Réussir ici, Edition Avril 2008

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Le magazine du nouveau Montréalais

Avril / Mai 2008

Gratuit

w w w. r e u s s i r i c i . c o m

SOS,

Mouna Andraos

une garderie pour mon enfant

une

designer d a n s

l ' â m e

Le guide pour adhérer à

l'Ordre des ingénieurs du Québec

Comment trouver

un médecin

de famille

Quand

maman a mal à l'âme




Éditeur Mehdi BENBOUBAKEUR Co-éditeurs Nosra CHIHANI Hassan SERRAJI Rédacteur en chef Hassan SERRAJI Journalistes Abdoulaye CISSOKO Anne-Marie YVON Aude JIMENEZ Cassandra JOSEPH Deborah JUSSOME Hassan SERRAJI Nadine ALCINDOR Marc-André SABOURIN Meriem BENACHENHOU Mouloud OUTALEB Sophie PEYRICAL Vanessa LIMAGE Chroniqueurs Di-Anne Robin Yves ALAVO Correcteur Mounir BEN AHMED Directeur Artistique Mehdi BENBOUBAKEUR Graphistes Nosra CHIHANI Mehdi BENBOUBAKEUR Photographe Mehdi BENBOUBAKEUR Responsable des IT Mehdi MEHNI Publicité Mehdi BENBOUBAKEUR Impression Transcontinental Interweb Distribution Diffumag Index des annonceurs Institut Grasset 02 MICC 03, 36 SAJE Montréal centre 14 Carrefour Jeunesse Emploi 19 Ville de Montréal 04,09, 21, 23 Clarté Vidéo 23 SAJE Montréal Métro 27 Collège O’Sullivan 35 Rédaction 514 573-6454 redaction@reussirici.com Publicité 514 975-9835 publicite@reussirici.com

réussir ici inc. www.reussirici.com


Avril / Mai 2008

Édito 7 Je me souviens La vie dans l'arrondissement 8 Ahuntsic-Cartierville

Montréal Express

28 EN COUVERTURE Mouna Andraos… une designer dans l'âme

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Mouna Andraos est une talentueuse jeune designer d'objets et d'installations interactives. Montréalaise d'origine libanaise, elle a travaillé avec différents médias tels que le Web, l'électronique et la vidéo et a réussi à s'imposer sur le plan international en accumulant bourses, résidences et prix.

Vivre à Montréal 16 Quand maman a mal à l'âme

18 SOS, une garderie pour mon enfant

20 Comment trouver un médecin de famille

Travailler à Montréal 22 Un ingénieur… Comme les autres

24 Le guide pour adhérer à l'Ordre des ingénieurs du Québec

Étudier à Montréal 11

22

30 Ondes de CHOQ

Sortir à Montréal 31 Trois sœurs dans une ville 31 Quand le cinéma se fait ex-centrique!

16

32 Agenda 33 Le prince de Douala

Travailler à Montréal

Le guide pour 18

adhérer à l'Ordre des ingénieurs du Québec

Les Chroniques 6 Le coin du lecteur 26 Au travail 34 Carte blanche

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Le coin du lecteur Mise en contexte Suite à la publication, le mois de février dernier, par Statistique Canada d'une série d'analyses sur la population active immigrante, notre éditorialiste a réagi à travers une chronique publiée sur notre site web sous le titre À propos du taux de chômage alarmant des immigrants. Cela a suscité un débat très intéressant animé par les internautes. Nous vous le résumons dans cette page qui est la vôtre. Réagissez et stimulez le débat, c'est votre espace La rédaction

« Les chiffres parlent d'eux-mêmes, nul besoin de les expliquer. 20,8% des immigrants africains sont au chômage et vous dites qu'il ne faut pas tomber dans le pessimisme. Oui, on devrait plutôt se réjouir qu'après cinq ans de calvaire, cela retombe à 13,6%!… Dans cette affaire, cela ne change pas grandchose d'être optimiste ou pessimiste car la seule différence entre les deux, c'est que le premier est un imbécile heureux et que le second est un imbécile triste. On est tous des imbéciles pour avoir cru en ce Canada. » Kamil de Montréal

« Quoi de plus simple que de tenir votre discours Kamil. J'ai eu la même approche que vous, mes deux premières années au Québec, jusqu'au jour où j'ai compris que rien ne se donne mais que tout se mérite. Alors, j'ai décidé de prendre mon destin en main, et figurezvous que tout a changé. J'occupe, actuellement, un poste qui me comble et je suis active socialement. Ce n'est pas avec une approche négative comme la vôtre que j'aurais pu être à la place où je suis présentement. Comme on dit en bon québécois, arrêtons de chialer et prenons notre place dans la société. » Aissatou de Montréal

« Kamil, c'est trop facile face à des chiffres pareils de crier au scandale et au racisme. Mais prends le temps de réfléchir et d'analyser. Savez-vous qu'une grande partie des Maghrébins qui s'installent au Québec, retournent aux études. Les personnes qui sont aux études sont sans emploi. Logique, non ! Cela explique en partie les 20%. Il y a aussi un phénomène dont on ne veut pas trop parler je connais 6 Avril / Mai 2008 I Réussir ici

personnellement des pères de familles de cinq à sept personnes qui ont fait le choix de ne pas travailler. Vous voyez ce à quoi je fais allusion : le BS ! Ce qui devait être une bénédiction est en train de devenir une malédiction pour la communauté maghrébine… Je ne m'étalerai pas trop sur ce sujet. Je ne prétends pas que tout est simple et rose au Québec, mais après avoir vécu dans trois pays différents , dans mon pays d'origine les 28 premières années de ma vie, en France quatre ans, et enfin au Québec depuis 3 ans, je te dirais qu'au niveau du racisme et de la discrimination au niveau de l'emploi, le Québec est loin derrière la France, et je dirais même plus : dans mon propre pays, j'ai subi de la discrimination au niveau de l'emploi. Mon seul tord était d'être originaire d'un petit patelin à 350 k de la capitale nationale. Alors, quand on parle de racisme au Québec, ça me fait sourire. Je ne dis pas que le racisme n'existe pas au Québec, mais je défis quiconque de me citer un seul pays au monde où ce phénomène n'existe pas. Vous voyez Kamil, on peut faire dire aux chiffres ce qu'on veut. À vous d'analyser et de prendre la peine de lire entre les lignes. » Lehic, Montréal

« Un peu de compassion, je vous prie ! Wow, je ne vois que des optimistes ici. Je suis content pour vous les amis, mais, comme on dit chez nous : nul ne peut sentir la brûlure du feu que celui qui marche dessus ! » Kamil, Montréal

« Ces chiffres parlent-ils du taux de chômage au Canada, au Québec, ou plus spécialement à Montréal? Honnêtement, je pense que la question à étudier c'est pourquoi un taux de chômage si élevé pour les Africains et pas pour les autres ? Ne me dites pas : le retour aux études, le BS, c'est pareil pour tous, Européens, Asiatiques, Américains, on peut tous retourner aux études, rester à la maison pour élever les enfants, ou être bénéficiaires du BS, c'est pas juste les Africains. Alors pourquoi ? Il ne faut pas prendre son expér ience personnelle comme modèle, mais étudier le tout et en profondeur! Et peut-être que ce site est

un bon moyen de le faire, j'inviterais donc le rédacteur de cet article à participer au débat. » Zaza, Montréal

« Kamil, si vous croyez que je n'ai pas galéré au départ, vous faites fausse route. La différence entre nous, c'est que moi j'ai cessé de m'apitoyer sur mon sort, de jeter la faute sur les autres et j'ai pris ma vie en main. Enfin, mon ami, quand on se brûle, le réflexe humain fait qu'on retire notre main du feu et non de hurler au feu. » Lehic, Montréal

« ... Les nouveaux arrivants sont majoritairement issus de pays du tiers monde où la mentalité socialiste et la culture des diplômes sont très valorisées !!! Ce qui n'est pas le cas au Québec et en Amérique du Nord. Ceux qui se heurtent à un mur et essaient de se prendre en main, font un bon choix. Ceux qui retournent aux études, font eux aussi un bon choix. Ce qui prouve que l'immigrant essaie de s'améliorer, de percer. Mais, à l'étape de choisir quelles études faire, la disparité culturelle les rattrape !!! En effet, plusieurs ne font pas le bon choix et au lieu d'améliorer leur sort, au contraire l'empirent en ne trouvant toujours pas de travail en plus d'accumuler une dette. Exemple de l'économiste qui ne trouve pas de travail et décide de retourner aux études. Culturellement parlant, en venant d'une société qui favorise énormément les diplômes, cet économiste optera pour un MBA. Mais, après l'obtention de son diplôme, notre économiste apprendra, à ses dépens, qu'en Amérique du Nord, on ne donne pas la gestion d'une entreprise à un finissant mais à quelqu'un d'expérimenté, de préférence un employé à l'interne qui tout en ayant terminé son MBA à temps partiel, a accumulé un expérience solide. Donc, il fallait mieux aller chercher une AEC, mettre les pieds dans une entreprise dans un petit poste, avant d'aspirer au poste de gestionnaire. Un dernier point et non des moindres : l'attitude !!! J'espère que cette intervention aidera beaucoup de gens à mieux comprendre cette société. » Adlane, Montréal


Editorial

Je me souviens Ça bouillonne et ça bouge dans tous les sens au Québec ces temps-ci. De la publication de l'analyse de Statistique Canada sur les taux de chômage alarmants de la population issue de l'immigration au récent Pacte de l'emploi de plus d'un milliard de dollars lancé par le gouvernement provincial pour encourager les prestataires du BS à retourner sur le marché du travail en passant par la francisation des immigrants qui laisserait à désirer. Hassan SERRAJI Rédacteur en chef hassan.serraji@reussirici.com

En effet, selon les chiffres du gouvernement du Québec, en matière de main-d'oeuvre, la Belle Province devra relever d'importants défis au cours des prochaines années alors que 700 000 postes seront à combler entre 2007 et 2011 et que des entreprises éprouvent des difficultés de recrutement. C'est à y perdre le nord ! Pour un homme normalement constitué, pénurie de la maind'œuvre ne devrait jamais rimer avec taux de chômage élevés ! En effet, il faut mettre un peu d'eau dans son vin… ou son thé, c'est selon, pour ne pas grimper au rideau et crier au scandale. Le Québec n'est pas aussi monolithique que le prétendent certains. Si on prend l'exemple de l'état alarmant du taux de chômage (qui se situe autour de 24%) des immigrants très récents (arrivés au Canada il y a moins de cinq ans) issus de l'Afrique du Nord, il ne faut pas aller vite en besogne et crier au scandale. Comme je l'ai mentionné dans ma chronique sur notre site web À propos du taux de chômage alarmant des immigrants, il ne faut pas oublier que les Maghrébins représentent une immigration récente. Il faut aussi souligner que cinq années après leur arrivée, le taux de chômage des immigrants issus de l'Afrique du Nord tombe à 14,5% et après 10 ans il se situe à 6,8% soit moins que la moyenne canadienne. Cela confirme l'étude de Jean Renaud, sociologue de l'Université de Montréal, selon qui le problème du chômage a plus à voir avec la difficulté d'intégration des Maghrébins au réseau de contact de la majorité francophone qu'avec leur maîtrise du français ou autre problème. Oui, et je le répète, il y a des problèmes liés à l'hermétisme, selon plusieurs spécialistes, des Ordres professionnels. Le gouvernement provincial du Québec essaye, tant bien que mal, de remédier à cette tare (voir le guide pour intégrer l'ordre des ingénieurs, page 24). D'autre part, il ne faut pas se le cacher, la fonction publique doit faire un effort plus important. Il y a dix ans, on s'est fixé comme objectif à Québec de faire passer de 2,5 à 25% le taux de représentation des minorités visibles au sein de la fonction publique, en 2007. Or, on n'a guère fait mieux que 3,7%, ce qui est ridicule! Mais, au-delà de tous les chiffres, des études et des avis partagés, le fait d'en débattre en toute liberté me fascine au plus haut point. Regardez le documentaire Les ennemis du cinéma, de Karl Parent (voir Montréal Express, page 12) et vous allez tous vous rendre compte que grâce à la grogne et aux débats qui n'en finissent pas, le Québec est devenu ce qu'il est aujourd'hui : une des rares places au monde où cohabitent des gens issus des quatre coins de la planète en toute liberté. Ceux qui étaient là avant nous ont payé le prix pour. Il ne faut jamais l'oublier… Moi aussi, je me souviens. Avril / Mai 2008

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Réussir ici

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La vie dans l'arrondissement

La maison de la culture Ahuntsic-Cartierville Photo : Mehdi BENBOUBAKEUR

Nadine ALCINDOR Un tremplin pour les artistes Lorsqu´il arrive au Québec en 1999, Zal Idrissa Sissokho, Sénégalais d'origine, joue de la harpe africaine, la kora, un instrument pratiquement inconnu ici. Le public est fasciné, le musicien chanteur reçoit beaucoup de commandes et décide de rester. « Dans quelques années, le Québec deviendra le carrefour de la musique du monde », lance-t-il avec un sourire rempli d´espoir. Comme pour de nombreux artistes venus d'ici et d'ailleurs, l'essentiel c'est de travailler. Pour cela, avoir de la visibilité est une nécessité. « Au début ça n'a pas été facile. S'il y avait plus d'accès au public et d'endroits pour servir de tremplins, cela aurait été plus simple », confie Sissokho. C'est donc à travers la maison de la culture Ahuntsic que Zal Idrissa a réussi à gravir des échelons dans l'industrie culturelle québécoise. Il lance son tout premier album cette année et sera en tournée à travers les maisons de la culture de la Métropole très prochainement. La culture à portée de main « La maison de la culture Ahuntsic a pignon sur rue, depuis neuf ans seulement. Avant nous

