SAAM Mag #1 - Français

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SAAM MAG

SWISS ASSOCIATION FOR AUTONOMOUS MOBILITY | NUMÉRO 1

GAME CHANGER

Comment les véhicules autonomes modifient le trafic en Suisse

ÉVOLUTION RÉGLEMENTAIRE

Comment la mise à jour récente de la LCR ouvre la voie au trafic autonome en Suisse

PERSPECTIVES EXCLUSIVES DE GRANDS PATRONS SUISSES

Jürg Wittwer (TCS)

Lara Amini (LOXO)

Christian Plüss (CarPostal)

Helmut Ruhl (AMAG)

Denis Berdoz (TPG)

« L A CONDUITE AUTOMATISÉE VA FAÇONNER LA MOBILITÉ DE DEMAIN »

Jürg Rötlisberger, Directeur OFROU

matières

Helmut Ruhl : « Le coût par kilomètre par passager est réduit d'environ 50 %. »

Christian Plüss : « Nous desservons les zones périphériques à l'aide de véhicules autonomes. »

Jürg Wittwer : « Les feux rouges deviendront superflus.

Éditorial

Chère lectrice, cher lecteur,

La Suisse se positionne à l'aube d'une nouvelle ère de mobilité. Les technologies de mobilité automatisée ont été éprouvées et sont déjà mises en œuvre avec succès dans plusieurs projets pilotes. La législation suisse a solidement préparé le terrain pour cette révolution.

Historiquement, la Suisse est reconnue pour son esprit d'innovation et ses percées technologiques. Actuellement, la demande pour de nouvelles approches en matière de mobilité est forte, et SAAM répond à cet appel en déployant ses solutions sur les routes du pays.

Prenons l'exemple des transports publics: plusieurs villes suisses ont expérimenté des navettes automatisées, et les résultats ont été très encourageants. De plus, ces innovations ont été chaleureusement accueillies par la population. La mobilité autonome ne se limite pas à améliorer l'efficacité ; elle joue aussi un rôle crucial dans la construction d'un avenir durable. Elle offre un accès simplifié et personnali sé aux services de mobilité et favorise le partage de véhicules autonomes, éten dant ainsi la mobilité jusqu'à un âge avancé.

Le secteur de la logistique n'est pas en reste. Les partenaires de SAAM ont mené à bien des projets pilotes et étu dient actuellement d'autres possibilités

dans le transport automatisé. Cela représente une excellente opportunité pour pallier la pénurie de main-d'œuvre qualifiée grâce à des solutions technologiques.

SAAM est reconnu comme le centre de compétence en mobilité automatisée en Suisse, réunissant des entreprises de premier plan prêtes à façonner activement l'avenir de la mobilité. Son influence dépasse les frontières nationales, s'étendant jusqu'aux États-Unis et en Asie. Ce réseau international est précisément l'une des grandes forces de SAAM, qui rassemble des experts du monde entier pour redéfinir la mobilité en Suisse et la rendre accessible à tous.

Je vous souhaite une lecture inspirante.

Hans Wicki
Président SAAM

« SAAM est le centre de compétence de mobilité automatisée en Suisse. »

La mobilité automatisée comme moteur du changement

La numérisation nous impacte profondément, ainsi que nos modes de vie, y compris la mobilité. Les certitudes auxquelles nous sommes attachées perdent leur sens et bien des questions restent encore en suspens. En revanche, il y a aussi des certitudes : Dans un siècle, la prospérité, la santé, l'éducation et la culture de notre société dépendront toujours des infrastructures, et seront liées à une mobilité accessible, durable, sûre et fiable. En tant qu'autorité de la circulation routière, il nous appartient de contribuer au développement de la mobilité future et de préparer les routes pour demain.

Dans ce cadre, la conduite automatisée ouvre de nouvelles perspectives et l'avenir de la mobilité se profile intelligemment. La mission de l'OFROU est d'exploiter pleinement les possibilités offertes par la numérisation et l'automatisation. Avec la révision de la loi sur la circulation routière et le projet d'ordonnance sur la conduite automatisée (actuellement en consultation), le Parlement et le Conseil fédéral montrent clairement leur soutien à cette grande tendance. Déjà en 2025, les potentiels des véhicules plus ou moins automatisés (niveaux d’automatisation 3 et 4)pourront être connectés et seront accessibles sur les routes suisses.

D'ici 2060, le véhicule entièrement automatisé (niveau d'automatisation 5) pourrait devenir une réalité incontournable pour la mobilité de demain. C'est ce que montre de manière frappante l'étude « Transports du futur 2060 » publiée par l'OFROU.

L'étude mentionnée présente trois scénarios pour l'avenir : « Révolution des services de mobilité collective » , « Révolution des services de mobilité individuelle » et « Evolution sans disruption ». Dans tous les scénarios, les véhicules automatisés occupent une place centrale.

« SAAM joue un rôle essentiel dans le développement de la conduite automatisée en Suisse. »

D’ici 2060, le nombre de kilomètres parcourus par les passagers devrait augmenter de 30 à 40 % par rapport à 2015. Il est donc crucial de maintenir régulièrement l'infrastructure existante en bon état. Les véhicules automatisés permettront une meilleure utilisation de l'espace routier existant, ce qui représente un effet secondaire positif : Les accidents, qui sont actuellement responsables de plus de 10 % des embouteillages, seront fortement réduits.

Dans le scénario de l’étude « Révolution des services de mobilité collective » , les auteurs présentent une mobilité assurée à 70 % par des navettes, bus et trains sans conducteur. La voiture individuelle et les transports

Jürg Röthlisberger Directeur de l’Office fédéral des routes OFROU

publics traditionnels perdraient leur position dominante. Le cas échéant, la politique et la société ne devraient plus imposer une fréquence coûteuse de transports publics pour une région ou un quartier, mais garantir la qualité de desserte. À contrario, la voiture retrouve sa place dans le scénario de la « Révolution des services de mobilité individuelle » , qui prédit des foyers sans voiture individuelle, celle-ci étant remplacée par des réseaux de taxis autonomes dont les familles se serviraient pour leurs déplacements. Le grand confort de se retrouver seul dans un véhicule, sans avoir à le conduire, pourrait presque doubler le nombre de kilomètres parcourus par les voitures par rapport à 2015. Dans le scénario « Évolution sans disruption » , les chercheurs partent de l’idée qu'il n'y aura pas de changements significatifs. Cela impliquerait que les ménages continuent majoritairement de posséder leur propre véhicule et que l'attachement émotionnel à la voiture personnelle reste important.

L'idée que des véhicules automatisés puissent circuler en continu et enchaîner les trajets est impressionnante. La mobilité pourrait ainsi devenir extrêmement efficace, ce qui entraînerait une baisse significative des coûts : l'étude prévoit une réduction d'environ 80 % par rapport à aujourd'hui.

