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un paquet de vieilles hardes, pressait sur ses lèvres haletantes un quartier de la poire, obj&t de la conteste. Les yeux, démesurément ouverts, se détachaient énormes sur une face cadavérique où la mort, qui ne devait pas être loin, mettait son sceau suprême. Les pommettes saillantes, la peau collée aux os, squelette avant d'avoir cessé de vivre, la malheureuse, à la vue de l'étranger, arrêta sur lui un regard angoissé. d'une fixité étrange. Pour un instant, le hoquet convulsif qui secouait ses épaules décharnées se calma. Pressentait-elle une tempête'? ... Les mioches, eux aussi, regardaient ... Une faible rougeur col01·aiL les joues du petit voleur. Le notaire, interdit, demeurait sans paroles. L'aspect de cette misère parlait haut à ses oreilles. Que venait-il faire chez ces pauvres diables L. une scène'? ... leur adresser des reproches'? .... lui, le richard, le repu? ... en aurait-Il eu le courage 'f..• La puérilité du motif qui l'avait poussé au milieu d'eux, le saisit. Pour la première fois de sa vie il veut bonte de lvi-même. Il toussota, sentant le ridicule de son entrée dans cette baraque, et cherchant, sans y parvenir, à se donner une contPnance. - Hem, hem ... beaucoup de fumée ici... se prit-il a dire. L'bomme se retourna. - De la fumée L. sapristi! nous en sommes aveuglés. La glace était rompue. Maître Pédrillon s'avança vers la matadP, et adoucissant sa voix, il lui adressa quelques questions. Ecartani ·le fragment de poire qui couVI'ait ses lèvres de sa main amaigrie, alle lui montra sa poitrine nue. - J'ai le feu ici.. . articula· t-elle avec effort. - Mais il fallait le dire. . . il fallait le dire ... fit le notaire, qui ne songeait pas à cacher sa compassion. Tout à coup il lui vint une pensée. Avec autant de précipitation qu'il en avait mis à entrer, il s'échappa sans mot dire, puis un moment après on le vit apparai· tre, essoufflé, cette fois apportant dans les poches de sa redingote les meilleures poires de son espalier. Il les déposa à côté de la femme, et avec un gros hem attendri, il lui glissa une pièce blanche dans la main. MARio***
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Décembre
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L'ECOLE PRIMAIRE REVUE PÉDAGOGIQ UE PUBLIÉ E SOUS LES AUSPICES DE LA
SOCIETE VALAISANNE D'EDUCATION L'ÉCOLE PRIMAIRE paratt chaque quinzaine, de Novembre à Avril inclusivement, ~ ~livraisons de 16 pages. P r b d 'abonneme nt pou r l a 8nis!iie, 2 fr. 5 0. Uni on postale 3 f'r. -'nnonces, p ria 20 ce11l, la ligne ou son espace. rr:ou.t ouvrage dont l'Ecole primaire recevra deux exemplaires aura dr01t a une annone" ou à un compte- rendu, s'il y a lie u.
SOMMAIRE : Attention. - De nouveau la lecture (.\m'te). - Les instituteurs _et l'abus du tabac. - De la musique et du chant (Smte}. - De l'émulation à l'é cole ( S1tite). La curio,s ité mise, à profit .. Partie pratique : Calcul écrit, ~~~blemes ~lonnes au tfermers examens de recrues. - V a riétés : L mstmctum dans larme bef..E[e. - Supplément : Le Génie des Alpes <Jalaz'smmes, par J1!ario. Du caractère. - la ! (Lég-ende d'E1Ztremont). - A quoz· peut ser11ir le sel. Tout ce qui concerne la publication doit être ~dressé à l'éditeur : M. P. PIGNAT, secrétaire au Département de l'Instruction publique, à Sion.