Rapport d'étude no2

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Rose-­Anna FORYS

R apport d’étude LA FAÇADE b RIGITTE fLORET m ICHEL lIMENITAKIS

u.E. 6 .3 ENSACF 2 014 / 2 015



Introduction_

P 04

Première partie_

P 05

Valeur d’art/Valeur esthétique

Deuxième partie_

P 07

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les construction ?

Louis KAHN* P 08

Peter ZUMTHOR* P 11

Aldo ROSSI* P 14

Troisième partie_ P 17

Art et usage, font-­ils bon ménage ?

Adolf LOOS*

P 18

Rem KOOLHAAS*

P 21

Conclusion_ P 24

Valeur d’art / Valeur D’esthétique

SOMMAIRE

Art et usage, font-­ils bon ménage ?

P 02

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les construction ?

Avant propos_



//Avant propos //

En première année j’ai beaucoup appris. La nouveauté, le changement de cadre et de pédagogie (passer du lycée à une école supérieure) ont fait que cette année a eu un impact plus important que les autres. Le premier semestre fut riche en découvertes et en ques-­ tionnements sur de nouvelles notions qui m’étaient jusqu’alors inconnues : comme la notion de parcours ou bien de seuil dans un espace donné. Au second semestre nous avions à traiter un sujet qui pour moi était plus concret: la collocation avec ses espaces communs et privatifs. Cet exercice a été ma première prise de conscience que la façade revet un intêret particulier en architecture.

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Art et usage, font-­ils bon ménage ?

Comment ce cheminement se traduit-­il à travers mes projets ?

Valeur d’art / Valeur D’esthétique

En arrivant à l’ENSACF, j’ai vite compris que le travail de l’ar-­ chitecte pouvait être beaucoup plus complexe et plus vaste. J’ai petit à petit découvert la diversité de choses que l’on peut alors qualifier d’architecture, mais aussi la multitude de disciplines qu’elle convoque. Cette prise de conscience a modifié mon ap-­ proche de l’architecture et développé mon goût pour l’urbanisme et le paysagisme. J’ai appris à apprécier et à comprendre l’archi tecture à travers differentes échelles, c’était quelque chose auquel je ne m’étais pas encore interressée jusque là, mais que aujourd’hui j’ai de plus en plus envie d’approfondir. Les nou-­ velles perspectives qui s’ouvraient à moi, me confortaient dans mon choix d’exercer le métier d’architecte. Comme le disait le Directeur de l’ENSA (discours de la rentrée 2012/2013) : « l’architecte est un humaniste ». Je comprends, avec un peu recul, l’importance de cette description et j’ai in-­ tégré, depuis, cette dimension humaine, sociale et philosophique. De part ma formation (bac économique et social) je retrouve les valeurs qui m’avaient motivée et avec lesquelles j’ai beaucoup d’affinités. Au fil des semestres mes connaissanc-­ es et compétences se sont enrichies grâce aux différents ensei-­ gnements (scientifiques et sciences humaines, arts plastiques, construction, informatique…) et au stage effectué à l’agence d’architecture de Philippe BOGACZ ;; expérience enrichissante au niveau professionnel et personnel. Ces nouveaux outils et méthodes de travail me permettent de progresser et de me per-­ fectionner dans la réalisation de mes projets.

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les constructionS ?

Au départ mes notions d’architecture concernaient principale-­ ment la conception de maisons. Ma vision se réduisait à des enjeux individualistes comme la conception d’individuel, d’exten-­ sion, où le collectif était exclu.



//Avant propos //

Ce qui m’amène à la question suivante : La façade a-­t-­elle une fi-­ nalité artistique du projet ?

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Valeur d’art / Valeur D’esthétique

En fait je remarque que dans chacun de mes projets, il y a une constance : c’est la finalisation, l’esthétique, la recherche de ce qui va être vu en premier, à savoir la façade. C’est pourquoi j’en-­ visage d’orienter mon étude sur ce thème. En effet, le sujet de la façade m’intéresse beaucoup et m’amène à me poser les questions suivantes : La façade est-­elle un élé-­ ment dissocié de ses fonctions intérieures et donc a-­t-­elle une valeur d’art ? N’est-­elle pas dans certains cas considérée comme un objet autonome qui développe son propre propos, ou un propos qui n’a de valeur que par rapport à la rue, à la dimen-­ sion urbaine ? En quoi est-­elle représentative ou non ?

Art et usage, font-­ils bon ménage ?

Arrivée au troisième semestre, un premier changement d’échelle s’est effectué : de 150m2 nous sommes passés à plus de 5000 m2. L’enjeu était totalement différent car nous avions comme programme un équipement et plus particulièrement une cité d’art. Du fait de la grandeur du site de projet le rapport au contexte était plus important. La notion d’espace public est alors apparue. Une forme architecturale s’est révélée par évidence, comme une aquisition que le projet était un tout. La façade était comme alors intégré à ce tout et non « une pièce rapportée » comme j’avais pu l’appréhender au semestre 2. Puis le quatrième semestre a été pour moi le semestre de la découverte de l’urbanisme. Même si le sujet principal n’était pas la recherche d’une stratégie (mais l’élaboration de logements étudiants et d’un équipement) j’ai beaucoup aimé ce nouvel ex-­ ercice. Là encore, j’ai travaillé mon projet comme étant «un tout» mais j’ai plus poussé le travail d’esthétique de la façade pour l’équipement public. A-­t-­on besoin d’une « artificialisation » de la façade pour la rendre remarquable ?

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les constructionS ?

(suite)



// Introduction //

Si je parle ici de façade, c’est en fait de l’élément d’une envel-­ Si oppe en général dont je parle mais c’est plus largement de l’objet architectural tout entier dont il est question. C’est uniquement le mot « façade » qui est mis en avant car d’un point de vue phy-­ sique c’est la première chose à laquelle nous faisons attention. Quelle est donc sa fonction ?