Les trois scénarios montrent clairement que les défis de la mobilité future sont à la fois importants et captivants. À mon avis, la conduite automatisée va clairement jouer un rôle clé dans l'évolution de la mobilité de demain. Dans quelle mesure et de quelle manière la société et la politique

devront et voudront s'engager dans ce domaine, reste à découvrir. Il est crucial que nous, en tant que société, nous préparions à la tendance générale vers une automatisation et que nous entreprenions ce voyage ensemble. En tant qu'agence spécialisée, il nous incombe de garantir que l'infrastructure et la législation soient adaptées pour soutenir ces nouvelles technologies. Les possibilités en termes d'efficacité, de coûts, de sécurité et de disponibilité sont trop prometteuses pour être ignorées.

Nous devons exprimer notre sincère reconnaissance envers des organisations comme SAAM, car c'est grâce à leur engagement que l'acceptation des nouvelles technologies et des nouvelles offres pourra être maintenue. Et une acceptation sociale généralisée est une condition essentielle.

J'attends avec enthousiasme les changements à venir dans le domaine de la mobilité, qui prévoient une sécurité accrue, une meilleure compatibilité et une plus grande disponibilité, sans oublier d’en réduire les coûts. Je suis particulièrement ravi à l'idée du chemin que nous allons parcourir avec des partenaires tels que SAAM. n

Les 4 prérequis techniques pour la conduite automatisée

Les véhicules circulant sans conducteur sur les routes ne relèvent plus de la théorie depuis longtemps. La technologie a fait d'énormes progrès ces dernières années. Mais à partir de quand parle-t-on de véhicules autonomes ou à conduite autonome ? Ce texte apporte des explications détaillées à ce sujet.

Pour qu'une voiture puisse se conduire elle-même ou être automatisée, elle doit être équipée de commandes avancées et de systèmes basés sur l'Intelligence Artificielle (IA). Les capteurs, le LiDAR (détection et télémétrie par la lumière), les radars et les caméras permettent de saisir instantanément l’environnement du véhicule et de le gérer sans intervention humaine. Les trajets possibles, les panneaux de signalisation et les obstacles sont identifiés et permettent une navigation autonome.

Ainsi, les véhicules automatisés se déplacent avec moins de résistance que sous la direction humaine. L'idée de base est de rendre ces véhicules capables d’effectuer toutes les tâches de conduite dans toutes les conditions et dans divers environnements. Autant d’exigences auxquelles, dans la réalité, peu de conducteurs humains sont en mesure de faire face.

Le niveau d'automatisation (détails au chapitre suivant) peut varier, allant d'une assistance partielle à une capacité de conduite entièrement autonome, pour laquelle aucune intervention humaine n'est nécessaire. n

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Véhicule équipé du Drive-by-wire

Pour la conduite automatisée, le Drive-by-wire (DbW) est essentiel car il permet de contrôler électroniquement toutes les fonctions du véhicule. Il facilite l'intégration de systèmes avancés d'aide à la conduite (ADAS) et de fonctions de conduite autonome, car les commandes peuvent être transmises électroniquement de manière efficace et précise.

En éliminant les liaisons mécaniques, le système DbW améliore également la fiabilité, la sécurité et l'efficacité du véhicule, ce qui est crucial pour répondre à la complexité et aux exigences de la conduite automatisée.

La carrosserie du véhicule équipée de composants techniques

Pour se déplacer efficacement dans son environnement, un véhicule autonome est équipé d’un ensemble sophistiqué de capteurs, comprenant des caméras, des radars et des LiDAR (détection et télémétrie par la lumière).

Ces technologies travaillent en interaction pour assurer une détection complète de la position du véhicule par tous les temps, même lorsque la visibilité est réduite.

Contextualisation

La contextualisation désigne la capacité du véhicule à capter en temps réel son environnement et à analyser les données pour évaluer sa position.

Cette contextualisation implique le regroupement et l’analyse des informations provenant de divers capteurs.

Choix et manœuvres

Le véhicule fait des choix sur la base des données de ses capteurs et sur la contextualisation. Jusqu’ici, les systèmes de conduite automatisée dépendaient fortement de la cartographie. Mais les choses ont évolué : Grâce aux avancées de la technologie des capteurs, de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique, les véhicules automatisés modernes se déplacent toujours plus facilement « sans dépendre de cartes » préétablies.

Les 5 étapes de l’automatisation

Dans le langage familier, la distinction entre le terme de véhicule autopiloté, autonome ou automatisé est floue. En termes de réglementation, il est cependant crucial de bien comprendre la terminologie associée.

En Allemagne et aux États-Unis, les véhicules de niveau 3 d'automatisation sont déjà autorisés à circuler sur les voies publiques.

Avec la révision de la loi suisse sur la circulation routière, les véhicules de niveau 3 seront désormais autorisés à circuler également sur les routes suisses.

La Society of Automotive Engineers (SAE) préfère utiliser le terme « automatisé » plutôt que « autonome ». En effet, le terme d’« autonomie » suggère des capacités qui vont au-delà des aspects mécaniques et électroniques. Un véhicule véritablement autonome aurait ainsi la capacité de prendre des décisions de manière indépendante. Il pourrait par exemple changer de destination. En d'autres termes, l'intelligence artificielle amènerait les passagers à la plage plutôt que de les conduire au bureau.

En revanche, un véhicule automatisé suit strictement les instructions données tout en se déplaçant de manière autonome.

Les termes « autonome » et « automatisé » sont souvent utilisés comme synonymes, mais il existe une différence subtile : Un véhicule autopiloté peut se déplacer de manière autonome dans certaines situations, voire dans toutes ; mais il nécessite toujours la présence d'un passager humain prêt à prendre le contrôle. Les voitures autopilotées correspondent généralement aux niveaux 3 (automatisation conditionnelle) ou 4 (automatisation élevée) et sont sujettes à des restrictions géographiques, contrairement à un véhicule entièrement automatisé, qui n'est pas soumis à de telles limitations. n

Les 5 niveaux d'automatisation

0

Absence d'automatisation

Le conducteur ou la conductrice conserve quasiment le contrôle total.

1 Assistance à la conduite 2 Automatisation partielle

Le conducteur ou la conductrice est assisté(e) par le régulateur de vitesse et l'aide au stationnement.

Le véhicule assure différentes fonctions.

3 Automatisation conditionnelle 4

Le conducteur ne gère plus que des situations particulières.

Le véhicule se déplace de manière autonome et alerte le conducteur quand une telle situation se produit.

Sources : adaptation personnelle, inspirée par BFU 2019

Le conducteur a la fonction d’un surveillant mais n'a plus besoin de tenir le volant lui-même.

Le véhicule gère différentes fonctions comme le maintien de la distance et de la trajectoire.

Automatisation élevée 5 Automatisation complète

Le conducteur devient passager.

Le véhicule assume toutes les fonctions de conduite dans le domaine d'utilisation défini.

Le véhicule se déplace et roule de manière totalement automatique ; il est équipé ni de pédale d'accélérateur ni de frein.

