Mémoire

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TRAVAIL DE FIN D’ÉTUDE POUR L’OBTENTION DU DIPLÔME D’ARCHITECTE

Présenté par Rim Benkacem Sous la direction de Mme Ouafa Messous Membres du jury Mme.Mouna Mhamdi Mme.Khadija Karibi 2022

5 REVISITER L’ANCIEN
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A Siham,Mustapha et Yasmine...
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Remerciement

Que toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce travail soient ici remerciées:

Mon encadrant Mme Ouafa Messous pour son temps, ses orientations, ses conseils et la marge de liberté qu’il m’a accordé dans ce travail.

Mes très chers parents pour leur éducation, et leur sou tien durant ces longues années d’études.

Les membres de mon jury Mme.Karibi Khadija et Mme. Mhamdi Mouna pour avoir accepté d’accompagner ce travail.

Ma famille, mes amis proches et lointains, qui m’ont as sisté de manière directe et indirecte au cours de cette période.

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Résumé french

Ce travail de fin d’étude tente de revisiter les différentes expériences architecturales marocaines au fil des années et d’en tirer les enseignements nécessaires à la création d’une architecture synthétique qui répondra aux exi gences de l’évolution de nos modes de vie tout en of frant une architecture adaptée à l’identité marocaine. En effet, plusieurs efforts ont été déployés dans ce sens, notamment par les deux architectes : Faraoui et Patrice Demazières dont l’œuvre (l’hôtel Dades Xaluca) servira d’étude de cas ou d’exemple où la source d’inspiration est parfaitement assimilée dans le processus de conception. Nous partons ensuite dans une analyse métho dique du territoire. Ainsi, plusieurs interventions sont proposées à l’issue de cette recherche, et visent à revaloriser la zone d’étude tout en appli quant les enseignements tirés de la partie théorique

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Résumé anglais

This thesis attempts to revisit the various Moroccan ar chitectural experiments over the years and to draw the necessary lessons for the creation of a synthetic archi tecture that will meet the requirements of the evolution of our lifestyles while offering an architecture adapted to the Moroccan identity.

Indeed, several efforts have been made in this direction, including by the two architects : Faraoui and Patrice Demazières whose work (the Dades Xaluca Hotel) will serve as a case study or example where the source of inspiration is perfectly assimilated into the design pro cess.

We then leave in a methodical analysis of the territory. Thus, several interventions are proposed at the end of this research, and aim to revalue the study area while applying the lessons learned from the theoretical part

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1.Tissu architectural traditionnel marocain....................................................

Architecture traditionnelle urbaine.......................................................................... La médina.........................................................................................................................

Typologie...........................................................................................................................

Construction et matériaux...................................................................................................

Architecture traditionnelle rurale..............................................................................

Architecture de la région de ouarzazate : kasbah et ksours.......................................... Kasbah : typologie...........................................................................................................

Ksour : typologie...............................................................................................................

Construction et matériaux....................................................................................

2.Rupture entre architecture traditionnelle et modes de vies..................... Paramètres d’évolution des aspirations en terme d’habitat.........................

Evolution de la structure familiale................................................................................ Conséquences de la politique de conservation menée sous le protectorat......... Image de la construction en terre................................................................................ Evolution des normes de confort..............................................................

3.Architecture marocaine durant le protectorat

Production architecturale sous le protectorat français................................

Cité Habbous de Casablanca.............................................................

Une reproduction de la médina............... Système de voiries............... Espaces publics....................................................................................

Le nid d’abeille de Candilis............................................................. La trame Ecochard 8/8

13 SOMMAIRE Remerciements...................................................................................................... Résumés.................................................................................................................... Introduction.............................................................................................................. Problématique........................................................................................................
.............................................................

4.Architecture marocaine post-indépendance...............................................

Discours de feu Hassan II

Une architecture nationale..........................................................................................

Le village minier de Tinghir de Jaafir Taïbi.................................................................

Hotel Ibn Toumart Faraoui Abdeslem et Patrice Demazieres................................. Hotel Kalaat M’gouna Faraoui Abdeslem et Patrice Demazieres ......................... Logement Béni Mellal Faraoui Abdeslem et Patrice Demazieres..........................

Construction et matériaux...................................................................................

5.Architecture marocaine contemporaine..............................

Place Lalla Yeddouna: intervenir au sein de la Médina

Amwaj Bourgreg : revisiter la Médina.........................................................................

Musée Yves Saint Laurent : l’architecture vernaculaire ******.............

Université de Taroudant par Saad El Kabbaj, Driss Kettani et Amine Siana......... OUALALOU+CHOI et le pavillon du Maroc pour l’expo 2020 de Dubai........

6.Etude de cas : Hotel Xaluca

Le site......................................

Le bâtiment.............................................................

Conception, construction et utilisation

Conception...............

Contrôle du climat...............

Construction et matériaux....................................................................

Intégrations plastiques*

La kasbah dans le passé: histoire d’une rupture................................................

La kasbah et l’hôtel: points de convergences et divergences............................

7.Analyse

Echelle 1......................................

Situation : contexte régional

Accessibilité: voierie

Données naturelles

La vallée de Dades

Topographie particulière..............

Un couvert végétal intéressant..............................................................

Caractéristiques sectorielles .............................................

Agriculture et artisanat, secteur majeur mais faible

Potentialité du territoire

Données socio-économiques............................

Population à caractère jeune Niveau d’étude et analphabétisme: une situation inquiétante..........

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.............................................................................................

Echelle

Accessibilité

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2...................................... Situation
et voierie Composition paysagère Topographie Typologie de l’habitat Equipement Zonage PA 8.Projet Concept Principes d’aménagement Organisation spatiale Plan masse Plans Coupes Façades Vues Conclusion.. Bibliographie
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Introduction

Lorsque nous essayons de comprendre n’importe quel aspect d’un sujet, ce dont nous avons réellement besoin est d’analyser son origine, d’où il vient. Il en va de même pour l’architecture. L’architecture, comme tout autre sujet, a évolué au fil du temps et a été largement affectée par le contexte géographique, sociologique et culturel. L’environnement bâti et non bâti qui nous entoure reflète notre passé d’une manière ou d’une autre, ce qui nous amène à nous interroger sur les possibilités de notre originalité architecturale. Cela ouvre une fenêtre pour des recherches plus approfon dies où nous étudions le processus de la façon dont nous sommes entrés, autour du produit final, c’est-à-dire un bâtiment. Cela rend l’étude de l’histoire de l’architecture plus importante, car elle tente de répondre à toutes les questions relatives à notre hé ritage, aux influences qui nous ont amenés à voir la structure devant nous avec une perspective plus large. L’histoire, d’une certaine manière, nous relie à notre présent et à notre avenir, grâce auxquels nous pouvons toujours apprendre les méthodes simples et complexes à impliquer dans la conception d’un bâtiment particulier. Le pas sé d’un bâtiment ne reflète pas seulement son émergence, mais aussi son importance culturelle, son influence sociétale, l’identité qu’il affiche d’une région particulière et sa survie tout au long des changements climatiques. Ces bâtiments historiques nous guident pour reconnaître la survie de l’architecture dans un avenir proche également.

Alors que nous cherchons à rendre nos bâtiments plus résilients, la relation entre le climat et l’architecture a toujours joué un rôle important dans l’ajout d’éléments per mettant de résister à des conditions climatiques sévères. Il existe une relation plus large entre trois facteurs, à savoir les personnes, le climat et l’architecture, qui sont liés les uns aux autres, influençant ainsi leur développement progressif. Les humains, lors qu’ils interagissent ensemble, ont besoin d’un espace confortable à tous égards. Même si les facteurs sociaux, culturels et économiques façonnent les conditions de vie, c’est le climat qui détermine le rythme de l’architecture. L’utilisation de matériaux de construc tion et leurs implications dépendent de la disponibilité, des croyances et des traditions de la région, mais se manifestent en fonction des conditions géographiques. L’orienta tion du soleil, les mouvements du vent, les précipitations et d’autres facteurs climatiques modifient la conception du bâtiment afin de le rendre thermiquement confortable.

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Problématique

La zone d’étude présente une richesse non négligeable sur le plan archi tectural.

Les Ksours et les Kasbas du sud, sont les témoins de cette richesse cultu relle et de la parfaite intégration du bâti dans le contexte naturel et so cio-économique. parfaite intégration du bâti dans le contexte naturel et socio-économique. L’objectif de ce travail est de questionner les architectures « marocaines « de manière générale, et plus particulièrement dans le contexte de l’ar chitecture pré-saharienne. Il s’agit de comprendre leurs histoires, leurs processus de conception, tout en essayant d’en faire une relecture au jourd’hui en préservant la mémoire et l’essence du lieu.

Qu’est-ce que l’architecture marocaine ? Quel est le statut de l’architec ture traditionnelle marocaine au sein de la société marocaine et comment revisiter ces tissus et en tirer les apprentissages nécessaires à la création d’une architecture qui nous ressemble et nous appartient ?

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“As an architect, you design for the present, with the awareness of the past, for the future which is essentially unknown.”
-NormanFoster
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Tissu architectural traditionnel marocain

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Architecture traditionnelle urbaine

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vers leur patio central, le wust ed-dar, cœur de l’habitation. Bien que cette typologie rappelle les maisons grecques et romaines de l’Antiquité, son origine remonterait au Proche-Orient antique où on en trouve des traces “datant pour certaines du quatrième millénaire, où la composition rigoureusement symétrique. La distinction se fait au niveau de la cour centrale, où on trouve un jardin dans les riads, contrairement aux dars dont la cour est simplement pavée de marbre ou de mosaïque traditionnelle, le zellige. Elle comporte presque toujours une fontaine en son centre.

La médina présente la particularité d’être un tissu urbain dense, contenu dans une enceinte de murailles, ne pouvant donc pas s’étendre en superficie. Elle est subdivisée en quartiers constituant les unités de base. Ceux-ci comprennent les équipements de proximité que sont la mosquée et l’école coranique,le bain maure, les petits commerces et les boutiques d’artisans. La surface restante est occupée par l’habitat. A une échelle plus grande, on trouve d’autres équipements comme les souks, marchés permanents établis dans le dédale des rues couvertes du centre ville, des mosquées et écoles plus importantes, ainsi que des places plus ou moins spacieuses. Le tissu bâti de la médina est une masse compacte composée de maisons toutes contiguës. Elles comportent peu d’ouvertures sur l’extérieur et sont entièrement tournées

Dans un riad, la cour est généralement plus grande, de plantes. Elle est divisée en quatre jardins symétriques où prospèrent des orangers, figuiers ect…. Au centre du dispositif, la fontaine rafraîchit l’atmosphère lors des chaudes journées d’été et anime le jardin de son bruissement régulier.

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La médina

Typologie

Toute l’organisation de la maison, riad ou dar, est centrée sur le patio, où on accède depuis la rue par un couloir en chicane, le satouane. Son rôle est d’empêcher les regards indiscrets de pénétrer au cœur de l’habitation.

“La maison arabe est un domaine introverti qui ne doit rien dévoiler de son intérieur”.

Mis à part ses fonctions typologiques, le patio central est au cœur d’un système de régulation thermique et de circulation de l’air. Celui-ci comprend aussi des ouvertures au-dessus des portes, pour permettre à l’air chaud d’être évacué, tandis que la fontaine centrale rafraîchit et humidifie l’atmosphère.

La cour peut être entourée de portiques sur un, deux, trois ou sur les quatre côtés. Ceux-ci servent à ombrager les pièces du rez-de-chaussée, pour y maintenir la fraîcheur en été, et à desservir celles du premier étage.

Les pièces sont de formes allongées le long des côtes du patio et de faible largeur. La raison de cette configuration

La sobriété des murs extérieurs contraste fortement avec la richesse de la façade intérieure, où s’épanouit tout l’art décoratif marocain. Outre le revêtement des sols et des murs en marbre, ou zellige, on y trouve du bois et stuc sculptés et peints, ainsi que des chefs-d’œuvre de fer forgé.

est notamment l’apport de lumière et de ventilation qui se fait que depuis le centre de l’habitation, le mur extérieur étant pratiquement aveugle. Au rez on trouve, disposés autour du patio, les salons et alcôves ainsi qu’une ou deux chambres.

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La cour sert d’espace de distribution, mais aussi de lieu de socialisation et de détente. La cuisine, la salle d’eau, et le hammam dans certains cas, sont toujours situés dans les angles, à distance des pièces plus nobles. A l’étage sont réparties d’autres chambres, toujours selon la même disposition le long du patio. La maison traditionnelle comporte rarement plus d’un niveau au-dessus du rez. En toiture, la terrasse, stah, est un

C’est-à-dire que les enfants sont élevés ensemble, les femmes effectuent les tâches ménagères à tour de rôle et les repas sont pris en commun, les hommes, les femmes et les enfants séparément. Les portes sont rarement fermées et l’intimité, si bien préservée face à l’extérieur de l’habitation, est presque inexistante au sein de la famille.

L’organisation spatiale de l’habitation

espace utilitaire où les femmes effectuent traditionnellement les travaux d’entretien du linge. Cet aménagement de l’espace est complété dans certains cas par un petit appartement privé, la douirya, où le maître de maison peut recevoir ses hôtes sans que ceux-ci ne pénètrent dans l’habitation ellemême. On y accède directement depuis le couloir d’entrée, par un escalier séparé de la distribution principale.

La maison est, à l’origine, occupée par plusieurs ménages et générations d’une même famille. Chaque couple y possède sa chambre et son salon privé mais, tout comme dans la kasbah, la vie est communautaire.

traditionnelle reflète parfaitement ce mode de vie. La cour centrale, richement décorée, est à la fois le lieu et le symbole de la vie communautaire, introvertie et protégée de l’extérieur par une épaisse muraille sobre et impénétrable.

