la plupart des études climatiques se rejoignent sur le fait qu’il s’agit désormais de se mobiliser pour limiter l’intensité des effets dévastateurs dans le temps, et que pour cela, les émissions anthropiques doivent être à la fois compensées et absorbées. Face à ce défi, les puits de carbone apparaissent comme des moyens complémentaires efficaces pour éliminer le plus de carbone possible actuellement présent dans l’atmosphère. Parallèlement, des procédés artificiels de séquestration ou d’amélioration sont aussi en développement. Ils se répartissent, pour l’instant, en quatre méthodes principales :
• la séquestration géologique (isoler le CO2, le comprimer et l’enfouir profondément sous terre pour une période indéfinie)
• la séquestration océanique (injecter du CO2 liquide dans l’océan, dans des zones et des profondeurs qui maximisent sa dispersion)
• la séquestration minérale inerte (transformer chimiquement le CO2 en carbonate inorganique afin qu’il ne réagisse pas ou peu avec l’atmosphère)
• la stimulation des puits de carbone naturels par géoingénierie (ajouter du fer dans les zones de l’océan où il y en a peu afin de booster l’absorption de CO2 par les phytoplanctons) ou par modification génétique (améliorer les capacités photosynthétiques des plantes).
Leur sécurisation et leur efficacité à long terme n’étant pas encore fixées, les mesures qui visent à une plus grande élimination du carbone atmosphérique reposent actuellement sur la restauration et la préservation des puits de carbone naturels.
Les forêts : le deuxième plus grand puits de carbone naturel de la Terre
Il paraît primordial que la pluralité et le bon fonctionnement des écosystèmes terrestres soient au cœur des initiatives climatiques actuelles. L’ambitieux projet de neutralité climatique fixé par le European Green Deal répond justement en ce sens : les puits carbone naturels européens, et particulièrement les forêts, jouent un rôle clé pour atteindre l’« objectif zéro ». En établissant des mesures pour préserver et étendre leur capacité, dont notamment un Règlement sur l’utilisation des terres, la foresterie et l’agriculture pour la période 2021-2030, la Commission européenne a fixé le nouvel objectif d’absorption de CO2 par les puits de carbone à 310 Mt – l’ancien objectif de 250 Mt étant dorénavant considéré trop bas[13].
Recouvrant près d’un tiers de la surface terrestre, les forêts représentent efectivement un enjeu majeur au sein des stratégies climatiques mondiales. En plus d’avoir un rôle crucial dans le cycle de l’eau, de protéger les côtes des inondations, de préserver les sols de l’érosion et de la désertification, l’écosystème forestier constitue le deuxième plus grand puits de carbone naturel planétaire.
Si l’on se reporte à la définition officielle de la FAO (L'Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), une forêt est caractérisée par le nombre et la taille des arbres qui la constitue : « Terres occupant une superficie de plus de 0,5 hectares avec des arbres atteignant une hauteur supérieure à 5 mètres et un couvert forestier de plus de dix pour cent, ou avec des arbres capables d’atteindre ces seuils in situ. Sont exclues les terres à vocation agricole ou urbaine prédominante. »[14] Alors que nos sociétés contemporaines tentent désespérément de limiter le dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère, les arbres, eux, ont la capacité de l’absorber et de le stocker pour leurs besoins immédiats et futurs. Grâce à un phénomène bioénergétique commun à une majorité de plantes (la photosynthèse), ils utilisent l’énergie solaire pour convertir le dioxyde de carbone puisé dans l’air en sucres et en énergie afin de constituer leur tronc, leurs branches, feuilles et racines. Suite à ce processus, ils libèrent, en tant que sous-produit de l’oxydation de l’eau, du dioxygène – molécule assurant la respiration cellulaire de presque tous les organismes vivants actuels.
Sachant que 400 tonnes de carbone peuvent être séquestrées juste dans 1 hectare d’arbres, ceux-ci apparaissent indéniablement comme des outils majeurs dans la lutte contre le réchauffement climatique[15]. Pour autant, les utiliser en tant qu’entités isolées et indépendantes ne permet pas d’appréhender les mécanismes et spécificités qui se jouent dans l’ensemble d’un écosystème forestier, et qui font justement d’eux un puits de carbone. En effet, en grandissant, les arbres interagissent avec les organismes environnants, créant un gigantesque « réseau souterrain ». En plus de capturer le carbone eux même, ils permettent aussi aux sols de le stocker. D’ailleurs, lorsqu’un arbre meurt et se décompose naturellement, un phénomène de régénération naturelle de l’écosystème, faisant essentiellement intervenir des communautés saproxylophages (bactéries, champignons et invertébrés), s’assure que le carbone continue à être séquestré ou recyclé. Ainsi, au sein d’un écosystème forestier en bonne santé, le carbone est stocké dans la biomasse (aérienne et souterraine), dans le sol (sous forme de matière organique et de minéraux carbonatés), dans le bois mort (nécromasse) et dans la litière (la fine couche de matière organique morte située au-dessus du sol).
La masse de bois d’un arbre – qui peut varier entre 400 kg/m 3 pour un peuplier jusqu’à 1400 kg/m3 pour des bois d’ébène – serait déterminante pour connaître la quantité de dioxyde de carbone qu’absorbe un arbre. Plusieurs méthodes de calcul partent du fait que, selon la composition chimique du bois (peu variable selon les essences), la matière sèche de l’arbre serait sa masse de bois moins sa masse d’eau, et qu’environ la moitié de cette matière sèche serait constituée de carbone. Sachant que, pour fabriquer 1 kg de carbone, l’arbre doit absorber l’équivalent de 3,67 kg de CO2, ces méthodes permettent d’obtenir un ordre de grandeur de la quantité de CO2 accumulée – et, selon son âge, de la quantité qu’il absorbe par année. Ainsi, en moyenne, les arbres absorberaient entre 20kg et 35kg de CO2 par an[16]. Pour des arbres nouvellement plantés, cette fourchette s’étendrait plutôt de 10 kg à 50kg par an [17].
En effet, il est compliqué d’estimer de façon précise le taux d’absorption de CO2 d’un arbre, car des variables plus complexes agissent de façon déterminante sur leur capacité de captage et de stockage. Selon leur espèce, leur âge, leur taille, leurs conditions locales et leur niveau de croissance, certains types d’arbres absorbent plus de dioxyde de carbone que d’autres. Inévitablement, certains types de forêts en absorbent plus que d’autres.
Classer l’absorption de CO2 des forêts selon les principales essences qui la composent permet de réaliser qu’une forêt mixte, composée de conifères (cyprès, cèdre, pin…) et de feuillus (chêne, peuplier, mûrier…), absorbe plus de tonnes de CO2 par hectare par an qu’une forêt uniquement composée de conifères ou qu’une forêt uniquement composée de feuillus[18]. Mais le classement de forêt le plus courant dans les études scientifiques sur la séquestration de carbone est celui qui différencie les forêts selon le climat de latitude. On distingue principalement :
• les forêts boréales (zones boisées froides situées essentiellement dans la partie Nord du globe, qui supportent des températures allant jusqu’à -60°C) ;
• les forêts tempérées (zones boisées situées entre les hémisphères, avec des températures modérées) ;
• les forêts tropicales (zones boisées situées au niveau tropical des hémisphères, particulièrement chaudes et pluvieuses).
