Onesha16

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MAGAZINE INTERNATIONAL Politique Économique Social Sportif…

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Janvier - Février 2015

Les 10 personnalités de l’Afrique 2014 RDC: Entre pressions et réalités ETATS-UNIS: Le racisme règne encore? MONDE / EUROPE 28ème Session ACP - UE: espoir et optimisme pour l’Afrique AFRIQUE: Football à tout prix, un rêve devenu cauchemar pour les jeunes... FASHION: Êtes-vous une cible ou vous la subissez!

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ÉDITEUR RESPONSABLE Victor OLEMBO LOMAMI DIRECTEUR DE PUBLICATION Cyrille MOMOTE KABANGE RÉDACTEUR EN CHEF Cyrille Momote Kabange RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT Fifi MBAMBI KUMBU Photos / Caméra Nathan Ndele Mayuba RÉVISION Yves Vandenbossche et Frédérique Diambu COMITÉ DE RÉDACTION Persyde Doowo Pascal Ntahompagaze Cornelis Landu, Israël Mutala, Cyrille Momote, Noella Kalanga, Sarah Mangaza Victor Olembo Lomami ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO Le journal du Cameroun, MFI SERVICE MARKETING Olembo L. Onya Naomi Marie Furaha INFOGRAPHISTE Tony Mpeye

NOTE DE L’EDITEUR Par Victor OLEMBO

victorolembo@oneshaafrika.net

Les modèles dans le collimateur d’Onésha Afrika Notre magazine s’est donné pour horizon d’être à cheval sur l’objectivité dans ses analyses et l’honnêteté intellectuelle dans ses commentaires. Deux principes intangibles auxquels s’ajoute la conscience citoyenne que d’aucuns baptisent du nom de patriotisme. Ces trois instants de réflexion participent d’une manière dialectique à catalyser la volonté populaire pour sa mobilisation en vue du développement. C’est pourquoi Onésha Afrika fidèle à sa ligne éditoriale s’évertue à remettre l’église à sa place, au milieu du village. Dès ce numéro, nous entreprenons de démontrer la pertinence d’une réalité qui s’observe au travers les actes et réalisations de nos compatriotes auxquels les instances au sommet de l’opinion publique à l’étranger rendent un hommage mérité (voir l’éditorial de Cyrille Momote Kabange en page 5) A mon tour, je rends ici un vibrant témoignage à toutes ces femmes victimes de violence en tout genre et qui réapprennent à vivre… La prochaine livraison par contre, consacrera un dossier complet à cette question cruciale pour un changement de regard sur la marche des affaires nationale en RDC à la vue des énormes progrès qui s’opèrent, en dépit de certains ratés. Et pourtant ceux-ci ne devraient pas être noyés

dans une critique inappropriée, injuste et sans consistance. Chacun connait l’aphorisme de Jésus-Christ dans les évangiles : « Rien n’est pire que celui qui a les yeux pour voir et ne veut pas voir, les oreilles pour entendre et ne veut pas entendre ». Ainsi, votre magazine, Onésha Afrika, continue de veiller scrupuleusement à son indépendance, et ne tient absolument pas à se soustraire de son devoir de réveilleur de conscience car, l’histoire a prouvé que la démocratie ne peut se réaliser dans la cité qu’à la condition qu’elle s’appuie sur un peuple qui croit à son propre destin au travers des modèles auxquels il s’identifie. Si Dieu écrit l’histoire avec des lignes courbes, les peuples l’écrivent avec leurs échecs et parfois avec leurs traits de génie, s’identifiant le plus ordinairement du monde aux personnalités d’exception dont les comportements intérieurs et extérieurs les apparentent à des modèles. Nier une telle évidence confine à la folie. Et cela coûte très cher. La RDC en a fait l’amère expérience. Onésha Afrika compte sur ses lecteurs pour rompre avec ce genre de déni qui s’est développé tout au long de l’histoire des Nations et a suscité des tendances mortifères dans l’inconscient collectif.

Onésha Afrika • Janvier - Février 2015 • Page 03


EDITORIAL

Les modèles en RDC gages d’une sortie de tunnel Par Cyrille Momote Kabange

S

’il y a un pays qui évolue très vite en Afrique, parmi les grands, c’est sûrement la RDC. Ici, contrairement aux apparences, ce sont les dimensions culturelles qui surnagent au milieu d’un océan de larmes que les circonstances tragiques de la survenue d’un grand territoire, véritable coffre-fort de l’humanité, sur la scène internationale, de son annexion à la Belgique et de sa décolonisation avortée, ont contribué à nourrir l’image d’un peuple de Zombies, c’est-à-dire d’êtres sans âmes.

ait cruellement des « têtes bienfaites » et c’est cela qui explique tous ses malheurs. A la lumière de ce qui a été exposé dans cet éditorial, il est clair que ce n’est pas si simple et que la cause de nos malheurs remonte à la nuit des temps et la complexité qui en résulte n’est pas indémontable.

Pendant longtemps le Congo (RDC) n’était considéré que par ses aspects géopolitiques et géostratégiques (position centrale en Afrique qui fait de lui une sorte de glacis contre la pénétration soviétique, à l’époque de la guerre froide, vers l’Afrique du Sud, richesses inestimables du sol, du soussol, de l’hydrographie générant un des plus grands potentiels énergétiques au monde ainsi que la faune et la flore distribuées à l’infini sur cet immense territoire).

1.En politique, les pères de l’indépendance ont tous leurs portraits dans « Le Larousse »

A côté de ses richesses matérielles et naturelles, le Congo qui héberge également un terreau culturel d’une incroyable diversité aurait dû en tirer un immense bénéfice autant que d’autres pays africains qui comptent. Or cette réalité immatérielle n’a pas été sollicitée pour attirer l’attention sur un peuple surdoué et lui permettre d’engranger des énormes bienfaits, du reste, tout à fait mérités. Vu sous cet aspect, on ne peut que déplorer la kleptomanie de certains groupements d’intérêt qui se sont abattus sur les œuvres d’art congolaises à des fins mercantiles sans qu’une contrepartie même sous forme de congratulation au sujet de l’image culturelle d’un Congo qui n’est pas seulement un pays riche de matières premières indispensables aux industriels mais peut facilement démontrer qu’il est un incroyable gisement de créativité et qu’en lui sont cumulées toutes les valeurs de civilisation dont l’Afrique est d’ailleurs le berceau historique. Aujourd’hui, il est malaisé d’entendre dire que le Congo manquerPage 04 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2015

Tout montre au contraire que ce n’est pas l’absence de modèles qui conduirait ce pays droit en enfer. Les modèles, le Congo en a eu dans tous les compartiments de la vie sociale:

2.En économie, si nous n’avons pas encore un prix Nobel, cela va venir mais, les universités dans le monde (EtatsUnis en tête) regorgent de professeurs congolais 3.Dans le secteur culturel, la prééminence des artistes musicaux sur la scène africaine a été, il y a peu, le seul point notable du point de vue de son influence internationale. Aujourd’hui cette faiblesse est en train d’être remontée. En effet, plusieurs situations apparaissent où des Congolais se distinguent dans les domaines divers de la connaissance autant que dans celui de la gestion de la chose publique. Ainsi donc nous avons assisté à des événements d’hommage aux personnalités congolaises sur la scène internationale. Le point culminant de ces hommages a été atteint par la remise au Dr Denis Mukwege du prix Sakharov du nom de ce savant russe qui a personnalisé la lutte pour le respect des droits de l’homme dans l’ex Union Soviétique. Héros moderne en ce sens que l’action de ce médecin hors du commun sort du cadre idéalisant d’un Don Quichotte, personnage un peu naïf, généreux certes, à l’imagination chimérique. Lui est aux antipodes d’un héros de bande dessinée et d’un personnage de film épique à la Zorro. C’est un homme en chair et en os, qui, armé de sa science fait reculer le mal absolu qu’est le viol de masse. Quel laurier ne

mériterait-il pas un tel être d’exception. Le cérémonial grandiose qui a entouré la remise de ce prix au Parlement européen de Strasbourg est bien assorti à l’exemplarité d’une si belle existence. Quelques jours auparavant le prix du Prince des Asturies qui récompense aussi les mérites exceptionnels a été attribué à une jeune journaliste congolaise, Caddy Adzuba, responsable d’un journal paraissant à Bukavu (Sud-Kivu) pour son attitude courageuse en dénonçant tous les travers tragiques de la dernière guerre de l’Est. D’autres cas moins célèbres à l’échelle internationale existent mais qui ne sont pas moins symptomatiques d’un relèvement national à moyen terme et dont on peut suivre la trace dans les actes de la vie politique ordinaire. L’autre jour, j’étais littéralement collé à l’écran de ma télévision, captant la RTNC (chaine nationale de la télévision congolaise) qui retransmettait la défense du budget de la République devant le Sénat par un ministre visiblement compétent et qui ne s’en mêlait pas les pinceaux – Une diction claire soutenant un exposé agréable à suivre dans l’aridité du thème auquel il s’attaquait apparemment sans note. L’appréciation de rigueur et de clarté semble la marque de fabrique du gouvernement de Monsieur Augustin Matata Ponyo. Il y a visiblement aujourd’hui un pari relevé, celui de la méthode qui consiste à ne pas confondre précipitation et efficacité, volonté de réussite personnelle et sens de l’Etat, orgueil de la vertu qui tire toujours vers la critique systématique ainsi que le manque de confiance en soi même et la maitrise des dossiers. La République Démocratique du Congo est pleine de bons modèles et il appartient au peuple tout entier de ne plus se laisser échoir jusqu’à l’aliénation de son identité et perdre ainsi de vue que les élites ça grouille au Congo et qu’une bonne orientation peut aider à ressouder le corps social. Alors seulement post tenebras lux (après les ténèbres, la lumière).


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SOMMAIRE

Lettre de l’éditeur

ACTUALITE RDC: Kabila à l’ONU

8-9 INDICE MO IBRAHIM : Bonne gouvernance en Afrique 10

GUINEE EQUATO : l’évolution du pays

11

TCHAD : homosexualité

12-13

RCA pas d’élection

14-16

NIGERIA : l’avancée de Boko Haram

18 AFRIQUE - DOSSIER 18-21

PRÉSIDENTIELLES À VENIR : La valse des Constitutions

22 POLITIQUE 22

17

35

39

24

USA / Moyen Orient Guerre contre l’EI

26-27

FRANCE : les immigrés et la naturalisation

28-29

la nouvelle Commission européenne

30

les pays émergents CAMEROUN

32-33

GABON : Croissance

34-35

ISRAEL EN AFRIQUE

36-37

Les leaders économiques de demain en Afrique

39

CULTURE Akon à Goma

SOCIETE

40-41

TOURISME : Le Maroc

42-43

BEAUTE chevelure afro

44 44-45

46

SANTE VIRUS EBOLA

SPORT

46-47

FOOTBALL : Racisme au foot

48-49

CAF 2017

50

50

ECONOMIE

30-31

40

46

MONDE

24-25

39

42

RDC: Vérité en deca, erreur au-delà

50-51

OPINION L’Afrique, le pouvoir et le sabre Onésha Afrika • Janvier - Février 2015 • Page 05


ACTUALITE

Les 10 personnalités qui ont fait l’Afrique en 2014 Par Le Point Afrique Artistes, hommes politiques, chefs d’entreprise... Ils ont fait bouger le continent cette année, œuvré pour la paix et contribué au rayonnement du continent Denis Mukwege, 59 ans, gynécologue

Ceux qui soutiennent avec ferveur sa candidature pour le prix Nobel de la paix en auront été pour leurs frais, mais ce gynécologue et militant des droits de l’homme a tout de même reçu le prix Sakharov du Parlement européen. En 15 ans, dans son hôpital de l’est de la République démocratique du Congo, il a soigné plus de 40 000 femmes et fillettes victimes de viols et de mutilations génitales. La région est livrée aux bandes armées qui terrorisent ainsi les populations pour les chasser de ces terres riches en minerais. “Le corps des femmes est devenu un champ de bataille et le viol est utilisé comme une arme de guerre”, a-t-il déclaré à Strasbourg, lors de la réception de son prix. Il espère que cette distinction attirera l’attention de la communauté internationale sur ces crimes de guerre. Un demi-million de femmes auraient déjà été violées en toute impunité. Aliko Dangote, 57 ans, homme d’affaires

Non seulement il est l’Africain le plus riche du continent, mais en plus, en 2014, il était le premier à entrer dans le top 25 de Forbes. Grâce à la valorisation de ses parts dans quatre sociétés cotées en bourse, la fortune de l’homme d’affaires nigérian est estimée à plus de 25 milliards de dollars. Selon la légende, qu’il entretient lui-même soigneusement, il a commencé dans les affaires en 1977, grâce à un petit apport de son oncle, de trois camions de ciment provenant de son Page 06 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2015

grand-père et d’un prêt sur deux ans. Son entreprise s’est développée pour devenir Dangote Cement, groupe créé en 1981. Il s’est ensuite diversifié dans l’industrie. Ce n’est pas tout : il a annoncé en avril 2013 son intention de construire une raffinerie de pétrole dans le golfe de Guinée, avec une capacité de production de 400 000 barils par jour. De quoi éviter au Nigeria, pourtant doté de confortables réserves de pétrole, d’en importer. Dangote espère ouvrir sa raffinerie en 2016. Sams’k Le Jah et Smockey, 43 ans, musiciens militants

L’un est reggaeman, l’autre est rappeur. Pourtant, cette année, ce n’est pas par leurs chansons qu’ils se sont fait connaître. Tous deux ont lancé le mouvement Le Balai Citoyen, destiné à “assainir citoyennement et proprement le Faso”. Lorsque l’exprésident Blaise Compaoré rend publique sa volonté de modifier la Constitution pour pouvoir se représenter à la présidentielle, après 27 ans de pouvoir, ce mouvement s’y oppose. Et mobilise parmi les étudiants de l’université de Ouagadougou, à tel point que des milliers de jeunes déferlent dans les rues de la capitale du Burkina Faso. Le 31 octobre, Blaise Compaoré fuit le pays. Le Balai Citoyen, qui ne voulait au départ qu’empêcher la modification de l’article 37, aura fait tomber l’autocrate, en collaboration avec l’opposition. Le collectif, inspiré du mouvement Y’en a marre du Sénégal, ne compte pas s’arrêter là. Ses membres ont noué des contacts dans les pays alentours et espèrent aider leurs voisins à se révolter, comme eux, dans un hypothétique “Printemps africain”.

