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Spotlight : Intelligence ARTificielle Premier contact & Figures de l’ombre : Double page consacrée à Léonardo Da Vinci

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#3 15 Nov. 2018


Edito Intelligence artificielle : La maîtrise de la culture Après la vente d’un tableau réalisé par une intelligence artificielle pour 432 000 dollars chez Christie’s à New York, on est en droit de se demander jusqu’où ira cette technologie. Depuis les années cinquante, l’innovation en termes d’intelligence artificielle ne fait qu’augmenter, la mise en œuvre de ses robots dans les domaines culturels, comme l’art, ouvre le débat sur le devenir de ses machines. Ces nouveaux humains sont en constante évolution et réalisent des services et des tâches de plus en plus poussés, jusqu’à faire ce que produit l’Homme avec une exactitude épatante. Ce tableau a été créé par deux algorithmes dont un qui recense de nombreux tableaux, une combinaison qui permet d’arriver à une œuvre originale. Demain, vous aurez peut-être la chance de découvrir un livre écrit par un robot, ou encore écouter des symphonies produites par des machines. Picasso a dit : «Les ordinateurs sont inutiles. Ils ne nous donnent que les réponses» Même si aujourd’hui le contraire nous est montré, il reste un point qui n’est pas dirigé par l’intelligence artificielle c’est : la conscience. L’éternelle question que l’on se pose est de savoir si, un jour, nous serons remplacés par des machines ? Je ne pense pas qu’il soit question de remplacement, car ce qui nous différencie c’est notre invention, notre compréhension, notre compassion. L’intelligence artificielle a pour but de répéter des actions, de nous soulager des travaux pénibles, mais en aucun de produire par lui-même apporter, des sentiments ou un intérêt à sa création. Comme l’a dit Isaac Asimov : “La différence entre l’être humain et le robot n’est pas aussi significative que celle qui oppose l’intelligence et la bêtise.” Alors, sans doute les choses évolueront. Pour être sûrs de ne pas en perdre une miette, vous pourrez nous suivre sur notre page twitter, @RegardsMagazine. Bonne lecture, Clara Giannitelli, rédactrice en chef

La Rédaction

Valentin Colombani Katoo De Langhe Célia Demolis Clara Giannitelli Alexia Jeanney

Denis Lagouy Kévin Masegosa Baptiste Mulatier Victoria Philippe Arthus Vaillant


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Sommaire 4

Spotlight

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La vie est Belge

Intelligence ARTificielle

Requiem pour L

7 légère hausse

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La French Le budget de la culture pour 2019 en légère hausse

Les figures de l’ombre Leonard de Vinci : Un impact culturel éternel

Premier Contact Jean-Christophe Hubert : scénographe de l’exposition Leonardo da Vinci

Big Brtother

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Une publicité «trop politisée» retirée de la télévsion britannique

Regard Libre

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Les Justes, le théâtre d’un sanglant dilemme

Comme une image Flash L’image de la semaine et l’actualité en bref

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Intelligence ARTificielle Jeudi 25 octobre dernier, chez Christie’s à New York, était vendu le premier tableau « peint » par un programme d’intelligence artificielle. Le portrait d’un personnage fictif, Edmond de Belamy, issu d’une série produite par le collectif français Obvious. Sa vente a été un grand succès : estimé 7000 dollars, il a été adjugé pour 432 500 dollars.

Il a fallu rentrer 15 000 portraits puisés à travers

Sigature de l’IA

l’histoire de l’art du XIVème au XIXème siècle dans le programme d’algorithme qui a créé cette nouvelle image. Le portrait d’un homme trapu, en redingote noir, le regard imprécis, légèrement flou, comme sur un vrai tableau du XIXème siècle. Pour obtenir ce résultat les trois Français, créateurs d’Obvious, ont utilisé une technique appelé « Gan », pour « réseaux antagonistes génératifs ». Un procédé inventé en 2014 par le chercheur américain Ian Goodfellow et dont la formule est celle qui fait office de signature sur les œuvres du collectif français.