Ces dernières représentent géographiquement plus de la moitié (55%) des stocks de carbone forestiers planétaires – suivies par les forêts boréales (32%)[19]. De par leur taille, la densité de leur bois et le diamètre de leur tronc, la capacité de certains arbres d’espèces tropicales à stocker du carbone est particulièrement étudiée depuis les dernières décennies dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique[20]. De fait, seulement 1% des essences amazoniennes seraient responsables de la moitié de la croissance et de la séquestration du carbone en Amazonie[21]. À une échelle plus globale, cette région abrite d’ailleurs la moitié des forêts tropicales dans le monde.
En constituant des bois denses et durs, certains arbres parviennent effectivement à stocker une quantité relativement grande de carbone sur le long-terme, une capacité qui serait cependant liée à un niveau de croissance plus lent[22]. À l’inverse, des arbres à croissance rapide (peuplier, saule ou bouleau en zone tempérée, bois-canon) emprisonneraient plus rapidement le carbone, mais en moindre quantité et à court terme – un phénomène qui est supposé s’intensifier au vue de l’effet stimulant que provoque l’excès de dioxyde de carbone dans l’atmosphère sur leur croissance[23]. Dernièrement, des procédés génétiques ont été développés pour faire pousser plus rapidement les arbres et les faire stocker plus de carbone : en contournant le processus de la photorespiration (par l’ajout de gènes venant d’autres plantes et d’algues vertes), les arbres consacreraient plus d’énergie à leur croissance, entraînant une hausse de l’accumulation de la biomasse et de l’assimilation du carbone[24].
L’âge des arbres est, d’autre part, un facteur déterminant pour estimer leur capacité de stockage. Les arbres intacts, figurant parmi les plus vieux du monde, se trouvent essentiellement au sein des forêts primaires. Alors que des forêts secondaires, malgré leur ancienneté, ont pu être détruites ou endommagées puis régénérées entre-temps, les forêts primaires sont avant tout définies par leur caractère originel ; c’est-à-dire que, depuis l'apparition de premières étendues boisées au Dénovien (il y a environ 380 millions d’années), elles n’ont pas été endommagées (ou peu) par des activités humaines – en soi, avant l’apparition de l’espèce humaine il y a 300 000 ans, toutes les forêts étaient primaires. Si l’on s’en tient à certaines études récentes, les arbres continueraient perpétuellement d'accroître le taux de carbone stocké dans leur biomasse au cours de leur vie. La désignation de « poumons verts de la Terre » attribuée aux forêts primaires prend alors tout son sens.
Pour autant, d’autres études précisent qu’à l’échelle d’une forêt, la quantité de carbone stocké par un ensemble de jeunes arbres peut aussi atteindre des taux importants, notamment par leur pluralité dans un espace. Au final, l’idée d’une « intergénérationnalité » des arbres au sein des forêts semble créer un certain consensus car elle soutient qu’une cohabitation entre arbres jeunes et arbres vieux serait optimale pour maintenant l’équilibre d’un écosystème forestier[25].
Concilier activités humaines et preservation des forets
Les émissions de gaz à effet de serre liées à la déforestation sont la seconde cause principale du changement climatique. En effet, la déforestation massive contribue à des conditions climatiques plus chaudes et, de façon consécutive, ces conditions deviennent elles-mêmes responsables de la croissance plus difficile des écosystèmes forestiers. La FAO définit la déforestation en tant que « Conversion de la forêt à d’autres utilisations des terres indépendamment du fait qu'elle soit anthropique ou pas. »[26]. Si ce phénomène fait partie intégrante de l’histoire humaine, son augmentation drastique ces dernières décennies est sans précédent : entre 2004 et 2017, on compte 43 millions d'hectares de forêts détruits à travers le monde, notamment au profit de terres agricoles[27]. À un moment où l’excès de gaz à effet de serre dans l’air est devenu un – voire le – plus grand défi planétaire de l’humanité pour les prochaines années, la déforestation limite la capacité naturelle des écosystèmes à en absorber et contribue même à leur augmentation : environ 17% des émissions anthropiques de gaz à effet de serre dans l’atmosphère proviennent de la dégradation des forêts [28].
Alors que les forêts humides tropicales primaires sont les plus efficaces en termes de stockage de carbone et les plus importantes en termes de biodiversité, 96% de la déforestation les concerne. En 2021, on estime qu’elles ont perdu 3,75 millions d’hectares de couvert forestier, soit l’équivalent de 10 terrains de football par minute[29]. L’exemple du bassin amazonien a été particulièrement mis en évidence en 2019 lorsque des milliers d’incendies ont ravagé presqu’un million d’hectares de forêts en l’espace de quelques mois. Cette hausse des incendies en Amazonie – qui selon la plupart des ONG serait en vérité une méthode de déchiffrement par le feu liée à l’agro-industrie[30] – participe à la transformation progressive du puits de carbone amazonien initial en un émetteur de carbone mondial. De fait, entre 2010 et 2019, l’Amazonie brésilienne a émis environ 18% de plus de CO2 qu’elle en a absorbé[31].
En effet, contrairement à d’autres écosystèmes naturels, les forêts ont autant la capacité d’être des puits de carbone que d’en être des sources, c’est-à-dire, que le taux de dioxyde de carbone rejeté soit supérieur au taux absorbé. À l’échelle planétaire, les forêts absorbent pour l’instant environ deux fois plus de carbone qu’elles en émettent chaque année, soit 16 milliards de tonnes de CO2 absorbés par an et 8,1 milliards de tonnes de CO2 émis par an – donc un taux net d’absorption de 7,6 milliards de CO2 par an. L’ampleur de ce phénomène s’explique aujourd’hui par l’implication et l’extension des activités humaines dans les forêts du monde, dont essentiellement la déforestation et l’exploitation forestière [32] . Dans le cas d’une déforestation, le déboisement et le défrichage de la forêt se font sans intention de renouvellement car il s’agit d’un changement, souvent définitif, de l’usage d’une parcelle. Cette pratique est aujourd’hui pointée du doigt à travers le monde pour sa responsabilité dans le dérèglement climatique à plusieurs niveaux. Les méthodes de défrichage par le feu entraînent des rejets considérables de dioxyde de carbone, particulièrement lorsqu’elles sont opérées sur des forêts primaires, puisque tout ce que ces vieux arbres avaient accumulé comme carbone, parfois durant des siècles, est à nouveau libéré. La destruction d’une forêt ancienne est aussi une grande menace pour la biodiversité mondiale car elle fait disparaître, avec elle, les multiples espèces de plantes et espèces animales vivant en son sein. L’autre point négatif est à propos des plantes restantes, qui sont alors plus vulnérables aux conditions locales et climatiques, notamment à cause de l’érosion des sols[33].