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Construction et

Les maisons dans la médina sont à l’origine construites en terre,chaux et briques. Par le passé, lors d’une reconstruction, on récupérait les matériaux de la demeure démolie, le réseau de ruelles étroites ne permettant pas l’évacuation de la matière à l’extérieur de la ville.On trouve finalement dans la maçonnerie des briques de tailles et d’époques différentes avec des joints très épais faits de terre et d’autres matériaux de démolition.

Ces murs, constitués principalement de terre et d’une largeur allant de 80 cm à plus de 120 cm, ont une inertie thermique importante, particulièrement bien adaptée aux grands écarts de température que l’on trouve à Marrakech. De plus, ils assurent une bonne isolation phonique entre maisons contiguës.Dans les cas où le patio est entouré de galeries, celles-ci reposent sur des linteaux de bois ou sur des arcs de briques. On y appose dans certains cas des décors de bois ou stuc sculptés et peints,bien qu’à Marrakech une telle richesse décorative se rencontre moins souvent que dans d’autres villes, comme Fès.La structure horizontale est généralement composée de poutres de bois de cèdre, de palmier ou de roseau, sur lesquels repose un plancher, puis une dalle de terre fortement damée et stabilisée à la chaux.

Sur la toiture terrasse, l’étanchéité est réalisée par une couche de chaux appliquée sur une dalle de terre respectant une pente d’évacuation des eaux vers la voie publique.Dans les pièces les plus importantes, les plafonds de bois sont le support de chefs d’œuvre de peintures aux motifs géométriques. Ils peuvent aussi être travaillés en profondeur et présenter plusieurs niveaux de décors peints, ou être recouverts de plâtre sculpté et peint. De manière générale, les hauteurs d’étages sont généreuses et laissent ainsi entrer un maximum de lumière en provenance du patio dans les pièces étroites. Les sols sont couverts d’une couche de dess, un enduit de chaux, enrichi de couleurs en certains points symboliques et de zelliges autour de la fontaine et dans les pièces principales. Les murs sont recouverts d’un autre type d’enduit à la chaux, le tadelakt. Son exécution, nécessitant de nombreuses étapes, en fait une technique plutôt luxueuse. Le résultat est une surface lisse et brillante, parfaitement imperméable, utilisable dans toutes les pièces y compris les salles d’eau. Les balustrades des galeries et les claustras des fenêtres, à l’origine en bois sculpté, ont été peu à peu remplacées par du fer forgé à partir du XIXème siècle.

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matériaux xxxx xxxxx

Ces matériaux traditionnels nécessitent un entretien régulier du fait de leur fragilité et de leur manque de résistance à l’humidité. Quand les dégradations étaient trop importantes, les propriétaires n’hésitaient pas à détruire leurs maisons pour reconstruire au même endroit, en réutilisant le matériel de démolition. Il est donc difficile d’estimer l’âge de construction d’après leurs matériaux puisque ceux-ci proviennent en partie de constructions antérieures.Cependant, un indice d’ancienneté est donné par le niveau de la cour centrale par rapport à celui de la rue. En effet, les déchets de construction étant en partie rejetés sur la voie publique, le niveau de celle-ci n’a cessé d’augmenter depuis la création de la ville (il aurait augmenté de plus de 5 mètres à certains endroits selon Quentin Wilbaux). Les maisons les plus anciennes seraient donc celles dont la cour centrale est restée la plus basse par rapport à la rue.

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Architecture traditionnelle rurale

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Architecture de la région de Ouarzazate: kasbahs et ksours

La ville de Ouarzazate est située à 200 kilomètres au Sud-Est de Marrakech. Les deux villes sont séparées par la chaîne montagneuse de l’Atlas, et la route la plus courte pour les relier emprunte le col du Tizi’n’Tichka, à 2200 mètres d’altitude. La ville est établie à la rencontre des vallées de l’oued Ouarzazate et de l’oued Dadès. Le long de ces cours d’eau, des palmeraies verdoyantes abritent d’innombrables villages agricoles. La région, au climat présaharien, regorge d’exemples d’architecture berbère en terre crue qui puisent leurs origines dans l’antiquité et sont devenues les figures caractéristiques du paysage local.Ces citadelles de terre déclinent les teintes d’ocre à l’infini.On en distingue deux types :les kasbahs,demeures seigneuriales fortifiées et les ksours,villages forteresses au tissu urbain compact. Ces formes d’habitat se rencontrent dans tout le Sud-Est marocain, les vallées du Drâa et du Dadès sont connues pour en abriter un riche éventail.

Kasbahs: typologie

Une kasbah est l’habitation d’un pacha (représentant du sultan dans une ville ou une province) ou d’un caïd (chef de tribu) qui y vit entouré de ses femmes, ses enfants et toute sa suite. Le modèle actuel serait le fruit d’une longue évolution de l’habitat en terre, qui aurait abouti au cours du XIXème siècle au type que nous pouvons observer aujourd’hui. Bâtie sur une élévation du terrain, elle sert de point de contrôle d’une oasis et également de lieu de ravitaillement pour les caravanes. Son architecture est tout entière dévolue à deux fonctions: la défense contre les tribus nomades, qui ont fait régner l’insécurité dans la région pendant des siècles, et l’adaptation aux conditions climatiques. Le choix d’un emplacement pour l’édification de la Kasbah contribue à répondre à deux fonctions principales : la mettre à l’abri des eaux de ruissellement, qui sont rapidement évacuées en cas de fortes précipitations, et lui donner une position dominante sur les alentours. La construction se présente comme un volume compact, flanquée de quatre tours d’angles.

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Leurs sommets offrent un point de vue panoramique, permettant de surveiller l’arrivée d’éventuels ennemis. Les murs d’enceinte, d’une épaisseur remarquable, participent à la fois à amortir les écarts de température, importants dans cette région semi-désertique, et à protéger les habitants des agressions extérieures. Pour des raisons statiques et d’écoulement des eaux, que nous aborderons plus loin, ils s’inclinent vers l’intérieur en montant. Ils sont percés de rares et minces ouvertures, s’apparentant à des meurtrières. Leur fonction défensive permet également d’éviter toute déperdition de chaleur en hiver et de garder la fraîcheur en été. Elles ont une forme évasée vers l’intérieur afin de faire entrer un maximum de lumière à partir d’un percement qui soit le plus restreint possible. Les ouvertures des portes, minimales et de forme arrondie, sont pensées selon les mêmes logiques climatiques. Toute l’organisation spatiale de la kasbah tourne autour du puits de lumière centrale, “l’œil de la maison”. Mis à part les quelques meurtrières, il est la seule source de lumière et de ventilation de l’habitation. Il permet également de communiquer d’un étage à l’autre, depuis le rez-dechaussée jusqu’à la toiture terrasse.

Le plan type diffère d’une oasis à l’autre, mais de manière générale on retrouve la même répartition des fonctions par niveaux. Le rez est réservé au stockage de la paille et aux animaux qui sont logés dans des enclos séparés selon les espèces (vaches, moutons, chèvres,..).

Au premier étage, on trouve les cuisines et les réserves de nourriture. Elle y est stockée, pour les olives, dattes, huiles, etc, dans des amphores nichées dans des trous des murailles afin de les maintenir au frais. Le grain est rangé dans de simples compartiments, modelés dans la dalle en terre de petites pièces ventilées. Ce niveau est parfois complété par des chambres ou une salle à manger. Aux étages supérieurs se répartissent les chambres ainsi que les salons privés et salles à manger.L’organisation de l’espace permet une séparation des genres qui fait partie de la préservation de l’intimité, principe qui est au cœur du mode de vie traditionnel.Au sommet, la toiture terrasse est utilisée comme une pièce à part entière.

Source: Open Editions Book

Elle peut servir de salle à manger de plein air en hiver, lorsque les habitants recherchent la chaleur du soleil, ou de couchage en été, pour profiter de la fraîcheur de la nuit. Les hôtes sont logés dans une aile attenante à la maison principale, de manière à ne pas côtoyer directement le cercle du seigneur, et préserver l’intimité de sa famille. La kasbah est entourée d’une agglomération sur laquelle le maître des lieux règne en despote.

Le mode de vie à l’intérieur de la kasbah est communautaire et seul le seigneur et ses femmes possèdent leur propre chambre. Les autres pièces ont des fonctions variables selon le moment de la journée, et surtout selon les saisons. En effet, la construction en hauteur permet une certaine adaptation à la température extérieure. En hiver, les habitants passent plus de temps dans les niveaux supérieurs, chauffés par le soleil, alors qu’en été ils privilégient les niveaux inférieurs qui préservent mieux la fraîcheur.

Source: Open Editions Book Source: Open Editions Book Source: Open Editions Book Source: Open Editions Book Source: Open Editions Book
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Ksour: typologie

Un ksar est un village fortifié entouré d’un mur d’enceinte ponctué de tours de guet et percé d’une unique porte d’accès monumentale. Elle est fermée à la nuit tombée pour protéger les habitants des brigands. Il abrite une vie villageoise basée sur la communauté et accueille régulièrement des invités et hôtes de passage. Son tissu bâti compact est composé de maisons dont l’organisation interne et les principes d’adaptation climatique s’apparentent à ceux des kasbahs. Malgré une grande diversité de tailles, elles sont cependant de dimensions bien plus restreintes et ne comportent pas toujours de cour centrale, auquel cas l’intérieur est par conséquent particulièrement sombre. Ces habitations sont toutes mitoyennes et on y accède par un réseau viaire en partie couvert par des habitations en porte-à-faux sur la rue. Dans certains cas, ce réseau est tracé en damier et presque entièrement couvert. Les rues s’apparentent dès lors à des galeries éclairées seulement par des puits de lumière à chaque carrefour. Ce principe permet de maintenir l’espace public ombragé et ainsi de se protéger des canicules en été. Un réseau de circulation différencié est établi sur les toits et renforce la communication entre voisins.

Le ksar comprend tous les équipements nécessaires à la vie de la communauté villageoise: mosquée et école coranique, échoppes d’artisans et commerces de proximité, bain maure, lavoirs, grenier collectif et place principale. Une maison du village est réservée à la réception des hôtes de passage, les familles se chargent de leur accueil à tour de rôle. L’économie interne est à l’origine agricole et pastorale, on trouve à l’intérieur des remparts les enclos pour animaux, étables et vergers nécessaires à ces activités. La vie familiale à l’intérieur de chaque unité d’habitation est communautaire, comme nous l’avons vu dans le cas de la kasbah. Une maison abrite plusieurs ménages d’une même famille, qui se partagent collectivement les espaces d’habitation.

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« Entre le Draa à l’ouest et le tafilalt à l’est,le ksar,par sa forme et son style architectural esthétique, produit une grande séduction aussi bien sur le simple touriste que sur l’anthropologue, l’historien ou le géographe arpentant les espaces solitaires à la porte de l’immensité désertique, le sociologue qui scrute une société pétrie par l’eau et le sable ou l’architecte perplexe devant l’harmonie d’un habitat ocre sorti de la terre »

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Construction et matériaux

L’utilisation exclusive de la terre en tant que matériau de construction principal confère à ces édifices une adéquation parfaite leur environnement. D’un point de vue technique, la terre présente de nombreux avantages. Principalement une grande malléabilité et une adhésion à elle-même qui permet la réalisation d’œuvres complètes, incluant les structures porteuses horizontales et verticales ainsi que l’enduit de protection. Elle est de plus disponible sur place, en quantités illimitées de surcroît et à faible coût. Sa sensibilité à l’eau nécessite certes des précautions particulières, mais elle ne représente qu’une contrainte parmi d’autres comme en comportent tous les matériaux. Pour toutes ces raisons,la terre s’est imposée dès l’Antiquité aux constructeurs dans les principaux foyers de civilisation du monde, dans différentes parties du continent africain mais aussi en Amérique du Sud et du Nord, en Asie et en Europe. C’est cependant aux abords du Sahara que l’on en trouve la plus grande densité de beaux exemples. L’aire géographique en question, à savoir les alentours de Ouarzazate, est particulièrement propice à la diffusion de l’architecture de terre, principalement en raison de l’inexistence d’autres matériaux de construction en quantités suffisantes.De plus,ce matériau présente des avantages intéressants d’un point de vue thermique,en adéquation totale avec les conditions locales. Le climat présaharien de la région concernée induit de fortes variations de températures, d’une saison à l’autre mais aussi entre le jour et la nuit.Grâce à sa grande inertie thermique, la terre permet d’absorber ces écarts de température et de maintenir une atmosphère tempérée à l’intérieur de l’habitation.D’un point de vue organisationnel, la construction en terre nécessite un travail collectif, notamment pour l’entretien saisonnier, qui correspond bien au mode de vie communautaire indigène. Les savoir-faire liés à ces types de constructions sont détenus par les mâalems, les maîtresartisans qui se transmettent leurs connaissances de père en fils. Les travaux d’entretiens nécessaires à la longévité des bâtiments sont effectués par les habitants eux-mêmes.