Quelle est la valeur d’art en architecture ? Quel impact a-­t-­elle sur la façade ? Doit-­on dissocier ce qui se passe à l’intérieur de ce qui est visible de l’extérieur ? Autrement dit, l’usage, la fonction d’un bâtiment doit-­il se refléter en façade ? -­Auquel cas une valeur d’art serait plus difficilement envisageable-­ Ou bien la façade ne doit-­elle pas être uniquement le reflet de ce qui l’en-­ toure, du contexte urbain, pour s’inscrire parfaitement dans son site ? laissant alors un peu plus de liberté à un quelconque par-­ site allèle avec l’art. C’est à travers les théories d’un historien de l’art et de cinq archi-­ tectes que j’ai alors tenté de répondre à ces questionnements

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Valeur d’art / Valeur D’esthétique

La fonction de la façade, de manière visuelle, est alors simple-­ ment d’être regardée, contemplée. A-­t-­elle une valeur artistique ? A-­t-­elle une valeur esthétique ? L’observateur, consciemment ou inconsciemment, va émettre une critique sur ce qu’il voit. Les notions de valeur d’art et d’esthétique peuvent alors aider à com-­ prendre comment on en arrive à cette critique.

Art et usage, font-­ils bon ménage ?

Lorsque l’on parle d’enveloppe d’un bâtiment, la façade est l’élément premier auquel nous faisons référence (parfois même elle ne représente que le front). Car bien souvent c’est celui qui est le plus travaillé, le plus soigné par l’architecte. C’est aussi l’élément qui va créer un dedans et un dehors, un C’est mur particulier qui va instaurer une hiérarchie entre un avant et un arrière. De là va apparaître un rapport intérieur/extérieur. Qu’est-­ce qui doit être montré ? Les usages du bâtiment doivent-­il transparaître en façade ?

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les constructionS ?

Façade, n.f. : du latin facies ;; aspect extérieur, selon Larous-­ se, cela désigne chacune des faces extérieures d’un bâtiment.



Art et usage, font-­ils bon ménage ?

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les construction ?

Valeur d’art / Valeur D’esthétique

VALEUR D’esthétique ALEUR D’esthétique

VVALEUR D’ART



// IValeur d’art vs Valeur d’esthétique //

Le culte moderne des monuments, Alois RIEGL, éditions l’Har-­ mattan, page 27

Qu’est-­ce qu’une œuvre d’art ? Selon RIEGL, « est œuvre d’art toute œuvre humaine tangible, visible, audible, qui présente une valeur artistique… » 1. Pour lui la finalité d’une œuvre d’art est d’exister en tant que telle. Qu’est-­ce que l’histoire de l’art ? « C’est une vérité collective en formation, avec ses erreurs, ses approximations et ses discontinuités …» 2. Le terme « style y est assez important : « l’histoire de l’art s’est ainsi donnée pour objet de connaissance ce que les œuvres d’art d’une époque ont en commun, le style, afin que chaque œuvre perde son étran-­ geté…» 3

Qu’est la valeur d’art ? La valeur d’art est présente dans tout objet, qu’il soit utile ou non. _ Il y a deux valeurs d’art distinguables ;; la valeur d’art élémen-­ taire, qui considère la nouveauté comme valeur esthétique (op-­ posé à l’ancienneté comme valeur de mémoire du temps qui passe) et la valeur d’art relative, qui pour l’époque moderne est l’appréciation positive ou négative des objets monuments. _ Elle a deux exigences : qu’il y ait une satisfaction du vouloir d’art moderne et que « la « valeur d’art relative » sépare vouloir d’art moderne, et vouloir d’art d’autrefois.» 5 Ce qui est important à retenir c’est que la valeur d’art n’est pas liée une simple perception personnelle (de goût ou de dégoût) mais elle fait référence à des choses réellement fondées comme la mémoire, le patrimoine. Il y a une réelle affiliation à la notion de temporalité. La valeur d’art en architecture est donc quelque chose de vari-­ La able qui se voit attribuer des caractéristiques selon l’époque dans laquelle l’objet (dont on se demande s’il a une valeur d’art) « nait ». Elle résulte d’un certain nombre de facteurs, tels que la nouveauté, l’histoire l’époque, la société…

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Valeur d’art / Valeur D’esthétique

Qu’est le Kunstwollen ? En français cela se traduirait par « vouloir d’art », c’est selon RIEGL « un un en ? devenir » 4. Cette théorie est l’origine de la production d’arts.

Art et usage, font-­ils bon ménage ?

5

Je me suis ici appuyée sur la théorie d’Alois Riegl dans son ou-­ vrage : le culte moderne des monuments.

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les constructions ?

1 Le culte moderne des monuments, Alois RIEGL, éditions l’Har-­ mattan, page 55 2 Le culte moderne des monuments, Alois RIEGL, éditions l’Har-­ mattan, page 23 3 Le culte moderne des monuments, Alois RIEGL, éditions l’Har-­ mattan, page 20 4 Le culte moderne des monuments, Alois RIEGL, éditions l’Har-­ mattan, page 96



// IValeur d’art vs Valeur d’esthétique // (suite)

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Valeur d’art / Valeur D’esthétique

Art et usage, font-­ils bon ménage ?

A contrario, la valeur d’esthétique fait référence aux notions de goût ou de dégout. Un objet est qualifié d’esthétique lorsqu’un travail a été fait avec en amont la volonté primaire de plaire. C’est en quelque sorte un idéal : « jusqu’au XIXème siècle, l’idée a prévalu d’un canon inflexible, d’un idéal de l’art absolument ob-­ jectif que tous les artistes recherchaient mais que peu réussis-­ saient à atteindre.» 1

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les constructions ?

1 Le culte moderne des monuments, Alois RIEGL, éditions l’Har-­ mattan, page 58



Art et usage, font-­ils bon ménage ?

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les construction ?

Se retrouve-­t-­il dans les constructions ?

L’art au service de la conception, L’art au service de la conception,



// Conception/construction //

C’est parfois dans le rapport forme fonction qu’on comprend mieux comment on en arrive à définir qu’un bâtiment soit artis-­ tique. Pour chacun des architectes une chose est sûre ;; l’archi-­ tecture ne doit être perçue autrement que comme un tout. Cependant il y a une différence entre penser la forme comme un tout sans penser à l’esthétique et penser la forme comme un tout en liant apparence et fonction. Car il ne faut pas oublier que si la forme perdure, il se peut que la fonction elle, change au fil du temps. C’est alors un réel défi de penser un bâtiment qui allant du détail au tout, ait une cohérence de modularité pour s’adapter selon les demandes. Faut-­il considérer le site, le contexte dans lequel le projet va être construit ou faut-­il faire abstraction des informations pour créer de la nouveauté ? Pour grand nombre d’architectes le but est alors de savoir concilier l’histoire du passé avec la contempo-­ ranéité des techniques. Et chacun sera d’accord pour dire que l’étude du site (qu’elle soit économique, sociologique, historique ou bien géologique) est une base fondamentale pour la concep-­ tion du projet. Et bien au-­delà de ça, la question de temporalité régit cette étude. Dans le sens où il est important de connaître le passé mais il faut aussi savoir anticiper les besoins, se projeter dans l’avenir.