Données et réalités de la mobilité en Suisse

18’396

accidents sur les routes suisses en 2022 1

241

décès sur les routes suisses en 2022 1 1

500’000

personnes en Suisse sont très limitées dans leur mobilité 1

4002

blessés graves sur les routes suisses en 2022 1

92,5 milliards

Coûts de transport en 2020 1

2 x

Le transport de marchandises a presque doublé 1 depuis 1980

91 %

des accidents de la route en 2023 sont dus à une erreur humaine 2

de coûts annuels dûs aux accidents de la route 3

50 %

des déplacements du domicile au travail en 2022 ont été effectués en voiture 1

20,8 km

26 %

Part des trajets logistiques à vide sur les routes suisses en 2021 1

14’926 km

Mobilité annuelle par personne et par an en 2021 1

84’868 km

Réseau routier suisse 2023 1

sont parcourus par les Suisses/Suissesses par jour en voiture 2021 1 Sources

1 bfs.admin.ch

2 runtervomgas.de 3 unfallstatistik.ch

Une meilleure sécurité et moins de véhicules sur les routes

Les avantages des véhicules automatisés sont nombreux. Si les véhicules sont électrifiés et transportent plusieurs personnes en même temps, ils contribuent largement à la transition de la mobilité.

« La transition de la mobilité ne signifie pas de passer à des embouteillages électriques. »

Robert Habeck (Ministre fédéral de l’économie et de la protection du climat en Allemagne, 20.8.2021)

Le graphique illustre l'impact positif des véhicules automatisés sur divers aspects tels que le stationnement, les coûts, et l'environnement, entre autres. L'accent est mis sur l'utilisation partagée (Sharing) de véhicules automatisés, notamment des navettes. Ces innovations représentent de véritables opportunités pour la mobilité, en particulier pour les transports publics.

Ce point a également été reconnu par Politique Suisse. Les taxis-robots ne sont pas forcément une priorité. L'accent est plutôt mis

sur l'utilisation de navettes, capables de transporter plusieurs personnes simultanément d'un point A à un point B, se rapprochant ainsi de l’offre de bus que nous connaissons aujourd'hui. Un autre avantage des navettes automatisées réside dans le fait qu'elles peuvent être commandées « à la demande » grâce à leur haut niveau de technologie. Cela signifie que l'utilisateur réserve la navette via l'application à l'heure qui lui convient. La navette combine ensuite les demandes de trajets, ce qui permet d'éviter les déplacements superflus.

(MaaS) : la mobilité comme service, un modèle d’avenir

L'avenir repose sur une offre de mobilité complète et personnalisée. Dans le débat entre le rail et la route, la révolution de l'automatisation routière offre, du moins en théorie, un plus grand potentiel pour améliorer l'efficacité, réduire les coûts et introduire des offres innovantes. Dans ce contexte et selon les scénarios de l'OFROU, le rail offrirait moins d'avantages. C'est pourquoi la promotion des transports publics routiers est importante, en les considérant comme une opportunité de développer les atouts des systèmes de transport public.

Pour cette raison, entre autres, le gouvernement suisse soutient fermement le concept de réseau de véhicules pris en commun (navettes/sharing) et le reconnaît comme une approche essentielle p our l'avenir des transports.

Le succès des nouveaux services de mobilité repose sur la réduction du nombre de véhicules personnels sans créer de trafic supplémentaire inutile. En d’autres termes, il s'agit de passer de la possession de véhicules individuels à des solutions de MaaS. n

La logistique, un modèle pour la Mobilité en tant que service

Photo : CarPostal

En plus du potentiel du secteur des navettes, celui de la logistique peut grandement bénéficier des véhicules automatisés. Les experts prévoient que le secteur des véhicules utilitaires passera directement du niveau 2 (semiautomatisé, avec assistance à la conduite) au niveau 4 (automatisation élevée) d'ici 2025.

En Suisse, en particulier, grâce à une excellente infrastructure ferroviaire et à des conditions géographiques uniques, il existe des opportunités pour des processus et services innovants. L'accent n'est plus uniquement mis sur les transports à grande échelle entre les centres logistiques (hubs). L'émergence de centres logistiques micro-urbains et la gestion du dernier kilomètre offrent des opportunités uniques et une nouvelle approche des chaînes de transport et des livraisons. Cela permettra d’améliorer l’efficacité des flux de travail dans le domaine de la logistique mondiale.

Ces avancées montrent comment une approche économique, associée à l'innovation technologique, peut révolutionner le secteur de la logistique. L'utilisation ciblée de véhicules automati-

sés permet non seulement de créer de nouveaux services, mais aussi d'optimiser considérablement les processus de transport et de livraison en Suisse. C'est une perspective prometteuse pour la mobilité des marchandises de demain.

En Suisse, les entreprises suivantes sont des références en logistique automatisée :

Embotech : En tant que leader des systèmes d'automatisation, Embotech révolutionne la sécurité, la productivité et l'efficacité énergétique d’usines dites « intelligentes », de plateformes logistiques et de ports grâce à ses logiciels et solutions innovants. Les principales applications incluent la coordination automatisée des véhicules, l'automatisation des flottes commerciales, ainsi que la robotique industrielle et la gestion énergétique. Ces innovations ne se contentent pas d'optimiser les opérations existantes ; elles ouvrent également la voie à de nouvelles opportunités révolutionnaires dans le secteur de la logistique.

Planzer Transport : L'entreprise de transport Planzer réinvente la logistique urbaine en zones denses grâce à diverses approches novatrices utilisant des véhicules automatisés de niveau 4. Grâce à l'utilisation de navettes cargo intelligentes et de consignes à colis mobiles automatisées, Planzer a pour objectif la distribution fine des marchandises en zones urbaines pour une efficacité sans précédent.

LOXO : L'entreprise LOXO, pionnière de la conduite automatisée, propose un service logistique complet incluant ses propres véhicules de livraison et des capacités de contrôle à distance révolutionnaires. Le « LOXO Alpha », est le premier véhicule entièrement autonome à circuler sur les voies publiques en Europe. LOXO élargit actuellement l'horizon de sa propre technologie, révolutionnant la conduite autonome sans carte.

« Certaines tâches répétitives ou peu attrayantes dans la logistique sont parfaites pour l'automatisation, transformant ainsi des défis en opportunités. L'essentiel est de voir cette technologie comme un complément précieux, et non comme un simple substitut. »

Nils Planzer

Les pionniers suisses ouvrent la voie grâce

à la nouvelle réglementation

Imaginez-vous conduire une voiture sans jamais toucher le volant ? En Suisse, ce sera bientôt autorisé.

Grâce à l’expertise de SAAM, l’OFROU a pu rédiger le nouveau chapitre de la loi sur la circulation routière, ouvrant la voie à une ère de mobilité novatrice.

La procédure de consultation étant clôturée, le Conseil fédéral présente désormais des propositions concrètes dans une ordonnance visant à réguler la conduite automatisée à l'avenir.

Avec la révision partielle prévue de la loi suisse sur la circulation routière, la Suisse se démarque sur la scène internationale, car la nouvelle législation rend les avancées révolutionnaires en matière de mobilité désormais possibles.