Yanick Lahens, 61 ans, écrivain

Cette Haïtienne a remporté le 3 novembre le prix Femina pour son roman Bain de lune. Elle y déroule quatre générations de deux familles et décrit la vie des paysans, dans une œuvre baignée de poésie et de vaudou, comme son île de la Caraïbe. Le style tranchant ne cache pas pour autant la dureté de l’existence et le cynisme de la politique locale. Née le 22 décembre 1953 à Port-au-Prince, elle a fait ses études secondaires et supérieures en France avant de retourner en Haïti pour enseigner la littérature et s’engager contre l’illettrisme. Elle a travaillé au cabinet du ministre de la Culture, Raoul Peck, de 1996 à 1997, est cofondatrice de l’Association des écrivains haïtiens, membre du Conseil international d’études francophones et figure aujourd’hui parmi les grandes figures de la littérature haïtienne. Abderrahmane Sissako, 53 ans, réalisateur

Le cinéaste a fait sensation au Festival de Cannes avec son film Timbuktu, aussi appelé Le Chagrin des oiseaux. Son film, seul long-métrage du continent africain à figurer dans la compétition, a obtenu le prix du jury œcuménique et le prix François-Chalais. Il raconte la vie de Kidane, éleveur touareg vivant dans le désert avec sa femme et sa fille, bientôt affecté par les lois islamiques en vigueur à Tombouctou, au Mali. Un pays qu’il connaît bien pour y avoir grandi lorsque sa famille a quitté la Mauritanie. Il a étudié le cinéma à Moscou, à l’Institut fédéral d’État du cinéma, avant de s’installer en France. Il a été primé à de multiples reprises pour des courtsmétrages et a été membre des jurys de plusieurs festivals, notamment à Cannes.


Onésha Afrika Lupita Nyong’o, 31 ans, actrice

Que sa bouleversante prestation en tant que Patsey dans Twelve Years a Slave ait été couronnée par un Oscar était déjà remarquable. Mais qu’elle ait, ensuite, été désignée par le magazine américain People comme “plus belle femme du monde” en 2014, voilà qui marque un tournant aussi salutaire qu’inattendu. L’actrice est née à Mexico et bénéficie des deux nationalités, mexicaine et kényane. Elle a grandi à Nairobi et a commencé le théâtre à l’école, jouant dès 14 ans au Kenya National Theatre, dans Roméo et Juliette. Elle a étudié au Mexique et aux États-Unis, tout en multipliant les rôles dans des fictions, notamment des courts-métrages. Son rôle d’esclave dans une plantation de coton des États confédérés d’Amérique au XIXe siècle, qui lui a valu, en plus de l’Oscar, huit nominations, a été son tremplin vers la gloire. Ozwald Boateng, 47 ans, styliste

Il est né et travaille à Londres, mais a fini par être rattrapé par ses origines ghanéennes, ses parents ayant fui Accra, son instabilité et ses violences dans les années 1950. Styliste réputé depuis qu’il vêt une poignée de stars hollywoodiennes (Brad Pitt et Leonardo di Caprio, entre autres), il retrouve ses racines en 2007, à la faveur d’un défilé de mode organisé à Accra pour le sommet de l’Union africaine. Happé par le continent, il crée, avec un homme d’affaires nigérian, Made in Africa, une fondation qui collecte des fonds pour financer diverses infrastructures. Dernier projet en date : la régénération d’un quartier de Kampala, la capitale ougandaise. L’appétit venant en construisant, Made in Africa envisage de renouveler l’expérience au Nigeria, au Congo, en Guinée...

Béji Caïd Essebsi, 88 ans, candidat à la présidentielle tunisienne

Faire passer un quasi nonagénaire, ancien ministre de Bourguiba, pour un homme d’avenir serait excessif, mais 2014 a marqué le grand retour de Béji Caïd Essebsi. D’abord, à la faveur des législatives d’octobre qui se sont soldées par la victoire de sa formation modérée, Nidaa Tounes, aux dépens des islamistes d’Ennahda. Puis avec la première élection présidentielle organisée au suffrage universel. Arrivé en tête au premier tour avec six points d’avance sur le président sortant, Moncef Marzouki, Essebsi semble le mieux placé pour l’emporter au second tour, le 28 décembre, grâce au ralliement de la majorité des autres candidats. Son âge avancé ne devrait pas jouer en sa défaveur dans la mesure où la nouvelle Constitution donne au chef de l’État un rôle d’autorité morale, à la fonction essentiellement représentative. Ellen Johnson Sirleaf, 76 ans, présidente du Liberia

Le Prix Nobel de la paix de 2011 affronte la pire épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest. Prise au dépourvu, dans un État privé d’infrastructures sanitaires, elle n’a cessé d’osciller entre déni et campagnes de sensibilisation. Elle a également pris des décisions malheureuses, comme la mise en quarantaine, finalement levée avant la fin de la période d’incubation de 21 jours, à Westpoint. Elle reste très impopulaire dans ce bidonville de la capitale, Monrovia. Première femme présidente en Afrique, élue en 2006 et réélue en 2011, cette ancienne ministre des Finances, ex-banquière et ancienne directrice Afrique des programmes du PNUD, suscite la méfiance chez beaucoup. Lors des élections de 1997, elle a soutenu le seigneur de la guerre Charles Taylor, condamné par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre

l’humanité. Et a ignoré le rapport de la Commission vérité et réconciliation (CVR) qu’elle avait elle-même lancée : il interdisait tout mandat public à ceux qui avaient été mêlés à la guerre civile de 1989 à 2003. L’épidémie Ebola pourrait lui coûter la réélection en 2017. Thierry N’doufou, 36 ans, entrepreneur

L’Ivoirien a eu son heure de gloire au salon mondial du mobile de Barcelone, en février, où il a présenté sa tablette tactile. Sa spécificité ? “Designed with love in Cocody”, elle est éducative, et spécialement destinée aux pays du Sud. Qelasy (classe, en langue akan) inclut des livres et ouvrages scolaires interactifs, de la maternelle à l’université. Et le contenu peut être enrichi, magie des services développés sur le continent, en payant grâce au système Orange Money. La tablette, avec son écran de 8 pouces, sera dotée d’une autonomie de 8 heures et résistera à l’eau et à la poussière. Elle peut être dotée d’un contrôle parental (puisqu’elle peut être connectée à Internet), permet de prendre des notes, sert de cahier de correspondance avec les parents... et allège le poids des cartables. Conçue à Abidjan, elle est pour l’instant fabriquée en Chine, mais Thierry Ndoufou n’exclut pas, à terme, de la produire en Côte d’Ivoire.

Onésha Afrika • Janvier - Février 2015 • Page 07


ACTUALITE – AFRIQUE

Vœux: les promesses des chefs d’Etat africains pour 2015 Par RFI Les chefs d’Etat africains ont présenté leurs traditionnels vœux du Nouvel an, le 31 décembre 2014. Election présidentielle au Burkina Faso, élections locales, municipales et provinciales en RDC, loi contre le terrorisme au Cameroun, réforme constitutionnelle au Togo ou encore dialogue avec l’opposition au Gabon, retrouvez leurs principales déclarations. Burkina Faso : des élections présidentielles pour octobre 2015

Après les échanges avec la commission électorale, le président de la transition Michel Kafando prévoit l’organisation des élections présidentielles pour octobre 2015. « Nos différentes rencontres avec la Céni (Commission électorale nationale indépendante), ces derniers jours, permettent d’envisager des projections qui rendent possible le scrutin dès le début du mois d’octobre 2015 », a-t-il déclaré dans ses vœux à la nation, mercredi 31 décembre. Le président a également décidé de lever la mesure de suspension du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l’ancien parti présidentiel, et de l’ADF/RDA (Alliance pour la démocratie et la fédération/ Rassemblement démocratique africain), qui était, sous l’ancien régime, la troisième force politique du pays. Le gouvernement reprochait à ces partis une « activité incompatible avec la loi ». « J’ai décidé, par mesure de clémence, de lever la suspension à l’encontre des partis politiques, frappés par cette décision. Mais je tiens à les avertir que la transition n’aura pas d’état d’âme s’il advenait que ces mêmes formations politiques s’adonnent à un activisme débordant, au point de menacer la sécurité de l’Etat. » Enfin, « l’Etat a décidé de donner des moyens à la famille du président Thomas Sankara pour procéder aux travaux de prospection de sa tombe. On n’attend Page 08 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2015

donc plus que la réaction de la famille du défunt », a annoncé Michel Kafando. Le capitaine Thomas Sankara, le père de la révolution burkinabè, a été tué lors du coup d’Etat qui a porté Blaise Compaoré au pouvoir en 1987. Thomas Sankara aurait été inhumé au cimetière de Dagnoën dans le quartier Est de Ouagadougou, mais sa famille et ses nombreux partisans doutent que son corps s’y trouve réellement. RDC : des élections locales, municipales et provinciales en 2015

Dans son message des vœux, le président Joseph Kabila a annoncé l’organisation en 2015 des élections locales, municipales et provinciales ainsi que le démarrage du recensement général de la population.« L’année qui s’annonce sera marquée par l’organisation des élections locales, municipales et provinciales, ainsi que le démarrage des opérations de recensement de la population », a déclaré le président. « Si le recensement de la population est une donnée dont la gestion de l’Etat ne peut faire l’économie, ces élections, quant à elles, serviront d’étalon à notre démocratie. Je vous invite tous à contribuer à leur totale réussite dans un climat apaisé et dans un esprit républicain. Ce défi, comme tous les autres auxquels nous serons confrontés au cours de cette nouvelle année, renforce notre détermination à privilégier en toutes circonstances, les exigences de la cohésion nationale et celles de l’excellence dans tous les domaines. »

Gabon : le président se dit prêt à dialoguer avec ses opposants

Dans son discours à la nation, le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, s’est déclaré prêt à dialoguer avec ses opposants, qui exigent sa démission parce qu’il ne serait pas un Gabonais d’origine, comme le prévoit la constitution du pays. Mais attention, s’il a déclaré être ouvert au dialogue, Ali Bongo Ondimba a expliqué qu’un tel dialogue n’était pas possible avec des personnes qui ne respectent ni les institutions de la République, ni ceux qui les incarnent. « Dans notre pays, le dialogue a toujours été privilégié pour surmonter nos divergences et résoudre nos problèmes. Cependant, depuis un certain temps, quelques compatriotes, relayés par quelques médias internationaux, veulent faire croire aujourd’hui, comme ils le faisaient déjà en 2012, que je serai fermé à toute idée de dialogue. Comme je l’ai déjà dit, j’ai été, je suis et resterai un homme de dialogue et d’ouverture. » « Et ceux qui me connaissent bien savent aussi que le président de la République ne peut dialoguer avec des personnes qui ne respectent ni les institutions de la République, ni ceux qui les incarnent. Le président de la République ne peut pas dialoguer avec des personnes qui violent délibérément les lois de la République. Pour dialoguer et agir efficacement, il importe de jeter à la rivière la haine, la vengeance, la violence. »