On parle de « réseaux contradictoire » car l’image est créée par deux algorithmes qui se confrontent l’un à l’autre. Le premier génère des images successives tandis que le deuxième les compare à des œuvres existantes pour voir si c’est réaliste ou si ça ne ressemble à rien. Le procédé est répété en boucle jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible de dire si c’est un humain ou un ordinateur qui a créé l’image, on estime alors qu’il s’agit d’une œuvre originale.

Spotlight

Mais est-ce de l’art ? Quand on s’inscrit dans le domaine culturel, ce procédé soulève une question importante et controversée : la toile d’Edmond Belamy est-elle une œuvre d’art ? Si le débat est récent il n’est pas nouveau. Ce tableau n’est pas la première œuvre créée par intelligence artificielle. En 2016, un algorithme avait également réalisé le tableau « un nouveau Rembrandt », plus vrai que nature. L’an dernier, des algorithmes de Google ont écrit des poèmes, à partir de recueils et de romans à l’eau de rose. En musique aussi, l’IA fait son che-

min. En 2016, un laboratoire de Sony a créé une nouvelle chanson des Beatles. Si l’intelligence artificielle arrive maintenant à «créer», il y manque un sens, un besoin de faire passer un message, une information, un sentiment. Il y manque la conscience, ou l’inconscient de l’artiste. Un sentiment qui, jusqu’à aujourd’hui, est humain et sur lequel les scientifiques ne voient pas encore comment une machine pourrait égaler l’Homme. C’est d’ailleurs ce que pense l’un des trois Français, Gauthier Vernier, qui explique que « l’IA n’est pas capable d’exprimer une intention artistique. C’est aussi ce qu’affirmait au HuffPost François Pachet, le créateur du nouveau morceau des Beatles en 2016. «Les machines pourront surement créer, mais ne pourront pas savoir si ce qu’elles ont créé est intéressant, car elles n’ont pas de conscience. Le choix humain sera toujours primordial.» Reste à voir comment les artistes utiliseront ces nouveaux outils. Comment l’intelligence artificielle va-t-elle évoluer ? En constante évolution depuis une vingtaine d’années, l’intelligence artificielle fascine autant qu’elle effraie. Avec des prouesses réalisées de plus en plus remarquables, certains laisseraient penser qu’un jour l’IA arriverait au même niveau d’intelligence qu’un être humain, voire même qu’elle nous dépasserait intellectuellement. En mai 2017, des chercheurs des universités d’Oxford et Yale se sont penchés sur la question du dépassement intellectuel, au travers d‘une étude nommé : « When will AI exceed human performance ? » (Qui signifie en français : Quand l’IA surpassera-t-elle les performances humaines ?). Si les résultats à court terme peuvent faire sourire (gagner une partie d’Angry Birds à l’horizon 2021), les prévisions sur le long terme peuvent surprendre. En effet, selon cette étude, en 2103, les intelligences artificielles seront capables de mener des recherches sur … l’intelligence artifi© Christie’s cielle.


Faut-il se mettre à craindre l’intelligence artificielle ?

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Avec de telles perspectives d’avenir, la question mérite d’être posée. Dans un rapport publié le 21 février dernier, 26 experts internationaux indiquent les risques liés à l’intelligence artificielle. Ces derniers informent des risques d’attaques terroristes impliquant des IA. Le rapport contient des « scénarios hypothétiques ». Par exemple, la modification de systèmes contenant une intelligence artificielle et étant utilisé à des fins mal intentionnées (détournements de drones ou de véhicules autonomes visant à créer un crash ou une explosion). Dans un autre domaine, des « des États voyous, des criminels, des terroristes » pourraient interférer dans la politique internationale (trucages d’élections). Le rapport indique qu’avec un futur qui s’annonce de plus en plus connecté, les problèmes risquent d’être plus récurrents et les coupables plus difficiles à identifier : « Nous pensons que les attaques qui seront permises par l’utilisation croissante de l’IA seront particulièrement efficaces, finement ciblées et difficiles à attribuer. » L’avenir ne risque pas d’être sans souci même si le rapport des experts prend en compte le pire des cas à chaque situation.

