Les Diables rouges - Le livre officiel

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T EX T ES

— Jeroen Bossaert (Het Laatste Nieuws), interviews de Dries Mertens et Thomas Vermaelen — Pierre Danvoye (Sport Foot Magazine), portraits et interviews de Jean-François Gillet, Simon Mignolet et Kevin Mirallas — Pierre Deprez (RTBF), interviews de Michy Batshuayi, Christian Benteke et Kevin De Bruyne — Bart Lagae (Het Nieuwsblad), interview de Toby Alderweireld — Vincent Langendries (RTBF), interviews d’Eden Hazard et Vincent Kompany — Didier Schyns (Sudpresse), interview d’Axel Witsel — Kristof Terreur (Het Laatste Nieuws), interview de Thibaut Courtois — Sander Van den Broecke (Humo), interview de Jan Vertonghen — Joost Vandensande (Humo), interview de Marouane Fellaini

P H OTOS

(P H OTO NEWS )

— Jimmy Bolcina — Philippe Crochet — Peter De Voecht — Benoît Doppagne — Vincent Kalut — Sébastien Sme — Nico Vereecken

Avenue du Château Jaco, 1 - 1410 Waterloo www.renaissancedulivre.be Renaissance du Livre @editionsrl Les Diables Rouges — Le livre officiel Pierre Danvoye Graphisme : Philippe Dieu (Extra Bold) ISBN : 9782507053789 Dépôt légal : D/2016/12.763/12 © Renaissance du livre, 2016 Tous droits réservés. Aucun élément de cette publication ne peut être reproduit, introduit dans une banque de données ni publié sous quelque forme que ce soit, soit électronique, soit mécanique ou de toute autre manière, sans l’accord écrit et préalable de l’éditeur.

Achevé d’imprimer en mars 2016 sur les presses de l’Imprimerie V.D. (Temse, Belgique).


LES DIABLES ROUGES Le livre officiel

TE X TE S : P I E R R E DA N VOY E P H OTOS : P H OTO N E WS







Introduction

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La génération dorée Le football belge n’avait jamais disposé sur le pré un tel rassemblement de talents. Il y a unanimité, dans le monde entier ! Notre bande de génies remplit systématiquement le Stade Roi Baudouin depuis plusieurs années, fait exploser les audiences en télé, rassemble les foules devant les écrans géants partout dans le pays. Chez nous, c’est devenu une routine. Les Belges ont logiquement réappris à se qualifier pour les grands rendez-vous. À l’étranger, cette réussite continue à interpeller. On a du mal à comprendre une telle explosion. L’explication se trouve dans une exceptionnelle génération spontanée. La génération dorée, pour reprendre un terme souvent utilisé. À raison.

De Saint-Pétersbourg à Manchester, de Naples à Londres Les Anglais sont dingues des dribbles chaloupés d’Eden Hazard, de la créativité de Kevin De Bruyne, du charisme de Vincent Kompany, des parades improbables de Thibaut Courtois, des four magic Devils de Tottenham, de l’extraordinaire puissance de Romelu Lukaku et Christian Benteke – liste non exhaustive. Les Italiens craquent pour la niaque de Radja Nainggolan et le football frivole de Dries Mertens. Les Français ont découvert et apprivoisé le style Michy Batshuayi. Les Russes sont depuis longtemps sous le charme d’Axel Witsel et Nicolas Lombaerts. Les Espagnols ne se tiennent plus devant les arabesques de Yannick Carrasco et la classe naturelle de Thomas Vermaelen. De Saint-Pétersbourg à Manchester, de Naples à Londres, le phénomène Diables Rouges est devenu un vrai phénomène de société. Une curiosité qui intéresse la presse du monde. L’équipe nationale la plus chère du monde Cette réussite est d’autant plus extraordinaire qu’elle s’est produite à une vitesse phénoménale. L’époque où notre équipe nationale naviguait au-delà de la soixantième place mondiale et enchaînait les déceptions n’est finalement pas si éloignée. Aujourd’hui, les Diables sont présents à la Coupe du Monde et au Championnat d’Europe. Avec des ambitions élevées. Et pas mal d’autres missions spécifiques… Faire rêver un peuple, produire du jeu, rester dans le peloton de tête du sacro-saint ranking de la FIFA.



