SOMMAIRE :
Présentation de la structure d’accueil : P.3
Le verre : P.5
Les tâches du stagiaire : P.7
Les objectifs du stage : P.9
Les méthodes de travail du verre moulé : P.13
- Le fusionnage et thermoformage des verres - Le chantier de rénovation d’une marquise - Le collage du verre aux rayons UV - Le meulage
- Le travail du vitrail au plomb
- La gravure sur verre
Bilan du stage : P.26
Lors des cours de “Matériaux-Matériels” en première année, j’ai été extrêmement captivée par la série de cours sur le verre. C’est donc naturellement que j’ai cherché un atelier de maître verrier pour réaliser mon premier stage. Je souhaitais approfondir mes connaissances sur le plan pratique. Comment travailler le verre ? Quelles sont ses propriétés et ses qualités ? J’ai cherché à étudier son intérêt plastique.
L’Atelier Verre Contemporain est l’atelier de Bertille Hurard situé 1 rue de l’Eglise à Houilles. L’atelier se compose d’une partie privée réservée au temps travail et création mais également d’une boutique où Mme Hurard vend ses créations. Crée depuis décembre 2002, elle s’occupe seule de son activité, n’ayant pas de salariés. Afin de pouvoir exercer légalement, sa société est enregistrée à la Maison des Artistes.
Ma maître de stage a un parcours professionnel assez particulier. En 2000 elle décide de changer entièrement de mode de vie; pour cela elle quitte son travail et oriente sa reconversion professionnelle dans le monde de l'artisanat et de l’art. Après diverses formations elle choisit de se spécialiser dans le verre et ouvre en 2002 un premier atelier en Eure-et-Loir pour s’installer ensuite à Houilles dans les Yvelines.
Dans son atelier, Mme. Hurard travaille le verre pour réaliser sur commande des pièces et décors uniques intégrés à l’architecture. Sa spécialisation est la création et restauration de vitraux et marquises. Cependant elle confectionne également des objets plus simples du quotidiens, tels des vides poches, des objets décoratifs et design pour la maison et également des bijoux. Elle a recours à la méthode du verre moulé et principalement du fusionnage des verres.
Le verre est un matériel utilisé par l’homme depuis des centaines de milliers d’années. Au fil du temps, le processus de fabrication a largement évolué.
Historiquement pour fabriquer du verre l’homme mélangé du sable, du natron transformé en soude et de la chaux vive. On retrouve pour la première fois ce mélange en Mésopotamie, en Syrie et Egypte il y environ 3000 av J.C. Ce procedé permet seulement d’obtenir du verre opaque de couleur verte ou bleu. On appellera plus tard cette méthode de travail du verre du verre moulé puisque l’utilisation des moules le plus souvent en argile permet d’obtenir les formes voulues.
La France dès le XII ème devient très novatrice dans la technique du verre. Plusieurs manufactures voient le jour et diverses méthodes sont alors créés.
L’essor du verre va réellement avoir lui au 19e siècle grâce à la révolution industrielle. Elle permet la création de verre plat notamment utilisé dans les passages et les grands magasins. Cela mènera d’ailleurs à l’utilisation du verre couplé au métal comme maçonnerie. C’est le cas des serres ou des usines.
Aujourd’hui la recette pour obtenir du verre est un peu plus sophistiquée.
On note trois étapes majeur : Fusion - trempe - recuit On utilise du sable blanc, de la soude, de la chaux et du verre cassé (le calcin) qu’on porte à 1 550 °C jusqu’à la fusion des éléments. Ensuite le verre est débarrassé de ses bulles en le maintenant à haute température. Le verre est après trempé c'est -à -dire que l’on va le refroidi brutalement pour permettre la vitrification.
La trempe induit un refroidissement plus rapide de la surface du verre (en contact avec l'air) que du cœur, et donc des contraintes résiduelles.
Pour les relaxer, le verre est recuit pour des durées qui varient selon la nature et le volume de verre.
Pendant ces trois semaines de stage, les tâches qui m’ont été confiées ont été extrêmement variées : accueil, explication et aides pendant les stages de création, présence aux divers rendez-vous avec les clients, aide dans les processus de créations (assez vaste, cela peut aller de la simple suggestion d’idées à l’aide manuelle dans le projet). J’ai également vu toute la partie « administrative » du métier, en accompagnant ma maître de stage à ses rendez-vous à la banque, je l’ai aidé à traiter les demandes des clients, répondre aux courriels, commander les matières premières.
