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(les beaux-arts slovaques depuis 1989)

résumé

Richard Kitta

Du point de vue des beaux-arts slovaques, la période entre la Révolution de velours et le présent est considérée comme un espace-temps transitoire entre l’art du monde totalitaire et celui du monde libéral. L’isolement frustrant et la fermeture des frontières pendant les décennies précédentes ont été remplacés par un environnement démocratique, social et artistique qui s’est ouvert de manière effrénée après l’adhésion de la Slovaquie à l’Europe en 2004. Dans les années 80, la jeune génération dans le domaine de la création graphique commença à réagir à plusieurs impulsions venues de différentes tendances plastiques du monde. Après le retour de l’étranger, les adeptes dynamiques des arts s’orientèrent vers la scène européenne des beaux-arts et ils y trouvèrent de nouveaux motifs dans la figuration libre française, dans la transavant-garde italienne et dans Die Neuen Wilde allemande. Le phénomène commençant proposait un graphisme inspiré de l’ordinateur suite à l’oeuvre de Jozef Jankovič, Juraj Bartusz et Daniel Fischer. Les oeuvres de Stano Filko, Július Koller et l’oeuvre complexe de Rudolf Sikora font partie des expressions particulières d’un graphisme expérimental ; on ne peut pas oublier la création d’action (de flux) des artistes Milan Adamčiak et Alex Mlynarčík. En 1996 l’association des graphistes G-Bod a été fondée. L’association était ouverte non seulement à de nouvelles idées, mais aussi à de nouvelles disciplines plastiques. Le graphisme slovaque quitte progressivement la torpeur du style. Au début des années 90, le devant de la scène artistique est représenté par les artistes officiels, l’école de Hložník et de Brunovský considérée comme une possibilité unique est résolument à l’écart du contexte slovaque des beaux-arts. Depuis la fin des années 90, un graphisme multimedia, même « limite » représentée par

Matej Krén, Peter Rónai ou Marek Kvetan arrive au premier plan. La dernière génération avec ses approches différentes vers une création graphique autre est aujourd’hui représentée par des artistes comme Marko Blažo, Martin Derner, Patrik Kovačovský, parmi les cadets citons Pavol Truben ainsi que Jozef Tušan, Matúš Lányi, Samuel Čarnoký de Košice, qui participent régulièrement aux expositions du graphisme slovaque d’aujourd’hui. Quant à la peinture, après 1989, on peut trouver une variante particulière de la spontanéité. Malgré une grande popularité et le succès du retour de l’expressivité, ce style ne persiste pas longtemps chez la plupart des auteurs. Les artistes comme Bohdan Hostiňák déclarent de plus en plus souvent leurs propres thèmes, universels, ce qui est typique d’une assimilation avec la tradition culturelle des nouvelles avant-gardes mondiales. Dans ce contexte, la peinture est un peu mise de côté et elle n’est dominante qu’au début du 21siècle. Malgré un certain caractère ludique dans l’action gestuelle présente dans l’oeuvre de Vladimír Popovič ou malgré l’abstraction géométrique du concept d’Adam Szentpétery, les tendances les plus fortes sont la réalité et la figure – une sorte de retour vers la forme spécifique du réalisme ou de ses extrémités. Les personnes principales sont encore les représentants de la dernière génération qui se sont tournés sans stress vers le médium traditionnel de l’expression en peinture. Un certain radoucissement du dogme dans la théorie de l’art au tournant du siècle, la critique des jeunes artistes a fait de la peinture un médium populaire, capable d’intéresser un spectateur visuellement mûr ainsi que sursaturé. Parmi les artistes les plus signifiants de la dernière génération, on peut citer Erik Šille, Lucia Dovičáková, Erik Binder, Michal Czinege,

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Nimcová, Dorota Sadovská et beaucoup d’autres. Le contexte du musée d’art, ses espaces et artefacts sont le thème du programme de Roman Ondák. Otis Laubert s’en rapproche tout en étant très différent, c’est un collecteur systématique des objets hors d’usage. Dezider Tóth travaille aussi avec le thème du musée, d’un côté il déconstruit les objets d’art, de l’autre il les rénove. Les nouvelles technologies et la digitalisation ont stimulé de nouvelles approches de l’art contemporain, visibles dans l’oeuvre de Michal Murin ou Marek Kvetán et Roman Galovský. Citons encore Ivor Diosi de la génération suivante. Dans le cadre de la plate-forme des nouveaux médias et des oeuvres qui sont apparues au nouveau millénaire, soulignons l’activité des étudiants et des anciens élèves de l’Académie des beaux-arts à Bratislava ainsi que ceux de la Faculté des arts de l’Université technique à Košice et de l’Académie des arts à Banská Bystrica. Ces activités nous ont présenté une perspective et une expansion dynamique très vaste des expressions, dans ce domaine. Le studio des nouveaux médias à Košice sous la direction de Anna Tretter et Michal Murin a formé de jeunes artistes qui ont fait écho et pas seulement à l’échelle locale – Jakub Pišek, Beáta Kolbašovská, Juraj Sasák, Richard Kitta, Matej Papík et d'autres.