Selon les chifres de la FAO, il reste aujourd’hui 1,11 milliards de forêts primaires dont plus de la moitié se trouve uniquement dans 3 pays (le Brésil, le Canada et la Fédération de Russie). Pour autant, ce sont les pays contenant des forêts primaires tropicales qui restent les plus soumis à la menace de la déforestation, avec en tête le Brésil, la République Démocratique du Congo, et la Bolivie[34]. Bien que les forêts européennes ne soient pas directement concernées par la déforestation massive qui s’opère dans ces pays, les États membres de l’Union européenne restent impliqués dans les échanges commerciaux qui se jouent derrière ces pratiques. Selon une étude de l’organisation WWF, elle serait d’ailleurs le deuxième importateur mondial de produits issus de la déforestation tropicale, derrière la Chine, et devant l’Inde et les EtatsUnis[35]. Face à ce défi, de nouvelles règles ont été établies récemment par la Commission européenne pour limiter les produits importés qui ne seraient pas conformes à la législation et en lien avec la déforestation36. Ce règlement s’inscrit plus largement dans un plan d’action entièrement dédié aux forêts, qui a été lancé en juillet 2021 dans le cadre du European Green Deal : la « Nouvelle stratégie de l'UE pour les forêts à l'horizon 2030 ».
« Les forêts abritent la majeure partie de la biodiversité que nous trouvons sur Terre. Pour que notre eau soit propre et que nos sols soient riches, nous avons besoin de forêts en bonne santé. Les forêts européennes sont menacées. »[37] affirme Frans Timmermans, vice-président exécutif de la Commission européenne. En effet, les forêts européennes sont en danger, et elles ne sont pas les seules. Néanmoins, par rapport au reste du monde, la surface boisée globale européenne n’a pas baissé ; elle a même augmenté. En réalité, les forêts européennes connaissent une perte majeure de couvert arboré, due en partie aux conséquences du réchauffement climatique (infestations inédites de scolytes, sécheresses graves et nouveaux cycles de feux de forêt), mais surtout, due à l’exploitation forestière[38].
Selon l’Office national des forêts (ONF) en France, l’exploitation forestière « recouvre la récolte de bois au sens large »[39]. En Europe, cette récolte se fait essentiellement dans le cadre de la sylviculture, une pratique qui comprend l’ensemble des techniques d’exploitation forestière assurant la commercialisation du bois, tout en garantissant la régénération des forêts. Comparé aux dégâts de la déforestation, l’impact de l’exploitation des forêts européennes pour le bois paraît moins important en termes d’émissions de CO2 car les arbres coupés ne relâchent pas immédiatement le carbone stocké dans l’atmosphère tel que le font les méthodes incendiaires. Néanmoins, il reste indéniable qu'abattre massivement des arbres dans un cadre de commercialisation peut avoir des répercussions considérables. Premièrement, en termes de temporalité, la repousse des arbres plantés peut prendre un certain temps, alors qu’une perte brutale du couvert forestier est une suppression immédiate de stocks de carbone potentiels – relativement grands selon les facteurs évoqués précédemment. Deuxièmement, la gestion de l’exploitation, si elle n’est pas opérée dans une optique de durabilité, peut s’avérer terriblement destructrice pour la biodiversité forestière (assèchement des zones humides et compactage des sols), et donc, altérer la capacité d’absorption à venir des écosystèmes forestiers. Sans compter les effets néfastes que peut avoir la hausse des températures sur la croissance de certaines espèces plantées, il n’est ainsi pas totalement garanti que les pertes entraînées par la coupe des arbres soient entièrement compensées par la plantation de nouveaux.
Couvrant 43,5% du territoire européen, soit près de 180 millions d’hectares, les forêts et les autres surfaces boisées compensent aujourd’hui environ 10% des émissions de gaz à effet de serre produites dans l’Union européenne chaque année[40]. À l’échelle de l’Europe, il s’agit du puits de carbone naturel le plus déterminant dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.
Or, le rythme auquel l’exploitation forestière européenne s’étend et s’intensifie est désormais mis en exergue par certains experts, qui alertent sur la nécessité de prévoir des réductions d’émissions supplémentaires dans d’autres secteurs si ce rythme se poursuit [41] Selon une étude de Naturwald Akademie commandée par Greenpeace Allemagne en 2020, le potentiel annuel d’absorption de CO2 des forêts européennes, qui est de 487,8 millions de tonnes, pourrait être doublé dans les 30 prochaines années si l’exploitation forestière était réduite de seulement un tiers (passer d’un taux de 77% à environ 50%) et si, parallèlement, l’ensemble de la sylviculture était opérée dans une logique de durabilité et de circularité [42].
Si les techniques liées à la sylviculture prennent sources dans des pratiques plus anciennes et diffèrent selon les régions du monde, deux approches, à priori opposées, se distinguent au sein de la discipline : il y aurait une sylviculture qui tend à employer des procédés artificiels dans une logique de production intensive (plantation en monoculture, techniques d’inspiration agricole, pépinière, sélection rationnelle, logiciels de gestion), et il y aurait une sylviculture qui tend à imiter les caractéristiques et le rythme de la forêt naturelle (sylvigénèse, régénération, sélection lente, diversité des essences).
L’appellation « Gestion durable des forêts », définie en 1993 par la Conférence ministérielle sur la protection des forêts en Europe, semble s’accorder particulièrement à cette seconde vision, tout en l’inscrivant dans le cadre d’enjeux socio-économiques liés à la production d’énergie et au développement de la filière bois[43] Reconnu par les parties de la Convention sur la diversité biologique (CBD) en 2004, la gestion durable de la forêt repose sur sept éléments thématiques, édictés ainsi par la FAO [44] :
• Étendue des ressources forestières ;
• Diversité biologique ;
• Santé et vitalité des forêts ;
• Fonctions productives des ressources forestières ;
• Fonctions de protection des ressources forestières ;
• Fonctions socio-économiques ;
• Cadres juridique, politique et institutionnel.
En Europe, une intensification particulière de la sylviculture a été notée entre 2016 et 2018 : par rapport à la période 2011-2015, on compte 49 % de plus de superficie forestière exploitée et une perte de biomasse de 69%[45]. En ce sens, le type de sylviculture adopté pour gérer les forêts européennes est, aujourd’hui plus que jamais, un enjeu capital dans la lutte contre le réchauffement climatique car la façon dont l’exploitation forestière est opérée peut autant faire d’une forêt une source de carbone qu’un puits de carbone. Comme une sorte d’équilibre perpétuel à trouver, il y a d’un côté des zones boisées dites éclaircies, qui induisent une perte d’une partie du potentiel de stockage de carbone de la forêt ; tandis que de l’autre, il y a des zones laissées à la régénération naturelle, parfois couplées à des plantations supplémentaires, qui sont censées rajouter des potentiels stocks de carbone. La compensation carbone entre les deux se joue alors, avant tout, sur la superficie totale sur laquelle les flux sont calculés, mais aussi, sur la quantité de forêt coupée, l’âge des arbres et le temps qui s’écoule entre les cycles de récolte[46]. Globalement, l’utilisation affectée au bois récolté pèse aussi sur ce bilan : là où le cycle de vie naturel des arbres fait en sorte que leur carbone séquestré soit transmis aux organismes environnants lors de leur décomposition, l’abattage d’arbres dans le cadre de sylviculture signifie que le carbone stocké au sein du bois récolté finira par être relâché dans l’atmosphère, éventuellement dans un temps long ou court. En d’autres termes, l’utilisation ou les utilisations qui sont faites du bois récolté (matériau de construction, papier recyclé, bois de chauffage, etc.) déterminent largement la durée de vie qu’il aura avant de se décomposer ou d’être brûlé.
