196 • Quand arr<iva ·la mobi4isation de papa et de parr.ain, toute ga f•mille fut triste, et pendant quelques dours on ne ~it quui ~s; on dépensait te1ilement .p eu que quand on reman~, on trouva toutes les rnarcha'ltdises ·~fies..
Un au;tre donne cette noie, qui témoigne d' un œrWn egprit d'obse1!Vation: c ILe quartier parlait beaucoup de •la guern . Toutes 1es .personnes ~aoient devant la rposte. Nos .parents étaient rassemblés chez nous. Le Œendemain ·les hommes se donnaient ia main. •Les personnes qui ne se CAUSotient pas se causèrent ....• iLa 'l"&:onciJiation de tous ~es Français devant 1}e péril· commun est indiquée ici d'un trait précis. U01 écolier ~ de onze ans donne ce raocourci assez impressionnant de "'exode devant ·les ru-rœes ennemies: • Uartillerie passait tout ~e temps. L'on voyait des pauvres émÏigris avec des voitures pleines de meubles, de ma:tela.s, de couvertu· res ... . • On eut des ~s. &rit un autre qui passaient avec des voitures chargées et • des enfan& morts en ohemi.n, q,uï~s de tati-
rue. • Quand commença .Ja retraite, des pauvres Belges défilèrent a'Vec de g:rands chariots. Les colllpS de can0111 retentirent de plus en plus fort. Puis notre tour vint. Comme les Be~es, noua !karuèrent (pour: nous ~vacuâmes). Nous rencontrions des troupes à chaque instant. Puis wr •la route nous 'Voyions les obus tomber &Ur nos maisOD/8. • Plusieurs enfant<> notœt les ~ et ·les pH· faees des AaJemands. • Tout Je monde cachait ses provisions pour ne pas que :les AJ!emands ~prennent. Quand oo sortait de chez 1e bou~anger avec un pain, ~es .AJilemands nous :Je p.reoalient. On ne savaat pas quoi maoeer. . . . • n'en a qui font des oonlidences tou:ohantes· • Aftllt !la guerre ]e mangeais bien des peti~ rounnandises, mais maintenant nous gardons ~t rpoud'envoyer à papa ... • Sans qu'ils s'en ·r endent compte, l'a.fimosphère de ·ra i'Uer· re n'avre :J'âme des !petits: c Depu.is cre c~ menœrœnt de da guerre, tout est dum~. Tout
•e monde
s"ennuie; w• I!OUS semble &Vôi.r 1111 poids sur~ pojtrme .... ~ Et un autre: œa. tate: • Aovant la guerre, Jes plMtes pousaïeat bien. ·Maintenant, eLles son~ profan&s ....• ,MlM.. Ownesnil et Simon ~ont r-emarquer que Jes etdants ne citent guère que des petita détaiTs et qu'ill& Œes racontent uec une étranre impass ilbiliité; seu-lement par la naïve~ IIœme de •leurs petits détails typiques, œrtaines dt tes c copies s suggèrent une vision de 1a euer· re iqui est œLI'e que nous donnent les soldata de Stendhal. Les cdlilaborateUl'S du ,Mercure" concluent que Ua guerre ne vieillit pas l'eaiant, qu'el1e Ille ·lur enllève rien de son caractère naïf excessivement confi•ant, et ne •lui coafère aucune maturité, D'autre part, J'enfant reste objectif et n'ex;prime que très. rarement l'accuei:l intitrœ quill .fait au bolllleversement de la vie. En !Somme, actuell'ement, a'iruluence de !la guerre eur •l'esprit de ~·enfant est très minime, et Jl seiJ1hle que cette dnfluenœ nJ"agira. réellement qu'A mesure que :l'enfant g.ra.ndi;ra. . Roland OE MARES-
~Supplément du
Les Morts
3io 9 de ,f &cole,, (1918) l Ceux qui les. virent ont raconté qu' 1 .une grande tristesse était dans leur