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Art et usage, font-­ils bon ménage ?

Si Si pour certains architectes la conception ne peut se faire sans l’action artistique (dessiner notamment) pour d’autres, il suffit d’y faire psychologiquement référence ou bien de ne pas du tout la considérer à cette phase-­ci, sans pour autant que cela ait des précédents sur son statut artistique final. En effet, le fait qu’une architecture soit qualifiée œuvre d’art, n’est pas forcement en-­ gendré par le fait qu’elle soit conçue « d’une manière artistique ». Bien des fois l’architecte considère que cette valeur artistique n’apparaît qu’une fois l’œuvre construite. C’est un agrégat de choses qui va alors faire qu’une architecture a une valeur d’art : les matériaux, la lumière, le silence, l’ambiance, l’atmosphère. Et il ne faut pas confondre esthétique, beauté avec valeur d’art, ce sont deux choses différentes.

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les constructionS ?

Quelle place pour l’art ?`



Figure 1

presse ce qui sera. » Louis I. KAHN,, Louis KAHN

Figure 2 ........................................................................................................................................................................................................................ ... 08

Art et usage, font-­ils bon ménage ?

« L’art réalise une unité, résume ce qui est et

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les constructionS ?

L ouis I . Kahn


n h a K . I s i u o L Nait à Kuressaare en 1901 et mort à New-­‐York en 1974 : Naissance Diplome de l’Architectural Associa on School de Londres : formation en 1972

Fonde sa propre agence dans la fin des années 1940 : agence

_ Yale University Art Gallery, New Haven,1951-­‐1953_ : oeuvreS Norman Fischer House, Pennsylvanie, 1967_ _Phillips Exeter Academy Library, Exeter, 1965-­‐1972_ Entre autres_

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A l’aube d’un tournant architectural, Louis Kahn entre en place pour exprimer un nouveau modèle idéologique de pédagogie et de pratiques architecturales, influencé par l’inspiration eu-­ ropéenne qui touche alors la côte Est de l’Amérique du nord. C’est dans le monde de l’architecture du XXème siècle que KAHN établit ses recherches, un siècle marqué par des théories comme celle du BAUHAUS et des architectes de renommée, tels que Le Corbusier, Ludwig Mies Van der Rohe, Walter Gropius…, que qui feront connaître un esthétique d’avant garde. C’est en marge du Style international qu’il va travailler sans vrai-­ ment « y mettre les pieds ». Ce courant architectural amène à une rupture avec la culture Européenne et de l’antiquité en terme de connaissances du passé. Alors que l’esthétique « pro-­ gressiste » du style international devient la norme enseignée et pratiquée aux USA et en Europe, Kahn prône lui « un style insti-­ tutionnel banalisé» 1.

2 Louis I. Kahn, Romaldo GI-­ URGOLA, édition StudioPaper-­ Back, page 15, ligne 10. 3 Louis I. Kahn, Romaldo GI-­ URGOLA, édition StudioPaper-­ Back, page 15, ligne 35-­36. 4 Louis I. Kahn, Romaldo GI-­ URGOLA, édition StudioPaper-­ Back, page 15, ligne 24-­26. 5 Louis I. Kahn, Romaldo GI-­ URGOLA, édition StudioPaper-­ Back, page 34, ligne 22-­26. KAHN, Joseph ROSA, édition TASCHEN, page 9, ligne 6

Sa vision de l ‘art : Pour ce qui est de la place de l’art dans la conception, Louis Pour KAHN considère que ce n’est pas à ce moment là qu’il intervient mais seulement une fois que l’œuvre est accomplie. Car bien que pour Louis KAHN l’art soit indispensable à l’architecture (dans la mesure ou « c’est par l’art que le sens de l’ordre se manifeste» 2), il considère que ce qui fait art en architecture est le silence et que donc il n’intervient qu’une fois l’édifice constru-­ it. Selon lui l’art est indépendant à la beauté : « le silence règne avant le concept de beau» 3, et la notion d’esthétique n’est pas considérée : « … l’art existe et trouve sa justification sans qu’il y ait aucun postula relatif à la beauté.» 4. Néanmoins il considère la pratique du dessin comme ce qui l’a amené dans l’architecture, qui est pour lui un reflexe permettant de lire, comprendre et rendre compte des choses. L’art sert à faire passer un message, il permet à l’artiste de faire passer ses idées, c’est quelque chose d’encré dans l’humain. KAHN l’explic-­ ite de cette manière : « l’art c’est la seule expression de l’être lorsqu’il tend à révéler l’humain, et la volonté d’être et véritable-­ ment la volonté de s’exprimer» 5.

6 KAHN, Joseph ROSA, édi-­ tion TASCHEN, page 9, ligne 6

Forme/fonction, quel impact sur la façade ? L’architecture est conçue et ne doit être perçue autrement que comme un tout, c’est ainsi que Louis KAHN la perçoit. Les influ-­ ences du Style international lui firent développer une théorie régie par l’idée principale suivante : « la forme suit la fonction » 6.

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Art et usage, font-­ils bon ménage ?

1 KAHN, Joseph ROSA, édi-­ tion TASCHEN, page 8

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les constructionS ?

// L ouis KAHN //



// L ouis KAHN // (Suite)

1 KAHN, Joseph ROSA, édi-­ tion TASCHEN, page 17

L’étude du passé et du contexte urbain a-­t’elle un impact dans le dessin de la façade ? Ce sont la formation de Kahn (une formation traditionnelle, aux esprits « beaux art ») ainsi que ses voyages qui font que ses re-­ cherches ont été celles qu’elles sont. Il savait concilier une influ-­ ence de précédents historiques mais passés et une technique contemporaine. La temporalité a donc une grande place dans ses réflexions, dans un essai « Monumentality » il exprime la quasi nécessité de se référer à l’histoire du passé pour concevoir les monuments du futur. Il écrit aussi : « L’architecte doit rester attentif à la meil-­ leure architecture du passé quand il commence quelque chose.» 1. Dans ce sens, il explique qu’un bâtiment, s’il n’est pas construit en fonction de son lieu et de son époque ainsi que de son passé, ne peut être une architecture comprise mais sera son plutôt un caprice d’architecte.

