Klibres #3

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Décembre/Janvier 05-06

GRATUIT

MAG’ INFORMATIF ET CULTUREL DES ÉTUDIANTS ANGEVINS

Ne pas jeter sur la voie publik


K.LIBRES #3 - DĂŠcembre/Janvier 05/06


KREDO. redo

(Principes sur lesquels la rédaction de K.libres fonde ses opinions)

TV ou intox ? P

artout des images. A la télé, le bombardement les aimons car elles nous rassurent, nous déculpabilisent. est permanent. Tous les sujets sont investis. Ceux Pourquoi s’en priver ? Nous sommes fous de télé de toute qui choquent, mais aussi et surtout ceux qui façon. Si la télé c’est ça, on peut bien la regarder… culpabilisent : un flux incessant de zooms sur nos habitudes, Et nous ne faisons jamais rien d’autre que de la regarder sur nos faiblesses. Et nos dépendances. D’ailleurs, plus les cette fichue télé. Nous ne voulons pas la comprendre car images dépeignent nos intoxications, plus nous devenons en la regardant nous essayons de nous comprendre. Si en dépendants à ces images. plus, nous devons lire entre les Plus c’est gros, Contraints de les regarder, lignes… Et de là, naît tout le resdonc forcés de les accepter. te. Notre passivité face à toutes plus nous mordons Sans jamais les digérer. Nous ces choses qui y sont dites et n’en avons pas le temps, ni même l’envie finalement. Car ces décrites et que nous prenons pour argent comptant. Et plus images font bien plus que nous caractériser individuellement. c’est gros, plus nous mordons. Plus qu’une brève de compEn montrant aussi les autres, elles nous identifient collec- toir, un propos ultime : « Très démago, mais bon… » tivement. La mosaïque photographique en Une l’exprime. Les images tirées de reportages, documentaires, flash « …ça marche ». d’infos ou publicités pointent du doigt notre dépendance aux drogues. Mais leur diffusion incessante et les messages qu’elles véhiculent, traduisent plus notre addiction télévisuelle que nos comportements à risque. Ces images, nous La rédaktion

Extraits des séries photographiques “TV HA” : Simon Jourdan Couverture : Drugstore Dernière page : Sans titre 6712

Directeur de la rédaction et de la publication : Dimitri Perraudeau Rédacteur en chef : Olivier Juret Comité rédactionnel : Jac Guibert, Simon Jourdan, Olivier Juret, Jean-François Keller, Dimitri Perraudeau, Christophe Ricci et Ghislain Rouffinec Secrétariat d’édition : Ilsa Paretti et Ghislain Rouffinec Photographe : Simon Jourdan

K.libres, le mag’ gratuit des étudiants angevins Bimestriel - année 1 - numéro 3 - décembre/janvier 05-06 Contact : klibres_redac@yahoo.fr Ont aussi collaboré à ce numéro : Elsa Ajar, B-bô, Bruno Béchu, Yann Colin, Dj OP, Sylvaine Faligant, Samuel Lebrun, Antoine Lecaudey, Jean-Yves Lignel, Lolo, Laurence Mijoin, M. Patate, Mélanie Puel, Pascal Rabaté et Elodie Verdier Merci à Yves Cochet, Jef Rabillon et Olivier Roller Nous sourions aussi à Adrien Albert, Al Mayuk, Aurélien, Matthieu Chesneau, Jean-Philippe Colombet, Fabien Leduc, Morgane Lego, Mathilde, Pauline, Ronan Stephan ainsi qu’aux quatre fers de lance de la culture équitable et participative (Domitille, Françoise, Jean et Sophie)

K.libres est édité par : Association (loi 1901) “Diversités” 15 rue Daillière - 49 000 Angers Imprimerie : Groupe Renard - 138 route du Mans - 72 160 ARCONNAY Tirage : 10 000 exemplaires Dépôt légal : décembre 2005 ISSN 1774-122X La reproduction même partielle des illustrations et des articles parus dans K.libres est interdite. Tous les prix mentionnés sont non contractuels.

Concepteur graphique : Jac Guibert Responsable commercial : Elise Brielle (klibres_pub@yahoo.fr) K.LIBRES #3 - Décembre/Janvier 05/06


ases libres Kases

(Une aventure compartimentĂŠe pour de vrai mais totalement improbable)

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(Panel de sujets d’investigations, d’informations, pertinents, éprouvés et parfois surréalistes)

Kampus

mpagnie…

pp. 6 à 8 KOI DE NEUF

p. 9 K PRATIK

o Erasmus et c

Aide au projets étudiants : une aventure dont tu es le héros

pp. 10 et 11 KURSUS

Jerry nie les vices

pp. 12 et 13 DIAGNOSTIK

Les étudiants angevins brûlent les pla

pp. 14 et 15 KOI KI S’PASSE

nches

Festival Premie rs

Au-delà des fron

tières administra

pp. 16 et 17 ESKAPADES pp. 18 et 19 FIGURE LIBRE

plans :

tives de l’Europ e

on s d r a h c i R n o s Jack mobilier im jouera dans l’

pp. 20 et 21 KIDAM

Cités libres

Les Têtes Raides reviennent aux

Têtes raides

pp. 22 à 25 ZIK

L’Aglagla Festival : une deuxième édit

pp. 26 et 27 ÉKRAN TOTAL

Science-fiction / Anticipation : le futur vous rattrape

ion bien givrée !

p. 28 KATHODIK PRATIKANT

Quand la musique abrutit les mœurs…

p. 29 LEKTURES

Des nouvelles du front

p. 30 LUDIK

Go ! Sudoku : au secour s, je vois des chiffres partout

p. 31 à 33 C PRATIK

pp. 34 et 35 DÉKLIK

Lolo se la joue cuistot pour quatre potos et moins de 15 euros MP3 : j’en crois pas mes oreilles !

Le pic de Hubert ou la fin du pétrole bon marché

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de neuf neuf Koi de

(Adresse familière entre deux étudiants pressés d’être à la page)

Erasmus et compagnie…

« J’ai plus appris en un semestre qu’en sept ans de cours » « Un sombre bordel ». C’est ainsi que Romain Duris qualifiait les formalités à accomplir avant de s’envoler étudier à l’étranger, dans le film désormais culte L’Auberge espagnole. Des obstacles que Pauline Bressollette, étudiante à la Catho, a su franchir à deux reprises. K.libres : Aller étudier à l’étranger a très vite été une évidence ? Pauline : « Oui, dès ma première année à la Catho. Des étudiants sont venus témoigner sur leurs séjours. J’ai tout de suite été emballée. Mais il m’a fallu patienter deux ans avant de pouvoir tenter l’aventure. J’ai pris la direction de Leipzig en Allemagne, en septembre 2003. Pendant cinq mois, j’ai suivi des cours d’anglais par l’intermédiaire du programme Erasmus. »

concret. A ce propos, il faut faire super attention, dans les pays froids, à ce que le chauffage soit inclus dans le loyer. Sinon, ça peut devenir une source de conflit. » K.libres : Et si c’était à refaire ? Pauline : « Je le referais sans aucune hésitation ! Ça responsabilise. Après une telle expérience, on a davantage confiance en soi et même une certaine fierté d’avoir découvert de nouveaux horizons. Au final, les relations avec les gens sont facilitées, car on apprend à s’ouvrir, à se prendre en main. Au-delà du bagage purement scolaire, c’est surtout une très belle expérience humaine. » Interview Olivier Juret

K.libres : Un séjour à la hauteur de tes espérances ? Pauline : « Mieux que ça ! D’un point de vue scolaire, j’ai acquis de nouvelles méthodes de travail. Là-bas, la pédagogie est complètement différente. Les profs favorisent le travail personnel et les exercices en groupe. » K.libres : Et tu parles désormais couramment l’allemand… Pauline : « Forcément. Le plus souvent, on s’est retrouvé entre Erasmus, et puis de fil en aiguille avec des Allemands. Entre nous, on ne parlait qu’en allemand. Il y avait bien quelques Français, mais j’évitais de passer trop de temps avec eux. Sinon, autant rester en France. J’ai plus appris en un semestre qu’en sept ans de cours. » K.libres : Autant de raisons de récidiver et de s’envoler vers le Canada pour un an ? Pauline : « Dès la rentrée suivante, j’ai profité d’un autre programme d’échange. Mais je n’étais pas tout à fait dedans. Je crois que tout s’est trop vite enchaîné. En plus, Halifax est une toute petite ville. Ceci dit, ce fut une très bonne expérience. J’ai beaucoup mûri. »

« J’évitais de passer trop de temps avec les Français » photo Simon Jourdan

K.libres : Au contact du froid notamment… Pauline : « Il faut bien s’informer sur le pays où l’on va, notamment par l’intermédiaire des fiches de renseignements que les étudiants laissent à leur retour. Je m’étais pris un appart à une demi-heure à pied de l’université. On m’a prévenue qu’il faisait très froid l’hiver. J’ai dit que je le savais… mais pas à ce point ! De novembre à avril, c’est en moyenne plus d’un mètre de neige et des températures qui avoisinent les - 20°C. J’ai rapidement déménagé dans une colocation à seulement trois minutes de la fac. » K.libres : Le remake de L’Auberge espagnole ? Pauline : « C’est exactement ça. J’engage tout le monde à prendre une colocation plutôt que d’intégrer une résidence universitaire. « T’as pas vu le fouet ? Passe-moi la casserole » : c’est comme ça qu’on apprend le

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Coûte que coûte Les coûts engendrés par une telle aventure ne sont pas sans refroidir quelques étudiants à l’esprit résolument baroudeur. Mais afin de couvrir une partie des frais additionnels liés au départ, quelques aides financières spécifiques sont disponibles. Parmi les plus connues : l’allocation de mobilité du programme européen Socrates-Erasmus, qui oscille entre 60 et 80 € par mois. Le Conseil régional met aussi la main à la poche avec de 76,50 € à 153 € par mois. Tout étudiant boursier sur critères sociaux a par ailleurs la possibilité de demander une aide complémentaire d’un montant mensuel de 389 €. O.J.


Le choc des cultures V’là la prog…

« La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie, c’est mon père qui me l’a dit », «Alice, ça glisse au pays des merveilles » et blablabliblablapatatipatatalochod… Avec tous ces intellectuels, on ne s’y retrouve plus. Mais qu’est devenue la culture équitable et participative ? D’après nos dernières informations, elle se serait nichée depuis la rentrée quelque part sur les hauteurs de la fac Saint-Serge. L’Espace culturel y dispenserait aux yeux et aux oreilles des étudiants une culture “moultipass” (voir ci-contre).

Et bien, nos sources nous laissent à penser que les camarades de BelleBeille pourront à leur tour entrer dans la résistance dès le début 2006. Avec L’Astrolabe, la culture s’est trouvée un nouveau QG étudiant à la suite du pacte du CLOUS et de l’Espace culturel. Après quelques aménagements de circonstance, les réalisations artistiques des étudiants, artistes du cru et des peuplades voisines, raviront la Madame et le Monsieur. Dj OP

Monsieur Mockinpott De Peter Weiss, Cie du Détour, mise en scène de Loïc Méjean (dans le cadre d’une résidence à l’Espace culturel)

Decembre Janvier

- Jeudi 15 à 20h30 / Les Zygomatiks (théâtre d’impro) - Jeudi 12 à 20h30 / Les Zygomatiks - Vendredi 13 à 20 heures / Concert organisé par Radio Campus Angers (TP 4 €,TR 3 €) - Samedi 14 à 20h30 / Le mâle effet, de Jean-Christophe Astoul - Cie BUPS Théâtre. (TP 7 €,TR 5 €) - Mardi 17 à 20h15 / Animations en partenariat avec l’association Cinémas d’Afrique (entrée libre) - Mercredi 18 à 20h30 / Michel Thion (poésie) et Alfred Spirli (musicien), en partenariat avec l’association Le chant des mots (entrée libre) - Du 20 au 29, l’Espace culturel, partenaire du Festival Premiers plans, édite un programme spécifique

C’est quand ? -R épétitions ouvertes à tous : le 7 décembre de 10 heures à midi, le 8 de 15 à 18 heures, le 9 de 15 à 18 heures, le 12 de 15 à 17 heures et le 13 de 15 à 17 heures -R eprésentations : le vendredi 16 décembre à 20h30, le samedi 17 décembre à 20h30 et le mardi 10 janvier à 20h30. Entrée : 5 €. Réservations auprès de l’Espace culturel.

Espace culturel de l’Université - 4, allée François Mitterrand.Tél. : 02 41 96 23 96 photo Jean Birotheau

La grille de programmation de Radio Campus Angers est amenée à évoluer dans les mois à venir étant donné que la radio étudiante émettra 24/24 à partir du 1er janvier. (www.radiocampusangers.com)

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de neuf neuf Koi de

(Adresse familière entre deux étudiants pressés d’être à la page)

Tous les moyens sont bons pour parler prison Le CNOUS organise en partenariat avec le Groupement étudiant national d’enseignement aux personnes incarcérées (Genepi), plusieurs concours nationaux destinés aux étudiants sur le thème des “Prisons”. Les épreuves sont à déposer avant le 10 mai 2006, sauf pour le concours de la nouvelle, avant le 15 mars. Nouvelle : rédiger et dactylographier un récit de 2 500 mots maxi. Bande dessinée : présenter une histoire d’une à deux planches A4, avec ou sans texte. Film court : réaliser une œuvre sur support vidéo d’une durée de cinq minutes maxi. Photo : envoyer une à deux photographies, légendées ou non, en couleur ou en noir et blanc, argentique ou numérique (sans trucage), de format 18x 24 ou 20x30. Délégué action culturelle du CROUS de Nantes (02 40 37 13 28) - 2, bd Guy-Mollet - BP 52 213 - 44 322 Nantes cedex 3

Deux des plus illustres auteurs de bandes dessinées du cru, Etienne Davodeau et Pascal Rabaté, exposent respectivement 200 de leurs planches originales jusqu’au 23 décembre à la bibliothèque universitaire de Belle-Beille. L’entrée est libre du lundi au samedi de 9 à 19 heures.