Une IA créé pour présenter le JT L’agence de presse chinoise Xinhua, a créée la semaine dernière un programme conçu pour présenter le journal 24/24. L’androïde, qui ressemble comme deux gouttes d’eau, au présentateur vedette Zhang Zhao possède les mêmes caractéristiques qu’un vrai humain.

© capture d’écran de la vidéo « Xinhua AI anchor presents CIIE news reports »

Victoria Philipe Valentin Colombani


REQUIEM POUR L : MOZART EN AFRICAIN Requiem pour L. est la nouvelle production de deux belges: Fabrizio Cassol et Alain Platel. C’est une performance de danse et de musique. Cassol s’occupe de la musique, Platel de la mise en scène. La production est des ballets C de la B, Festival de Marseille et Berliner Festspiele. C’est une reconstruction d’un requiem de Mozart.

Alain Platel, né en 1965, est un metteur en

est différente: en Europe, la mort est liée au deuil et à la tristesse, en Afrique à la joie et à la fête. Parce qu’en Afrique, la mort est synonyme de fête et de joie, les musiciens deviennent des danseurs en scène.

scène et chorégraphe flamand. En 1984, il fonde les ballets C de la B, une compagnie de danse et de théâtre. Il est un des artisans de théâtre et de danse les plus polyvalents de la Belgique. Cassol, né en 1964, est compositeur et saxophoniste. Dans son travail, il réunit souvent différentes cultures musicales autour d’un thème. Il est constamment à la recherche de moyens pour écrire une nouvelle histoire avec de la musique existante. Ce n’est pas la première fois qu’ils travaillent ensemble. Leur collaboration a commencé en 2006 avec vsprs. Pitié! (2008) et Coup Fatal (2014) ont suivi. Ils se trouvent dans la manière dont ils créent un nouvel univers avec le répertoire européen comme source d’inspiration.

La mise en scène Alain Platel crée une traduction visuelle et physique d’images et d’associations qui sont évoqués par un requiem. A l’arrière-plan, un film en noir et blanc et montré. Les spectateurs voient une femme (L.) dans un lit, entourée de quelques personnes. Il devient vite claire que L. est mourante. L., une copine de Platel, savait qu’elle allait mourir et a accepté d’être filmé et d’intégrer le film à la performance. C’est pourquoi Requiem pour L. est un hommage à cette femme et, par extension, un Requiem pour Elles: toutes les femmes, tous les hommes et à la vie où la mort fait partie.

Mozart est mort avant d’avoir pu finir le Requiem. Après sa mort, le compositeur Franz Xaver Süssmayer a fini le requiem à la demande de son épouse Constanze. Cette histoire a inspiré Cassol, qui a repris les idées musicales de Mozart. Le requiem est interprété par quatorze musiciens de plusieurs continents. Ils modifient le Requiem en fusionnant leurs influences musicales. Ce n’est donc pas un Requiem classique. Le chant choral a été remplacé par des voix individuelles et il n’y a pas d’orchestre symphonique. Il y a des influences de jazz, d’opéra, de musique africaine … Cassol reste fidèle au contenu du texte latin du Mozart. Dans le requiem, les textes sont chantés dans différentes langues comme le latin, le lingala et le swahilli. Car les musiciens viennent de différents continents, ils ont tous des traditions différentes. Une tradition musicale différente, mais aussi leur tradition autour de la mort

Du 21 au 24 novembre, le Requiem sera présenté à Paris. Plus tard cette année aussi dans d’autres villes françaises comme Lille et Nice.

© standaard.be

La vie est belge

L’Interprétation du Requiem

Katoo De Langhe


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Le budget de la culture pour 2019 en légère hausse

En Europe, la France n’est pas le pays qui consacre le plus grand pourcentage de son PIB aux dépenses liées à la culture, aux loisirs et au culte. La Hongrie et l’Estonie avec respectivement 2,1% et 2% étaient les excellents élèves en la matière en 2015, selon des statistiques diffusées par Eurostat. Le Danemark, la Croatie, la Lettonie ou encore la Bulgarie ont des pourcentages plus élevés également. Mais la France est néanmoins au-dessus des autres grands pays européens avec 1,3% de son PIB dépensé dans le domaine de la culture, la moyenne européenne. A titre de comparaison, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie ne consacrent que respectivement 0,7%, 1%, 1,1% et 0,8% de leur PIB à la culture. Au niveau mondial, Donald Trump a lui décidé de supprimer la culture de son budget en 2018 afin d’effectuer des économies. Au Canada, Justin Trudeau a quant à lui doublé le budget culturel en 2015, en le faisant passer de 180 millions à 360 millions de dollars. Des montants néanmoins bien inférieurs à ceux en France, plutôt bonne élève en termes de dépenses culturelles.