Dans le cadre d’enjeux socio-économiques, la relation entre sylviculture et gestion forestière durable peut paraître conflictuelle, voire paradoxale. Pourtant, ce sont bien des enjeux complémentaires qui se jouent.
En matière de construction, l’impact carbone du bois comme matériau s’avère beaucoup plus faible, voire quasiment nul dans certains cas, que les matériaux conventionnels tels que le béton et l’acier[47]. Cette alternative n’est pas négligeable étant donnée la part importante du secteur du bâtiment dans les émissions mondiales anthropiques de CO 2[48] D’autre part, les trois grandes sources d’énergie fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon), dont la combustion est largement à l’origine de l’excès actuel d’émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, ne sont pas renouvelables. Au vu du rythme actuel de leur consommation, notamment dans la production d’électricité, les scientifiques prévoient un épuisement des réserves de pétrole dans une cinquantaine d’années, et le double pour le charbon. Le bois, en revanche, en tant que combustible naturel issu de la biomasse, est renouvelable. Il apparaît comme une source d’énergie sur laquelle miser à l’avenir.
Bien que la combustion de la biomasse récoltée – qui est essentiellement résiduelle et ligneuse – libère une certaine quantité de carbone dans l’atmosphère, le bilan carbone du bois-énergie reste relativement plus avantageux en termes de rejets que les combustibles fossiles actuels, en particulier si la biomasse consommée provient de source locale – les importations via de longues distances peuvent, en effet, peser considérablement sur l’empreinte carbone finale.
Dans l’idée d’une décarbonation de l’économie de l’UE, l’énergie issue de la biomasse – appelée bioénergie – est un élément clé du European Green Deal. Afin d’atteindre l’objectif de 40% d’énergies renouvelables d’ici 2030, la stratégie déployée vise à réduire progressivement la part de combustibles fossiles dans le bouquet énergétique européen, qui est de 78% aujourd’hui, au profit d’énergies « vertes » telles que le bois-énergie[49]. La bioénergie dite durable s’inscrit, plus largement, dans la mise en place d’une bioéconomie forestière circulaire ; c’est-à-dire que le bois récolté pourrait être utilisé plus longtemps, en étant réutilisé et recyclé en d’autres produits et sous-produits, avant d’être finalement transformé en bioénergie[50]. Cette « utilisation en cascade » de la biomasse est un levier déterminant dans la gestion durable des forêts car optimiser l’utilisation du bois permet de limiter l’intensité des exploitations forestières, notamment lorsque leur gestion de la forêt comprend des pratiques et des rythmes d’abattages perturbant l’équilibre naturel de l’écosystème forestier. En ce sens, certaines zones boisées pourraient être restaurées vers un état plus naturel, mais aussi, être accompagnées pour devenir plus résillientes face aux effets du dérèglement climatique (sécheresses, feux de forêts, tempêtes, etc.).
Au final, comme le montrent les initiatives lancées dernièrement par la Commission européenne, il paraît désormais fondamental de trouver un équilibre approprié entre le développement du potentiel d’absorption que représentent les forêts, et le soutien de leurs fonctions socio-économiques, voire idéalement de concilier les deux. Les commissaires parlent ainsi du « caractère multifonctionnel des forêts »[51].
Planter des arbres pour sauver le climat
La plantation d’arbres est devenue la pierre angulaire de beaucoup de campagnes environnementales au cours de ce début de siècle. Différents projets gouvernementaux de plantation à grande échelle se sont démarqués internationalement. En 2011, le Bonn Challenge, soutenu par 48 nations, a été lancé en tant qu’ « effort mondial de reboisement ». Son premier objectif de restauration de 150 millions d’hectares de terres dégradées et déboisées avant 2020 étant relativement concluant, il vise désormais les 350 millions d’hectares d’ici 2030[52]. Plus récemment, une autre initiative mondialement reconnue est celle qui a été initiée par le World Economic Forum à Davos en janvier 2020 dans le cadre de la Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes : 1 000 milliards d’arbres (à planter ou à sauver) d’ici 2030[53]. Elle fait d’ailleurs suite à la campagne de plantation « A trillion trees by 2050 » lancée en 2018 par quelques organisations de préservation de la nature (BirdLife International, Wildlife Conservation Society et WWF)54. Le dernier grand projet de plantation en vue est celui lancé par l’Union européenne dans le cadre du European Green Deal : planter 3 milliards d’arbre en Europe d’ici 2030[55].
De fait, les arbres offrant une capacité de stockage de carbone, ces multiples stratégies de reboisement apparaissent aujourd’hui comme des contributions simples, efficaces et naturelles pour atteindre les objectifs de réduction d’émissions de CO2 dans l’atmosphère et pour restaurer les écosystèmes forestiers. Pour certains scientifiques, il s’agit même d’une méthode indispensable car ils ont prévenu que les solutions technologiques ne fonctionneront pas à l'échelle nécessaire[56].
L’ensemble de ces initiatives prend d’autant plus sens depuis 2019, lorsqu’une une étude publiée dans le journal Science, à laquelle des centaines d’experts ont contribué, a effectué une estimation précise et rigoureuse du potentiel climatique que pourrait représenter une stratégie de reforestation à l’échelle planétaire : « The global tree restoration potential »[57]. En combinant une dizaine de facteurs clés (liés au sol, à la topographie et au climat) à des mesures de couvertures boisées faites sur 80 000 images satellite haute résolution, les scientifiques sont parvenus à créer une carte mondiale des zones où il serait le plus avantageux de faire pousser des arbres en vue d’une atténuation du changement climatique. Cette étude part du fait que presque deux tiers de la surface émergée de la Terre sont aujourd’hui des terres agricoles, des pâturages, des forêts et des zones boisées. Écartant les zones urbaines, ces 8,7 milliards d’hectares sont alors considérés comme des endroits où des arbres peuvent naturellement se développer. Or, parmi ces terres, 5,5 milliards d’hectares sont déjà boisées et 1,5 milliards sont des terres cultivées pour la production alimentaire. Les 1,7 milliards d’hectares restants correspondent alors à des prairies, des sols dégradés ou des espaces peu végétalisés. Dans l’ensemble, ces zones, qui représentent au total 11% de la surface émergée du globe, pourraient accueillir davantage d’arbres[58].
En prenant en compte ce potentiel spatial impressionnant, mais aussi la capacité planétaire à abriter des forêts sous les conditions climatiques actuelles, les résultats montrent que la Terre pourrait supporter encore 0,9 milliards d’hectares de massifs forestiers supplémentaires, soit la taille des États Unis, sans même supprimer des zones urbaines ou des terres agricoles. En augmentant dès maintenant la superficie de couverture forestière terrestre de 25%, il serait donc possible de capturer 205 Gt de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, c’est-à-dire, une quantité suffisante pour annuler 20 ans de rejets anthropiques de carbone au rythme actuel[59].