Grâce à la collaboration des entreprises partenaires de SAAM, des navettes autonomes, également appelées « bus sans conducteur », ont déjà été utilisées dans plusieurs villes suisses. Il s’agit notamment de Berne, Zoug, Genève, Fribourg, Sion, Schaffhouse ou encore Zurich. Ces navettes ont été conçues comme des projets pilotes qui ont été menés à terme avec succès. Le Conseil fédéral souhaite désormais réglementer l'utilisation des véhicules autonomes et autoriser leur exploitation commerciale.

Le lieu d'utilisation de telles navettes dépend des capacités techniques du véhicule. Partant de ce constat, les exploitants de navettes autonomes doivent démontrer que leur véhicule est capable de réaliser le trajet prévu de manière automatisée. En outre, un opérateur doit pouvoir intervenir à distance, car les véhicules autonomes doivent pouvoir s'intégrer sans heurt dans le trafic. Et, enfin, les parcours doivent recevoir l'approbation du canton.

Lire le journal plutôt que de tenir le volant

En Suisse, les véhicules automatisés peuvent déjà circuler sur des routes spécifiquement définies à cet effet.

« La proportion de la mobilité entièrement automatisée va croître au cours des cinq prochaines années. Cependant, il faudra encore de nombreuses années avant qu'une part significative et pertinente adopte cette nouvelle technologie. Je suppose qu'il y aura encore des solutions hybrides dans 20 ans. »

Toutefois, il s'agit de projets pilotes nécessitant une autorisation exceptionnelle de l'Office fédéral des routes (OFROU). Avec la nouvelle révision de la LCR, le Conseil fédéral souhaite désormais inscrire ce processus dans la loi afin de le simplifier. À condition que les exigences légales soient respectées, il ne sera plus nécessaire d'obtenir des autorisations exceptionnelles à l'avenir.

La nouvelle législation prévoit que le conducteur lâche le volant après l’activation du système d’automatisation (SAE niveau 3), bien que le Conseil fédéral n’ait pas encore défini dans quelles situations spécifiques ce sera autorisé. Tout dépendra des capacités techniques du véhicule et de la preuve que la sécurité routière et la fluidité du trafic sont garanties en permanence.

À l'avenir, ceux qui souhaitent profiter d'un véhicule de tourisme sans conducteur (SAE niveau 4) pourront s'installer dans des véhicules entièrement automatisés. À l'instar des États-Unis et de la Chine, ce sera bientôt une réalité en Suisse. Le Conseil fédéral envisage d’en donner l’autorisation sur des trajets spécifiques sachant que les véhicules automatisés peuvent réduire considérablement les embouteillages, voire les éliminer complètement.

Avantages par rapport à d’autres législations au niveau international Comparé à la législation européenne, le Conseil fédéral adopte une approche pragmatique pour la mise en œuvre de la loi révisée. Contrairement à l'Union européenne, le Conseil fédéral ne fixe pas de limite quant au nombre de véhicules autorisés. La Suisse n'exigera pas des constructeurs automobiles de fournir un rapport annuel sur les incidents spécifiques, ce qui encouragera davantage d'innovation et réduira la bureaucratie. De même, des dérogations à l'homologation de type de l'UE selon l'article 45 de l'ordonnance sur la conduite automatisée (OCA) peuvent être accordées si le fournisseur peut garantir un niveau de sécurité comparable du véhicule.

Un potentiel énorme en tant que composante de la mobilité publique

La Suisse bénéficie d'une infrastructure très développée, parfaitement adaptée aux véhicules automatisés. Le réseau routier est bien développé et entretenu, permettant une navigation et une communication fluides entre les véhicules. Et la Suisse possède un système de transport public performant, déjà largement adopté par la population. L'intégration de véhicules automatisés dans ce réseau pourrait rendre les transports encore plus efficaces, sécurisés et écologiques. n

Modifications de la loi sur

la circulation routière

(LCR)

Base légale Arrêté du 17 mars 2023 sur la loi de la circulation routière autorisant la conduite automatisée.

Ordonnances à modifier

Champ d’application de l’ordonnance

1. Ordonnance sur la conduite automatisée (OCA)

2. Ordonnance concernant les aides financières destinées à promouvoir des solutions innovantes pour la circulation sur la voie publique (OAFC)

Véhicule AVEC conducteur/conductrice (niveau SAE 3, 4) et un soulagement temporaire

Véhicule SANS conducteur/conductrice (niveau 4) + véhicules avec homologation UE/UNECE Itinéraires prédéfinis avec télésurveillance obligatoire (Dérogation pour des cas particuliers)

Petit véhicule SANS conducteur/conductrice Sans itinéraires prédéfinis, avec décharge pour l’opérateur uniquement pour les véhicules de petite taille et à faible vitesse

Véhicule SANS conducteur/conductrice (N5)

SANS itinéraire prédéfini - projets pilotes uniquement (Subvention de l’OFROU : CHF 2 millions/an)

Tronçon d’utilisation autorisé (art. 39)

Applicable au canton d’immatriculation : description du tronçon, confirmation de la conformité de conception opérationnelle (ODD), liaison radio fiable, concept d’exploitation, et certificat UE.

Révision de la loi sur la circulation routière

2025*

Entrée en vigueur

Fin 2024* Adoption

Oct. 2023 à fév. 2024

Consultation

Octobre 2023

projet préliminaire

Plusieurs modifications de la LCR entreront désormais en vigueur progressivement.

Les informations suivantes se rapportent aux articles relatifs à la conduite automatisée.

Printemps 2023

Approbation par le Parlement Novembre 2021

Adoption du message

*Prédictions

« Le coût par kilomètre par passager est réduit d’environ 50 % . »

L'Allemand Helmut Ruhl, qui a grandi en Franconie, est CEO du groupe AMAG depuis mars 2021, après avoir occupé le poste de CFO depuis 2017. Ce gestionnaire de la mobilité à succès considère que l'automatisation de la mobilité représente un changement de paradigme fondamental qui offre principalement des avantages économiques pour les clients.

Que pensez-vous de la mobilité automatisée : est-ce une opportunité ou un risque pour AMAG ?

La conduite autonome représente avant tout un changement majeur et diffère fondamentalement de la mobilité traditionnelle telle que nous l'avons connue jusqu'à présent. Il faut dire qu’au fil des ans, nos produits n'ont cessé de progresser, et l'électromobilité les a rendus beaucoup plus durables. Il est également important de rappeler que les systèmes d’assistance à la conduite ont déjà contribué à rendre la circulation beaucoup plus sûre par le passé, réduisant ainsi les accidents graves de 80 % au cours des 50 dernières années. La vision d'une conduite sans accident est désormais à portée de main grâce à des systèmes entièrement automatisés. D’autre part, l'intégration de systèmes autonomes dans le transport de personnes brouille les frontières entre les transports publics et individuels. Nous entrevoyons ici quelques nouvelles opportunités pour l'avenir.

Quelles sont les attentes des clients que la mobilité automatisée pourrait satisfaire ?