Introduction

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Nous avons l’équipe nationale la plus chère de la planète. Pour diriger ce noyau, quelques-uns des plus grands entraîneurs du monde viendraient à pied jusqu’à Bruxelles. On trouve des Belges au palmarès des meilleures individualités dans les championnats anglais et allemand, soit les deux références ultimes. Les trophées collectifs et individuels s’accumulent, saison après saison. Et, ce qui ne gâche rien, la moyenne d’âge de ce groupe est relativement peu élevée. La flamme, donc, ne devrait pas s’éteindre avant plusieurs années. Révélations Il reste à mieux connaître les hommes qui se cachent derrière les Diables Rouges. Cet ouvrage y contribue. Il révèle une multitude de secrets jusqu’ici bien gardés, dévoile des facettes méconnues de certains joueurs, explique leur quotidien dans un monde parfois artificiel, commente des histoires familiales à pleurer, revient sur des parcours mouvementés, mentionne des disparitions inquiétantes, met l’accent sur des petites manies, pointe des ambitions, évoque une concurrence compliquée à certains moments, détaille des activités étonnantes en dehors des terrains et quelques surprenantes reconversions avant l’heure… Interviews cultes Plusieurs joueurs se mettent à nu au travers d’interviews cultes. Les émotions ressenties lors de leurs premières sélections, l’emballement médiatique, le calvaire de blessures de longue durée, leur vécu de la campagne éliminatoire pour l’EURO en France, le match qu’ils n’oublieront jamais, leurs ambitions pour demain, la façon bien spécifique de vivre au sein de ce noyau et de gérer une réputation parfois tronquée… tout y passe. En toute franchise. Sans tabou.

P I E R R E

DA N VOY E


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En haut, de gauche Ă droite : Romelu Lukaku, Toby Alderweireld, Simon Mignolet, Axel Witsel, Nicolas Lombaerts, Jan Vertonghen. En bas : Luis Pedro Cavanda, Kevin De Bruyne, Radja Nainggolan, Eden Hazard, Yannick Carrasco.


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Toby Alderweireld Michy Batshuayi

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Christian Benteke

32

Yannick Carrasco

40

Nacer Chadli

46

Thibaut Courtois

52

Kevin De Bruyne

60

Mousa Dembélé

68

Jason Denayer

72

Laurent Depoitre

78

Marouane Fellaini

84

Jean-François Gillet Eden Hazard

98

Vincent Kompany Sven Kums

106

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Nicolas Lombaerts Romelu Lukaku Dries Mertens

132

Simon Mignolet Kevin Mirallas

138

142

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Radja Nainggolan Divock Origi

118

124

Thomas Meunier

156

162

Thomas Vermaelen Jan Vertonghen Axel Witsel

92

166

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DĂŠfenseur


Toby Alderweireld

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Toby Alderweireld PR E M I E R

D E

CO M PO

PREMIER M AT C H I N T E R N AT I O N A L

Chili / Belgique 29.05.2009

WILRIJK

2 mars 1989 CLUB ACTUEL

Tottenham Hotspur FC

CLUBS PRÉCÉDENTS

Germinal Ekeren, Germinal Beerschot Antwerpen, AFC Ajax, Club Atlético de Madrid, Southampton FC

Le football a piqué l’enfance, l’insouciance, la joie de vivre de Toby Alderweireld. Toby, c’est pour faire simple. Officiellement, c’est Tobias Albertine Maurits. Plutôt lourd à porter. Et, donc, une enfance sacrifiée. Son résumé de ses années de formation aux Pays-Bas : « Un enfer. » C’est d’abord un gosse insouciant et plein de vie quand il tape le ballon avec ses deux frères, dont l’un se prend pour Emile Mpenza. Toby, lui, est dans la peau de Mike Verstraeten, un boucher de l’histoire du championnat de Belgique, un découpeur assumé d’attaquants. Son innocence, sa vie heureuse, son sourire permanent, tout bascule quand il a quinze ans. L’Ajax Amsterdam vient le cueillir à Anvers. Dilemme familial. Toby est-il prêt pour ce grand saut ? Non. Mais il le fait quand même. Et là-bas, donc, c’est l’horreur. Au niveau du jeu, déjà, ce n’est pas simple. L’Ajax, c’est la formation de très haut niveau. « Dans ce club, on se fiche de savoir comment vous vous sentez. Un jour, mon coach m’a descendu devant tout le groupe parce que j’avais raté deux passes. Il m’a dit que si c’était pour jouer comme ça, je pouvais rentrer en Belgique. Aux Pays-Bas, quand on trouve que tu joues comme une merde, on te le dit en face. Et les compliments sont rares. »

