Chad Peace Journal

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Edition III - Septembre 2018

RET au Tchad JournĂŠe Internationale de Paix


Les jeunes partagent l’histoire de leur ville Goré, chef-lieu du département de la Nya Pendé, région du Logone Oriental est située à 112 Km de la ville de Moundou, capitale économique du Tchad et à 92Km de Doba, la ville pétrolière. Sa chefferie, son organisation administrative coloniale est aujourd’hui méconnue des jeunes mais aussi des réfugiés qui pourtant sont ses hôtes depuis 2003. Son bref historique…

vêtements, d’autres transformer en grenier pour conserver le mil et d’autres encore pour conserver de l’eau ou des bières fraîches. D’autres catégories étaient utilisées pour la fabrication de la bière traditionnelle appelée Bil-bil.

LA VILLE DE GORE, autrefois appelé BEREM est une source d’eau qui coulait dans une petite forêt-galerie se jetant au fleuve Pendé. A cette époque, les habitants de Berem étaient des Gon-rô (Ndlr, des guerriers en langue kaba, langue de la localité) indomptables qui allaient en guerre contre les envahisseurs. Les premiers hommes étaient Ningandoussouang, Ndoubam, Doreoundjebam, etc. Ningandoussouang lui, était un grand chasseur qui souvent allait de pays en pays. Ce qui lui permit très vite un mariage avec une fille de Bedoko, en République Centrafricaine.

Pendant l’occupation coloniale entre 1800 – 1900, le nom s’est vite transformé et est devenu Goré, l’appellation déformée par les colonisateurs. Cependant, Goré est principalement peuplée par ethnie appelée Kaba. Et cette dernière est répartie dans plusieurs cantons dont Bekan, Kaba-Roangar et Goré. On trouve aussi les Kaba en RCA. Les deux peuples (Kaba du Tchad et RCA) sont unis par leur tradition d’initiation appelée BEL et leur danse MAOU. Il faut noter que les Kaba ont aussi un lien culturel avec leurs voisins de Baké dans le canton Beboto, non loin de Doba.

Par référence à cet artisan de renom, tout le monde appelait Berem le village de GOR (jarres) ou des Gon-rô (guerriers).

Dans le village Berem, fut un potier du nom Djebam qui fabriquait et vendait des grandes jarres appelées GOR en kaba. Certaines jarres étaient fabriquées pour conserver des theRET.org

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En 1909, fut créé le poste administratif de Goré puis en 1912, il devient le Chef-lieu de la circonscription de la Pendé, dépendant de l’Oubangui. Le 30 avril 1950, Goré est devenue le Poste de Contrôle Administratif (PCA). Et le 12 août 1964, elle est érigée en sous-préfecture. La ville de Goré est située à une trentaine de kilomètres de la frontière centrafricaine.

De l’organisation de la chefferie… La chefferie à Goré se fait de père en fils. Ainsi, le premier chef de village était Dakonedjé, fils de Ningandoussouang. C’est avec le temps que Goré était érigée en canton. En 1910, le fils de Dakonedje du nom Ngara supervisait la circonscription jusqu’à sa mort en 1930. Son fils Dorebam le succéda mais infligeait des grandes peines à sa population. Ce qui occasionna son arrestation puis son transfert à la prison de Doba. Et son frère Mbarmbaye Ngara Barthelemy assurait sa suppléance jusqu’à sa mort en 1986. C’est après la mort de ce dernier que Betoubam Karkob Joseph prend les rênes de la chefferie jusqu’à sa mort le 5 octobre 2013.

Blague Par ce temps de chaleur torride, un peu vers 14h, Pierre, a fait escale au quartier Moursal pour prendre une bière fraîche pour tuer la soif. Après avoir ingurgité quelques verres de bière, il sort pour regagner son domicile. Surprise. Sa moto a disparu. Elle a été volée. Il retourne dans le bar et crie : “QUI A VOLÉ MA MOTO ?” Personne ne répond. Tranquillement il tire une chaise et s’asseoit et dit: “je vais prendre un autre verre de bière, si je fini et ma moto n’est pas là, je serais obligé de faire ce que j’ai fait au quartier Chagoua quand ils ont volé ma moto, mais je n’aimerais pas qu’on m’ oblige à faire cela ici”. Il termine sa bière et à sa sortie sa moto est là! Et les gens ont même pris le soin de bien la laver.