Les avantages principaux pour les clients résideront avant tout dans une réduction des coûts lorsque les systèmes autonomes seront pleinement opérationnels sans conducteur. Le coût par kilomètre par personne sera réduit d'environ 50 %, rendant les solutions de conduite entièrement autonome plus avantageuses que les transports publics ou que le même trajet dans sa propre voiture. En comparaison avec les transports publics traditionnels, les véhicules autonomes permettent naturellement des modèles commerciaux de covoiturage, où les passagers sont pris en charge là où ils se trouvent. L'avantage réside donc dans la possibilité de se déplacer de manière moins coûteuse et plus confortable qu'actuellement. Quelle que soit la situation, la mobilité automatisée doit s'intégrer harmonieusement à l'offre de mobilité déjà en place.

« Le groupe AMAG veut être à la pointe de l’actualité et savoir comment évolue l’acceptation sociale. Tout cela est coordonné par SAAM. »

Quand la mise à l’échelle de la technologie et de tels modèles commerciaux sera-t-elle possible ?

Il existe déjà des projets pilotes en Californie et à présent aussi en Europe qui sont réalisés dans des conditions météorologiques plus difficiles, comme ceux de VW MOIA à Hambourg ou de Holo, à Oslo, une entreprise à laquelle nous nous sommes associés. Les conditions météorologiques expérimentées dans ces régions existent également en Suisse. Dans les deux projets, les véhicules sont prévus pour circuler sans conducteur de sécurité à partir de 2026, ce n'est donc pas si loin dans le futur. Je suppose par conséquent que les véhicules autonomes qui circulent dans une plage opérationnelle spécifique seront disponibles également en Suisse au cours de cette décennie. Mais nous ne verrons certainement pas le niveau 5, l’automatisation complète, c'est-à-dire la capacité de s'asseoir dans la voiture et d'aller n'importe où, au cours de cette décennie.

Pourquoi l’entreprise AMAG s’engage-t-elle auprès de SAAM ?

La conduite automatisée est un sujet majeur qui est indéniablement en voie de réalisation. En conséquence, nous souhaitons approfondir nos connaissances sur le sujet et nous avons également investi dans Holo. Pour ce qui est de la conduite automatisée, les dispositions légales seront l'un des facteurs clés pour déterminer les modèles commerciaux possibles. À cet égard, nous sommes ravis de partager notre expérience pratique. Il est également crucial pour nous de comprendre les perspectives des régulateurs et de suivre les développements en termes d'acceptation sociale. Tous ces sujets sont coordonnés par SAAM, c'est également l'une des raisons pour lesquelles nous sommes

Entretien exclusif avec Helmut Ruhl, CEO Group AMAG

membres de l'association. Nous pouvons apporter notre contribution, tout en acquérant de nouvelles connaissances sur les idées de la Suisse en matière de mobilité autonome ou sur les nouvelles valeurs ajoutées potentielles pour les clients. Quoi qu’il en soit, nous espérons que dans le cadre de la régularisation, on créera les conditions nécessaires pour favoriser le développement de la conduite autonome également en Suisse.n

« Nous desservons les régions périphériques avec des véhicules autonomes. »

Christian Plüss occupe le poste de CEO de CarPostal depuis 2018. Il est aussi membre de la direction du groupe La Poste Suisse. Les SmartShuttles de CarPostal ont été les premiers véhicules automatisés au monde à être intégrés dans les transports publics. Dans cet entretien, le docteur en géophysique nous explique comment CarPostal prévoit son positionnement de pionnière dans le domaine de la conduite automatisée grâce à la nouvelle législation.

M.Plüss, quel rôle joue pour vous la mobilité automatisée ?

Nous sommes véritablement des pionniers dans le domaine de la conduite automatisée. CarPostal a été la première entreprise de transports publics à utiliser un bus autonome. Cette expérience passionnante que nous avons menée à Sion a malheureusement pris fin aujourd'hui. Pourtant, le sujet est d’une importance stratégique, car la conduite autonome fera partie intégrante des transports publics.

Mais quels sont les besoins clients auxquels vous pourrez répondre de cette manière ? Le plus grand potentiel réside probablement dans les régions périphériques. Nous pourrons améliorer les services de navette vers la gare

«

SA AM assure l’échange entre les projets et fédère les énergies. »

Entretien exclusif avec le Dr Christian Plüss, directeur de CarPostal et membre de la direction du groupe à la Poste

la plus proche ou vers le prochain arrêt d’une ligne de bus stratégique.

Cette nouvelle offre économique avec des véhicules plus petits que nous pourrons proposer ainsi nous permettra de développer les régions périphériques grâce aux véhicules autonomes. Pour les clients, l’offre de mobilité devient ainsi plus flexible.

À votre avis, combien de temps faudra-t-il pour que ce scénario devienne réalité en Suisse ?

Il est encore trop tôt pour avancer des délais. Nous espérons pouvoir lancer un projet pilote dans les années à venir pour évaluer les possibilités. En premier lieu, une telle offre doit pouvoir être intégrée comme une composante essentielle des transports publics. Une fois qu’elle sera opérationnelle, son expansion se fera naturellement, selon mon avis, car les avantages seront une évidence pour tous.

La politique fixe actuellement les conditions-cadres. Quelles sont vos attentes à l'égard du Parlement ?

Je me réjouis que la nouvelle loi sur la circulation routière soit désormais beaucoup plus

flexible. Dès l'année prochaine, nous aurons la possibilité d'introduire la conduite autonome à distance. Ce changement nous permettra de lancer des projets pilotes. Ensuite, si les expériences sont concluantes, il est probable que la législation s'améliorera progressivement vers une plus grande flexibilité. Par la suite, il sera essentiel d'obtenir le financement adéquat pour de tels projets dans les transports publics. Il ne nous sera pas possible de tout financer nous-mêmes. J’espère que nous obtiendrons le soutien et la coopération des milieux politiques.

CarPostal est un partenaire important de SAAM. Quelle est votre motivation pour cet engagement ?

L’association SAAM est extrêmement importante. Avant qu’elle ne soit fondée, de nombreux projets non coordonnés existaient en Suisse. Aujourd’hui, SAAM facilite l'échange entre les projets et fédère les efforts. Nous pouvons collaborer avec d'autres partenaires pour échanger et mettre en place des projets pilotes.n

Image : CarPostal
« Les feux rouges deviendront superflus. »

Dr

Jürg Wittwer est CEO

du Touring

Club Suisse (TCS) depuis 2016, le premier club de mobilité en Suisse avec 1,6 million de membres et 1’900 employés. Dans notre entretien il révèle pourquoi la conduite automatisée va révolutionner la mobilité, à l'instar de la révolution qui a eu lieu lors de l’avènement du train, de l'avion et de la voiture.

Quel est selon vous l'impact de la mobilité automatisée ?

La mobilité automatisée représente une révolution d’une importance comparable à celle de l’avènement des trains, des avions ou des voitures au siècle dernier. Aujourd'hui, tous nos déplacements d’un point A à un point B nécessitent qu’un humain soit le conducteur du véhicule. Et si l'on ne peut pas conduire soi-même, on doit supporter des frais supplémentaires pour les services d’un taxi ou autres services de transport. Outre ces coûts directs pour les clients, le modèle des services de transport actuel est souvent peu efficace car, cans la majorité des cas, le véhicule ne transporte que deux personnes : le conducteur et le passager.