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Art et usage, font-­ils bon ménage ?

Figure 3

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les constructionS ?

De De là, la façade devient alors un élément qui subit ce qu’il va se passer à l’intérieur. Mais les oeuvres de Louis KAHN sont sou-­ vent signées par de grandres ouvertures géométriques en façade, pour marquer la monumentalité, et surtout faire entrer la lumière;; C’est notamment le cas pour les batiments du quartier gouvernemental de Dacca au Bangladesh:



Figure 4

tecture ent à l ’art d e b a r. A u m oment où les matériaux sont assemblés, l’ar-­‐ chitecture que nous avons recherché commence à s’intégrer au monde réel. J’éprouve un certain respect pour l’art de l’assemblage… » Penser l’architecture, Peter ZUMTHOR

Figure 5 ............................................................................................................................................................................................................................. ... 11

Art et usage, font-­ils bon ménage ?

« Je pense que le noyau dur de l’archi-­‐

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les constructionS ?

p eter zumthor


r o h t m u z r e t e p Nait à Bâle en 1943 : Naissance Fait ses études à Bâle (ecole des arts appliqués) : formation et à New-­‐York (Pra Ins tute) Fonde l’ atelier Peter Zumthor & Partner (à Haldenstein) : agence

Musée d’art Kolumba de l’archevêché de Cologne,_: oeuvreS Allemagne, 2007 Thermes de Vals, Suisse, 1996_ Chapelle Saint-­‐Benoit, Suisse, 1988_ E ntre autres_

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// P eter ZUMTHOR //

2 Penser l’architecture, Peter Zumthor, édition Birkhäuser, paragraphe des vérités inat-­ tendues, page 19, ligne 6-­8 3 Penser l’architecture, Peter Zumthor, édition Birkhäuser, paragraphe la magie du réel, page 86, ligne 18-­19 4 Penser l’architecture, Peter Zumthor, édition Birkhäuser, paragraphe des vérités inat-­ tendues, page 69 page 9, ligne 6

Sa vision de l ‘art : A de nombreuses reprises Peter ZUMTHOR compare l’architec-­ ture à l’art (la musique, la sculpture, la peinture…);; Le rapport qu’il établit entre art et architecture est bien souvent lié à la phénoménologie des choses, des lieux, cela va bien plus loin que de l’encre sur du papier : « Une esquisse, un projet dessiné sur le papier, ce n’est pas de l’architecture, mais une représenta-­ tion plus ou moins lacunaire d’architecture, comparable à une partition de musique. La musique a besoin d’être interprétée. L’architecture a besoin d’être interprétée. C’est alors que nait son corps. Et il est toujours du monde des sens.» 1. En effet, on peut qualifier une architecture d’ œuvre d’art dans la mesure où elle produit en nous des émotions, elle nous rappelle des choses. C’est alors le ressenti du lieu l’atmosphère créée qui va apporter cette valeur d’art : « un bâtiment peut posséder des qualités artistiques quand ses diverses contenues et formes se qualités conjuguent pour créer une atmosphère apte à nous émouvoir» 2. L’art intervient donc quand il y a une certaine subtilité. La valeur d’art en architecture peut alors se ressentir par l’ex-­ périmentation des lieux car l’architecture tout comme l’art est une “expérience purement visuelle…”, QUOI quel est le sujet de ce verbe fait entrer le “sens psyché” de la vue. A savoir le ressenti d’ambiances particulières, le souvenir, la mémoire. «L’architecture comme art de l’espace et du temps entre sérénité et séduction» 3. Et selon ZUMTHOR, la pensée entre aussi en compte : « Penser en images, par associations d’idées, de manière effrénée, libre, ordonnée et systématique, penser en images architecturales, spatiales, colorées, sensorielles ;; c’est ma définition préférée du projet d’architecture.» 4. Si l’on peut obtenir ces atmosphères qui font que nous nous sentons bien et qui participe à rendre artistique une œuvre archi-­ tecturale c’est en grande partie grâce aux matériaux utilisés. Tout comme pour les sculpteurs, l’utilisation d’un matériau représente un symbole, qu’il se situe en façade ou en intérieur. Il représente notamment l’héritage d’une culture, la marque d’un passé, d’une histoire.

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Art et usage, font-­ils bon ménage ?

1 Penser l’architecture, Peter Zumthor, édition Birkhäuser, paragraphe des vérités inat-­ tendues, page 66

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les constructionS ?

Après avoir étudié à Bâle et à New-­York, Peter ZUMTHOR tra-­ Après vaille sur des projets de restauration de bâtiments historiques dans le canton des Grisons (au Sud-­Est de la SUISSE). Il devient architecte indépendant en 1979 et possède aujourd’hui son agence qui se situe dans le petit village de Haldenstein. C’est un architecte qui construit principalement en SUISSE (et parfois dans d’autres pays Européens). Il est plutôt intéressé par des sites ruraux, proches des montages et éloignés des grandes sites métropoles.



// P eter ZUMTHOR //

2 Penser l’architecture, Peter Zumthor, édition Birkhäuser, paragraphe des pas laissés derrière soi, page 26, ligne 11-­13

Que pense-­t-­il du rapport forme/fonction ? En architecture le détail fait l’ensemble et forme un tout : « Le En grand défi de l’architecture, c’est de former un tout à partir d’in-­ nombrables éléments qui diffèrent par leur fonction et leur forme, par leur matériau et leur dimension.» 1. Il dit aussi : « Forme et construction, apparence et fonction ne peuvent plus être séparées. Elles vont ensemble et forment un tout.» 2, à savoir que l’esthétique et l’usage forment un ensemble. Pour Peter ZUMTHOR il n’y a pas de grande différence entre la valeur d’art ZUMTHOR d’un bâtiment et son esthétique, ce sont les mêmes choses qui les qualifient. Comme par exemple les thermes de Vals où fonction, matériaux et paysages, une fois combinés, forment un ensemble qui paraît avoir toujours existé:

Figure 6 3 Penser l’architecture, Peter Zumthor, édition Birkhäuser, paragraphe le noyau dur de la beauté, page 29, ligne 23-­25

L’etude du passé, du contexte urbain ou rural ont-­ils un impact dans le dessin de la façade ? « L’ouvrage bâti, s’il a été très exactement conçu pour un lieu et une fonction (…) n’a besoin d’aucun adjuvant artistique» 3. Il ap-­ porte beaucoup d’importance à l’étude du site et recherche dans son travail la parfaite harmonie avec ce dernier. C’est aussi par ses expériences qu’il enrichit ses recherches.