« La culture est l’une des priorités du gouvernement »

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Baptiste Mulatier

LA FRENCH

En revanche, le budget consacré à l’audiovisuel public est en baisse de 36 millions et atteindra 3,86 milliards d’euros en 2019. Le gouvernement veut économiser 190 millions d’euros dans ce secteur d’ici 2022. Les crédits destinés à l’aide pour la presse et les médias sont également en baisse, de 5 millions d’euros. Le ministre de la culture Franck Riester a réagi à l’adoption du budget pour l’année 2019.

Pourcentage des dépenses liées à la culture, aux loisirs et aux cultes en Europe

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vembre les crédits accordés au ministère de la Culture. Les moyens financiers consacrés à la culture atteindront environ 10 milliards d’euros, comme lors de l’année 2018. Le budget est néanmoins légèrement en hausse puisque les crédits budgétaires sont augmentés de 17 millions d’euros et s’élèvent désormais à 3,63 milliards d’euros. Parmi les principaux bouleversements, 326 millions d’euros sont dédiés à l’entretien et à la restauration du patrimoine, soit une hausse de 4% sur une seule année. Une enveloppe de 34 millions d’euros est destinée à l’expérimentation du « pass culture ». L’objectif à terme est d’offrir 500 euros aux jeunes de 18 ans à dépenser dans le domaine culturel. Concernant les recettes, le projet lancé par Stéphane Bern nommé « loto du patrimoine » devrait rapporter à l’Etat environ 20 millions d’euros, selon le ministère.

La France, bonne élève au niveau européen et mondial

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Les députés ont voté dans la nuit du 1er no-

Il a affirmé que « ce budget est un montant confirmé », le « signe que la culture est l’une des priorités du gouvernement ».

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© Stéphane De Sakutin / AFP.com

Franck Riester, le ministre de la Culture, à l’Assemblée Nationale le 16 octobre dernier

L’Assemblée nationale a adopté dans la nuit du 31 octobre au 1 novembre les crédits budgétaires du ministère de la culture pour 2019. Ils atteindront 3,63 milliards d’euros, soit 17 millions de plus que pour l’année 2018.


Les figures de l’ombre les

Leonardo Da Vinci, un impact culturel éternel Léonard de Vinci, de son nom complet Leonardo di ser Piero da Vinci est un peintre et homme de science italien, également sculpteur, architecte et savant dans de nombreux domaines. Son influence est telle qu’il est considéré comme le plus grand inventeur de tous les temps.

L

En 1519, de Vinci meurt à l’âge de 67 ans. François 1er aurait déclaré alors, qu’il n’y a jamais eu d’homme qui en savait autant que Léonard, et ce dans tous les domaines. La maîtrise artistique de Léonard de Vinci pourrait avoir livré une partie de ses secrets. L’analyse de plusieurs œuvres exécutées par le maître florentin aurait en effet suggéré que l’homme souffrait d’un strabisme. Un trouble oculaire qui aurait conféré à de Vinci des capacités visuelles hors du commun. Le génie de Léonard De Vinci étonne plus d’un et depuis des siècles les gens ont essayé de théoriser la source de son talent artistique. L’exposition “Da Vinci - les inventions d’un génie”, actuellement à la Sucrière, retrace le parcours du maître.