Quelle est la plus grande valeur ajoutée ?

Les ordinateurs sont plus rapides et commettent moins d'erreurs que les humains. En conséquence, la communication entre les

véhicules sera meilleure et la circulation plus sûre. Dans le futur, les feux rouges seront superflus, remplacés par des véhicules qui détermineront rapidement et en toute sécurité qui a la priorité etc.

Quels sont les besoins clients que les véhicules automatisés peuvent satisfaire ?

Le TCS compte 1,6 million de membres. Autant d’utilisateurs de la route qui profiteront des avantages de la mobilité automatisée ; mais les membres du TCS ne seront pas les seuls, toute la population suisse sera concernée. L’avantage indéniable est la meilleure adaptabilité aux besoins individuels. Pour utiliser les transports publics aujourd’hui, je dois d'abord me rendre à l'arrêt le plus proche. Et, selon l'itinéraire, je dois changer de mode de transport. Du bus au train, changer de train, peut-être prendre aussi le vélo.

« Les véhicules automatisés vont révolutionner profondément notre manière de nous déplacer. »

Grâce aux navettes autonomes, il existe un service porte-à-porte abordable et flexible et j'atteins ma destination plus rapidement.

Ces navettes auront-elles un impact positif sur l'environnement ?

Il est difficile de prédire l'impact écologique de navettes ou de véhicules autonomes. Si tous les trajets sont effectués en navette avec une seule personne à bord, le bénéfice écologique sera nul, voire négatif. D'un autre côté, dans les transports publics actuels, il y a souvent un conflit entre des horaires très denses et des taux d'occupation très faibles en fin de journée. Surtout en dehors des heures de pointe. Il est donc impossible à l’heure actuelle de prédire le bilan global. Ce qui constitue un bon argument en matière de durabilité, c’est que très probablement les voitures autonomes seront électriques.

Entretien exclusif avec le Dr Jürg Wittwer, CEO Touring Club Suisse (TCS)

Quand verrons-nous des véhicules complètement automatisés sur les routes suisses ? En 2000, on disait que la conduite automatisée existerait en 2020. 23 ans plus tard, il est prévu que la conduite complètement automatisée fasse partie intégrante de nos routes dans environ vingt ans. On peut se demander pourquoi il faut attendre tout ce temps ? En réalité, le sujet est d’une complexité considérable. Le scénario futuriste où la voiture viendra me chercher devant ma porte pour me conduire à ma destination ne se réalisera probablement pas avant une vingtaine d’années.

Découvrez les moments forts de nos interviews en vidéo.

Image : TCS
Helmut Ruhl, CEO Group AMAG
Dr. Jürg Wittwer, CEO Touring Club Suisse (TCS)
Lara Amini, co-fondatrice de LOXO
Denis Berdoz, CEO Transports Public Genevois (TPG)
Dr. Christian Plüss, CEO CarPostal, membre de la direction du groupe La Poste

L’acceptation sociale est la clé du succès

L'acceptation sociale est cruciale pour l'introduction de la mobilité automatisée, car la confiance en une technologie est essentielle pour son adoption et son utilisation généralisée. La création d'une base de confiance ne sera possible que lorsque la société comprendra pleinement les nombreux avantages et les aspects sécuritaires de la mobilité automatisée.

Il est crucial que les individus se sentent en sécurité et perçoivent la technologie comme fiable pour apaiser leurs préoccupations concernant le contrôle et la sécurité. Une bonne acceptation sociale est donc décisive pour exploiter pleinement les avantages de la mobilité automatisée.

Les systèmes d'aide à la conduite et les fonctions de conduite automatisée ont le potentiel de renforcer la sécurité routière de manière significative si l’on considère que les erreurs humaines sont responsables de 90 % des accidents de voiture. Cependant, les véhicules automatisés suscitent toujours des préoccupations parmi la population. Selon une enquête menée par CARiD en 2018, deux tiers des répondants étaient en faveur d'une réglementation sur la mobilité automatisée, mettant ainsi en

lumière ces préoccupations.

Le dialogue est essentiel Du point de vue de SAAM, il est crucial d'établir un dialogue continu avec la société et de rendre compte des avancées technologiques ainsi que des enseignements tirés des projets pour renforcer la confiance. La collaboration entre l'industrie, les acteurs politiques et les opérateurs est essentielle lors de l’élaboration de stratégies de communication avec le public sur les opportunités et les risques des nouvelles technologies. Il est également important de faire savoir que ces technologies ne peuvent certes pas éliminer complètement les risques d'accidents, mais qu’elles peuvent grandement en réduire le nombre.

En outre, il faut mettre en avant la manière dont les informations peuvent être partagées et utilisées après un accident pour prévenir de futurs incidents. Une importance particulière est accordée à la sensibilisation du public aux avantages et aux impacts positifs des nouvelles formes de mobilité, tels que l'amélioration de la sécurité routière, la durabilité, la réponse aux défis de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, l'accès facilité aux zones rurales ; la promotion de l'inclusion et de la participation sont d’autres priorités qui occupent une place en vue. La communication seule de ces avantages n’est cependant pas suffisante ; il faudra aussi les rendre visibles, notamment aux usagers de la route qui préfèrent ne pas utiliser de véhicules automatisés, sachant qu’une sécurité renforcée grâce à la mobilité automatisée et les données de l'infrastructure de transport leur profiterait également.

Pourquoi l'acceptation sociale estelle à ce point primordiale ?

Le succès de la mobilité automatisée repose sur trois facteurs principaux : Technologie, régulation et acceptation sociale. Souvent négligé, le troisième facteur fait pencher la balance. Pour réellement progresser dans ce domaine, la société et les milieux politiques doivent adopter une attitude positive envers la conduite automatisée dans notre espace public.

Défi de communication :

Une part significative de l'acceptation sociale doit se focaliser sur la communication publique visant à dissiper les préjugés et à présenter de manière compréhensible les avantages de la mobilité autonome. Parallèlement, il s’agit de standardiser les termes utilisés. Les institutions gouvernementales telles que les pompiers et la police doivent également participer activement au débat sur la conduite automatisée, en plus de la population civile. En effet, ces acteurs ont un intérêt commun pour la sécurité et le bien-être du public.

Bien qu’il existe déjà différentes études sur l'acceptation sociale de la mobilité automatisée, celles-ci ne sont pas comparables entre elles et leur capacité à fournir des conclusions définitives est limitée. SAAM s'efforce en l’occurrence de promouvoir des études sur l'acceptabilité sociale utilisant une méthodologie simple et standardisée, afin qu'elles soient rentables et facilement réplicables.n

SAAM en bref

Depuis sa fondation en décembre 2020, l’association SAAM est devenue le centre principal de la mobilité automatisée en Suisse. Elle tend à rendre la mobilité future durable tout en soutenant la création du cadre réglementaire nécessaire pour la conduite automatisée. Opérant comme une plateforme d'échange et de collaboration entre ses membres, elle joue un rôle essentiel dans la coordination et le lancement de projets communs.