Blague des Jeunes de Yaroungou – Maro

Humour: la valeur de la langue maternelle… déjeuner, l’africain sachant que sa femme, dans son pays, pour prendre du thé ou du lait avec du pain, elle coupe le morceau de pain et plonge complètement sa main dans le verre avec le morceau de pain pour toucher du thé ou du lait avant de manger le morceau mouillé. Il eut l’idée ingénieuse de demander à son ami européen qu’il va d’abord prier en sa langue maternelle afin de permettre aux enfants d’entendre pour la première fois son patois.

La chefferie étant successorale, c’est Betoubam Allarassem Médard, fils de ce dernier qui a pris la relève de son défunt père. Il faut noter que c’est avec l’arrivée des réfugiés de la République Centrafricaine que la ville de Goré est devenue une ville humanitaire où l’on peut trouver plus de dix (10) ONGs (nationales et internationales). Aujourd’hui, Goré est cette ville accueillante, la ville aux couleurs de l’arc-en-ciel qui comporte cinq (5) camps des réfugiés (Amboko, Gondjé, Dosseye et Doholo) en plus de Bekan où se trouve les derniers arrivant et avec quelques sites des retournés (Danamadja et Kobitey). Israël TETERO, de Goré Un africain était invité en compagnie de sa femme par son meilleur ami européen pour venir passer des moments de vacances dans sa famille. L’africain arrive en Europe tout joyeux du fait qu’il va découvrir un autre continent. Lui, il est un homme responsable qui a fréquenté des grandes écoles en Afrique mais qui n’a pas eu la chance de traversée la méditerranée. Mais son épouse est analphabète donné en mariage au premier très tôt. Une fois en Europe, au moment du petit RET. Bridging the Gaps in Africa. The Americas. Asia. Europe. The Middle East. theRET.org

Le barman s’approche et lui demande: “qu’avez vous fait au quartier Chagoua quand votre moto a été volée ?” Il répond : “Imbecile, je suis rentré à pied non !”.

Ainsi, il s’est mis à prier dans sa langue maternelle en ces termes : « Madame, ici en Europe, on ne plonge pas la main avec du pain dans le thé ni du lait pour mouiller avant de manger mais plutôt on mange du petit en petit morceau et on avale le thé ou le lait après dessus et ainsi de suite. Je crois que tu m’as compris ? Et c’est au nom de Jésus que je t’en prie de faire ceci. Amen ! ». Ce que sa femme à exécuter à la lettre et lui à éviter la honte. Voilà pourquoi il est important que chacun garde sa langue maternelle car elle sauve dans certaines situations dans celle de cet Africain en Europe. Alpha ALLAHDINGUEM, Membre JP Kondéferrick


Comme la plupart des villes, villages ou hameaux de l’intérieur du pays, le canton Timberi, dans la Préfecture de Goré, Département de la Nya Pendé, n’échappe pas à la règle avec son marché hebdomadaire. A 25 km de la ville de Goré et à plus de de 80Km de Moundou, la capitale économique du Tchad, ce canton est essentiellement agro-pastorale, on y pratique également de la pêche et surtout le petit commerce, une fois par semaine. Et c’est le vendredi qui en est le jour choisi. Timbéri rompt un peu son relatif enclavement tous les vendredis à la faveur de son marché hebdomadaire qui fait converger une fois par semaine plusieurs centaines de personnes dans ce canton du département de la Nya Pendé. En pleine forêt, coincé entre Goré, Moundou, Bébédja et Doba (quelques 7 Km du camp des réfugiés de Dosseye), dans une zone agro-sylvopastorale, le canton Timbéri revit pratiquement au rythme de ce rendezvous marchand.

Le marché hebdomadaire de Timbéri, un véritable rendezvous de négoce entre autochtones, réfugiés et allogènes.