Tu prends ton manteau, on s’en va... Les conférences de l’Université permanente et pour tous 12 janvier / “Désaccords et management participatif”,Valérie Billaudeau 26 janvier / “Histoire du transport aérien”, Alain Parenteau 2 février / “Les zones humides” 9 février / “Histoire de la civilisation musulmane” (du 7e siècle à nos jours), Mustayeen Khan De 18h30 à 20 heures à l’UFR de droit, amphi Lagon 3 euros Contact : www.univ-angers.fr/universitepermanente

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Rancard Le 31 janvier de 13 à 15 heures : conférence “Métier ouverts aux littéraires” (SUIO), UFR lettres, langues et sciences humaines

Ça s’passe à la Catho Décembre

Janvier Lundi 9 / Conférence du cycle “Art & Culture” : “De la plume au pinceau, l’Imaginaire du Livre : représentations et symboles” par Marie-Claude Rousseau, à 18h30 à l’amphithéâtre Diès, Présence des Arts Contact : Présence des Arts

Du lundi 9 au lundi 25 / Exposition sur “Le livre dans l’art” à la bibliothèque. Entrée libre Contact : Présence des Arts

Jusqu’au vendredi 16 / Exposition “Autour de la Séparation, une querelle d’images” (caricatures et documents d’archives) Contact : Présence des Arts - 02 41 81 66 77

Vendredi 20 / Conférence “La crise du sens de l’histoire” par Fred Poché à 15 heures, salle Jean-Brière, Cours Vermeil de Théologie. Contact : Faculté de Théologie - 02 41 81 66 22


pratik K. pratik

(Vivre son campus, de la théorie à la pratique)

Aide aux projets étudiants :

Le maître du jeu : Dimitri «Obiwan» Perraudeau

Tu es étudiant. Tu as un projet. Sache qu’il existe des dispositifs de financement pour réaliser tes rêves. Comment faire ? Nous allons t’aider à résoudre cette question. Es-tu prêt à relever le défi ?

Une aventure dont tu es le héros

Chapitre 1 :

C

Prélude

’est la nuit. Il fait froid. Ta seule arme : ton courage. Tu veux être le héros de cette aventure, alors passe par le chapitre 2.

Vois sur ton chemin…

Chapitre 2 :

C

’est ici que tout commence… Mais déjà, tu dois faire un choix car deux chemins s’offrent à toi. Si dans ta poche, traîne une carte étudiante et que ton projet a pour but de divertir tes congénères étudiants, va au chapitre 3. Si tu comptes œuvrer pour la vie culturelle et associative de ta cité, c’est chouette mais ce n’est pas le propos ici. Cette aventure s’arrête là pour toi. Ceci dit, tout n’est pas pour autant perdu. Téléphone donc à la direction départementale de la Jeunesse et des Sports au 02 41 24 35 35. Demande Virginie Brohan, conseillère d’Education populaire et de jeunesse. Elle saura t’aiguiller.

Chapitre 3 :

L’universitaire modèle

L

es TD ne te suffisent pas.Tu rêves par exemple d’enregistrer un disque avec ton groupe de punk rock métal et de faire une tournée sur les campus. Peut-être l’Université, le CROUS, la Mission jeunesse peuvent-ils t’aider à le réaliser en te procurant des moyens financiers, matériels ou logistiques. Pour ce faire, tu dois d’abord remplir une condition : savoir écrire (tu sais écrire, va au chapitre 4. Sinon, prends la direction du chapitre 5).

Chapitre 4 :

Le crayon magique

R

appelle-toi la meilleure dissertation que tu as fièrement rendu à ton prof de tectonique des plaques minéralogiques : elle te servira pour la rédaction des dossiers de demande de subventions dans le cadre du FSDIE, de la bourse Culture Action du CROUS et de la subvention allouée par la municipalité via la Mission Jeunesse. Le premier dossier est à retirer à l’Espace culturel (Tél. : 02 41 96 23 96) et le deuxième auprès de Mme Watelet du CLOUS (à déposer avant le 15 janvier à la Cité U Couffon-Pavot, rue Léon-Pavot. Tél. : 02 41 88 76 68). S’agissant de la Mission Jeunesse, il n’y pas de document type. Ce n’est pas une raison pour ne pas travailler un tantinet le dossier que tu remettras à Josiane Jousset au 2e étage du 19 de la rue David-d’Angers. Entraîne ta main qui te sert de porte crayon car un bon dossier, c’est un dossier bien ficelé et conséquent. Et surtout, continue l’aventure au chapitre 6.

Chapitre 5 :

Moche comme un poux

I

l aurait peut-être fallu se préoccuper de ce problème d’écriture avant.Tu fais sans doute partie de ces gens qui encombrent les amphis et prennent en otage les copies dont se serviraient à bon escient de vrais étudiants. Tu peux sortir la tête basse et le regard baveux.

Chapitre 6 :

Le guerrier rugissant

A

ce niveau de l’aventure, tu as capitalisé un maximum de points d’énergie mentale (on t’a encouragé à poursuivre ton rêve, à y croire. Bref, t’es blindé). Ta force physique est au plus haut (le millier de photocopies demandé a sérieusement musclé chacun de tes dix doigts). Tu peux donc te rendre, le cœur vaillant, aux différents rendez-vous fixés sur convocation et après examen de ton dossier : - à l’Université d’Angers dans le cadre du FSDIE. Ça se passera les 2 février, 16 mars et 18 mai prochains à la présidence à Saint-Serge - au CROUS à Nantes, en février ou en avril pour la bourse Culture Action (à la gare prendre le tram n°1 direction François-Mitterrand jusqu’à l’arrêt Commerce, puis prendre le tram n°2 direction Orvault-Grandval et s’arrêter à l’arrêt Petit port français. Et voilà, tu y es !). Un moment où le mot solitude prend toute sa signification : une bonne grosse quinzaine de personnes t’écoutent parler, les yeux rivés sur les gouttes de sueur qui perlent sur ton front. Ça fait peur mais ça passe vite…) - à la Mission Jeunesse, rencontrer Josiane Jousset, ou tous les mercredis au Centre information jeunesse de 14 à 17 heures (5 allée du Haras. Si tu trouves pas, téléphone au 02 41 87 47 47) Voilà, une fois que tout ça est fait, rendez-vous au dernier chapitre.

Chapitre 7 :

La victoire en chantant

B

ravo à toi petit scarabée. Tu as peut-être réussi à convaincre de la pertinence de ton projet. Si tel est le cas, tu es un véritable héros. Sinon, dommage ! K.LIBRES #3 - Décembre/Janvier 05/06


Kursus

(Succession d’étapes théoriques pour prétendre à une “carrière”)

Jerry nie les vices

photo Simon Jourdan

- Etudiant sans-papiers, Jerry joue au citoyen modèle à Angers -

« Sans papier donc sans droit. Sans droit donc écrasés par l’Etat (…). » En 1997, le collectif de rap 11’30 contre les lois racistes décrit le quotidien des sans-papiers dans l’hexagone et l’attitude des autorités de la République à leur égard. A l’époque, le forcing contre les expatriés est orchestré par les lois Debré et Pasqua. Presque dix années plus tard, la réalité des sanspapiers en France est toujours digne d’une grande embrouille politico- médiatique.

Q

u’importe, Jerry lui, aime bien vivre en France. Même illégalement... Ce fiston du bled au rire facile vient tout juste d’avoir 19 ans. Jerry, bien sûr, ce n’est pas son vrai prénom. Quand se pose la question d’en trouver un autre pour l’article lors de l’entretien, il se marre et en profite pour lancer à pleine dent : « Je voudrais m’appeler Jerry ». Comme Jerry Lee Lewis ? « Bah non, comme Tom et Jerry bien sûr » s’esclaffe-t-il… A peine 5 minutes et l’on comprend que le gamin ne tient pas à ce qu’on se lamente sur son sort. La République des braves

A vrai dire, lui ferait presque semblant de s’en foutre. Au moindre contrôle d’identité, il risque pourtant la reconduite à la frontière. Depuis 4 ans, Jerry se trouve sur le territoire sans titre de séjour. Ce n’est pas faute d’en avoir demandé. Il attend en ce moment une décision de la préfecture sur un recours gracieux opéré par son avocate il y a quelques semaines. Tout ça pour quoi, pour avoir le droit de suivre une scolarité en France : « Un modèle du genre. Là-bas au Maroc, on n’a pas les mêmes moyens. Ni les mêmes débouchés ». Etranger cherche papiers pour étudier en France.

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Originaire de l’Est marocain, Jerry y vit « une enfance normale ». Avec ses parents, il habite une petite maison. Il est l’aîné d’une famille de trois enfants. Et rien dans sa situation ne laisse suggérer l’impératif d’un départ à l’étranger.

des affiches… ». Mais les écoles de graphisme coûtent trop cher, alors il s’inscrit en fac à BelleBeille et bosse le soir pour se mettre à niveau. Il squatte en ce moment l’appartement d’un de ses proches à Angers.

Responsable mais pas coupable

Etudiants, vos papiers !

Sauf qu’une partie de la smala s’est offert un avenir hors du Maroc. Alors pourquoi pas lui ? En août 2001, à l’occasion de vacances en France dans la famille, on lui apprend qu’il est déjà inscrit dans un des collèges du département. Les parents sont de mèche. Il n’a plus qu’à signer. Alors que sa famille repart, lui joue le jeu et décide finalement de rester. Sa scolarité en France ne pose pas l’ombre d’un souci. Elève modèle ? Affirmatif. Après avoir décroché le brevet, il s’atèle au bac. Direction les années lycée. Il décroche un bac S, cuvée 2005, motivé comme deux à l’idée de tout faire pour devenir un jour pilote de chasse… Ou illustrateur. « Faire du dessin, ça me botterais. Des pochettes CD,

A entendre Jerry, tout semble simple et finalement assez marrant. On pourrait penser que la vie d’un étudiant étranger en situation irrégulière pose quelques problèmes au quotidien. Ouvrir un compte en banque. S’inscrire à la fac. Passer le permis. Ou simplement manifester. Toutes ces choses qui suggèrent d’avancer en pleine lumière. Mais à l’énoncé du problème, Jerry se défend : « J’évite de penser à chaque minute que je suis sur un siège éjectable. J’essaye juste de faire gaffe à ne pas me faire trop remarquer ». Il ne va pas en teuf ’ et évite de traîner le soir dans la rue. « On ne sait jamais, un contrôle d’identité est si vite arrivé. »

Etranger cherche papier pour étudier en France

Dimitri Perraudeau


David Picherit,

aventurier doctorant Aventure humaine, découverte du monde et études peuvent se concilier. La preuve avec David Picherit, aventurier doctorant qui a vécu deux ans et demi en Inde. Entré en ethno à Paris X, après avoir erré une paire d’années dans les couloirs de la fac d’AES (Administration économique et sociale) à Angers, David Picherit mène actuellement une thèse sur la circulation des travailleurs en Inde1. En maîtrise, il débarque « par hasard et pour six mois » dans le sud de l’Inde, « dans l’État d’Andhrapradesh ». Les premiers contacts noués dans la rue, lui permettent de passer cinq mois dans une usine. Il étudie et observe alors les marchés des migrants indiens, « où l’on tâte les dents et les muscles de ceux qu’on embauche à la journée ». Ce thème dirigera ses recherches pour le doctorat. Travailler pour rembourser

« 7% seulement de la population ouvrière travaille dans des usines protégées par la loi ». Les

autres comme les paysans doivent cultiver le multi emploi. Quant au travail des enfants, David explique qu’il est « difficile de savoir à partir de quel âge un enfant peut être considéré comme travailleur : quand il participe à l’économie domestique ou lorsqu’il est esclave dans un atelier ». La recherche de David s’est ensuite recentrée sur les travailleurs migrants. Embauchés par des recruteurs de manoeuvre qui les ont endettés, ils remboursent par leur travail, une dot, un mariage… Hiérarchie et rapports de force

L’ethnologue en herbe a aussi scruté les liens sociaux dans les villages : qui sont les grands propriétaires et les responsables politiques issus des hautes castes ? Comment se matérialisent leurs rapports avec les basses classes qui vivent - ou subissent la mondialisation à travers l’expérience répétée des migrations nationales et internationales ? Et David de conclure : « Les rapports de force dépassent le cadre de l’emploi car les puissants assurent également une forme de protection sociale aux travailleurs journaliers ».

photo David Picherit

Thèse de doctorat d’ethnologie au laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative de l’université de Nanterre-Paris X

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L’association des jeunes études indiennes regroupe les étudiants qui travaillent sur l’Inde de la maîtrise au post-doctorat (www.ajei.org)

Christophe Ricci

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iagnostik Diagnostik

(Isoler les symptômes d’une situation inconnue et la raisonner)

Les Les Etudiants Etudiants angevins brUlent les les plancheS plancheS brUlent Le monde du théâtre étudiant est en pleine ébullition. Les quelque 300 membres des troupes qui sévissent chaque année sur les campus angevins, planchent assidûment sur leurs différents projets avant les festivals de fin d’année. Dossier réalisé par Elsa Ajar