Si la Suisse a intégré la mobilité automatisée dans son paysage de transport aujourd’hui, la responsabilité en incombe en grande partie à SAAM, qui s'engage dans ce domaine depuis plus de trois ans. Les avantages de la mobilité automatisée sont de taille pour la Suisse. Elle rend la mobilité plus sûre et efficace et, en fonction de son utilisation, elle peut être plus respectueuse de l’environnement et plus économique. En plus de la réglementation et de la technologie, SAAM s’engage également à ce que les véhicules automatisés sur les routes suisses soient acceptés par la population et considérés comme une opportunité

Vision

Les véhicules automatisés représentent le futur de notre mobilité.

Mission

En tant que plateforme de premier plan en matière de mobilité autonome en Suisse, l'association SAAM vise à développer de nouveaux services de mobilité. Elle favorise le partage des savoirs entre ses membres, encourage la coopération dans des projets et participe activement à des projets politiques. n

Régulation

SAAM collabore avec les milieux politiques lors de l'élaboration de consultations favorisant une utilisation sûre des véhicules automatisés sur les routes suisses.

Acceptation sociale

SAAM démontre que la population est favorable à l’intégration de la mobilité automatisée et qu’elle comprend ses avantages.

Technologie

SAAM examine les solutions technologiques qui répondent le mieux aux besoins de la Suisse et s'efforce d'attirer de nouvelles entreprises technologiques innovantes pour des projets en Suisse.

« SAAM propose une plateforme de collaboration interdisciplinaire axée sur un objectif commun : Faire progresser les solutions de mobilité automatisées en Suisse. Selon moi, SAAM a rapidement identifié le potentiel permettant à la Suisse de jouer un rôle de leader dans le domaine de la mobilité automatisée à long terme. »

Forces unies : Les acteurs de la mobilité automatisée sous un même toit

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Projets en Suisse

Étude sur l’acceptation sociale

Examen de projets pilotes réalisés dans le passé avec des véhicules automatisés en conditions réelles pour évaluer l'acceptation et l'expérience des utilisateurs de ces services

Service porte-à-porte à Genève

Genève TPG Belle-Idée est un projet visant à intégrer le MaaS dans les services de transport existants, jetant ainsi les bases de cette initiative.

(voir aussi p. 38-39)

Service de navette à Schaffhouse

La ligne 13 est un service de bus automatisé reliant la gare Bahnhof Nord au nouveau quartier Stahlgiesserei à Schaffhouse, et elle est déjà largement plébiscitée par la population.

Achats automatisés

Avec « Migronomous powered by LOXO », le premier service de livraison autonome arrive sur les routes en Suisse, à Lucerne.

(voir aussi p. 36-37)

Dépôt de bus pour les bus sans conducteur

L’utilisation de bus automatisés dans les dépôts peuvent contribuer à réduire les accidents, à optimiser l'espace, et surtout, à économiser du temps de conduite et des coûts précieux, particulièrement en période de pénurie de conducteurs. Cette étude préliminaire réalisée à Fribourg établit les spécifications nécessaires pour un prototype.

Projets en cours

Projets terminés

Découvrez tous les détails de nos projets sur saam.swiss/projects

Service de livraison autonome avec LOXO

Avec « Migronomous powered by LOXO » , le premier service de livraison autonome arrive sur les routes suisses. Le projet, prévu pour un lancement en 2023, représente non seulement une première en Suisse, mais aussi dans toute l'Europe.

L'environnement de test du projet se situe à Ebikon (canton de Lucerne), où le « LOXO Alpha » assure le transport quotidien des commandes du supermarché Migros voisin vers le site de l'entreprise d'ascenseurs Schindler du lundi au vendredi.

LOXO Migronomous (Lucerne)

Entretien exclusif avec Lara Amini, co-fondatrice de LOXO

Lara Amini est co-fondatrice de LOXO et responsable du business lead de la start-up technologique bernoise. Titulaire d'un diplôme en génie chimique, elle a travaillé plusieurs années dans la recherche appliquée.

Pourquoi la logistique joue-t-elle un rôle crucial dans le domaine de la mobilité automatisée ?

La logistique est un domaine très vaste. Ce qui nous intéresse est le premier, le dernier et le moyen kilomètre. Chez LOXO, l’intérêt principal est dans la logistique urbaine, dans le « last-mile » et « middle-mile », où nous voyons un énorme potentiel dans les secteurs B2B et B2C. Les professionnels de la logistique ont en particulier besoin de solutions

évolutives, plus durables et économiquement raisonnables. Nous voyons le potentiel des véhicules autonomes dans la possibilité de s’en servir pour plusieurs usages différents.

Parlons de la régulation : Quels sont vos souhaits en matière de politique par rapport à votre modèle économique ?

Mon souhait serait que les cantons chargés de mettre en œuvre la nouvelle réglementation s’accordent sur les dispositions garantissant ainsi une utilisation uniforme des véhicules automatisés à travers tous les cantons, sans disparités. Il est essentiel d'aboutir à un consensus afin d'assurer une exécution uniforme dans tous les cantons.n

Découvrez le projet en vidéo.

Belle-Idée ULTIMO aux TPG

Ce projet pose les fondations d'un service porte-à-porte rentable grâce à l'utilisation de véhicules automatisés. Les connaissances acquises lors de ce projet serviront également au développement de nouvelles solutions de mobilité en tant que service (MaaS), destinées à s'intégrer dans les services de transport existants.

Projet financé par

Entretien exclusif avec Denis Berdoz, CEO Transports Publics

Genevois (TPG)

Denis Berdoz est CEO des TPG depuis 2015. Avant de rejoindre les TPG, il a dirigé une entreprise privée spécialisée dans les secteurs du transport et de l'énergie, qu’il a intégrée après avoir dirigé pendant 12 ans la division technique de Genève Aéroport. Auparavant, il a fait ses armes pendant une dizaine d'années dans l'industrie automobile.

Quels sont les défis que la mobilité automatisée peut relever ?

La mobilité automatisée pourrait représenter une réponse efficace à deux défis majeurs : la maîtrise des coûts et le manque de conducteurs, un problème courant dans notre entreprise ainsi que dans de nombreuses autres du secteur.

PROJET ULTIMO

Le projet ULTIMO vise à établir et à déployer à grande échelle les premiers services de véhicules automatisés (VA) dans les transports publics, en les rendant économiquement durables et adaptés aux besoins des passagers. Il met l'accent sur les services à la demande et le transport de porte à porte pour renforcer une mobilité durable, accessible et inclusive.

Le projet ULTIMO est en cours sur trois sites en Europe :

• Genève (Suisse)

Herford (Allemagne)

• Oslo (Norvège)

Budget : 5 6 millions d’euros, cofinancé par l’Union européenne et le S ecrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) de la Suisse.