Ils vont du simple balayage des cours intérieures et passage d’une serpillière trempée dans un mélange de chaux et d’argile, aux travaux de rénovation intervenant après les périodes de pluies. La terre utilisée dans la construction ne doit pas être d’origine végétale et doit contenir une importante proportion d’argile. On trouve dans la région des argiles verte et blanche, aux propriétés intéressantes dans le domaine des soins de la peau, ainsi que l’argile rouge utilisée dans la construction. Elle présente l’avantage d’être très solide et de devenir imperméable une fois mouillée. Les deux techniques de façonnage des murs en terre sont le pisé et l’adobe. Le pisé est un procédé ancestral qui utilise la terre crue additionnée d’eau, de sable ou de gravier et éventuellement de chaux. On y ajoute de la paille hachée pour assurer une meilleure cohésion du matériau. Le mélange est malaxé sur place, puis coulé dans des banches en bois d’environ 2 mètres de longueur par 0.75 mètre de hauteur, où il est réparti puis compacté à l’aide d’une dame de bois. La banche est immédiatement déplacée dans le prolongement du pan de mur exécuté précédemment. Chaque niveau est complété horizontalement avant de passer au suivant. La terre sèche à l’air libre et se durcit jusqu’à devenir extrêmement résistante. La construction en pisé nécessite la participation de trois maçons, deux ouvriers chargés de prélever la terre, la nettoyer de ses impuretés et la malaxer avec les autres composants avant de la transporter jusqu’à la banche dans de petits sacs. Le troisième ouvrier est le mâalem, le maîtreartisan à qui revient la noble tâche du damage de la terre, selon un geste précis et régulier, ainsi que la direction du chantier. L’adobe exploite la terre crue sous forme de briques qui sont utilisées pour réaliser des murs en maçonnerie appareillée. La terre est soigneusement sélectionnée pour ses proportions d’argile et de sable. Comme pour le pisé,elle est humidifié et éventuellement additionnée de chaux ou de paille. Le mélange est longuement malaxé avec les pieds avant d’être réparti dans des moules d’environ 40 x 20 x 12 cm.

Source: Open Editions Book Source: Open Editions Book
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Après démoulage, les briques sont mises à sécher au soleil durant quelques jours avant d’être maçonnées avec des joints en terre. On utilise l’adobe pour la réalisation de petites constructions ainsi qu’à partir du troisième niveau des murs en pisé. En effet, à partir d’une certaine hauteur, il devient difficile de déplacer les banches de coffrage et d’y acheminer les sacs de terre. D’autre part, les briques d’adobe permettent de produire les motifs décoratifs caractéristiques de la culture berbère, que l’on retrouve dans les bijoux et les tatouages des femmes. Ils ornent les parties hautes des constructions et sont visibles de loin. Ceux-ci naissent du décalage des adobes et sont imprimés en négatif dans le mur maçonné. Les constructions en terre sont protégées par une couche d’enduit de terre additionnée de chaux et de paille. Les parties les plus exposées aux pluies, acrotères et rebords de fenêtres, sont recouvertes d’une terre particulièrement fine prélevée dans les canaux d’irrigation. Elle permet d’obtenir un enduit très lisse et imperméable. Le bois, présent en quantités limitées dans les vallées présahariennes, est utilisé uniquement en tant que base des structures porteuses horizontales ainsi que pour la fabrication des éléments de menuiserie des portes et fenêtres. Les planchers sont composés d’une structure primaire en poutres de palmier-dattier, l’arbre emblématique des palmeraies. Dans des cas plus rares, on trouve aussi des poutraisons en bois de peuplier. Ces deux essences présentent les avantages d’être particulièrement résistantes à la flexion et de dégager une odeur qui fait fuir les vermine. Viennent ensuite les solives transversales, sur lesquelles reposent les plafonds tataouis faits de lits de baguettes de laurier rose. Ils sont superposés selon des trames géométriques plus ou moins complexes, qui produisent des dessins en relief. Dans les pièces principales, ces baguettes de laurier sont teintées de rouge,vert, jaune ou noir pour produire des motifs colorés. Par la suite, le laurier rose, en raison de sa rareté, a été remplacé par le roseau. Le plancher ainsi assemblé reçoit ensuite une dalle faite de terre fortement compactée. Enfin,les portes et volets sont exécutés en bois de tamaris,très présent les environs des palmeraies. A partir du XIXème siècle, avec l’essor du travail du métal, des grilles en fer forgé très travaillées sont venues protéger les rares ouvertures pratiquées dans les façades extérieures.

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Rupture entre architecture traditionnelle et modes de vies
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Le patrimoine architectural et urbain marocain se situe dans un cadre géographique, culturel et historique qui l’a généré. Dans la région concernée par ce projet, nous pouvons distinguer trois zones territoriales dans lesquelles s’est constitué le patrimoine édifié décrit ci-dessus : les différentes villes marocaines, les vallées et hauts plateaux du Haut Atlas central ainsi que la région de Ouarzazate et les vallées présahariennes du Drâa et du Dadès. Bien que présentant des caractéristiques différentes en matière de climat, de type de topographie et bien que peuplées de groupes aux histoires et aux développements distincts, ces trois zones connaissent toutes un conflit entre l’évolution des modes de vie et la sauvegarde du patrimoine bâti. Ce patrimoine, qui représente une grande partie de la richesse de la culture locale, est aujourd’hui menacé de destruction et d’oubli. Dans la majorité des régions du monde, les chamboulements qu’ont connus les modes de vie et les façons d’habiter au cours du siècle dernier ont considérablement et de manière durable altéré notre relation au bâti traditionnel. Celui-ci peine à faire face aux mutations brutales que connaissent les sociétés humaines et à trouver une place et une fonction légitimes.une place et une fonction légitimes. Au Maroc, l’intervention tardive de cette évolution sociétale et la rapidité des changements qu’elle induit ont une influence particulièrement marquée sur le patrimoine bâti. Les répercussions sont nombreuses, tant pour les habitants eux-mêmes d’une part, que pour les trésors architecturaux dont regorge le pays d’autre part et pour le patrimoine immatériel qui les accompagne. Il s’agit à présent de préserver ce patrimoine culturel de l’oubli et de la destruction totale qui le menace. Ces opérations exigent une compréhension exacte et approfondie des mécanismes qui aboutissent à la rupture entre l’habitat traditionnel et les aspirations de la population en matière de logement. Après cela, on peut constater quel est aujourd’hui l’attrait de ces constructions. Ce n’est qu’alors qu’il devient possible de se pencher sur les réponses qui pourraient être apportées afin de réhabiliter ces trésors architecturaux, de les conserver sans les figer dans le temps à l’image de pièces de musée.

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Paramètres d’évolution des aspirations en terme d’habitat

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Evolution de la structure familiale

Traditionnellement, la demeure familiale regroupe les membres de plusieurs générations d’une même famille, al-aila en arabe.» La famille nombreuse et élargie constituée des ascendants, d’un père, d’une ou de plusieurs mères et de leurs enfants, pour certaines couches sociales, cette aila inclut aussi les domestiques et les apprentis. De nos jours, quand on parle de famille, on se réfère le plus fréquemment à la famille nucléaire, al-usra, composée d’un père, d’une mère et d’un ou plusieurs enfants, beaucoup moins nombreux que par le passé. En ville comme en campagne, cette évolution a suivi celle du monde occidental où le couple a acquis un rôle primordial et dont l’origine relève d’un choix individuel plutôt que de la volonté d’alliances familiales imposées par l’autorité parentale. Cette dernière n’est plus représentée uniquement par la figure despotique du père, dont la légitimité «a été ébranlée à partir des années 1950 lorsque les nouvelles générations scolarisées dans les écoles du protectorat et embauchées dans les différentes administrations sont devenues celles qui subvenaient aux besoins non seulement du père mais aussi de toute la famille.La famille éloignée reste la principale référence, et les contacts sont réguliers. Mais en termes de logement, les jeunes générations ont graduellement quitté la vie en communauté pour des appartements plus petits appropriés à la vie en ‘‘petite’’ famille. Comme indiqué auparavant, la résidence marocaine est entièrement tournée vers sa cour centrale. Cette disposition introvertie est tout à fait compatible avec le mode de vie traditionnel, où le groupe familial prime sur l’individu, à qui l’on accorde peu d’intimité. La configuration interne de la maison ne réussit pas à s’adapter à la volonté actuelle d’indépendance des ménages les uns par rapport aux autres. En effet, l’entrée est unique, les circulations contraignent à revenir sans cesse au patio central et les portes de chaque pièce, souvent les seules sources de lumière naturelle, restent continuellement ouvertes sur celui-ci.Par ailleurs, malgré la multifonctionnalité des pièces, celles-ci ne sont pas assez spacieuses pour pouvoir accueillir les salons, cuisines et salles de bain nécessaires aux ménages vivant dans la maison. Le responsable d’une maison d’hôtes dans la médina de Marrakech nous a confié qu’il existe encore des familles qui vivent à l’ancienne dans la médina, mais elles sont de moins en moins nombreuses, et ce style de vie prend le plus souvent fin au décès des grands-parents. Les nouveaux couples choisissent alors de mettre en vente le riad familial et de quitter la médina pour s’installer dans un appartement où ils peuvent avoir leur intimité. Il en va de même dans les ksour, où les habitants optent, lorsqu’ils en ont la chance, pour la construction d’une petite maison à l’extérieur des remparts qui correspond à leurs aspirations en ce qui concerne le mode de vie et l’intimité. Nous pouvons donc remarquer que les facteurs principaux de l’abandon de l’habitat traditionnel sont les grands chamboulements qui ont révolutionné la structure familiale marocaine.

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Dans son souci de conserver les villes anciennes, qu’il soit motivé par un véritable respect de la culture locale ou par des intentions plus stratégiques, le résident Général Lyautey a délibérément séparé les médinas des nouvelles villes européennes. En plus d’une réglementation stricte destinée à prévenir la destruction des bâtiments anciens, le général Lyautey a mis en place une politique de protection de l’environnement. En plus d’une législation stricte destinée à éviter que les bâtiments anciens ne soient dénaturés par les équipements modernes, la stratégie du protectorat a établi une séparation claire entre les zones d’habitation des Marocains et celles des Européens. Ils sont alors considérés comme deux «ordres de ville» distincts. Les nouveaux quartiers, sont donc construits à une distance respectable de la vieille et les liens entre les deux entités sont réduits aux entrées existantes percées dans le mur de la médina. La ville n’est pas viabilisée par des voies routières et ferroviaires, ce qui ne fait que renforcer son enclavement et son identité de villeobjet, figée d’une manière que les autorités en place tiennent à garder traditionnelle. Avec la confusion des deux «ordres de ville», le natif perdrait toute sa vie, son indépendance, ses coutumes, ses habitudes, tandis que l’Européen pourrait concrétiser ses aspirations au confort, à l’aisance, à l’espace et à l’hygiène qu’à condition que l’organisation physique de la ville marocaine tel qu’on l’a connu disparaisse. Les autochtones étaient effectivement tenus à résider dans la médina, même s’ils travaillaient pour les colons dans la nouvelle ville durant la journée. Les Européens, eux, vivaient dans les villas et venaient observer les rues pittoresques de la médina, demeurées intactes, «authentiques», et qui ravirent leurs yeux orientalistes. Pour les Marocains, la médina est avant tout un lieu de vie au confort rudimentaire. Ils ne la considèrent pas comme un capharnaüm de rues au charme désordonné, mais comme un lieu de plus en plus en rupture avec la modernité, dépourvu de tout accès

Conséquences de la politique de conservation menée sous le Protectorat
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à la vie moderne, et dont les conditions de vie se détériorent à grande vitesse en en raison d’une extrême densification, résultat indirect des politiques du Protectorat. La colonisation des terres et la modernisation des exploitations agricoles ont provoqué un mouvement d’émigration des paysans vers la ville. Le logement des nouveaux habitants est contraint par le confinement des Marocains dans la ville traditionnelle, tandis qu’une nouvelle ville est créée hors les murs pour les Européens. Cette venue en masse de ruraux a entraîné la suppression des jardins qui assurent l’équilibre de la ville et une taudification de l’habitat a eu lieu. Les riads, au départ habités par une seule famille, sont alors loués pièce par pièce et les patios, sur lesquels toute la fonction intérieure était basée, sont parfois construits. L’habitat perd ainsi toutes ses qualités et la promiscuité s’installe. Lorsque la médina atteint la densité maximale qu’elle peut supporter, les nouveaux arrivants commencent à installer des campements à l’extérieur des remparts, dans des espaces mis à leur disposition par les autorités, si possible à l’abri du regard des colons. Des tentes provisoires, leur habitat évolue vers des constructions en roseaux ou en taule, c’est comme ça que naissent les premiers bidonvilles. Jusqu’à la proclamation de l’indépendance, en 1956, l’image de la médina ne cessera de se détériorer aux yeux de ses habitants. Elle symbolise la précarité, la pauvreté et une vie archaïque figée dans les années 1910. Juste à côté, ils voient se développer les villes européennes avec leurs villas spacieuses, leurs bâtiments en béton armé et tout le confort «moderne» venu d’Europe qu’on leur refuse. Au moment de l’indépendance, les Marocains qui en avaient la possibilité ont tout naturellement quitté la médina pour aller s’installer dans les villas abandonnées par les Français. Au cours des années suivantes, les élites ont déserté la vieille ville où seules les classes les plus modestes sont restées en raison des contraintes financières. Ce qui s’est passé au 20e siècle, c’est que les médinas sont devenues des ghettos pour les Marocains. Les Français sont, à mon avis, les principaux responsables de cette déperdition de valeur de l’habitat traditionnel.

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Image de la construction en terre

La terre est le matériau de construction traditionnel par excellence dans tout le sud du Maroc. Utilisée depuis des milliers d’années, elle a démontré ses vertus et sa compatibilité avec les contraintes climatiques de plusieurs régions du monde. Mais depuis le milieu du siècle, elle a été totalement décrédibilisée dans l’esprit des Marocains et a été remplacée par le béton, comme dans de nombreux autres pays. La terre, comme matériau traditionnel est associée à la pauvreté et à un mode de vie archaïque et dépassé, son défaut principal n’est pas technique mais plutôt psychologique .Au contraire, le béton représente à lui seul la modernité à laquelle aspirent les habitants de la ville et de la campagne. Dans une région à la renommée encore très rurale, en comparaison avec des villes côtières cette recherche de modernité est tout particulièrement forte et le rejet de tout ce qui rappelle le passé est encore plus fort. Dans les campagnes, les travailleurs immigrés, de retour au pays, affichent des signes de prospérité. Le matériau autrefois utilisé pour les murs, les voûtes, les piliers, les bancs, les cheminées, parfois même les étagères, a été remplacé par des toits en tôle ondulée et des murs en béton. Des signes extérieurs de richesse, symbolisés par des matériaux industrialisés, qui apparaissent à l’horizon sous forme de façades blanches ou bariolées, lisses et brillantes, rompant l’harmonie générale. Le béton, la tôle ondulée, et parfois les fenêtres en aluminium s’immiscent dans le paysage rural parmi les maisons faites de matériaux locaux.