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Tôt tous les vendredis, ce regroupement des villageois érigé en canton en 1938, est assailli par une foule, marchands et acheteurs où autochtones, réfugiés et allogènes se voient en frères, les uns cherchant à écouler leurs produits, les autres en quête de bonne affaire et de provision, le temps que la semaine passe. Ils arpentent les allées de ce marché, sous les crachins de ce vendredi 06 juillet, investissant tous les coins et les recoins à la première heure de la matinée, certains guidés par des haut-parleurs déployés çà et là appelant les acheteurs. Sous un hangar amélioré, Ali Mahamat, la quarantaine entamée tient un petit commerce de produits cosmétiques dont certains exposés sur une grande natte. « C’est une habitude ici au marché de Timbéri que les habitants des villages environnants dont les réfugiés de venir faire des provisions ici au marché chaque vendredi », confie-t-il avant de se faire interpeller par des clientes se renseignant sur les prix de certains produits. Après avoir fini avec ses clientes, Ali Mahamat désigne deux adolescents qui l’aident dans sa tâche. « Ces enfants viennent chaque vendredi avec l’aval de leurs parents pour trouver quelques choses à ramener à la maison », explique le commerçant sans doute pour mieux dire


combien ce marché hebdomadaire est couru. Non loin de là, Djido et Brahim, deux réfugiés du camp de Dosseye tiennent des plateaux sur lesquels sont posés des verres et des théières à l’autre main. A l’évidence, la vente du thé est le gagne-pain de ces deux jeunes réfugiés. « Je sers du café, thé ou du lait aux gens qui sont dans le besoin et ce, respectivement à 50 et 100 F CFA. Les jours du marché, mes gains vont jusqu’à 3 000 ou 4 000 FCFA », confie Djido. Et Brahim tout joyeux d’ajouter : « c’est le commerce je fais aussi dans le camp pour avoir de quoi pour s’occuper de ma famille ». Que Memadji, une marchande venu de Moundou pour le marché hebdomadaire, déjà les jeudis, les marchands viennent de tous les villages environnants chargés de marchandises de tout genre : du bétail, de la volaille, des tubercules, des produits maraichers cultivés sur place pour la plupart par des femmes de la localité réunies en coopératives. Il y a également des articles manufacturés en nombre suffisant. Bref, tout ce dont on peut avoir besoin au courant de la semaine. Il faut donc s’approvisionner car, le marché n’est pas quotidien.

de sept ans maintenant. Mais bien que ça marche, nous rencontrons quand même des difficultés. Nous partons loin dans les villages, acheter le bétail avec la saison des pluies, ce n’est pas facile ». Assise devant son étalage de légumes, Marie Djasrabé, une quinquagénaire, attend des clients. Elle fait partie de ces nombreuses femmes réunies en coopératives et qui évoluent dans la culture des produits maraichers : “C’est bien que les journalistes viennent nous voir car, nous rencontrons quelques difficultés dans notre travail. Le travail de la terre demande des moyens. Nous avons besoin de matériels, de l’engrais et d’autres pesticides pour bien produire”, Conclut-elle en recevant sa première cliente de la journée. Le Tchad, c’est aussi l’intérieur du pays où l’économie prospère mieux grâce aux efforts des populations hôtes, des réfugiés et des allogènes, une source de revenu de grande importance. ALNOUDJI Aldo, Village Timbéri – member JP.

A l’ombre d’un manguier, entouré de son bétail : des chèvres et des moutons, Allarassem nous parle de son commerce et des avantages qu’il tire de ce marché hebdomadaire : “Moi je vends des chèvres, des moutons et parfois même des bœufs. Mais je dois dire que ça marche bien pour moi car, avec ce commerce, j’ai construit ma maison, je me suis marié et j’ai cinq enfants que j’entretien avec les bénéfices que je tire. C’est surtout les étrangers qui achètent le plus souvent en nombre. Les autochtones aussi en achètent soit pour leur cérémonie de baptême ou pour l’élevage. Et certains de mes clients réfugiés achètent pour faire les grillades qu’ils vendent au camp. En tout, ça va », se rejoint-il. Sinon les femmes, organisées en groupement féminin, elles, rassurent qu’en cette période de culture, leur seule affaire reste la vente des produits de récolte de l’année dernière. “Le sac d’arachide coûte pour le moment autour de 12 000 FCFA. Nous avons fait du stock que nous revendons aux cultivateurs puis le reste, pour la semence de cette saison afin de revendre après les récoltes vers le mois de mars. Dans notre groupement, nous aimons ce business”, confie Dénaram. Toutefois, des difficultés assombrissent parfois leur négoce : « nous pratiquons ce commerce depuis près RET. Bridging the Gaps in Africa. The Americas. Asia. Europe. The Middle East. theRET.org

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Mon frère, ma soeur réfugié, voici pour toi mon mot TIENS MA MAIN, FAISONS CHEMIN! Au petit matin, c’est le début de notre histoire, Mais gardes toujours de l’espoir. Sur sa face se lisent toutes les douleurs, Jusqu’aux larmes sous la chaleur. Ta vie n’est pas du tout facile, Car tu avais tout perdu pendant ce moment difficile. Tu auras vécu au quotidien des difficultés, Mais saches que tu ne seras jamais rejeté.

