Nous sommes la multitude citadine. Nous sommes le flot croissant des urbains canalisés. Et par ennui, lassitude ou par flemme, nous avons cessé d’habiter le paysage pour en devenir les usagers.
Pourtant, aussi vrai que nous descendons du singe, nous dégringolons du paysan. Pas un ni une, autour de nous, qui n’ait un ancêtre brassier, fermier, métayer ou propriétaire. Pas un ni une qui ne puisse revendiquer une attache rurale. Mais pas un ni une, non plus, qui n’ait un jour voulu, par sottise ou par conformisme, dissimuler ses racines paysannes. Cette petite gêne, même passagère, fait de nous des ploucs au sens propre du terme, c’est-à- dire des êtres « à l’allure maladroite et gauche de paysans endimanchés (Larousse). »
Nous-autres urbains, méritons mieux ce qualificatif que les paysans véritables, à qui le souci permanent de bien nourrir les autres et de protéger les sols, confère une forme flagrante de noblesse.