Mais la quête d’une certaine image du progrès n’est pas la seule cause de la désertion des terres. Les autorités ont aussi leur part de responsabilité dans ce long processus. Non seulement elles ne font rien pour préserver l’utilisation de ce matériau, mais elles imposent le béton comme base structurelle de tous les nouveaux bâtiments. Le principal motif présenté est celui des normes parasismiques, surtout depuis le tremblement de terre d’Al Hoceima en 2004, au cours duquel plus de 600 personnes ont perdu la vie lorsque leurs maisons se sont écroulées. Il a été immédiatement attribué au manque de résistance de la terre.

Source: Open Editions Book
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Evolution des normes de confort

Le dernier facteur déterminant le délaissement du patrimoine que nous allons mentionner est celui du confort. Avec la venue de commodités telles que le branchement aux réseaux d’eau et d’électricité ou les cuisines et salles de bains équipées, les standards de confort ont fait un saut en avant. Pour s’y adapter, l’habitat traditionnel doit être nettement remanié. Il en va de même pour les problèmes liés à l’humidité, les bâtiments exigeraient quelques ajustements afin de pouvoir espacer les travaux de maintenance tout en résistant aux eaux de pluie. Ces mesures sont coûteuses et requièrent la collaboration active de l’État, particulièrement pour les raccordements aux réseaux. Cet engagement est arrivé un peu tard au goût des habitants qui avaient déjà largement déserté leurs vieilles maisons pour un appartement dans la banlieue ou un nouveau village à la périphérie du ksar dans les vallées désertiques. La problématique du confort dans les tissus anciens comprend également l’accès en voiture, qui est la majorité du temps rendu impraticable par l’étroitesse des rues. C’est le cas dans les villages ruraux comme dans Les médinas. Cette dernière contrainte finit souvent par écarter les habitants convaincus de la qualité de vie des vieux tissus.

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Architecture marocaine durant le protectorat

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Production architecturale sous le protectorat français

La solution que Lyautey apporta au problème de l’urbanisme au Maroc ; il voulait une ségrégation rigoureuse des Européens et des Musulmans : la médina enfermée dans ses murs et gardant son caractère particulier, sa vie propre, ses traditions ; la ville nouvelle à l’extérieur. Cela permettait de contenir la médina dans ses fonctions ancestrales tandis que l’activité administrative, industrielle et commerciale devait être focalisée dans la ville nouvelle. Cette situation allait bientôt basculer avec l’essor démographique dû à l’exode rural. Une croissance provoquée par le besoin en main-d’œuvre toujours grandissant. Une main d’œuvre recrutée de préférence dans les milieux ruraux. Les nouveaux arrivants s’installent naturellement en dehors de la médina qui enserrée dans sa propre enceinte et puis par la ville nouvelle à ses portes ne suffit plus à la demande en logement grandissante des marocains, c’est ainsi que se sont formés les premiers «bidonvilles». Le gouvernement protectorat fut donc obligé de faire appel à un nombre d’architectes :les plus importants engagés dans ce type de logement au Maroc étaient : Georges Candilis, Alex Josic, Shadrach Woods et Vladimir Bodiansky,Laprade,Ecochard,Laforgue et bien d’autres. Ces architectes avaient tous travaillé En France avant d’arriver en Afrique où ils ont fondé une nouvelle société appelée ATBAT Afrique qui fut un pas important pour non seulement comprendre les exigences régionales de l’architecture traditionnelle, mais aussi de sa régénération, chose qui n’étaient pas évidente dans les limites d’un gouvernement colonial. C’est ainsi qu’a été fondée la cité des Habbous, la cité Ecochard ou encore l’immeuble Nid d’abeille. Toutes des initiatives officielles où il s’agissait de se conformer aux règles élémentaires de l’hygiène urbaine tout en recréant le modèle de l’habitat traditionnel marocain.

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La cité Habbous

La cité des Habbous tire son nom de l’administration des biens religieux musulmans qui possède le terrain sur lequel elle est construite, elle est située dans la partie sud de la ville, juste derrière le Palais Royal. Sur l’emplacement du «Fort Provost», qui faisait partie du dispositif militaire de la conquête française, le quartier des Habous a été construit en dehors du boulevard circulaire, sur la colline de MersSultan, en bordure de la route de Mediouna et de la ligne de chemin de fer. Les terrains de ce quartier ont été donnés au Sultan par un riche marchand juif, Haïm Bendahan, puis rétrocédé à l’administration des Habous pour être aménagé. Dès 1918, à la demande de Prost, l’urbaniste de Lyautey, Brion et Cadet entreprennent la construction du quartier, qui durera plus de trente ans. À partir de 1934, Cadet poursuit seul les travaux La cité Habbous rassemble à la fois les grandes orientations de l’architecture musulmane et les normes de l’urbanisme moderne. Œuvre unique au Maroc, elle est une synthèse de la ville arabe dans un espace limité. On y retranscrit les mêmes principes d’organisation que dans la Médina, comme les ruelles contiguës dont le gabarit a été augmenté pour que les voies deviennent carrossables. On remarque également que l’organisation des voies permet une continuité visuelle (voir figure), ainsi que la mise en valeur des espaces publics. Contrairement à la ségrégation spatiale présente entre les colons et les Marocains, qu’ils qualifiaient d’»indigènes», il existe une réelle volonté de mixité sociale concrétisée par la présence de logements de différentes surfaces, la première typologie s’organisant autour de la place de la mosquée et la seconde autour des commerces. L’édification de cette médina avait pour fonction, à l’origine, de loger la population rurale des bidonvilles qui se multiplient aux abords de la cité. Ces bidonvilles sont la conséquence du développement rapide de Casablanca qui attire des milliers de gens en quête d’emploi, venus de tout le pays. Ceux-ci s’installent près de l’Ancienne Médina, puis dans le centre de la ville, dans de misérables campements de fortune. Du point de vue de l’aménagement urbanistique, nous pouvons voir que rien n’a été oublié dans la composition des éléments séquentiels de l’espace public (plantations d’arbres, fontaines en zelliges, bancs, etc.).Les galeries d’arcades et les vastes cours qui abritent des échoppes, le tracé des ruelles qui montent, descendent et s’entrecroisent de manière judicieuse, tout contribue à la mise en place d’un panorama urbain subtil. Ce quartier évoluera en fonction de perpétuelles interrogations, en témoignent les régulières adaptations du site. Aucun plan masse n’est défini au préalable, mais il s’agit de longues études sous forme de croquis et de dessins détaillés agrémentés de discussions sans fin avec les artisans, et avec le maître d’ouvrage pour affiner son programme.

À l’heure actuelle, presque toutes les plantations qui faisaient partie intégrante de ce quartier ont disparu. Déjà en 1953, Cadet se plaint que les arbres qu’il a fait planter ont été arrachés par le nadir lui-même

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Une reproduction de la médina

A l’image de la médina, l’accès au logement ne se fait pas par les voies principales, mais par les rues secondaires. Les maisons les plus modestes entouraient le marché (nuisance sonore importante) tandis que les plus prestigieuses étaient placées à côté de la mosquée. Accès qui se fait par le biais de grandes portes. La spécificité de ces portes se trouve dans leur profondeur, de telle sorte à abriter les commerces existant sous ont intégrées à un système de galeries commerciales.

Espaces publics

L’augmentation des gabarits des rues, permet de créer des promenades et d’avoir une circulation agréable. Le mobilier est composé de bancs de pierre, de fontaines recouvertes de zelliges ayant pour but de rompre avec la monotonie des façades et d’animer les ruelles.

Système de voiries

Laprade souhaitait mettre en valeur les monuments importants de la cite par la mise en perspective des rues. Tout en s’inspirant du modèle haussmannien parisien. Cela est visible par la mise en perspective de la mosquée. Semblable à celui de l’ancienne médina Anticipation des voiries larges, servant de passage des voitures Conservation du système d’organisation en grappes (à partir des voies importantes que vont s’organiser les voies de dessertes des habitations).

Source: Open Editions Book Source: Open Editions Book
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L’un des éléments emblématiques de cette démarche de recherche architecturale est la réinterprétation du patio, repris pour ses solutions spatiales d’optimisation de la densité, mais aussi comme un dispositif permettant de répondre aux impératifs d’ensoleillement et de ventilation.

La réinterprétation de cet élément s’est faite tant au niveau de la forme urbaine qu’à celui de la composition de la cellule d’habitation.

Le projet des deux bâtiments emblématiques du Nid d’abeille et de Sémiramis est l’une des premières expériences d’habitat vertical pour les Marocains durant la période coloniale, conçues par le groupe ATBAT dirigé par Georges Candilis. Présenté comme une réinterprétation de l’architecture rurale de la Kasbah du sud marocain, les trois bâtiments d’habitat collectif sont disposés en U au milieu de maisons à cour basse.

Le premier bloc avec des cours fermées est suspendu sur la façade sud et des couloirs sur la façade nord. Sur le deuxième bâtiment, la façade est orientée est et ouest et les unités sont accessibles par des couloirs menant directement à des cours privées s’ouvrant sur les deux façades. Bien qu’ils aient été largement transformés par les habitants, et que l’expérience de l’habitat vertical n’a pas été reproduite par la suite, ce projet constitue l’une des premières expériences d’habitat vertical bioclimatique moderne. Orienté nord-sud, le bâtiment alvéolaire présente les cours sur la façade nord et les patios sur la façade sud. Les architectes ont mis en place un contrôle climatique des bâtiments, grâce à l’utilisation d’espaces de transition entre l’intérieur et l’extérieur. Ceux-ci sont définis par des espaces de circulation tels que les couloirs et les escaliers, et par des patios intermédiaires comme «extensions des appartements» qui créent une volumétrie de projections et de retraits, où la profondeur est accentuée par la lumière du soleil.

Le nid d’abeille de Candilis
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Ecochard planifie le relogement de milliers de personnes aux revenus modestes les bidonvilles manquaient de tous les équipements élémentaires d’infrastructure à savoir les voiries les réseaux d’égouts, eaux potable, d’électricité.. Pour cela, Ecochard va réaliser des cités de recasement au début des années 50. Plusieurs études sur le mode d’habiter des populations rurales et des bidonvilles de casa ont été faites pour répondre le mieux aux besoins de la société et qui ont abouti à la création de l’unité de voisinage. La trame 8x8m d’Ecochard est son élément le plus emblématique, une trame qui permet d’édifier un logement avec deux pièces normales et forme des quartiers aux passages et rues géométriques et aux habitations carrées elle permet de loger 350 personnes sur un hectare. Dans un souci de salubrité et de réduction des coûts, Ecochard imagine une orientation solaire optimale : deux pièces donnant sur un patio, WC, cuisine. Ces logements ne devaient comporter qu’un RDC et étaient pensés pour ne pas être rentables si on élève un étage. Le patio était censé répondre aux attentes marocaines mais il a été recouvert pour augmenter le nombre d’étages.

La trame Ecochard 8/8
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Architecture marocaine postindépendance

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Discours de feu Hassan II

Le 14 janvier 1986, Feu Hassan II adressait au corps des architectes un discours historique d’ailleurs la date du 14 janvier a été décrétée, depuis, Journée Nationale de l’Architecte. Dans son discours, le défunt Souverain a exprimé son intérêt pour le secteur de l’édification et de l’urbanisme, annonçant à cette occasion la création de l’Ordre des architectes et la promulgation d’une loi spécifique à la profession. Durant le discours les principes de ce que devrait être l’architecture marocaine selon le roi sont formulés et les architectes sont incités à un retour vers les traditions et vers les principes d’organisation spatiale traditionnelle. Parmi ses critiques de l’architecture et de l’urbanisme marocain, Hassan II donne plusieurs exemples en insistant sur l’apparence des édifices et en précisant qu’il incombe aux architectes de faire de belles villes que les étrangers et les marocains appréciaient et reconnaitraient comme faisant partie du Maroc. En déclarant cela auprès d’une nouvelle génération d’architectes, le roi entraîne les édifices de la période vers un style post moderne mêlant à la fois références classiques et ornements traditionnels du pays. Cette envie de se faire reconnaître conduit l’architecture vers un style alimenté principalement par le décor, l’ornementation, et incite les architectes à montrer le Maroc comme le monde veut le voir.

Les éléments utilisés dans cette architecture sont pour la majorité tirés d’une supposée tradition ; zellige, calligraphie en stuc, menuiserie à motifs, floraux ou géométriques. Ce qui résulte en une hybridation totalement à l’opposé de l’authenticité que le souverain prônait si fortement .Cet acharnement à exposer les stéréotypes associés au Maroc est utilisé comme pour rappeler ou se trouve l’observateur ainsi que pour ancrer les édifices dans le territoire, en le liant à l’histoire du pays. Cette vision très orientaliste de l’architecture est également très réductrice, car l’abus de ce type d’iconographie restreint l’image du Maroc et de son héritage architectural à ses motifs et décors, négligeant ainsi tout le travail colossal lié aux matérialités, aux typologies de plan et aux compositions de façades. Le béton qui autrefois était utilisé de façon brute et sculpturale se réduit à cette période à un simple matériau structurel caché grâce à l’usage de motifs et autres éléments arabisants afin d’affirmer que l’architecture est bien « authentiques ».Les bâtiments officiels ainsi que le pavillon du Maroc de l’époque incarne parfaitement cette esthétique.