« ’oubli est le vrai linceul des morts », disait George Sand. Nul doute que Leonardo Da Vinci est loin d’en être recouvert. Le père de la Joconde, portrait le plus célèbre au monde, est un inventeur hors-pair né dans la région de Florence. C’est au cœur de la Toscane que Léonard de Vinci intègre un atelier réputé et apprend les techniques qui feront de lui le génie que l’on connaît aujourd’hui. Sa réputation commence à se répandre dans toute l’Italie du Nord, au point de provoquer la convoitise du roi de France, François 1er, soucieux d’attirer à la cour, un savant de telle ampleur. A Amboise, la créativité de l’artiste italien devient sans limite et le Florentin imagine, avec plusieurs siècles d’avance, les ancêtres de nos voitures, et même de nos avions. Des inventions qu’il tenait à garder secrètes. Des secrets, Léonard de Vinci en cachait aussi à l’intérieur de ses tableaux, comme le mystérieux Sainte-Anne, œuvre du maître restée inachevée.

Kévin Masegosa © Chrono-frise


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Jean-Christophe Hubert: “L’exposition Leonardo da Vinci se concentre principalement sur son métier d’ingénieur plutôt que d’artiste” Historien de l’art et diplômé de l’Université de Liège, Jean-Christophe Hubert est actuellement directeur artistique des expositions «Collections & Patrimoines» qui ont pour but de révéler la vraie personnalité des grands artistes de l’histoire culturelle. Alors qu’il travaille déjà sur d’autres projets liés à Vincent Van Gogh ou Jean-Michel Basquiat, le scénographe belge tient actuellement l’exposition «Leonardo Da Vinci», présente depuis septembre à la Sucrière. L’homme revient alors sur le rôle et les techniques mises en place pour réaliser une rétrospective aussi ambitieuse du génie de la Renaissance.

© Marie Hélène GK

quatre ans à la mise en place de cette exposition. Il y a des ingénieurs, des historiens, des menuisiers, mais aussi des ébénistes qui ont travaillé sur le projet. Je ne suis qu’une pièce du puzzle. Malgré nos métiers bien distincts, nous avons tous réussi à oeuvrer ensemble. Qu’est-ce qu’on trouve à l’intérieur de l’exposition ?

Pourquoi avez-vous décidé de faire une exposition sur Léonard de Vinci ?

Cette idée m’est venue tout bêtement. J’ai eu la chance d’être commissaire d’une exposition il y a une dizaine d’années à Bruxelles. J’ai découvert làbas un engouement assez important pour le personnage mais également une certaine méconnaissance. Lorsque l’on évoque Léonard de Vinci, ce sont principalement les facettes de peintre et de dessinateur qui sont mises en exergue. Pourtant, on oublie souvent son gagne-pain principal qui lui permettait de vivre au quotidien : son travail d’ingénieur. En quoi consiste votre travail dans l’exposition Da Vinci – Les Inventions d’un génie ?

J’observe que vous employez “nous”, plusieurs personnes ont contribué à la réalisation de ce projet ? Au total, vingt-deux personnes ont étudié pendant

Comment avez-vous regroupé tous les croquis présents à l’exposition ? La difficulté a d’abord été de répertorier les manuscrits et les dessins de Léonard de Vinci que nous étions capables de transposer en machine. Une centaine de croquis de la main du maître ont été utilisés pour construire des maquettes et des répliques grandeur nature. Ce ne sont donc pas des objets empruntés mais bien reproduits pour l’occasion. Ils ont été réalisés sur base des dernières recherches faites par différentes universités européennes. Pourquoi avez-vous choisi d’exposer dans la ville de Lyon ? Le but de cette exposition est d’être itinérante. Elle a été conçue pour voyager et pour être transportée. Lyon est une ville importante de France, j’ai donc voulu établir une collaboration avec la Sucrière mais ce n’est qu’une étape car l’exposition a déjà été présentée à Bruges et Istanbul. Elle doit aussi passer à Liège, Barcelone et Moscou. Propos recueillis par Célia Demolis

Premier contact

Mon rôle a été de « scénographier » l’intégralité de l’exposition et d’en établir le contenu. Le but était surtout de montrer la facette d’ingénieur de Léonard de Vinci. Pour cela, nous avons dû mettre en place la réalisation de machines et de maquettes à partir de ses dessins.

L’exposition se concentre principalement sur ses dessins techniques et non sur ses œuvres peintes. On aborde forcément les créations artistiques du génie de la Renaissance mais simplement de manière assez survolée. Répartis par thème, on retrouve ses travaux liés à l’ingénierie que ce soit militaire avec les armes, hydraulique ou bien aérienne avec ses instruments de mesure. L’événement présente au total 200 objets ainsi que des manuscrits et des représentations en 3D.