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Éveil à la culture du monde La maison de la culture d'Ahuntsic, à l'instar des autres maisons de la culture promues par la Ville de Montréal, sert de chasse gardée de la culture mais surtout de pont culturel entre ses citoyens et représente un tremplin pour la plupart des artistes issus de la diversité montréalaise. n'étions pas chez nous, nous n'avions pas de locaux, nous présentions des spectacles un peu partout, principalement dans les parcs ou à l´Église de la Visitation par exemple », raconte Liette Gauthier, agente culturelle et directrice artistique de la Maison de la culture d'AhuntsicCartierville. Sis face au parc Ahuntsic sur la rue Lajeunesse, tout juste au-dessus de la bibliothèque du quartier, cet organisme a un emplacement idéal pour ses résidents. Très accessible et de construction moderne, on y retrouve un amphithéâtre de 300 places et une grande salle d´exposition. Des spectacles de qualité pour tous « Je viens souvent voir des spectacles ici, et puisque c´est gratuit, ça ne me dérange pas de venir découvrir des spectacles différents, avoue Mme Elizabeth Lubin, Québécoise d´origine haïtienne, résidente du quartier depuis 8 ans. On ose moins découvrir de nouvelles choses quand on doit payer 35 ou 40 $ pour une sortie. » Mme Lubin qui profite d'un laissezpasser pour venir élargir ses horizons, fait remarquer, à juste titre d'ailleurs, que

ce n´est pas parce que c'est gratuit que les spectacles sont de moins bonne qualité, au contraire. À titre d'éducatrice, elle souligne que le programme est varié pour les enfants. « On peut en profiter pour faire découvrir aux enfants plein de nouveautés. » « Accessibilité, diversité et qualité sont les trois maîtres mots qui me guident dans les choix de spectacles présentés, précise Liette Gauthier. Cette année encore, la semaine de la relâche scolaire (du 4 au 8 mars) a été mise en valeur par de nombreuses activités organisées pour les jeunes de tous âges. On leur a présenté des poésies urbaines (rap) dans un circuit extérieur, où les jeunes se retrouvent souvent. » Des musiques et du monde À chaque printemps, la maison de la culture Ahuntsic sort ses plus gros canons en spectacles de musique du monde. Elle présente Musique MultiMontréal (MMM) qui célèbre cette année ses 18 ans. Du 20 au 26 avril, le MMM sera suivi par des centaines de spectateurs du quartier. Ce spectacle à grands déploiements met en vedette une centaine d'artistes professionnels d'origines diverses qui vont, par le biais


La vie dans l'arrondissement de métissages culturels extrêmes, présenter des créations de qualité internationale : sonorités turques et juives à la fois ou indiennes, africaines et chinoises, dans le but de créer des

Accessibilité et diversité Ce qui démarque les maisons de la culture des autres salles de spectacles montréalaises, c´est d´abord et avant tout qu´elles donnent un accès gratuit, sauf exception, à tous les résidents de Montréal à la culture sous toutes ses formes. On y trouve des expositions, des conférences, de la poésie, du théâtre, des spectacles pour enfants, etc. Elles peuvent aussi se permettre d'aller à la découverte de créations émergentes à l'image de ce que font les Montréalais d'aujourd'hui. La maison de la culture Ahuntsic-Cartierville en est un bon exemple, puisqu'elle a su intégrer au cours des dernières années un programme riche en musique du monde tout en restant à l'écoute de ses résidents. Elle a même permis à plusieurs artistes issus de la diversité culturelle, comme Lhasa de Sela, du Mexique et Jeszcze Raz, d'Europe de l'Est de se démarquer et d'intégrer l'industrie culturelle québécoise et internationale. Une exposition photo leur est d'ailleurs consacrée du 3 avril au 10 mai sous le thème : 18 ans de découverte en musique du monde. À voir. Photo : Mehdi BENBOUBAKEUR

Karine Leroux Directrice M.M.M.

Andrés Ocampo A. Développement M.M.M.

Musique Multi-Montréal Photo : Mehdi BENBOUBAKEUR

rapprochements. « Le MMM favorise un contact, souvent le premier, entre le public québécois et les membres de diverses communautés de Montréal. Il permet l´émergence de nouvelles musiques bien de chez nous, affirme la responsable des communications du MMM, Valérie Pelletier. Le public montréalais s'ouvre de plus en plus à la musique du monde qui reste, néanmoins, peu accessible. Les grands médias ne couvrent pas assez ces événements comme ils le font pour la musique populaire. »

Liette Gauthier a développé un engouement particulier pour la musique du monde dès son arrivée à Montréal. Elle est agente culturelle, responsable de la maison de la culture Ahuntsic-Cartierville depuis 14 ans. Originaire du Saguenay, c´est à CôteDes-Neiges qu´elle s'est installée en arrivant dans la Métropole pour étudier au Conservatoire de musique. « Je faisais le tour du monde en deux coins de rues », ditelle. Elle se souvient avec délectation du jour où elle est allée se promener dans un parc de ce quartier multiethnique et a découvert un musicien qui jouait d´un instrument chinois qu´elle n´avait jamais vu de sa vie. « Il faut absolument que les Québécois connaissent ces sonorités et ces musiques venues d´ailleurs. » Quelques années plus tard, elle participait à la fondation de Musique Multi-Montréal (MMM) avec la collaboration du centre communautaire le Patro le Prévost et Radio Centre-ville. Cet organisme de production et de diffusion travaille à la promotion des musiques issues des grandes traditions du monde. Il conçoit de nombreuses créations multiculturelles et il présente des spectacles au Québec, au Canada et à l'international. Le MMM est d´ailleurs devenu l´une des marques de commerce de cet organisme de la ville de Montréal.


La vie dans l'arrondissement L’ENTRETIEN La mairesse du développement durable Marie-Andrée Beaudoin est une belle femme affable et mère de deux enfants. Bardée de diplômes et d'expérience, elle a délaissé la gloire et la fortune pour faire la différence comme mairesse de l'arrondissement Ahuntsic-Cartierville. Entretien.

Hassan SERRAJI Comment vous êtes-vous retrouvée en politique ? Je suis issue d'une famille engagée socialement. Mon père notaire et ma mère artiste-peintre m'ont toujours incitée à m'impliquer dans la communauté. A huit ans, j'étais cheftaine des Janettes chez les scouts et présidente de classe depuis le primaire. J'ai toujours aimé être leader pour faire la différence. Je suis une personne qui a le sens de l'équipe qui se soucie des autres et les aide. Après ma maîtrise en sociologie à l'Université de Montréal, j'ai œuvré au sein de programmes d'insertion en emploi destinés aux personnes défavorisées par un handicap physique ou autre. Par la suite, j'ai mis en place le programme Options non traditionnelles qui aide les femmes à intégrer des emplois non traditionnels. Après un intermède de deux ans à Toronto où j'ai suivi mon ex-mari, je suis retournée à Montréal pour travailler comme pigiste pour des organismes communautaires, puis j'ai intégré la Corporation de Développement Économique et Communautaire (CDEC) d'AhuntsicCartierville comme directrice générale adjointe avant de devenir directrice générale, en 1997. En 2003, j'ai commencé à me questionner sur mon avenir. Je débordais d'ambition, et je voulais absolument faire autre chose. J'ai entamé un retour aux études à temps partiel pour une maîtrise en administration à l'École nationale d'administration publique (ENAP), à Montréal. Je voulais apprendre de nouvelles choses et changer mon réseau de contacts, la clé pour changer d'emploi. À l'ENAP, plusieurs collègues m'ont conseillée de tenter ma chance en politique car ils voyaient en moi un leader qui a une vision et qui aime servir les autres. Ainsi, faire le saut en politique est pour moi une autre façon de faire la différence en

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Photo : Mehdi BENBOUBAKEUR

faisant avancer les choses et en travaillant pour autrui. Mais pourquoi spécialement le politique au niveau municipal ? Parce qu'à la CDEC, il y a 18 ans, mon expérience m'a fait tomber en amour avec le travail de proximité. J'ai pris goût à œuvrer dans le milieu où je vis le concret, car l'influence est directe. On prend une décision et on la voit se matérialiser le lendemain. Comme mairesse, j'aime m'assurer le matin que les citoyens trouvent les trottoirs déneigés, les rues propres, la bibliothèque bien garnie. En somme, je veux créer un noyau villageois vivant. C'est la raison pour laquelle j'ai choisi le municipal. Et pourquoi l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville précisément ? Même si je suis originaire de Drummondville, j'habite le quartier depuis 20 ans. C'est là que j'ai vu grandir mes deux enfants de 17 et 18 ans et fait la différence, dix ans durant, à la CDEC par le biais de la revitalisation urbaine, la création de la richesse et la lutte contre la pauvreté. Vous dites que vous avez une vision, laquelle ? Il y a deux ans, je voulais que les gens prennent le virage du développement durable à travers trois volets : la protection de l'environnement, le développement économique de la richesse tout en se p ré o c c u p a n t d e m e s c o n c i toye n s défavorisés. Et ce par des changements directes qui durent dans le temps, car il faut t o u j o u r s s e qu e s t i o n n e r s u r l e s conséquences dans vingt ans des actions qu'on entreprend maintenant. C'est dans ce sens qu'on a lancé notre plan vert, début avril 2008. Qu'est-ce que la politique a changé ? Elle m'a stimulée et renforcée dans mes convictions. Je crois davantage en l'implication citoyenne. Et la diversité ? Là, vous parlez à la sociologue. Presque la moitié de la population de

l'arrondissement n'est pas de souche, et c'est un enrichissement. Le métissage donne quelque chose d'unique. Toutes les cultures se mêlent harmonieusement dans une paix sociale. C'est la plus belle fierté de mon arrondissement et de toute la ville de Montréal. On a plusieurs communautés qui cohabitent ensemble. Cette mosaïque est plus riche et plus féconde. C'est quoi selon vous la clé pour vivre en harmonie ? La différence réside dans le respect et l'écoute. Tous les citoyens ont les mêmes droits et les mêmes obligations basés sur nos valeurs québécoises fondamentales et inaliénables, protégées par la Charte des droits et libertés comme l'égalité, la nonviolence, le droit à l'éducation, etc. À cela il faut ajouter la valorisation de la famille, de l'aspect social et du respect des aînés.

Questionnaire de Proust Quel métier auriez-vous aimé exercer ? Avocate. J'aime défendre les démunis et les causes nobles. Dans quelle autre ville auriez-vous aimé vivre ? Je ne conçois pas la possibilité de vivre ailleurs. Il n'y a aucune ville que j'aime plus que Montréal. J'ai essayé Toronto, une ville magnifique, par ailleurs, mais je m'ennuyais de Montréal et de son fait français, de sa culture et de la simplicité des ses rapports sociaux. Quel est votre rêve en ce moment ? Mm… c'est très personnel. Je passe (rires) Quelle est la personnalité politique au monde qui vous a le plus inspirée ? Benazir Bhutto. Une icône. Son assassinat m'a beaucoup affecté. Je me suis dit sur le coup : « Ô non, ils l'ont eue ! » Quelle femme et quel destin tragique ! Elle a été jusqu'au bout de ses convictions et ne s'est jamais défilée devant l'adversité, le danger et la haine. Une démocrate qui s'est sacrifiée pour la liberté et pour son peuple. Un bel exemple de courage et de ténacité pour tous les politiciens du monde.


La vie dans l'arrondissement

Le parc nature

de l'Île de la Visitation Photo : Mehdi BENBOUBAKEUR

Aude JIMENEZ

Balade bucolique au bord de l'eau Le parc de la Visitation offre plusieurs sentiers qui permettent de suivre la rivière, et des belvédères offrent régulièrement de jolies vues sur l'eau et sur les berges. Pour Andrée, rencontrée dans le quartier, ce parc est une vraie bouffée d'air pur : « Je travaille à Montréal-Nord, et je vis de l'autre côté, à l'ouest d'Ahuntsic. Alors dès le retour du printemps, je fais le trajet à bicyclette, au bord de l'eau…je vois les oiseaux, tout est vert…je me sens vraiment à la campagne! » L'hiver, les promenades deviennent des randonnées de ski de fond, avec près de 8 km de pistes, réparties en trois trajets différents. « Beaucoup de gens de la ville vont au Mont-Royal, explique Jean, randonneur régulier. Nous, on n'a pas besoin de sortir du quartier pour se faire plaisir, et ici il y a moins de monde! » Une multitude d'activités Ce grand parc de 34 hectares offre également un g rand nombre d'activités tout au long de l'année. Pour

Le quartier Ahuntsic-Cartierville dispose d'un atout de taille en ce sens qu'il fait partie des arrondissements montréalais situés au bord de l'eau, le parc nature de l'Île de la Visitation est le meilleur moyen d'en profiter. Visite guidée en pleine campagne… au cœur de la ville.

les amoureux de l'histoire, on trouve plusieurs sites intéressants tels que le musée d'histoire du Sault-au-Récollet ou les ruines du site des moulins (1726). Dès le retour des beaux jours, un trainbalade vous offre de faire un tour pour découvrir ces différents lieux.

Finalement, cet été, des concerts auront lieu tous les mercredis de juillet sous la Pergola. Et pour les journées de canicule, le célèbre Bistro des moulins offre une place rafraîchissante avec sa terrasse qui surplombe les cascades de la rivière des Prairies.

Des guides-naturalistes proposent toute l'année des activités en science de l'environnement, comme la découverte des astuces des oiseaux en période des amours. Ces spécialistes conseillent d'ailleurs de ne pas oublier les lunettes d'approche. « On a par exemple des mésanges, des pic-bois, des sittelles…et beaucoup de personnes viennent ici faire des photo-safaris », explique Julien, naturaliste depuis quelques mois. Pour les noctambules, le spectacle les Contes des veillées de la pleine lune a lieu toute l'année dans le grenier de l'ancestrale maison du Pressoir, et réunit à chaque rencontre une trentaine de curieux charmés par la voix d'André Lemelin, un des conteurs les plus connus du Québec.