Onésha Afrika Cameroun : une loi contre le terrorisme qui s’imposait

A l’occasion de son discours des vœux à la nation, Paul Biya, le président camerounais s’est prononcé pour la première fois sur l’adoption et la promulgation récente d’une loi contre le terrorisme. Cette loi très controversée condamne à la peine de mort toute personne reconnue coupable de fait terroriste. L’opposition et les organisations de la société civile ont dénoncé une loi liberticide qui criminalise les manifestations publiques. Mais pour le président camerounais, cette loi s’imposait à l’arsenal juridique du pays, le Cameroun étant sous la menace de la secte islamiste Boko Haram. « La montée des périls à nos frontières nous a amené à prévoir des dispositions concernant les effets que cette menace pourrait représenter pour notre sécurité intérieure. Tel est l’objet de la loi sur la répression du terrorisme, que le Parlement

vient d’adopter, à une large majorité. Il ne s’agit aucunement, comme l’ont prétendu certains esprits mal intentionnés, d’en prendre prétexte, pour restreindre les libertés publiques. D’ailleurs, le texte est parfaitement clair à cet égard. » « J’ajoute, que devant la multiplication des actes terroristes, la plupart des grands pays démocratiques ont dû, au cours des dernières années, compléter leur législation, dans le sens de la prévention du terrorisme. Ce faisant, ils se conformaient aux recommandations des organisations internationales, notamment les Nations unies et l’Union africaine. C’est ce que nous-mêmes avons jugé bon de faire. » Togo : une commission de réflexion sur la démocratie

Le débat sur les réformes constitutionnelles bat son plein au Togo. Il s’agit pour l’opposition d’exiger et d’obtenir la limitation des mandats à deux mandats consécutifs

et d’organiser les élections à deux tours de scrutin. Après le rejet du projet sur ces réformes en juin par la majorité présidentielle, une autre proposition de loi est sur la table des députés. S’adressant aux Togolais pour les habituels vœux du nouvel an, Faure Gnassingbé propose -quelle que soit l’issue du débat- une commission de réflexion composée de personnalités de tous horizons pour réfléchir et proposer dans un bref délai, une réforme en profondeur sur l’ancrage de la démocratie togolaise. « Il me parait fondamental de dépasser les contingences immédiate pour ouvrir un vaste champ de réformes politiques en profondeur dans le but de consolider notre ancrage démocratique et le processus de réconciliation nationale, a déclaré Faure Gnassingbé. A cet effet et conformément à la huitième recommandation du rapport de la commission Vérité, justice et réconciliation, qui souligne la nécessité de régler la question des réformes institutionnelles, une commission de réflexion sur les réformes politiques sera mise en place. »

www.dhl.be

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Onésha Afrika • Janvier - Février 2015 • Page 09


ACTUALITE - ZAMBIE

L’échéance présidentielle de 2015 suscite des ambitions Par RFI/Reuters/Siphiwe Sibeko En Zambie, les candidats se bousculent à la porte pour l’élection présidentielle du 20 janvier 2015. Une élection anticipée après le décès du président Michael Sata le 28 octobre dernier. Celui-ci est mort d’une maladie dans un hôpital londonien donnant lieu à d’intenses rivalités au sein de son parti, le Front Patriotique. Maintenant, c’est sa femme qui s’est lancée dans la course.

A

peine son mari enterré, Christine Kaseba s’est déclarée candidate pour représenter son parti le Front patriotique à l’élection présidentielle du 20 janvier. Elle rejoint la longue liste des candidats : neuf au total, dont le fils du président défunt, son neveu ainsi que le ministre du Commerce, le ministre du Sport, et la ministre de l’Agriculture. Le parti au pouvoir est très divisé. La mort soudaine du président Sata a déclenché une guerre de succession. Jusqu’à présent, la lutte était principalement entre le camp du vice-président du pays, Guy Scott qui assure actuellement l’intérim et celui du ministre de la Défense, Edgar Lungu. Les deux hommes se battent à coup de procédure judiciaire pour le contrôle du parti. Côté opposition, la situation n’est guère plus brillante. En début de semaine, l’ancien président Rupiah Banda a annoncé lundi qu’il serait à nouveau candidat pour le MMD, Mouvement pour la démocratie multipartite. Avant d’être immédiatement contredit par le leader de son propre parti, qui a assuré qu’il serait luimême tête d’affiche.

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Michael Sata a dû patienter pour devenir président de la Zambie, république d’Afrique australe. Ce n’est qu’à sa quatrième tentative en septembre 2011 qu’il a été finalement élu. Surnommé « le roi cobra » pour son franc-parler, il se définissait comme un social-démocrate. Catholique, père de huit enfants, il se voulait proche des plus pauvres et pourfendeur de la corruption. Il se vantait par exemple de ne jamais boire d’eau en bouteille expliquant qu’il continuerait ainsi jusqu’à ce que tous les Zambiens aient accès à de l’eau propre. Volontiers populiste, il était proche du président zimbabwéen Robert Mugabe et s’était également illustré par ses critiques envers les investisseurs Chinois, très présents en Zambie. Espoirs déçus Le bilan de ses trois années passées au pouvoir est néanmoins mitigé. Si la Zambie jouit d’une croissance économique soutenue grâce à ses matières premières, le cuivre notamment, plus de la moitié de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté. Michael Sata n’a pas non plus vraiment tenu ses promesses en matière de liberté d’expression. Il a multiplié les poursuites contre ses adversaires politiques et des journalistes ont également été victimes d’arrestations sous son mandat. Gros fumeur, il avait survécu à une attaque cardiaque en 2008. On le savait malade depuis plusieurs mois. Agé de 77 ans, il avait été hospitalisé à Londres il y a dix jours où il s’est éteint mardi soir. Pas de dauphin désigné Son décès pose le problème de sa succession. Selon la Constitution, c’est le viceprésident Guy Scott qui doit assurer l’intérim en cas de décès du chef de l’Etat. Et des élections doivent être organisées dans les 90 jours. Cependant Guy Scott est né en Zambie, mais de parents écossais. Il ne pourra donc pas être candidat à ces élections présidentielles. Il va falloir désigner un autre candidat pour le Front patriotique du président défunt, alors que depuis des mois, les rivalités font rage au sein de ce parti. Le candidat le plus probable est l’actuel ministre de la Défense, Edgar Lungu. Il avait assuré l’intérim pendant les voyages du chef de l’Etat à l’étranger. Un intérim qui du vivant de Michael Sata n’avait pas été assuré par le vice-président sans raison officielle. Guy Scott est le nouveau chef de l’Etat en Zambie qui se retrouve pour la première fois depuis sont indépendance, il y a 50 ans, avec un président blanc.


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ACTUALITE - UGANDA

Yoweri Museveni sonne la charge contre la CPI Par RFI / REUTERS/Noor Khamis Le président ougandais est vent debout contre la Cour pénale internationale. Lors d’une déclaration à Nairobi, à l’occasion des 51 ans de l’indépendance du Kenya, Yoweri Museveni a promis vendredi 12 décembre de mobiliser ses pairs africains contre la CPI, qu’il définit comme « un outil mis en place pour viser le continent ». Il s’exprimait aux côtés de son homologue kényan Uhuru Kenyatta, contre lequel la Cour a décidé d’abandonner les poursuites le 5 décembre dernier.

L

e président ougandais a décidé de passer à l’action. Fin janvier 2015, au prochain sommet de l’Union africaine (UA), il déposera une motion pour que tous les Etats africains se retirent de la Cour pénale internationale (CPI). L’argument avancé par Yoweri Mueveni pour expliquer ce changement de cap est la partialité de la Cour, qui a selon lui été utilisée par les Occidentaux comme un « outil » pour « viser

» l’Afrique, et même pour « pour déstabiliser les Etats africains », ajoute-til. Et de prendre en exemple le cas du président du Kenya Uhuru Kenyatta, poursuivi alors qu’il était en poste, et finalement libéré de toute procédure le 5 décembre. Yoweri Mueveni y voit le signe d’une forme d’irresponsabilité de la CPI. Mais le président ougandais n’est pas le premier à fustiger la Cour pénale internationale. Il est déjà arrivé que

l’Union africaine accuse la CPI de « racisme ». Il y a un an, l’UA avait même demandé officiellement une suspension du procès des deux dirigeants kényans poursuivis, requête finalement rejetée par les Nations unies. Le continent reste cependant divisé sur le sujet. Les débats au sein de l’Union africaine l’ont déjà montré, et rien ne dit que les 34 Etats d’Afrique qui ont soutenu la création de la CPI soient prêts à faire front commun contre l’institution internationale.

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ACTUALITE -Madagascar

Cinq présidents pour une réconciliation nationale Par RFI Le sommet, très attendu, des présidents malgaches s’ouvre ce vendredi à Ivato en périphérie d’Antananarivo et se tiendra à huis clos. L’information a été annoncée par la présidence et par l’organisateur, le FFKM, le Conseil œcuménique des églises chrétiennes de Madagascar. Didier Ratsiraka, Albert Zafy, Marc Ravalomanana, Andry Rajoelina et l’actuel président Hery Rajaonarimampianina seront autour d’une même table pour mettre en œuvre le processus de réconciliation nationale. Réunir ces cinq hommes est un premier défi relevé, mais la suite s’annonce difficile.

L

es cinq présidents seront présents, y compris Marc Ravalomanana qui est en résidence surveillée depuis son retour d’exil il y a deux mois. Andry Rajoelina participera également à la rencontre, bien qu’il soit réticent, jusqu’à maintenant, au projet.

Rajoelina, mais il lui a tourné le dos sitôt après les élections, sans pour autant rejoindre le camp Ravalomanana. Quant aux deux anciens présidents Didier Ratsiraka et Albert Zafy, ils se sont affrontés lors de la crise de 1991. La crise de 2002 impliquait Ratsiraka et Ravalomanana.

Cinq ans après la crise politique de 2009, l’inimitié entre les deux hommes est encore forte. La donne s’est compliquée avec l’entrée récente de Hery Rajaonarimampianina sur l’échiquier politique. L’actuel président de la République a été mis en selle par Andry

Mais aujourd’hui s’agit-il de réconcilier des personnalités ou bien de faire la lumière sur les événements politiques ? Tout le monde n’est pas d’accord sur la définition même de la réconcilia-

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Les tensions sont encore vives entre les protagonistes.

tion. Les chefs d’Eglises ont établi une base théorique. Elle consiste en quatre notions : vérité, reconnaissance des torts, repentance et pardon. Par ailleurs, on a appris jeudi soir la libération de cinq personnes soupçonnées d’avoir aidé Marc Ravalomanana à entrer dans le pays illégalement. Jean-Marc Koumba, ex-garde du corps de l’ancien président, ainsi que quatre agents de l’aviation civile ont obtenu une liberté provisoire dans la soirée. Ils étaient incarcérés depuis deux mois à la prison de Diégo Suarez.


ACTUALITE – RWANDA

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Kagame aux bailleurs internationaux: «Vous pouvez garder votre argent» Par RFI Après Louise Mushikiwabo, la ministre des Affaires étrangères rwandaise - qui avait dénoncé le paternalisme du discours du président Hollande mettant en garde « les dirigeants qui voudraient s’accrocher au pouvoir à tout prix », lors du sommet de la Francophonie -, c’est au tour de Paul Kagame de tancer la communauté internationale, accusée d’ingérence dans les affaires du pays. Dans un discours en anglais, Paul Kagame a notamment pointé du doigt les bailleurs internationaux, bien que le budget du Rwanda dépende encore à environ 40 % de l’aide étrangère.

«

Les gens disent qu’ils vous donnent leur argent parce qu’ils s’intéressent à votre bien-être », a déclaré Paul Kagame face à un parterre d’officiels, de citoyens et de diplomates étrangers. « Mais je ne peux pas avoir mon bien-être sans avoir mes droits. […] lorsque l’on me dicte tous les jours ce que je dois faire et comment je dois être », a poursuivi le président qui laisse par ailleurs toujours planer le doute sur une éventuelle réforme de la Constitution lui permettant de briguer un troisième mandat en 2017.

« Vous pouvez garder votre argent », a enfin lâché Paul Kagame. Si le Rwanda est salué pour ses résultats économiques depuis la fin du génocide, il est de plus en plus pointé du doigt en matière de respect des droits de l’homme ou de la liberté d’expression. En 2012, l’aide étrangère au Rwanda avait été brièvement suspendue à la suite de la publication d’un rapport des Nations unies accusant Kigali d’ingérence en RDC voisine. Paul Kagame a également évoqué le documentaire controversé de la BBC, Rwanda, l’histoire jamais contée, qui

remet en question son rôle lors du génocide et qualifié il y a peu par ce dernier de « négationniste ». « La BBC est supposée être une référence en matière de liberté d’expression, mais tout ce qu’ils font c’est de la politique », a déclaré Paul Kagame, estimant que le média britannique « rabaissait les Rwandais ». « Nous avons obtenu le droit d’être et personne ne va nous enlever ce droit. […] Pour ceux qui essaieront, cela leur coûtera très cher », a prévenu Paul Kagame.