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Art et usage, font-­ils bon ménage ?

1 Penser l’architecture, Peter Zumthor, édition Birkhäuser, paragraphe des fissures dans le vernis de l’objet, page 15, ligne 10-­13

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les constructionS ?

(Suite)



Figure 7

vantage, en ma ère d’ar-­‐ chitecture, comme dans d’autres domaines, que le fait q u’un p rojet a it u ne v ie sous forme de construc on et une autre sous forme d ’écriture ou de dessin. » AUTObiographie scientifique, aldo rossi

Figure 8 .......................................................................................................................................................................................................................... ... 14

Art et usage, font-­ils bon ménage ?

« Rien ne me surprend da-­‐

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les constructionS ?

a LDO rOSSI


I S S O r O D L a Nait à Milan en 1931 et mort en 1997 : Naissance Diplomé de l’Ecole politechnique de Milan en 1959 : formation

Musée Bonnefanten, Pays-­‐Bas, 1995_ : oeuvreS Cime ere de San Cataldo, Italie, 1984_ Ensemble de logements du Gallaratese II, Italie, 1974_ Entre autres_

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// A ldo ROSSI //

2 Autobiographie scientifique, Aldo ROSSI, édition parenthèses, page 96, lignes 1-­5 3 Autobiographie scientifique, Aldo ROSSI, édition parenthèses, page 140, lignes 21-­22 4 Autobiographie scientifique, Aldo ROSSI, édition parenthèses, page 124, lignes 31-­34 age 9, ligne 6

Sa vision de l ‘art: Pour Aldo ROSSI l’art a une place importante dans la concep-­ tion puisque que pour lui le dessin est perçu comme écriture, précédant le travail de l’architecte tout en l’accompagnant. Il ex-­ plique qu’«à travers l’écriture, se dessine un autre projet qui porte en lui quelque chose d’imprévisible et d’imprévue» 1. Au début de sa carrière, lorsqu’il concevait une esquisse, son but était alors que la construction finale y ressemble au maximum (ce qui selon lui est bien souvent le cas). Cependant il semblerait qu’au fil de sa vie ce but diminue car même si les dessins pren-­ nent en compte l’évolution du projet en construction et “ses nou-­ velles contaminations”, il est impossible de passer outre les modifications qu’infligent l’usage et le temps. Ses dessins sont en quelque sorte la vie parallèle des projets. En lisant son autobiographie scientifique, j’ai petit à petit eu l’im-­ pression que lorsque ROSSI présentait ses projets il y avait en quelque sorte un élément mystique, psychique peut être, qui faisait vivre ses œuvres, qui allait même au-­delà du dessin: «Les dessins d’architecture et les photographies sont peut-­être sans importance, néanmoins le projet lui-­même représentait la volo-­ nté de ne plus dessiner l’architecture mais de l’extraire des choses elles-­mêmes et de la mémoire.» 2. Aldo ROSSI a alors peu d’intérêt pour la valeur d’esthétique même s’il admet que «l’homme a toujours construit avec une in-­ tention d’esthétique» 3. Pour lui la beauté se définit de la sorte: « La beauté, d’une personne, d’une chose, d’une ville, ne peut ex-­ ister si elle ne signifie qu’elle-­même, ou mieux, si elle n’a d’au-­ tres significations que celle de son propre usage.» 4. Que pense-­t-­il du rapport forme/fonction ? Aldo ROSSI est radical là-­dessus, pour lui la forme perdure Aldo alors que la fonction change constamment. Il écrit : « Il est évi-­ dent que chaque objet a une fonction propre à laquelle il doit répondre, mais le processus ne s’arrête pas là, car les fonctions varient avec le temps. C’était depuis toujours l’une des hy-­ pothèses scientifiques que je tirais de l’histoire de la ville et de

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Art et usage, font-­ils bon ménage ?

1 Autobiographie scientifique, Aldo ROSSI, édition parenthèses, page 154, lignes 31-­33

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les constructionS ?

Lorsqu’il sort de ses études, Aldo ROSSI ressent le besoin de Lorsqu’il théoriser avant de concevoir. Il revendique une architecture des années 60 devenue non adaptée, « dans une situation dé-­ sastreuse » et souhaite alors porter un regard sur les produc-­ tions milanaises mais aussi européennes. Curieux et ayant une grande soif d’apprendre, il exprime clairement être attiré par beaucoup de choses et aurait pu faire divers métiers, il n’a pas eu la vocation d’être architecte, il a étudié cela au même titre qu’il aurait pu étudier la médecine.



// A ldo ROSSI // (Suite)

L’étude du passé et le contexte urbain/rural ont-­ils un impact dans le dessin de la façade ? L’édifice doit pour lui refléter le contexte à merveille : «Dans l’utilisation de chaque matériau il faut imaginer la construction du site et de sa transformation.» 2. Au-­delà même de parler de lieux, il y a aussi la notion de temporalité, tant la projection dans le futur que la mémoire du passé: «l’histoire fait aussi partie du pro-­ jet» 3 et au-­delà de l’histoire des lieux il y a le passé de l’archi-­ tecte : « les choses les plus importantes de la vie reposent sur des principes moraux et poétiques. Je me rappelle toujours cer-­ tains moments et certains souvenirs. La mémoire de la ville est importante, la mémoire collective par opposition à la mémoire in-­ dividuelle. Dans cette optique la vie de l’architecture me semble toujours très importante.» 4. Son oeuvre le théatre du monde l’illustre très bien car il représentait par sa structure les traditionnelles structures des fêtes vénitiennes mais aussi les tours solitaires des phares:

Figure 9 Pour lui l’étude de la ville et des conditions de vie avait beau-­ coup d’importance, il se basait parfois sur le cinéma pour ef-­ fectuer ses recherches. Ces projets naissent d’une expérience de vie, et sont fondés par les souvenirs du passé, les péripéties du présent et les projections dans le futur. « Sans évènements il n’y a ni théâtre ni architecture.» 5

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Art et usage, font-­ils bon ménage ?