Photo : Mehdi BENBOUBAKEUR

Pour plus de renseignements : Chalet d'accueil : 2425, boul. Gouin Est, Montréal. Maison Meunier : 514 280-6709 Maison du Pressoir : 514 280-6783 Avril / Mai 2008

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Montréal Express Entrepreneuriat noir

Photo : Mehdi BENBOUBAKEUR

La Jeune Chambre de commerce haïtienne, Chantier d'Afrique du Canada (Chafric) et l'Association de la communauté noire de Côte-des-Neiges inc. / Black Community Association Inc. ont été choisis par le gouvernement du Québec pour l'accompagnement de l'entrepreneuriat noir. Les trois organismes recevront chacun, pendant trois ans, 120 000 $ par an du ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation (MDEIE). « Les personnes issues des communautés noires n'ont pas suffisamment accès à des exemples de réussite, et l'offre de service des organismes existants en entrepreneuriat ne leur est pas familière. De plus, les personnes ayant immigré depuis peu de temps au Québec connaissent mal les codes culturels reliés à la façon de faire des affaires au Québec. Face à ces difficultés, le gouvernement a décidé de lancer un appel de candidatures afin de confier le mandat de sensibilisation et d'accompagnement à trois organismes économiques déjà implantés dans leurs communautés », a mentionné le ministre Bachand. Cette somme servira notamment à engager trois personnes-ressources connaissant bien les communautés visées et l'offre de ser vice en entrepreneuriat au Québec. Elles devront préparer et mettre en œuvre un plan d'action pour réaliser le mandat confié par le MDEIE. « Les travaux d'une consultation récente auprès des Québécois des communautés noires ont fait ressortir les besoins particuliers de nos concitoyens en matière d'entrepreneuriat. Je suis très heureuse du soutien apporté aujourd'hui à ces trois organismes, qui contribuera sans

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nul doute à la réussite en affaires d'entrepreneurs québécois issus des communautés noires », a déclaré la ministre Yolande James. Les ennemis du cinéma Du 25 février au 19 mars, le public montréalais a eu la chance de découvrir, au Cinéma du Parc de Montréal, le documentaire Les ennemis du cinéma de Karl Parent, réalisateur et enseignant de journalisme télévisuel à l'Université de Montréal. Un documentaire-choc qui retrace l'histoire de la censure au cinéma québécois depuis le début du siècle dernier, alors qu'on comptait un religieux pour 150 habitants au Québec, jusqu'à la Révolution tranquille. La sortie de ce documentaire, inspiré

des recherches d'Yves Lever, coauteur du Dictionnaire de la censure au Québec, a coïncidé, ironiquement, avec le dépôt aux Communes d'un projet de loi controversé du gouvernement conservateur du Canada. Ce projet risque de refuser des crédits d'impôt à des productions canadiennes jugées contraires à «l'intérêt public». Le documentaire donne aussi la parole à des victimes et à des personnes qui se sont retrouvées au cœur de la controverse de la censure, entre autres : Denys Arcand, André Lussier, Roger Fournier, Roger Cardinal, Francine Laurendeau, Fernand Dansereau, André Guérin…

Intégration à l'emploi des personnes immigrantes Du 15 janvier au 4 mars 2008, le député de Viau, M. Emmanuel Dubourg et le député de Robert-Baldwin, M. Pierre Marsan, adjoints parlementaires respectifs du ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, M. Sam Hamad, et de la ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Mme Yolande James, ont terminé leurs rencontres de consultation dans la région métropolitaine de Montréal où il y a une forte concentration de maind'oeuvre immigrante. Plus de 40 rencontres se sont tenues dans les régions de Laval, de la Montérégie et de Montréal, regroupant près de 250 représentants des milieux gouvernementaux, patronaux, syndicaux, communautaires, de la formation et du développement. Les députés ont pu entendre plusieurs témoignages de personnes issues de l'immigration et visiter une vingtaine d ' o rg a n i s m e s c o m m u n a u t a i re s , d'entreprises d'insertion en emploi ou d'entraînement qui favorisent le développement de l'expérience et de l'employabilité. A la suite de cet exercice de consultation, les adjoints parlementaires ont pour mandat de dresser un portrait de la situation des personnes immigrantes sur le marché du travail dans la région métropolitaine de Montréal et de proposer des pistes de solution. Pour plus de détails, on peut consulter le site du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale à l ' a d r e s s e s u i v a n t e : w w w. m e s s . g o u v. q c . c a , à l a rubrique «Grands dossiers». Francisation des immigrants Photo : Mehdi BENBOUBAKEUR

L e 17 m a r s , l a m i n i s t r e d e l'Immigration et des Communautés culturelles, Mme Yolande James, a mis


Montréal Express sur la table 22,7 M$ pour favoriser la francisation des immigrants. « Ces mesures additionnelles visent trois objectifs : franciser plus tôt, c'est-à-dire avant l'arrivée au Québec des candidats sélectionnés, franciser plus en rejoignant de nouvelles clientèles, notamment au sein des entreprises, et franciser mieux en arrimant le contenu des cours aux besoins de certaines professions», a précisé la ministre Yolande James. Franciser plus tôt : élargir de 40% le réseau des partenaires du Québec en francisation à l'étranger et donner accès à un cours de français en ligne adapté aux réalités du Québec. Franciser plus : donner accès aux cours de français à temps partiel à de nouvelles clientèles comme les étudiants étrangers détenteurs d'un certificat de sélection du Québec ainsi que leur conjoint. Les services de francisation en entreprise seront aussi accrus et diversifiés. Franciser mieux : les immigrants pourront effectuer leur demande d'admission en ligne et les allocations qui leur sont offertes par différents ministères seront harmonisées. Pacte pour l'emploi

d'oeuvre. Il aura pour effet d'améliorer la formation de nos travailleurs et la productivité de nos entreprises, d'élargir les bassins de main-d'oeuvre et de rendre le travail plus payant, ce qui aura un impact direct sur la productivité des entreprises et sur la compétitivité de notre économie », a déclaré le premier ministre. Po u r v a l o r i s e r l e t r a v a i l , l e gouvernement du Québec versera entre autres un supplément à la prime au travail d'une durée de 12 mois pour les prestataires de l'aide sociale quittant l'assistance sociale pour un emploi. De plus un simulateur de revenu en ligne permettra aux prestataires des programmes d'assistance sociale de quantifier l'avantage à travailler. « Paradoxalement, 400 000 personnes sont disponibles au travail, qu'il s'agisse de chômeurs ou de personnes inactives qui souhaitent travailler. Nous leur disons : Le Québec a besoin de vous ! Avec le Pacte pour l'emploi, nous accompagnerons nos concitoyens comme jamais un gouvernement ne l'a fait auparavant du point de vue des ressources, des moyens et de la mobilisation. Jamais un gouvernement n'est allé aussi loin pour élargir l'accès au marché du travail, valoriser l'emploi et accroître le niveau de compétence et de performance de la main-d'œuvre », a mentionné pour sa part le ministre Hamad. Action contre le racisme

Offrir une prime de 200$ par mois aux personnes qui sont sur l'aide sociale depuis trois ans pour les encourager à travailler est l'un des incitatifs annoncé, le 18 mars 2008, par le premier ministre du Québec, Jean Charest, en compagnie du ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad. Cette initiative s'inscrit dans le cadre du Pacte pour l'emploi, un investissement de près d'un milliard de dollars du gouvernement provincial. « Le Québec de demain ne manquera pas de travail, mais de travailleurs. Le Pacte pour l'emploi permettra aux entreprises québécoises de combler leur besoin grandissant de main-

Sur le thème « Droits de Cité, d'exister dans une collectivité donnée, droit de

liberté et d'expression, droit d'être et de devenir ce que l'on veut », s'est tenue la neuvième édition de la Semaine d'actions contre le racisme (SACR), du 20 au 30 mars 2008 à Montréal. La SACR 2008 a proposé plus d'une cinquantaine d'activités et événements à Montréal et à Québec don't : - Le 3e Festival de films sur les droits de la personne de Montréal (du 27 mars au 3 avril) qui a présenté, au Cinéma du Parc et au Cinéma ONF, près de 60 films d'une vingtaine de pays. Le 6e Rendez-vous international des Jeunes qui a réuni à Montréal près de 30 jeunes francophones, âgés de 18 à 35 ans, du Québec et de la France (du 27 mars au 4 avril). - Une nouvelle édition de Cinéjeunesse destinée aux élèves des écoles secondaires et primaires (25, 26, 27, 28 et 31 mars) a pris l'affiche dans plusieurs écoles. Cinéjeunesse s'est associé à Radio Canada International pour une présentation spéciale des meilleurs courts métrages du concours de RCI, Cinéjeunesse spécial Génération DX2 à la Maison de la Culture Frontenac (vendredi 28 mars). -L'événement artistique Solidarythmé, qui a proposé une soirée musicale et artistique multidisciplinaire (samedi 5 avril). Au Centre Segal des arts de la scène, la pièce No More Raisins, No More Almonds a repris l'affiche (du 24 au 26 mars). - Deux grandes conférences : Lutter contre le racisme et la discrimination en Europe, avec Isil Gachet, Secrétaire e xé c u t i v e d e l a C o m m i s s i o n européenne contre le racisme et l'intolérance (mercredi 19 mars à l'UQAM) et Réflexion sur la Politique québécoise de lutte contre le racisme et la discrimination (mardi 25 mars). Coordonnée par Images Interculturelles, en partenariat avec les Offices jeunesse internationaux du Québec (OJIQ), le Conseil des relations interculturelles et la Fondation de la Tolérance, la Semaine d'actions contre le racisme (SACR) constitue, depuis mars 2000, un rendez-vous annuel incontournable où sont ouvertement débattues les réalités du racisme et les manifestations d'intolérance dans nos sociétés. Avril / Mai 2008 I Réussir ici 13


Vivre a Montréal

Abderrahmane Bénariba Conseiller senior

La mesure de suivi

du SAJE Montréal Centre Publireportage

Photo : Mehdi BENBOUBAKEUR

Pourquoi un programme de suivi et en quoi consiste-t-il? C'est en 1997 que l'idée d'offrir un tel service est née. À l'époque, sous la houlette de Bernard Landry, ministre des Finances, le gouvernement provincial a mis en place une mesure de suivi et d'accompagnement des entreprises nouvellement créées. En effet, les petites entreprises sont particulièrement vulnérables au démarrage, notamment celles qui opèrent dans le domaine des services. Ce programme a donc été mis en place dans le but d'accroître le taux de survie des entreprises durant leurs premières années d'existence. Dans ce programme, les conseillers, les consultants et les experts du SAJE Montréal Centre offrent des services de conseils spécialisés aux entreprises en phase de consolidation et d'expansion de leur activité. Quels en sont les critères d'admissibilité ? Pour bénéficier de la mesure de suivi,

14 Avril / Mai 2008 I Réussir ici

Si la «création d'entreprises» est un facteur de développement du tissu économique local, le «suivi» constitue indubitablement son côté de «développement durable». Entretien avec Abderrahmane Bénariba, conseiller senior en charge du suivi et du développement des entreprises au SAJE Montréal Centre.

les entreprises doivent avoir démarré leur activité depuis moins de 4 ans et relever des territoires couverts par la mesure de suivi du SAJE Montréal Centre. Quand aux entrepreneurs, ils doivent être âgés de 35 ans au maximum lors de l'année de démarrage de leur entreprise.

comptabilité et la fiscalité, talon d'Achille de la plupart des entreprises. Cela aide les entreprises à formaliser leurs affaires d'un point de vue financier. Ensuite, le marketing opérationnel pour aider l'entreprise à mieux vendre et commercialiser ses produits et services. Enfin, il y a les services conseils juridiques pour les aider à valider les contrats et Quels sont les services offerts ? Pour aider les jeunes entrepreneurs à documents légaux. Il faut préciser que améliorer la qualité de l'organisation et Les partenaires du SAJE Montréal nous offrons aussi Centre pour la mesure de suivi sont d'autres ser vices de la gestion de leur le Ministère des Affaires municipales e n t r e p r i s e , n o u s et des Régions (Gouvernement du conseils reliés au offrons des services Québec) et la Ville de Montréal m a n a g e m e n t de suivi diversifiés et (Service de la mise en valeur du d ' e n t r e p r i s e e n c o mp l é m e n t a i r e s territoire et patrimoine, Division du général comme les o p é r a t i o n s d a n s p l u s i e u r s développement économique). internationales, les domaines. Selon nos statistiques des dernières technologies de l'information et de la années, les catégories de conseil les communication (TIC) et les veilles plus en demande sont le diagnostic commerciales (l'intelligence d'affaires) stratégique des fonctions vitales de où nous sommes considérés comme les l'entreprise qui aide l'entreprise à pionniers dans le domaine de mieux fonctionner et gérer son l'entreprenariat dans la région de potentiel de croissance. Puis, la Montréal.


Vivre a Montréal Succès Scolaire

Comment doit-on appliquer à cette mesure? Pour appliquer à la mesure de suivi, il faut s'assurer de bien répondre aux critères d'admissibilité. Par la suite, il faut prendre contact avec un conseiller qui oriente les entrepreneurs vers les personnes-ressources du Centre de développement et de suivi des entreprises. Une entente de suivi sera soumise pour approbation. Il faut préciser qu'il n'y a pas de frais afférents à la mesure de suivi. Le SAJE Montréal Centre a aidé et a p p u yé l e s e n t re p r i s e s nouvellement créées à : -Diagnostiquer leurs fonctions essentielles aux fins de recommandations ; -Mettre en place des systèmes de gestion informationnelle; -Transformer les sites Internet des entreprises suivies en des sites corporatifs et professionnels à des fins de marketing; -Implanter des systèmes de comptabilité ; -Comprendre et saisir les responsabilités et enjeux de la fiscalité ; -Acquérir des méthodes de calcul de prix de revient et des marges à prélever ; -Élaborer des tableaux de bord pour le suivi des opérations ; -Concevoir et élaborer des stratégies de mise en marché ; -Gérer le temps et les ressources humaines ; -Solutionner des différends ou contentieux de nature juridique ; -Valider les différentes étapes de gestion d'une opération de commerce international ; -Instaurer les préceptes de veille stratégique.