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ACTUALITE – Etats-Unis

Ils appellent cela « Homicide justifié » Par Louisyanne Pezo Devrons-nous dire que 51 ans après le grand discours de Martin Luther King et sa phrase célèbre « I have a dream », les choses n’ont pas changé aux Etats Unis d’Amérique ? Ou après avoir réglé les questions d’inégalités raciales, un problème d’une autre envergure a remplacé le précédent ? Ce pays, est réputé pour être celui de la liberté et de l’égalité. C’est le pays où les rêves, pour ceux qui y sont immigrés, deviennent réels. Le pays de l’Oncle Ben représente, aux yeux du monde, la justice et la liberté totale d’expression. Mais est-ce ce que vivent réellement tous les citoyens américains?

L

’histoire du peuple noir nous dit que depuis l’esclavage, les pleurs et grincements de dents ont été son quotidien. Avec la création de nouvelles lois protégeant les plus faibles, le peuple esclave a vu à très petit pas les choses changer en sa faveur. En 1963, les noirs marchaient pour la liberté et l’emploi et aujourd’hui encore, ils marchent pour l’égalité et le respect des droits de l’homme. L’année 2014 a été marquée par des actes dénonciables de la part des représentants de l’ordre décrits comme ayant la gâchette un peu trop facile.

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La fin de l’année s’est démarquée par les homicides de Michael Brown qui reçut 7 à 8 balles alors qu’il avait les mains levées, de Tamir Rice (12 ans), et d’Éric Garner, décédé suite à une technique d’immobilisation (étranglement) pourtant interdite. Mais ce n’était pas la première fois que cela arrivait aux Etats Unis. On a connu en 1996 le cas d’Ammadou Diallo, de Sean Bell en 2006 et de bien d’autre noirs américains tués de manière cruelle, injuste et sans professionnalisme par les forces de l’ordre américaine. L’impunité de ces crimes a aujourd’hui poussé la population à encore une fois

exprimer son agacement face à cette situation. La réalité et le vrai problème est que les policiers sont rarement poursuivis et ce n’est pas nouveau, ce qui explique le rasle-bol que les citoyens américains expriment par la marche du 13 Décembre 2014 car les noirs pensent n’avoir aucun prix aux yeux de la justice américaine. Contrairement à la marche de 1963 qui ne s’est déroulée qu’à Washington avec près de 250 000 personnes, le soulèvement de décembre 2014 a touché tout le territoire américain, en commençant par New York. C’est grâce à la diffusion des vidéos témoins de ces scènes sur


Onésha Afrika les réseaux sociaux que blancs et noirs, jeunes et vieux, pauvres et riches se sont mis ensembles pour dénoncer ce traitement à caractère raciste et immoral. Mais la principale question est : « pourquoi est-ce les autorités ferment les yeux sur ces crimes ? » Normalement, à la fin de leur journée, chaque agent de police est supposé fournir un rapport en mentionnant, bien entendu, les personnes interpellées et même abattues dans le but de rétablir l’ordre. La réalité est qu’ils ne le font pas toujours. En 2012, près de 426 homicides «justifiés » selon le FBI ont été enregistrés, dont 11 femmes et 415 hommes. Ce n’est que le nombre de ce qui a été rapport. Les informations récoltées dans ce genre de cas sont très pauvres, se limitant seulement au nombre de faits. Le FBI ne s’intéresse ni à la victime, ni au poseur d’acte – le policier. A côté de cela, il existe le Rapport Supplémentaire des Homicides rédigée par une agence, dans lequel les détails des évènements incluant les circonstances, l’heure et un scénario précis sont mentionnés. Le rapport stipule aussi que 32 % des victimes d’homicides dits « justifiés » sont des personnes de race noire (constituant 13% de la population américaine), 52% sont des blancs et 12% des latinos. Selon la même étude, 42% des personnes nonarmées tuées pendant ces interventions étaient des noirs. La majorité des victimes dont la moyenne d’âge est 32 ans se trouve être relativement jeune. Est-ce qu’un crime n’est justifié que parce que celui qui le commet porte un insigne de police ?

un modèle pour d’autres villes », estime Paul Schor, historien spécialiste des Etats Unis d’Amérique. Plusieurs questions restent en suspens et certaines resteront sans réponse. Le peuple noir américain combat une cause noble et juste. Ce peuple a subit le gros de l’histoire de l’esclavage et ces blessures ne sont pas prêtes d’être guéries. Martin Luther King dit dans son discours « Il y a des gens qui demandent aux militants des Droits Civiques : “ Quand serez-vous enfin satisfaits ? ” Nous ne serons jamais satisfaits aussi longtemps que le Noir

le seul cas de New York, entre 2000 et 2011, plus de 6 600 Noirs ont été tués par la police, contre 1 500 Blancs. Ce sont des chiffres officiels qui ne distinguent pas les bavures de la légitime défense. Selon le maire démocrate de New York, Bill de Blasio, ces bavures prennent leurs racines dans « des siècles de racisme » dans le pays. Dans une interview à la chaîne ABC, Bill de Blasio, qui est blanc et dont l’épouse et les enfants sont noirs, raconte d’ailleurs qu’il a éduqué son fils en l’avertissant des « dangers » potentiels en cas d’interaction avec la police. Autre problème : les policiers sont rarement poursuivis pour leurs bavures. On l’a vu encore récemment : ceux qui ont tué Michael Brown à Ferguson et Eric Garner à New York ont été acquittés par un grand jury. Dans les deux cas, les jurés ont accordé aux policiers le droit à la légitime défense. Pour les familles de victimes, c’est inacceptable. Elles demandent à ce que les policiers soient poursuivis.

sera la victime d’indicibles horreurs de la brutalité policière. ». Est-ce que le rêve de Martin Luther King pour l’Amérique, celui d’une Amérique fraternelle où les blancs et les noirs se retrouveraient unis et libres verra le jour ? Les Afro-Américains, principales victimes des bavures Toutes les statistiques le prouvent : les victimes des violences policières sont majoritairement des Noirs. Si on prend

D’une manière générale, l’impunité est lourde de conséquences, explique l’avocate Andrea Ritchie, qui défend les minorités à New York. Les AfroAméricains ont le sentiment que leurs vies « ne valent rien ». Ils perçoivent les acquittements presque comme une « licence pour tuer ». « Vous n’êtes pas des James Bond, vous êtes au service de la population », a martelé l’oncle de Tamir Rice, un enfant noir de 12 ans tué par un policier à Cleveland le 22 novembre 2014.

Aujourd’hui, le révérend Al Sharpton qui a lutté en 1991 pour l’arrestation de deux policiers ayant commis le même genre d’acte à l’égard d’un noir est prêt à mener le même combat pour que ces policiers acquittés par le Grand Jury soient, comme les policiers du cas de Rodney King en 1991, condamnés. A ce jour, le cri à l’impunité a poussé le maire de la ville de New York, Bill de Blasio, à revoir la formation des policiers ; « Si ces expériences s’avèrent positives, elles pourraient constituer Onésha Afrika • Janvier - Février 2015 • Page 15


POLITIQUE – RDC

Entre pressions et réalités Par Victor Olembo et Rfi Un rideau noir couvre jusqu’ici l’horizon des élections générales (présidentielles et locales) en République Démocratique du Congo. Selon les différents points de vue opposition et majorité s’étripent làdessus, les déclarations laconiques du Président Kabila sont pour l’opposition une manœuvre de diversion de plus, le but poursuivi dit-on, serait de rester au pouvoir en se défilant sur le calendrier des élections. A l’heure actuelle, on ne peut pas parler encore de crise majeure. Les choses en sont au stade de joutes oratoires ou les opposants usent de l’antienne habituelle qui consiste à diaboliser l’autorité en place sans tenir compte d’abord du contexte (un pays dont l’instabilité politique récurrente exige une rigueur dans l’analyse des faits en porte-à-faux sur toute appréciation en l’occurrence purement théorique). La référence à la constitution repose sur un apriori compréhensible mais n’absorbe pas la difficulté soulevée souvent dans les rangs de l’opposition : les conditions de la validité d’un scrutin entre autres le déroulement honnête du processus électoral. L’argument essentiel est la conformité de la règle de droit au prorata des votes exprimés d’où le caractère contraignant du recensement exhaustif des populations. En effet, la loi électorale établit un ensemble de critères pour juger de la compétence d’un électeur : sa nationalité, son degré de compréhension des enjeux, son insertion dans le tissu social au regard éventuellement de son casier judiciaire etc. Depuis 2006 date du retour à la démocratie électorale, la problématique du recensement a été au centre de toutes les contestations des résultats de la présidentielle sous les quolibets des candidats malheureux… Etant donné qu’en 2006 les mêmes causes générant les mêmes effets, le risque en 2016 est qu’elle reproduise les même quiproquos. Chiche! Vite que les concernés s’expriment sur la proposition d’admettre un changement du calendrier électoral dans la mesure où le magistrat suprême prend option d’organiser toutes les autres électeurs sur la base de la réussite du recensement projeté. Quoiqu’en définitive, rien ne sera réglé si la fibre patriotique ne serait pas aussi forte pour exorciser les démons des ambitions personnelles qu’alimente l’alternance au sommet de l’Etat alors que se profile à nouveau la guerre dans les régions de la République.

C

’était le 5 janvier qu’à Kinshasa (capitale de la RDC), le président Joseph Kabila a tenu un discours à la Nation devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès. Un discours très attendu alors qu’une élection présidentielle est normale-

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ment prévue en 2016 et que la question d’une révision de la Constitution qui permettrait au chef de l’Etat de briguer un nouveau mandat est abordée. Une perspective critiquée par la communauté internationale à qui le président a répondu dans son discours déclarant qu’il « n’acceptait pas » les « injonctions de l’étranger ».

Pas d’injonctions étrangères

Pendant plus d’une heure, le président Joseph Kabila a jonglé entre la défense de son bilan et la réaffirmation de la souveraineté de son pays avec un ton très ferme vis-à-vis de la communauté internationale. « Le peuple congolais n’est pas n’importe quel peuple », a-t-il


Onésha Afrika lancé aux députés et sénateurs, avant de citer toute une série de figures de l’indépendance de la République démocratique du Congo. « Un pays jaloux de son indépendance », a insisté Joseph Kabila qui s’est dit prêt à recevoir« les conseils et les suggestions » de ses partenaires. Mais « jamais des injonctions » pour ce qui est de l’organisation des élections. Selon Joseph Kabila, s’il devait y avoir une « crise politique », elle serait résolue par le « dialogue » entre les Congolais euxmêmes et non pas avec la communauté internationale.

Le président Joseph Kabila a bien redit son attachement au respect de la Constitution. Il a également affirmé que les élections étaient « incontournables pour l’accès aux plus hautes charges de l’Etat ». Il a également appelé à ce que la Commission électorale (Céni) soit dotée des ressources nécessaires pour organiser les élections. « Les élections sont, dans notre pays, devenues incontournables pour l’accès aux plus hautes charges de l’Etat.

A qui s’adresse cette phrase ? C’est toute la question. Pour les uns, c’est au président français François Hollande qui, lors du dernier sommet de la Francophonie, a rappelé l’importance de respecter les Constitutions africaines. Pour d’autres, c’est au secrétaire d’Etat américain John Kerry et aux EtatsUnis qui font partie de ceux qui ont dit très clairement qu’ils voulaient voir Joseph Kabila se retirer du pouvoir à la fin de son mandat, en décembre 2016.

« Cela n’a pas été dit avec suffisamment de fermeté et de détermination pour rassurer tout le monde que le chemin que nous sommes en train d’emprunter, aujourd’hui, va nous conduire au respect de la constitution. Cela méritait d’être dit. C’était l’occasion. Malheureusement, cela n’a pas été », a déclaré le député, Delly Sesanga, président du parti politique l’Envol, avant de souligner les craintes quant au le respect du calendrier électoral. « Nous avons toujours de inquiétudes sur le respect du calendrier et sur le fait qu’en 2016, une nouvelle Chambre et un nouveau chef de l’Etat soient réellement installés au terme d’élections régulières. Le fait que le président maintienne que toutes les élections doivent être organisées - y compris les élections locales – est un élément qui peut amener à faire glisser les calendriers », a prévenu Delly Sesanga.

Pas de positionnement clair sur 2016

Ce qui est certain, c’est que cette façon de vouloir clore le débat sur la tenue des élections ne rassure pas l’opposition, car elle ne répond pas à la question : y aura-t-il une élection présidentielle en 2016 comme prévu? L’autre interrogation concerne une éventuelle modification de la Constitution. Sur ce sujet, le chef de l’Etat congolais ne s’est pas positionné de façon claire ou catégorique.

clairement qu’il quittera le pouvoir en 2016 ou qu’il ne briguerait pas de troisième mandat, mais il ne l’a pas fait. Résultat, les députés d’opposition voient l’annonce d’un glissement du calendrier électoral.