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Une architecture nationale

Après l’indépendance en 1956 et surtout pendant les années 60 à 70 l’envie de réaffirmer une identité nationale commune se fait sentir. En architecture, le retour de premières promotions d’étudiants marocains de la France conduit à une recherche d’esthétique propre. Alors que les architectures modernes coloniales ont tenté de refléter la culture et le langage architectural locaux en réinterprétant l’architecture vernaculaire au niveau des éléments typologiques et de l’artisanat, une autre approche a culminé autour de l’indépendance dans les réflexions architecturales initiées par le groupe des architectes Modernes Marocains, soulignant de nouvelles préoccupations pour l’adaptation de l’architecture moderne à son contexte, climat, lieu et pratiques. Leur démarche, en se détachant à la fois de l’approche culturaliste coloniale et des solutions universalistes de la doctrine moderne, a inauguré un nouveau tournant dans l’histoire de l’architecture moderne au Maroc. Ces architectes instaurent un langage national uni grâce notamment à l’usage extensif du béton de décoffrage et les différentes techniques qu’offre ce matériau, inédit à l’époque ainsi que l’utilisation du patio et sa réinterprétation au niveau de l’îlot urbain aux équipements publics et au niveau de la cellule d’habitation par les architectes.

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Projet

Le village minier de Tinghir a été conçu en 1984 par la Société Métallurgique d’Imiter (S.M.I.) après que l’analyse et la prospection aient montré que les réserves d’argent de la région pouvaient être exploitées au moins jusqu’en l’an 2000. L’investissement de la S.M.I. dans des équipements d’extraction et une usine de traitement modernes s’est accompagné d’un investissement substantiel dans la construction de logements pérennes et d’infrastructures sociales associées.

Tinghir, une concentration de population rurale existante, se trouve à environ 32 km de la mine elle-même. Choisi après consultation des employés de la mine, il avait l’avantage d’offrir des services et des infrastructures sociales existants et d’éviter d’isoler la communauté minière dans une ville «satellite». Les administrateurs locaux ont offert le terrain, d’une superficie de 200 000 mètres carrés, à un prix symbolique, considérant l’arrivée de la population minière comme une source importante et stable de revenus. A 1’500 m d’altitude, à environ 150 km à l’est de Ouarzazate, la ville offre un climat aride et semi-désertique, avec des différences importantes entre les températures diurnes et nocturnes.

Description

Les origines rurales de la population minière, couplées au prix symbolique du terrain, ont suggéré une faible densité et une implantation à un seul étage. Un axe est-ouest divise le plan en deux zones bien définies. Accueilli par le club et les villas symboliques et prestigieuses de la direction, avec la mosquée et le centre culturel derrière, le visiteur passe par les logements des cadres moyens avant d’arriver aux installations sportives et aux appartements individuels. Au sud, les logements ouvriers, plus modestes, sont regroupés en grappes de quatre maisons prévues autour de cours communes. Les formes cubiques et pleines, avec de petites fenêtres encastrées, offrent un jeu d’ombre et de lumière dérivée de l’esthétique de l’architecture indigène, Sobre, les matériaux locaux rustiques se combinent avec la planification des cours dans une réponse simple aux contraintes climatiques, et l’ensemble se fond dans le paysage.

Construction

Un cadre de poteaux et de linteaux en béton armé sur des fondations localisées, supportant des murs creux légers, un remplissage en blocs de béton, avec une finition en renforts de ciment. Des éléments en béton préfabriqué sont utilisés autour de certaines ouvertures de fenêtres. village minier de Tinghir

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Le
de Jaafari Taïbi

PATRICE

Malheureusement trouvé en état d’abandon, ce joyau architectural est resté quasiment intact avec le temps. À proximité du village de Taliouine, l’hôtel a été implanté à côté d’une ancienne kasbah dont le pavillon principal et le bassin hydrographique ont été restaurés et soigneusement harmonisés avec le reste du projet. Le bâtiment domine le paysage grâce à la hauteur de sa vallée, et la composition architecturale est une imbrication de plusieurs volumes de différentes hauteurs, chose qui crée une richesse plastique et fait référence aux kasbahs. La structure est laissée apparente en béton brut de décoffrage, et les revêtements muraux sont en terre cuite.

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Hotel Ibn Toumart FARAOUI ABDESLEM - DEMAZIERES

PATRICE

Dans le même esprit que l’hôtel de Dadès et bien d’autres, le projet occupe un plateau dominant la vallée de l’oued M’goun et la ville et laisse transparaître la magnificence des paysages naturels de la région. L’hôtel comporte 100 chambres et sont interconnectés par des patios ainsi que des petites cours, ce qui confère au projet des éclairages naturels au sein des chambres. Les murs se soutènement en béton sont revêtus de maçonnerie et le revêtement extérieur est de couleur ocre teintée. L’hôtel était en cours de rénovation, et d’observation n’allait pas avoir des modifications majeures.

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Hotel Kalaat M’gouna FARAOUI ABDESLEM - DEMAZIERES

Logements

DEMAZIERES PATRICE

Destinée aux personnels travaillant dans la raffinerie de sucre, l’organisation urbaine de ces logements est typiquement traditionnelle, les logements sont reliés par des sentiers et des allées réservés aux piétons, ce qui confère à l’espace un calme et de l’intimité, le trafic automobile reste en dehors du complexe avec un accès facile aux parkings. Les oliviers existants ont été intégrés dans le paysage, ces arrangements ont été pleinement convenus par les habitants, et chaque unité de logement contient une cour jardin. Plusieurs unités d’habitations ont subi des surélévations de 2 à 3 niveaux mais se sont bien intégrés dans la configuration urbaine, les jardins intérieurs sont toujours maintenus

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Beni Mellal FARAOUI ABDESLEM -

Architecture marocaine contemporaine

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Au-delà des palais riads et des mosquées les plus emblématiques, la nouvelle architecture dans des villes comme Rabat et Casablanca rompt avec les techniques et les méthodes de construction établies. Le tour d’horizon suivant examine de plus près le paysage culturel du Maroc. Sous la forme d’une série de projets publics, ce chapitre présente les nouvelles constructions réalisées au cours de la dernière décennie. Des musées aux projets éducatifs en passant par les stations de transport et un centre d’accueil, ils représentent une diversité de programmes et d’échelles. Ils s’inspirent également d’une histoire de construction avec le paysage, un passé qui continue de façonner le design moderne.

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Place Lalla Yeddouna intervenir au sein de la médina

Client : Gouvernement du Maroc

Services fournis : Services d’architecture complets - Consultant principal

Installation : Ateliers, commerces et hôtel

Superficie : 7,400 m²

Valeur du projet : Estimé à 18 millions de dollars État d’avancement : Sur le site, achèvement en décembre 2015

Fanadik Fès a également organisé un concours international d’architecture pour donner un visage plus contemporain à la place Lalla Yeddounna. Ce complexe urbain est construit de part et d’autre de l’Oued Al Jawahir, un cours d’eau principal qui fait lui-même l’objet d’un projet de nettoyage et d’embourgeoisement en cours, qui a permis d’ajouter des promenades le long de la rivière dans une partie de la ville autrefois sombre et morne. Le lauréat est Michel Mossessian, qui s’est associé à l’architecte marocain Yassir Khalil pour réimaginer le quartier pour la vie du XXIe siècle. Trois ponts relient un complexe de plusieurs bâtiments qui a été revêtu de zelliges contemporains aux formes géométriques et aux couleurs soigneusement combinées - brun et orange sur une façade, vert forêt et jaune vif sur une autre, rose et violet sur une troisième - et constituera un siège pour le patrimoine artisanal de la ville. On espère qu’il deviendra un centre important pour le nouveau design marocain, les produits et les collaborations, attirant un mélange dynamique de jeunes Marocains et de créatifs internationaux. Le concours portait sur l’aménagement urbain de la place Lalla Yeddouna, au cœur de la médina, la préservation

des bâtiments historiques et la conception de nouveaux bâtiments qui s’intégreraient confortablement dans le tissu urbain traditionnel, tout en témoignant du dynamisme et de la diversité fonctionnelle du site contemporain.La stratégie gagnante consistait à reconnecter la place Lalla Yeddouna au front de rivière et à créer une voie piétonne traversant le fleuve et la médina.Un projet urbain et architectural réalisé par le cabinet d’architecture Mossessian & Partners, ayant eu pour mission de concevoir un complexe artisanal au cœur de la médina reliant entre les deux rives de Fès El Bali Le projet s’inspire de la médina tout en proposant une réinterprétation d’un certain nombre de principes comme celui de la maison introvertie à patio que l’on retrouve ici éclatée , mais aussi , le rapport à l’extérieur , l’intimité , la connectivité , la perméabilité Renvoie au parcours interactif et les différents corps de métiers autours de la Quaraouine. Les ateliers d’artisanat sont accessibles .Chaque ryad est porteur d’une thématique. Les visiteurs peuvent s’y promener, assister à la fabrication, interagir et discuter avec les artisans.

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Amwaj bourgreg repenser la médina

Statut : Non réalisé Dates : 2005 Maitrise d’ouvrage : Dubai International Properties (DIP) – STFA Group, SABR Aménagement

Type de mission : Commande directe

Programme : Logements, bureaux, commerces, services, espaces publics

Surface shob : 1 600 000 m²

Entre les villes jumelles de Rabat et de Salé, dans le creux de la vallée du fleuve du Bouregreg, un site de 140 hectares va étendre l’emprise de la capitale avec une forte densité de programmes mixtes. Afin de préserver la lecture de la vallée, de ses coteaux, et de ne pas faire concurrence aux monuments historiques qui la surplombent, nous avons élaboré deux stratégies. Coté Rabat : construire une ville horizontale de faible hauteur mais de forte densité. Côté Salé : construire des bâtiments qui cultivent l’absence et l’ambiguïté avec les coteaux, par leur forme, leurs matériaux et la végétation qui les recouvrent.

Ce nouveau quartier se caractérisera entre autres par l’infiltration massive du végétal de la vallée, par l’occupation de la cinquième façade par des terrasses qui donnent à chacun la sensation de vivre au cœur de l’histoire, et par la réinterprétation des styles et des architectures de Rabat.

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Musée Yves Saint Laurent

Architectes : Studio KO

Superficie : 3857 m²

Année : 2017

Architectes principaux : Karl Fournier, Olivier Marty

Ingénieurs lumière : I.C.O.N.

Acoustique : Theatre Projects

Dédié à l’œuvre du légendaire créateur de mode français, le Musée Yves Saint Laurent Marrakech (mYSLm) a ouvert ses portes à l’automne 2017. Il abrite une importante sélection de la Fondation Pierre Bergé - l’impressionnante collection d’Yves Saint Laurent, qui comprend 5 000 vêtements, 15 000 accessoires de haute couture ainsi que des dizaines de milliers de croquis et d’objets hétéroclites. Le bâtiment a été conçu par le cabinet d’architecture français Studio KO, fondé par les architectes Olivier Marty et Karl Fournier. Situé dans la rue Yves Saint Laurent, à côté du célèbre Jardin Majorelle, le nouveau bâtiment s’étend sur plus de 4 000 m2 et est plus qu’un simple musée. Il comprend un espace d’exposition permanente de 400 m2, présentant l’œuvre d’Yves Saint Laurent dans une scénographie originale conçue par Christophe Martin, un espace d’exposition temporaire de 150 m2, un auditorium de 130 places, une librairie, un café-restaurant avec terrasse et une bibliothèque de recherche abritant 5 000 ouvrages. La collection de la bibliothèque comprend des ouvrages sur l’histoire, la géographie, la littérature et la poésie arabes et andalouses, ainsi que de nombreux volumes liés à la botanique, à la culture berbère, à l’œuvre d’Yves Saint Laurent et au monde de la mode. En recherchant les archives du créateur à Paris, le Studio KO a été intrigué par la dualité entre les courbes et les lignes droites, et la succession de coupes lâches et nettes.

De l’extérieur, le bâtiment est composé de formes cubiques ornées de briques qui créent un motif ressemblant à des fils de tissu. L’intérieur est sensiblement différent, comme la doublure d’une luxueuse veste de couture : lumineuse, veloutée et lisse. Construit en terre cuite, en béton et en terrazzo de couleur terre avec des fragments de pierre marocaine, le bâtiment s’intègre harmonieusement à son environnement. Les briques en terre cuite qui embellissent la façade sont fabriquées à partir de terre marocaine et produites par un fournisseur local. Le terrazzo utilisé pour le sol et la façade est réalisé à partir d’une combinaison de pierres locales et de marbre. Des méthodes de conservation des textiles d’une précision exceptionnelle ont été mises en place par la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent, qui travaille depuis plus de dix ans à l’archivage de l’œuvre du défunt créateur. En collaboration avec X-Art, spécialiste de la conservation préventive, le musée de Marrakech dispose d’un système d’air conditionné avec contrôle de la température et de l’humidité afin que chaque pièce, qu’il s’agisse d’une robe de couture de la collection exposée dans l’espace d’exposition ou d’un livre rare dans les archives du sous-sol, reste préservée dans des conditions d’archivage parfaites. L’acoustique ultramoderne de l’auditorium a été conçue par les architectes en collaboration avec Theatre Projects Consultant.

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La Faculté Polydisciplinaire de Taroudant est une tentative de réinterpréter ce patrimoine à travers un bâtiment porteur d’une vision d’avenir. Ce projet puise donc son inspiration dans le territoire et ses manifestations aux sens. Cette lecture tente d’éviter les pièges de nombreux clichés en ne gardant du contexte que son essence. Du Sud, nous récupérons la massivité, la force, le clair-obscur et une austérité poétique... A cet effet, le projet s’appuie sur un ensemble de principes architecturaux et urbains qui prennent vie à travers une conception où l’intérieur et l’extérieur s’interpénètrent, où les échelles varient et où l’utilisateur fait corps avec l’architecture.