Mme. Hurard n’a aucun salarié, cependant elle m’a expliqué faire appel assez souvent à d’autres corps de métiers principalement pour les chantiers de marquises. Elle travaille avec des ferronniers, serruriers et autres artisans des métaux en fonction des demandes. Il lui arrive également de collaborer avec des menuisiers et des joailliers. Elle est parfois appelée par des architectes ou des décorateurs à travailler sur des chantiers pour créer ou restaurer des pièces uniques en verre, comme des fenêtres, porte-fenêtres, des pavés de verre, des vérandas ou des éléments en vitrail et autres…..
Pendant toute la période de mon stage, j'ai pu assister aux premiers rendez-vous des projets que nous avons réalisés par la suite.
A cette occasion, ma maître de stage m’a demandé de faire les relevés lorsque il s’agissait de créations avec une place définie à l’avance.
J'ai également assisté aux différentes réunions relatives aux demandes de devis pour la restauration de marquises. Les marquises sont les chantiers les plus fréquents menés par Mme.Hurard.
Un chantier était prévu lors de ma dernière semaine de stage, néanmoins, à cause des fortes chaleurs, ceci n’a pas pu être mis en place, le mastic ne supportant pas les températures trop élevées.
Marquise d’une maison à Houilles
L’objectif du stage était d’en apprendre plus sur le verre en tant que matériau et voir comment il peut être intégré à l’architecture. C'était extrêmement intéressant de pouvoir comparer les connaissances acquises lors des cours magistraux de Matériel-Matériaux sur le verre et pendant le stage auprès d’un artiste qui le travaille chaque jour. J’ai pu observer certaines techniques de travail qui nous avaient été présentées en cours. A l’atelier les techniques privilégiées sont le fusionnage et le thermoformage des verres, la gravure, le sablage, le perçage, la coupe, le meulage, le polissage, l’émaillage, le lustrage, la cuisson à l’or, le vitrail au plomb. Le fait que ma maître de stage soit seule dans son atelier c’était un vrai avantage, car j’ai pu l'accompagner et l’observer dans chacune de ses étapes et elle m’a permis de beaucoup participer, aussi bien dans la proposition d’idées que dans ses tâches.
Par exemple, après avoir assisté à un rendez-vous chez des clients qui souhaitaient que Mme.Hurard réalise deux appliques et avoir fait le relevé, j’ai dû réaliser différents croquis à soumettre aux clients afin qu’ils choisissent la proposition qui leur plaisait le plus.
Photos des deux endroits ou le client souhaite intégrer des appliques.
Relevé pour positionner les appliques
Croquis avec les couleurs et motifs choisis par le client
Puisque c’était les vacances scolaires, à l’atelier, des stages de découverte et première pratique du verre ont été proposés aux enfants et aux adultes. J’ai donc dû aider à animer plusieurs ateliers, pour lesquels, la technique de cuisson utilisée est celle du fusionnage des verres. Mon travail à ce moment-là consistait, après avoir expliqué les bases de coupe avec les différents instruments, à fournir les bons morceaux de verres et à expliquer pourquoi ils ne sont pas tous compatibles entre eux, puis à assister les personnes dans les différentes étapes de la création. J’ai ensuite géré le placement dans le four en fonction de la chaleur nécessaire aux différents verres.
Le fusionnage des verres est la méthode de travail du verre de prédilection de l’atelier. En effet, tous les objets vendues dans la boutique sont réalisés de cette manière. Cette méthode consiste à utiliser des morceaux de verre que l’on va superposer à froid puis grâce à une cuisson à haute température (environ 800 degrés) le verre fusionnera. Sur l’image, on peut observer les découpes de pièces qui vont servir à créer l’objet souhaité. La découpe du verre se fait à l’aide d’un coupe-verre avec une pointe diamant et de pince. Pour que cette méthode fonctionne correctement il faut absolument utiliser des verres compatibles. On classe les verres en fonction de leur coefficient de dilatation thermique. Il ne faut pas les mélanger car il pourrait y avoir des casses lors du refroidissement.