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Une publicité «trop politisée» retirée de la télévision britannique

© capture de la publicité

Une « publicité de Noël », produite par Greenpeace et utilisé par les supermarchés Iceland, a été supprimé en Grande-Bretagne en raison de la ‘’charge politique’’ qu’elle évoquait.

A l’approche de Noël, le supermarché discount

Iceland avait conclu un accord avec Greenpeace pour la diffusion d’un spot publicitaire mettant en scène une jeune fille et un orang-outan. Sorte de court-métrage préventif, ‘’Rang-tan’’ met en lumière la destruction de l’habitat du singe par les producteurs de palmiers à huile. Le slogan qui devait apparaître à l’écran était, d’ailleurs, sans appel « Au nom de 25 orangs-outans qui meurent chaque jour. Nous n’utiliserons pas l’huile de palme jusqu’à ce que sa culture cesse de détruire les forêts tropicales ». Seulement, jugeant que « cela viole les règles du caractère apolitique de la publicité », comme le rapporte le média tchèque iDNES, Clearcast, régulateur de la pub en Grande-Bretagne, a décrété le retrait de sa diffusion. ‘’Clearcast estime que la publicité est de nature purement politique puisqu’elle a été produite par Greenpeace à l’origine, comme le précise le communiqué de presse qu’elle a été contrainte de publier suite au tollé suscité outre-manche’’, confirme Creapills.

« C’est une histoire qui doit être partagée avec le monde »

Selon Metronieuws, journal néerlandais, ce n’est pas la première action d’Iceland pour l’environnement. En effet, la chaîne de supermarché « avait déclaré, au début de l’année, qu’elle s’était engagée à ne plus utiliser d’huile de palme dans ses produits laitiers maison ». Fondateur de la société, Malcolm Walker a confié son inquiétude à Metronieuws « nous aurions aimé diffuser le film de Greenpeace comme notre propre publicité et nous avions leur permission. C’est une histoire qui doit être partagée avec le monde ». Évoquant l’urgence de la situation, The Guardian estime que « soixante-six million de tonnes d’huiles de palme sont récoltés chaque année pour créer toutes sortes de produits allant du rouge à lèvres au gel douche en passant par les bases de pizza et le chocolat à tartiner ». Cette surproduction « détruit l’habitat de l’homme de la forêt ». Dans cette optique, le Corriere de Viterbo insiste sur le fait que « cette substance aliFace à cette décision, The Independent ne cache mentaire est responsable de la destruction de pas son dégoût et titre « La pub de Noel d’Iceland l’habitat dans plusieurs pays, dont la Malaisie, est belle et courageuse. La décision de l’interdire ce qui explique pourquoi les orangs-outans sont pour cause de ‘’trop politique’’ est cruelle ». Shap- désormais une espèce menacée d’extinction ». pi Khorsandi, journaliste pour le quotidien britanArthus Vaillant nique, affirme que « cela fait autant de sens que de se plaindre qu’une annonce Dogs Trust nous manipule pour que nous soyons gentils avec les chiens ».


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« Les Justes », le théâtre d’un sanglant dilemme

© Aurélie Camus

Cette semaine, la rédaction a décidé de se pencher sur la pièce de théâtre « Les Justes » d’Albert Camus, mise en scène par Aurélie Camus. Un drame digne de son célèbre auteur grâce à l’interprétation poignante d’une thématique très forte.

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« n commence par vouloir la justice et on finit par organiser une police ». En écrivant ces mots, Albert Camus était probablement loin de se douter qu’ils seraient encore au cœur de l’actualité plus d’un demi-siècle plus tard. Les Justes, c’est l’histoire de cinq jeunes révolutionnaires socialistes russes, en 1905, qui projettent de tuer le grand-duc Serge, oncle du tsar et figure emblématique du despotisme. Le groupe, composé de Dora, Kaliayev, Stepan, Voinov et leur chef Annenkov, prévoit de commettre l’attentat lorsque le grand-duc se rendra au théâtre.

