La Lettre du Limousin 82

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VOS ÉLUS

La tribune des groupes politiques du conseil régional peut s’accorder sur l’achèvement de l’intercommunalité et sur le renforcement du rôle des Régions, certaines, si elles étaient adoptées, accroîtraient la confusion des politiques publiques. C’est en particulier le cas pour l’idée de fusion des Régions et des Départements. Ces réformes demandent, si on veut qu’elles réussissent, des relations apaisées et respectueuses entre l’État et les collectivités. Jean-Marie Rougier Président du Groupe Socialiste

GROUPE ALTERNATIVE DÉMOCRATIE SOCIALISTE LE BOUCLIER SOCIAL

CRISE ÉCONOMIQUE ET MOUVEMENT SOCIAL Le gouvernement qui a longtemps nié l’entrée en récession, admet aujourd’hui des prévisions catastrophiques. La remontée brutale du chômage, de 170 000 chômeurs, va se poursuivre en raison de licenciements massifs. Jusqu’à 500 000 demandeurs d’emploi supplémentaires sont prévus. L’inquiétude face à la crise, le rejet de la politique de Sarkozy, ont engendré un mouvement social de grande ampleur qui se radicalise. L’exemple de la Guadeloupe est représentatif à cet égard et les journées d’action du 29 janvier et du 19 mars ont mobilisé des cortèges immenses. Malgré les quelques mesures fiscales et sociales concédées, l’opinion reste insensible aux gesticulations du Président de la République. Une véritable fracture sociale est en train de s’établir. Sarkozy ajoute à l’exaspération en maintenant le cap sur des choix tels que le bouclier fiscal en faveur des plus fortunés, le démantèlement de l’emploi public… Le patronat donne l’impression d’utiliser la crise comme prétexte pour remettre en cause le code du travail et justifier des délocalisations et des licenciements. Comment peut-on accepter la rémunération moyenne annuelle brute des patrons du CAC 40 (4,7 millions) alors que le SMIC annuel brut s’élève à 15 852 a ?

Où en sommes-nous de la relance économique ? Le plan de relance gouvernemental a été fortement critiqué pour deux raisons principales : le manque de moyens financiers mobilisés et l’absence de soutien à la consommation. Le chiffre officiel de 26 milliards d’euros, c’est 1,5 % du PIB alors que les USA consacrent 5,6 %, l’Allemagne 3,3 % à leurs plans respectifs. Au PS, nous pensons que le gouvernement ne pourra pas faire l’économie de mesures fortes pour le pouvoir d’achat.

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L’augmentation des minimas sociaux, du SMIC…la baisse de 1 point du taux de TVA, sont quelques unes des mesures envisageables. Notre plan évalué à 50 milliards d’euros s’accompagnerait d’une remise à plat des politiques fiscales afin de dégager de nouvelles recettes. L’annulation de la loi TEPA c’est 10 à 15 milliards d’économie par an, la suppression des niches fiscales, une imposition accrue des stocks options, voilà quelques propositions pour assurer le financement cohérent et équilibré d’un plan de relance efficace. Le gouvernement envoie dans les régions des ambassadeurs UMP, pour vérifier l’application de ces mesures de relance. Mme la députée du Tarn et Garonne, chargée de cette mission pour M. Devedjian, ministre de la relance, devra nous expliquer comment sont évalués les dizaines de millions accordés au Limousin. Le dossier de presse de la préfecture de Région annonçait un effort exceptionnel de 52 M a mais une analyse un peu plus fine révélait que ce chiffre résulte d’un étonnant amalgame entre des autorisations de programme nouvelles et des crédits de paiement correspondants à des opérations en cours. Compte tenu du retard dans la mise en œuvre de crédits d’État, ce plan de relance ne constitue qu’un exercice de rattrapage insuffisant pour notre Région.

Des réformes précipitées Nicolas Sarkozy avait annoncé une politique de rupture. Après deux ans de mandat, on peut parier que beaucoup de promesses électorales ne seront pas tenues. De nombreux projets sont différés, avant d’être définitivement retirés… La boulimie réformatrice de la Droite montre ses limites. C’est le cas dans les domaines de l’éducation et de l’enseignement supérieur. La réforme précipitée du bac pro en 3 ans applicable à

la rentrée 2009 montre déjà ses limites. Elle risque d’aggraver les phénomènes de décrochages scolaires déjà massifs dans les voies professionnelles. A l’heure où tous les signaux sont au rouge pour l’emploi des jeunes, il n’est vraiment pas opportun de sortir nos jeunes prématurément du système scolaire. Quant à la réforme des voies générales et technologiques, le gouvernement a du momentanément reculer tant les choix étaient illisibles et anxiogènes. Côté université, le mépris dans lequel le Président de la République semble tenir les chercheurs est profondément injuste. La gestion de la réforme de leur statut tout comme celle de la “masterisation” de la formation des enseignants en est le meilleur témoignage.

Taxe professionnelle et Commission Balladur Et qu’en sera t-il du projet de suppression de la Taxe Professionnelle et des propositions du Comité Balladur sur la réforme des collectivités Territoriales ? La suppression de la TP a été annoncée lors d’une intervention du chef de l’État. La disparition de cette taxe, 44% des produits de la fiscalité locale, a choqué l’ensemble des élus. Ils se demandent comment ils parviendront à équilibrer leurs budgets, et comment ils participeront à l’effort d’investissement. A ce jour, on attend toujours une décision quant aux mesures précises susceptibles de compenser cette suppression. On s’accorde, au-delà des clivages politiques sur la nécessité de simplifier l’organisation territoriale et de clarifier les compétences. Mais ce vaste chantier a soulevé des suspicions légitimes : suppression des Communes et des départements proposées par J.Attali, éclatement ou fusion des Régions imaginées dans la presse… À cela s’ajoute l’inquiétude d’une manœuvre politicienne du chef de l’Etat à la veille des élections régionales. Le rapport Balladur présente un diagnostic intéressant. Quant aux propositions si on

Chaque jour, de plus en plus de salariés perdent leur emploi dans des rafales de plans sociaux. Chaque jour, de plus en plus de ménages ont du mal à faire face aux besoins quotidiens. Chaque jour, de plus en plus de jeunes sont inquiets pour leur avenir.

Michel Fourgeaud

Et pendant ce temps là, comme si rien n’avait changé, des dirigeants sans vergogne, se distribuent des primes colossales, s’octroient des bonus faramineux et se font des matelas de stocks options. Alors qu’ils ont failli, qu’ils sont sous perfusion d’argent public et qu’ils font payer la crise à leurs salariés. Cette crise met au grand jour l’appât du gain sans limite qui est au cœur même d’un système économique dont l’unique moteur est le profit immédiat. S’opposer à de tels scandales n’est pas qu’une affaire de morale. Il faut une lutte sans merci contre les inégalités qu’engendre “naturellement” le capitalisme. Inégalités qui atteignent l’insupportable dans la société d’aujourd’hui où une minorité, protégée par le bouclier de M. Sarkozy, concentre de plus en plus de richesses. C’est un autre partage qu’il faut établir par un vrai changement et de nouvelles pratiques de rémunérations. La forte mobilisation unitaire qui s’est manifestée à deux reprises permet de l’espérer. Alors, continuons à pousser dans ce sens. Michel Fourgeaud Groupe ADS


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