SAJE MONTRÉAL CENTRE Siège social 5160, boulevard Décarie, bureau 820 Boîte postale 22, Montréal, QC, H3X 2H9 Station de métro : Snowdon TEL. : 514-485-SAJE (7253) TÉLÉC. : 514-485-4933 COURRIEL : info@sajemontrealcentre.com www.sajemontrealcentre.com

Photo : Mehdi BENBOUBAKEUR

Félix Morin et Benoît Archambault ont lancé, grâce au programme Jeune Promoteur (JP) du SAJE Montréal Centre, l'entreprise Succès Scolaire qui offre des services d'aide aux devoirs, de préparation aux examens de rattrapage scolaire et des cours d'été aux élèves du primaire et du secondaire, à domicile, aux centres Succès Scolaire, et dans certains établissements d'enseignement. Après sa création, les promoteurs de Succès scolaire ont bénéficié de la mesure de suivi pour les aider à pérenniser leur projet. « La mesure de suivi nous a permis de créer un plan d'embauche grâce aux conseils d'une consultante en gestion des ressources humaines, de bénéficier des services légaux pour fignoler notre convention d'actionnaire, et de mettre en place notre système comptable, Mais au-delà de l'aide directe, la mesure de suivi nous a permis d'économiser temps et argent. C'est évidemment un plus d'avoir accès gratuitement à des conseils de professionnels », souligne Félix Morin. www.successcolaire.ca 514 504-6441

Modelfik Photo : Mehdi BENBOUBAKEUR

Marie-Hélène Bertrand et Jean-Marc Gladu ont bénéficié de la mesure de soutien aux travailleurs autonomes (STA) du SAJE Montréal Centre pour créer Medelfik, une entreprise de fabrication de bijoux de gamme de style médiévale. « A la suite de l'approbation de la mesure STA, nous avons eu recours aux services d'un comptable qui nous a donné une formation pour effectuer la tenue de livres avec le logiciel Simple Comptable. Cette démarche nous à été fort utile car elle nous a permis d'économiser beaucoup d'argent pour l'émission de nos rapports d'impôts ainsi que nos rapports de taxes. Cette rencontre nous a aussi permis de nous familiariser et de nous rendre plus à l'aise avec la comptabilité en général», confie Marie-Hélène Bertrand-Ménard, directrice des ventes de Modelfik www.modelfik.com 514 807-5235 Avril / Mai 2008

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Réussir ici

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Vivre a Montréal

Dr Leanna Zozula

Quand

maman a mal à l'âme Photo : Mehdi BENBOUBAKEUR

M e r i e m B E N AC H E N H O U La maternité, entre mythe et réalité Un ange accroché à son sein, le visage radieux, elle exhale le bonheur et baigne dans des vapeurs d'harmonie et de félicité. Madone en fusion totale avec le fruit de ses entrailles, elle accomplit sereinement sa vocation divine avec des gestes parfaits, des sentiments purs, jamais appris car tout simplement innés. Voici l'image que nous avons tous de la maternité, ce lieu d'innocence et de paix qui éveille chez nous la nostalgie de nos premières respirations terrestres. Image qui est véhiculée par les nouvelles mères ellesmêmes quand elles décrivent leur bonheur absolu, lisse et sans faille, malgré la fatigue et autres considérations jugées secondaires. Pourtant, derrière leur écran anonyme, nombreuses sont celles qui tombent le masque et racontent leur souffrance dans les forums de discussion. Quelle est donc cette difficulté maternelle qui est si dure à vivre ouvertement ? Pourquoi perpétuer un mythe dont le poids est trop lourd à porter ?

16 Avril / Mai 2008 I Réussir ici

Plusieurs mythes et tabous entourent la maternité et en donnent une image idéalisée. Pourtant, à en croire les études, jusqu'à 30% des nouvelles mamans vivraient une dépression post-partum et seraient prisonnières de la honte et de la culpabilité, leur réalité ayant peu à voir avec ces mythes trop beaux pour être vrais.

Une souffrance qui a un nom « A la naissance de mon fils, pourtant très désiré, j'ai commencé une vraie descente aux enfers qui a duré un an, avoue Nadia. Le coup de foudre avec mon bébé que je m'attendais à ressentir n'était tout simplement pas au rendez-vous, et j'ai sombré dans une grande détresse physique et psychologique, allant chaque jour de mal en pis… Honte, culpabilité, sentiment d'inaptitude, j'avais à l'intérieur de moi un mal profond que je n'arrivais pas à nommer et que je dissimulais à mon entourage. » Ce mal innommable dont a souffert Nadia est la dépression post-partum (cf. encadré), une condition médicale sérieuse qui touche un nombre non négligeable de nouvelles mamans. Selon le Dr Leanna Zozula, psychologue spécialisée en anxiété et dépression post-partum (DPP), cette condition toucherait au moins 13% des jeunes mères, et jusqu'à 30%, d'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Alors que le baby-blues, qui touche

jusqu'à 80% des mamans, est transitoire et se résorbe souvent dans les deux semaines suivant l'accouchement et sans intervention, la dépression postpartum est plus sérieuse et peut durer jusqu'à un an, voire plus si elle n'est pas traitée. Dr Zozula observe par ailleurs que 40 à 50% des femmes qui viennent consulter pour une DPP ont subi une césarienne et que la DPP touche toutes les femmes, quel que soit leur nombre d'enfants. Avoir des attentes réalistes Parmi les causes probables de la DPP, il y a l'effet des hormones, le cumul de la fatigue, les suites de l'accouchement, le manque de sommeil, etc., « mais il y a un élément important que toutes les femmes devraient prendre en considération pour éviter qu'un baby-blues ne se transforme en dépression post-partum : les attentes reliées à la maternité », rappelle Dr Zozula. La plupart des femmes ont une vision idéalisée de la maternité et sont remplies du mythe de l'instinct maternel instantané et de la supermaman qui fait tout bien et en même


Vivre a Montréal temps. Or, la femme moderne est plus dans le culte de la performance, et quand il s'agit de maternité, il faut qu'elle performe là encore pour prouver sa valeur. Or, la maternité est complexe et constitue un grand bouleversement dans la vie d'une femme qui ne répond pas à un modèle prédéfini. C'est une rencontre entre deux êtres qui doivent prendre le temps de se connaître et de s'apprivoiser, un processus qui transforme la femme en mère, comme une chenille se transforme en papillon. Si la femme a une vision réaliste de la grossesse et de la maternité, de leurs difficultés et des défis qu'elles posent, elle s'autorisera à les vivre selon son propre rythme, sa propre histoire sans se sentir obligée de correspondre à un modèle ou un mythe qui sont irréalistes. Sortir de l'isolement « Il est important pour une maman qui vit une DPP de comprendre qu'il n'y a pas de honte à vivre cette situation et que cela n'ôte rien à sa valeur de mère », soutien Dr Zozula. Les femmes immigrantes sont encore plus vulnérables car souvent elles sont isolées et ne savent pas où chercher de l'aide. En brisant son isolement et en parlant à d'autres femmes, la maman en DPP "normalisera" sa situation et se rendra compte qu'elle n'est pas la seule à vivre cet état et qu'il y a des moyens efficaces pour en sortir : raccourcir sa liste de tâches à faire en en laissant certaines de côté, accepter l'aide de son entourage, recourir aux services et aux activités de son CLSC ou d'organismes communautaires, parler à son médecin, entreprendre une psychothérapie… « La thérapie cognitivecompor tementale et la thérapie interpersonnelle sont très efficaces pour le traitement de la DPP, souligne Dr Zozula. Elles peuvent parfois être soutenues par une médication compatible avec l'allaitement. »

Ressources et activités pour les nouvelles mamans - Votre CLSC: cliniques d'allaitement, suivi post-natal, activités. - Programme Madame Prend Congé, La Patro Le Prevost, Centre communautaire et de loisirs pour toute la famille, Service de garde pour bébé pour donner à maman une journée de répit remplie d'activités www.patroleprevost.qc.ca - Centre de Ressources Périnatales Les Relevailles de Montréal, Activités, service à domicile Coup de main (entretien ménager, …), soutien téléphonique, rencontres individuelles et de couple www.relevailles.com - Regroupement Entre-Mamans www.entremamans.qc.ca - Ressources en allaitement, Ligue La Leche: www.allaitement.ca, 1-866-allaiter - Fédération Québécoise NourriSource, Mouvement d'entraide pour l'allaitement maternel: www.nourri-source.org , (514) 948-5160 - Cardio-poussette avec bébé, offert dans une douzaine de parcs à Montréal, www.cardiopleinair.com - Cinéma maman et bébé, «Matinées pour maman» a lieu tous les mardis à 13h dans certains Mégaplex des cinémas Guzzo. www.moviesformommies.com. Les cinémas Famous Players offrent également une activité similaire nommée «Cinébébés». - Yoga prénatal, post-natal et avec bébé, dans la plupart des centres communautaires et centres de yoga - Natation pour bébés (à partir de 4 mois), dans la plupart des piscines municipales.

Ressources psychologiques - Dr Leanna Zozula, psychologue spécialisée en anxiété et dépression post-partum www.psymontreal.com - Ordre des psychologues du Québec: www.ordrepsy.qc.ca - www.psycho-ressources.com

Symptômes de la dépression post-partum (Source: Dr Leanna Zozula, psychologue spécialisée en anxiété et dépression post-partum) - Sentiment de tristesse - Honte/culpabilité - Sentiment d'être incapable de faire des choses - Ne peut pas dormir ou dort trop - Mange trop ou pas du tout - Beaucoup de fatigue mais n'arrive pas à se reposer - S'inquiète trop pour le bébé ou pas du tout - Crises de panique - Colère envers le bébé - Idées suicidaires Les conseils de la psy - Ayez des attentes réalistes par rapport à la maternité et vivez-la un jour à la fois: on ne naît pas mère mais on apprend à le devenir avec le temps. - Soyez proactive et préparez-vous dès la grossesse à toutes les éventualités: dressez une liste des ressources dont vous auriez besoin en cas d'anxiété ou de DPP. - N'hésitez pas à consulter un professionnel de la santé si vous pensez être en dépression (ça n'arrive pas qu'après la naissance mais même pendant la grossesse!). Quelques séances de thérapie suffisent souvent à vous aider. - Si vous vivez une DPP, rassurezvous: vous n'êtes ni folle, ni mauvaise mère. Vous réagissez comme une nouvelle mère sur huit à ce grand bouleversement dans votre vie. - Ne vous isolez surtout pas et cherchez de l'aide dans votre entourage, dans votre communauté et auprès de professionnels de la santé. - Donnez-vous la permission de ne pas tout faire et de plus vous occuper de vous.

Vos photos de Passeport en 04 minutes

514-376-7127 Photo passeport

Photo citoyenneté

7127 St-Michel, Mtl. C.I.N. Et Carte soleil (Métro St-Michel) Photo / Vidéo Mariage


Vivre a Montréal

SOS,

une garderie pour mon enfant Photo : Mehdi BENBOUBAKEUR

Sophie PEYRICAL CPE, garderie ou milieu familial ? Pour la garde de leurs enfants, les parents ont le choix entre un centre de la petite enfance (CPE), une garderie ou le milieu familial (MF). En général, le coût de garde est de 7$ par jour sauf dans le cas des garderies privées et non subventionnées.

« Les parents doivent choisir un service de garde qui corresponde le mieux à leurs valeurs et aux besoins de l'enfant », suggère Mme Marchand. « En milieu familial, une éducatrice s'occupe de six enfants multi-âges à domicile, c'est un environnement qui est très proche du milieu de vie de l'enfant. En installation, on a d'autres possibilités : des groupes d'âge, un programme éducatif varié. C'est un environnement favorable à la socialisation », explique Mme Marchand, directrice générale du regroupement des centres de la petite enfance de l'île de Montréal (RCPEIM). Une dure réalité Linda est enceinte de trois mois lorsqu'elle inscrit son bébé sur les listes d'attente des garderies de son quartier. Elle n'obtient une place pour son enfant qu'un an et demi plus tard. Le délai 18 Avril / Mai 2008 I Réussir ici

Trouver un service de garde sur l'île de Montréal est sans conteste une course d'endurance, il faut s'y préparer longtemps à l'avance et faire preuve de ténacité. Voici le guide pour trouver la perle rare.

d'attente sur les listes est en moyenne d'un à deux ans mais il varie en fonction de l'âge de l'enfant. « On a un déficit chronique de places pour les poupons sur l'île de Montréal », déclare Mme Marchand. « Les demandes pour les poupons jusqu'à 18 mois ont augmenté de 8% par rapport à l'an dernier », ajoute Josée Lanthier présidente de la Coopérative Enfance Famille. En revanche, elle précise qu'il est plus facile de trouver des places pour les enfants de quatre ans ou plus car à partir de cet âge ils peuvent entrer dans une école préscolaire avant la maternelle à 6 ans. Une recherche efficace « Les parents doivent inscrire le plus tôt possible leur enfant à tous les services de garde de leur quartier », déclare Lucie Chabot, directrice du CPE ImmaculéeConception. Il est indispensable de commencer la recherche d'une garderie dès que la grossesse est confirmée. On trouve sur le site Internet du ministère de la Famille et des Aînés les coordonnées de tous les services de garde à Montréal ainsi que « le localisateur ». Cet outil permet de repérer les garderies près de chez soi et

le nombre de places qu'elles offrent. Les parents doivent contacter chacun des services de garde qui les intéressent. Selon l'expérience de plusieurs parents avertis contactés par Réussir ici, il faut tenir à jour la liste des appels passés aux différents services de garde avec la date à laquelle vous les avez contactés. Il ne faut pas oublier de les rappeler individuellement pour mettre à jour vos coordonnées si vous déménagez ou si vous changez la date à laquelle vous souhaitez avoir une place pour votre enfant. Il faut préciser que certains CPE, garderies ou MF font appel à la Coopérative Enfance Famille pour gérer leur liste d'attente. « Certains nouveaux arrivants ne planifient pas le service de garde de leur enfant avant leur départ. Arrivés au Québec, ils attendent parfois jusqu'à cinq mois avant de trouver une place », déclare Mme Lanthier. « Alors qu'on peut s'inscrire à la Coopérative Enfance Famille par téléphone ou par Internet avant même d'être arrivé à Montréal », Les parents qui préfèrent mettre leur enfant en MF doivent contacter le


Vivre a Montréal bureau coordonnateur de leur territoire pour s'inscrire sur la liste d'attente. Ce dernier leur donnera les coordonnées des RSG qui acceptent d'être contactées directement par les parents. « Trouver une place en milieu familial c'est beaucoup du bouche-à-oreille, il faut se faire référencer. Si on croise dans les parcs une responsable d'un milieu familial, il faut l'aborder. C'est une travailleuse autonome, elle a le choix de sa clientèle et l'on ne peut rien lui imposer », affirme Manon Ladouceur, adjointe à la pédagogie du bureau coordonnateur du territoire Villeray La-Petite-Patrie. Cas d'urgences Il existe aussi 79 haltes-garderies à Montréal qui peuvent être utiles pour dépanner les parents. « Ces lieux offrent tous un service de garde, un programme éducatif et un ratio éducatrice-enfants similaires aux CPE ou au milieu familial », d é c l a r e S a n d r i n e Ta r j o n , coordonnatrice pour l'association des haltes-garderies communautaires du Québec (AHGCQ). « Elles proposent des

demi-journées de service de garde car la plupart d'entre elles sont fermées pendant le repas du midi. Les tarifs varient mais sont très raisonnables et fonction des revenus des parents. », ajoute-t-elle. Certains endroits offrent des demi-journées de garde uniquement pour les poupons, les places pour les poupons étant plus difficiles à trouver. Certaines haltesgarderies proposent des cours en francisation, des rencontres de discussion pour les parents, des ateliers parents- enfants ou même des sorties thématiques. « Les haltes-garderies permettent aux nouveaux arrivants de s'intégrer dans leur arrondissement et de rencontrer d'autres parents », assure Mme Tarjon. Ces informations en main, vous pouvez démarrer dès à présent votre recherche. N'oubliez pas que plus tôt vous commencez, plus vous augmentez vos chances de trouver une place dans un service de garde qui réponde à vos attentes.