« Viens me chercher, j’arrête » En dehors des terrains, son quotidien est encore bien plus pénible. Toby Alderweireld déprime complètement, il est plusieurs fois à deux doigts de craquer. Aujourd’hui encore, quand il évoque cette période, il n’est pas loin de fondre. « J’avais conscience que je sacrifiais ma jeunesse. J’allais dans une école d’Amsterdam qui était un ghetto, comme on en voit dans les séries américaines : 80 % de Noirs, 10 % de Sud-Américains, 10 % de Blancs. Je partais à six heures trente avec mon cartable et mon sac de foot. J’avais une demiheure de marche, puis je prenais le métro. J’avais une correspondance, puis un tram et encore une demi-heure de marche. Une heure et demie de trajet, chaque matin, qu’il pleuve ou qu’il vente. » Un soir, il appelle son père : « Viens me chercher,

j’arrête. » Ses frères le persuadent de mordre sur sa chique. Et donc, il s’accroche. Alors que les Néerlandais se moquent de son accent anversois, qu’on le provoque, qu’il ne se plaît pas dans sa famille d’accueil. « La galère. Mais au final, j’en suis sorti plus costaud. »

Une grosse blague pour sa première sélection Renforcé par l’expérience, ça c’est clair ! Toby Alderweireld grimpe jusqu’en équipe pro de l’Ajax, ce qui va lui permettre de poser dans sa vitrine trois trophées consécutifs de champion. Et aussi une Coupe des Pays-Bas. Entre-temps, il a profité d’une grosse blague belge pour devenir international. Printemps 2009. Les Diables sont invités à la Kirin Cup, un tournoi amical au Japon. Les forfaits pleuvent. Frankie Vercauteren, coach fédéral de passage, doit racler les fonds de tiroirs. Quand on examine aujourd’hui la liste de joueurs envoyés à cette Kirin Cup, on a du mal à ne pas rigoler. Pour plusieurs d’entre eux, c’est d’ailleurs – et évidemment – une belle aventure sans lendemain.

Toby le pieux Pas pour Toby Alderweireld. Frankie Vercauteren lui a fait confiance, ses successeurs confi rmeront : Dick Advocaat, Georges Leekens, Marc Wilmots. Aujourd’hui, il approche des septante sélections. Et quand il est appelé, presque systématiquement, il joue. Cette remarque de


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Défenseur

Wilmots, après la qualification pour l’EURO en France, a étonné et fait pas mal de bruit : « Pour l’instant, Alderweireld est le premier nom que je mets dans ma compo de départ. » Toby Alderweireld a la foi. Quand il rentrait dans sa ville, à Anvers, il s’isolait régulièrement dans la cathédrale pour échapper, l’espace de quelques heures, à son difficile quotidien amstellodamois. Il s’est fait tatouer, outre les prénoms de ses frères, cette même cathédrale, la Vierge Marie et Dieu. Dans ses interviews, cette formule revient fréquemment : « Ne rien lâcher. » Et sa niaque l’a emmené très haut. Après les Pays-Bas, il y a l’Espagne, la Liga, l’Atlético Madrid. Pour une seule saison et un temps de jeu limité. Mais quand même, il y a un nouveau titre national et une finale de Ligue des Champions. Assez pour forcer les portes du championnat anglais. Là-bas, une seule année dans un club de milieu de classement, Southampton, lui suffit pour passer à Tottenham. On parle déjà d’autre chose !

Tottenham, c’est le club des Belges. Toby Alderweireld y rejoint Mousa Dembélé, Jan Vertonghen et Nacer Chadli. Il considère toujours qu’il est « trop gentil pour le monde impitoyable du football », mais il fait le boulot avec une grosse cylindrée de la plus grande compétition du monde. La charnière centrale défensive des Spurs, c’est Alderweireld – Vertonghen, point à la ligne. Le back droit incontournable des Diables Rouges, c’est Tobias Albertine Maurits ! Il a fait un carton presque plein à la Coupe du Monde et n’a raté qu’un petit quart d’heure dans les éliminatoires pour l’EURO. Le discours de Marc Wilmots sur son premier choix surprend déjà beaucoup moins.


Toby Alderweireld

« C’est pareil pour les footballeurs et les politiciens : tu peux faire du bon boulot toute l’année, puis il suffit d’une mauvaise décision pour que tout le monde se dresse contre toi. »

Toby Alderweireld a acquis en Angleterre les ficelles du métier de défenseur.