Réalisation d’une personne lors d’un atelier
Vidéo montrant le processus de découpe des pièces de verre : https://youtu.be/zOQ3Rd-VnK8
Les deux derniers jours j’ai réalisé une série de papillons et poissons en verre pour créer des mobiles pour enfants en utilisant la méthode du fusing.
Cette méthode permet essentiellement de réaliser des objets plats. Il est possible de rendre convexe les objets dans une certaine limite. Cela sera possible seulement dans un deuxième temps. Après avoir réalisé un objet, on peut le replacer au four pour une seconde cuisson. On utilisera un moule qui peut être en différentes matières (céramique, plâtre, fibres réfractaires) pour que l’objet en prenne la forme. Ce procédé est celui du thermoformage. En plus de pouvoir bomber des pièces de verre on peut l'utiliser pour créer différentes textures sur le verre puisque lors de la cuisson le verre va prendre l'empreinte de son support. On appelle cela la prise d’empreinte à haute température.
Comme expliqué précédemment, chaque année Mme.Hurard restaure plusieurs marquises.
Je n’ai pas pu finalement assister au chantier d’une marquise prévu à cause des fortes températures. Cependant puisque le chantier était initialement prévu pour ma dernière semaine de stage nous avons passé 15 jours à le préparer. Bertille m’a donc plusieurs fois informé sur le déroulé du chantier.
Dérouler d’une restauration de marquise : Cela commence évidemment par une visite pour effectuer un relevé et envoyer par la suite un devis. Les photos ici proviennent d’une maison à Houilles pour laquelle nous avons réalisé un devis. En fonction de la détérioration de la marquise différentes directions de chantiers sont prises.
Pour la restauration de cette marquise par exemple, il a été plus judicieux de faire le choix de refaire entièrement les carreaux au lieu de réparer les huits qui étaient cassés. Pour une question de prix et de temps pour remplacer une à une les pièces de verres parfois il faut mieux reproduire l’ensemble.
zoom sur les carreaux abîmés.
Mme.Hurard juge également si les maçonneries nécessitent d’être changées si c’est le cas elle fera appelle à un ferronnier sinon lors du chantier il suffira de les nettoyer. Ensuite il faut commander le verre et commencer les découpes de pièces en atelier.
Une fois la décision du plan de rénovation de la marquise prise et les pièces prêtes le chantier peut alors démarrer. Il dure rarement plus de 3 jours si tout se déroule comme prévu.
La météo lors du chantier est très importante car en cas de forte chaleur par exemple le mastic utilisé pour faire la liaison entre le verre et le fer ne prend pas c’est à dire les deux pièces ne seront pas collées.
Une des méthodes que j’ai énormément apprécié s’est celle du collage aux UV. C’est une micro soudure entre les volumes verriers qui consiste à sécher la colle grâce à une lumière UV qui permet, si les bords sont lisses, d’avoir une très bonne tenue. La colle est invisible une fois sèche. Ce collage est beaucoup utilisé pour le mobilier en verre puisque s’il est réalisé correctement il est très précis, on ne voit pas de résidu de colle il est donc un argument esthétique.
Un client nous a demandé de lui réaliser un coffre en verre pour protéger une maquette de bateau. Après nous avoir donné les dimensions, nous avons commandé les morceaux et nous l’avons fabriquée et ensuite assemblée. Les rayons UV étant néfastes pour l’homme nous nous sommes protéger le plus possible (lunette de soleil, crème solaire, manches longues et pantalon).
Les deux autres aspects intéressants que j’ai pu observer durant ce stage sont:
• que faire en cas de problème/casse avec une pièce lors de la fabrication,
• Que faire en cas de casse une fois la création installée chez un client.
Un client nous a déposé en magasin, un lampe avec un abatjour en verre qu’il souhaitait qu'on rénove. Le prix convenu avec le client ne comprenait pas la possibilité de créer une maquette de la pièce, nous avons donc réalisé directement la pièce qui finalement ne convenait pas et qui plus est, s'est cassée lors d’une tentative d’ajustement. En sortant la pièce du four nous avons utilisé la méthode du meulage de verre qui permet de réduire légèrement les dimensions d’une pièce. Dans l’atelier il y a une meuleuse à eau qui permet de meuler et de polir les pièces de verre. L’utilisation de l’eau permet d'éviter les éclats de verre mais permet également d'éviter la surchauffe.