2 Aldo ROSSI, Aldo ROSSI, édition centre de création in-­ dustrielle, page , ligne 3 Aldo ROSSI, Aldo ROSSI, édition centre de création in-­ dustrielle, page , ligne 4 Aldo ROSSI, Aldo ROSSI, édition centre de création in-­ dustrielle, page , ligne 5 Aldo ROSSI, Aldo ROSSI, édition centre de création in-­ dustrielle, page , ligne

l’histoire de la société civile, en observant la transformation d’un palais, d’un amphithéâtre, d’un couvent, d’une maison…» 1.

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les constructionS ?

1 Autobiographie scien-­ tifique, Aldo ROSSI, édition parenthèses, page 139, lignes 18-­26



Art et usage, font-­ils bon ménage ?

Font-­ils bon ménage ? Font-­ils bon ménage ?

Art et usage,



// Usage, fonction // l’art n’a pas de place Comme Comme on a pu le voir dans la partie précédente (l’art au service de la conception, se retrouve-­t-­il dans les constructions ?), pour certains architectes, l’art est en fait un moyen d’expression de l’architecture, il sert alors à lire, à comprendre... Pour d’autres, l’avis est plus tranché, opposé : l’art est inutile en architecture. Et Et le pourquoi cette architecture est « inutile » est le fait qu’une architecture est pensée pour répondre à une fonction et que l’art et l’usage sont incompatibles. En effet, l’œuvre d’art est réalisée à des fins personnelles, même si elle va être vue, contemplée, critiquée ce n’est pas quelque chose qui va servir un besoin. Pour les architectes qui défendent cette pensée, le travail de l’in-­ térieur est très différent de celui de l’extérieur (même si l’archi-­ tecture est travaillée comme un tout). Il arrive que des frag-­ ments, des pièces soient dissociables de l’enveloppe pour qu’il y ait une corrélation logique de ce « tout ». Il arrive même que le travail de la façade soit délaissé face à celui de l’intérieur.

Non, usage et art ne font pas bon ménage, ce qui amène à dire que la façade ne devrait en aucun cas revêtir une valeur artis-­ tique puisque le but d’une architecture est d’être fonctionnelle. Si on se cantonne à cette théorie, l’art n’aurait pas sa place en ar-­ chitecture ?

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Art et usage, font-­ils bon ménage ?

Cela ne s’établit pas en dépit de recherches sur le territoire donné, sa culture, son évolution… Cependant dans le cas exceptionnel de la Bigness, cette étude du territoire ne s’avance pas jusqu'à celle du site puisque la théorie exprime bien le fait qu’elle pourrait être posée n’importe où ;; c’est une construction qui doit pouvoir s’autogérer et surtout correspondre à tous types sociaux, une construction qui s’inscrit dans le temps mais avec une logique de durabilité et d’adapta-­ tion.



Figure 10

a DOLF LOOS

Figure 11 ..................................................................................................................................................................................................................................... ... 18

Art et usage, font-­ils bon ménage ?

« La maison doit plaire à tout le monde. Contraire-­‐ ment à l ’œuvre d ’art q ui n e doit plaire à personne. (...) Seule une part infime de l’architecture fait par e de l’art : le tombeau et le monument. Tout le reste, monume ce qui rempli une fonc on, est à exclure du domaine de l’art. » LOOS, Adolf LOOS


S O OL F L O D a Brno en 1870 et mort à Karlburg en 1933 : Naissance Etudes faites à Reichenberg puis à Dresde : formation Café Muséum, Vienne, 1899_ : oeuvreS Maison Steiner, Vienne, 1910_ Immeuble de la Michaelerplatz, Vienne, 1909-­‐1911_ Entre autres_

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// A dolf LOOS //

3 LOOS, August SARNITZ, édi-­ tion TASCHEN, page 10 KAHN, Joseph ROSA, édition TASCHEN, page 9, ligne 6

2 L’art régional, 1914. 3 LOOS, August SARNITZ, édi-­ tion TASCHEN, page 15

Sa vision de l ‘art : Ce qui qualifie la position d’Adolf LOOS sur l’art est inévitable-­ ment sa critique de l’ornement superficiel, de l’esthétique hypo-­ crite. Sa vision du rapport art et architecture est assez radicale, pour lui la différence entre ces deux matières est la suivante : «La maison doit plaire à tout le monde. Contrairement à l’œuvre d’art qui ne doit plaire à personne. L’œuvre d’art est l’affaire privée de l’artiste. La maison non. L’œuvre d’art ne nait pas pour répondre à un besoin. La maison couvre un besoin. L’œuvre d’art n’a de responsabilité envers personne, la maison envers chacun. L’œuvre d’art veut tirer les hommes de leur confort. La maison doit servir ce confort. L’œuvre d’art est révolutionnaire, la maison conservatrice. L’œuvre d’art montre des voies nouvelles à l’humanité et pense à l’avenir. La maison pense au moment présent. L’homme aime tout ce qui sert son confort. Il déteste tout ce qui veut l’arracher a sa situation acquise et le dérange. Il tout aime donc la maison et déteste l’art. Seule une part infime de l’architecture fait partie de l’art : le tombeau et le monument. Tout le reste, ce qui rempli une fonction, est à exclure du do-­ maine de l’art.» 1. Que pense-­t-­il du rapport forme/fonction ? Sa réflexion sur le rapport forme/fonction va de paire avec sa pensée sur le rapport art et architecture ;; l’architecture n’est pas un art car elle a une fonction. Pour lui l’élément primaire est l’in-­ térieur (d’ou les formes cubiques de ses constructions). C’est en quelque sorte une architecture de façades vides: «Que la maison se montre discrete vers l’extérieur, pour exposer toute sa rich-­ esse à l’intérieur.» 2. Il a donc deux réflexions principale:«“le Raumplan” et “l’absence d’ornement” de la culture moderne.» 3

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Art et usage, font-­ils bon ménage ?

Adolf Adolf Loos était un personnage qui choquait, par son style de vie (dandy), sa critique et sa façon de voir les choses. Il a beaucoup voyagé, c’est ce qui fera de lui un architecte moraliste et écriv-­ ain. Il écrivit notamment de nombreux articles à Vienne mais ceci ne lui conféra pas pour autant le statut de « célébrité de l’archi-­ tecture » comme pouvaient l’avoir Walter Gropius ou bien Le Corbusier. Mais il est aujourd’hui considéré comme un précur seur de l’architecture et est même cité par des architectes comme Aldo Rossi ou encore Hans Hollein. Comme beaucoup d’architecte, Adolf Loos considéré la grande ville comme le théâtre social inspirant l’architecture. Ce qui l’in-­ téresse tout particulièrement c’est la culture de l’habitat en milieu métropolitain.