Ton regard me fait sourire, Mais cela ne me fait pas rire. Je vois que tu es emporté, tes pensées sont ailleurs Mais sache que rien n’est éternel sur terre.

Il s’appelle Antoine. Il est resté pendant des

Grain de sel:

Pour avoir mal interprété un avis de décès, Antoine est resté scotché sur une branche d’arbre

jours sur une branche d’arbre en brousse car en suivant les informations étant sur l’arbre, il a appris le décès d’un de ses parents dans une autre ville. Et dans le communiqué il est demandé à tous les parents de rester sur place jusqu’à ce que la dépouille arrive au village. C’est ainsi qu’il est resté scotché sur la branche d’arbre jusqu’au jour indiqué de l’arrivée de la dépouille au village avant de descendre pour rentrer.

Frédéric KEMDE, membre JP Goré

La légende du lézard qui appelle au travail

Etre réfugi ce n’est pas un choix, Mais portes le en tout lieu même si c’est un poids. Chaque jour tu te souviens, Mais saches que tout changera demain.

Il était une fois, dans un village, à l’approche de la saison des pluies, le lézard conseilla au margouillat que le moment était venu de partir à la recherche de la paille pour réparer le toit de leur case car la météo annonçait des grosses pluies. Mais le margouillat, un véritable fainéant, refusa d’écouter les conseils de son ami lézard arguant que la météo n’est qu’une prévision et rien d’autre de concret. Pour moi, ta vie est chère, Ce n’est pas parce que tu as fui les atrocités que tu es réfugié Tu n’as jamais choisi d’être réfugié, Et tu n’es ni le premier, ni le dernier. Je suis et serai toujours avec toi dans la le bon et le mauvais temps Car toi et moi, sommes nés même Tiens ma main et faisons ensemble chemin Car nous ne sommes qu’un. Thierry DINGAM-ASBEY,Goré

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Comme annoncé, commença la saison des pluies et le lézard toujours prévisible alla à la recherche la meilleure paille. Le jour suivant, il acheva la réparation de la toiture de sa case. Il prendra ensuite le soin de rester dans sa case quand les nuages commencèrent à se former dans le ciel alors que le margouillat lui, a pris le temps d’arranger son fauteuil et s’installer confortablement sous l’arbre, siestant tranquillement sans gêne. De sa case, le lézard s’interrogea sur le sort de son ami en ces termes : “Que deviendra ce paresseux de margouillat alors que le temps était menaçant ?”. Quelques heures après, la pluie com-

mença à tomber avec orage et la case du margouillat fut complètement inondée. Ce dernier chercha un refuge mais en vain quand soudain il eut l’idée de demander à son ami lézard de rester avec lui. “Je t’avais prévenu qu’il fallait aller chercher de la paille pour réparer nos cases. Ce sont là les conséquences de ta fainéantise alors débrouille-toi”, répondait le lézard. En entendant ces paroles, le margouillat répliquât : “Oui, je reconnais avoir tort mais en tant que vrai ami tu ne peux quand même pas me laisser dans cette situation. Je suis humain et nul n’est infaillible alors je demande ton indulgence”. Alors le lézard laissa le margouillat entrer dans sa case où ils passèrent ensemble toute la saison des pluies jusqu’à la prochaine. C’est par la fainéantise que le margouillat n’a pas d’abri jusqu’aujourd’hui et ce qui l’oblige à se cacher sous les tôles. L’exemple du lézard est à prendre car c’est en travaillant qu’on peut développer un pays. Edmond ALNOUDJI, membre JP - Village Bekarbao

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les réseaux sociaux surtout sur Facebook. « Je n’aime pas lire et je ne sais même pas pourquoi », explique une écolière en classe de 3ème au Collège d’enseignement général de Bélom, camp situé à quelques 5Km de la ville de Maro. « J’ai beaucoup d’exercices, je n’ai pas de temps pour lire », souligne un autre lycéen inscrit en classe de Terminale D (série scientifique) quelques jours avant l’examen du baccalauréat 2018, du lycée de Maro. Ces témoignages, loin d’expliquer « la crise de la lecture », montrent une conjonction de facteurs et de prétextes que ces apprenants mettent en avant pour « justifier » leur « désamour » pour la lecture. Mais une seule chose est sûre : nous sommes loin de cette période où l’envie de lire impactait la réussite scolaire. C’est une lapalissade de dire que le plaisir de lire baisse chez les jeunes écoliers.