Nous ne pouvons donc pas en faire l’économie quelles que soient nos difficultés. Toutes les élections prévues par les lois de la République seront donc organisées conformément aux dispositions que seront prises par l’institution compétente pour ce faire, à savoir la Céni », a déclaré Joseph Kabila. Cependant, pour l’opposition, ce n’est pas assez. Le président congolais avait l’occasion, ce lundi, de dire

Pour la majorité, l’heure n’est pas au débat sur un troisième mandat ou la révision de la Constitution. « Joseph Kabila n’est qu’à mi-mandat », n’ont-ils cessé de répéter. La priorité pour les députés de la majorité est à la sécurité et aux progrès économiques du pays. Le débat sur la tenue d’une élection présidentielle en 2016 n’est donc toujours pas tranché.

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POLITIQUE – BURKINA FASO

« L’éloignement donne du prestige » Tacite Par Nicolas Champeaux Quelques semaines après la chute du Président du Burkina Faso, Blaise Campaoré, pour une raison en soi qui ne voudrait pas un tel retentissement, voici qu’une thématique pend sur toutes les lèvres des personnes intéressées par la politique africaine: le respect des institutions et l’alternance au pouvoir. Encore, bien souvent, les institutions dont il est question ne correspondent pas toujours à la réalité du terrain sociologique et qu’elles se présentent tout au plus comme un décorum dont les habitants se parent pour faire comme les autres. Dans la majorité des cas, ce qui retient l’attention, ce sont les suites tragiques d’une mauvaise lecture du postulat démocratique dans la mesure où les changements appelés comme une panacée universelle ne touchent pas au changement de régime. Ils peuvent couvrir des ressentiments et des frustrations de quelques personnes ou groupes et non l’opinion générale. Le leitmotiv pour l’avènement d’un régime de liberté à l’occidentale n’est pas celui qui préoccupe nécessairement les populations. L’alternance est une notion qui doit encore cheminer longtemps dans la tête d’un grand nombre tant la clientèle des leaders est encore dans beaucoup des pays subsahariens, ethnique ou tribale, les besoins vitaux captivent trop l’attention et jettent les électeurs dans les bras du premier démagogue venu. Et le chant de sirène du nivellement par le bas noie les élites sous la houle de la médiocrité. Dans la foulée de l’affaire Blaise Compaoré, deux chefs d’Etat, l’un est africain et l’autre européen. En marge du sommet de la francophonie, ils se sont rencontrés en aparté et se sont parlé, entre autre, sur l’actualité politique du continent africain. L’un est le président de Côte d’Ivoire, Allassane Ouattara et l’autre François Hollande, celui de France. Le second a cru intéressant de rappeler à son interlocuteur africain, un principe de droit en rapport avec le tabou de garder le pouvoir « ad vitam aeternam » (pour toujours).

A

u Sénégal et plus précisément à Dakar, le weekend dernier, on avait noté une divergence dans la lecture des événements, fin octobre, au Burkina, qui ont conduit à la chute de Blaise Compaoré. A la tribune, François Hollande avait parlé du soulèvement populaire comme d’une « belle démonstration » qui doit « faire réfléchir ceux qui veulent se maintenir au pouvoir en violant l’ordre constitutionnel ». « Nous ne souhaitons pas d’insurrections et de désordre dans nos pays », avait répondu Alassane Ouattara à la même tribune. A l’Elysée le 4 décembre, le ton était moins lyrique pour exprimer les exigences de Paris à l’égard de la transition burkinabè. « L’exigence, c’est le respect de l’ordre constitutionnel. L’exigence, c’est la date des élections et d’avoir, là aussi, un processus de transition. Mais, la France est aux côtés du Burkina Faso dès lors que ces conditions-là sont respectées. Et ceux qui se sont levés étaient aussi conscients qu’il fallait avoir le respect des règles constitutionnelles, c’est d’ailleurs pour ça qu’ils s’étaient soulevés », a déclaré le chef de l’Etat français. Alassane Ouattara a insisté sur les convergences de vue avec la France, à savoir le succès de la transition burkinabè. Toujours est-il que le président ivoirien qui semblait proche de l’ancien chef de l’Etat du Burkina Faso, n’a pas manqué, comme sa tirade le laisse remarquer, à se référer à l’historien latin Tacite « Cher Monsieur Hollande. Vous pouvez toujours causer. Et vous pouvez avoir raisons. L’éloignement donne du prestige »


POLITIQUE – MAROC

Onésha Afrika

La stratégie africaine de Mohammed VI Par Onésha Afrique avec Pierre Rousselin L’annonce du progrès de l’Afrique Noire en termes socio-économiques qui a semblé, un moment, importunés les experts du monde industrialisé se confirme au fil des jours. Aujourd’hui, on pourrait en paraphrasant François 1er, roi de France à la renaissance, qui disait « Paris vaut bien une messe », penser avec raison que l’Afrique vaut bien qu’on s’y intéresse et même plus qu’on se bataille pour elle. Dans le document qui suit, publié par le quotidien français de Droite, « Le Figaro » sous la signature de Pierre Rousselin, lequel est exemplaire de retournement de situation. Hier le continent noir faisait l’objet d’une ……….. totale. Signe des temps infernaux, même les pays comme la France qui avait juré de consacrer 7% de son PIB pour le développement, n’avez plus que la COFACE pour le financement des projets sans envergure et sans portée réelle sur l’avenir des populations. Les investissements privés eux ont tout simplement foutu le camp à l’exception des entreprises à l’instar de Bolloré and Compagnie dans un secteur, du reste, qui apporte peu de valeur ajoutée. Et pourtant, le cheminement de l’histoire n’est pas linéaire. Les éléments de réflexion ont commencé par des concepts qui passaient pour des slogans aux yeux d’hommes ………. Embourbés dans leurs illusions afro-pessimistes. Les mots: Coopération sud-sud, régionalisation de l’économie etc…n’avaient pas bonne presse. {Nonobstant dès que les pays émergents se sont décidés à investir l’Afrique noire a pour ses détracteurs d’hier les yeux de Chimène. Quant à l’Afrique du Nord, elle émerge face à ses coreligionnaires au sud du Sahara comme un parent dont on regarde avec fierté les réussites.} Le Maroc, à son tour, a compris la leçon des changements qui s’annoncent et ne veut pas rater le train du développement fulgurant de ses frères subsahariens.

«

Il n’y a plus de terrain acquis, pas plus qu’il n’y a de chasse gardée », lançait le roi Mohammed VI récemment à Abidjan dans une allusion directe à la France Quand le gotha mondial de l’arbitrage international s’est réuni la semaine dernière à Casablanca pour y lancer un nouveau centre de portée régionale, c’était pour célébrer l’ambition du Maroc de s’imposer en tant que plateforme des affaires en Afrique. Comme Hongkong vis-à-vis de la Chine, la capitale économique du Maroc se rêve en porte d’accès à une Afrique dont les réserves de croissance attirent de plus

en plus d’investisseurs. La stratégie africaine de Mohammed VI a été définie lors de la tournée que le monarque a effectuée en début d’année dans plusieurs pays du continent. «Il n’y a plus de terrain acquis, pas plus qu’il n’y a de chasse gardée», lançait-il à Abidjan dans une allusion directe à la France, dont les intérêts en Afrique de l’Ouest sont de plus en plus concurrencés par les entreprises marocaines, dans la banque, l’assurance ou bien les télécommunications. Au tête à tête traditionnel entre Paris et ses anciennes colonies, ou bien à la relation directe entre chaque pays africain et les capitales économiques

mondiales, le roi oppose une «coopération triangulaire» dans laquelle le Maroc offre «aux pays africains frères, le capital de confiance et de crédibilité dont il jouit auprès de ses partenaires» dans le monde développé. La création d’un centre financier à Casablanca, complété désormais par une instance d’arbitrage international, et les nombreux contrats signés lors de la tournée de mars dernier s’inscrivent dans cette stratégie africaine pilotée directement depuis le Palais. C’est un choix d’opportunité qui s’appuie sur une ouverture traditionnelle au monde et une stabilité politique d’autant plus remarquable qu’elle


offre un contraste saisissant avec les turbulences nées du printemps arabe dans l’ensemble du Maghreb et audelà. Le pari porte sur la régionalisation croissante de la mondialisation et sur le potentiel encore largement inexploré des relations commerciales et financières interafricaines. Les réseaux apportés par la diaspora marocaine, implantée en Afrique de l’Ouest comme en Europe, fournissent la colonne vertébrale d’une offensive de longue haleine. [. ] C’est aussi un choix imposé par les circonstances. Le conflit du Sahara occidental empêche tout rapprochement avec l’Algérie dont la frontière demeure fermée. Isolé au Maghreb, sans grandes perspectives du côté européen, le Maroc est condamné à se tourner vers le sud pour satisfaire des ambitions de puissance régionale confortées par la domination qui est la sienne du marché des phosphates, matière première essentielle au développement agroalimentaire d’une Afrique en pleine explosion démographique. [. ] C’est, enfin, un choix stratégique

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politique étrangère plus affirmée et retrouve, dans son propre style, le tropisme africain de son père.

qui dépasse le domaine strictement économique. La déstabilisation du monde arabe après les révoltes du printemps 2011, les menaces sécuritaires au Sahel et la montée en puissance des djihadistes de l’ «Etat islamique» ont changé la donne. Très lié à la monarchie saoudienne, le Maroc vient de fournir plusieurs F16 à la coalition anti-Daech. Il se positionne en partenaire de choix des pays développés et, vis à vis de ses voisins, en défenseur actif d’un islam modéré par la formation d’imams maliens, libyens et tunisiens. S’il a commencé son règne en se consacrant au développement interne du royaume pour se démarquer de l’activisme diplomatique de Hassan II, Mohammed VI renoue avec une

Son discours évolue aussi et se fait plus critique à l’égard du monde développé. La communauté internationale, relevait-il dans son message adressé en septembre à l’assemblée générale de l’ONU, n’a «pas le droit d’exiger des pays du Sud un changement radical et rapide, selon un schéma étranger à leurs cultures (...), comme si le développement ne pouvait se réaliser qu’à l’aune d’un modèle unique : le modèle occidental». Dans un contexte où le Maroc aspire à jouer un rôle croissant au sein de l’Afrique francophone, la crise avec Paris est particulièrement mal venue. La mise en cause par la justice française du chef du contre-espionnage marocain, accusé de torture par une ONG, a conduit Rabat à exiger une révision de la coopération judiciaire bilatérale. Il serait temps que l’on fasse la part des choses et que la confiance revienne avec un pays qui peut à bon droit se présenter comme un modèle dans la région.


POLITIQUE – BURUNDI

Burundi: l’opposition avertit la Céni sur l’enrôlement des électeurs Par RFI Au Burundi, les partis d’opposition montent au créneau à la veille du lancement de l’enrôlement des électeurs en vue des élections générales de 2015. Les principaux partis d’opposition ont écrit à la Commission électorale nationale indépendante (Céni), en prenant à témoin la communauté internationale, pour demander son report immédiat, en estimant qu’en l’état actuel des choses, ce serait la porte ouverte à des fraudes massives sur le fichier électoral.

L

e message se veut solennel, sans passion, mais ferme. Il s’agit de « la toute dernière fois, que nous demandons à la Céni de nous écouter et de répondre à notre doléance, sinon ce sera la rupture totale », prévient l’opposition burundaise. Et, cette fois, tous les grands partis d’opposition sont là. Ils exigent de la Commission électorale du Burundi qu’elle reporte sine die l’enrôlement des électeurs qui devrait débuter en novem-

bre. En cause notamment, tout ce qui a été fait jusqu’ici depuis la mise en place des commissions électorales, communales et provinciales, totalement dominées par le parti au pouvoir jusqu’à une distribution massive de cartes nationales d’identité qualifiées d’irrégulières, en passant par le refus de tenir compte de plusieurs ténors de l’opposition. Le risque d’un retour de la violence

Et les dits partis d’opposition de mettre en garde la Céni : « Il y a un risque

évident que le pays bascule de nouveau dans la violence. » Un avertissement qu’il ne faut pas prendre à la légère si on se souvient des violences qui ont suivi le boycott des élections générales de 2010 par l’opposition au Burundi. La réponse de la Céni était, elle, prévisible. Pour son porte-parole Prosper Ntahorwamiye, « il faut laisser le processus d’enrôlement démarrer lundi. Ceux qui ne sont pas encore prêts vont prendre le train en marche ».