La faculté s’organise autour d’un riad central (jardin intérieur) sur l’axe nordsud dont la limite nord est un jardin d’arganiers, offrant à l’utilisateur une vue imprenable sur l’Atlas. Les différentes entités sont déployées autour de ce riad en tenant compte des besoins de proximité, d’orientation et de vues.Ce dernier est organisé le long d’une rue intérieure, créant un contact direct avec les amphithéâtres et permettant d’optimiser la circulation du personnel administratif.

La hiérarchisation des cheminements suit une logique fonctionnelle et vise à optimiser la circulation tout en réduisant les nuisances acoustiques. De même, les passerelles et les couloirs créent un système de circulation de second niveau multipliant ainsi les vues.L’échelle du riad est brouillée et diluée par un ensemble de parcelles de tailles diverses, et une série de jardins qui définissent les différents bâtiments. L’architecture est délibérément massive, fermée dans le sens est-ouest et ouverte dans le sens nord-sud, avec une caractéristique architecturale permettant une ventilation naturelle et un confort thermique et acoustique.

De faible hauteur, les bâtiments sont des tours différentes enserrées au sol par des volumes forts, opaques, mais allégés par un jeu de passerelles et de couloirs, créant un espace dynamique. L’architecture se révèle progressivement de l’opacité à des fentes longues et nettes et enfin à de grands cadres sur des perspectives, des vues ou des jardins.

Le ton ocre des volumes accentue le clair-obscur et l’impression à la fois d’intimité et d’ouverture sur l’extérieur.

Le projet tente de définir sa personnalité dans cette dualité : l’utilisateur est confronté à différents niveaux de compréhension et d’appropriation, d’où découle la relation à l’architecture.

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Université de Taroudant par Saad El Kabbaj + Driss Kettani + Mohamed Amine Siana Superficie : 20511 m² Année : 2010 Photos : Fernando Guerra | FG+SG Ingénierie : Bepol Entrepreneur : Entreprise Zerkdi & Fils
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OUALALOU+CHOI et le pavillon du Maroc pour l’expo de Dubai

Client : Pavillon du Royaume du Maroc - Expo 2020 Dubaï

Surface du site : 1467 m²

Directeurs de la conception : Tarik Oualalou, Linna Choi

Consultants : Earth Structures Group

Ingénierie : e.construct, TESS

OUALALOU + CHOI a conçu le pavillon du Maroc à l’Expo 2020 de Dubaï, mettant en valeur les techniques traditionnelles de conception et de construction marocaines. Le pavillon porte la «construction en terre battue à de nouveaux sommets». Imaginé par l’équipe internationale primée de OUALALOU + CHOI, basée à Paris et Casablanca, le Pavillon du Maroc devrait ouvrir en octobre 2020, la construction étant en cours. Mettant en avant un travail pionnier de construction en terre battue, le projet met en place une façade en terre battue de 4000 m² et 33 m de haut, la plus grande de ce type.

«Poussant les limites techniques et créatives des matériaux de construction traditionnels du Maroc vers de nouveaux sommets, tout en rendant hommage à la culture et aux paysages riches et variés du pays», la composition comprend vingt-deux volumes rectangulaires empilés, dont quatorze espaces d’exposition, un restaurant marocain traditionnel, un salon de thé, un espace de street food moderne, une boutique, un espace événementiel, un espace de bureau et un salon. En fait, le matériau de construction traditionnel au Maroc joue un rôle clé dans la régulation passive des conditions intérieures dans les endroits chauds et arides.

Conçus autour d’une cour intérieure, élément spatial majeur de l’architecture traditionnelle marocaine, les différents espaces du pavillon sont reliés par une «rue intérieure» continue. Ce parcours continu génère un «itinéraire fixe entre les espaces d’exposition séquentiels, permettant aux visiteurs d’entrer en contact avec les différentes régions et cultures du Maroc et d’en faire l’expérience», lorsqu’ils descendent au niveau du sol du pavillon. En outre, les gens peuvent naviguer dans le projet à partir de son noyau oriental, où une plateforme élévatrice et un espace d’exposition de 15 m² peuvent amener jusqu’à 50 personnes à la fois du rez-de-chaussée au septième étage.

Conformément à cet engagement en faveur de la durabilité, après la clôture de l’Expo 2020, le pavillon sera transformé en complexe d’habitation, les installations existantes étant judicieusement adaptées en appartements, une piscine de 80 m², un club de fitness et un salon commun.

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2020
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Etude de cas : Hotel Xaluca FARAOUI - PATRICE

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ABDESLEM
DEMAZIERES

Le site

Boumalne est situé dans une vallée fluviale, à la jonction de l’autoroute principale nord-sud et d’une nouvelle route secondaire (encore en construction) menant aux impressionnantes gorges du Dadès. Le site a été sélectionné par le ministère du Tourisme et son consultant allemand pour les hôtels, et accepté par les architectes.

L’hôtel lui-même est situé sur une crête au-dessus du village en briques crues plutôt que dans les limites actuelles de la ville. Le choix de l’isolement plutôt que de l’intégration était une décision politique de la part du client.

En ce qui concerne les services publics, l’hôtel reçoit de l’eau pompée à partir du système d’approvisionnement de la tour, mais dispose de ses propres générateurs électriques indépendants.

Bien que les architectes aient initialement proposé que le gouvernement construise un générateur commun plus important pour l’hôtel et la ville. Les vents dominants du nord-nord-ouest sont souvent assez forts sur le site exposé sans arbres. Pendant la saison hivernale (janvier-février), une neige légère et occasionnelle recouvre la région de Boumalne.

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Le batiment

L’hôtel Les Gorges du Dadès a été construit en 1974. Le projet a été initié par le gouvernement marocain qui avait un besoin croissant d’hébergement hôtelier dans les montagnes du Haut Atlas, à l’emplacement de la vallée orientale. Construit à Boumalne, l’hôtel était prévu pour accueillir le tourisme de masse. Située dans un paysage spectaculaire, la région possède une riche tradition architecturale indigène berbère d’habitations en briques de terre. Les architectes ont été inspirés par l’existence de cette tradition indigène et ont donc décidé d’utiliser des textures, des formes et des couleurs similaires à l’image de la Kasbah. Comme l’hôtel a été construit dans un endroit isolé, le principal défi des architectes a été le contrôle du climat. En effet, l’hôtel est situé sur une crête surplombant le village en briques crues. Il est exclu des limites actuelles de la ville. Le client a fait le choix politique de l’isoler plutôt que de l’intégrer dans la ville. Les murs d’isolement repoussent les vents venant du nord-ouest. Ces vents sont souvent assez forts sur le site exposé sans arbres. Pendant la saison hivernale (janvier-février), une neige légère et occasionnelle peut recouvrir la région désertique de Boumalne. L’hôtel comprend : 100 chambres doubles ,toutes les chambres sont conformes au même type de plan (environ 3,50 mètres x 8,45 mètres), comprenant une entrée, un placard intégré, des toilettes et une douche, et une terrasse. Ces unités ont été disposées autour d’une cour centrale avec piscine, un hall et un salon, un restaurant d’une capacité de 50 personnes, un bar, une salle de jeux, une piscine, et un appartement pour le directeur. Toutes les chambres ont la même disposition (environ 3,5 mètres x 8,45 mètres) : entrée, placard intégré, toilettes, douche et terrasse. Ces unités ont été disposées autour d’une cour centrale avec une piscine. Les unités sont situées le long du côté ouest de l’hôtel, juste en dessous du niveau de la cour. Cela permet d’avoir une vue panoramique spectaculaire sur l’Oued, le village lointain et les falaises au-delà. L’entrée, les espaces publics, les salons, les salles à manger et la boutique ont été placés sur les bords est. Le restaurant et le bar se trouvent un étage au-dessus de l’entrée, avec un accès direct au patio et à la piscine. Le volume est échelonné, généralement par paires

Conception, construction et utilisation

Conception

Convaincus que les schémas touristiques conventionnels (tours d’habitation, ascenseurs, couloirs à double charge) étaient inappropriés et indésirables dans un environnement tel que celui de Boumalne, les architectes ont cherché une solution qui minimiserait la technologie sophistiquée pour la construction et le fonctionnement, tout en maximisant les avantages inhérents au site. Les conceptions préliminaires prévoyaient la construction de murs porteurs en utilisant de la terre stabilisée avec du ciment, pour des raisons économiques (principalement logistiques, mais aussi pour l’entretien et autres) ainsi que pour souligner une affinité avec les traditions de construction locales. Le client a refusé la proposition, estimant qu’elle n’était pas suffisamment «moderne».

En outre, les longues études d’ingénierie requises, et le coffrage métallique nécessaire à l’exécution, auraient porté le coût final à un niveau égal, voire supérieur, à celui d’une structure conventionnelle en béton armé. En utilisant efficacement le terrain en pente, il s’est avéré possible de concevoir un hôtel de 100 chambres avec un minimum d’escaliers (ou de rampes) à partir du niveau d’entrée. Les concepteurs ont tenté d’incorporer plusieurs qualités essentielles de l’architecture vernaculaire locale dans leur projet : des volumes simples (illustrés ici par l’utilisation répétitive d’un module apparemment cubique composé de deux pièces adjacentes), des volumes brisés en retrait pour créer des terrasses, et l’utilisation judicieuse de la couleur locale et de la texture de la surface (obtenue par le biais d’un système d’éclairage).

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Contrôle du climat

Les similitudes entre ce plan d’hôtel et ce que l’on a appelé l’organisation traditionnelle de la cour intérieure des espaces, notamment en ce qui concerne le contrôle du climat, sont extrêmement limitées. La disposition générale des pièces autour de la piscine ne peut être qualifiée de traditionnelle. De plus, la périphérie ouest est ouverte aux vents violents. Seuls les deux puits de lumière plantés de verdure et, peutêtre, l’une des cages d’escalier élargies desservant les pièces du niveau inférieur peuvent être considérées comme assurant une ventilation naturelle des couloirs. Les accès des pièces aux terrasses sont profondément encastrés, protégeant

ainsi les portes vitrées du sol au plafond. Les grandes surfaces vitrées au niveau des terrasses sont protégées par de profonds porte-à-faux. Les grilles en bois utilisées devant les fenêtres de certaines pièces servent principalement à créer de l’intimité, mais font un peu écran au soleil. L’épaisseur des murs n’est que moyenne et on ne peut pas dire qu’elle contribue particulièrement à la protection thermique. Toutes les chambres et les principaux espaces publics sont climatisés. Les générateurs électriques fonctionnent de 6 heures du matin à l’heure du coucher du soleil et de 17 heures à minuit, et la climatisation n’est donc opérationnelle que pendant ces périodes.

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Construction et matériaux

Le noyau central du bâtiment est une construction poteau-poutre en béton armé. Les pièces du niveau inférieur, du côté ouest, en contrebas, sont en pierre. Les curieux «chapiteaux» des colonnes en forme de Y qui reçoivent des paires de poutres parallèles n’ont pas d’utilité d’ordre structurel. Laissés visibles dans la mesure du possible, ils évoquent les solutions structurelles inhérentes à l’architecture à ossature de bois, et peuvent être une allusion aux poutres saillantes de l’architecture locale en briques crues. Dans tous les cas, cette structure supporte des sols en dalles de béton avec une finition en carreaux de ciment. Bien qu’un peu de pierre ait été utilisée

pour les fondations et partiellement pour la construction des murs des pièces du niveau inférieur, le principal matériau de remplissage est le bloc de ciment recouvert d’un revêtement de boue et de ciment à l’extérieur.

Des cadres de portes et de fenêtres en aluminium sont utilisés dans toutes les pièces et autour du patio.Le bois est utilisé à cette fin dans les zones moins exposées.

L’aluminium et l’acier pour le renforcement ont été importés, tandis que le ciment et les autres matériaux sont produits au Maroc.

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Intégrations plastiques

Il n’y a pas ici cet assemblage hétéroclite ou exotique qui caractérise la majorité des hôtels, ni le désir égoïste de la part des architectes de vouloir se passer des artistes. La participation de ces derniers a d’ailleurs été à la fois bien dosée et discrète. Ont participé à ce projet : Mohammed Melehi, qui a réalisé deux panneaux (un dans le bar et l’autre dans le restaurant) composés d’éléments en terre cuite ocre alternés avec d’autres en céramique colorée. Farid Belkahia qui a réalisé dans le hall une porte en cuivre et un panneau en éléments de cuivre sur acier.

Le prototype d’une lampe quadrangulaire et l’enseigne en bois de l’hôtel ont été dessinés par Mohammed Chebaa. Les panneaux en bois, en forme de portes coulissantes et leurs peintures géométriques ont été réalisés (pour les chambres) par des artisans de la ville sous la direction de C. Boccara, décoratrice de Marrakech qui a aussi dessiné des lampes en verre. C’est un essai d’intégration consciente à l’architecture et une expérience qui a cristallisé un aspect important de l’action plastique des artistes nationaux.

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La Kasbah et l’hotel : points de convergences et divergences

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Analyse du site

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Echelle d’analyse n1

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La zone des vallées Todgha-Dadès s’étale entre le versant Sud du Haut Atlas central et le flanc Nord du Jbel Saghro, sur une superficie de 482100 ha, et abrite une population évaluée à 169 608 habitants.

Elle est située sur le territoire de la région de Sous–Massa-Draa et fait partie de la Province d’Ouarzazate.

· Les communes urbaines : Tinghir, Boumalene et Kelaât Meguouna.