Obtenir un local de répét’ : la galère des Tréteaux

A

Angers, la plupart des troupes de théâtre répètent dans leur établissement, sans contrainte horaire. Sauf une. « Ça fait quatre ans que je suis là : quatre ans qu’on galère ! » Sophie Génot, présidente des Tréteaux de l’Université, association de théâtre dépendant de l’Université, se souvient encore des salles d’examen en préfabriqué à Belle-Beille. Il fallait pousser les tables numérotées et veiller à les remettre en place une fois les répétions terminées. Le rituel est dépassé, les préfas n’étant plus aux normes. Mais trouver un lieu correct pour répéter est toujours un casse-tête. Deux créneaux par semaine pour 90 adhérents

Quand la Maison des étudiants (MDE) s’est ouverte à Belle-Beille, dans les années 90, les étudiants acteurs y ont vu la fin de leur précarité. Trop tôt. Les salles de la MDE ont surtout été attribuées aux services de santé. « Il reste une salle, mais trop étroite. Alors, on répète dans le hall, pas très bien chauffé. La lumière n’est pas adaptée, et surtout, il y a du passage. » Nouveaux espoirs en 1998 quand l’Amphigouri (devenu aujourd’hui l’Espace culturel) sort de terre à Saint-Serge. « On nous a dit qu’on aurait enfin notre local. » Mais les Tréteaux n’ont finalement que deux créneaux par semaine… pour 90 adhérents ! Motif ? Sécuritaire. « La fac n’a pas les moyens d’embaucher quelqu’un qui fermerait la porte derrière nous », déplore Sophie. Nouveau problème l’an dernier quand l’association passe de cinq à huit troupes. Elle donne l’alerte au CLOUS qui lui prête un local dans la résidence universitaire René-Rouchy. Reste une crainte : « A la moindre trace qu’on laisse, on nous l’enlève ». En relation avec le public étudiant, Séverine Hamelin, du Nouveau Théâtre d’Angers (NTA),

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confirme : « C’est bizarre, j’ai toujours connu les Tréteaux avec des difficultés pour trouver un local. Par le passé, c’était surtout lié à un manque de volonté de l’Université, mais aujourd’hui ? ». L’espoir de la Maison des services

Les espoirs reprennent avec le projet du rectorat, au départ prévu pour mars 2006, d’une Maison des services sur le campus de BelleBeille. Jean Birotheau, de l’Espace culturel annonce : « Il devrait y avoir un local de répétition ouvert à toutes les associations ». Par rapport aux besoins des Tréteaux, il tempère : « C’est l’association qui a déjà le plus de créneaux en termes d’espace à l’Université ». Vis-à-vis de ce projet, la présidente des Tréteaux reste prudente : « Si on est optimiste, on peut se dire que ça va être super pour les associations ; si on est pessimiste, on peut dire que ça va être récupéré par d’autres ». Depuis 1990, date à laquelle les Tréteaux ont été fondés, ils n’ont toujours pas de bureau.


“Les Esquisses” : un tremplin pour les projets des étudiants acteurs

“Les Esquisses” se veulent la vitrine du théâtre étudiant à Angers. Pas moins de dix-huit projets y ont été présentés l’an dernier. Pour la quatrième édition, rendez-vous est pris le 4 février à l’Espace culturel. Pendant cette journée de rencontres, les troupes étudiantes angevines vont confronter au regard des autres une esquisse de leur projet. « Après les représentations, il y a un temps d’échange entre les troupes. Les questions concrètes du public permettent de mûrir certains projets », rapporte Séverine Hamelin, du NTA. Depuis 1992, six établissements ont signé un jumelage avec le NTA : l’UCO, l’Université, l’INH, l’ENSAM, l’Ecole des Beaux-Arts, et plus récemment l’ESEO. Par cet intermédiaire, les étudiants peuvent bénéficier en novembre de formations avec des professionnels du théâtre. 50 % du coût total est à la charge de l’établissement ; l’autre moitié est supportée par le NTA. Malgré quelques passages de relais difficiles (toute la difficulté d’un club étudiant est là), Séverine Hamelin ressent, dans la vie théâtrale angevine, « un fort dynamisme. Là où je m’alarmerais, poursuitelle, c’est s’il n’y avait plus de projet théâtre du tout ».

Président : Alban Ferrieu (06 74 09 78 55) Lieu de répétition : UCO Nombre d’adhérents : 15 Représentations : 14 décembre à 20 h à l’UCO (pour une association caritative).

Asso : Alain Provist (théâtre d’impro)

Présidente : Marie Michel (06 79 62 09 49) Lieu de répétition : UCO Nombre d’adhérents : 60 Représentations : Festival des Trois coups, du 12 mars au 7 avril à l’UCO.

Asso : Les Trois coups

- Université catholique de l’Ouest (UCO)

Présidente : Lydie Blanchard (06 66 14 65 72) Lieu de répétition : MDE de Belle-Beille Nombre d’adhérents : 35 Représentations : le 15 décembre, le 12 janvier, le 16 février, le 16 mars, le 13 avril et le 18 mai à l’Espace culturel.

Asso : Les Zygomatiks

Présidente : Sophie Génot (06 78 05 41 56) Lieux de répétition : MDE de BelleBeille, Espace culturel, résidence universitaire René-Rouchy. Nombre d’adhérents : 90 Représentations : Festival des tréteaux, en avril à l’Espace culturel.

Asso : Les Tréteaux de l’Université

- Université d’Angers

Présidente : Marie Petitmengin (06 64 61 37 17) Lieu de répétition : INH Nombre d’adhérents : 15 Représentations : en fonction des invitations des autres improvisateurs.

Asso : Les Va-nus-pieds (théâtre d’impro)

Présidente : Laure Cormier (06 88 73 69 83) Lieu de répétition : INH Nombre d’adhérents : 14 Représentations : mi-mars à l’INH.

Asso : Club théâtre

- Institut national d’horticulture (INH)

Où monter sur les planches ?

photo Simon Jourdan

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Président : Marc Estimakis (06 19 02 78 70) Lieu de répétition : UCO Nombre d’adhérents : 25 Représentation : le 13 janvier à l’INH.

Asso : Les Oui ni’s (théâtre d’impro)

Président : Etienne Caillaud (06 79 88 53 65) Lieu de répétition : ESEO Nombre d’adhérents : 13 Représentations : mars et avril, lors du Festival des Trois coups, à l’UCO et à l’ESEO.

Asso : Club théâtre

- Ecole supérieure d’électronique de l’Ouest (ESEO)

Président : François-Xavier Armbrüst (06 89 30 08 85) Lieu de répétition : ESSCA Nombre d’adhérents : 20 Représentations : début avril à l’ESSCA (recherche salle pour représentation à l’extérieur).

Asso : Didascalie

- Ecole supérieure des sciences commerciales d’Angers (ESSCA)


oi kikis’passe spasse Koi

(L’exégèse est simple : la cité bouillonne d’actu et on l’écrit)

Festival premiers plans

Pour cette 18e édition qui aura lieu du 20 au 29 janvier au Centre de Congrès, cap à l’Est avec un zoom sur le jeune cinéma turc et la projection d’une sélection d’oeuvres des réalisateurs de la diaspora, tels que Fatih Akin, Ferzan Ozpetek et Yılmaz Arslan. Cet événement international rendra également un hommage appuyé à Louis Malle et sera notamment l’occasion de présenter les premières œuvres du cinéaste suisse Alain Tanner. Mais en attendant les désormais célèbres lectures publiques de scénarios, les leçons de cinéma et autres Atelier 48.04, ClaudeEric Poiroux, directeur artistique du Premiers plans, s’explique sur cet hommage rendu au jeune cinéma turc. photo Hervé Goemaere

C’est le temps dont disposent huit équipes de réalisation pour produire un court métrage en vidéo numérique. Le court métrage a peu à peu fait son nid au sein du Festival Premiers plans. Et les Angevins de SuperVision n’y sont certainement pas étrangers. Cette association est à l’origine d’un rendez-vous devenu incontournable après trois premières éditions très prometteuses : l’Atelier 48. “L’épisode 4” réunira, à partir du 21 janvier, une vingtaine de professionnels et d’amateurs dans les domaines de l’image et de la musique notamment. Leur mission : réaliser en 48 heures un court métrage en vidéo numérique, autour d’un thème qui sera dévoilé au dernier moment dans le but de favoriser la spontanéité de chacun.

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Mais il n’est pas question de classement ni de compétition. « L’idée est simplement de proposer un espace de création et de diffusion, dans un esprit d’échange et de liberté », tient à préciser Georges-Henri Saulou, chargé de production au sein de SuperVision. « Nous privilégions le caractère original et expérimental du film à produire. » Artistes multimédias

Une volonté alternative qui se traduit également par un esprit affirmé d’ouverture au public. Dans le but de familiariser et de sensibiliser aux différentes étapes du travail de réalisation d’un film, les portes du Superlab, cellule de production installée au Nouveau Théâtre d’Angers (NTA), resteront ouvertes au public entre 15 et 19 heures, du 21 au 25 janvier. L’activité des vidéastes, regroupés en huit équipes de réalisation, sera même retransmise en continu sur le www.atelier48.org.


K.libres : Comment sélectionnez-vous les films pour le Festival Premiers plans ? Claude-Eric Poiroux : « En réalité, c’est une équipe de sélection qui visionne les films, environ 1 200, pour n’en retenir que 60. C’est uniquement à la fin de la sélection que j’interviens. C’est un énorme travail de recherche. En tant que directeur artistique, je donne à mon équipe des instructions pour le choix des films. Nous ne sommes pas à la recherche du chef-d’œuvre, mais de premiers films de nouveaux réalisateurs, des films d’école. Ce qui m’importe, c’est qu’il y ait une véritable mise en scène. Il faut que ce soit du cinéma. Sur la soixantaine de films sélectionnés, on retient une dizaine de longsmétrages, une dizaine de courts et le reste en films d’école. » K.libres : Le Festival Premiers plans est ouvert au cinéma européen dans sa globalité. Vous prenez d’ailleurs en compte le nouveau cinéma turc dans cette édition 2005… Claude-Eric Poiroux : « Nous sommes à la recherche de films originaux, en provenance de tous les pays européens. Mais nous ne sommes pas rigides, nous ne respectons pas les frontières administratives de l’Europe. C’est pourquoi la Turquie a toujours été mise en valeur depuis la création du festival. Nous avons reçu des ci-

néastes turcs les années précédentes. Cette année, nous organisons un focus spécial Turquie : ce sera un panorama consacré au cinéma turc des années 2000. » K.libres : Avez-vous observé une thématique récurrente dans la nouvelle vague du cinéma turc ? Claude-Eric Poiroux : « C’est un cinéma proche du quotidien. On n’y trouve pas de grande épopée, ni de science-fiction. C’est un cinéma populaire, proche de la vie des villageois. Les histoires sont simples, mais vraiment riches. On y voit des personnes de la vie de tous les jours, des histoires d’amour, des comédies. Les histoires se mélangent entre tradition et modernité. » K.libres : Le cinéma turc adapte à l’écran cette rupture que subit la société turque, entre tradition et modernité. Les cinéastes osent-ils aller jusqu’au bout de leurs propos ? Claude-Eric Poiroux : « Les jeunes cinéastes turcs n’ignorent pas les questions politiques et les intègrent à leurs scénarios. Le jeune cinéma turc est explicite. On y parle politique, sexe, sans apparemment subir les affres de la censure. Même si les images choquantes sont évitées, c’est un cinéma qui semble assez libre. »

photos Gauthier Pallancher

Tout juste achevés, les courts seront diffusés le 25 janvier à partir de 20 heures au Chabada, à l’occasion de la soirée de clôture de l’Atelier 48 : le “SuperScreening”. Une programmation agrémentée d’un feu d’artifice d’images et de musiques, grâce à la présence d’artistes multimédias. Le tout savamment orchestré par le spécialiste scandinave Olaff Blond. Olivier Juret

Les huit courts métrages devraient également être diffusés le vendredi 27 janvier aux “400 Coups” Plus de renseignements sur le www.atelier 48.org

K.libres : Est-ce une volonté personnelle de votre part de faire un clin d’œil à la possibilité de l’entrée de la Turquie en Europe ? Claude-Eric Poiroux : « Dans le cadre du festival, je n’exprime pas mon opinion personnelle à propos de l’entrée de la Turquie en Europe. De toute façon, si la Turquie entre dans l’Europe, ce ne sera pas avant une dizaine d’années. Je pense que pendant ces dix ans, il faut qu’on apprenne à vivre ensemble. La question de la Turquie nous concerne tous. Le cinéma permet de rassembler les gens de différentes nationalités. A cause de la mauvaise distribution des films (72 % des exportations cinématographiques sont des films américains), beaucoup n’ont pas accès à des films étrangers. Les festivals sont des occasions de découvrir ces pellicules méconnues. En ce qui concerne la Turquie, on peut apprendre à la connaître à travers son cinéma, pour voir comment elle se voit elle-même. Il faut profiter du cinéma, c’est encore une expression artistique populaire assez accessible. » Interview Laurence Mijoin La sélection définitive des films sera annoncée le 15 décembre.Toutes les informations sur www.premiersplans.org.