cœur : l'a ngoi:>se ?oulevait leur poitrine, 11.5 ont 'Passé sur œtte terre i1s ont d~cendu le. fleuve du temps, 0;1 enten- 1 et comme fahgoues dJu travail de vdvre dit leu·r s _voix sur _ses bords, et !PUis l'on le~ant le~rs yeux au del, ils 1pleuraient~ n'entendit .p}us · nen. Où sont-ils? Qui Ou sont-1ls? Qui nous le dira? « Heure~ les morts qui meurent dans le nous le dira? «Heureux les morts qui Seigneur!,. 111eurent dans le Seiigneur ! , Des lieux inconnus où le fleuve se Pend~mt qu'ils passaient, mille omdeux voix s'élèvent incessamment bres vames se présentèrent à leurs re- !~Jerd, 1~'une dit: « Dw fonçit de J'aŒ:J îme i'ai· • gards: le mondt que le Ohrist a maudit leur montra ses grandeurs ses ri- crue vers v?u~, Seigneur, Seigneur, écou. chesses, ses vol•lljptés; ils le virent et tez m~~ gemissements, prêtez l'oreille à rn~ pne~e. Si vous scr.utez nos iniquités, avuuc:u.u _ne virent pJus que l'éternité. sont-Ils? Qui nous le dira? « Heu- . qui soutiendra votre regard? Mais près les morts qui meurent dans le Sei- de vous est la miséricorde et une rédemption immense. , !:. .Et l'autre : «Nous vous louons ô Semblable à un rayon d'en-haut une ~I~u! no_us ·vous , l:)~nissons: S~int, d~ns le lointain, aPfP•a raissait $au~t, Samt est le Seigneur, Dieu. des guide~ leur course; mais tous ne a~mees! La terre et les deux sont remregardaient pas. Où sont-ils? Qui i{J'hs de votre g loire. ,. . le dira? «Heureux les morts qui Et nous ~ussi nous irons là d'où p-arVariétés dans le Seigneur! :. tent :ce~ .plamtes ou ces chants de triom~ BATAJILLES D'AtJTRBFOIS Il Y en avait .qui disaient: Qu'est--ee ;phe. Ou serons-nous? Qui nous le dira? Voici tes chiffres des forces totales enga· 'ces flots qui nous emportent ? Y a- « 'He1:1reux les morts qui meurent dans gées dans quelques-unes des plus e-randes ·baquelque ·chose éliprès ce voyage ra- le Seigneur! " Lamennais. taillles de I11tistoire. ? Nous ne le savons :pas, nul ne le Au.sterJ'itz, 1805: Français 65,000, AutriEt •comme ils disadent cela les rêchiens 82,000; -Iéna, 1806: Français 54,000, s'éva~ouissaient. Où sont-ds? Qui Le grain de froment Prussiens 53,000; Wagram, 1809: Français le dira? «Heureux les morts qui 181,000, Autrichiens 128;000; Borodino, _1812: .,,,,,,.,,",. dans le Seigneur!» C'était un jour d 'a utomne triste et 'froid. Français 130,000, Russes 121,000; Waterloo, Y en avait aussi qui sem!blaient Dans toutes les haies, on apercevait les fruit·s 1815: ·f rançais 72,00), Anglais 70,200, Pru& un recueillement profond écoute~ rouges de l'églantier et dru sor b ier et sur chasiens '5,000; Sadova, 1866: Prussiens 160,<XX>, -parole secrète; et !PUis, Î'œil fixé qùe feuille ·le brouil·lard avait la·i s;é une petiote Autrichiens 220,000; Sedan, 1870: A11emandl le couChant, tout à COU(!> dis chan- perle; partout i1 n'y avait qu'herbe fanée et 154,000, Franç.11is 90,000; Liao-Yang, 1904: Ja.. .u~e .auro~e invisible et un jour qui feuiJ.les jaunies. Le long des chemins boueux ponais 200,000, Russes 180,000; Moukdetl, f~mt Jamais. Où sont-ils? Qui nous passait de temps en temps un c.hariot solitaire 1905: japona:is 310,000, Russes 400,000. dira? « Heureux les morts qui meu- dont le conducteur avait un gros caChe-ne; Toutes [es forces des deux combattants ne d~ns le Sei·g neur ! ,. de _la~e autour du cou, et de temps en te!Ilips , ~aient pas toujours part à Ba bata.ille. Mais, Entr.aînés ~pêle-mêle, jeunes et vieux, agiia1t ,s es bras pour av•i ver la ci.rouJation du par compa-raison, on peut dire que ·les troupea disparaissent tel que le vaisseaw sang et se réchauffer un peu. C'était vraiment al~emandes en France, qtiil comptent trois mil· tP<YUsse la tempête. On compterait un_iour triste; les hommes qu'on appelle des •lions ~'hommes, ont devant elles les sable~ de la mer que le nom- ,poeles se promenaient et se réjouissaient de un nombre notablement supérieur de de ·~x qui se hâtaient de p·asser. v~ir comme tout était u is te: ils mettaient cette ~tes. ·sont-1!s? Qui le dira? « Heureux tes tnstesse en ver.s et ·les vendaient à des jourqui meurent dans Je Sei•gneur ! ,. naux i'llustrés. . \
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