Crise de lecture: Que faut-il faire pour amener les jeunes à lire ? Bien que source de culture générale et de bien d’autres intérêts, la lecture, une des distractions les plus bénéfiques est de nos jours reléguée au dernier rang, surtout par la jeunesse. Dans le département de la Grande Sido, les jeunes préfè-rent s’adonner aux canaux audiovisuels et aux Nouvelles technologies de l’information et de la communication en lieu et place des livres. Cela n’est pas sans une certaine baisse de niveau de la langue française dont nous sommes té-moins aujourd’hui. Deux jeunes réfugiés centrafricains ont voulu savoir pour-quoi ce « désamour » entre les jeunes et la lecture. La lecture, cet excellent moyen d’acquisition de savoir, de connaissance, a perdu son rôle d’accès à la culture et à la citoyenneté. Aujourd’hui, les jeunes apprenants préfèrent de loin l’image au livre. Tout au plus, ils préfèrent la lec-ture numérique qu’ils trouvent plus facile. En tout cas, le constat est général

La baisse du niveau des élèves d’aujourd’hui trouve son explication dans plusieurs choses dont le manque de lecture. Selon des enseignants rencontrés, le désamour des élèves pour les livres est lié au décalage entre le programme qu’on leur propose et leur temps, leur culture.

dans les villages hôtes et camps des réfugiés : les élèves ne lisent plus, ce qui impacte leur niveau de langue, avec un français malmené. Moralité, les jeunes ne maîtrisent plus la conjugaison et les règles grammaticales. Les raisons pro-fondes de cette « crise de la lecture » sont à chercher dans les environnements scolaire et même universitaire, le faible niveau des élèves, les programmes dé-passés et inadaptés… Parents, élèves, enseignants, tous coupables? Pourquoi, les jeunes d’aujourd’hui ne lisent plus? Des jeunes élèves des lycées et collèges des camps de réfugiés et des villages hôtes rencontrés ne savent pas quoi répondre par rapport à cette question qui leur est posée. Ils se braquent… Ce n’est qu’après quelques moments d’hésitations, que certains tenteront, tant bien que mal, de passer aux aveux par des bouts de phrases. « Je n’aime pas lire », lance une élève en classe de 1ère Scientifique rencontrée au Lycée de Goré.

Et comme si cela ne suffit pas, avec le développement des Technologies de l’information et de la communication (Tic), la « lecture classique » comprise comme étant le fait de lire un texte imprimé n’est plus à la mode chez les jeunes. Ces derniers pratiquent, de plus en plus, ce qu’on appelle la « lecture numérique » c’està-dire lire directement sur l’écran d’ordinateur, de Smart-phones, sur des tablettes… « Je n’ai pas besoin de lire les œuvres au programme. Il me suffit juste d’aller sur Internet pour avoir tout ce dont j’ai besoin avec le résumé », nous apprend Fatou, élève en classe de 3ème. Elle révèle que le fait de lire l’œuvre intégrale est une véritable perte de temps. « Je télécharge toutes les parties du livre qui m’intéressent sur mon téléphone et je gagne du temps », confie-t-elle. Néanmoins, ces élèves interrogés admettent tous que la lecture numérique n’apporte pas autant de connaissances que la lecture classique. Mais elle est plus facile. « C’est vrai que la lecture sur le net n’est pas comparable à celle d’une œuvre avec des textes imprimés. Il faut admettre que nous ratons toujours quelque chose avec les raccourcis que le net nous propose », reconnait Brahim, élève en classe de 2nde Unifiée au Lycée de Maro.