Un court métrage n’est pas qu’un moyen de faire ses premières armes dans la réalisation. Avec l’association SuperVision, Georges-Henri milite dans ce sens depuis un petit moment : « C’est une œuvre à part entière. Chaque histoire a un format qui lui est adapté, même si celui-ci n’excède pas une heure ». Et avec l’avènement du numérique et la meilleure accessibilité aux outils informatiques, la réalisation de courts métrages se démocratise à grande vitesse. « On assiste au développement de toute une production alternative. Beaucoup de courts sont réalisés avec très peu de moyens. Il y a des choses de grande qualité qui en ressortent. » Malgré tout, les moyens de diffusion continuent à se faire rares. « Il y a bien sûr Internet et quelques festivals, mais ce n’est pat suffisant. Il existe trop peu d’espaces permanents pour les formats courts », regrette-t-il. Un problème sur lequel se penchent d’ailleurs les Angevins de SuperVision : « Nous travaillons activement sur un projet qui nous est cher. Celui d’un lieu qui proposerait une programmation régulière de courts en numérique ».

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TARIF UNIQUE ! (8 euros) :

SOIRÉE GRATOS ! : mardi 24 janvier de 18 à 21 heures avec zoneblanche & Belone (dioramix). Soirée Festival Premiers plans (multimédia live).

Samedi 17 décembre à 20h45 : Kwal. Carte Blanche avec la participation de Lassy King Massassy, Toma Ke Toma, Ezra, Ishak Ali Kawa, DJ Achaiss, Leila (Orange Blossom) et Anda (hip hop du monde).

Tarif : 6 e (étudiant).

Vendredi 10 février à 21 heures : Benhamou quintet (bop - batterie, trompette, saxophone, piano et basse)

Vendredi 13 janvier à 20h30 : trio Hervier (middle jazz - piano, contrebasse et batterie).

Association Jazz pour tous

BONS PLANS ! (entre 3 et 6 euros) : cet excellent café concert situé dans la Doutre, juste dans la continuité du pont de Verdun, affiche une programmation inversement proportionnelle à sa jauge (il faut venir tôt pour se glisser parmi les veinards de spectateurs) : consulte vite leur agenda sur le Net (www.tesrockcoco.com).

Mercredi 14 décembre à 20h45 : On stage #18 (sélection de différents groupes du 49) avec Pony pony run run (rock’n’roll), Didi Hugo (chanson) et X-Fragile (pop rock).

Vendredi 16 décembre à 20h45 : Deportivo + Dahlia (pop rock).

T’es Rock Coco !

Le Chabada

Du 31 janvier au 3 février : Tartuffe de Molière revisité par René Loyon. Au Théâtre Chanzy.

Du 4 au 12 janvier : La cuisine d’Elvis de Lee Hall (réalisation Marilyn Leray - Marc Tsypkine). Comédie hilarante qui mixe humour anglais et mauvais goût. A voir à l’Atelier JeanDasté. BONUS ! : Rencontre à l’issue de la représentation le mercredi 11 janvier.

Théâtre

Nouveau théâtre d’Angers (NTA) et Centre national de danse contemporaine (CNDC)

Création chorégraphique et musicale programmée dans le cadre de Soleil d’Hiver (mairie d’Angers). Au Grand-Théâtre, samedi 17 décembre à 18 h 30. Tarif unique : 2 euros.

« Dis… tu laisses la lumière dans le couloir ! » : « Le noir source d’inspiration. Le noir, révélateur d’images. Le noir, créateur de sensations. Ce noir, parfois inquiétant, parfois rassurant, a amené les compagnies Hanounat (Brigitte Davy – Angers) et le Pied d’Oscar (Christophe Traineau – Nantes) à travailler autour des différentes sources de lumières afin de créer par touches colorées des mondes contrastées (mis en musique par Vincent Drouin). Une lumière s’allume… et un monde se met à danser. Une lumière s’éteint… et un monde se met à vibrer » (dossier de presse).

Bon plan au Grand-Théâtre pour 2 euros

Cette sélection est arbitrée par Ghislain Rouffinec. N’hésitez pas (directeurs de théâtre, médiateurs artistiques, organisateurs d’événements divers et d’étés…) à lui communiquer les dates d’événements que vous souhaiteriez défendre dans ces pages (klibres_redac@yahoo.fr).

Vendredi 20 janvier à 20h30 : Gospel Forever. Tarif : 10 e (étudiant).

GRATOS ! : vendredi 13 janvier à 19h30, concert tapas avec Céline Villalta. Son piano et son accordéon accompagneront per Milena : le nouvel des poèmes de album de Céline Villalta Louis Aragon, Gaston Couté, Liliane Atlan, Umberto Saba…

Centre socio-culturel du Trois-Mâts

THéâtre - concerts - conférences - danse

Association Foi et culture (conférences)

Contact : 10 rue du Champ-de-Bataille. Tél. : 02 41 72 00 94. Tarif : 6,50 e (étudiant).

Du 2 au 5 février (à 20h30 sauf le 5 à 17 heures) : Les gens de la hume, trio (chanson française - chant, flûte, guitare, accordéon, violon et percussions). Du 9 au 12 février (à 20h30 sauf le 12 à 17 heures) : Jean et Béatrice de Carole Fréchette par la compagnie Faits Divers (théâtre).

Le Théâtre du Champ-de-Bataille

illustration Adrien Albert

Ce serait ballot de passer à côté ! scapades Eskapades (Action volontaire de se soustraire momentanément à la routine)


Infos concerts : au 02 41 96 13 48, en consultant le Yéti (programme du Chabada disponible partout) ou sur la toile (www.lechabada.com). Adresse : 56 bd du Doyenné. Réservations : points de vente habituels. Tarifs : entre 10 et 20 e.

CONCERT CARRITATIF ! : mercredi 15 février à 19h30 avec les Musiciens pour la Palestine (association Al Kamandjati).

Du jeudi 9 au 11 février à 20h45 : In situ, compagnie Nathalie Béasse + invités (danse contemporaine, cinéma).

GRATOS ! : jeudi 2 février à 20h45 avec la finale départementale des championnat de France de “Air guitar” (ou comment faire mine à fond d’être une rock star). Concours de l’autodérision ouvert à tous (inscription au Chab’).

jeudi 26 janvier de 20h45 à 3 heures avec un Cinéconcert scratch massive (cinéma & musique électronique + aftermix). Soirée Festival Premiers plans avec La glace à trois faces (J. Epstein) & Balançoires (N. Renard).

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BON PLAN ! : le soir du concert, pointezvous à partir de 20 heures, sur présentation de votre carte d’étudiant et si vous avez moins de 25 ans,il ne vous en coûtera que 3 euros l’entrée (dans la limite des places disponibles).

Tarifs : de 10 à 23 e (réduit) ou de 12 à 26 e (plein). Contact : 02 41 24 16 40.

Mardi 24 janvier à 20h30 : récital de piano à quatre mains avec Alexandre Tharaud et Zhu Xiao-Mei. Au programme : Mozart, Schubert et Brahms.

Mardi 10 janvier à 20h30 : Les vents de la Bastille (quintette pour piano et vent - clarinette, hautbois, basson et cor). Au programme : Mozart et Beethoven.

Les “mardis musicaux” au Grand Théâtre (musique classique)

Pratique : Maison de quartier Saint-Serge – Saint-Michel, place Ney à Angers.Tél. : 02 41 77 26 28. www.jazzpourtous.com

Pratique : accueil (12, place Imbach), du lundi au samedi de 11 à 19h - Tél. : 02 41 88 99 22 ou sur le www.nta-angers.fr Attention aux horaires ! Toutes les représentations ont lieu à 20h30 sauf mercredi et jeudi à 19h30.

Vendredi 13 et samedi 14 janvier : Trisha Brown Dance Company. Figure mythique de la postmodern dance, la chorégraphe réunit deux pièces de son répertoire (Astral convertible et Set and reset) et une création « à l’énergie jubilatoire », How long does the subject linger on the edge of the volume… On nous promet « un rendez-vous avec l’Histoire de la danse». Rien que ça. Au Grand Théâtre. NTA-CNDC, pour toi, l’étudiant, trois tarifs sont pratiqués : - individuel (trois spectacles avec au moins une création NTA) : 9,50 euros. - préférentiel (idem mais en formant un groupe de dix potes) : 7,50 euros la place (et 5,50 euros seulement pour le responsable du groupe). - autrement, il faut compter 14 euros hors abonnement (moins de 26 ans).

Danse contemporaine

Jeudi 15 décembre : trio Résistances, Global songs (jazz dissident saxophones, contrebasse et batterie). Au Théâtre Chanzy à 20h30. Mardi 24 janvier : Jean-Marie Machado, Andaloucia (jazz cuivré et festif - piano, contrebasse, batterie, sax, trompette, trombone). Au Théâtre Chanzy à 20h30.

Jazz

Du 17 au 20 janvier : Le dernier chameau, de et avec Fellag (chronique douce-amère de l’histoire franco-algérienne). Au Grand Théâtre.

Humour

Du 8 au 11 février : Dommage qu’elle soit une putain de John Ford, mis en scène par Yves Beaunesne (tragédie). Au Théâtre Chanzy.

Tarif : GRATOS ! Contacts : 02 41 87 98 37 ou foietculture49@wanadoo.fr

Ce duo associé à un nouveau trio (avec Chloé Hernandez) sera programmé du 26 au 29 janvier au festival de danse Suresnes 2006 et début juin à Jean-Vilar. Contact : compagniecdansc@yahoo.fr.

Sylvaine Faligant

Du hip hop et de la danse contemporaine. Entre blanc et noir, matin et soir, la compagnie C dans C propose un spectacle qui oscille entre représentation théâtrale et chorégraphique. Tranche de vie, c’est une coupe franche du quotidien qui plonge le spectateur dans un univers intimiste, satyrique, grave et drôle à la fois. Une confrontation corporelle orchestrée par Amala Dianor et Orin Camus, dans laquelle interviennent jeux de lumière, travail sonore et divers objets. Un savant et savoureux mélange des corps qui parfois s’imbriquent, souvent se répondent et toujours se trouvent.

photo Jef Rabillon

Lieu des conférences : Centre Saint-Maurice, 2 rue de l’Oisellerie.

Mercredi 25 janvier à 20h30 : «L’élargissement de l’Europe : actualités et perspectives», par Bronislaw Geremek (député européen et ancien ministre polonais).

Mercredi 18 janvier à 20h30 : «Les ruptures, chances de progrès : l’expérience biblique», par le pasteur JeanPierre Payot.

Jeudi 12 janvier à 20h30 : «Journaliste, psychologue et prêtre» par Daniel Duigou.

Mercredi 14 décembre à 20h30 : «Transmettre des valeurs susciter des libertés» par Agnès Rochefort-Turquin (directrice de la recherche à Bayard).

Le quotidien dans C

Contact : centre Jean-Vilar (La Roseraie), au 02 41 68 92 50. Tarif : 5 e (étudiant).

Dimanche 22 janvier à 16h30 : Et pluie c’est tout (duo dansé par Wendy Cornu et Hélène Peureux) suivi du solo Lixe(L’) avec Wendy Cornu. Cie Emmanuelle Grivet.

Du 19 au 21 janvier à 19h30 : Tout seul comme un grand, par le Bibliothéâtre (joué par Philippe Mathé, accompagné à la guitare par Jacques Livenais) + une première partie différente chaque soir.

Centre Jean-Vilar

Contact : Les Trois-Mâts, place des Justices, au 02 41 66 02 02.

GRATOS ! : vendredi 3 février, concert tapas avec Vaggalam (mélodies pop rock teintées de couleurs jazz).


libre igure libre Figure

(Le contraire d’une figure imposÊe, par un artiste invitÊ librement)


K.LIBRES #3 – décembre / janvier 05.06 - FIGURE LIBRE - “trajectoire” 60X30 cm (huile sur toile) - LOD (Élodie Verdier - 2005)


idam Kidam

(N’importe qui, susceptible néanmoins d’éveiller la curiosité)

Le joueur le plus titré de la planète handball est de retour sur les parquets français. Le Réunionnais Jackson Richardson porte cette année les couleurs de Chambéry où il prépare sa reconversion professionnelle. Accessible, humble, souriant et drôle, le “Chinois noir”, comme le surnommaient ses amis d’enfance, est bien plus qu’un athlète surdoué. Tout au long de sa carrière, il s’est efforcé de faire preuve de modestie, de fair-play et de respect. Autant de qualités humaines qui font de lui un véritable champion.