Sites Internet utiles Ministère de la Famille et des Aînés Trouver et choisir un système de garde, la liste de tous les services de garde à Montréal, le localisateur des services de garde, etc. www.mfa.gouv.qc.ca/services-de-garde/

Coopérative Enfance Famille http://www.enfancefamille.org/fr/ Tél : (514) 767-4949 Liste des haltes-garderies communautaires au Québec http://www.ahgcq.org/ Association des garderies privées du Québec Http://www.agpq.ca/ Questions à poser pour choisir son service de garde http://www.magarderie.com/ressources_ parents.php L'association des parents étudiants Http://www.cigogne.ca/index.php/Main/ Garderie

www.reussirici.com Au service des personnes de 16 à 35 ans des quartiers Villeray, Saint-Michel et Parc-Extension


Vivre a Montréal

Comment trouver

un médecin

de famille

Dr André Arcelin

Photo : Mehdi BENBOUBAKEUR

Deborah JUSSOME Avoir un médecin de famille auquel on est rattaché est très important pour assurer un suivi sur une base régulière, pour prévenir des ennuis de santé complexes, mais aussi pour accéder à un médecin spécialiste. Toutefois, au Québec, la réalité est quelque peu différente. Près de deux millions de personnes n'ont pas accès à un médecin de famille. Faille du système, certes, ce problème peut, toutefois, être contourné par une meilleure connaissance de la population des ressources et des solutions alternatives pouvant aider à pallier la situation. Clinique sans rendez-vous, la solution? « Depuis mon arrivée au Québec en 2002, je vais toujours à la même clinique les jours sans rendez-vous, et le plus souvent je suis reçu par le même médecin », confie Georges. Plusieurs médecins s'entendent pour dire que le sans rendez-vous constitue un arrangement acceptable en attendant d'avoir son médecin. Ils re c o m m a n d e n t , c e p e n d a n t , d e fréquenter dans la mesure du possible la même clinique. « C'est mieux d'aller à

20 Avril / Mai 2008 I Réussir ici

Quand on s'installe dans un nouveau pays ou une nouvelle ville, on ne pense pas toujours à se chercher un médecin avant d'en avoir vraiment besoin. Savoir où se diriger peut alors se révéler plus stressant que l'état de santé dans lequel on se trouve. l'endroit où se trouve son dossier, explique la docteure Marie-Carmel Fernandez à la clinique Rivière-des-Prairies. Cela évite des erreurs au niveau des prescriptions. » Certains médecins pratiquant à Montréal reçoivent uniquement sans rendez-vous et ne limitent pas le nombre de patients auxquels ils offrent des services de médecin de famille. Pour le Dr André Arcelin, dont la clientèle est aussi nombreuse que variée, la formule marche depuis plusieurs années. « Je ne donne pas de rendez-vous. Mes patients arrivent, prennent un numéro, attendent, puis je les consulte. Si leur cas nécessite un retour, je leur dis quand revenir, et là encore ils vont prendre un numéro », explique le médecin qui voit 70 clients chaque jour. Quoique présentant certains avantages, le principe ne convient pas au rythme de vie de tout le monde, et n'est pas approprié pour les visites de routine à cause du temps d'attente pouvant aller jusqu'à plusieurs heures en cas de grande affluence. Dans ces cas les personnes concernées peuvent toujours se tourner vers les médecins à clientèle limitée ou utiliser les autres portes d'entrée du système de santé au Québec

(voir « Où se diriger en cas de problèmes de santé ? », numéro de décembre-janvier de Réussir ici). Un médecin au bout du fil Il est clair qu'il arrive un moment où les médecins ne peuvent plus prendre de nouveaux patients, s'ils veulent assurer un bon service à leur clientèle, alors, il ne faut pas hésiter à prendre le bottin, faire le tour des cliniques de son quartier, mais aussi être prêt à aller quelques kilomètres plus loin pour en trouver un. Cela en vaut la peine, indique la docteure Fernandez. À ce titre, certains organismes sont là pour assister les gens dans leurs démarches. Plusieurs CLSC détiennent des listes de cliniques et de médecins qui ont des places disponibles. Des organisations d'aide aux immigrants tels le ministère de l'Immigration et des communautés culturelles, Service Québec ou Service Canada mettent aussi à la disposition du public des préposés au téléphone ayant accès aux répertoires de médecins. Il existe également des cliniques comme celles du planning familial, de MTS-Jeunes,


Vivre a Montréal de suivi de la ménopause qui, bien qu'à vocation spécialisée, peuvent s'avérer très utiles. Toute la famille prise en charge Il faut savoir aussi que certains médecins qui ont déjà une pratique complète acceptent de prendre les membres de la famille de leurs patients. Cela permet un suivi plus complet par rapport aux maladies héréditaires, par exemple. Aussi, lorsqu'on entre en contact avec un médecin qui suit un membre de la famille, il est utile de préciser les liens. Cependant, lorsque cela s'avère impossible, il ne faut pas hésiter à voir un autre médecin, en ayant soin de préciser les pathologies qui se répètent dans la famille. « Lorsque les patients sous médication sont amenés à voir des médecins différents, ils doivent en aviser le médecin qui les reçoit. Il faut même amener une liste écrite des médicaments que l'on prend, ainsi que les doses dans lesquelles ils sont pris. Cela permet d'éviter les contre-prescriptions et les interactions médicamenteuses », prévient Mme Fernandez. Si pour les cas pressants et les fins de semaine on peut toujours aller à l'hôpital comme patient externe ou carrément dans les salles d'urgence, lorsqu'on n'est pas malade on peut par exemple se faire mettre sur des listes d'attente. « Chaque année, au mois de mai ou juin après les graduations, il y a de nouveaux médecins qui arrivent. Quand on est sur une liste d'attente, on a plus de chance d'être assigné à l'un de ces médecins », précise la docteure Fernandez.

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Tr a v a i l l e r a M o n t r é a l

Mohamed Taoufik

Un

ingénieur… comme les autres

Photo : Mehdi BENBOUBAKEUR

Mouloud OUTALEB « Je passe mon temps entre Montréal et les autres filiales de ma compagnie à travers le monde où je supervise plusieurs équipes, me lance d'emblée Mohamed, directeur des services commerciaux à Lallemand inc., une entreprise privée canadienne, basée à Montréal, qui développe, produit et met en marché des levures et des bactéries et d'autres ingrédients reliés à ces microorganismes ou à leurs marchés. Pour beaucoup d'immigrants, je représente l'exception. Pourtant, mon cas est loin de l'être! » Mohamed raconte avec fierté qu'il a suivi toutes les sessions d'information du ministère de l'Immigration et qu'il a communiqué avec l'Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) dès son arrivée. Il insiste sur le fait qu'un immigrant doit être prêt à

22 Avril / Mai 2008 I Réussir ici

Si l'intégration des immigrants était une partie de hockey, il aurait réussi un tour du chapeau et gagné la première étoile. C'est l'histoire de Mohamed Taoufik, d'origine marocaine, qui a réussi à décrocher le poste de chef de projet trois mois seulement après son arrivée à Montréal, à intégrer l'Ordre des ingénieurs dès sa première année et à devenir un exemple pour toute sa communauté.

affronter les difficultés inhérentes à la procédure d'adhésion à un ordre professionnel qui exige beaucoup de sérieux. « Durant mon processus d'adhésion, j'ai réussi à tordre le cou, l'une après l'autre, à plusieurs idées reçues voulant que les ordres professionnels soient hermétiques, avoue Mohamed. Par contre, il faut avoir un dossier complet : les diplômes, les relevés de notes, les lettres de recommandation, ainsi de suite. Car dans certains cas, le candidat peut obtenir plusieurs crédits de cours grâce à son expérience professionnelle. C'est mon cas. Au lieu des quatre cours que m'a imposés l'OIQ, au début, j'ai fini par n'en passer que deux en faisant valoir mes dix ans d'expérience. C'est la loi! » Ce natif de Meknès, l'une des villes impériales et ancienne capitale du Maroc, qui a grandi au sein d'une

famille modeste, est un surdoué qui s'est battu, depuis son jeune âge, pour avoir sa part de succès et de gloire. Majeur de sa promotion à l'école Mohammadia d'ingénieurs, f leuron de la formation des cadres au royaume, Mohamed a réussi un parcours professionnel parfait dans son pays d'origine avant de s'installer au Québec, en 2002, « pour m'épanouir professionnellement et offrir à ma famille un monde meilleur », avoue-t-il. L'ingénieur est aussi un homme de principes, charismatique et pragmatique qui se tient toujours debout devant l'adversité. « Mon adhésion à l'Ordre, je l'ai faite par fierté. Les employeurs misent plutôt sur les compétences. Chez Lallemand, on m'a très bien accueilli car j'ai démontré en entrevue d'embauche que j'étais le candidat idéal pour le poste. De plus,


Tr a v a i l l e r a M o n t r é a l mon employeur m'a payé la moitié des mes frais d'adhésion à l'OIQ », explique le cadre de chez Lallemand. Mohamed est aussi devenu un exemple d'intég ration pour plusieurs immigrants ingénieurs. Grâce à ses témoignages lors des s e s s i o n s d ' i n fo r m a t i o n d u ministère de l'Immigration du Québec, il a su redonner espoir à plusieurs candidats. « Je n'ai eu de cesse que d'encourager mes amis et des ge n s d e l a c o m m u n a u t é q u i nourrissaient des soupçons quant à l'intégrité de l'OIQ. Eh bien, ils ont fini par sauter le pas et bien préparer leur dossier. Presque tous ont alors réussi leur adhésion à l'OIQ. Cela leur a pris, certes, du temps pour rassembler toute la paperasse, mais ils ont fini par le faire », conclut Mohamed.

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Tr a v a i l l e r a M o n t r é a l

Said Djaoui, ingénieur en automatique

Le guide pour adhérer à

l'Ordre des ingénieurs du Québec Mouloud OUTALEB Chose à faire avant d'immigrer « Un ingénieur a tout intérêt à contacter l'Ordre depuis son pays d'origine. Il pourra ainsi prendre connaissance des règles qui régissent l'accès à sa profession et amorcer les démarches qu'il aura à réaliser pour obtenir son permis et s'inscrire à l'Ordre », recommande Suzanne Breault, conseillère au Service d'information sur les professions et métiers réglementés (SIPMR) du ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles du Québec (MICC). En effet, dépendamment du pays d'origine, le traitement d'une demande d'immigration au Québec dure de deux à cinq ans. Il faut profiter de cette période d'attente pour bien préparer son dossier qui comprend tous les documents exigés (voir encadré). Par ailleurs, « il est important que le candidat documente bien l'expérience pertinente de travail qu'il a acquise hors du Québec, puisque l'Ordre en tient généralement compte dans l'évaluation de l'équivalence de formation et de la durée de la période d'apprentissage qui sera exigée du candidat

24 Avril / Mai 2008 I Réussir ici

Photo : Mehdi BENBOUBAKEUR

Adhérer à l'Ordre des Ingénieurs du Québec (OIQ) serait un parcours semé d'embûches pour les candidats formés à l'étranger. Une préparation rigoureuse s'impose à tout aspirant pour décrocher son permis d'exercice. Suivez le guide.

ayant obtenu un permis d'ingénieur junior », ajoute Mme Brault. Chose à faire dès l'arrivée Dès l'arrivée au Québec, il faut s'inscrire au SIPMR du MICC. « La session est un bon investissement. On y aide les candidats à mieux connaître les conditions d'exercice, le processus d'admission, les frais exigés et les dates à respecter pour la présentation d'une demande à l'OIQ. Nous informons aussi les candidats des conditions pour bénéficier d'une aide financière en vue pour suivre une formation d'appoint à la Polytechnique de Montréal », souligne la conseillère du MICC. La session d'information du MICC peut faire éviter des désagréments aux candidats. À titre d'exemple, plusieurs commettent l'erreur de déposer leur demande de permis d'exercice à l'OIQ sans y être admissibles. Ils perdront automatiquement les 450$ des frais de dossier non remboursables. Une fois éclairé par le MICC, il faut entamer sa demande de permis à l'OIQ. « Toute la procédure de demande d'adhésion à l'Ordre se trouve sur notre site

web où on peut télécharger le formulaire de demande du permis et consulter la liste des documents qu'il faut joindre à sa demande. De plus, grâce à un programme qui s'étalera sur 24 mois avec le MICC, nous allons proposer des outils multimédias et permettre

M. Zaki Ghavitian, ing., Président de l'OIQ

aux Professionnels formés à l'étranger (PFÉ) de se constituer un dossier d'information en ligne, avant même de quitter leur pays d'origine. Ceci pourra les aider à mieux comprendre le système professionnel du Québec, et ainsi, faciliter leur accueil », explique M. Zaki Ghavitian, ing., président de l'OIQ.


Tr a v a i l l e r a M o n t r é a l Réussir ses examens « Une fois le dossier évalué, l'Ordre demande à la majorité des candidats formés en génie à l'étranger de réussir de un à cinq examens de contrôle des connaissances qui peuvent être passés à Montréal, deux fois par année en mai et en novembre. Le nombre d'examens varie selon le programme d'études suivi par le candidat, son expérience et ses études aux cycles supérieurs, s'il y a lieu », souligne Mme Breault. Dépendamment de sa formation et de son expérience, un candidat peut se contenter d'acquérir des ouvrages de la liste bibliographique fournie par l'OIQ pour préparer son ou ses examens de contrôle. Il faut signaler que parmi tous les cours qui pourraient être exigés par l'OIQ, seul L'économique de l'ingénieur peut être crédité si on le réussit à l'université. Pour le candidat qui douterait de ses capacités de préparer seul ses examens, il peut s'inscrire à un certificat ou à une formation de courte durée à l'université pour mettre toutes les chances de son côté. Il y en a même qui préfèrent s'inscrire à un baccalauréat en génie, se faire créditer certains cours et être sûrs de devenir ingénieurs juniors. L'inconvénient, c'est qu'il faut suivre la formation à plein temps, durant deux ou trois ans. Quand le candidat réussit tous les examens exigés par l'OIQ, « il doit subir une évaluation de la langue française à l'Office québécois de langue française. Toutefois, il peut en être exempté s'il a suivi trois ans d'études secondaires ou postsecondaires en français », explique la conseillère du MICC. D'après les chiffres de l'OIQ, 10 % des 55 000 ingénieurs du Québec sont des d i p l ô m é s d e l ' é t ra n ge r. Ils représentent presque 30 % des 3 000 demandes annuelles de permis, en 2006. Sur 673 de leurs demandes l'année dernière, 174 ont eu une reconnaissance complète de leur diplôme ou de leur formation, et 499 une reconnaissance partielle.