Certains jeunes rencontrés expliquent qu’ils préfèrent mieux jouer au foot-ball ou aller sur

Des enseignants expliquent les raisons de la « crise de la lecture »

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Certains enseignants indexent les programmes scolaires qui, depuis longtemps, n’ont pas été révisés. « Les jeunes ne lisent plus parce que tout simplement, les livres qu’on leur propose ne sont adaptés ni à notre culture, ni à notre temps. Prenez une œuvre comme « Le Cid » de Pierre Corneille qui, en plus d’être vieux, est trop classique. Ce livre ne nous raconte pas notre histoire », souligne un enseignant trouvé au Collège d’Enseignement Général de Bé-lom. A en croire l’enseignant, la littérature africaine qui est enseignée dans nos écoles souffre, elle aussi, des mêmes contrariétés. Des livres trop éloignés de notre temps chargent le programme tout au long du premier et du second cycle. « Regardez « Une si longue lettre» de Mariama Ba, c’est un livre qui n’est même pas de la génération de nos mamans. Et, pourtant, on le propose tou-jours à nos élèves. De même que « Sous l’orage » de Seydou Badian qui évoque un conflit de génération qui n’est plus d’actualité », a-t-il fait remar-quer. «Tout est question de culture, par exemple, « L’Etranger » d’Albert Camus, c’est un livre africain mais, les élèves ne le comprennent pas tout simple-ment parce qu’ils n’arrivent même pas à situer le contexte », dit-il. Par ailleurs, M. Guelnodji, professeur d’histoiregéographie situe le problème dans un autre registre. A son avis, les élèves développent une certaine peur d’être désapprouvés, pour ce qui est de la lecture en classe. « Beaucoup d’élèves évitent de lire devant leurs camarades. Car, il suffit de faire une faute pour qu’on s’empresse de vous corriger, ou de rire de vous, comme si ce n’était pas normal », conclut ainsi le professeur. Carine LONODJI et Jules NARASSEM, Réfugiés à Bélom

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Journée mondiale de l’environnement: les réfugiés luttent contre la pollution plastique

Au camp des réfugiés de Dosseye, dans le département de la Nya Pendé, réfugiés et autochtones ont célébré avec faste et dans une ambiance bon enfant la Journée mondiale de l’environnement. La lutte contre la pollution plastique a été au cœur de cette cérémonie. Au camp de Dosseye, dans la préfecture de Goré, Département de la Nya Pendé, réfugiés et autochtones ont célébré ce 06 juin 2018, la Journée mondiale de l’environnement autour du thème : « combattre la pollution plastique ». La cérémonie officielle a été présidée par le Secrétaire général du Département de la Nya Pendé en présence des autorités administratives, militaires, traditionnelles et des acteurs humanitaires intervenant à Goré. Des animations musicales, folkloriques et théâtrales ont été au rendez-vous pour agrémenter la cérémonie qui a vu la participation massive des réfugiés et autochtones. Au cours de cette cérémonie, les interventions ont été orientées vers un même objectif : que chaque personne est appelée à faire quelque chose pour le bien-être de la Terre. La Journée mondiale de l’environnement, célébrée chaque 6 juin à travers toute la planète est l’une des journées les plus importantes célébrées de par le monde. Elle vise à encourager la sensibilisation et des actions mondiales en faveur de la protection de l’environnement et partant, lutter contre la pollution sous toutes ses formes. Depuis son lancement en 1974, cette journée est devenue une plate-forme mondiale de sensibilisation du public et elle est célébrée dans presque tous les pays de la planète terre. Lors de cette cérémonie, des paniers organiques ont été donnés à cent (100) ménages pour que ces derniers abandonnent l’usage des emballages plastiques qui polluent notre environnement. Dans le cadre de cette même lutte que le HautCommissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) a construit et déposé des bacs à ordure dans tous les camps de réfugiés de Goré pour la collecte, le tri et le recyclage (utilisation à des fins agricoles) des déchets plastiques. Pour mémoire, chaque Journée mondiale de l’environnement est célébrée autour d’un thème visant à attirer l’attention du grand public sur une préoccupation environnementale particulièrement d’actualité. Le Tchad, c’est aussi l’intérieur du pays où l’économie prospère mieux grâce aux efforts des populations hôtes, des réfugiés et des allogènes, une source de revenu de grande importance.