K.libres : Deux médailles d’or, une d’argent et trois de bronze aux championnats du Monde, deux fois vainqueurs de la Coupe des coupes, un titre en Champion’s league : ton parcours sportif est pour le moins impressionnant. De quoi peux-tu encore rêver ? Jackson Richardson : « D’être à 100% dans les deux dernières années qu’il me reste à jouer au hand. Ma motivation est intacte parce que je me fais toujours autant plaisir, que ce soit avec le public ou avec mes partenaires. J’ai encore envie de m’éclater sur le terrain avec un ballon. J’arrive aujourd’hui à la fin de ma carrière et j’essaie de retransmettre aux autres joueurs tout ce que j’ai eu la chance de recevoir. »

« J’ai toujours pris le temps de regarder d’où je venais »

K.libres : Avec un tel palmarès, tu aurais facilement pu prendre la grosse tête ? Jackson Richardson : « C’est vrai que j’ai souvent été sous le feu des projecteurs mais je crois avoir su rester humble. Le handball est un sport collectif et la victoire n’est jamais le fruit d’une individualité. Et puis, à chaque fois que j’ai eu le sentiment de perdre un peu pied avec la réalité, j’ai toujours pris le temps de me retourner et de regarder d’où je venais. Lorsque je retourne à La Réunion et que je revois mes parents et les gens avec qui j’ai grandi, je mesure la chance que j’ai. Je me dis alors que je ne peux pas me permettre de montrer ce que je ne suis pas. »

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photos Sportissimo/Pillaud

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Questionnaire de Proust Ton film préféré : « Le sixième sens » La chanson que tu chantes sous la douche : « Des chansons réunionnaises » Ton plus mauvais souvenir : « Le décès de mon père » Le meilleur : « Ce que je vis en ce moment » Ton livre de chevet : « Racine » Ton pire cauchemar : « Que l’on fasse du mal à mes enfants » Ce que tu aurais fait si tu n’avais pas été handballeur : « Des films pornos (rires). Non, je sais pas… » Ton idéal amoureux : « Philippe Gardent en maillot de bain (NDLR : son entraîneur à Chambéry et ancien partenaire de l’équipe de France, à côté de lui lors de l’entretien)» La première chose que tu fais en te levant : « Je pose le pied gauche par terre » Le sport que tu détestes : « Le curling » Celui que tu détestes pratiquer : « La course à pied » Avec qui on te confond le plus souvent : « Karembeu » Pourquoi, à ton avis ? « Parce que sa femme ressemble beaucoup à la mienne (rires). Non, je déconne… » La personne en qui tu ne voudrais jamais te réincarner : « Philippe Gardent » Ton idole : « Mohamed Ali »

K.libres : Il faut aussi reconnaître que le hand n’est pas très médiatisé… Il paraît d’ailleurs que quand l’équipe de France championne du Monde en 1995 a été reçue à l’Élysée, Jacques Chirac t’a pris pour un Américain. C’est vrai ça ? Jackson Richardson : « Pour un Américain je ne sais pas. Mais en tout cas il m’avait dit “congratulations” et m’avait demandé si je parlais anglais. » K.libres : Et tu lui as répondu quoi ? Jackson Richardson : « Et bien je ne lui ai pas répondu. C’était quand même le président de la République et je ne voulais pas le mettre mal à l’aise (rires). »

terrain mais au sein du club qui a pour projet de construire une grande salle de sport. Ça me permettra de faire la jonction entre ma carrière sportive et ma carrière professionnelle. » K.libres : Tes potes d’enfance t’appelaient le “Chinois noir” parce que tu souriais tout le temps. A être trop sympa, ça ne joue pas parfois des tours ? Jackson Richardson : « Si, bien sûr. Il arrive qu’on donne trop l’impression d’être accessible et les gens ont tendance à ne plus vous respecter. Il faut essayer de trouver un juste équilibre. Ce qui n’est pas toujours simple. »

« J’envisage d’ouvrir un cabinet de transactions immobilières à La Réunion »

K.libres : Et depuis ? Jackson Richardson : « Je suis invité tous les ans au barbecue de l’Élysée (rires). » K.libres : Après neuf ans passés à l’étranger, en Allemagne et en Espagne, tu es de retour dans le championnat français. Qu’est-ce qui t’a motivé ? Jackson Richardson : « J’avais toujours dit que je voulais finir ma carrière en France. C’est chose faite. Je crois aussi que c’est quelque chose que je devais au public et au handball français. C’est grâce à eux que j’ai pu faire une telle carrière. » K.libres : Tu as été sollicité par beaucoup de clubs. Pourquoi Chambéry ? Jackson Richardson : « C’est surtout leur proposition de reconversion qui m’a décidé. Parallèlement au handball, je suis une formation de management pour ouvrir un cabinet de transactions immobilières à La Réunion. Mais pour l’instant, je vais jouer à fond pendant encore deux saisons et puis je pense que je resterai à Chambéry encore un an. Pas sur le

K.libres : On t’a vu récemment t’afficher aux côtés de Nicolas Sarkozy à La Réunion. Tu n’as pas eu le sentiment d’être utilisé à des fins politiques ? Jackson Richardson : « Non, pas du tout. Je l’ai fait de mon plein gré. Je crois que des sujets comme la lutte contre la délinquance et la laïcité sont extrêmement importants. Tous les moyens sont bons pour faire passer le message. » K.libres : La première partie du championnat touche à sa fin et AngersNoyant est bon dernier de D1.Tu crois qu’ils peuvent s’en sortir ? Jackson Richardson : « Je leur souhaite. C’est une petite équipe qui a un gros potentiel. Il y a pas mal de jeunes joueurs qui ont possibilité de relever le niveau. En tout cas, ils méritent de jouer en D1. » Interview Jean-François Keller Angers-Noyant accueillera le club de Chambéry le samedi 17 mars à la salle Jean-Bouin

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ik Zik

(Sélection subjective de sons orchestrés ici et ailleurs)

photo Marc Melki

Les Têtes Raides reviennent à Jean-Carmet (Mûrs-Érigné) le 26 janvier. L’occasion d’éprouver Fragile, leur dernier album studio, qui se distingue très nettement d’une discographie à la dent dure déjà fournie. Entretien avec Grégoire Simon, saxophoniste d’un groupe de fortes têtes reconnu pour son militantisme social. Interview B-bô K.libres : Parle-moi de Fragile ? Grégoire Simon : « Fragile est un nouveau chapitre de l’histoire des Têtes Raides. A la différence des albums précédents, il est plus électrique, énergique. C’est un retour au groupe et un groupe, c’est une identité forte. Fragile est un album assez explosif. » K.libres : Comment s’est réalisé ce nouvel album ? Grégoire Simon : « Il faut prendre le temps de faire passer les choses mais aussi de les réaliser, c’est ce que nous avons fait. Nous avons passé beaucoup de temps à la préparation. Sur l’album, il y a beaucoup de rencontres avec des gens qui font d’autres musiques mais aussi qui écrivent. On retrouve par exemple le chanteur d’Eiffel, Didier Wampas ou Rachid Taha… » K.libres : L’année dernière, vous étiez l’un des moteurs d’un mouvement contestataire :“Avis de K-O

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social” Que devient ce combat ? Grégoire Simon : « On a dû lever un peu le pied pour se recentrer sur la musique et reconstituer notre énergie propre, le temps de faire Fragile.

« On aimerait réapprendre aux gens à vivre ensemble » Il est clair que vu ce qui se passe au niveau national, on ne va pas rester là sans rien faire. On reste actifs et on est en train de réfléchir à de nouvelles formes d’engagement. » K.libres : Y a-t-il des combats qui vous tiennent à cœur actuellement ? Grégoire Simon : « Bien sûr. Tout ce qui touche aux libertés fondamentales, à la justice, aux politiques d’intégration… En bref : tout ce qui

touche à l’intérêt général. Certains hommes politiques jouent sur les peurs des gens, c’est nuisible à notre société…On aimerait réapprendre aux gens à vivre ensemble. » K.libres : Vous avez déjà joué de nombreuses fois à Angers, en gardez-vous un souvenir particulier ? Grégoire Simon : « Oui, je m’en rappelle très bien. On a joué à Georges-Brassens (Avrillé, ndlr), au Chabada et bien sûr à Jean-Carmet. On a toujours été très contents : à la fois du public qui est très ouvert, qui sait apprécier les spectacles - on peut même parler d’un public averti - mais aussi des gens qui organisent les concerts, comme Radical qui travaille très bien. »


Les Angevins des Lo’jo préparent une tournée française, puis internationale, qui débutera le 16 mars au Chabada (initialement prévue en janvier), salle dans laquelle ils travaillent actuellement leur nouveau spectacle. Leur dernier opus Bazar savant sera dans les bacs dès le 23 janvier. Rencontre avec Denis Péan, chanteur du groupe. Interview B-bô K.libres : Peux-tu nous présenter la résidence des positions, comme une recherche sur soi-même, Lo’jo au Chabada ? savoir pourquoi on est là, sur scène, pour quoi Denis Péan : « C’est une résidence en trois faire ? Pour quoi dire ? » temps : quelques jours en septembre, en novembre et en janvier, avant nos concerts du K.libres : La démarche de cette résidence est 16 au 18 mars. Nous nous sommes retrouvés aussi éducative ? sur cette grande scène pour éprouver un pro- Denis Péan : « Cette résidence est financée gramme de concerts à venir et pour permettre par un dispositif - “résidence chanson” - mis en à notre ingénieur lumière d’avancer ses idées et place par le ministère de la Culture. En contrede créer un nouveau partie, tous les memprojet de lumières et bres de Lo’jo partici« On a pris le temps de se de décors. Il a fait vepent à des échanges, remettre en question » nir Thierry Charles qui un partage au sein a travaillé des images d’écoles ou d’instiprojetées sur des textures cuivrées. Et au son, tutions comme le Conservatoire national de c’est la traditionnelle équipe de Lo’jo. » région, l’école des Beaux-Arts, des collèges… C’est une démarche 100% éducative. » K.libres : Vous avez également fait appel à Philippe Languille, metteur en scène… K.libres : Quelles sont les évolutions par rapport Denis Péan : « Il nous conseille sur notre énergie aux spectacles précédents ? collective, nous regarde, s’introduit dans notre Denis Péan : « À l’époque, on travaillait dans la petit monde. Son travail est de faire valoir nos précipitation surtout au niveau de l’enchaînephoto Simon Jourdan

ment des morceaux. On était tout le temps sur la route. Là, on s’est arrêté un petit peu. On a pris le temps de faire ce disque, de se remettre en question… Le temps est le luxe que l’on essaye de s’octroyer. » K.libres : Comment décris-tu Bazar savant ? Denis Péan : « Je vois cet album comme une boutique. Dans cette boutique, on trouve les traces anciennes de notre histoire, des recettes de notre histoire contemporaine de résonance. Ce bazar est savant : il y a la science de centaines d’années, la science de ceux qui ont inventé ce que l’on peut maintenant écouter. » K.libres : Qui a travaillé à sa réalisation ? Denis Péan : « Nous avons commencé par une pré-production avec les ingénieurs du son live de Lo’jo. Puis, nous avons fait une seconde phase de réalisation avec deux personnes : David Husser qui vient du rock électro, et Paul Kendall, un Anglais qui a notamment travaillé avec Nick Cave et Dépêche Mode. » K.libres : Des personnes choisies… Denis Péan : « Il est important qu’un ingénieur du son ait l’ouverture d’esprit nécessaire pour faire ressortir le meilleur de ce que tu fais et mettre en valeur ta création. C’est un travail de scientifique et en même temps un travail d’inspiré, de remise en question, d’échanges. Il y a par ailleurs beaucoup d’invités que nous avons rencontré sur nos tournées aux États-Unis ou encore au festival Womad. Des gens d’horizons très différents qui jouent de nombreux instruments. » K.libres : Et concernant les textes ? Denis Péan : « Pour les paroles, nous sommes revenus au français, mais à un français à ma façon. Celui appris dans la rue, en voyageant, auprès des différents peuples francophones. Il y a également de l’espagnol, du catalan. La dernière chanson est en anglais. Intitulée Next door to paradise, elle est la traduction de la première chanson de l’album À côté du Paradis. Une façon de boucler la boucle. » Bazar savant, sortie le 23 janvier. Coproduction : Lo’jo Emma prod. Distribution : label AZ

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ik Zik

(Sélection subjective de sons orchestrés ici et ailleurs)

La Tournée des Trans’ :

« Une pure sélection

Le Chabada accueillait le 22 novembre la Tournée des Trans’, un bref aperçu du festival rennais du début décembre. Coup de projecteur sur un concept novateur avec Jean-Louis Brossard, directeur et programmateur des Trans’musicales.

En compagnie de DJ Phantom, je découvre Humility (Serial records), son troisième album enfin achevé Rien de tel qu’écouter un album en compagnie de son créateur. Et ce n’en est que meilleur quand les rythmiques hip hop et les sons calfeutrés de la bonne vieille soul viennent chatouiller mes tympans. Je me laisse entraîner par le son, avant de le harceler de questions, pour comprendre ce qui se passe dans la tête d’un zicos et “turn-tablist”… Ses influences, c’est un melting-pot de son apprentissage, de ses rencontres, de ses voyages. « La première fois que j’ai mixé, c’était au Sénégal. Quand le DJ quittait son poste, je prenais les commandes. J’avais 14 ans. »

ce qui l’inspire. « Sur deux titres - Polyvinyl rotation et Mingle with a sound - j’ai eu la chance de collaborer avec des rappeurs américains. C’est une opportunité géniale. Mais le morceau qui me tient le plus à cœur, c’est Grand passage, en featuring avec Rockin’Squat d’Assassin et Tairo. Ce que j’en retiens, c’est un bon esprit, un feeling, une rencontre inoubliable. » Entre compo pure et platines, voix suaves et flows cadencés, voilà comment s’annonce Humility : un produit de la vieille école… Laurence Mijoin

Avec Rockin’Squat d’Assassin et Tairo

Au mix, il a ajouté ses talents de musicien et de compositeur, pour donner naissance à un album qui fleure bon la tradition hip-hop. Humility, sur lequel il planchait depuis plus de deux ans, est une sorte de recueil de tout

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Il est possible d’écouter les mix de DJ Phantom un vendredi sur deux, au bar Le Safari, rue Boisnet, à Angers. Plus d’informations sur www.djphantom.fr.fm.