Démarche pour faire reconnaître l'équivalence de diplôme ou de formation Source : Fiche Exercer le métier d'ingénieur, www.immigration-quebec.gouv.qc.ca

Vous devez remplir le formulaire « Demande de permis » que vous trouverez dans le site Internet de l'Ordre, et fournir tous les documents suivants : - Dossier scolaire incluant la description des cours suivis ainsi que le relevé de notes complet et final pour chacun des diplômes à l'appui de la demande - Diplômes à l'appui de la demande ou preuve de leur obtention - Résumé et attestation détaillée pour chacune des expériences pertinentes de travail, s'il y a lieu - Attestation de la participation à toute activité de formation ou de perfectionnement, s'il y a lieu - Certificat ou extrait de naissance - Photographie récente de format passeport (5 cm x 7 cm) signée au verso par le candidat - Chèque ou mandat-poste pour couvrir les frais d'étude du dossier. Ces frais sont de 56,44 $ pour les détenteurs d'un diplôme accrédité par le Bureau canadien d'accréditation des programmes d'ingénierie ou la Commission des titres d'ingénieur (France). Ils sont de 451,50 $ pour tous les autres candidats. Ces frais ne sont pas remboursables - S'il y a lieu, document prouvant que vous avez suivi au moins trois années d'études de niveau secondaire ou postsecondaire à temps plein offert en français. Si les études en génie ont été faites en français, le relevé de notes en fera la preuve Seules les demandes dûment remplies et accompagnées de tous les documents exigés peuvent être étudiées. Les documents présentés doivent être des originaux ou des copies certifiées conformes à l'original. Dans le cas de documents rédigés dans une langue autre que le français ou l'anglais, le candidat doit également fournir une traduction en langue française ou anglaise attestée par une déclaration sous serment du traducteur qui l'a effectuée. Toutefois, pour ce qui est de la description des cours suivis, le candidat ne doit présenter une traduction que sur demande de l'Ordre.

Que doit contenir une attestation de travail ? Source : Fiche Exercer le métier d'ingénieur, www.immigration-quebec.gouv.qc.ca

Pour chacun des postes occupés dans le domaine du génie, les attestations de travail que le candidat doit obtenir de ses employeurs doivent : - décrire de façon explicite les responsabilités et les activités professionnelles exercées. - comporter les dates de début et de fin d'emploi. Si le candidat a occupé successivement plusieurs postes au sein d'une entreprise, chacun de ces postes doit être décrit. - présenter des descriptions officielles de poste, accompagnées de lettres attestant qu'il a été titulaire du poste ainsi que les dates de début et de fin d'emploi. - être imprimées sur le papier à entête de l'entreprise ou de l'organisme et les nom, titre et coordonnées de la personne qui signe, préférablement un ingénieur en autorité, doivent être bien lisibles.

Liens utiles Ordre des Ingénieurs du Québec Gare Windsor, bureau 350 1100, rue De La Gauchetière Ouest Montréal (Québec) H3B 2S2 Tél. : 514 845-6141 ou 1 800 461-6141 Télécopieur : 514 845-1833 www.oiq.qc.ca

Service d'information sur les professions et métiers réglementés du MICC 255, boulevard Crémazie Est, 8e étage, bureau 8.01 Montréal (Québec) H2M 1M2, Canada Métro Crémazie (ligne orange) Téléphone : 514 864-9191 renseignements@micc.gouv.qc.ca www.immigration-quebec.gouv.qc.ca/sipmr

Office québécois de la langue française 125, rue Sherbrooke Ouest Montréal (Québec) H2X 1X4 Téléphone : 514 873-6565 Télécopie : 514 873-3488 www.olf.gouv.qc.ca Avril / Mai 2008

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Chronique

La loyauté d'un employé envers son employeur

Di-Anne di-anne@reussirici.com

Au travail!

avec Di-Anne

Di-Anne a une expérience de 10 ans de militantisme au sein du syndicat des employés de soutien de l’université Concordia. D'abord comme déléguée syndicale et comme agente de griefs. Ensuite, pendant quatre années, elle a occupé le poste de vice-présidente à la condition féminine avant d’en avoir assuré la présidence pendant deux ans. Elle a piloté entre autres le dossier de l'équité salariale pour les syndicats de l'université. Di-Anne vient de terminer un certificat en relations du travail.

Nous allons aujourd'hui explorer les facettes de la loyauté qu'en tant qu'employé vous devez avoir envers votre employeur. Dans le numéro d'octobre 2007, nous avons parlé des différentes obligations qui peuvent être incluses dans un contrat de travail. Il existe une obligation qui n'a nul besoin d'être précisée dans votre contrat ou autrement car cette obligation est prévue au Code civil. Il s'agit de l'obligation de loyauté. Qu'en est-il exactement ? Cette obligation s'arrêtet-elle avec la fin du contrat de travail ou y survitelle? Examinons cette notion de loyauté plus en détail. Qu'entend-on par loyauté? Dans un contrat de travail, il y a d'un côté un employeur qui embauche une personne pour travailler. Cette personne devient en quelque sorte son représentant. De l'autre côté, il y a l'employé qui s'engage à fournir un travail et à participer à l'intégrité et la réputation de son employeur. Entre les deux, il doit y avoir un lien de confiance. Dans cette optique, on définira votre obligation de loyauté comme étant une obligation de protéger la réputation et les intérêts de votre employeur, pendant toute la période où vous travaillerez pour lui, mais également à la suite de la cessation de votre emploi. Cette obligation ne s'éteint donc nullement avec la fin du contrat de travail. L'employé qui contrevient à cette obligation s'expose à des mesures disciplinaires. L'exemployé qui y contrevient s'expose, quant à lui, à des poursuites. La concurrence déloyale En tant qu'employé vous devez placer les intérêts de votre employeur au-dessus de vos propres intérêts. Vous ne pouvez utiliser les informations obtenues dans le cadre de votre travail pour servir vos propres intérêts. Par exemple, vous ne pouvez exercer d'activités concurrentes, soit pour votre compte ou pour une autre entreprise. Fonder votre propre entreprise dans le même domaine que celle de votre employeur et solliciter directement ses clients sera ainsi considéré comme de la concurrence déloyale. Cette obligation de non-concurrence subsiste même après que vous ayez cessé de travailler pour votre employeur, et ce, pendant un délai raisonnable. Votre employeur peut choisir de vous faire signer une clause de non-concurrence au moment de l'embauche. Une telle clause détermine de façon spécifique les activités que vous ne pourrez pas exercer, l'étendue ou la portée territoriale et la durée de l'interdiction. Il ne s'agit pas par là de vous empêcher de vous trouver un

26 Avril / Mai 2008 I Réussir ici

autre travail, mais plutôt de protéger les intérêts de votre ancien employeur. Vous avez un sérieux motif de résilier votre contrat et vous vous demandez si la clause de nonconcurrence que vous avez signée continue de s'appliquer? Sachez que le Code civil du Québec prévoit à l'article 2095 que « l'employeur ne pourra se prévaloir d'une stipulation de non-concurrence, s'il a résilié le contrat sans motif sérieux ou s'il a lui-même donné au salarié un tel motif de résiliation ». Les dénonciations publiques Il peut arriver que vous soyez témoin ou victime de pratiques illégales au sein de votre entreprise. Certaines personnes pourraient être tentées de dénoncer ces pratiques sur la place publique. Ce moyen ne doit être utilisé qu'en ultime recours. Les tribunaux ont mis en place certains critères pour faire la part entre la validité des allégations des employés et leur obligation de loyauté. Avant de considérer donc une dénonciation publique, vous êtes tenu d'utiliser les moyens de communication interne pour trouver une solution aux problèmes. Dans le même ordre d'idées, toute entreprise a intérêt à se doter de mécanismes de règlement de telles plaintes. Si, après avoir épuisé tous les moyens mis à votre disposition à l'interne, vous décidez de recourir à une dénonciation publique, les règles suivantes s'appliquent : la dénonciation doit être faite en dernier recours et de bonne foi; elle doit être justifiée par des motifs sérieux et défendables objectivement, et l'ampleur de l'intervention publique ne doit pas être disproportionnée par rapport à l'objectif poursuivi. Même au moment de la dénonciation, votre obligation de loyauté demeure, et vous ne devez dénoncer que les faits pertinents et nécessaires que vous aurez auparavant vérifiés au meilleur de votre connaissance. Des pratiques illégales ou dangereuses ont lieu dans votre entreprise? Assurez-vous de suivre le processus de règlement des plaintes établi par votre employeur. Gardez des copies comme preuves de toutes les démarches que vous ferez. Préparez un dossier complet et objectif pour chaque problème que vous désirez mettre à jour. N'oubliez pas que le manque de loyauté entraîne souvent le bris du lien de confiance entre employeur et employé. Qu'il s'agisse de l'utilisation d'informations confidentielles, ou encore d'une critique de l'employeur sur la place publique, vous vous exposez à des mesures disciplinaires, qui peuvent aller d'une simple réprimande à un congédiement.


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Les grandes interviews

Mouna Andraos une

designer d a n s

l ' â m e

Mouna Andraos est une talentueuse jeune designer d'objets et d'installations interactives. Montréalaise d'origine libanaise, elle a travaillé avec différents médias tels que le Web, l'électronique et la vidéo et a réussi à s'imposer sur le plan international en accumulant bourses, résidences et prix. Entretien.

Photo : Mehdi BENBOUBAKEUR

Interview réalisée par Hassan SERRAJI

28 Avril / Mai 2008 I Réussir ici

Comment êtes-vous devenue Montréalaise? Quelques mois après ma naissance, ma famille a bougé vers l'ouest (rires)! De 1980 à 1985, nous nous sommes installés en Arabie Saoudite, puis, à Paris de 1985 à 1990, avant qu'on débarque ici, quand j'avais à peine 11 ans. Était-ce facile? J'ai vécu mon immigration d'une façon bizarre. Durant nos six ans à Paris, on savait qu'on n'allait pas faire notre vie en France, mais mes parents n'arrivaient pas à se décider. D'ailleurs, chaque année ils nous inscrivaient à l'école au Liban et en France. Puis mon père a tranché et on a suivi une partie de notre famille déjà installée à Montréal. Je me rappelle qu'avant d'arriver ici, j'avais eu des appréhensions. Ma cousine, qui avec sa famille nous a précédés, a mal vécu son immigration au Québec. Elle était triste… C'était votre cas aussi? Heureusement, non! Dans mon cas, j'avais la chance, dès mon arrivée, d'être inscrite dans une école française au Lycée Marie de France, à Westmount, où j'ai été jusqu'à la fin du secondaire. Je me suis trouvée dans un environnement familier. Cela a atténué mon acculturation et le changement… L'école m'a sauvée, j'y avais des amis et je m'amusais beaucoup. Par la suite, on a déménagé au centreville où je me suis inscrite à l'Université Concordia. Qu'est ce qui vous a mené vers le design? J'étais une élève douée, toujours parmi les premiers de la classe et à l'aise dans toutes les matières. J'avais donc l'embarras du choix. Paradoxalement, je ne savais pas, au juste, ce que je voulais faire… Mais, j'étais sûre d'une chose, que je ne pratiquerai qu'un métier qui me plairait, qui allait être moi, mon identité et qui me permettrait de créer… surtout pas un boulot de 9 à 5 dans un bureau. Donc, après mon DEC, j'ai présenté ma demande d'inscription pour différentes branches, tout en espérant suivre une formation dans le cinéma et la communication pour découvrir plein de choses. J'étais à l'époque attirée


Les grandes interviews aussi par tout ce qui était nouvelles technologies. Durant mon bac, j'ai travaillé comme stagiaire sur de grosses productions cinématographiques à Montréal ainsi que des projets indépendants, mais j'ai été déçue et j'ai découvert que ce n'était pas mon monde. Je n'ai pas aimé le milieu de travail, le machisme qui y régnait et cette manie de trop se prendre au sérieux… J'ai donc prolongé mon bac d'une année exprès pour apprendre la conception des sites web. J'ai vite compris que c'était le métier de l'avenir. Je me suis consacrée à la conception des sites web et au design d'objets pour en faire mon gagne-pain, car cela me procurait un sentiment d'indépendance et c'était facile pour moi de performer dans ce domaine. Mes amis étudiants en cinéma ne saisissaient pas mon intérêt pour l'internet et les nouvelles technologies. Je leur répondais : « Vous allez voir, c'est moi qui aurais plus d'ouvrage! » À voir votre curriculum vitae, ce fut le cas? Heureusement. Lorsqu'on fait ce qu'on aime, les résultats ne se font pas attendre. Une fois mon bac en poche, j'ai décroché mon premier contrat grâce à mon réseau. Le père de Fadi Attalah, celui qui a lancé Bluesponge en 2000, là où je suis consultante présentement, cherchait quelqu'un pour concevoir un site web. J'ai dit oui sans sourciller même si je n'étais pas prête. J'ai appris sur le tas car je savais que j'étais capable. Par la suite, j'ai travaillé comme free lance, un contrat à la fois, en se basant sur le bouche-à-oreille. En 2001, j'ai appliqué pour la bourse Multimédia jeunesse créée dans la foulée des propositions présentées au Sommet du Québec et de la jeunesse, tenu en février 2000. Ce programme provincial permettait à des jeunes de 18 à 35 ans de monter et de produire un projet dans le s e c t e u r d u m u l t i m é d i a et d e s technologies de l'information. Il suffisait de trouver un projet personnel puis une compagnie pour le parrainer. J'ai présenté un projet sur les interfaces d'entrevues vidéo. Ainsi, j'ai créé mon emploi en intégrant Bluesponge qui a supporté mon projet. Au Québec on a l'opportunité d'avoir beaucoup de programmes gouvernementaux qui favorisent la création et encourageant beaucoup l'entrepreneuriat à petite échelle. Ce qui