// A dolf LOOS // (Suite)

Cela se voit notamment dans son oeuvre: Michaelerplatz, à Vienne. Pour chaque usage sa taille de plancher avec une façade dénuée d’ornements:

Figure 12 L’étude du passé et du contexte urbain ont-­ils un impact dans le dessin de la façade ? Ces recherches sont influencés par sont voyage au Etats-­Unis (ou il vécu 3 ans). Il apporte de l’importance à l’étude de la so-­ ciété et émet une critique socioculturelle qui touche les do-­ maines de la vie quotidienne. C’est un observateur précis de son temps et des nouvelles formes dans la culture. Pour lui « l’évolu-­ tion de la culture est synonyme de suppression de l’ornement sur l’objet usuel» 1 car l’ornement est signe d’une culture primitive. L’ornement représente un gaspillage de la puissance de travail, d’un point de vue économique.

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Art et usage, font-­ils bon ménage ?

3 LOOS, August SARNITZ, édi-­ tion TASCHEN, page 12



Figure 13

R em Koolhaas « U ne s orte d e r oi M idas d émocra que : e ssay-­‐

er de trouver le concept perme ant de trans-­‐ former ce qui ne vaut rien en quelque chose, ou même le sublime n’est pas indispensable.»

Figure 14 .......................................................................................................................................................................................................................... ... 21

Art et usage, font-­ils bon ménage ?

El Croquis, fev 1992


s a a h l o oK m e R Ro erdam en 1944 : Naissance Diplome de l’Architectural Associa on School de Londres : formation en 1972 Fonde l’ OMA (Office for Metropolitain Architecture) en 1975 :agence

Bibliotheque centrale de Sea le, Washington, 2004_ : oeuvreS Centre du campus McCormick, Chicago, 2003_ Maison à Bordeaux, Bordeaux, 1998_ Entre autres_

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// R em Koolhaas //

Rem KOOLHAAS fait ses études à l’Architectural Association Rem School of Architecture de Londres où il obtiendra son diplôme en 1972. Pour lui, il est difficile de penser et de pratiquer l’architec-­ ture en même temps. De part ses divers « métiers » (journaliste, scénariste, écrivain…) Rem KOOLHAAS apporte à ses projets quelque chose de différent, quelque chose en plus ;; la théorie. En effet, avant de concevoir du concret il a préféré écrire (New York Délire, Junkspace entre autres). C’est pourquoi il a peu de constructions à son actif. Ses réflexions ne touchent pas unique-­ ment l’architecture, elles vont au-­delà et englobent l’urbanisme.

2 Junkspace, Rem KOOL-­ HAAS, édition Manuels Payot, page 3 Junkspace, Rem KOOLHAAS, édition Manuels Payot, page

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4 Junkspace, Rem KOOLHAAS, édition Manuels Payot, page

Sa vision de l ‘art: Difficile de savoir ce que pense concrètement Rem KOOL-­ HAAS du rapport entre art et architecture. Cependant il semble avoir un avis bien tranché là-­dessus : dans sa théorie de la Big-­ ness fondée sur cinq théorèmes l’un d’entre eux est le suivant : _Avec l’arrivée de l’ascenseur et des technologies qui lui sont liées, la Bigness sort des classiques architecturaux. « L’ « art » de l’architecture est inutile dans la Bigness» 1. Que pense-­t-­il du rapport forme/fonction ? Quel impact sur la façade ? Pour comprendre comment il interprète ce rapport il faut là se pencher sur deux autres théorèmes de la Bigness : _Le premier étant qu’un bâtiment trop grand “se divise” en par-­ ties à l’intérieur du tout, car il ne peut pas être «régie par un seul geste architectural» 2. _Et le second est que l’architecture d’intérieur et celle de l’ex-­ térieur sont différenciées car «la distance entre le cœur et l’en-­ veloppe s’accroit tellement que la façade ne peut plus révéler ce qui se passe à l’intérieur.» 3. C’est pourquoi dans ses projets, il arrive parfois qu’il ait à réalis-­ er uniquement des intérieurs (comme le design des boutiques PRADA à New-­York). Quand est-­il de l’étude du contexte urbain ? La définition de la Bigness selon KOOLHAAS est intéressante pour comprendre comment il étudie la société afin d’orienter ses recherches : « Au delà d’une certaine échelle, l’architecture acquiert les pro-­ priétés de la Bigness. La meilleure raison que l’on ait pour abor-­ der la Bigness, c’est celle que donnent les alpinistes qui s’at-­ taquent à l’Everest : “parce que ça existe”. La Bigness est l’ar-­ chitecture ultime.» 4 En effet pour Rem KOOLHAAS, cette Bigness qui serait en voie

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Art et usage, font-­ils bon ménage ?

1 Junkspace, Rem KOOL-­ HAAS, édition Manuels Payot, page



// R em KOOLHAAS // (Suite)

1 Junkspace, Rem KOOL-­ HAAS, édition Manuels Payot, page 2 Junkspace, Rem KOOL-­ HAAS, édition Manuels Payot, page

Figure 15 De plus, un des théorèmes est que la Bigness ne se conçoit pas en fonction du site qui l’entoure, elle « ne fait plus partie d’aucun tissus» 2. Je crois que tout est dit.

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Art et usage, font-­ils bon ménage ?

d’extinction est un procédé qui ne découle pas seulement de l’ar-­ chitecture mais aussi de bien d’autres choses (qui sont un agrégat de choses « des temps modernes ») et qui aurait pour but de « réorganiser un monde social» 1. Une de ses œuvres qui pourrait être qualifiée de bigness est le CCTV headquartier en Chine. C’est un bâtiment en forme de boucle dont les façades reflètent la structure.