Pel’stival

personnelle » K.libres : En quoi consiste la Tournée des Trans’ ? ment. C’est une pure sélection personnelle. Jean-Louis Brossard : « La Tournée des Trans’ C’est pour cela que tu retrouves des gens consiste à faire jouer des artistes que j’ai qui font du rock, de la soul, de l’électro, du choisi sur “Le Village”, la scène gratuite des hip hop…Il faut dire qu’en Bretagne, on a Trans’musicales, l’après-midi de 16h30 à 19 une scène très riche et on peut faire beauheures. Les artistes ont au préalable répété coup de choses. » dans notre club - l’Ubu - afin qu’ils soient bien préparés pour le son, l’éclairage, la mise K.libres : Comment sont choisis les lieux de la en scène… Avant le festival, on part en tourTournée des Trans’ ? née vers la fin du mois d’octobre, dans difJean-Louis Brossard : « Ce sont des gens avec férentes villes du Grand Ouest. La Bretagne qui on travaille depuis longtemps. Comme est une région qui bouge beaucoup avec des Lorient avec le Manège, qui accueillait déjà clubs qui ressemblent assez à l’Ubu. Les gens des groupes programmés aux Trans’musicay sont très actifs, ils font les avant les Tournées « Du rock, travailler des jeunes ardes Trans’. Et c’est nortistes mais qui ont aussi de la soul, de l’électro, mal de retrouver des une dimension internalieux comme le Chadu hip hop… » tionale… Et, j’oubliais, bada (Angers), l’Olymles concerts de la tournée sont gratuits.» pic (Nantes) ou le Run ar Puns (Châteaulin). Ces endroits ont une véritable histoire avec la musique. Depuis, on s’est étendu à d’autres K.libres : Comment se prépare la programmation ? Jean-Louis Brossard : « Pour la tournée des salles, d’autres structures… » Trans’musicales, j’essaie de faire jouer les artistes le plus loin possible de leur ville. Par K.libres : Quels groupes angevins as-tu remarexemple : ceux de Brest à Angers, les Renqué récemment ? Jean-Louis Brossard : « J’ai beaucoup apprénais à Lorient… Il faut que la tournée soit une opportunité pour ces groupes de sortir cié Sweet Back, programmé l’année derniède leur territoire, de les éloigner un maxire. J’aime également Kwal que nous faisons mum de chez eux. » jouer cette année. Cependant, peu importe la région. Ce qui importe, c’est le plaisir à K.libres : Y a-t-il des esthétiques musicales écouter la musique. » particulières défendues par cette tournée ? Jean-Louis Brossard : « Non pas du tout. Ce Interview par B-bô sont des groupes que j’apprécie énorméphoto Simon Jourdan

L’Aglagla Festival :

une deuxième édition

bien givrée !

Qui a décrété que les festivals devaient forcément se dérouler en été ? Pas L’igloo en tout cas. L’association angevine a lancé en février 2005 l’Aglagla Festival. Une première édition qui avait accueilli des artistes particulièrement renommés tels que Tiken Jah Fakoly, François Hadji Lazaro ou les Fils de Teuhpu sur deux sites différents : le centre culturel Jean-Carmet à Mûrs-Erigné et le centre Jean-Vilar. L’igloo a tout naturellement décidé de remettre ça les 3 et 4 février prochains. Si pour cette deuxième édition (toujours au centre Jean-Carmet), la programmation est encore tenue secrète, on peut déjà

vous révéler que les choix artistiques, placés encore une fois sous le signe de la découverte, feront la part belle tant aux groupes locaux qu’à des têtes d’affiches nationales, voire internationales. Alors rendez-vous dès le 2 février 2006 pour une soirée d’inauguration qui fera office de préchauffe, au café-concert T’es Rock Coco, situé rue Beaurepaire dans la Doutre. Yann Colin Plus de renseignements sur www.ligloo.org

photo D.R.

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kran total total Ekran

(Placée devant le visage, cette page protège des rayons ultraviolets)

Science-fiction/anticipation

OU POURQUOI LA BANDE DU TOUT-SECURITAIRE DEVRAIT ALLER AU CINEMA...

I

l y a dix ans, les termes de biométrie ou de télésurveillance appartenaient encore à la science-fiction. Puis c’est devenu une réalité. L’autre jour à la télé, c’est le Taser X 26 que j’ai découvert comme concept devenu réel. Ce pistolet permet d’envoyer une décharge électrique à un citoyen suspect, qui perd alors tout contrôle de ses muscles et s’effondre ! Cette arme paralysante vient d’être choisie par notre ministre de l’Intérieur pour la police française.Ce n’est donc ni le cousin sympathique de Z6PO, ni un accessoire de film, et pourtant en le voyant, j’étais persuadée de l’avoir déjà vu quelque part… Et dans ma tête résonna : Ro-bo-cop ! En 1987 effectivement, Paul Verhoeven était à la mise en scène : pour remettre en ordre la ville de Détroit, un ancien flic est robotisé, on déshumanise pour mieux régner ! Le cinéma serait-il prophétique ?

La science-fiction et l’anticipation, notre machine virtuelle à voyager dans le temps, dévoilant le futur de notre présent ? Ce miroir futuriste nous prévient-il ou nous prépare-t-il au pire ? A plusieurs reprises, la réalité a déjà rattrapé la fiction. C’est dans les années 50 que la science-fiction devient réellement un genre artistique. Elle a, à cette époque, des vertus expiatoires. La science fascine, mais effraie aussi. Entre prise de conscience des ignominies scientifiques commises durant la Seconde Guerre mondiale et peur d’un affrontement entre les deux blocs, les spectateurs trouvent dans les salles obscures un lieu pour exorciser leurs peurs. En 1954, le succès de Godzilla en est la preuve : un monstre né de l’arme atomique menace la population japonaise. La science-fiction fait alors les beaux jours du cinéma. Les années 70 marquent un tournant : la série des Star Wars fait entrer la science-fiction dans le divertissement. Ronald Reggan lance son projet d’armement sous le nom de “Guerre des étoiles”. Le bloc soviétique s’émiette, les craintes d’une catastrophe mondiale s’estompent. La “crise“ apparaît, on s’inquiète pour le quotidien… Le cinéma d’anticipation s’affirme. Sa volonté est de pousser à son paroxysme le présent. Simple piqûre de rappel artistique ou volonté de prévenir, ce cinéma reprend des œuvres littéraires de science-fiction (1984, Blade Runner…). Ces œuvres sont revues avec les codes de l’anticipation : un décor plus proche du quotidien du spectateur, la science devenue l’outil des politiques passe au second plan. L’émergence du “citoyen-modèle”

Ces films trouvent donc une résonance plus forte chez les spectateurs. Une thématique revient : la création du “citoyen-modèle”. Les nombreuses possibilités politiques pour arriver à créer ce citoyen sont autant de pistes à la réalisation d’un film. Dans Minority Report, c’est une surveillance accrue des faits et gestes qui pousse les citoyens à ne pas avoir des comportements malveillants ; la seule tentation criminelle est condamnée. Dans Bienvenue à Gatacca, le monde parfait, en paix, avec des citoyens modèles, est le fruit d’une sélection génétique. Généralement, les idées scénaristiques mettent en avant le caractère répressif des méthodes politiques et, souvent, il conduit à l’irréparable tragédie humaine ! Naïvement, on souhaiterait que la vigilance nous conduise d’abord dans les salles obscures avant d’utiliser d’obscurs procédés ! Mélanie Puel

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PREVIEW

Saw II

Sortie le 28 décembre Un film de Darren Lynn Bousman, avec Donnie Wahlberg, Dina Meyer et Tobin Bell Durée : 1h35

Les amateurs avaient déjà apprécié le premier opus de la saga Saw, voici un an. La fin nous ayant laissé… sur notre faim, le scénariste Leigh Whannell reprend du service et change de partenaire pour la réalisation. Ainsi, James Wan laisse sa place au jeune Darren Lynn Bousman, pour récupérer les commandes de la suite du film machiavélique australien. Dans Saw II, on retrouve le “Jigsaw”, ce tueur aux idées tortueuses qui avait déjà commis quelques crimes “rondement menés” dans le premier volet. À la manière d’un Seven sous adrénaline, Saw en avait scotché plus d’un à son siège. Après une année de maturation qui, on le souhaite, aura permis d’enrayer les minces défauts du premier épisode, Saw II promet un jeu de puzzle sanglant où les méninges seront indispensables pour suivre le tueur et ses victimes dans leur douloureux mécanisme psychique. Déjà un carton au box-office américain. Laurence Mijoin

King kong Sortie le 14 décembre Un film de Peter Jackson, avec Jack Black, Adrien Brody et Naomi Watts Genre : fantastique Durée : 3 heures

Après la réalisation de sa trilogie qu’on ne nomme plus, Peter Jackson achève tout juste le deuxième projet de sa vie : King Kong. Ce rêve qu’il gardait en lui depuis son adolescence, le réalisateur néo-zélandais hors norme le concrétise enfin, avec en poche un budget de 150 millions de dollars. S’inspirant de l’histoire du King Kong de 1933, Jackson rajoute sa touche perso et fournit le même travail herculéen que dans Le Seigneur des anneaux (ça y est, c’est dit !). La bande-annonce promet déjà un spectacle incommensurable, où le gorille géant devra affronter des dinosaures monstrueux et lutter contre des avions au sommet de l’Empire State Building. Au nom mondialement célèbre du réalisateur, vient s’ajouter un casting de rêve avec notamment, Adrien Brody, Jack Black et la sublime Naomi Watts dans le rôle de l’actrice convoitée par le King. En bonus, une bande originale signée Howard Shore. Un beau cadeau de Noël, non ? L.M.

DVD

Sortie le 15 décembre Un film de Cédric Klapisch, avec Romain Duris et Audrey Tautou

Cinq ans après son séjour en Espagne, Xavier vivote de son métier d’écrivain, et sa principale obsession reste la même : LES FILLES ! A 30 ans, il se demande si, un jour, il trouvera sa princesse charmante. Autour de lui s’orchestre un ballet géant de jolies poupées : son ex Martine, adorable chieuse, sa meilleure amie Isabelle, lesbienne affirmée, les filles d’un soir, Wendy, l’Anglaise complémentaire, Célia, fantasme masculin sur grandes jambes… Laquelle sera sa poupée, laquelle sera LA FEMME ? Après L’Auberge espagnole, on est content de retrouver Xavier, ses copains, ses amours, ses emmerdes… Même si, avec lui, c’est un peu de nous qu’on retrouve sur grand écran, la magie n’opère pas complètement… Quand on LA voit, on sait tout de suite que c’est elle LA femme ! Mais « Oh, mon Dieu ! Xavier va-t-il choisir la bombe avec cerveau ou la bombe jetable ? Elle est vraiment trop dure sa vie ! » Cela dit, on ne va pas cracher dans la soupe. Klapisch nous assure un bon moment avec une réalisation originale et des bons dialogues. Le tout rempli de bonnes rigolades ! Mélanie Puel

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pratikant Kathodik pratikant

(Adorateur de la mire qui reconnaît l’autorité du PAF, sans la subir)

Sans titre 5257 Simon Jourdan

Avez-vous déjà remarqué que le mot “star” figure dans tous les titres de divertissements musicaux qui envahissent depuis quelques années le réseau hertzien ? Star Academy, Pop Star, A la Recherche de la Nouvelle Star : difficile en effet de rater cet anglicisme de nos jours si redondant.

L

e fait est qu’aujourd’hui, dans un monde a perdu ses repères, rationalisé par un siècle de progrès scien- lui vouent un culte tifiques exponentiels, le divin ne fait plus modernisé mais tout recette. Que faire alors sans un guide crédible ? aussi irrationnel. Le Comment surtout canaliser les pensées qui, poster coloré de Jensans un ordre moral empirique, seraient capa- nifer a remplacé dans bles de venir tout chambouler et pourquoi pas les chambres le sobre donner l’idée à leurs auteurs d’exiger la liberté, crucifix, les mélodies rythmée les quantiques l’égalité et la fraternité ? austères, les confessions intimes de Loana la Tout simplement en remplaçant ce dieu pous- Sainte Bible, et le concert à Bercy le pèlerinage siéreux par un ersatz moderne destiné à re- à Compostelle. donner la foi aux jeuEt cette faiblesse hunes générations, à leur maine, celle d’avoir beLa voie démocratique faire accepter un idéal soin de croire en une du sacro-saint SMS étriqué où l’individuel entité supérieure pluprédomine sur le collectif, mais surtout, à pen- tôt qu’en soi, certains producteurs zélés l’ont ser à leur place. Cela, sans même qu’ils ne s’en exploité afin de contenir les masses. Mais cette aperçoivent. fois, en redécouvrant les vertus du polythéisme. Plus lucratif, bien sûr, mais surtout moins risqué. Un culte modernisé Homme, femme, blond(e), brun(e), noir, blanc, La star, celle qu’on envie, qu’on idolâtre, qu’on candide, rebelle… vénère, s’est donc naturellement imposée comme le nouveau messie. Celui qui, pour ses adep- La star nouvel opium du peuple tes, détient et véhicule la vérité. Pas étonnant La star se décline au pluriel afin que l’identifialors que tout ce qui sort de la bouche d’une cation soit la plus large possible. Sa légitimité, star soit pris comme parole d’évangile. Mieux, elle, ne peut être mise en cause puisque choisie des hordes de gamins, d’ados et parfois même par la voie démocratique du sacro-saint SMS. d’adultes, fruits de l’inculture d’un système qui Et le vivier est inépuisable. Une fois la star du

Jean-François Keller

Cold Case

photo D.R.