permet à des jeunes de créer leur emploi et de mettre un pied à l'étrier. Que représente Montréal pour vous? C'est chez moi. Cela paraît comme un cliché, mais j'aime la diversité de la ville, ce côté schizophrène anglais/français qui constitue, paradoxalement, sa force et me rappelle constamment ma propre double identité canadienne et libanaise. C'est une belle place pour s'épanouir artistiquement contrairement à New York où les gens doivent constamment lutter pour survivre à cause de la cherté de la vie. En somme, on a presque tous les avantages d'une métropole sans les inconvénients! Comment ? À Montréal, il y a plus de place à prendre… On se sent dans un milieu qui est encore à définir… la marge pour changer la ville est là, pas comme ailleurs dans les autres métropoles où c'est très difficile d'aspirer à changer la ville. Et le design? Mon rêve a toujours été de faire quelque chose d'utile qui soit en même temps de la création. Joindre l'utile à l'agréable, quoi! Et le design m'aide à m'exprimer et à m'épanouir tout en gagnant ma vie. Par ailleurs, le design est une partie intégrante de la culture. Il façonne la culture et en est le reflet en même temps… il y a donc un perpétuel dialogue entre la culture et le design qui représente pour moi une source intarissable d'inspiration et me motive à progresser et à être constamment à la quête du meilleur projet. Avec le recul, est-ce que c'était plus facile pour vous de vous intégrer ici? Oui. C'est toujours différent pour quelqu'un qui n'est pas de souche. On a plus de choses à prouver. Mais en général, la deuxième génération d'immigrants réussit mieux que la première. On a un réseau ici, on comprend mieux comment la vie fonctionne, et cela aide beaucoup. Dans mon cas par exemple, je suis parfaitement trilingue (anglais, français et arabe) et je me débrouille un peu en espagnol, c'est ça Montréal! Concernant l'intégration des immigrants, quels seront, selon vous, les défis de demain? Il faut plutôt dire les surprises de demain! Les défis d'aujourd'hui seront dépassés et plus simples à résoudre, mais

on aura d'autres surprises demain. En effet, ici comme ailleurs, les problèmes liés à l'intégration des immigrants vont évoluer car partout dans le monde, les gens bougent. Et le Liban ? On garde toujours des liens avec nos origines. J'ai toujours eu une pensée pour le Liban, et ma relation avec mon pays d'origine a constamment évolué durant le temps. J'avais l'habitude de retourner là-bas en famille à chaque accalmie. Et j'ai gardé de mes origines une façon de vivre à l'oriental où le temps est comme suspendu… la culture, la langue, la musique, les couleurs, la sensibilité… Quels sont vos projets? Je travaille à mon compte. Je finalise un contrat gouvernemental comme consultante à Bluesponge tout en travaillent sur des projets personnels de design d'objets Portes ouvertes Design Montréal

Lors de l'événement Portes ouvertes design Montréal qui aura lieu les 3 et 4 mai 2008, vous pouvez découvrir le travail de Mouna Androas avec l'équipe de Bluesponge dans la rubrique Design graphique. Le projet exposé est le site web : www.madeinmtl.com Ce travail a été le grand gagnant Communication Arts Magazine (ÉtatsUnis), Annuel de design interactif 2006, prix de mérite Graphex 2006, prix Mobius 2006 et le Print Magazine Competition Winner 2006 (ÉtatsUnis). La visite est libre, dimanche 4 mai de midi à 17 heures aux bureaux de Bluesponge : 460, rue Ste-Catherine Ouest, Studio 505,Montréal, Québec, H3B 1A7 Tél: 514.875.blue www.bluesponge.com Avril / Mai 2008

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Étudier a Montréal

Ondes de

CHOQ «Bonsoir, vous êtes sur les ondes de CHOQ.FM, la radio étudiante de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), et vous écoutez la Justice de justesse. Aujourd'hui, une émission haute en couleur. Nous allons discuter d'immigration, du statut de réfugié et de l'actualité juridique de la semaine.»

Marc-André SABOURIN Mike Boudreau, animateur de Justice de justesse de CHOQ.FM, accueille toujours ses auditeurs avec panache. Mais les amateurs de radio ont beau sillonné les bandes AM et FM à la recherche de son émission, ils ne la trouvent pas. Les radiophiles doivent plutôt tourner l'oreille vers l'internet pour pouvoir écouter le magazine juridique, puisque CHOQ.FM est la toute première webradio universitaire du Québec. Semaine après semaine, plus de 250 bénévoles se relaient dans le studio universitaire de l'UQAM pour offrir un contenu éclectique et dynamique aux internautes. Plusieurs émissions musicales offrent toute la fraîcheur de la scène émergente montréalaise et québécoise, peu importe le style. Jam le jazz se consacre au jazz d'hier à aujourd'hui, CHOQ latino fait tourner des disques en provenance d'Amérique du Sud, le Ghetto érudit couvre le monde du hip-hop et Univers Folk est un incontournable pour les adeptes du folk et du country. La radio étudiante de l'UQAM ne se limite pas à faire danser les gens. « CHOQ.FM, c'est beaucoup plus que de la musique, explique la directrice de la station, Karine Poirier. Le contenu parlé occupe une place importante de la programmation. » La culture, l'humour, la science, la politique et même la sexologie ont leur place à CHOQ.FM. L'international est également abordé par quelques émissions, dont D'une rive à l'autre, qui s'attarde sur l'actualité antillaise et africaine. Au total, près de 70 émissions sont diffusées hebdomadairement via CHOQ.FM. « Chaque semaine, je suis

30 Avril / Mai 2008 I Réussir ici

Photo : CHOQ FM

impressionnée par le travail des bénévoles, raconte Karine Poirier. Les émissions sont pertinentes, originales et de bonne qualité. » Une émission juste Chaque session universitaire, de nouvelles émissions font leur apparition à CHOQ.FM. L'une des nouveautés 2007-2008 est le magazine juridique Justice de justesse. « L'objectif est de vulgariser des notions de droit et d'approfondir certains sujets en particulier », explique l'animateur Mike Boudreau. Grâce à une équipe de quatre étudiants en droit, plusieurs questions ont été abordées, dont l'accessibilité aux études, le droit des consommateurs, les accommodements raisonnables, l'égalité entre les sexes, le droit au logement. L'une des forces de CHOQ.FM est le climat qui règne dans les studios, croit l'animateur. « L'ambiance est très conviviale et il y a beaucoup d'entraide entre les gens. » Il est très heureux que la radio étudiante de l'UQAM lui ait donné l'opportunité d'animer une émission alors qu'il avait peu d'expérience radiophonique. CHOQ.FM a d'ailleurs contribué à l'émergence de plusieurs talents. Les humoristes les Moquettes coquettes, le groupe de musique Malajube et plusieurs journalistes radio ont utilisé la webradio étudiante pour se propulser sur la scène professionnelle. Radio sans parasites Pendant longtemps, des étudiants ont tenté de mettre sur pied une radio étudiante à l'UQAM. Plusieurs projets ont vu le jour, mais ont tous échoué, a souligné la directrice Karine Poirier. En 2001, devant ces échecs répétés, des universitaires ont décidé de miser sur la webradio, un phénomène nouveau à l'époque, pour créer CHOQ.FM. Sans studio, les premiers pas de la station ont été modestes. « Au début, les étudiants

utilisaient un petit kit mobile pour faire leurs émissions », selon Karine Poirier. Grâce à l'enthousiasme de nombreux étudiants, la station a rapidement grandi et possède maintenant ses propres studios sur la rue Sainte-Catherine. En plus des bénévoles, 11 employésétudiants, quatre stagiaires et deux travailleurs permanents collaborent au développement de CHOQ.FM. L'un des principaux attraits de la webradio consiste en l'archivage du contenu diffusé. « Toutes les émissions sont enregistrées et disponibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept. » Les auditeurs peuvent donc écouter et réécouter les magazines radiophoniques autant de fois qu'ils le souhaitent. En 2006-2007, les internautes ont téléchargé 260 000 heures via le site de CHOQ.FM. Les auditeurs ne téléchargent pas tous les émissions puisque le site web de CHOQ.FM permet d'écouter la radio en direct. Le travailleur autonome et grand consommateur de radio, François Boutin, aime particulièrement cette option. « La qualité sonore est incroyable, il n'y a aucun parasite », souligne-t-il. Comme il t r av a i l l e b e a u c o u p d e v a n t s o n ordinateur, il est facile pour lui de se brancher sur la radio étudiante de l'UQAM. L'un des principaux défauts de la radio étudiante de l'UQAM est son manque de visibilité, pense François Boutin. « Ça serait intéressant que CHOQ.FM diffuse sa programmation sur papier à Montréal, elle pourrait se faire connaître davantage. » D'après lui, la webradio de l'UQAM vaut le détour. « La qualité de CHOQ.FM n'a rien à envier aux radios alternatives et commerciales. C'est sûr que certaines émissions sont moins bonnes que d'autres, mais comme c'est une radio étudiante, on est prêt à lui pardonner », estime-t-il. www.choq.fm


a Montréal Billet culture Sortir Quand le cinéma se fait ex-centrique! Trois sœurs dans une ville Au d e J I M E N E Z Elles s'appellent Edna, Irma et Gloria. Ce sont les trois héroïnes du dernier livre de la célèbre auteure Denise Bombardier. Dans le Montréal des années trente, «Canadien français» rime souvent avec pauvreté. La famille Desrosiers ne fait pas exception à la règle. Tout au long du roman, on va donc découvrir la vie difficile, souvent triste, de ces trois femmes de la classe ouvrière ; et à travers leurs destins, c'est toute l'évolution du Québec durant le siècle passé qui défile sous nos yeux. On apprend comment les familles catholiques françaises se débrouillaient pour trouver à manger pendant la guerre, comment les frères trichaient pour ne pas la faire, pourquoi les femmes sombraient souvent dans l'alcoolisme, lentement, insidieusement… Edna, Irma et Gloria est un roman vrai, qui loin de nous faire regarder le passé avec nostalgie nous rappelle plutôt la chance que nous avons de vivre ici, au Québec, maintenant. BOMBARDIER Denise (2007), Edna, Irma et Gloria, Albin Michel.250p.

Cinéphiles et blasés de toujours fréquenter les salles de cinéma traditionnelles qui privilégient les mégaproductions américaines aux scénarios parfois simplets? Une alternative s'offre à vous : le complexe Ex-Centris.

Vanessa LIMAGE

Photo : Mehdi BENBOUBAKEUR

À la sortie du métro Saint-Laurent se dresse la grande côte du boulevard SaintLaurent, angle Sherbrooke. Carrefour cossu de Montréal où s'alignent petits commerces de quartier et boutiques de luxe, restaurants et salles de spectacles de toutes sortes. Au fur et à mesure qu'on monte défile sous nous nos yeux ce quartier intrépide et éclectique reconnu pour être, le jour, le nid des amoureux des arts et de la culture et, le soir, le paradis des jet-setters. Au loin, on voit l'Ex-Centris. D'une architecture sans égale, ce complexe allie parfaitement modernité et urbanité avec ses colonnes en acier qui trônent à l'entrée et ses murs de brique. Véritable œuvre d'art, l'endroit en lui-même vaut le déplacement. Dès qu'on y entre, on se sent comme enveloppé par les murs en béton. Dans le hall, un décor minimaliste et épuré à dominance grise : des chaises et des tables au fini chromé complètent à merveille cet espace design. La billetterie n'a rien de conventionnel : nous sommes accueillis par un employé dont l'image est retransmise à travers une télé en forme de hublot. Le billet en main, nous voilà prêt pour la grande évasion. Un cinéma pas comme les autres Contrairement à la plupart des cinémas, l'Ex-Centris ne cherche pas à maximiser son profit en présentant des films à la sauce hollywoodienne pour attirer les foules. Ce complexe se veut d'abord un lieu de diffusion au service de l'art. « L'Ex-Centris encourage le cinéma d'auteur et les films misant sur les nouvelles technologies. Au menu, des productions originales et de qualité, aux scénarios riches et denses », affirme Marie-Christine Picard, responsable de la programmation. La programmation du complexe se démarque par la place de choix accordée aux films étrangers. « En plus de présenter des productions locales, l'Ex-Centris diffuse des documentaires et des fictions de partout à travers le monde, explique madame Picard. Il est

primordial de présenter les films étrangers dans leur version originale et sous-titrée. C'est une façon de conserver l'intégrité et l'esprit de l'œuvre. C'est aussi un moyen pour les immigrants de rester connectés à leur pays d'origine et de garder le contact. Le cinéma devient ainsi un point de ralliement, un lieu d'échange. » L'Ex-Centris encourage aussi beaucoup la relève. Il se veut une plate-forme pour les jeunes réalisateurs qui font de bons premiers films. Selon Mme Picard, cette programmation des plus variées permet de rendre compte de « la diversité de la culture cinématographique ». Mais pour apprécier les films présentés à l'Ex-Centris faut-il nécessairement être un fin connaisseur de cinéma? « Tout ce qu'il faut c'est avoir un esprit ouvert. Les films présentés ici le sont comme un tableau dans un musée, synthétise Sébastien Trudel, jeune étudiant en littérature et employé au complexe. Pour apprécier une toile, pas besoin d'être un critique d'art. Picasso, même si tu ne le comprends pas, juste le fait de t'exposer à son œuvre t'ouvre à la réflexion. » Un cinéma confortable et pour tous Les salles de diffusion, à la fois conviviales et intimistes, sont bien aérées et équipées à la fine pointe de la technologie. Des chaises coussinées et bien disposées, un son bien dosé et de qualité supérieure, tout est mis à contribution pour rendre l'expérience cinématographique des plus agréables. Selon Marie, cinéphile interceptée dans le hall, « l'Ex-Centris offre une bonne qualité de spectacle. On n'a pas le droit de manger, ni de boire. Les gens ne sont pas source de dérangement. » L'Ex-Centris offre également, tous les dimanches matin, une programmation taillée sur mesure pour les enfants. Des films d'animation, des documentaires et des fictions tout aussi ouverts sur le monde. On y présente parfois même des films muets. Une belle façon d'intégrer les enfants à la vie culturelle et d'élargir leurs horizons. www.ex-centris.com Avril / Mai 2008

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catalyseurs dans le processus d'éveil culturel des tout-petits. Parrainé par le Dr Gilles Julien, un parcours pédestre soulignant le 50e anniversaire de la Déclaration des Droits de l'Enfant s'installera dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, tandis qu'aux quatre coins de la ville, comédiens, musiciens et danseurs d'ici et d'ailleurs enchanteront par leurs performances petits et grands. Pour prendre connaissance de la programmation du quatrième rendez-vous culturel familial, visitez le site : www.petitsbonheurs.ca

Portes ouvertes Design Montréal : les 3 et 4 mai

Dans le cadre des deuxièmes Portes Ouvertes Design Montréal organisées par le bureau Design Montréal de la Ville de Montréal en partenariat avec le milieu professionnel du design, les designers montréalais ouvrent leurs portes au public pour lui faire découvrir les créations et les différentes facettes de leur métier Les visiteurs auront la chance de rencontrer sur leur lieu de travail les lauréats de concours nationaux et internationaux en design : architectes, architectes paysagistes, designers d'intérieur, designers industriels, designers graphiques, designers de mode et urbanistes de la ville. Le public est de plus invité à visiter gratuitement des projets montréalais primés en compagnie des architectes et designers concepteurs ainsi que certains lieux consacrés au design. Il pourra, entre autres, voir les expositions de finissants universitaires des différentes disciplines du design et de l'architecture, une nouveauté au programme cette année.