Au vu de ce potentiel gigantesque en termes de stockage de carbone, certains scientifiques n’hésitent pas à placer la reforestation de la planète comme la solution numéro un pour lutter efficacement contre le dérèglement climatique. Cette stratégie avait d’ailleurs été suggérée par le GIEC l’année précédente (2018), qui recommandait de planter 1 milliard d’hectares de forêt pour limiter le réchauffement climatique global à 1,5°C d’ici 2050[60].
Les résultats obtenus par cette étude sont d’autant plus intéressants d’un point de vue socio-économique car cette estimation n’empiète pas sur les zones urbaines et les terres cultivées actuellement ; un confit qui habituellement suscite la méfiance des gouvernements et du secteur privé[61].
S’il est prouvé scientifquement qu’un programme mondial de plantation d’arbres pourrait bien éliminer un peu moins d’un tiers de tous les rejets anthropiques qui restent dans l’atmosphère, tous les gouvernements du monde sont alors concernés par l’intégration de cette évaluation dans leur stratégie climatique nationale. Les grands pays développés économiquement détiennent d’ailleurs le rôle le plus déterminant. En effet, plus de la moitié du potentiel de reboisement relevé par l’étude se situe dans seulement 6 pays du monde : Russie (151 millions d’ha), États Unis (103 millions d’ha), Canada (78,4 millions d’ha), Australie (58 millions d’ha), Brésil (49,7 millions d’ha) et Chine (40,2 millions d’ha). Pour autant, la contribution des pays en développement reste nécessaire, notamment lorsqu’il s’agit de l’usage des sols – comme évoqué précédemment, ce sont leurs forêts qui sont les plus soumises à la déforestation. Au final, la façon dont cette stratégie peut s’appliquer dépendra de chaque gouvernement car les zones à cibler en priorité ne devraient pas être uniquement déterminées par des facteurs climatiques, mais aussi par les impacts socio-économiques que cela pourrait avoir sur la société ou sur des communautés individuelles[62].
Ayant attiré l’attention mondiale, cette étude a été évoquée et reprise dans de nombreux papiers, de façon plus ou moins critique. Malgré l’enthousiasme que ce projet de reforestation globale a suscité, il y aurait pour quelques chercheurs des incertitudes restées en suspens, qui mériteraient pourtant d’être soulevées.
Tout d’abord, la prise en compte du temps de croissance des arbres plantés est essentielle car, en réalité, il faudrait compter entre 50 et 100 ans pour que ces 500 milliards d’arbres atteignent la capacité d’absorber les 205 Gt de carbone estimés dans l’étude. En d’autres termes, il faudrait attendre qu’ils se développent jusqu’au stade similaire des écosystèmes existants dans les zones protégées. L’urgence du changement climatique étant plus rapide que la croissance de tous ces arbres, il paraît nécessaire de développer parallèlement des stratégies mondiales de réduction de rejets de CO2 et non uniquement des stratégies de stockage[63].
L’autre point qui fait débat est celui de la prise en compte du potentiel des pâturages. Parmi les zones qu’il serait possible de reboiser sont effectivement comprises les aires pâturées par le bétail, comme par exemple en Irlande. Or, plusieurs études s’accordent sur le fait que leur résistance et leur potentiel d’absorption du carbone sont sous-estimés car, contrairement aux arbres forestiers, les pâturages stockent plus de carbone sous terre et ne le libèrent pas en cas de feu. Au vu des événements climatiques à venir, dont la hausse des sécheresses et des feux, conserver les pâturages en les couplant à des pratiques qui contribuent à l'absorption du carbone serait donc une alternative possible à considérer[64]. Certains scientifiques soutiennent, en revanche, que l’ambition de reforestation globale ne serait réalisable que si ces zones, actuellement utilisées pour produire de la viande et du lait, étaient réduites, ou éventuellement si quelques arbres y sont plantés – les pâturages n’étant pas nécessairement incompatibles avec le boisement. L'agroforesterie est d’ailleurs soulignée comme une option qui n'apparaît malheureusement pas dans l’estimation globale[65].
S’il est évident qu’une reforestation massive de la Terre est un processus gigantesque et long, des conséquences incertaines, voire aggravantes en termes climatique, sont également mises en lumière par quelques experts. « Nous devons comprendre non seulement si c'est possible de faire une telle chose, mais aussi si nous devons le faire »[66] affirme Sassan Saatchi, scientifique principal au Jet Propulsion Laboratory de la NASA en Californie et expert des stocks et de la dynamique du carbone forestier mondial, à propos de l’étude publiée dans le journal Science.
L’albédo de la Terre pourrait être affecté par une augmentation brutale de la couverture forestière globale et probablement conduire à une surface terrestre plus sombre. Dans les régions boréales, notamment lors de périodes neigeuses, cela pourrait mener à une absorption plus intense de chaleur, tandis que dans les zones tropicales, cela pourrait augmenter l’évapotranspiration et, de façon consécutive, générer un effet de refroidissement. Bien que les effets de cette réaction soient géographiquement variables et dépendent largement de la disponibilité d’eau et de lumière, il semble non négligeable d’envisager qu’à court terme et à petite échelle, la reforestation planétaire risque finalement d’avoir un effet encore plus chauffant.
La dernière incertitude majeure sur laquelle se rejoignent plusieurs études est celle qui concerne la capacité des écosystèmes à séquestrer le carbone. Étant donné la montée des températures vers laquelle on tend, il n’est pas garanti que leurs fonctions naturelles soient intactes. Sassan Saatchi parle justement de la difficulté à restaurer la « connectivité climatique » une fois que les écosystèmes sont devenus tellement fragmentés. Allant dans ce sens, un étude sur les forêts les plus chaudes du monde démontre qu’un seuil de chaleur néfaste à leur capacité de photosynthèse sur le long terme peut être atteint, et que cet effet risque surtout d’affecter les forêts sèches[67]. Une autre étude vient soulever, quant à elle, le fait que l’excès de carbone dans l’atmosphère stimule la croissance des arbres mais que cette croissance accélérée entraîne également une mort accélérée, et donc, à long terme, un affaiblissement de la capacité de stockage de la forêt[68].
Ainsi, des facteurs complexes, qu’ils soient avantageux ou non dans la lutte contre le réchauffement climatique, sont à considérer pour entamer un programme mondial de reforestation. Les exemples de plantation à grande échelle déjà entrepris permettent d’avoir une vue d’ensemble, à court terme cependant, sur des conséquences à appréhender et des paramètres à approfondir.
Certains projets connaissent des résultats concluants et encourageants, tel que la politique forestière de la Chine ces 15 dernières années. Des millions d’arbres ont été plantés et des millions d’hectares de couvertures forestières ont été créées – la plupart dans des zones avec des potentiels agricoles faibles. Une augmentation des forêts de 10% à 20% dans le sud de la Chine a donc permis de doubler l’absorption de carbone dans leurs forêts, annulant près de 20% des émissions annuelles de combustibles fossiles dans le pays. De plus, depuis 2012, ce pourcentage n’a cessé d'augmenter, atteignant les 33%[69].