Quelles sont les attentes des TPG concernant le projet ULTIMO ?

Aux Transports publics genevois (TPG), le développement des transports à la demande fait partie des priorités. L'objectif à long terme est d'intégrer des véhicules automatisés pour offrir à nos clients une flexibilité accrue qui tienne compte de leurs besoins changeants. Dans le cadre du projet ULTIMO, les attentes des TPG sont élevées. Nous prévoyons l'exploitation d'environ quinze véhicules automatisés financés par ce projet. L'intégration de véhicules automatisés dans notre flotte actuelle représente une opportunité significative pour développer des solutions à la demande et améliorer la qualité ainsi que l'accessibilité des transports publics dans notre région.n

Découvrez le projet en vidéo.

Foire aux questions (FAQ)

En quoi la mobilité automatisée favorise-t-elle les objectifs climatiques de la Suisse ?

La promotion de systèmes de transport automatisés, notamment dans les transports publics, favorise l'émergence de nouveaux concepts de mobilité grâce à l'utilisation de véhicules à faibles émissions. La desserte des trajets peut être optimisée et rendue plus efficace. La taille des véhicules peut être choisie de manière flexible en fonction du nombre de passagers et du parc de véhicules disponibles. L’utilisation partagée des véhicules (Sharing) réduit le trafic par rapport aux déplacements en voiture personnelle. De plus, l'intégration de la mobilité automatisée dans les processus logistiques permet d'optimiser les itinéraires de livraison, améliorant ainsi l'efficacité du transport des marchandises. Les autres bénéfices incluent des livraisons rapides et l'utilisation de véhicules électriques, ce qui contribue également à la réalisation des objectifs climatiques.

Quels sont les avantages et les défis pour les cantons et les villes qui veulent adopter des solutions de mobilité automatisée ?

Pour les cantons et les villes, la conduite automatisée présente de nombreuses chances : des gains en efficacité et de l'espace de stationnement, une augmentation de la capacité routière, de nouvelles manières de gérer le trafic, des plateformes intégrées permettant de combiner divers services de transport public et privé, ainsi qu'une amélioration globale de la desserte

grâce aux nouvelles offres de la mobilité comme service.

Cependant, des défis subsistent concernant l'infrastructure numérique, l'organisation de l'espace routier, les ajustements législatifs nécessaires, la possibilité d'augmentation des kilomètres parcourus et les stratégies de gestion du trafic. Les possibilités d'utilisation des véhicules automatisés doivent donc être intégrées dans une vision d'ensemble des transports, de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme.

La logistique urbaine sera-t-elle plus facile grâce à la mobilité automatisée ?

Dans les zones urbaines, où les services de livraison exercent une pression importante sur le secteur logistique et congestionnent les réseaux routiers, l'utilisation de véhicules automatisés contribue à un apaisement de cette situation. Ainsi, les flux de marchandises peuvent être regroupés et les trajets optimisés, ce qui réduit finalement le volume de trafic. La mobilité automatisée représente fondamentalement un défi pour le secteur de la logistique : Les responsabilités et les interfaces dans les processus de chargement, de transport et de déchargement nécessitent une redéfinition.

Comment la sécurité du trajet et l’interaction avec les autres usagers de la route sont-elles assurées ?

Les véhicules automatisés sont extrêmement sûrs grâce aux technologies de pointe. En outre, la législation suisse exige

une surveillance à distance. Un opérateur surveille constamment le véhicule et peut en prendre le contrôle à tout moment en cas d'urgence. De plus, les véhicules automatisés sont programmés avec une fonction pour minimiser les risques appelée « Minimal Risk Manœuvre » (MRM). Cette fonction de sécurité garantit que le véhicule s'arrête immédiatement en cas de problème.

L’utilisation de véhicules automatisés ne supprime-t-elle pas de nombreux emplois ? Par exemple, les conducteurs de camions, les conductrices de bus ?

Les véhicules automatisés ne remplaceront pas les transports publics, mais ils les compléteront. La mobilité automatisée offre l’avantage qu’avec une offre bien adaptée, il devient possible de renoncer davantage à l'utilisation d’un véhicule privé. Les conductrices et conducteurs de transports publics demeureront indispensables. De plus, la réglementation suisse sur la circulation routière exige qu'un opérateur surveille en permanence la flotte à distance. Néanmoins, le secteur souffre toujours d'une pénurie de main-d'œuvre qualifiée, rendant essentiel de prendre soin du personnel existant.

Quel avenir pour la conduite automatisée ?

L'avenir de la mobilité automatisée sera connecté et aussi exempt de combustibles fossiles. Lorsque l'on évoque la mobilité automatisée, c'est souvent sous l'angle de la technologie et de l'industrie. Cependant,

de nombreuses questions dépassant ce cadre se posent pour la planification urbaine et cantonale ainsi que pour les entreprises de transports publics. Quel impact les véhicules automatisés ont-ils sur la capacité des infrastructures de transport ? Devra-t-on construire des infrastructures nouvelles, différentes ou en quantité réduite ? Quelles adaptations juridiques seront nécessaires ? Quel rôle et quelle responsabilité incombent aux pouvoirs publics ? À qui appartiennent les données publiées ? Quelles offres de mobilité ont un véritable potentiel de marché ?

Il est indéniable que la numérisation et les technologies vont offrir de nouvelles possibilités de transport pour les personnes et les marchandises. La sécurité routière est renforcée et la société bénéficie d’une mobilité illimitée, grâce aux offres « À la demande »

Notre entreprise souhaite mettre en place un projet pilote. Quelles sont les démarches que je dois entreprendre ?

L'OFROU a publié un guide d'information pour le lancement d'essais pilotes de véhicules automatisés en Suisse. Pour plus de détails, veuillez consulter le site web de SAAM.

Où puis-je consulter les rapports des projets pilotes ?

Un aperçu des projets en cours et terminés est disponible sur le site web de SAAM n

Construisez avec nous l’avenir de la mobilité !

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Des questions ? info@saam.swiss

Martin Neubauer Directeur exécutif
Oliver Nahon Directeur des opérations
Martin Zahn Caissier

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2e édition : août 2024

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Éditeur

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Production vidéo et gestion de projet

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Concept, mise en page et graphisme Häberli zur Grafik Kirchbergstrasse 43 CH-3400 Burgdorf haeberlizurgrafik.ch

Merci beaucoup pour votre aide.

L’avenir de la mobilité est automatisé.

« La mobilité automatisée est une révolution d’une importance comparable à celle de l’avènement du train, de l’avion ou de la voiture. »

« Le sujet a déjà pour moi une importance stratégique. Nous ne savons pas encore précisément à quelle vitesse le changement se produira ni quelle en sera l'ampleur. Cependant, je suis convaincu que la mobilité automatisée arrivera et qu’elle deviendra une composante essentielle des transports publics. »

« Au cours des 50 dernières années, les accidents graves ont diminué de 80 %. Les systèmes entièrement automatisés permettent désormais de franchir une nouvelle étape : La vision d'une conduite sans accident est à notre portée. »

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