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Vers une coalition politique historique? AFP/Roberto Schmidt Une nouvelle coalition politique, sans précédent dans l’histoire du pays, pourrait voir le jour. Le jeudi 20 novembre, les leaders des ailes majoritaires du principal parti tutsi, l’Uprona, et des ex-rebelles hutus des FNL ont signé secrètement une déclaration dans laquelle ils s’engagent à travailler ensemble. L’Uprona de Charles Nditije, les FNL d’Agathon Rwasa, mais aussi le parti Frodebu Nyakuri de Jean Minani sont les principaux acteurs de cette possible coalition. Une première dans un pays longtemps miné par les divisions et les guerres ethniques. C’est une annonce qui n’est pas sans surprendre au Burundi : les ennemis d’hier qui décident de s’allier. D’un côté, l’Uprona (Union pour le progrès national), le principal parti tutsi qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant 30 ans.

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De l’autre, son adversaire historique, les FNL (Forces nationales de libération), la première rébellion hutue à avoir pris les armes dans les années 80. Une nouvelle coalition présentée comme une union sacrée face au danger. Le pays « est au bord du gouffre », martèle-t-on dans ces partis. Et pour Charles Nditije et Agathon Rwasa, le danger s’appelle CNDD-FDD (Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie). Tous deux ont été officiellement évincés de la tête de leurs partis par des proches du parti au pouvoir et ne pourront concourir aux prochaines élections en 2015 qu’en candidats indépendants. Barrer la route au CNDD-FDD

L’objectif de cette coalition est donc clair : barrer la route au CNDD-FDD. Les

deux partis ont donc signé une déclaration qui les engage à mettre rapidement en place une même plateforme politique. D’abord en présentant un programme et des listes communes aux communales et aux législatives, mais aussi un candidat unique à la présidentielle. Ils appellent dans ce texte toutes les forces politiques, morales et sociales du Burundi à s’engager dans ce combat contre le pouvoir en place pour « sauver le Burundi ». Pour l’instant, rien de tout cela n’est encore fait. Mais l’Uprona de Nditidje et les FNL de Rwasa affichent leur optimisme : « Nous avons déjà négocié à Arusha », rappellent-ils. L’Uprona et les FLN présentent cette coalition comme la preuve que la donne politique a changé au Burundi, elle n’est plus ethnique.


MONDE – FRANCOPHONIE

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Dakar : XVe Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Francophonie Pascal Ntahompagaze, Rédacteur/ Journalist ; Expert/Consultant en Politique Internationale et Développement socio-économique Durable Le XVe Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Francophonie a eu lieu du 29 au 30 novembre à Dakar au Centre International de Conférences de Dakar à Diamniadio. Il a été précédé du 25 au 28 novembre par des spectacles culturels splendides, la 93e session du Conseil permanent de la Francophonie (CPF) et la 30e session de la Conférence ministérielle de la Francophonie (CMF). Ce Grand Sommet, qui coïncidait avec la fin du mandat de l’ancien Secrétaire Général Abdou Diouf (2003-2014) était centré sur le thème : « femmes et jeunes vecteurs de paix et acteurs de développement. ». Le terme francophonie est apparu pour la première fois vers 1880, lorsqu’un géographe français, Onesime Reclus, l’utilise pour désigner l’ensemble des personnes et des pays parlant le français. On parle désormais de francophonie avec un « f » minuscule pour désigner les locuteurs de français et de Francophonie avec un « F » majuscule pour figurer le dispositif institutionnel organisant les relations entre les pays francophones. La langue française est devenue un bien commun partagé par des millions de locuteurs dont le cercle s’élargit mais dont le centre s’enracine progressivement en Afrique. 5ème langue mondiale par le nombre de locuteurs (274 millions), derrière le mandarin, l’anglais, l’espagnol et l’arabe ou l’hindi, la langue française favorise notamment les échanges interculturels, la circulation des idées et les regroupements d’intérêts à l’échelle internationale dont la composante principale et croissante se trouve en Afrique. La francophonie, ce sont donc des femmes et des hommes qui partagent une langue commune, le français. La Francophonie, un espace francophone et institutionnel très important

Dès les premières décennies du XXe siècle, des francophones ont pris conscience de l’existence d’un espace linguistique partagé, propice aux échanges et à l’enrichissement mutuel. Depuis le 20 mars 1970 avec la création de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (devenue aujourd’hui l’Organisation internationale de la Francophonie) Les francophones peuvent s’appuyer sur un dispositif institutionnel voué à promouvoir la langue française et les relations de coopération.

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a pour mission de donner corps à une solidarité active entre les 80 États et gouvernements qui la composent (57 membres et 23 observateurs). Une communauté de destin consciente des liens et du potentiel qui procède du partage d’une langue, le français, et des valeurs universelles. C’est une personne morale de droit international public et possède une personnalité juridique, dont le siège est à Paris (France). Ce dispositif est fixé par la Charte de la Francophonie adoptée en 1997 au Sommet de Hanoi (Vietnam) et

révisée par la Conférence ministérielle en 2005 à Antananarivo (Madagascar). Le Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement – le Sommet de la Francophonie –, qui se réunit tous les deux ans, est la plus haute des instances politiques décisionnelles. Le Secrétaire général de la Francophonie est la clé de voûte de ce dispositif et le plus haut responsable de l’OIF. Le Secrétaire général assure un lien direct entre les instances et le dispositif opérationnel de la Francophonie. Cette dernière est placée sous l’autorité de 3 instances politiques : le Sommet, la Conférence ministérielle de la Franco-


MONDE – FRANCOPHONIE

phonie (CMF) et le Conseil permanent de la Francophonie.

Le XVe Sommet de la Francophonie de 2014

Conformément à ses grandes missions tracées par le Sommet de la Francophonie, l’OIF vise l’objectif de contribuer à améliorer le niveau de vie de ses populations en les aidant à devenir les acteurs de leur propre développement. Elle apporte à ses États membres un appui dans l’élaboration ou la consolidation de leurs politiques et mène des actions de politique internationale et de coopération multilatérale. Les 4 grandes missions de l’OIF sont entre autres : promouvoir la langue française et la diversité culturelle et linguistique, promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l’Homme, appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche, et finalement développer la coopération au service du développement durable. Une attention particulière est portée aux jeunes et aux femmes ainsi qu’à l’accès aux technologies de l’information et de la communication dans l’ensemble des actions de l’OIF. Elle agit en synergie avec l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), les quatre opérateurs spécialisés des Sommets que sont l’Agence universitaire de la Francophonie(AUF), TV5, l’Association internationale des maires francophones (AIMF), l’Université Senghor d’Alexandrie ; ainsi qu’avec les deux Conférences ministérielles permanentes : la Conférence des ministres de l’Education nationale (Confemen) et la Conférence des ministres de la Jeunesse et des Sports (Confejes). Elle s’appuie également, toujours davantage, sur les organisations de la société civile.

Ce sommet a connu un succès retentissant, a dit Mbagnick Ndiaye, ministre de la culture et de la communication du Sénégal, grâce au village de la Francophonie et une préparation très sérieuse et bien organisée. Le gouvernement sénégalais avait indiqué que plus de 35 chefs d’État et de gouvernement avaient confirmé leur participation au sommet. Certains gouvernements avaient été représentés par les Vice –Présidents ou les Ministres des Affaires étrangères. Installé au Grand Théâtre national, le Village de la Francophonie a pour objectif de faire découvrir le monde de la francophonie et sa riche diversité culturelle à travers un programme d’animation et d’exposition sur six espaces.

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Abdou Diouf (ancien Président de la République du Sénégal) avait été élu comme Secrétaire Générale par le Sommet de la Francophonie en 2002 à Beyrouth (Liban), puis réélu en 2006 par le Sommet de Bucarest (Roumanie). Un troisième mandat de trois ans lui a été confié en 2010 par les Chefs d’État et de gouvernement réunis au Sommet de Montreux (Suisse). Le XV e Sommet de Dakar (pays natal du Secrétaire Général sortant) était donc spécial parce qu’il coïncidait à la fin du mandat d’Abdou Diouf et l’élection d’un nouveau Secrétaire Général pour un mandat de 4 ans. Les dirigeants de l’OIF devaient choisir un successeur au secrétaire général sortant à la tête de l’organisation depuis douze ans.

Cinq candidats étaient en lice: la Canadienne Michaelle Jean (ex-gouverneure générale du Canada), l’ancien président burundais Pierre Buyoya, l’ex-premier ministre mauricien Jean-Claude de Lestrac, l’écrivain et actuel ambassadeur du Congo à Paris Henri Lopes, et l’EquatoGuinéen Agustin Nze Nfumu. Sous le thème « Femmes et jeunes en francophonie, vecteurs de paix et acteurs de développement », le Sommet a choisi justement la femme canadienne d’origine haïtienne Michaëlle Jean au poste de secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) lors d’un huis clos des dirigeants dimanche 30 novembre à Dakar, a annoncé l’OIF. Mme Jean a été désignée par consensus et non à l’issue d’un vote des pays membres de plein droit de l’OIF, a indiqué une source proche des discussions,. Elle prendra ses fonctions en janvier 2015. En plus de sa carrière irréprochable, le fait d’être la seule femme parmi cinq candidats en lice à la tête de l’OIF aurait sûrement joué en sa faveur.


MONDE / Moyen-Orient – USA

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La Méditerranée, “route la plus mortelle du monde” Source AFP

L

a Méditerranée est devenue “la route la plus mortelle du monde” en 2014, avec au moins 3.419 migrants qui ont perdu la vie en tentant de la traverser en quête d’un avenir meilleur, a annoncé mercredi l’agence des Nations Unies en charge des réfugiés. Depuis le début de l’année, ce sont plus de 207.000 migrants qui ont tenté de traverser la Méditerranée, un chiffre presque trois fois plus élevé que le précédent record de 2011 lorsque 70.000 migrants avaient fui leur pays

lors du printemps arabe.

pour rejoindre l’Italie ou Malte.

“Ces chiffres constituent une nouvelle étape à laquelle nous assistons cette année: nous faisons fasse à un arc de conflits et l’Europe y a été directement confrontée”, a déclaré à l’AFP Adrian Edwards, le porte-parole du HCR.

La plupart de ces migrants arrivés en Italie cette année sont Syriens (60.051), leur pays est ravagé par une guerre civile depuis plus de trois ans et demi, et Erythréens (34.561) qui fuient leur pays pour échapper à la répression brutale du pouvoir, au service militaire à vie, et au travail forcé, non rémunéré et à durée illimitée.

Avec des conflits au sud (Libye), à l’est (Ukraine) et au sud-est (Syrie/ Irak), l’Europe connait actuellement le plus grand nombre d’arrivées par la mer. Près de 80% des départs s’effectuent depuis les côtes libyennes

“Mauvaise réaction” des Etats

Le HCR a critiqué la gestion migratoire des Etats européens, regrettant

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MONDE / Moyen-Orient – USA que certains gouvernements se focalisaient davantage sur le maintien des étrangers hors de leurs frontières que sur le respect de l’asile. “C’est une erreur, et précisément la mauvaise réaction à avoir dans une

période où un nombre record de personnes fuient la guerre, a affirmé António Guterres, Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés. Tous les pays ont des préoccupations de sécurité et de gestion de l’immigration, mais les politiques doivent être conçues de manière à ne pas conduire à ce que les vies humaines deviennent des dommages collatéraux”. En octobre 2013, un bateau transportant plus de 500 migrants avait fait naufrage à proximité de Lampedusa, faisant près de 360 morts. Pour le seul mois de novembre, 8.000 migrants ont été secourus en mer Méditerranée. Des bateaux de sauvetage ont encore porté secours fin novembre à 320 migrants sur une embarcation de fortune, rapatriés au port d’Augusta (Sicile), et à un autre bateau avec à son bord 182 migrants, transportés jusqu’à Porto Empedocle en Sicile. Page 26 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2015

Fin octobre, les autorités italiennes ont cependant confirmé la fin de l’opération “Mare Nostrum” qui a permis de sauver des dizaines de milliers de migrants en Méditerranée. L’Italie avait lancé cette opération sans pré-

à-dire examiner les raisons pour lesquelles les personnes fuient, ce qui les empêche de chercher asile par des moyens plus sûrs, et ce qui peut être fait pour sévir contre les réseaux criminels qui prospèrent dans ce con-

cédent dans l’urgence de la tragédie qui avait frappé Lampedusa, mais ne souhaitait pas la prolonger à long terme, faute de soutien de ses partenaires européens.

texte, tout en protégeant les victimes”.