Etat de l’objet lorsqu’il nous a été ramené
Pièce essentielle que l’on a fait mais qui finalement ne convenait pas
Une autre cliente avait à son domicile, un panneau en vitrail qui s’est brisé. Ne sachant pas qu’il était assuré, nous l’avons donc aidée dans ses démarches avec l’assurance et la banque afin que nous puissions lui effectuer la réparation et que celle-ci soit prise en compte par l’assurance. Cependant, ma maître de stage ne semblant pas satisfaite du montant proposé par l’assurance, elle m’a expliqué le courrier à rédiger pour justifier que le coût de la matière première ajouté au temps passé sur le panneau était nettement supérieur au prix proposé par l’assurance.
Mme.Hurard utilise la méthode de travail du vitrail au plomb mais uniquement sur commande. Je n’ai pu voir aucun projet en vitrail, elle m’a cependant fait une petite démonstration pour me montrer la technique. Il faut créer plusieurs maquettes du projet qui seront essentielles à la réalisation du projet. En utilisant la maquette comme modèle on va venir découper les pièces de verres avec une découpe-verre munie d’une pointe-diamant comme lors du fusionnage des verres. On va venir utiliser la meuleuse dans le but de polir et égaliser chacune des pièces. Elle m’a expliqué qu’il existait différentes méthodes pour décorer le verre comme avec la vitrification des émaux je n’ai cependant pas vu ce procédé. Ensuite il faut venir utiliser des baguettes en plomb et encastrer chaque pièces entre. On appelle ça le sertissage. Ensuite il faut mettre des clous et des cales en bois sur le contour du vitrail pour venir agréger les morceaux de verre entre eux. Pour terminer on vient utiliser du mastic pour s’assurer que le vitrail est solide et étanche. On nettoie alors le vitrail et on le laisse sécher plusieurs jours.
Mon stage s’est fait en deux parties, car l’atelier était fermé pendant la période estivale. Ma dernière semaine a donc été effectuée en septembre. Le rythme de travail étant extrêmement calme, nous avons utilisé ce temps pour ranger l’atelier et faire un inventaire des stocks. Nous avons également essayé d’utiliser les derniers petits morceaux de matériaux inutilisés, ainsi que les pièces qui étaient cassées ou invendables, pour développer de nouvelles créations.
Nous avons récupéré un bout de miroir ainsi que des morceaux de bouteilles que nous avons cuits pour les décorer; cette fois aussi nous avons utilisé un collage à la lampe UV pour les plus grosses pièces et de la colle bicomposite pour les plus petites. Une colle bi-composite est une colle qui possède deux composants : une résine et un durcisseur. Elle possède une grande performance de collage dû à la réaction chimique
provoquée par le mélange de ces deux derniers qui permet un durcissement très fort.
Après avoir appris une technique de gravure sur le verre à l’aide d’une pointe-diamant, je l’ai utilisée pour graver des verres à vins en essayant de cacher les zones qui étaient extrêmement abîmées par des rayures.
L’appareil utilisé est un outil rotatif et forêt à point-diamant. En creusant le verre grâce au mouvement de rotation, il permet de venir graver dessus. J’ai d’abord réalisé quelques croquis sur le thème choisis par Mme.Hurard puis j’ai gravé à main levée.
Ce stage à été l’occasion pour moi d'approfondir les connaissances apprises à l’école sur le verre. Mon intérêt pour ce matériau n’a cessé de grandir grâce aux différentes applications que j’ai pu mettre en oeuvre au cours de ce stage. Ce matériau est essentiel à l’apport de la lumière dans différentes constructions par exemple dans le cas de la façade de la Samaritaine. Le verre peut aussi être utilisé de façon atypique comme ces verres bombés rythmant la façade. Aujourd’hui j’apprécie d’autant plus aussi la réalisation de mobiliers urbains proposé par Jean-Miche Othoniel comme la station de métro Palais Royal- Musée du Louvre dont la couleur et la transparence font rayonné toute la place. En résumé, j’ai apprécié de travailler avec un artisan d’art mais lors d’un prochain stage j’aimerais avoir la possibilité de faire un travail de groupe la où les idées s’échangent et se rencontrent où le travail devient alors plus stimulant.