Conte: Le Chef de Canton, son éléphant et ses trois chefs de villages… Il était une fois dans un canton imaginaire du nom Sateignein, vivait des grands cultivateurs. Dans ce canton composé de trois villages, l’éléphant du Chef de canton dévastait à tout bout de chemin les champs des villageois et partant, de ses chefs de villages. Les habitants des trois villages décidèrent d’aller voir leurs chefs afin de trouver une solution à ce problème devenu feuilleton pendant la saison des cultures. Après décision de leurs habitants, les trois chefs se sont réunis pour aller trouver le chef de canton afin de lui transmettre la décision des habitants. Ainsi, les trois chefs se sont entendus sur ce à quoi il faut dire au Chef de canton. Ils se partagèrent donc les tâches afin qu’aucun d’eux ne puissent à seul frustrer le chef de canton et essuyer sa colère. Et le premier chef de village doit, pour commencer annoncer à son supérieur, le chef de canton : Chef, votre éléphant là ! Et le second chef de village d’ajouter : dévaste trop nos champs. Et le dernier devrait compléter en disant : Donc il faut le tuer. Ils arrivèrent alors devant chez le Chef de Canton de Sateignein mais étant un chef tout puissant, ils ont été pris par la peur et ne pouvant piper mot. Exaspérer du silence des deux premiers, le troisième pris le courage à deux main pour adresser sa parole au nom de son village. C’est ainsi qu’il dit : Chef, il faut tuer votre éléphant là car il dévaste trop nos chants et les villageois n’en peuvent plus.

Automatiquement, le Chef de canton avait compris qu’il faut tuer cet éléphant afin que la paix règne et que la récolte soit abondante. Sur le chant, le Chef de canton ordonne l’exécution de son éléphant puis nomme le troisième chef de village comme le supérieur des deux autres car pour lui, être chef c’est aussi être capable d’affronter l’adversité et surtout défendre son peuple et écouter sa voix. Et aussi être chef, nécessite d’avoir des bons conseillers afin de bien écouter son peuple pour qu’un jour, le goutte d’eau ne puisse déborder la vase. Comme moral et pour paraphraser le célèbre écrivain anglais Georges Orwell, “Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traitres n’est pas victime ! Il est complice”. Parce que les élections des Chefs sont des questions très cruciales et donc il faut bien savoir qui le nommé comme chef pour qu’il y ait un véritable développement. Ainsi, un Chef élu démocratiquement est toujours à l’écoute de son peuple. Ndorembaï Amine, membre JP Kondé Ferrick

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Le camp de Gondjé, aussi nourricière de la ville de Goré Au-delà de la vie de réfugiés, les habitants du camp de Gondjé, majoritairement agriculteurs mais aussi éleveurs des petits ruminants travaillent la terre pour non seulement se nourrir mais aussi ravitailler les habitants de la ville de Goré. Ce qui fait de ce camp un des greniers agricoles de cette ville. La coexistence pacifique au cœur de ce succès. Situé à 14 Km à la sortie sud de la ville de Goré, région du Logone Oriental, département de la Nya Pendé, le camp de Gondjé a été créé en décembre 2005 pour accueillir les réfugiés centrafricains qui ont fui les atrocités dans leur pays, la République Centrafricaine, entre les années 2003 – 2005. Le Camp de Gondjé, faut le rappeler, est un ancien village du département de la Nya Pendé mais délaissé par ses habitants pour des raisons de la recherche du mieux meilleur, laissant certaines vestiges. Avec une superficie de 7 Km², ledit camp est limité à l’Est par le village Beureuh, à l’Ouest par les villages Bétolo et Bedoumia et au Sud par la rivière Gondjé. Au Nord, on y trouve des hectares des champs (mil, sorgho, arachide, patates, etc.) appartenant aux autochtones et aux réfugiés, signe de cohabitation pacifique. Le Camp de Gondjé, pour mémoire, tire son nom de la rivière qui délimite ledit camp au sud, qui littéralement en Kaba, langue originaire de Goré qui signifie « jumeaux » en en français puisque Gondjé a été fondé par des frères jumeaux.

Comme dans les autres camps, la population du Camp de Gondjé est cosmopolite. Elle est composée des populations venues de diverses régions de la République Centrafricaine. Dans ce camp, chrétien et musulman militent pour le retour de la paix dans leur pays. Souvent, des caravanes de paix sont organisées par ces derniers marchant sur la seule grande artère que traverse ledit camp.