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Défenseur

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Il est actuellement le premier nom que Marc Wilmots met dans sa compo de départ.

« J’ai longtemps été une espèce de force tranquille qui faisait le sale boulot pour le reste de l’équipe. Mais je suis plus que cela. »


Toby Alderweireld

« Il y a des Diables plus populaires que moi, ce n’est pas un souci » INTE RV IEW

Bart Lagae — Het Nieuwsblad

Tu n’as pas toujours reçu la reconnaissance que tu méritais, mais ces derniers temps, tu es un homme en vue. Aussi bien en équipe nationale qu’à Tottenham. C’est agréable, ce passage dans la lumière ? ¬ Quelque part, oui. J’ai longtemps été une espèce de force tranquille qui faisait le sale boulot pour le reste de l’équipe. Mais je suis plus que cela. C’est surtout en Angleterre que l’on souligne mon efficacité. Plus qu’en Belgique. C’est peut-être dû aussi au fait que je n’ai jamais joué dans le championnat de mon pays. Quand as-tu commencé à avoir l’impression que les Belges te sous-estimaient ? ¬ Au moment où on continuait à commenter le soi-disant problème au poste de back droit. Moi, je trouvais que je me débrouillais très bien à cette place. Mais on n’arrêtait pas de répéter qu’il y avait un souci dans cette zone du terrain. Je reconnais que c’était vrai à mes débuts, à une période où je n’ai pas joué mes meilleurs matches. Mais, progressivement, j’ai commencé à atteindre un bon niveau. On a alors signalé que mon apport offensif était insuffisant. Alors que je multipliais les assists. Je ne comprenais pas.

Le poste y est sans doute pour quelque chose. Les défenseurs sont moins médiatisés. ¬ Tout à fait. Et c’est aussi dû à ma personnalité. Je ne suis pas du style à me mettre en avant. Il y a des Diables Rouges plus populaires que moi. C’est même logique, et à mes yeux, ce n’est pas un souci. Je suis satisfait de mon rôle. J’essaie de faire mon boulot le mieux possible, tout le reste ne me préoccupe pas tellement. Je préfère rester basic. Et j’apprécie que mon entraîneur me complimente. Certaines personnes remarquent l’importance de tous les joueurs, pas seulement des buteurs. Les blessures à répétition de Vincent Kompany risquent de te renvoyer vers le centre de la défense, non ? ¬ S’il est opérationnel, il joue toujours. Si pas, l’entraîneur doit faire ses choix. On me demande souvent si ce ne serait pas, pour moi, une belle occasion de prouver ma valeur dans l’axe, comme je le fais avec mon club. Mais je me sens bien à droite avec les Diables Rouges. Et ça me dérange vraiment qu’on continue à évoquer un problème à ce poste. J’y ai quand même montré suffisamment de bonnes choses depuis quelques années, non ? J’y ai disputé plus de la moitié de mes matches avec l’équipe nationale. Et j’ai besoin de pouvoir me concentrer sur une place bien précise. Si tu quittes le poste de défenseur latéral pour jouer

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dans l’axe, on aura un souci à droite… ¬ C’est vrai, et c’est une plume à mon chapeau ! Depuis dix ans, on a essayé, pour ainsi dire, une cinquantaine de joueurs à droite. Et moi, cela fait longtemps que j’y atteins un bon niveau. J’aimerais donc rester à cette place et je pense que je peux encore progresser dans ce rôle. Je ne suis peut-être pas un back droit moderne qui se retrouve régulièrement près de la ligne de but adverse, mais j’ai travaillé mes centres. Lors de la campagne qualificative pour l’EURO, j’ai donné des assists. Ce ne sont pas toujours des passes dignes d’Andrés Iniesta, mais ça veut quand même dire que je suis au bon endroit, au bon moment. Tu as joué avec le Suédois Zlatan Ibrahimovic à l’Ajax, tu as été le coéquipier de l’Italien Graziano Pellè à Southampton, tu vas les retrouver sur ta route à l’EURO. Lequel des deux t’effraie le plus ? ¬ Les Italiens sont toujours compétitifs dans les grandes occasions. Et ils auront probablement une envie de revanche suite à leur défaite récente en match amical, à Bruxelles. Un tournoi n’est jamais comparable à un affrontement sans enjeu, cela risque de jouer dans la balance. Notre équipe devra être au top ce soir-là. Même chose contre la Suède. Ibrahimovic est le plus doué des Suédois, c’est clair.



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