Tout commence avec la mise en boîte d’un crime non élucidé, rangé en tant que dossier non classé… Générique… Un nouvel élément permet la réouverture du dossier… « Encore une série signée Jerry Bruckeimer (heureux producteur des Experts-d’un-peupartout et de FBI portés disparus), une énième série policière ricaine », serait-on tenté de dire en découvrant la programmation télé du dimanche soir. Mais Cold Case va au-delà de la simple résolution d’affaire criminelle. Les histoires de ces meurtres passés sont intimement liées à l’Histoire et à l’identité des Etats-Unis… La dispa-

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moment devenue obsolète, pas de problème : on la sacrifie sur l’autel de la rentabilité et on la remplace sans même avoir eu le temps dire une prière. Paix à son âme… L’industrie musicale a toujours constitué un gagne pain lucratif pour une poignée de producteurs vénaux. Pour autant, la musique n’en a pas perdu sa fonction principale : celle d’être un miroir de la société projetant à la face du plus grand nombre, le reflet des angoisses et des espoirs de toute une génération. Abrutie par cette vague musicale où la starisation est passée au tout premier plan, bien avant le sens et le talent, la conscience de notre société s’atrophie peu à peu et le reflet du miroir se ternit jusqu’à n’y plus rien voir. Et lorsque toute une génération d’abrutis aura été bien formatée et conditionnée au point de dire Amen à tout ce qu’on lui dit de faire, de dire et de penser, la star sera alors devenue le nouvel opium du peuple…

rition douteuse d’un enfant dans les années 50 permet de nous rappeler les expériences scientifiques menées sur des humains au temps de la guerre froide… Les morts suspectes d’une mère et de sa fille nous inquiètent sur les pratiques des services sociaux américains… Les épisodes s’entassent alors dans notre mémoire comme ses “cold cases”. Si on apprécie cette série, c’est aussi et surtout grâce à ce groupe d’enquêteurs terriblement humains, à l’image de l’inspectrice Lily Rush au regard fréquemment embué. Finalement, à la fin des deux épisodes, il nous tarde déjà d’être dimanche prochain ! Mélanie Puel


ectures Lektures

(Romans, essais, magazines et autres aubaines de se faire la belle)

Magnifiques, bouleversants et modernes, étrangement modernes. D’où vient que les livres écrits après la Grande Guerre parlent toujours aux lecteurs de notre époque ?

À

beaucoup fréquenter les livres, le lecteur assidu finit un jour par comprendre qu’ils forment tous une grande famille; que chaque ouvrage est d’abord l’enfant d’autres livres, et qu’avant de parler de l’humain – qu’il prétend éclairer –, un livre parle d’ascendance et de cousinage. Parmi toutes les dynasties qui composent nos bibliothèques, les récits et les romans écrits dans les années 20 et 30 forment toutefois une bande à part. Peut-être parce que leurs auteurs avaient été les acteurs de la Grande Guerre, et qu’ils avaient connu le front. Plus que toute autre, la guerre de 14 fut une guerre d’écrivains, lors de laquelle une multitude de jeunes hommes tinrent jour après jour les carnets de ce long cauchemar. Et cette guerre fut pour eux la plus épouvantable des nuits où ils allèrent au-delà de tout ce que l’humanité avait alors connu, jusqu’à une sorte de no man’s land de la conscience et de l’âme dont très peu d’hommes, et encore moins d’auteurs, sont revenus. Après la guerre, il en résulta une littérature bouleversante et fascinante par la lucidité froide avec laquelle elle contemple les pires recoins de l’âme humaine, et aussi les plus admirables. Longtemps méprisés, ces livres écrits par les petits soldats de la Grande Guerre trouvent aujourd’hui un étrange écho, étonnamment moderne, comme si 90 ans plus tard, leur nuit n’était pas tout à fait finie. Jean-Yves Lignel

Pascal Rabaté © Vents d’Ouest

Voici une petite sélection, très personnelle, de livres de cette époque. Tous sont disponibles en édition de poche :

Jonathan Coe,

Testament à l’anglaise

Voyage au bout de la nuit, de Louis-Ferdinand Céline (incontournable) Les croix de bois, de Roland Dorgelès (également incontournable) Le sang noir, de Louis Guillou (un chef-d’œuvre trop méconnu) Le feu, de Henri Barbusse (une description très réaliste et hallucinée du front, et aussi un magnifique projet littéraire et pacifique : trouver les mots les plus justes pour décrire la guerre équivaut à tuer la guerre) À l’ouest, rien de nouveau, de Erich Maria Remarque (une description tout aussi réaliste, côté allemand) Capitaine Conan, de Roger Vercel (pour la lucidité sociale de l’après-guerre) Les enfants humiliés, de Georges Bernanos (pour la lucidité politique)

(coll. Folio, Gallimard, 1997) Années 90. Une vieille dame déséquilibrée mentale, obsédée par la mort suspecte de son frère, fait appel à un jeune écrivain prometteur et en panne de vie, pour qu’il fasse une enquête biographique sur sa famille. Mais les Winshaw ne sont pas n’importe qui ! Banque, politique, télévision, vente d’art et d’armes : ils sont partout, ils contrôlent tout… Et si l’enquête du jeune Michael révélait plus qu’un meurtre, une hécatombe ? Ce testament est un hommage aux classiques du polar à l’anglaise : enquêteurs décalés, suspects allumés… Même s’il est un digne héritier d’Agatha Christie et de Sir Arthur Conan Doyle, Jonathan Coe ne s’arrête pas là. Il creuse plus loin dans les traditions britanniques en égratignant les riches familles dirigeantes du royaume, qui acculent la population au déficit, obsédées par leur propre profit. Comme un bon brownie, ce Testament à l’anglaise est un délice pour quiconque veut traverser un demi-siècle de la vie britannique en quelques bouchées ! Mélanie Puel

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Ludik

(Relatif à toute activité non imposée générant un plaisir non dissimulé)

Jeux de société

Objets Trouvés Nombre de joueurs : 4 à 9 Durée : 45 minutes Prix indicatif : 49,80 euros

Objets Trouvés est un “ovni ludique” créé par le très inspiré Philippe des Pallières. Dans la boîte bien remplie, vous trouverez des objets aussi variés et insolites qu’une brosse à dents, une pince à linge ou une jambe de poupée… A votre tour, vous devrez faire deviner aux autres joueurs, une des propositions inscrites sur les cartes. Créativité et imagination ne seront pas de trop pour vous faire comprendre à l’aide de ces seuls objets, sans parler ni gesticuler !

Siam Nombre de joueurs : 2 Durée : 20 minutes Prix indicatif : 45 euros

Siam est un superbe jeu, avec un plateau en bois et des pièces en résine représentant montagnes, rhinocéros et éléphants. A la tête d’un des deux troupeaux, votre but est littéralement de “déplacer les montagnes”, puisque vous tenterez de les repousser hors du plateau. Le principe de ce jeu rappelle un peu celui d’Abalone, avec ses rapports de force. Ceci dit, les possibilités tactiques y sont beaucoup plus nombreuses.

Code de Vinci

Nombre de joueurs : 2 à 4 Durée : 15 minutes Prix indicatif : 17,90 euros

Adeptes du Mastermind, vous devrez percer à jour le code de votre adversaire, composé de tuiles noires et blanches, numérotées de 1 à 12. Chaque joueur en pioche quatre au hasard, de n’importe quelle couleur, et les place devant lui, dans l’ordre croissant. A vous de deviner le code de vos adversaires à l’aide des tuiles déjà visibles et de votre esprit acéré. Chroniques réalisées par Bruno Béchu et M. Patate

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Jeux vidéo

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GO! Sudoku Au secours, je vois des chiffres partout Les petits damiers dont la presse raffole, du Times à Libération, débarquent cet hiver en jeu vidéo. C’est sur PSP, la Playstation portable, que les adeptes pourront encore se creuser les méninges. Véritable phénomène de société, le Sudoku, qui signifie en japonais “chiffre unique”, résulte du mélange du carré latin et d’une expérience du mathématicien suisse Leonhard Euler. En 1782, ce dernier essaie de résoudre un problème dit des “36 officiers”. Le principe était de placer dans une grille de 36 cases les chiffres de 1 à 6, en ne plaçant qu’une fois par ligne et par colonne chaque chiffre. Le mathématicien n’arrivera jamais à résoudre ce problème. C’est en 1901 que le Français Gaston Tarry trouve enfin une solution à l’ancêtre du Sudoku. Puis, la presse new-yorkaise s’en mêle en introduisant le jeu au Japon, en 1984. Comme la cigarette ou le chocolat

Le Sudoku, c’est un peu comme la cigarette ou le chocolat. Une première grille remplie en entraîne rapidement une deuxième, puis une troisième... Mais la PSP est depuis le 7 décembre de la partie pour calmer les manques de tous les accros ! Proposant quatre niveaux de difficulté, Go ! Sudoku permet d’entrer dans ce monde infernal tout en douceur, avant de se confronter à d’autres adversaires, en mode multijoueurs à quatre ! Laurence Mijoin


pratik C . pratik

(Les k.libristes chassent les bons plans, c’est pratique)

L’entrée des artistes Sushi de pommes de terre 500 grammes de pommes de terre, 1 citron, 1 sachet de ciboulettes, 2 tranches de saumon fumé, de la crème liquide, du fromage, de l’ail, des fines herbes, du sel et du poivre.

Faire cuire les pommes de terre dans une casserole d’eau, puis refroidir après cuisson. Dans un bol, mélanger le fromage, l’ail, les fines herbes, le jus de citron et la crème liquide, tout en ajoutant de sel et du poivre. Découper le saumon en fines bandelettes, puis les rouler. Eplucher les pommes de terre, les couper en quatre et les creuser à l’aide d’un couteau. Il ne reste plus qu’à préparer vos sushi.

photo Simon Jourdan

Les escalopes font de la résistance Riz créole Riz, ½ poivron rouge, ½ poivron vert, 1 gousse d’ail, ½ oignon, 2 cuillères à soupe d’huile d’olive, des herbes de Provence et du sel.

Emincer ½ oignon, 1 gousse d’ail, ½ poivron rouge et ½ poivron vert. Faire rissoler le tout dans une casserole avec 2 cuillères à soupe d’huile d’olive. Ajouter le riz à cette préparation et recouvrir le tout d’eau (1 à 2 cm au dessus du riz). Couvrir et laisser cuire à feu doux.

Les escalopes de dinde panées à la noix 4 escalopes de dinde, 150g de noix concassées, 2 jaunes d’œuf, 50g de farine, 1 oignon, 1 gousse d’ail, de la crème fraîche liquide, 3 à 4 cuillères à soupe d’huile d’olive, 1 noisette de beurre, du sel, du poivre et des herbes de Provence.

Saler et poivrer vos escalopes des deux côtés. Dans un bol, mélanger les jaunes d’œuf et la crème liquide (saler et poivrer). Faire revenir les oignons émincés et l’ail dans une poêle, ajouter la crème liquide, les herbes de Provence (saler et poivrer) et un peu de noix concassées. Passer les escalopes dans la farine, puis dans le mélange œuf-crème, puis dans les noix concassées Dans une poêle, faire rissoler vos escalopes ainsi panées dans le mélange d’huile d’olive et de beurre. K.LIBRES #3 - Décembre/Janvier 05/06

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pratik C . pratik

(Les k.libristes chassent les bons plans, c’est pratique)

MP3

J’en crois pas mes oreilles ! Malgré ce que les vendeurs tentent de nous faire croire, le MP3 utilisé par le grand public est loin de délivrer un son de la qualité du CD. Quelques conseils pour ne pas se faire avoir.

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e MP3 (pour MPEG Audio Layer 3) est né aux Etats-Unis en 1987. Il a été mis au point par le laboratoire Fraunhofer dans le but de véhiculer du son par Internet. Une musique encodée en MP3 voit ainsi sa taille réduite par 10, en moyenne. Seulement, cet honorable résultat n’est pas obtenu sans concessions ! Le MP3 est ce qu’on appelle un format de compression “destructive”. Avez-vous déjà remarqué un sifflement ou un effet métallique désagréable, à l’écoute de vos MP3 favoris ? Oui ! Car, contrairement à ce que l’on veut bien vous raconter ou – pire encore – vous vendre, le MP3 détériore le son, et n’a pas la qualité du CD ! Certes, il en existe différentes formes, mais celui utilisé par le grand public est généralement loin du compte ! La “destructivité” du MP3 part d’un principe simple : notre oreille n’entend(rait) pas tous les sons. Par exemple, lorsque plusieurs éléments sonores se chevauchent, ne va être pleinement perçu que celui qui a la plus forte intensité. Les sons graves, plus difficiles à discerner, sont eux aussi dégradés et perdent même souvent leur qualité stéréo (c’est le joint stéréo). Et puis, logiquement, le MP3 va retraduire toutes les boucles et répétitions présentes dans une musique.

(passage d’un son en MP3) et, bien sûr, sa grande compatibilité (évidemment… on ne vend que ça !). Il n’empêche que certains formats, certes plus confidentiels, proposent souvent un meilleur résultat dans des encodages équivalents (lire l’encadré). Citons bien sûr le MP3 Pro, le MPC, le AAC (Apple), le VQF (Yamaha), le WMA (Microsoft), et enfin le Ogg Vorbis, un format totalement libre, développé par des indépendants et promis à un bel avenir… En conclusion, chers lecteurs et auditeurs : soyez vigilants ! Soyez exigeants ! Samuel Lebrun

D’autres formats plus performants existent !