résumé

De l'évolution à la révolution

Martin Sedlák, Boris Sirka, Veronika Šramatyová, Ján Vasilko, Jarmila Džuppová et beaucoup d’autres. La sculpture d’après la révolution se réfère directement et aussi indirectement à la période des concrétistes – Štefan Belohradský et Juraj Bartusz qui, plus tard, lia une pratique entre un art d’action et un art du concept, et à la deuxième avant-garde des années 60 qui a brisé les frontières entre les différentes disciplines artistiques. L’étoile fixe de cette période est Mária Bartuszová avec sa plastique biomorphe originale et Juraj Meliš quittant le dogme en faveur d’un programme antiesthète. La sculpture est devenue pluridisciplinaire, transversale grâce à l’utilisation fréquente de l’installation sculpturale, du ready-made (objet trouvé) ainsi que grâce à l’influence de la pensée conceptuelle. L’artiste transversal le plus typique de cette période est Vladimír Havrilla qui est l’un des premiers à utiliser l’animation par ordinateur pour la réalisation de concepts spatiaux. Après 1989, la situation à l’Académie des beaux-arts à Bratislava a changé. Le dirigeant est Jozef Jankovič qui met l’accent sur les techniques classiques mais avec une orientation vers les nouvelles tendances de l’art statuaire. L’oeuvre de la nouvelle génération s’est concentré sur le travail expérimental avec des matériaux non-sculpturaux. Les objets et les installations typiques de cette époque sont ceux des artistes déjà professionnels – Viktor Hulík, Ilona Németh, Anton Čierny et d’autres. Patrik Kovačovský, Denisa Lehocká, Michal Moravčík et d’autres, font partie des nouvaux adeptes d’un art post an 2000 qui se réclame de la transversalité. Les nouvelles idées et techniques expérimentales (les modèles 3D et la simulation) sont visibles dans l’oeuvre de Štefan Papčo, Martin Piaček et Tomáš Džadoň. En 1998, une autre plate-forme pour l’enseignement des jeunes sculpteurs – Faculté des arts à l’Université technique à Košice a été créée. Ce milieu a produit les sculpteurs comme Ján Zelinka, Dagmar Mavrevová, Radovan Čerevka, Marián Straka et d’autres. Dans l’art visuel des nouveaux médias, un des facteurs déterminants, après novembre 1989 (outre la renaissance de la liberté, stimulant le renouvellement de la créativité) représente une diversité postmoderne des genres typologiques et la revalorisation des thèmes artistiques. La crise (nationale et personnelle) de l’identité et le besoin de les reconstruire, ainsi que l’effacement des frontières entre le global et le local sont devenus les thèmes préférés des artistes. Les technologies de communication et informatiques, accélérées par la digitalisation, contribuent au changement de la perception de la réalité. La première génération des video-artistes comporte Peter Rónai, Jana Želibská, Anna Daučíková, Miroslav Nicz, plus tard Richard Fajnor, Dušan Zahoranský et d’autres. Ils travaillent sur des thèmes divers – l’identité, le corps ou les aspects sociaux. L’oeuvre de plusieurs femmes artistes résonne avec la problématique du post-féminisme (Eva Filová, Anetta M. Chisa, Lucia Tkáčová) ainsi que la formulation des postulats du queer art au moment où la sexualité et l’érotisme ne sont plus tabous (Anna Daučíková, Maroš Rovňák). Les installations de Boris Ondreička provoquent par un langage visuel subversif. On trouve un message sur le génie génétique dans les video-installations ironiques de Peter Meluzin. Les années 90 réhabilitent la photographie comme un médium ambivalent. Ses formes sont redéfinies, la photo sociale et de reportage, la photographie conceptuelle et la mise en scène, sont soumises à de nouveaux procédés dans les oeuvres de Rudo Prekop, par exemple, Ľubo Stacho, Lucia

Traduction: Eva Zajacová

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