D’autres initiatives, en revanche, lorsqu’elles n’ont pas été assez évaluées et organisées, ont dramatiquement aggravé le changement climatique et la misère sociale. En effet, les répercussions de tels projets sont déterminées tant par des facteurs climatiques, que par des facteurs économiques et sociaux. La plantation d’arbre, en soi, est un acte qui se réfère simplement au fait de planter des arbres dans le sols. Or, dans le cadre de programme de plantation à grande échelle et sur des parcelles définies, la plantation qui a lieu lors d’une stratégie de reforestation ne doit pas être confondue avec la plantation qui a lieu lors d’une stratégie d’afforestation. Celle-ci, contrairement à la reforestation, désigne le fait de planter massivement des arbres sur des terres qui historiquement n’ont pas contenu de forêts [70]. La reforestation peut être entreprise de façon à ramener l’ensemble d’un écosystème forestier dégradé à un état antérieur sain – on parle alors de restauration. Cependant, ce n’est pas toujours dans cette démarche que la plantation d’arbres s’est faite jusque-là. De nombreux scientifiques alertent sur les conséquences néfastes que des plantations non appropriées pourraient engendrer, notamment lorsqu’elles reposent sur la monoculture, c’est-à-dire, lorsque le reboisement se fait par une espèce unique d’arbre. Les forêts de plantation en sont caractéristiques : d’après la définition de la FAO, il s’agit d’une « forêt plantée soumise à une gestion intensive qui réunit tous les critères suivants au moment de la plantation et de la maturité du peuplement: une ou deux espèces, structure équienne, et intervalles réguliers. »[71] Comme évoqué précédemment, le maintien de la biodiversité des espèces est pourtant primordial pour qu’un écosystème forestier puisse fonctionner pleinement. Combinant application laxiste et restrictions budgétaires, certains propriétaires fonciers en viennent à planter une ou deux espèces plus rentables pour remplacer des forêts indigènes. Or, comme l’évoque le Professeur Eric Lambin, co-auteur d’une étude sur l’impact des subventions forestières au Chili[72], « Si les politiques d'incitation à la plantation d'arbres sont mal conçues ou mal appliquées, le risque est grand non seulement de gaspiller l'argent public, mais aussi de libérer davantage de carbone et de perdre la biodiversité »[73].
Comme le déplorent régulièrement la plupart des organisations de protection de l’environnement, l’ensemble des grands projets de plantation d’arbres ne devrait pas devenir une excuse pour ne pas réduire la production de rejets anthropiques de CO2, ni même pour arrêter de protéger les forêts existantes. D’ailleurs, de multiples experts du climat les rejoignent pour nous mettre en garde : la plantation d’arbres n’est pas la solution ultime car cet effort seul ne suffirait pas à arrêter le changement climatique.
En revanche, il est incontestable qu’elle a un poids considérable dans cette lutte. Il paraît essentiel qu’un projet de reforestation globale soit intégré dans les programmes majeurs de réduction d’émissions carbone mis en place par la communauté internationale depuis l’Accord de Paris en 2020 ; comme l’a soutenu la célèbre activiste écologiste Greta Thunberg au Forum de Davos, il s’agit de l’y intégrer en tant qu’élément d’une stratégie d’ensemble visant avant tout à réduire les émissions anthropiques de gaz à effet de serre et à préserver les écosystèmes existants[74].
Des enjeux écologiques indissociables des enjeux sociaux
Compte tenu de ce qui a été évoqué précédemment, la plantation d’une certaine quantité d’arbres à l’échelle globale apparaît comme une solution sur le long terme, qui ne peut être efective que si elle s’inscrit dès maintenant dans une approche de restauration et de protection des forêts. Pour autant, ces stratégies doivent désormais se frayer un chemin entre le développement de l’industrie du bois, notamment dans le milieu de la construction, et les besoins grandissants de production alimentaire ; deux secteurs qui ont des rôles significatifs aux niveaux économique, social, mais aussi, climatique.
De fait, l’autre enjeu essentiel qui est soulevé dans plusieurs études est l’implication des populations locales dans ces démarches. Ursula von der Leyen l’a justement évoqué lors de la COP26 World Leaders Summit ‘Action on Forests and Land Use’ : « En effet, protéger les forêts, les gérer de manière durable et prendre soin de la Terre est notre priorité commune. Non seulement parce que ces écosystèmes sont essentiels à la stabilité de notre climat, mais aussi parce qu'ils continuent de fournir des moyens de subsistance à des centaines de millions de personnes dans le monde entier. »[75].
Il est certain qu’au-delà des facteurs strictement climatiques, tout programme de plantation ou de préservation est plus probant lorsqu’il intègre des citoyens et/ou des acteurs déjà liés au site concerné. Cela permet avant tout de veiller à ne pas opérer un accaparement des terres ou d’imposer une gestion qui se ferait au détriment d’une communauté – par exemple, une perte de ses moyens de subsistance[76].
En plus d’être peu chère – du moins, comparé au coût requis pour développer des technologies de séquestration artifcielle de carbone –, planter des arbres est une action accessible à travers laquelle une dynamique collective peut se déployer. En ce sens, certaines associations locales, notamment dans le cadre de restaurations forestières, permettent de passer d’une exploitation quasi industrielle (rythme d’abattages intensifs, coupes rases, plantations d’arbres en monoculture) à une foresterie communautaire, voire à une « mise en réserve » de terres[77]. Ce type de transformation est finalement une façon d’accompagner collectivement les forêts, tant qu’il est possible, vers leur propre régénération. Diférentes initiatives de plantation impulsées par l’action citoyenne collective ont d’ailleurs marqué la fn du XXème siècle. On peut penser, par exemple, à la plantation de 7000 chênes à Kassel en Allemagne initiée par l’artiste allemand Joseph Beuys en 1982, ou, à plus grande échelle, au Mouvement de la ceinture verte fondé par la militante pour l’environnement et les droits humains Wangari Maathai en 1977 au Kenya. Surnommée la « Queen of trees », cette dernière est parvenue à mobiliser la population kenyane pour planter 30 millions d’arbres à travers le pays[78]. Soutenant un véritable lien entre la dégradation environnementale, la pauvreté et le confit, cette militante a porté à l’échelle nationale, malgré de nombreuses contestations et préjugés, un mouvement de plantation non gouvernemental qui inclut l’amélioration des conditions de vie des populations rurales et l’autonomisation des femmes. En son hommage, le prix « Champions de la cause des forêts » a été créé à son nom par la FAO en 2012 afn de reconnaître les personnes ayant entrepris un projet remarquable en faveur de la conservation, de la restauration et de la gestion durable des forêts[79]. Dans sa lignée, un projet de plantation a été lancé en 2007 par onze pays africains pour établir une Grande muraille verte traversant l’Afrique d’Est en Ouest – soit une bande végétale de 15 km de large sur 8000 km de long – afin de contrer l’avancée proéminente de la désertification et de mettre en valeur des zones saharo-sahéliennes. En effet, depuis des décennies, dans cette région, la zone forestière régresse et les vagues de chaleurs se succèdent, faisant de vastes étendues, autrefois fertiles, des terres désormais non cultivables. Les confits inhérents à ce projet, notamment entre cultivateurs et éleveurs[80], montrent qu’une initiative de plantation de cette ampleur ne peut être menée à bien que si elle repose sur la garantie d’une activité socio-économique viable sur le long terme pour les populations locales : certes, la séquestration carbone pour la planète est l’objectif principal plus large, mais la priorité est avant tout d’apporter des bénéfices immédiats pour les personnes vivant dans cette région, car les enjeux écologiques sont indissociables des enjeux sociaux.