· Les communes rurales : Tilmi, Mesmrir, Ait Youl, Khemis Dadès, Ait Sedrate Jbel Soufla, Ait Sedrate Jbel Oulya, Ait Sderate Sahel Gharbia, Ait Sedrate Sahel Charkia, Toudgha oulia, Toudgha soufla et Taghazout N’Ait Atta.

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Situation

Accéssibilité - Voirie

La zone d’étude est traversée par la route nationale n°10 reliant Errachidia à Ouarzazate en passant par les villes de Tinghir, Boumalene et Kelaàt M’gouna. Cette voie permet de raccorder cette zone avec le reste du réseau national. D’autres routes secondaires (R704) contribuent également au désenclavement des différents centres, villes et douars de la zone d’étude, mais connaissent des ruptures fréquentes en hiver.

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Agriculture et artisanat, secteur majeur mais faible Potentialité du territoire Caractéristiques sectorielles

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Données naturelles

La vallée de Dadès

La zone Aval abrite les trois villes de l’aire d’étude : Tinghir (sur la vallée de Todgha), Boumalene et Kelaat Mégouna sur la vallée de Dadès, et de vastes territoires urbanisés appartenant aux communes de souk Khemis, Ait Sedrat Sahel Charkia et Ait Sedrat Gharbia. Elle est caractérisée par un territoire ouvert, à pentes douces et des terres arables abondantes aménagées en terrasses. En revanche, les précipitations sont faibles et les débits des cours d’eau plutôt irréguliers ; mais la nappe phréatique demeure importante. L’espace de cette zone est plus favorable à l’installation des établissements humains et au développement d’agglomérations urbaines de tailles plus importantes, grâce à sa position stratégique entre les deux Atlas et autour de l’axe routier RN10.

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Topographie particulière

L’aire de l’étude, comme la majorité des zones rurales du Maroc se caractérise par un accroissement naturel intense de la population. Les espaces dits urbains exercent un fort attrait sur le reste du territoire. Les densités constatées dans les zones de piémont se comparent déjà avec celles des petits centres. Le caractère jeune des populations n’est malheureusement pas corollaire de son dynamisme. Le taux d’analphabétisme surtout chez les adultes et les femmes reste très important et le taux de chômage très élevé. La distorsion entre les ressources et les besoins pousse la population à se valoriser ailleurs. Si l’impact de cette immigration reste non visible au niveau de la fécondité, ses effets sociaux sont de taille (taux de féminité assez fort, taux de divorce important, importance des retraités…) La migration a partout stimulé la consommation. L’habitat et les produits importés (voitures , machines , électroménager…) forment les principaux vecteurs d’attraction pour l’encouragement de ce phénomène.

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Dégradation des sols agricoles : les rares sols agricoles, en cours de lapidation.

Les terrains de culture forment une ressource naturelle rare dans les oasis. En fait, la lithologie des bassins qui alimentent les sols de ses vallées,la rareté voire l’inexistence du couvert végétal, la rudesse des pentes, la rareté des précipitations et des infiltrations ne favorisent guère la formation de terres arables. Les quelques terrasses entretenues par les agriculteurs sur les lits des oueds et sur les versants forment le capital sur lequel se base l’agriculture. Il est constamment menacé par des éboulements, par le ruissellement ou par l’érosion latérale que causent les crues. Même stabilisé, ce capital est intensément exploité par la fréquence des cultures et par le peu d’intrants et de fertilisants que le fellah utilise. Le lessivage que cause l’irrigation par gravité et le souci d’utiliser ses droits d’eau pleinement augmente la dégradation de ce capital initialement maigre. maigre.

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L’exploitation minière : une richesse et une diversité minière à explorer

L’aire de l’étude fait partie d’une zone qui recèle d’une richesse et d’une diversité minière de grande importance dont, le massif du Saghro, riche en réserves, encore en exploration. La zone minière relevant du cercle de Boumalene a également connu une ancienne période d’exploitation. Aujourd’hui, pour des raisons de coût d’exploitation et des cours des minerais à l’échelle internationale, seule la mine d’argent d’Imider (Imiter) est active. Situé à environ 150 km à l’Est d’Ouarzazate, le gisement d’argent d’Imider est connu depuis le 8ème siècle. L’exploitation du gisement d’or, sis à Tiouite, à quelques dizaines de kilomètres du premier et au sud de Boumalene, s’est complètement arrêtée pour des raisons de rentabilité (productivité et coût de production).

L’exploitation des gisements du gypse se fait de manière artisanale dans les rides triasiques du sud du Haut Atlas au sud du douar Bouteghra

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Données socio-économique

L’aire de l’étude, comme la majorité des zones rurales du Maroc se caractérise par un accroissement naturel intense de la population. Les espaces dits urbains exercent un fort attrait sur le reste du territoire. Les densités constatées dans les zones de piémont se comparent déjà avec celles des petits centres. Le caractère jeune des populations n’est malheureusement pas corollaire de son dynamisme. Le taux d’analphabétisme surtout chez les adultes et les femmes reste très important et le taux de chômage très élevé. La distorsion entre les ressources et les besoins pousse la population à se valoriser ailleurs. Si l’impact de cette immigration reste non visible au niveau de la fécondité, ses effets sociaux sont de taille (taux de féminité assez fort, taux de divorce important, importance des retraités…) La migration a partout stimulé la consommation. L’habitat et les produits importés (voitures , machines , électroménager…) forment les principaux vecteurs d’attraction pour l’encouragement de ce phénomène.

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Population à caractère jeune

La répartition de la population de la commune selon les groupes quinquennaux d’âge, et le sexe montrent qu’en général il y a une stabilité dans les structures par âge de la population entre les périodes censitaires (il s’agit toujours d’une pyramide très étalée vers le bas). Ceci s’explique en partie par l’absence d’un fort dynamisme régional pouvant altérer substantiellement ses structures. Toutefois, on constate une forte présence des enfants de moins de 15 ans (en âge préscolaire et scolaire), ce qui nécessite une infrastructure scolaire conséquente pour cette population.

Taux d’analphabétisme important

Le taux d’analphabétisme est important au niveau de la population de la commune, soit 53.2% et avec une nette disparité entre les deux sexes. Le taux d’analphabétisme dans cette commune est plus important par rapport à la moyenne des deux milieux urbain et rural au niveau national (32.2 %).

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Population scolarisée faible

La répartition de la population scolarisée selon le niveau d’étude montre que 27.2% ont suivi un enseignement fondamental, 9.5 % un enseignement collégial, et 4% des études supérieures. Il s’agit d’une situation inquiétante, due essentiellement à un manque de conscience de la part de la population, et un sous-équipement en matière d’infrastructures scolaires, ainsi qu’un système scolaire non valorisé et non adapté aux besoins locaux.

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L’artisanat se présente comme une activité traditionnelle, essentiellement pratiquée par des minorités ethniques ayant un statut social spécial (les haratines, les juifs) Aujourd’hui, son importance économique au niveau local est faible et se présente sous forme de coopératives. Il existe des villages où des artisans forment une communauté unique, à statut spécial (Ikaderne (potiers), Imzilne (forgerons)).

Les spécialistes de constructions en pisé, les plâtriers, les puisatiers sont généralement groupés en communautés. Les personnes qui travaillent l’orfèvrerie, la bijouterie se trouvaient souvent près des anciens mellahs juifs. Par contre, les métiers de tissage (femmes), de la fabrication de paniers, des bisacs, des nattes et les menuisiers ne constituent jamais une communauté à part. Ces métiers, autrefois nécessaires au fonctionnement des exploitations, à l’exception de l’eau de rose, ont beaucoup souffert de l’ouverture qu’a connue la zone sur les produits industriels concurrents.

La réhabilitation de ces métiers s’impose par la sensibilisation et la formation des hommes du métier et se justifie par : - L’impact socio-économique en termes d’emplois et de revenus générés ; - La spécificité qu’il donne au produit touristique local (intégration de ses éléments); Le degré d’indépendance qu’il offre au local (matières premières, savoir-faire local valorisé).

L’artisanat : outil de valorisation du savoir faire oasien
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Secteur industriel embryonnaire

L’industrie reste une activité très limitée au niveau du territoire des vallées de TodghaDadès comparée à l’ensemble de la région Souss Massa Drâa et ce, malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics. L’activité des unités implantées concerne uniquement le traitement de quelques produits locaux (Distillation de roses, Production d’huile d’olives,…). Les principales raisons de cette situation sont dues aux facteurs suivants : - L’éloignement géographique de la zone par rapport aux grands pôles économiques régionaux (Agadir, Marrakech) et nationaux (Casablanca, Rabat, Tanger).

- Le coût de production pour les promoteurs industriels (éloignement de la matière première, frais de transport élevé, faiblesse du marché local…)

- Le manque d’initiatives susceptibles de stimuler l’investissement dans le secteur industriel.

Dans ce cadre, le pari à relever par les acteurs locaux est d’asseoir les conditions adéquates pour assurer, d’une part une mise à niveau des activités de transformation existantes, notamment la rose à parfum, et d’autre part promouvoir les mesures incitatives pour attirer les investissements (industrie extractive) notamment la transformation des produits de terroir et ce, à travers la mobilisation du foncier (plateformes d’accueil des activités et des entreprises) et la promotion de la formation et de la qualification professionnelle.

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Le tourisme écologique : un secteur prometteur

Potentialité touristique :

- Le Patrimoine architectural, considéré parmi les plus riches du Maroc, comprend l’habitat troglodyte, l’habitat ksourien du bas Todgha et Ferkla en passant par les somptueuses kasbas du Dadès ;

- Une Diversité vestimentaire et une richesse culinaire d’une tribu à l’autre ;

- Différentes manifestations culturelles et un folklore riche et varié ;

- Une diversité culturelle relative aux activités liées aux souks, aux Moussems et aux manifestations spéciales (fête des roses) qui fait partie de la vie quotidienne de la population locale;

- La traditionnelle et généreuse hospitalité des habitants ;

- La diversité et la richesse de l’artisanat local (poterie, bijouterie, tannerie, tapis) notamment à Tinghir et à Kelaât Megouna.

-La multitude de paysages naturels spécifiques : montagne, désert, luminosité du ciel et couleurs vives attirent les amateurs de la photo. Circuits privilégiés et exploités actuellement sont :

- La route des Kasbahs entre Skoura, Kelaat Mgouna, Boumalene et Tinghir ;

- La route des gorges, entre Tinghir et Tamtetoucht et entre Boumalene et Msemrir ;

- Le circuit Dadès Nkob en traversant le Saghro par Tagmoute ou Tagdilt ;

Ksour et kasbah :

L’abandon de l’habitat traditionnel en faveur d’un habitat éclaté moins élevé et à extension horizontale (consommateur d’espace) ; L’abandon de l’usage des matériaux déconstruction locaux (pierre sèche, terre, bois…) en faveur des matériaux importés (ciment, fer, verre…) ;

L’adoption d’une architecture pseudo urbaine (habitat ouvert sur l’extérieur, avec des balcons à l’étage et des garages boutiques au rez-de-chaussée).

L’abandon des traditionnels décors extérieurs en faveur des peintures vives et une sur-décoration de l’intérieur par des plaques du plâtre, du carrelage et de mosaïque ; Les boutiques, les cafés, les stations de services et les écoles deviennent les nouveaux lieux de socialisation. La mosquée ancien noyau de la vie s’installe près de la route. La gestion de l’espace passe des mains des institutions communautaires (la jmaâ), à celles des administrations, des techniciens et des conseillers communaux.

Differents circuits

La route des Kasbas :

Entre Skoura,Kelaat Mgouna, Boumalne et Tinghir.

Ce circuit permet de découvrir les grandes architectures du Sud notamment les kasbahs entre les deux aires de Ksour :Tafilalet et Draâ (Skoura, Imassine,Kelaât, Khmis Dades, Boumalne,Oussikiss et Tamtetoucht);

La route des gorges :

Entre Tinghir et Tamtetoucht et entre Boumalne et Msemrir;Ce circuit permet de découvrirles grandes localités et les forts qu’occupent deux grandes confédérations de nomades : les Ait Yafelmane et les Ait Atta. L’enclavement de la haute montagne prive le touriste d’admirer les paysages qu’offrent la Vallée d’Oussoukis, la haute vallée d’Assif Melloulen, la cuvette d’Ait Hani et Tamtetoucht, la vallée d’Aghbalou n’Kerdous. Néanmoins, c’est une nature vierge qui mérite la découverte.

La route des gisements :

Le circuit Dadès – Nkoub ou Dades –Tazarine en traversant le Saghro par Tagmoute ou Tagdilt permet de découvrir le Saghro avec ses paysages de montagne ancienne, ses gisements d’or et d’argent, ses populations nomades et ses curieuses formes de roches sous forme de pilons saillants (Bab n’Ali) ;

La route des cimes : Les gorges du Mgoun vers Ouzighimt – Bouguemez. Le touriste découvre les vallées et les sommets de la haute montagne formée ici par le Haut Atlas central (sommet du Mgoun culmine à 4065m). Le touriste pourra découvrir les longues et étroites gorges du Mgoun et prendra plaisir à marcher dans l’eau avant d’apercevoir des villages parmi les plus hauts du Maroc (Ouzighimt et Bougumez) par le Col de Tizi n’Ait Ahmed et Tizi n’Ait Imi.

Le circuit des roses :

le rosier à parfum comme culture de rente constitue l’une des cultures spécifiques à la région d’Ouarzazate. Elle n’existe que le long de l’Oued Dades et de son affluent Assif Amgoun. Cette culture occupe 4200 Km linéaire sous forme de haies ou de clôtures autour des parcelles agricoles. La moyenne de la production est estimée entre 3000 et 3500 tonnes/an.