Pas de méprise, donc ! Si chacun écoute du MP3 aujourd’hui, c’est avant tout parce que Thomson Multimédia, propriétaire du format, a su se placer sur le marché ! Reste que le MP3 demeure le format incontournable sur Internet. Ce qui le sauve, c’est sa rapidité d’encodage

Le MP3, comment ça marche ?-----------------------------Le MP3 est régi par deux données (contrôlables) qui vont déterminer la qualité d’encodage : - Le taux d’échantillonnage. Il détermine la hauteur des sons captés par notre oreille. Plus il est petit, plus ces sons sont graves, et

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inversement. Notre oreille entend ainsi des sons allant de 20 à 20 000 hertz. La “qualité CD” a été fixée par Philips et Sony, à la fin des années 1970, à 44 100 hz, soit théoriquement deux fois plus que ce que discerne notre oreille ;

- Le débit. Exprimé en bits, il représente le nombre d’informations numériques contenues dans une seconde de MP3 (8 bits = 1 octet). L’encodage MP3 le plus utilisé étant le 128 kb/s (kilobits par seconde), très abusivement présenté comme la qualité CD (bon : 320 kb/s,


Dormir dans de beaux draps

Un truc pour prolonger l’espérance de vie de ton matelas : retourne-le dans les deux sens (le dessus vient dessous et la tête aux pieds) à chaque fois que tu changes les draps. Grâce à ce tour de passe-passe, le matelas ne se creusera plus au même endroit. Encore faut-il changer les draps…

Fini, les relents de cendrier froid

Les effluves de tabac froid qui se dégagent après (ou pendant) une soirée bien enfumée, pas très ragoûtant… En tapissant le fond des cendriers avec des herbes de Provence, les mauvais odeurs s’évanouiront. Manque plus que les cigales et le Pastis…

Buller en toute tranquillité

Une bouteille de soda sans bulle, c’est comme une saison de 24 heures chrono sans Jack Bauer ! Une fois ton carburant favori entamé, revisse bien le bouchon, retourne la bouteille goulot en bas et coince-la entre deux autres bouteilles dans la porte du frigo. Grâce aux lois (impénétrables) de la physique, les gaz ne s’échapperont plus ! Ilsa Paretti

Bon plan Pour encoder facile, trois petits logiciels gratuits : - WinAmp ; - MusicMatch JukeBox ; - Cdex. Ils sont disponibles sur http://www.01net.com

-----------------------très mauvais : 32 kb/s) ! Pour une meilleure qualité, n’hésitez surtout pas à utiliser le débit variable (VBR). Un procédé qui fait évoluer le nombre de kb/s à l’intérieur d’un même morceau, en fonction des besoins.

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éklik Deklik

(Illumination verbalisée aussi soudaine qu’intuitive)

Beaucoup estiment que le principal enjeu écologique du troisième millénaire réside dans la gestion des ressources en eau à l’échelle de la planète. En tant que richesse naturelle tendant à se raréfier, “l’or bleu”, et plus précisément sa détention et son accès, seraient à même d’avoir des conséquences directes et décisives sur les rapports géopolitiques entre Etats, dans les décennies à venir. Mais plus on spécule sur “l’or bleu”, plus l’analyse de nos capacités énergétiques actuelles (notamment en matière d’hydrocarbures) semble passer au second plan dans un débat qui ne laisse de place qu’aux prévisions catastrophistes et aux surenchères verbales. C’est-à-dire la prévalence d’un discours se voulant moins pédagogique qu’alarmiste. Or, il serait peut-être bon de s’interroger sur les effets directs de notre consommation de pétrole sur nos économies, et plus généralement sur nos modes de vie à court et moyen terme. Car notre « pétrovoracité » pourrait bien causer notre perte. Yves Cochet, député Verts de Paris, ne cesse de privilégier et d’invoquer cette approche scientifique et éminemment actuelle de la question de l’or noir. Il va plus loin que le simple cri d’alarme. L’ancien ministre de l’Environnement décortique et analyse notre comportement vis-à-vis de nos dépendances énergétiques et n’hésite pas à faire des propositions pour tenter d’éviter l’inéluctable : de longues périodes d’instabilités économiques, sociales et politiques dont aucune région du monde ne semble être à l’abri. La rédaktion

Le pic de Hubert

ou la fin du pétrole b

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es fluctuations quotidiennes ou hebdomadaires des cours du baril de brut sur le marché new-yorkais sont dues à une multitude de facteurs d’origine et de portée très différentes. Les commentateurs citent ordinairement les débits de l’OPEP, l’état des stocks commerciaux américains, le temps qu’il fait, les spéculateurs, le terrorisme, la faiblesse des capacités de raffinage, la situation en Irak, en Iran, au Nigeria, au Venezuela, en Russie... Mais ces “explications” semblent valides quelle que soit la hauteur du cours du baril - 30 dollars, 40 dollars, 50 dollars... -, alors que nous manque l’explication principale sur la hauteur elle-même, 60 dollars aujourd’hui. Trois facteurs décisifs poussent durablement les cours du brut à la hausse : la raréfaction géologique du pétrole conventionnel (peu cher à extraire), l’entrée dans un monde de terrorisme et de guerres permanentes pour le contrôle du pétrole, la forte augmentation de la demande due à la croissance asiatique et au maintien de la consommation occidentale. C’est l’anticipation de ce dernier facteur par les négociants qui fait aujourd’hui flamber les cours. Pendant le premier siècle et demi de l’ère du pétrole - de 1859 à 2004 -, la demande mondiale a toujours été satisfaite par l’offre. Vous vouliez plus de pétrole ? Nous avions des marges de manoeuvre. Nous ouvrions plus les robinets. Il en coulait plus. Nous en vendions plus. Les chocs pétroliers de jadis étaient politiques, non économiques. Aujourd’hui, alors que la demande mondiale moyenne en 2005 avoisinera les 84 millions de barils par jour (Mb/j), les marges de manoeuvre de l’offre sont quasi inexistantes.

Tous les robinets débitent à leur capacité maximale, à la limite de la demande, et au risque qu’un événement (grève, sabotage, conflit local...) baisse les approvisionnements. Il s’ensuit une situation de pénurie relative, poussant les prix vers le haut. Tant que l’offre ne parviendra pas à satisfaire la demande, le prix du pétrole augmentera jusqu’à ce qu’un nombre suffisant de consommateurs - ils sont des milliards ! - ajustent leur consommation aux possibilités de leur budget. Si l’offre mondiale plafonne à 84 millions de barils par jour (Mb/j), les prix se caleront à la hauteur nécessaire pour que la consommation ne dépasse pas ces 84 Mb/j. Et lorsque la déplétion (diminution) géologique s’accentuera, le déclin absolu de l’offre mondiale prendra place à un taux d’au moins 2 % par an. Les prix auront alors tendance à augmenter encore pour exclure plus de consommateurs et réduire la consommation. Mais la longue dépendance au pétrole de nombreux pays m’incite à penser que la demande restera forte pour des raisons vitales. La recherche de la croissance et l’augmentation de la population mondiale continueront à alimenter une progression de la demande de l’ordre de 1,5% par an. En effet, les chiffres montrent que la demande de pétrole est relativement inélastique par rapport aux prix (contrairement à la demande de fraises). Autrement dit, ce n’est pas parce que les prix vont monter que la demande diminuera. En 2004, la demande a crû de plus de 3,5 %, soit 2,7 Mb/j, - la plus forte hausse depuis 25 ans -, tandis que le cours du baril moyen est passé de 26 dollars en 2002 à 31 dollars en 2003 et 41 dollars en 2004. Depuis le début 1999 jusqu’à la fin 2004, les cours du brut ont augmenté de 350 % et la demande de 10 %, contrairement à toutes les prévisions. Ce

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photo Olivier Roller (www.olivierroller.com)

bon marché par Yves Cochet, député Verts de Paris phénomène pourrait presque se nommer l’élasticité inverse : la demande croît lorsque les cours montent. Toutefois, cette “règle” surprenante ne vaut que jusqu’à une certaine hauteur des prix, pour une vitesse modérée de la hausse, et pour une durée limitée de prix élevés. Une autre croyance conventionnelle et fausse postule que des prix hauts du pétrole ralentissent l’économie. Le contraire peut se constater : des prix assez élevés tendent à pousser la croissance mondiale qui, en 2004, n’a jamais été aussi forte depuis 15 ans. En effet, lorsque le cours du baril monte, les volumes considérables de pétrodollars récoltés par les compagnies pétrolières, privées et surtout nationalisées, se recyclent en achats de matières premières, de produits finis ou de denrées agricoles auprès des pays exportateurs de ces biens, différents des pays exportateurs de pétrole. Le commerce mondial croît, en impliquant même certains pays pauvres qui transforment rapidement le produit de la vente de leurs matières de base en achats de biens manufacturés dont ils manquent. Ces pays n’épargnent pas, ils possèdent une forte propension marginale à la consommation. Tout revenu supplémentaire est converti en importation de ce qu’ils n’ont pas. Ce schéma s’est appliqué aux petits dragons asiatiques, Singapour, Corée du Sud et Taiwan dans les années 1970, alors que les cours du pétrole avaient augmenté de plus de 400 % entre 1973 et 1981. Il correspond aujourd’hui au boom de la Chine, de l’Inde, du Pakistan et du Brésil. La demande mondiale de pétrole est donc peu liée à la hauteur des cours du brut à New York. Jusqu’à un certain niveau et jusqu’à une certaine vitesse de la hausse néanmoins. Un choc pétrolier peut, avec un décalage, provoquer un ralentissement

ou une récession dans une région du monde et, simultanément, stimuler l’économie dans une autre région. C’est la mondialisation en tant que dynamique planétaire qui importe, non les économies d’énergie de tel pays du Nord, annulées par la voracité énergétique de tel pays émergent. Au total, un transfert d’activités énergie intensives des pays du Nord vers les pays émergents s’additionne à une augmentation du trafic mondial de marchandises pour accroître finalement la consommation d’énergie. Les prétendues “économies de la connaissance” postindustrielles de l’OCDE reposent sur un transfert massif de leur base matérielle et énergétique vers les “économies émergentes”. Si les cours continuent à monter tendanciellement vite, à partir de 70 ou 80 dollars par baril, il est vraisemblable que les conséquences inflationnistes de la hausse des cours du pétrole soient suffisamment marquées pour que les gouverneurs des banques centrales des pays riches et pétrovoraces - l’Amérique du Nord, le Japon, l’Union européenne relèvent les taux d’intérêt pour tenter de contenir l’inflation. Ce remède accroîtra la douleur, réactivant celle que nous avons déjà éprouvée lors du deuxième choc pétrolier des années 1979-1983, sous l’impulsion ultralibérale de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan. En effet, lorsque le coût de l’argent augmente, les marchés financiers se contractent et les entreprises rencontrent plus de difficultés à se financer par la Bourse ou par l’emprunt, ce qui ralentit l’activité économique. Si l’argent est plus cher, tout devient plus cher, l’inflation s’accroît. Pour tenter, par un second moyen, de la juguler, les banques impriment plus d’argent, ce qui provoque le résultat inverse : la poursuite de l’inflation. Ainsi, la méthode de la hausse des taux, censée lutter contre l’inflation, entraîne au contraire la contraction des marchés financiers et l’inflation de l’argent, puis des prix, la destruction des emplois et les difficultés des entreprises. Le pétrole est moins un produit final qu’un facteur de production, souvent un petit facteur dans un coût de production total. Il en résulte, pour l’instant, peu d’incitations à la substitution du pétrole ou à la réduction de la demande. Même le changement climatique et ses effets létaux n’ont pas persuadé du contraire l’acheteur d’un 4X4 dont la grand-mère est morte pendant la canicule de l’été 2003. Cette relative rigidité renforcera la gravité des conséquences économiques et sociales du triple choc qui arrive. Nul n’y étant préparé, il sera sévère. Car, cette fois-ci, il n’y aura aucun retour long à la baisse des cours, à de bas prix des produits pétroliers. L’inflation risque d’être forte, la récession aussi. Ce dont je parle ici n’est pas “la fin du pétrole”, mais “la fin du pétrole bon marché”. Cela sera hélas suffisant pour provoquer d’énormes instabilités économiques et sociales, pour disloquer les pouvoirs politiques et provoquer des guerres. Le malheur est que, malgré les avertissements hurlés par quelques-uns, les responsables économiques et politiques n’ont pas du tout anticipé la situation qui s’annonce, comme le montre l’indigent projet de loi d’orientation énergétique adopté par l’Assemblée nationale mercredi 23 juin. Le choc est donc inévitable. Il n’y a pas de plan B. Il n’y a qu’une demie solution, la sobriété immédiate, pour réduire un peu les effets dévastateurs du choc en repoussant un peu son arrivée inéluctable. La fin imminente du pétrole et du gaz bon marché est la plus grande épreuve qu’ait jamais affrontée l’humanité. Désormais inévitables, les conséquences sociales de cette épreuve seront dévastatrices. Afin d’en repousser un peu la date et d’en réduire un peu les effets, la seule conduite possible est l’apprentissage de la sobriété. Soit, politiquement, une perspective d’autosuffisance décentralisée, par minimisation des échanges de matières et d’énergie, une mobilisation générale de la société autour d’une sorte d’économie de rationnement organisé et démocratique. Les Verts, en France et ailleurs, sont aujourd’hui placés devant cette triple responsabilité : décrire la vérité de la déplétion prochaine des hydrocarbures, élaborer une société de la sobriété, se mobiliser pour mobiliser l’ensemble de la population.

« Il n’y a qu’une demie-solution, la sobriété immédiate »

Tribune d’Yves Cochet publiée dans Le Monde, édition du 12 juillet 2005, sous le titre “L’ère du pétrole cher”. Cet article est visible sur le site www.yvescochet.net.

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