[1] IPCC, Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change. Contribution of Working Group III to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change [P.R. Shukla, J. Skea, R. Slade, A. Al Khourdajie, R. van Diemen, D. McCollum, M. Pathak, S. Some, P. Vyas, R. Fradera, M. Belkacemi, A. Hasija, G. Lisboa, S. Luz, J. Malley, (eds.)]. Cambridge University Press, Cambridge, UK and New York, NY, USA, avril 2022
[2] « Protocole de Kyoto : enjeux et bilan », in GEO, 26 novembre 2018. En ligne
[3] « L’effet de serre », WWF France, Communiqué de presse, 25 septembre 2012. En ligne
[4] Ritchie, Hannah, Max Roser et Pablo Rosado, « CO₂ and Greenhouse Gas Emissions », Our World In Data, mai 2017. En ligne (mises à jour régulières), consulté le 01/05/2022
[5] « En quoi consistent les changements climatiques? », Nations unies : Action climat, consulté le 01/05/2022. En ligne : un.org
[6] Hausfather, Zeke, « Te water vapor feedback », in Yale Climate Connections, 4 février 2008. En ligne
[7] Ibid.
[8] Van-Eeckhout, Mathilde, « Les GES (gaz à effet de serre) », Agence Parisienne du Climat, 8 octobre 2019. En ligne
[9] « Trends in Atmospheric Carbon Dioxide », Global Monitoring Laboratory : Earth System Research Laboratory, consulté le 05/05/2022 (mises à jour régulières). En ligne : gml.noaa.gov
[10] Commissariat général au développement durable (CGDD), Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC), Institute for Climate Economics (I4CE) et le Ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES), DATALAB - Chiffres clés du climat - France, Europe et Monde - Édition 2022, Service de la donnée et des études statistiques (SDES), octobre 2021, p. 18
[11] Ibid.
[12] Climate Change 2001: Synthesis Report, Contribution of Working Groups I, II, and III to the Tird Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change [D. L. Albritton, T. Barker, I. A. Bashmakov, O. Canziani, R. Christ, U. Cubasch, O. Davidson, H. Gitay, D. Grigs, J. Houghton, J. House, Z. Kundzewicz, M. Lal, N. Leary, C. Magadza, (eds.)]. Cambridge University Press, Cambridge, UK and New York, NY, USA, 2001, pp. 16-18
[13] « Pacte vert pour l'Europe: La Commission propose de transformer l'économie et la société européennes afin de concrétiser les ambitions climatiques de l'Union », Commission européenne (Communiqué de presse), Bruxelles, juillet 2021. En ligne
[14] FAO/ONU, Termes et définitions : FRA 2020. Évaluation des ressources forestières mondiales 2020, Rome, 2018, p. 4
[15] « How trees fight climate change », Woodland Trust, consulté le 10/05/ 2022. En ligne
[16] Fournier, Clément, « Combien d’arbres faudrait-il planter pour compenser la pollution d’une seule personne? », in Youmatter, 14 septembre 2017. En ligne
[17] Fleury, Anaïs, « Combien un arbre absorbe-t-il de CO2? », CarboAcademy, consulté le 01/05/2022. En ligne
[18] Ibid.
[19] Wigneron, Jean-Pierre et Philippe Ciais, « Rôle des forêts dans le bilan de carbone de la planète », in Planet Vie - ENS, 6 décembre 2021. En ligne 20 « Le rôle écologique des forêts tropicales », in L’Europe et la Forêt, Section III. 2. 1. (suite), étude réalisée par le groupement EUROFOR coordonné par l'Office national des forêts (France) pour le Parlement européen, 1er septembre 1996. En ligne : europarl.europa.eu
[21] Fauset, Sophie, Michelle O. Johnson, Manuel Gloor, et al. « Hyperdominance in Amazonian forest carbon cycling », in Nature Communications, vol. 6, no. 6857, 28 avril 2015. En ligne
[22] Büntgen, Ulf, Paul J. Krusic, Alma Piermattei, et al. « Limited capacity of tree growth to mitigate the global greenhouse effect under predicted warming », in Nature Communications, vol. 10, no. 2171, 15 mai 2019. En ligne
[23] Brienen, Roel et Emmanuel Gloor, « Across the world, trees are growing faster, dying younger – and will soon store less carbon », in Te Conversation, 8 septembre 2020. En ligne
[24] Reynolds, Matt, « A Bold Idea to Stall the Climate Crisis—by Building Better Trees », in Wired, 28 mars 2022. En ligne
[25] Koberstein, Paul et Jessica Applegate, « Tall and old or dense and young: Which kind of forest is better for the climate? », in Mongabay, 23 mai 2019. En ligne
[26] FAO/ONU, Termes et définitions : FRA 2020. Évaluation des ressources forestières mondiales 2020, op. cit., p. 7
[27] WWF, Synthèse étendue “Les Fronts de déforestation : Moteurs et réponses dans un monde en mutation” , 2020, p. 6
[28] « Gestion durable des forêts », FAO Forêts, consulté le 10/05/2022. En ligne : fao.org (mise à jour le 4 novembre 2020)
[29] Weisse, Mikaela et Elizabeth Goldman, « How much forest was lost in 2021? », Forest Pulse : Te Latest on the World’s Forest, World Resources Institute. Global Forest Review, consulté le 03/04/2022. En ligne : research.wri.org
[30] WWF et BCG, Fires, forests and the future : A crisis raging out of control?, 2020, p. 5
[31] AFP, « La forêt amazonienne brésilienne désormais émettrice nette de carbone », in GEO, 30 avril 2021 (mis à jour le 11 janvier 2022). En ligne
[32] Harris, Nancy, et David Gibbs, « Forests Absorb Twice as Much Carbon as Tey Emit Each Year », World Resources Institute. Global Forest Watch, 21 janvier 2021. En ligne
[33] « Deforestation », National Geographic. Resource Library, consulté le 01/05/2022. En ligne : education.nationalgeographic.org
[34] Weisse, Mikaela et Elizabeth Goldman, « How much forest was lost in 2021? », loc. cit.