Grâce à une mise en scène certes simple mais efficace et de jeunes personnages fougueux, Les Justes est une pièce qui éveille et dérange les consciences.

Plus qu’une invitation à la réflexion, le jeu apporte luimême une part de réponse L’interprétation juste d’une à ce qu’est l’engagement thématique contemporaine idéologique. Jusqu’où nos idées doivent-elle s’arrêter ? Cette pièce en cinq actes, écrite La mort est-elle une consépar Albert Camus, en 1949, re- quence convenable lorsque lève de faits et de personnages l’on veut les faire entendre ? réels, quelques années avant la grande révolution de Russie. Re- Le spectateur ressort de la prise par Aurélie Camus, metteur salle de théâtre perturbé par (-se se dit aussi non?) en scène, la puissance du texte, propre et les comédiens de la compa- à Albert Camus. Il est alors mis gnie Le 6 Thèmes Théâtre, cette face à une thématique qui rappièce met lumière les difficul- pelle très bien l’actualité, près tés de la justice dans le monde de cent ans plus tard, (tu as et les limites de l’idéologie. parlé d’un demi-siècle avant). Une performance qui nous en- Le passé n’a jamais été autant traîne dans les recoins les plus d’actualité. Sûrement le restesombres de l’Homme, accom- ra-t-il encore pour longtemps. pagné de ses doutes et ses angoisses. Le spectateur se laisse Alexia Jeanney emmener dans un voyage guidé par de jeunes comédiens aux personnalités mordantes, justes à chacun de leurs personnages.

REGARD LIBRE

Des années de rébellion et des mois de préparation précèdent l’attaque. Les révolutionnaires s’apprêtent à délivrer le peuple russe de l’emprise de l’autocratie. Yanek, jeune poète assoiffé de justice, lancera la première bombe. Prêt à commettre son meurtre, il s’arrête à la toute dernière minute. Sans que personne ne l’ait prévu, toute l’opération est remise en question : le duc est alors accompagné

de sa femme ainsi que de sa nièce et son neveu, encore de jeunes enfants. Une question de moral et d’humanité s’empare du justicier et de ses camarades : est-ce légitime de tuer pour une idéologie ? (pas de majuscule après deux points).


© TOMAS BRAVO, REUTERS

2 novembre 2018 : Dia de los muertos (Fête des morts) Mexico Cette célébration est réalisé chaque année pour rendre hommage aux morts. Cette fête est reprise dans le monde entier.

Mort de Stan Lee, célèbre scénariste et éditeur des super-héros Marvel

X -Men, Spiderman, les Avengers ou plus récemment Black Panther, Stan Lee nous as quitté, lais-

Flash

sant derrière pléthore de films, comics, superhéros et fans du monde entier. De légende de la bande dessinée à scénariste de génie révolutionnant le comics, il fut l’instigateur principal du succès de la franchise Marvel. Décédé à 95,’’The Man’’ aura, par son génie, fait rêver toutes les générations. Excelsior ! Fête des lumière la programmation « féerique »

En Israel, le théâtre et le cinéma à l’heure de la censure

La fête des lumières aura lieu du 6 au 9 décembre à

Le gouvernement israélien pourrait, très bientôt, ne

Lyon. Au programme 4 kilomètres de circuit, du parc de la tête d’or à la cathédrale. Tandis que le parc de la tête d’or signe son grand retour la place des terreaux ne verra pas de grande illumination. L’animation phare devrait être celle de Marie-Jeanne Gauthé et Géraud Périole, vont créer un spectacle vivant, avec des oiseaux projetés dans le ciel et des personnages qui sortent des fontaines.

plus accepter de subventionner les films et les pièces de théâtre qui remettraient en cause l’Etat hébreu. En effet, une proposition de loi est sur le point d’être approuvée par la Parlement à ce sujet, après avoir été adoptée par le gouvernement le mois dernier. Après adoption par le Parlement les organismes soutenus par le ministère de la Culture pourront être privé de subventions si ces derniers produisent des œuvres artistiques qui ne feraient pas preuve de « loyauté » envers Israël.

Denis Lagouy


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