Le commerce comme activité génératrice de revenue « Ici, les échanges se font à travers un marché journalier ravitaillant les habitants par des produits de premières nécessitées. Le grand marché se trouve au camp d’Amboko, à environ 10 Km d’ici ou soit à Goré », explique le président du camp, Mbaïndôh Martin. Quant aux habitations, elles sont presque en paille excepté les infrastructures communautaire. « Ceci fait que chacun se retrouve comme s’il est dans son village en Centrafrique », commente un adulte. Le climat, quant à lui, est du type tropical avec deux saisons (sèche et saison des pluies qui débute au mois d’avril jusqu’au mois d’octobre) favorisant l’agriculture et la culture maraichère. La population est à majorité (plus de 98%) agriculteur. Ce qui place ce camp en première position parmi les autres comme étant le grenier de la ville de Goré, commentent certains humanitaires qui travaillent dans les trois camps de Goré. « Cependant, il faut

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reconnaître que ces derniers temps, la production agricole a un peu baissé suite à la mauvaise pluviométrie et aussi, par manque d’engrais pour pouvoir renforcer l’agriculture ou la culture maraichère. Avant, des multiplicateurs de semence donnent à la population agricole des meilleures semences pour labourer. Ce qui a aussi un peu diminué », explique Debah Daniel. A travers les semenciers, on y trouve les grands producteurs, des aviculteurs, des apiculteurs et même des dizaines de groupement maraicher qui font vivre l’économie dans le camp. Pour rappel, les habitants du camp de Gondjé ne sont pas seulement des agriculteurs mais aussi éleveurs des gros et petits ruminants. Et la volaille est bien développée dans ce camp. Un tour à n’importe quelle période de l’année permettra de se rendre à l’évidence.

La coexistence pacifique au centre de ce succès Pour les autochtones, si les réfugiés ont pu alimenter Goré et ses environs en vivre, fruit de leur culture, cela grâce à l’hospitalité des populations hôtes et aussi par les liens historiques et fraternels car les deux pays se partages les frontières et voire même les ethnies. « Nous avons accepté de partager nos terres avec les réfugiés car nous partageons les mêmes histoires, les mêmes ethnicités et les mêmes religions. Nous les considérons comme nos frères et nous avons décidé de les aider », confie Nangndôh Clément, chef de village de Beureuh. Tandis qu’un agriculteur estime qu’il s’agit d’un

partage de terres aux intérêts réciproques. « Avant, on n’avait pas assez de main-d’œuvre sur nos terres. On n’exploitait pas complètement les terres du coup. Aujourd’hui, grâce aux réfugiés, on exploite toute la terre cultivable. Les organismes donateurs nous ont également apporté de nouvelles technologies et idées et les récoltes se sont multipliées au fil du temps », explique-t-il. Pour Mbaïndôh Martin, le Président du camp des réfugiés de Gondjé, ce projet de gestion collective de la terre aura été salutaire. « Lorsque nous sommes arrivés au Tchad en 2005, la situation était normale avec l’aide humanitaire mais en 2010, les choses ont commencé par changer. Les rations alimentaires ont diminué. Et comme en Centrafrique, nous étions aussi agriculteurs donc capables de produire notre propre nourriture et même d’en vendre pour joindre les deux bouts que le partage des zones pour la culture a débuté », conclut-il. De quoi inspirer les autres pays qui accueillent nombre de réfugiés et qui sont confrontés au casse-tête de partage de terre.

Fabrice Armand DOUMKEL, réfugié au camp de Gondjé – membre JP

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Goré, ma sainte ville… Ma ville, Goré, ma sainte ville, Ton nom, ta réputation est universelle, Ville où tout est fraternel où règne la foi, Ville où les vieux, jeunes et enfants accueillent les étrangers.

Oh ma ville aux couleurs de l’arc-en-ciel, Tu es la mère de la solidarité, d’hospitalité et de charité, Ta foi ne connait ni la dualité ni la méchanceté, Tu es l’amie des étrangers. Oh ma ville, toi qui ne connaît pas la discrimination, ni la ségrégation ethnique, Je suis fier d’être ton fils, ma belle Goré, Tu es la mère des musulmans et des chrétiens, Toi qui éduque et dont tes enfants vivent de manière pacifique, Car la cohabitation, cohésion sociale sont tes noms,

Oh mère Goré, mère fraternelle, Je suis fier de toi, Tes enfants sont fiers de ce que tu es, Car tu es une mère éducatrice.

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