[35] WWF, Quand les Européens consomment, les forêts se consument, avril 2021, p.5
[36] « Pacte vert pour l'Europe: la Commission adopte de nouvelles propositions pour faire cesser la déforestation, innover dans la gestion durable des déchets et assainir les sols pour les êtres humains, la nature et le climat », Commission européenne (Communiqué de presse), Bruxelles, 17 novembre 2021. En ligne
[37] « Pacte vert pour l'Europe: la Commission propose une nouvelle stratégie pour protéger et restaurer les forêts de l'UE », Commission européenne (Communiqué de presse), Bruxelles, 16 juillet 2021. En ligne
[38] « Questions et réponses: Le pacte vert pour l'Europe: Nouvelle stratégie de l'UE pour les forêts à l'horizon 2030 », Commission européenne, Questions et réponses, Bruxelles, 16 juillet 2021. En ligne
[39] « L'exploitation forestière : récolter du bois », Office national des forêts (France), consulté le 01/05/2022. En ligne : onf.fr
[40] « Forests and agriculture », Commission européenne, EU Climate Action, consulté le 03/05/2022. En ligne : ec.europa.eu 41 Ceccherini, Guido, Gregory Duveiller, Giacomo Grassi, et al. « Abrupt increase in harvested forest area over Europe after 2015 », in Nature, vol. 583, no. 7814, pp. 72–77, 1er juillet 2020. En ligne
[42] Greenpeace, Te Future of Forests in the European Union : Untapped potential for nature conservation and climate mitigation, UE Forest Vision - Summary, novembre 2020, p.3
[43] « Conférence ministérielle sur la protection des forêts en Europe - Helsinki, 16-17 Juin 1993 - Intervention de Monsieur Rene Steichen », Commission européenne (Discours), 17 juin 1993. En ligne
[44] Ozinga, Saskia, « Les efets de la certifcation sur la gestion forestière durable – l’heure de la vérifcation », in Unasylva, vol. 55, no. 219 « Le commerce et la gestion forestière durable » (Archives FAO, Département de la Forêt), 2004. En ligne
[45] Ceccherini, Guido, Gregory Duveiller, Giacomo Grassi, et al., « Abrupt increase in harvested forest area over Europe after 2015 », loc. cit.
[46] Harris, Nancy et David Gibbs, « Forests Absorb Twice as Much Carbon as Tey Emit Each Year », loc. cit.
[47] voir le chapitre L’arbre comme matériau (p. 177), réalisé par l’équipe de recherche dans le cadre de la rédaction de cet ouvrage
[48] Himes, Austin et Gwen Busby, « Wood buildings as a climate solution », in Developments in the Built Environment, vol. 4, novembre 2020. En ligne
[49] « Ajustement à l’objectif 55 », Conseil européen - Conseil de de l’Union européenne, consulté le 01/05/2022. En ligne : consilium.europa.eu
[50] Commission européenne, Pacte vert pour l’Europe : Atteindre nos objectifs (Brochure FR), Bruxelles, juillet 2021, p. 23
[51] « Questions et réponses: Le pacte vert pour l'Europe: Nouvelle stratégie de l'UE pour les forêts à l'horizon 2030 », loc. cit.
[52] « Bonn Challenge crosses the 150 million hectare milestone with pledges from Pakistan, Bangladesh, Mongolia and Sri Lanka », in International Union for Conservation of Nature (UICN), 10 mai 2017. En ligne
[53] Pomeroy, Robin, « One trillion trees - World Economic Forum launches plan to help nature and the climate », in World Economic Forum, 22 janvier 2020. En ligne
[54] « Trillion Trees Impact Report 2021 », Trillion Trees, consulté le 10/05/2022. En ligne : trilliontrees.org
[55] « 3 Billion Trees Pledge » (MapMyTree), Commission européenne, consulté le 07/05/2022. En ligne : environment. ec.europa.eu
[56] Carrington, Damian, « “Silver bullet” to suck CO2 from air and halt climate change ruled out », in Te Guardian, 1er février 2018. En ligne
[57] Bastin, Jean-François, Yelena Finegold, Claude Garcia, et al., « Te global tree restoration potential », in Science, vol. 365, no. 6448, 5 juillet 2019, pp. 76-79. En ligne
[58] Gonçalves, André, « Does Planting Trees Really Help Fight Climate Change? », in Youmatter, 31 janvier 2020. En ligne
[59] Buis, Alan, « Examining the Viability of Planting Trees to Help Mitigate Climate Change », in NASA - Global Climate Change, 7 novembre 2019. En ligne
[60] Fox, Alex, « Adding 1 billion hectares of forest could help check global warming », in Science (News), 4 juillet 2019. En ligne
[61] Carrington, Damian, « Tree planting “has mind-blowing potential” to tackle climate crisis », in Te Guardian, 4 juillet 2019. En ligne
[62] Buis, Alan, « Examining the Viability of Planting Trees to Help Mitigate Climate Change », loc. cit.
[63] Ibid.
[64] Gonçalves, André, « Does Planting Trees Really Help Fight Climate Change? », loc. cit.
[65] Carrington, Damian, « Tree planting “has mind-blowing potential” to tackle climate crisis », loc. cit.
[66] Buis, Alan, « Examining the Viability of Planting Trees to Help Mitigate Climate Change », loc. cit.
[67] Pennisi, Elizabeth, « Tropical forests soak up huge amounts of greenhouse gas. Climate change could end that », in Science (News), 21 mai 2020. En ligne
[68] Brienen, Roel et Emmanuel Gloor, « Across the world, trees are growing faster, dying younger – and will soon store less carbon », loc. cit.
[69] Buis, Alan, « Examining the Viability of Planting Trees to Help Mitigate Climate Change », loc. cit.
[70] « Can tree planting solve the climate change? », Fern : Making the EU work for people & forests, 1er juillet 2020. En ligne
[71] FAO/ONU, Termes et définitions : FRA 2020. Évaluation des ressources forestières mondiales 2020, op. cit., p. 6
[72] Heilmayr, Robert, Cristian Echeverría et Eric F. Lambin, « Impacts of Chilean forest subsidies on forest cover, carbon and biodiversity », in Nature Sustainability, vol. 3, no. 9, pp. 701–709, 22 juin 2020. En ligne
[73] McGrath, Matt, « Climate change: Planting new forests “can do more harm than good” », in BBC News, 22 juin 2020. En ligne
[74] Lock, Helen, « Why Tree Planting Is So Important in the Fight Against Climate Change », in Global Citizen, 23 juillet 2021. En ligne
[75] « Speech by President von der Leyen at Leaders' Event: Action on Forests and Land Use », Commission Européenne (Discours), Glasgow, 2 novembre 2021. En ligne
[76] voir le chapitre L’arbre comme moyen de subsistance (p. 204) réalisé par l’équipe de recherche dans le cadre de la rédaction de cet ouvrage
[77] « Can tree planting solve the climate change? », Fern : Making the EU work for people & forests, loc. cit.
[78] MacDonald, Mia, « Te Green Belt Movement, and the Story of Wangari Maathai », in Yes Magazine, 26 mars 2005. En ligne
79 « Une activiste camerounaise remporte le prix Wangari Maathai “Champions de la cause des forêts” 2022 », in ONU Info, 5 mai 2022. En ligne
[80] Vyawahare, Malavika, « Pourquoi la Grande muraille verte reste un projet au Sahel », in Les Echos PLANETE, 17 janvier 2022. En ligne
[81] Ritchie, Hannah, « Who has contributed most to global CO2 emissions? », Our World in Data, 1er octobre 2019. En ligne (mises à jour régulières), consulté le 12/05/2022
[82] Vidal, John, « “We know what to do: why don't we do it?” », in Te Guardian, 30 mai 2009. En ligne