// Conclusion //

Mais Mais le premier point important à retenir c’est qu’un bâtiment qui possède une valeur d’art n’a pas forcement une valeur es-­ thétique et vice versa. En effet, le simple fait qu’une architecture plaise n’est pas la raison pour laquelle elle va avoir une valeur d’art, il y a une question de temporalité qui entre en compte alors que la valeur d’esthétique, elle, va être en quelque sorte la prise de position sur une œuvre (j’aime ou j’aime pas). Pour ce qui est du cas particulier de la façade, ce qui est essenti-­ el à dire c’est qu’elle peut avoir une finalité esthétique sans pour autant avoir une valeur d’art. Il y a bel et bien une multitude de choses qui font que l’ont va pouvoir qualifier une construction d’œuvre d’art mais cela dépend bien entendu des points de vue de chacun. Cependant bien souvent des mêmes éléments revi-­ ennent pour justifier cette valeur d’art : les matériaux, les ambi ances, la perception… et bien entendu le fait qu’elle puisse transmettre une histoire, “un témoignage de passé”. Si pour certains architectes les bâtiments peuvent revêtir une di-­ mension artistique, pour d’autre leur but n’est que de servir à une fonction propre. C’est là que le rapport fond/forme devient intéressant, “délaissant” la façade pour le travail de l’intérieur. Mais ce travail s’effectue non sans des études de territoire, de contexte, de société… qui vont alors influer sur l’œuvre toute en-­ tière. La façade a donc une valeur artistique dès qu’elle s’inscrit dans le temps, qu’elle témoigne de quelque chose, qu’elle a une im-­ portance aux yeux des historiens de l’art. C’est le cas des monu-­ ments historiques. Quelle place ont les façades des monuments historiques face au dessin des façades contemporaines ? Au fil du temps, les architectes s’inspirent du passé pour concevoir. Y-­a-­t-­il des similitudes avec les constructions d’aujourd’hui ?

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les construction ?

Il est difficile de dire radicalement si oui ou non la façade a une finalité artistique. Cela va plus loin que ça. De Louis KAHN à Rem KOOLHAAS, j’ai pu appréhender des théories avec des points de vue diamétralement opposés.

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// Conclusion //

Mon but ici n’était pas de faire une énumération d’explica-­ tions, de théories ou de doctrines mais bien d’essayer de com-­ prendre sous quelles formes l’art se manifeste en architecture et surtout quel impact il va avoir sur la façade en général. Au-­delà de comprendre si OUI ou NON la façade a une finalité artistique, à travers ce travail de recherche, j’ai pu appréhender et com-­ pléter ma définition de ce qu’est le métier d’architecte aujo urd’hui. Faire de l’architecture c’est autant faire de l’art que de l’ingénierie. C’est apprendre à voir et à comprendre le monde qui nous entoure, une culture, une société, des habitus. C’est con-­ cevoir une atmosphère pour chacun sans jamais oublier la di-­ mension, le facteur « temps » qui nous rappelle que l’on vit aujo-­ urd’hui avec un passé, mais aussi pour demain, dans un monde mouvant, où les usages et les pratiques ne cessent d’évolue

L’art au service de la conception se retrouve-­t-­il dans les construction ?

(suite)

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CITATION «L’architecture n’est pas seulement un art, pas seulement l’image des heures passées, vécue par nous et par les autres: c’est d’abord et surtout le cadre, la scène où se déroule notre vie.» Bruno ZEVI, Apprendre à voir l’architecture,

1959



Bibliographie _ Le culte moderne des monuments, Alois RIEGL, éditions esthétiques _ Louis I. Kahn, Romaldo GIURGOLA, éditions StudioPaperback _ KAHN, Joseph ROSA, éditions TASCHEN _ Penser l’architecture, Peter ZUMTHOR, éditions Birkhaüser _ Autobiographie scientifique, Aldo ROSSI, éditions Parenthèses _ Aldo ROSSI, Aldo ROSSI, éditions Centre Georges Pompidou _ LOOS, August SARNITZ, éditions TASCHEN _ Junkspace, Rem KOOLHAAS, éditions Manuels Payot _ La terrifiante beauté de la beauté, Marco TABET, éditions Sens et Tonka _ Architectes, Lauréats du Pritzker prize, Ruth PELTASON, éditions La Martinière



iMAGES _ Figure 1: http://www.interiorclip.com/imageres/1920x1440-­nate-­louis-­kahn/ _ Figure 2: http://www.yatzer.com/louis-­kahn-­the-­power-­of-­architecture _ Figure 3: http://www.domusweb.it/en/from-­the-­archive/2012/09/08/lou-­ is-­kahn-­in-­dacca.html

_ Figure 4: http://www.architravel.com/architravel/architects/peter-­zumthor/ _ Figure 5: http://ideasgn.com/architecture/therme-­vals-­switzerland-­pe-­ ter-­zumthor/

_ Figure 6: http://www.wbarchitectures.be/medias/reduced_1/Administra-­ tors/WB_020__Vals_.jpg

_ Figure 7: http://www.architravel.com/architravel_wp/wp-­content/up-­ loads/2013/04/Aldo-­Rossi1.jpg

_ Figure 8: http://archiveofaffinities.tumblr.com/post/18115157355/al-­ do-­rossi-­and-­gianni-­braghieri-­teatro-­del-­mondo

_ Figure 9: http://www.designboom.com/history/teatromondo.html _ Figure 10: http://www.awmagazin.de/designerlexikon/designer-­architek-­ ten-­mit-­l/artikel/adolf-­loos

_ Figure 11: http://thecharnelhouse.org/2014/03/17/someone-­is-­bur-­ ied-­here-­adolf-­loos-­on-­architecture-­and-­death/adolf-­loos-­geschaftshaus-­goldman -­salatsch-­ansicht-­michaelerplatz-­august-­1910/

_ Figure 12: https://www.pinterest.com/pin/406379566347201465/ & http://ww-­ w.ngv.vic.gov.au/vienna/architecture/adolf-­loos

_ Figure 13: http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thum-­ b/4/45/Rem_Koolhaas_1987.jpg/250px-­Rem_Koolhaas_1987.jpg

_ Figure 14: http://s5.photobucket.com/user/cityz/media/Xian%20and%20Bei-­ jing/DSC_0239smallX.jpg.html

_ Figure 15: http://pixshark.com/cctv-­headquarters-­plan.htm


SYNOpsis : Comment et pourquoi peut on qualifier une architecture d’œuvre d’art ? Y a-­t-­il une dif-­ férence entre valeur d’art et valeur d’esthétique ? De Rem KOOLHAAS à Louis KAHN en pas-­ sant par Aldo ROSSI, Peter ZUMTHOR et Adolf LOOS, à travers se rapport d’étude qui expose les pensées de ces grands nom de l’architec ture j’ai alors tenté de mieux comprendre le rôle de la façade dans le rapport qui relie l’art à l’ar-­ chitecture.

R approt d’etude // R ose-­ A nna FORYS_L icence 3 // ENSACF_2014-­2015


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