Plusieurs d’entre eux ont finalement accepté de contribuer à une nouvelle opération, baptisée Triton. Géré par Frontex, l’organisme européen chargé de la surveillance des frontières extérieures de l’Union européenne, elle sera limitée à la surveillance de la frontière extérieure de l’UE en Méditerranée. Record de migrants maritimes

“Vous ne pouvez pas utiliser des moyens de dissuasion pour empêcher une personne de fuir pour sauver sa vie, sauf en augmentant les dangers”, a affirmé M. Guterres. Selon lui, les Etats doivent “s’attaquer aux vraies causes profondes, c’est-

Toutefois, si la Méditerranée constitue “la route la plus mortelle du monde” selon le HCR, elle n’est pas la seule. Avec ceux de Méditerranée, au moins 348.000 migrants dans le monde ont ainsi entrepris de traverser une mer depuis début janvier, un pic jamais atteint. Le HCR a dénombré 540 victimes sur les 54.000 ayant tenté de traverser le golfe de Bengale en Asie du sud-est, la plupart en provenance du Bangladesh ou de Birmanie et à destination de la Thaïlande ou de la Malaisie. En Mer rouge et dans le golfe d’Aden, au moins 242 personnes ont perdu la vie, tandis que dans les Caraïbes le nombre de morts ou de disparitions signalées s’élevait à 71 début décembre.


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MONDE

28ème Session de l’Assemblée Parlementaire Paritaire (APP) ACP-UE : espoir et optimisme pour l’Afrique Pascal Ntahompagaze, Rédacteur/ Journalist ; Expert/Consultant en Politique Internationale et Développement socio-économique Durable La 28ème session de l’Assemblée parlementaire paritaire a eu lieu au siège du Parlement européen de Strasbourg (France) du 1 au 3 décembre 2014 autour du thème central : « oui, l’Afrique a les moyens de ses ambitions ». Elle a été précédée par les réunions de ses trois commissions permanentes le 29 novembre et la réunion du Bureau le 30 novembre. L’Union européenne a un partenariat spécial avec les pays ACP grâce aux liens historiques entre ces pays et de nombreux États membres de l’UE. Ce partenariat est basé actuellement sur l’Accord de Cotonou. L’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE rassemble des représentants élus de l’Union européenne et des pays ACP, soit des députés européens et des parlementaires des 78 États à avoir signé l’Accord de Cotonou, qui est la base de la coopération au développement ACP- UE. La dimension parlementaire qui permet un contrôle de la dimension gouvernementale et exécutive. Les élus parlementaires des 78 pays ACP et 78 membres du Parlement européen se réunissent deux fois par an dans l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE, une fois dans le pays UE qui détient la présidence du Conseil UE et une fois dans un pays choisi par les ACP. À côté des sessions plénières se tiennent des réunions régulières des commissions et du Bureau. Une renaissance de l’Afrique cours

en

Perçue par le passé comme le “continent oublié”, lors de la cérémonie d’ouverture de la 28e Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE, l’Afrique a été très considérée comme “le continent d’avenir”. Malgré la mauvaise image qu’on se fait généralement de l’Afrique liée à la mauvaise gouvernance ou de conflits armés, l’Afrique a des atouts lui permettraient de se hisser au rang des autres pays « développés ». Elle a connu une croissance sans précédent avec un taux moyen d’environ 4% en 2013 et possède d’énormes gise-

ments de ressources naturelles (immensité des terres arables, charbon, cuivre, cobalt, fer, pétrole, gaz, eau, soleil, vent, …), le rayonnement culturel et la jeunesse de sa population. “L’Afrique est en mesure non seulement de transformer la vie d’un milliard de citoyens, mais aussi d’améliorer la vie de millions de personnes du monde entier!” ; le “décollage économique du continent”, avec un taux de croissance économique moyen de 4% et une croissance démographique de 2,5% par an, “est devenu indissociable de la mondialisation, a déclaré Louis Michel, Député européen, co-président

de l’Assemblée parlementaire paritaire (APP) ACP-UE, à l’ouverture de la 28e session à Strasbourg. Selon le co-président de l’APP, Fitz A. Jackson ( du côté ACP, Jamaïque), “lorsque nous parlons de croissance économique, nous devrions également envisager le rôle crucial que joue le secteur privé pour faciliter la croissance économique et réduire la pauvreté, les inégalités et les disparités salariales dans les pays ACP”. Cependant il reste beaucoup à faire pour que ces atouts puissent réellement jouer en faveur de l’Afrique. La croissance devrait être “durable et inclusive”, a rap-

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MONDE

pelé Louis Michel qui a aussi cité parmi les défis essentiels le climat des affaires, le système fiscal et l’exploitation des matières premières. L’orientation générale de la 28e session de l’APP ACP-UE était autour des défis majeurs et urgents pour examiner la façon de tirer le meilleur parti possible de cette croissance afin de permettre à des millions de personnes de sortir de la pauvreté. Des débats ont lieu notamment sur les sujets suivants : diversité culturelle et droits de l’homme, le dialogue politique au titre de l’article 8 de l’accord de Cotonou, la propagation du terrorisme à l’échelle mondiale (rôle d’Internet et des réseaux sociaux), situation politique dans les pays ACP et les États membres de l’Union, stratégie de développement du secteur privé, notamment par l’innovation, pour le développement durable, financement des investissements et du commerce, notamment des infrastructures, dans les pays ACP par le mécanisme de prêts- dons de l’Union européenne, onzième fonds européen de développement (2014-2020), accords de partenariat économique, stratégie globale de l’Union en matière de pêche dans la région Pacifique, l’intégration régionale et la modernisation, des douanes pour un développement durable dans les pays ACP en coopération avec l’Union européenne” et sur “la Page 28 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2015

coopération Sud- Sud et la coopération triangulaire “, conséquences sociales et économiques de la malnutrition dans les pays ACP, défis et opportunités en matière d’éducation et de formation professionnelle dans les pays ACP, suites données par la Commission européenne à la résolution adoptée par l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE sur l’extraction de pétrole et de minerais dans les fonds marins dans le contexte du développement durable, la crise du virus Ebola et ses incidences sur les pays ACP et les États membres de l’Union, déclaration des co-présidents sur la conférence relative au changement climatique à Lima Des défis restent à surmonter pour le bien-être de tous

Pas de croissance sans juste équilibre entre réconciliation et justice : c’est l’un des défis de la réconciliation nationale dans les pays sortant d’un conflit ou d’une crise. En finir avec l’impunité est très important. Pour la mémoire et la paix sociale, en l’absence des tribunaux opérationnels, des mécanismes permettant une démarche globale à l’égard du soutien international au processus de normalisation doivent être encouragés. De même que le terrorisme, “les guerres, les massacres, les violences ethniques, ne connaissent pas de frontières”, a rappelé Louis Michel. “La réconciliation (...)

est toujours douloureuse pour les victimes, mais c’est le chemin incontournable pour retrouver la paix et l’harmonie qui forgent le ciment d’un peuple”, a-t-il poursuivi. Il a salué le rôle de la Cour pénale internationale “dans ce double processus de justice et de réconciliation”. Par ailleurs, Fitz A. Jackson a fait part notamment de ses craintes concernant la sécurité des citoyens dans certains pays sortant d’un conflit, où les tensions entre les anciens protagonistes persistent. “Cela pourrait être dû à l’absence ou à la faiblesse des structures démocratiques, aux pratiques culturelles et à la lutte qui a découlé pour la démocratisation, la bonne gouvernance et la réforme des systèmes politiques”, a-t-il affirmé. Il a appelé ses homologues européens à veiller à la transparence commerciale à partir de leur pays (...), des ventes qui pourraient en réalité perpétuer les conflits et le terrorisme en Afrique et dans d’autres pays”. Pas de développement sans sécurité : la situation dans le Sahel, au Darfour, en Somalie et dans la Corne de l’Afrique, en RDC, au Mali, au Nigeria (où opère le groupe terroriste islamiste Boko Haram), au Niger, et enfin l’apparition de l’”État Islamique” sont autant de menaces pour la paix et la stabilité. Selon Louis Michel, pour empêcher le développement en Afrique d’une “zone de


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non droit pour les trafiquants du monde entier”, il faut donner “aux autorités africaines les moyens de mener une politique antiterroriste efficace et durable”. Fitz A. Jackson a rappelé que le terrorisme présentait différentes facettes et a souligné “sa nature transfrontalière et son internationalisation en cours”. Il faut vaincre le terrorisme et la culture de l’impunité comme résolutions. Comme le secteur privé est aussi une source importante de financements extérieurs et d’un élément de mobilisation des ressources nationales, l’APP ACP-UE a examiné la nécessité de renforcer les institutions et la gouvernance afin d’encourager la participation à l’économie formelle. Les participants sont arrivés à une stratégie de développement du secteur privé, notamment par l’innovation et pour le développement durable. Le secteur privé est un moteur essentiel de la croissance économique, de la création d’emplois, de la fourniture de biens et de services, du commerce et de l’innovation. La malnutrition dans les pays ACP a un impact important au niveau social et économique: l’Organisation Mondiale de la Santé estime que la malnutrition est la principale menace qui pèse sur la santé humaine. Une nutrition appropriée est un déterminant essentiel d’une vie active et en bonne santé.

En dépit de ses effets délétères sur la santé et le développement, la malnutrition demeure un domaine sous-évalué, et dans lequel trop peu d’efforts sont consentis pour combattre ses causes et ses graves conséquences économiques et sociales. Des urgences comme le virus Ebola n’ont pas été oubliées. L’épidémie d’Ebola n’est pas seulement une question de santé publique. » Ebola, épidémie sans précédent, est devenue la pire épidémie de la maladie connue à ce jour, non seulement en Afrique, mais partout ailleurs dans le monde”, a affirmé M. Michel. “L’épidémie d’Ebola reste un problème international auquel il faut trouver une réponse durable basée sur notre sens de l’humanité et sur l’empathie”, a déclaré le co-président de l’APP, Fitz A. Jackson. M. Michel a salué les efforts de l’UE et des États-Unis en vue de fournir aux autorités des pays touchés des ressources financières et techniques dans leur lutte contre la maladie. “Il s’agit là d’un geste de solidarité humaine, à une époque où nous en avons le plus besoin. Mais je continue de penser que la communauté internationale peut agir davantage”, a fait savoir M. Jackson. On a attiré l’attention de l’Assemblée sur les conséquences sociales et économiques durables de l’épidémie. Comme résolutions, il faut «‘isoler la maladie, mais pas isoler les pays et les communautés con-

cernées” et “d’éviter la stigmatisation des patients qui ont survécu”. Ils ont invité instamment “tous les bailleurs de fonds internationaux à honorer leurs promesses de dons” et soulignent que ces efforts ne devraient pas être limités à la lutte contre la maladie mais également à créer des Conditions favorables pour la reconstruction sociale et économique après Ebola dans les pays touchés, notamment en soutenant les orphelins dus à la maladie. Le Parc national des Virunga en R D Congo est inscrit au patrimoine de l’Unesco depuis 1979. Il se caractérise par une richesse exceptionnelle en termes de diversité biologique. Ce parc abrite le plus grand nombre d’espèces de mammifères, d’oiseaux, de reptiles pour une aire protégé au niveau mondial. Par comparaison, le Parc des Virunga abrite plus de taxas d’oiseau que l’ensemble des pays de l’Europe occidentale. Ce parc et ses sites annexes sont aussi un haut lieu d’endémisme pour différentes espèces dont malheureusement bon nombre figurent sur la liste des espèces menacées d’extinction, notamment le gorille des montagnes Récemment, ses gardiens ont été violemment attaqués et les réserves pétrolières qu’il renferme font l’objet des convoitises d’intérêts commerciaux peu scrupuleux. La recrudescence de ces problèmes a fait objet de débats.