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Répérage : route des gorges

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Echelle d’analyse n2

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Répérage

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: Découvrir Boumalne
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Une

Accéssiilité assurée grâce à la connexion à la nationale n10 et la proximité des stations de transports communs.

Rue waliy laahd,assurant l’accéssibilité à l’hôtel sans devoir passer par le village

Route nationale

Rue Waliy Laahd

Route

Rue

Gare

108
voirie qui renforce la rupture entre les différentes composantes du site
n10
régionale n704
tertiaire
routière de Boumalne

Equipements et état du site :

Manque d’équipements culturels et d’equipement capable de cadrer l’activité artisanale de la région.

Habitat

Terrains

Habitat

109
de proximités Activité médicale Equipements administratifs
avec rdc à vocation commerciale Station de service Equipements touristiques Mosqués

Zonage du Plan d’aménagement :

La zone de restructuration ZR est une zone en partie couverte par des constructions existantes.Sa restructuration aura lieu sur la base d’un plan de détail d’affectation de zonage, de création de trame viaire et de projection des équipements nécessaires à la population de la zone.

Composition paysagère :

Notre site se compose de trois zones paysagères distinctes : Zone n1:Zone de plantation. Zone n2:Zone urbanisé. Zone n3:Colines ocres du Dadès.

110
111

Le village de l’artisanat

INTERVENTION ARCHITECTURALE :
:
une intervention au service de la mise à niveau de l’artisanat aux impératifs contemporains
1 0 1 0 1 0 4 5

Plan de masse echelle

4
1/2000

Principes d’aménagement

116
Parcours principale Parcours secondaire Accès de service Voie carossable AccèsW
117
Concept D’une trame vierge à un espace dynamique L’architecture ksourienne renaît
Le patio éclaté... Porosité Dans l’optique de Demazières et Faraoui Ouverture Discretion
120 Logique de répartition Espace semi-public Espaces verts Espace public Espace privée

A propos de l’organisation spatiale

121
... Plan echelle 1/1000...

Unité export-import

Espace d’exposition

Administration-Fablab

Centre de formation

Unité cosmétique

Unité tapisserie

Unité potterie

Unité réstauration

Couloir d’approvisionnement

Unité joaillerie

Parcours au sein du projet

122

A propos de l’organisation spatiale

123 Plan echelle 1/1000...
...
124 Fonctionnement d’ensemble I - Unité cosmétique - joaillerie V - Unité import / export + unité potterie

A propos de l’organisation spatiale-

125 Plan echelle 1/1000...
... II
Unité administratif centre de formation III - Unité de restauration IV
Unité tapisserie
126 695410 20 80 895 100 480 20 625 750 491 895 1 005 675 20 80 975 20 80 1 045 975 20 80 450 20 50 680 +0.00 +2.00 +3.30 +3.30 +0.00 +2.30 +2.30 +3.90 +4.75 COUPE A A COUPE B-B Coupe générale sur le village de l’artisanat Echelle 1/500
127 786 895 100 595 20 380 695695 20 80 350 20 570 435435365 699 550 20 230 700 20 80 470 350 20 50 +5.00 +6.60 +6.60 +8.70 +7.80 +7.80 +8.30 +10.40
128

Aperçu d’ambiance au sein du projet

129

I - Unité cosmétique - joaillerie

130
131

Plan unité cosmétique et unité joaillerie

Echelle

Espace d'expostion

Espace d'expostion

Espace d'expostion

Espace d'expostion Espace d'expostion

Atelier conception joaillère

Espace de stockage bijoux impression 3D et moulage

Espace de stockage matière outis

Local dechets Sanitaires

Atelier fabrication traditionelle

Local dechets

Espace de stockage matière de stockage

Fabrication à froid savon et shampoing solide

Fabrication savon noir et ghassoul

Distillerie et embouteillage

Broyage et pressage des graines+emb outeillage

132
1/300 GSPublisherVersion 0.69.100.31 600 30 949 30 949 30 300 1 270 30 840 940940 30 300 959 30 1 065 30 1 065 30 500 30 600 1 032 455 30 455 1 262 500 30 500 1 088 625 30 625 30 918 1 079 30 300 1 438 760 30 280 3 721 550 450 650 30 280 930 30 300 30 900 650 30 280 980 30 280 20 760 30 280 20 500 30 550 30 280 300 30 810 700 30 1 480 700 30 700 30 700 720 30 200 30 500 30 700 334 20 346 30 200 300 200
brut et
Espace
Ateliersertisseur
brut et outis Espace
produits

FaÁade est echelle 1/100

FaÁade nord echelle 1/100

FaÁade ouest echelle FaÁade1/100 nord echelle 1/100

FaÁade est echelle 1/100

FaÁade sud echelle 1/100

FaÁade nord echelle 1/100

FaÁade nord echelle 1/100

FaÁade sud echelle 1/100

FaÁade ouest echelle 1/100

FaÁade sud echelle 1/100

FaÁade sud echelle 1/100

133 ELEVATIONS

II - Unité administratif / centre de

134
135 de formation
136 GSPublisherVersion 0.69.100.31 493 15 1 088 613 15 412 493 15 766 300 15 298 15 412 830 700 30 400 30 2 120 30 250 30 600 1 546 30 200 30 840 30 500 30 439 20 471 30 930 700 830 600 1 000 850 1 060 830 1 460 30 500 30 300 15 1 385 30 250 30 747 1 640 890 20 550 530 30 500 15 485 30 250 30 200 15 1 738 810 20 810 350 15 615 350 15 615 630 910 1 028 700 200 15 1 522 30 300 30 840 30 200 670 200 30 528 15 528 1 286 840 30 385 15 655 15 230 30 840 30 300 30 500 30 840 30 200 30 606 590 590 30 200 400 200 30 413 15 428 332 15 427 365 15 475 Amphithéâtre FABLAB Tapisserie FABLAB Cosmétique FABLAB Potterie FABLAB Joaillerie Parc machine Sanitaires AtelierAtelier AtelierAtelier Laboratoire 1 Accueil Salle d'attente Administration Equipe marketing Communicatio n médiatique Bureaux des finances Gestion Fablab Médiathèque Régie Laboratoire 2 Lab Labstockage stockage Salle de réunion Salle d'attente Plan administration et centre de formation Echelle 1/300

FaÁade sud echelle 1/100

FaÁade nord echelle 1/100

FaÁade ouest echelle 1/100

FaÁade ouest echelle 1/100

FaÁade est echelle 1/100

FaÁade est echelle 1/100

FaÁade sud echelle 1/100

FaÁade nord echelle 1/100

137 ELEVATIONS

III - Unité de restauration

138
139
140 GSPublisherVersion 0.69.100.31 300 1 200 300 50 1 243 1 135 30 443 366 30 720 30 762 761 30 1372 300 1500 300 50950 2 491 1 330 2 167 351 1 324 2 321 924 23730 15 958 525 10 515 281 55715 52630 31815 1 112 2 030 319 2 Salle475 d'attente Bureau médecin Salle de consultation Accueil WC homme Ablution hommes WC femme Ablution femmes Plo nge Prép arati on froid e Stockag e restauration Café espace détente infirmerie Espace de prière homme Espace de prière femme WC GSPublisherVersion Plan réstauration et déttente Echelle 1/300

Façade Ouest

Façade Est

Façade

Façade

141 ELEVATIONS
Sud
Nord

IV - Unité tapisserie

142
143
144 GSPublisherVersion 0.69.100.31 B A 2 076 750 1 844 1 500 30 300 30 650 790 280 30 750 650 30 280 1 020 900 500 30 280 660 700 30 280 1 142 1 000 1 711 30 1300 480 583 1440 1 014 970 640 30 160 30 700 30 200460220 30 719 936 820 200 10 390 30 654 280 30 550 1 262 450 2 799 450 290 30 450 1 210 1 029 30 280 280 30 450550 30 280 1 430 700 30 700 30 200 1 000 200 30 700 30 700 1 430 Atelier de teinture Espace de stockage de laine Espace lavage et essorage de la laine Atelier tissage Atelier de design des tapis Machinerie Expositio n et vente Local déchets Atelier de travail de métier Expositio n et vente Expositio n et vente Expositio n et vente Expositio n et vente Expositio n et vente Expositio n et vente Expositio n et vente sanitaire Espace de stockage de tapis Plan unité tapisserie Echelle 1/300

FaÁade sud echelle 1/100

FaÁade nord echelle 1/100

FaÁade ouest echelle 1/100 FaÁade sud echelle

FaÁade ouest echelle 1/100 FaÁade sud echelle

FaÁade nord FaÁadeechelle est echelle 1/100

FaÁade sud echelle 1/100

FaÁade nord FaÁadeechelle est echelle 1/100

FaÁade nord echelle 1/100

145 ELEVATIONS

V - Unité import / export

146
147
148 20 310 620 20 1310 029 450 30 280 851 1 430 30 300 30 1 574 30 216 10 490 30 1 430 30 300 30 1 020 30 300 30 423 1 470 30 300 200380200 30 698 550 30 280 20 1 544 1 210 460 30 280 790 30 1 180 370 30 460 280 30 460 759 30 1 140 30 585 850 850 1 170 30 200 1 000 200 30 1 170 1 170 1 170 770 30 770 30 670 30 680 670 30 200 700 200 30 700 30 300 200500180 30 540 30 1330 302 670 30 300 30 1 500 30 300 1 377 1 440 450 550 450 938 2 590 510 30 400 30 1 060 30 1 015 30 2 353 2 037 1 31045 1 31091 968 450 3 385 550 20 695 30 Expositio n et vente Exposition et vente Exposition et vente Expositio n et vente Expositio n et vente Exposition et vente Espace de stockage de terre Local déchets Machinerie Atelier de design des tapis espace de sechage Four espace de modelage espace de gravure espace de peinture Espace de stockage produits finis Espace de stockage colis Espace d'emballage Espace de stockage matière première bureaux d'export Accueil et orientation bureau de controle Sanitaires Plan unité potterie et unité export import Echelle 1/300

FaÁade sud echelle 1/100

FaÁade nord echelle 1/100

FaÁade est echelle 1/100

FaÁade est echelle 1/100

FaÁade ouest echelle 1/100

FaÁade ouest echelle 1/100

FaÁade sud echelle 1/100

FaÁade nord echelle 1/100

149 ELEVATIONS
150 VI - Ruines

Plan ruines

151 GSPublisherVersion 0.69.100.31 1.459 917
Echelle 1/200

VII - Belvédère

152

Plan belvédère Echelle 1/200

153 987 721 1.069 1.587 987 721 1.069 1.587 2.720 1.642 997 1.642 2.707 1.253 1.238 3.301 2.246 1.556 2.549 1.697

Ouvrages

BERRISOULE, Badra, (16 mars 2005). “Marrakech: 200 maisons d’hôte “illégales” épinglées”, L’Economiste n°1979. BERRISOULE, Badra, (31 juillet 2012). “Marrakech: La médina a besoin d’un plan de sauvegarde”, L’Economiste n°3837. BOUCHHATI, Mohamed, (24 juillet 2002). “Les riads ou “maisons d’hôtes”: nouvelle formule d’hébergement”, L’Economiste n°1319. BOUDRA , Amina, (Mars 1999). “Les étonnants châteaux d’argile”, Maisons du Maroc, pp. 99-103. BOUSSALH, Mohamed, (janvier 2008). “Ksar d’Aït-Ben-Haddou, menaces et espérances”, Patrimoine Mondial N°48. BOUSSALH, Mohamed, MORISET, Sébastien, (2007). Ksar Aït Ben Haddou, mondial, Plan de gestion 2007-2012, Ministère de la Culture, Royaume du Maroc, Septembre.

BOUSSALH, Mohamed, GUILLAUD, Hubert, JLOK, Mustapha, MORISET, Sébastien, (2004). Manuel de conservation du patrimoine architectural en terre des vallées présahariennes du Maroc, coédition CERKAS/Centre du Patrimoine Mondial UNESCO/CRATerre-ENSAG, Grenoble, 72 p. BURIEZ, Axelle, (2004). Les Paysages Urbains au Maroc, Université de Montréal.

AIT EL HAJ, Hmad, (2006). “Kasbahs et ksour: un patrimoine en ruine”, Espaces Marocains, Janvier-Février 2006 (1912-1925)”, in Patrimoines en situation. Constructions et usages en différents contextes urbains, Presses de l’Ifpo.

VIARO, Alain, ZIEGLER, Arlette, (Août 1983). Habitat traditionnel dans le monde. Eléments pour une approche, Établissements humains et environnement socioculturel

154 BIBLIOGRAPHIE

Articles en ligne

Ministère de la Culture, Royaume du Maroc: http://www.minculture.gov.ma/ fr/ (consulté en novembre 2014).

Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la Ville, Royaume du Maroc: http://www.mhu.gov.ma/ (consulté en novembre 2014): “Patrimoine architectural”; “Chartes architecturales”; “Sauvegarde des Médinas”; “Assistance Architecturale en milieu rural”.

RéhabiMed: http://www.rehabimed.net/?p=4167 (consulté en novembre 2014): Présentations du Séminaire “Réhabilitation et action sociale”, Marrakech, mars-avril 2006.

UNESCO: Liste du patrimoine mondial http://whc.unesco.org/fr/list/ (consulté en novembre 2014)

UNESCO Maroc, Patrimoine culturel: http://www.unesco.org/new/fr/rabat/ culture/ patrimoine-culturel-en/

UNESCO: médina de Marrakech: http://whc.unesco.org/fr/list/331 (consulté en novembre 2014)

Riad Jmya: http://www.riad-jmya.com (consulté en novembre 2014): “Réhabilitation de l’architecture traditionnelle à marrakech”; “Rénovation et préservation des riads de la médina de Marrakech”; “Réhabilitation, rénovation, transformation ou préservation des Riads de Marrakech. Que faire?”.

155

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