Klibres #1

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..> aux Restos du cœur Précarité : mode d’emploi

« On

apprend

à s’organiser, c’est tout » Thomas, 22 ans, est étudiant en licence de Droit à Nantes, où il suit 26 heures de cours hebdomadaires. Enfin, en théorie, car Thomas travaille 20 heures par semaine comme vendeur dans une chaîne de magasins suédois. « J’ai commencé cet été en contrat à durée déterminée. Quand on m’a proposé un CDI, je n’ai pas hésité ! » Il gagne ainsi près de 600 euros par mois, auxquels viennent s’ajouter une centaine d’euros d’aide au logement que lui accorde la Caisse d’allocations familiales. Travailler, pour Thomas, c’est un choix. Ses parents ont des revenus confortables, il n’a donc pas droit aux bourses du CROUS (Centre régional des œuvres universitaires et sociales). « J’ai toujours travaillé », affirme t-il. Serveur, vendeur de prêt-à-porter, cours particuliers. « C’est limite mais suffisant. Je réussis à avoir une vie culturelle et je profite pleinement du centre-ville. » « Le rythme n’est pas évident » Entre son loyer, les transports, les tickets RU, ses cigarettes, les sorties entre amis et les loisirs, Thomas avoue « s’en sortir sans problème, même si le rythme n’est pas évident ». Avec trois jours de travail salarié par semaine, il n’est pas souvent à la fac. Pourtant, Thomas place ses études en priorité. « On apprend à s’organiser, c’est tout. » Il a réussi à changer ses horaires de travaux dirigés et travaille à partir des manuels qu’il emprunte régulièrement à la Bibliothèque universitaire. « Pour l’instant, ça marche bien. Le jour où mes résultats en pâtiront, je lèverai le pied », conclut-il.

étudiants veulent travailler dans le cadre de leur formation (stages, vacations universitaires, internat hospitalier…) ou plus généralement pour valoriser leur CV, voire s’assurer un train de vie confortable (lire encadré), il n’en demeure pas moins que « la majorité d’entre eux est obligée de travailler ». Selon lui, on assiste depuis quelques années à « un véritable boom ». Les caisses des fast-foods et des grandes surfaces sont aussi familières pour les étudiants angevins que les amphis de l’Université.

ne sont pas boursiers, et même si c’est le cas, elles sont insuffisantes. » Beaucoup demandent une dispense d’assiduité afin de concilier leurs deux activités. Mais Antoine Lelarge n’est pas dupe : « Ce cumul d’activité entraîne une charge de travail considérable qui plombe les chances de réussite aux examens ». Ainsi, lorsque l’activité rémunérée -non intégrée aux études- est pratiquée à mi-temps ou plus et au moins six mois par an, les probabilités de réussite diminuent de 29% !

• Précarité. La précarité étudiante se traduit par l’échec ou l’abandon des études, par l’endettement, l’exclusion du système de bourse, par des problèmes de logement, de déplacement ou de situation professionnelle. • France. 107 000 étudiants sont en situation de précarité, soit 6,7% de cette population, et 22 600 en situation de pauvreté grave et durable. 80 000 demandent chaque année une aide exceptionnelle auprès du Fonds de solidarité universitaire (FSU). Près d’un étudiant sur deux a un emploi parallèle aux études. • Angers. 1 400 demandes de FSU en 2004 pour 30 000 étudiants. Source : OVE (rapport 2004)

“Étudiant ventre vide” Mise en place par le Secours populaire et la Fédération des associations générales des étudiants (FAGE), l’opération “Étudiant ventre vide” a deux objectifs : sensibiliser les étudiants à la précarisation grandissante de certains d’entre eux et mettre en place une collecte de tickets RU. Après quelques “cafouillages”, l’action a été lancée à Angers le 1er mars.

Consommation logement et cadre de vie (CLCV) au 02 41 87 58 42 Observatoire de la vie étudiante (OVE) sur www.ove-national.education.fr

« Le job plombe les examens » Et l’élu universitaire chargé de la vie étudiante de tempêter : « C’est un véritable problème, d’autant plus que beaucoup travaillent au black ». En effet, si les bourses sur critères sociaux sont allouées en fonction des revenus des parents, les aides au logement tiennent compte des ressources des étudiants. « Tous les étudiants

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