Renseignements : 514 872-5323 www.designmontreal.com Petits bonheurs Le rêve et l'aventure de Petits bonheurs se poursuivent pour une quatrième année consécutive. Du 2 au 11 mai, une kyrielle d'activités culturelles de qualité seront proposées aux enfants de zéro à six ans ainsi qu'à leurs parents. Pendant dix jours, le plaisir, la découverte et la créativité seront au rendez-vous! Ensemble, artistes, créateurs, parents et intervenants sociaux se mobiliseront autour du bien-être des enfants et de leur accès à la culture. La participation des parents est essentielle au succès de l'événement; ils demeurent les meilleurs

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de Genève. Fils de la peintre Ceska, il est plongé dans l'univers de l'art visuel depuis sa tendre enfance. Son voyage pictural a véritablement commencé par le besoin d'explorer et d'exploiter la gestuelle, la trace, l'image et la matière sur la toile. Alec présentera diverses séries. Les Surfaces, première recherche de formes et de couleurs. Les Structures, l'organisation des structures à l'image des échafaudages. Les Mécaniques, l'influence de l'ingénierie soumettant les thèmes à de nouvelles avenues visuelles. Les Formes noires, synthèse des séries précédentes donnant place à une épuration des thèmes. www.tohu.ca

Audace, créativité, fougue! Du 4 au 14 juin 2008, à la Tohu, découvrez le talent des élèves en formation supérieure à l'École nationale de cirque dans une création encadrée par une équipe de concepteurs passionnés et chevronnés. Le spectacle annuel des élèves de l'École nationale de cirque est un événement qui suscite toujours un vif intérêt chez les amateurs de cirque contemporain. C'est le moment de voir les finissants à l'œuvre avant qu'ils ne s'envolent vers les plus grands cirques au monde! La grande polyvalence et la virtuosité des futurs artistes de cirque sauront à coup sûr vous ravir! Le spectacle de l'École nationale de cirque : un rendez-vous où se côtoient audace, créativité et fougue grâce aux artistesacrobates du cirque de demain! « (…) quelles performances de nos élèves de l'École nationale de cirque, une institution montréalaise considérée comme l'une des meilleures au monde, sinon la meilleure du nouveau cirque. Je n'ai jamais vu des élèves aussi créatifs, aussi bien préparés », La Presse, Montréal. L'École nationale de cirque est un établissement d'enseignement secondaire et collégial qui a pour mission première de former des artistes de cirque. Reconnue internationalement pour la qualité de sa formation, elle accueille plus d'une centaine d'élèves de partout au pays et dans le monde. www.tohu.ca Alec - (entrée gratuite) Depuis jeudi 13 mars jusqu'au samedi 10 mai 2008 se tient à la TOHU l'exposition Alec. Alec est un artiste multidisciplinaire de Montréal, un touche-à-tout du visuel et du formel. Graphiste de formation, il est devenu, au cours des années, designer et peintre. La peinture est son mode d'expression le plus exploratoire et le plus libérateur. Cette dimension artistique a progressivement influencé tous ses autres secteurs de création. Alec a fréquenté l'École des arts décoratifs

Prêts pour... une course autour du monde?

Du 21 mars au 4 mai. Réalisée par le Biodôme, en partenariat avec Environnement jeunesse, l'Agence canadienne de développement international (ACDI) et le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), Eco Mondo invite chacun de nous à explorer et comprendre les liens essentiels entre santé des écosystèmes et santé humaine. Po u r a i n s i p a r t i r à l ' ave n t u re . . . environnementale, nul besoin de visa ou de passeport! Mais attention! Dans cette exposition, pas question de rester bras croisés! Le visiteur-voyageur devra trouver des solutions viables à des problèmes humains et environnementaux sérieux et... bien réels, qui lui sont présentés. Arrivant à chaque station dans un pays différent, le voyageur se familiarise d'abord avec les caractéristiques de cette région du monde. Un jeune lui présente alors un problème environnemental vécu par sa communauté. Comment y pallier? Le visiteur explore des solutions mises de l'avant par cette communauté et qui tiennent compte des dimensions humaines, économiques et environnementales propres à la communauté locale. Des jeux l'aideront à faire des choix plus éclairés, quitte à... devoir être plus patient. « Permettre aux collectivités de lier l'environnement, l'économie et le développement pour améliorer leur santé, c'est tout le défi posé par l'utilisation des approches écosystémiques qui démontre concrètement la mise en place du développement durable. », a souligné M. Jean Lebel, directeur du domaine de programme Environnement et gestion des ressources naturelles au CRDI, dont la mission rejoint très bien celle du Biodôme à cet égard.


Le coup de cœur de la rédaction

Le prince de

Olivier Cheuwa Olivier Cheuwa est un artiste-né qui a débarqué du Cameroun il y a 17 ans. Il a su avec doigté mélanger les styles et donner naissance à sa marque artistique. Alliant une musique pure à des textes émouvants, le prince de Douala est là pour durer… au grand plaisir de tous les mélomanes.

l Anne-Marie YVON Hassan SERRAJI

Qu'est-ce qui vous a mené à la musique ? Très jeune, je suis tombé en amour avec la musique grâce à la radio. J'avais développé un goût pour la musique américaine comme le R&B, le jazz et le style musical d'Eric Clapton, par son côté folk. J'étais toujours à l'affût des nouveautés même si c'était difficile d'en trouver au Cameroun. Je demandais souvent à mes amis établis en Occident de me fournir en musique. Dès mon arrivée au Canada, je me suis rattrapé en mettant la main sur tous les disques que je voulais. À l'époque c'était Boyz II Men qui tenait le haut du pavé. Donc, comme presque tous les artistes j'imitais mes idoles. Mon entourage m'encourageait pour exploiter mon talent, mais j'ai préféré ne pas brûler les étapes. Comment ? Sagement, j'ai commencé au sein d'une chorale de gospel pour accumuler les expériences sur scène et voir comment les choses se font dans le milieu du showbiz. Et j'avais raison. J'ai bien étudié la chose et j'ai découvert qu'il fallait avoir une vraie machine et toute une organisation derrière pour produire un artiste. Je me suis inscrit à un cours en gestion marketing aux HEC, à Montréal, avant de monter ma propre boite de production pour réaliser mon rêve. Vous êtes quelqu'un de jovial pourtant on sent dans vos textes une certaine douleur… Oui, cela est vrai. Il y a presque cinq ans j'ai perdu mon père. S'en est suivie une quête spirituelle par rapport à la vie, à moi-même et à mon devenir. C'est vrai

Douala que j'ai beaucoup écrit sur ma douleur intérieure mais j'ai aussi écrit sur les encouragements, la persévérance et l'espoir en puisant dans ma foi et ça m'a beaucoup aidé et surtout touché beaucoup de monde qui ont acheté mon album… C'est peut-être pour ça que cet album marche ? Vous avez raison. Quinze mille copies se sont volatilisées ! C'est un miracle de réussir cet exploit pour un indépendant, et ce fut une grosse surprise de voir les gens s'intéresser à mon travail et ma création. Cet état de choses m'a poussé à écrire pour encourager les gens à voir aussi les bons côtés de la vie. J'ai, en ce moment, une pensée particulière pour les souffrances que subissent les enfants qui sont privés de leur dignité à cause des guerres, de la famine et de la pauvreté. Cela me pèse sur le cœur, et ma démarche est envers ces gens. J'écris pour eux, pour les encourager. On a tous des forces et la mienne est de toujours trouver l'aspect positif de la vie qui n'est pas que tristesse. Il faut être optimiste…

Ce retour aux sources, vous l'avez concrétisé par un concert en Afrique ? La musique marche bien en Afrique. Je l'ai vécu lors de mon concert en Côted'Ivoire, le 2 décembre dernier. Ce fut mon premier retour en Afrique depuis 17 ans. Une vraie surprise pour moi. Mon show s'est tenu au palais de la culture d'Abidjan devant plus de trois mille spectateurs. Aux premières notes, la foule s'est levée dans la liesse et la joie en chantant et dansant. Cela met du baume au cœur, cela rafraîchi. Mais pourquoi êtes-vous surpris de cet accueil ? Le continent africain a tout le temps été négligé par l'industrie mondiale de la musique, pourtant, c'est un marché prometteur. Aujourd'hui, l'industrie est en train de le regretter car il y a beaucoup de piratage, mais en ce qui concerne les concerts, ça marche. Je suis en train de travailler sur une tournée en Afrique. En été, je serai au Gabon et je vais voir si je pourrai prolonger ma tournée dans d'autres pays francophones de la région…

www.oliviercheuwa.com

On voit que votre style est un vrai mélange… Tout à fait. J'aime la musique noire américaine et j'ai grandi en Afrique. Mon style tire son originalité de ce brassage inusité entre différents styles. On décèle dans votre voix un brin de nostalgie… J'ai quitté mon pays en pleine adolescence. J'en ai gardé beaucoup de bons souvenirs, et c'est vrai que je suis nostalgique par moments… Vous savez, on n'oublie jamais d'où on vient ni nos racines. On rêve de l'Occident, de tout ce qui est ailleurs. Mais dès qu'on est ailleurs justement, chez nous nous manque. À travers ce retour aux sources, ma démarche est d'essayer de récupérer tout ce qui est de moi, de mon histoire, de mon pays pour le chanter tout en adaptant les différents styles pour produire quelque chose d'intéressant. Avril / Mai 2008

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Chronique

Tout blanc,

le mouvement du changement

Au moment où vous lirez cette chronique, le monde, continuant de changer, aura offert bien des options à notre imaginaire mais la réalité de nos rêves et celle de nos espoirs sera encore plus forte.

Yves ALAVO

Nous mesurons l'évolution de nos sociétés, celle de nos civilisations à la manière dont les humains organisent les rapports entre eux et à ce que, depuis quelques années, nous aimons comprendre sous le vocable de gouvernance. Nous avons aussi une façon de structurer la temporalité, notre maîtrise de l'espace, celle de nos émotions, en blocs qui s'accordent avec aisance au rythme des siècles. Séquences qui nous rassurent et permettent une convergence logique entre nos aspirations à échapper au temps et celles à le dompter au gré de nos fantaisies. Il y a quelques années, nous passions, non seulement la frontière entre deux siècles, mais entre millénaires. Une obsession habite l'esprit des peuples, surtout en cette ère de la proximité et de la quasi-ubiquïté, la couleur de nos liens avec les autres, avec les autres nations, avec les autres civilisations, avec les autres pays, avec les autres cultures, avec les autres composantes de nos entités constitutives. La question centrale de l'identité, celle de nos allégeances, de nos appartenances sociales, politiques, intellectuelles, émotives, culturelles, humaines, pour ne plus avoir à parler du mythe des appartenances ethniques, religieuses. De quelle couleur est désormais la fibre qui nous unit et qui produit cette civilisation universelle ? Celle que nous percevons en nous quand nous prenons une certaine distance avec le local, le particulier, le national, quand nous intégrons à nos schèmes mentaux la vision d'une humanité rassemblée, ouverte sur les atouts de la différence, consciente de sa diversité constitutive et, je dirais, une diversité consubstantielle de l'existence de chaque être digne et en projet. L'hiver que nous vivons depuis décembre 2007 nous a bouleversés par sa qualité, sa rigueur et l'impact industriel, économique, psychologique qu'il a sur nos activités, nos projets et notre manière de nous percevoir, d'être au monde aussi, pour nous ainsi que pour les autres. Dans cette perspective et avec un humour nouveau, j'aurais envie de dire que la fibre qui nous unit,

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cette fibre totale de ce que nous sommes, serons et comment nous sommes perçus et aussi comment nous nous percevons, est blanche. Pour une chronique qui a le nom que vous connaissez désormais, Carte blanche, c'est un pléonasme ! Au Sud de chez nous, quelque chose est en train de se produire qui modifie pour toujours cette société de la modernité. Cette communauté de la diversité de trois cent cinquante millions d'âmes qui, pourtant, il y a seulement quelques décennies très proches, assassinait ses chefs de file des droits humains, tuait ses héros politiques et sociaux, et ne reconnaissait aucun droit à ses citoyens originaires d'Afrique, pourtant parmi les principaux bâtisseurs de la richesse, ceux et celles qui ont eu le mérite d'enrichir par leur apport incommensurable et leur qualité originale, une culture à qui ils ont donné un cachet unique. C'est le pays de William Edward Burghardt Du Bois qui disait, il y a un siècle, que le vingt-etunième siècle arrivera vraiment lorsque la couleur de la peau ne sera plus une question d'importance, cette ligne de couleur qui a toujours tout conditionné. Le changement est un mouvement que rien ne peut arrêter. On ne court pas après un mouvement, il nous entraîne. Il se produit dans la foulée des prouesses du sénateur Barack Obama, au sein de la campagne des présidentielles américaines, tant de choses qui pourraient constituer une réponse à la prédiction de W.E.B Du Bois. Nous y sommes tous un peu, comme acteurs et comme personnes, solidaires du changement. W.E.B. Du Bois (1868-1963) est l'un des plus importants intellectuels afro-américains. Historien, sociologue, militant des droits c i v i q u e s , l i t t é r a t e u r, t h é o r i c i e n d e l'émancipation des Noirs, il est en outre l'un des fondateurs du panafricanisme. Son maître livre, Les âmes du peuple noir, paru en 1903, un grand classique plus de cent fois réédité aux États-Unis, a été traduit en français avec un peu plus d'un siècle de retard en 2004. Du Bois est mort à près de 96 ans, peu après avoir émigré au Ghana, où il était l'hôte de son ami et disciple Kwame N'Krumah. Si ses conceptions ont évolué tout au long de ses quelque soixante-dix ans d'activité intellectuelle et militante, tous les leaders progressistes du mouvement noir américain le reconnaissent comme l'une de leurs influences majeures.


Mercredi 9 avril de 17h Ă 21h Mercredi 23 avril de 9h Ă 18h



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