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ECONOMIE -

L’Afrique centrale veut réduire son fossé énergétique Par Xinhua Une table-ronde des bailleurs de fonds sera organisée en 2015 pour le financement des projets dont les études sont finalisées

R

éunis vendredi dans la capitale tchadienne, les ministres de l’Energie des dix pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), ont adopté des décisions pour réduire le fossé énergétique que connaît la région, malgré son énorme potentiel. Les ministres en charge de l’Energie de l’Afrique centrale ont adopté des approches stratégiques efficaces pour faire face aux défis énergétiques inhérents à leur région, indique un communiqué final de la 16ème session ordinaire qui s’est achevé à N’Djaména,

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capitale du Tchad, après une dizaine de jours de travaux. Ils ont également évalué l’état d’exécution du plan d’actions et du budget 2014 du Pool énergétique de l’Afrique centrale (PEAC), examiné et adopté le projet de plan d’actions, ainsi que le projet du budget 2015, équilibré en recettes et dépenses à plus de 4 milliards F CFA (8 millions USD). Une table-ronde des bailleurs de fonds sera organisée en 2015 pour le financement des projets dont les études sont finalisées. La réunion de N’Djaména a par ailleurs recommandé l’ accélération du

processus de signature des protocoles d’accord sur l’interconnexion entre le Cameroun, le Gabon et la Guinée Equatoriale d’une part, et l’aménagement du site de Dimoli et des lignes associées entre le Cameroun, le Congo et la République Centrafricaine, d’autre part. Le conseil des ministres a, enfin, adopté le Document de stratégie de politique énergétique régionale du PEAC. L’Afrique centrale est dotée du plus grand potentiel hydroélectrique du continent: 650.000 GW/an, soit plus de 57%. Elle dispose aussi d’autres ressources primaires notamment la


Onésha Afrika biomasse, le solaire, l’éolien, le gaz et le pétrole. Malgré tout cet énorme potentiel, l’Afrique centrale demeure cependant la partie la moins électrifiée de toutes les sous- régions d’Afrique. Elle affiche, entre autres, des indicateurs suivants: un taux de production annuelle d’environ 4% contre 60% en Afrique australe; un taux de consommation par habitant qui se situe aux alentours de 109 kWh/an contre 740 en Afrique du nord et 1.600 en Afrique australe; un taux d’électrification d’environ 13% contre 90% en Afrique du nord; et une qualité des services caractérisée par des délestages intempestifs. Le cas du Tchad, dont les énormes potentialités renouvelables restent inexploitées à ce jour, illustre bien ce paradoxe. “Des efforts importants ont été consentis par les autorités ces dernières années, à la fois dans le domaine de la production de l’ énergie électrique comme le domaine de la distribution, du transport de l’énergie électrique”, affirme Mahamat Adoum Ismael, directeur général de la Société nationale d’électricité du Tchad ( SNE. Le parc de production de la société est de près de 120 MW. Mais, dans la réalité, la société ne met que 36 ou 37 MW sur la capitale chaque soir. “Les besoins sont importants et s’accroissent de jour en jour. A moyen terme, nous allons tout de suite être dépassés par la demande si, préalablement, nous ne prenons pas de dispositions pour augmenter notre production”, prévient M. Adoum Ismael. Pour les N’Djaménois, la lumière viendra peut-être un jour du Cameroun voisin. En marge des réunions statutaires du Pool énergétique de l’Afrique centrale, le Premier ministre tchadien, Kalzeubet Payimi Deubet, a lancé les travaux d’étude du projet d’interconnexion des réseaux électriques entre le Cameroun et le Tchad, un projet financé par la Banque africaine de développement. Pour les leaders de l’Afrique centrale, le PEAC constitue donc la réponse appropriée à la sous-électrification et au déficit énergétique chronique de

la région, vaste de plus de 6 millions km2 et peuplée de plus de 140 millions d’habitants. Il est un instrument de mise en œuvre d’une vision communautaire qui consiste à valoriser l’énorme potentiel hydroélectrique de la région pour satisfaire, d’ici 2025, toutes les formes de demandes en électricité au sein et en dehors l’espace CEEAC, via des boulevards énergétiques interconnectés et des marchés de libreéchange d’énergie électrique efficaces et prospères. Le PEAC, créé le 12 avril 2003 par les chefs d’Etat de la région, a pour objectifs, entre autres, le renforcement de la sécurité d’approvisionnement en électricité des différents pays de la CEEAC; l’accroissement du taux d’accès à l’électricité des populations et réduction de la pauvreté; l’amélioration de la fiabilité du sys-

tème électrique et de la qualité de la fourniture d’électricité dans l’ensemble de la sous-région; l’institution d’ un forum sous-régional où les problèmes du secteur de l’énergie sont examinés et des solutions appropriées trouvées dans le cadre des procédures et politiques définies en tenant compte des impacts sur l’environnement et la création d’un marché de libre-échange d’ énergie électrique. “La sécurisation de l’approvisionnement en énergie dans notre sous-ensemble passe indubitablement par une plus grande impulsion en faveur de la réalisation des projets structurants inscrits au portefeuille des projets du Pool énergétique de l’Afrique centrale”, conclut le ministre tchadien du Pétrole, des Mines et de l’ Energie, Djerassem Le-Bémadjiel, qui préside le conseil des ministres de la PEAC.

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ECONOMIE - CHINE-AFRIQUE

La Coopération « gagnant-gagnant » prend un coup Par Onésha Afrika / source : Xinhua Le concept gagnant-gagnant a séduit jusqu’ici par cette méthode particulière qu’ont les chinois d’appréhender leurs relations avec les étrangers. Héritage d’une tradition millénaire qui tourne autour de l’idée d’un centre du monde connu qui serait l’Empire du Milieu. Tout converge vers ce centre et cela est consacré par les Occidentaux lesquels se bousculaient au portillon de l’empire pour ses richesses de l’époque, entre autres les épices ainsi que la soie. Ils en firent tant que les Chinois vont concevoir le moyen de se prémunir contre les envahisseurs en privilégiant l’autarcie à l’ouverture. Illustration à ce refus qui confine à la xénophobie, ce qui, en l’occurrence n’est pas tout à fait correcte (la grande muraille de Chine et la cité interdite de Pékin). Aujourd’hui les mêmes causes produisant les mêmes effets, le monde occidental dans son ensemble, voudrait recommencer l’opération qui pour le moment n’a plus comme enjeu les matières premières mais les conditions très favorables du marché de plus d’un milliard de Chinois. Mais la Chine ayant été échaudée par le mercantilisme européen au Moyen-Âge n’a pas, cette fois-ci, ouvert les bras, du moins pas comme les autres en avaient espéré! C’est que la mondialisation aidant d’autres horizons plus en phase avec les ambitions de l’Empire du Milieu se sont ouve rts. Le libre-échange est un autre concept en cours dans l’espace capitaliste du vieux continent. C’est sur ce prétexte que l’Occident comptait négocier son retour en Chine. Malheureusement, cette dernière est devenue une puissance économique majeure et comme telle, tire sa force non pas en important les meilleurs productions des autres quand bien même qu’il serait en mesure de les payer. D’où la nécessité pour les Chinois de conquérir des parts de marché dans l’immense boulevard que constitue le marché africain. Comment faire avaler la pilule aux décideurs du continent noir? La formule « gagnant-gagnant » a jailli ensuite….. les cerveaux des experts en stratégie chinoise. Ces pays ont d’énormes besoins en termes de biens de consommation courants qu’ils peinent à se doter d’infrastructures des plus élémentaires, se sont-ils dit. Face à ces données, il nous suffirait de faire comme si ces malheurs et nous étaient sur le même pied d’égalité. Ils nous fournissent les terres, leurs ressources du sol et du sous-sol, en contrepartie, nous construisons des routes et nous inondons leurs pays de nos produits bas de gamme et quelques routes………………………. Cela nous permettra de faire d’une pierre deux coups. Aussi ne sera-t-il jamais question des changements majeurs qui eux nécessitent d’investissements à la hauteur des enjeux. Cela semble tirer par les cheveux. Mais non ! L’article ci-dessous extrait d’une analyse de la situation de la coopération sino-africaine par l’agence chinoise XINHUA est symptomatique de ce climat néfaste.

T

ous les matins, plus de trois mille ouvriers en uniforme font de la gymnastique avant le début de leur travail sur une chaîne de production qui fabrique des chaussures en cuir. Cette usine est la plus grande productrice de chaussures et la plus importante

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en Ethiopie en termes de création d’emplois. Elle est financée et gérée par une entreprise chinoise privée et fait partie de la prochaine vague d’investissements chinois en Afrique. “Lors de l’ouverture de l’usine en 2012, des centaines d’habitants locaux ont fait la queue pour postuler à un em-

ploi. L’image était vraiment spectaculaire”, a indiqué Liu Guijin, ancien représentant spécial du gouvernement chinois pour les affaires africaines, lors de la 5e table ronde de la Conférence sur la coopération Chine-Afrique qui s’est tenue plus tôt en novembre dans la province de Hainan (sud). La Chine souhaite intégrer un nouveau marché pour absorber sa surcapacité de production dans le secteur manufacturier, alors que l’Afrique a besoin de plus de projets à forte demande en main-d’oeuvre pour développer l’emploi sur place, a ajouté M. Liu. L’Afrique compte une importante population jeune, avec plus de 200


Onésha Afrika

millions de jeunes vivant sur le continent qui ont entre 15 et 24 ans. Environ 60% des chômeurs africains sont des jeunes. “L’histoire nous a enseigné que plusieurs pays ‘tigre’ et ‘dragon’ ont réussi à prospérer économiquement et ont donc minimisé les problèmes liés au chômage grâce à l’industrialisation. Je pense que l’Afrique n’a pas besoin d’inventer la roue. Elle doit emprunter la même route sur laquelle les autres sont déjà passés , a indiqué lors de la conférence l’ambassadeur Seif Ali Iddi, deuxième vice-président de Zanzibar. Il a exprimé l’espoir que la Chine délocalise en Afrique davantage d’industries à forte demande

en main-d’oeuvre, afin d’accélérer l’industrialisation du continent africain. La deuxième plus grande économie du monde, sous pression pour moderniser ses industries et faciliter les réformes économiques, vise davantage les marchés étrangers afin de trouver des solutions. De plus en plus d’entreprises qui ont bénéficié du développement de la Chine pendant les trois dernières décennies, se pencheront sur les nouveaux marchés, dont l’Afrique, afin de se diversifier. Malgré l’attrait de la main-d’oeuvre à bas coût, le rendement en Afrique est souvent plus bas par rapport aux autres pays en voie de développement.

Selon un rapport publié par la Banque mondiale, un travailleur chinois produit 4,5 chaises par jour, un ouvrier vietnamien 1,9, alors qu’un travailleur éthiopien ne réalisera que 0,3 chaise. En outre, un environnement politique instable, un mauvais niveau d’infrastructures et un système légal mal structuré feront également hésiter les entreprises chinoises à aller faire fortune en Afrique, a indiqué M. Liu Guijin. En 2007, la Banque de développement de Chine a lancé le fonds de développement Chine-Afrique pour faciliter les investissements chinois en Afrique.

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ECONOMIE - Sénégal

les pêcheurs inquiets du retour des filets européens Par Matthieu Millecamps Les navires européens, interdits de pêche au Sénégal depuis 2006, seront bientôt de retour. A partir de 2015, près de 40 bateaux pourront capturer 14 000 tonnes de thonidés par an en échange de compensations financières. Une perspective qui inquiète les pêcheurs artisanaux, tandis que Greenpeace vient de lancer une campagne pour lutter contre les « bateaux monstres ».

I

l est 17 heures. Sur la plage de Soumbedioune, à Dakar, le ballet quotidien a démarré dans la lumière rasante du soir. Les pirogues chargées de la pêche du jour viennent s’échouer sur le sable. Des hommes, certains très jeunes, se précipitent pour vider les caisses remplies de carpes rouges et autres mérous. Mbaye Sall, qui revient de trois jours de mer avec son fils de 15 ans, a le sourire aux lèvres. « C’est une très bonne journée pour moi ! On a gagné 57 000 francs

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CFA [86 euros, ndlr]. Demain, on repartira, en espérant avoir la même chance », clame-t-il. Ils étaient à trois sur sa pirogue, et il faudra encore déduire le carburant du chiffre d’affaires réalisé. « On ne peut pas vendre ce que l’on n’a pas »

Son bloc en main, Issa Fall fait le tour des 270 pirogues recensées à Soumbedioune. Il doit identifier lesquelles ont pris la mer ce jour-là, évaluer les stocks pêchés et vérifier

que les techniques utilisées sont conformes au code de la pêche. Il assume ce rôle plusieurs fois par semaine. Le reste du temps, il prend la mer avec les autres. Quand on l’interroge sur le nouvel accord de pêche qui vient d’être signé pour cinq ans entre l’Union européenne et le Sénégal et qui doit entrer en vigueur en 2015, il répond d’une formule lapidaire : « On ne peut pas vendre ce que l’on n’a pas ». Arborant ostensiblement un T-shirt Greenpeace, Issa Fall se fait le porte-


Ces accords « sont très importants pour les pays à forte concentration en pêcheries comme le mien, l’Espagne, mais aussi pour l’ensemble de la pêche européenne », insiste José Blanco, eurodéputé espagnol à la tête de la Commission parlementaire sur la pêche. Pour qu’un accord soit signé, il faut nécessairement qu’il soit « équitable et qu’il y ait un intérêt pour chacun », juge-t-il. En l’occurrence, l’accord avec le Sénégal est « équilibré ». Pour le Sénégal : compensations financières

parole des pêcheurs artisanaux inquiets, de Soumbedioune et d’ailleurs, en des termes précis : « Toutes les ressources halieutiques d’Afrique de l’Ouest sont dans le rouge. Tout le monde le sait. Et pourtant, on continue de donner des droits de pêche à des navires gigantesques qui vont surconsommer la ressource et détruire les fonds, abimer l’habitat marin. Finalement, c’est nous, ici, qui n’aurons plus rien quand ils auront tout vidé. » Une nécessité économique pour l’Union européenne

Depuis 2006, les bateaux européens ne pouvaient plus pêcher au large du Sénégal. L’accord, entré en vigueur depuis 1998 et reconduit en 2002, concernait alors 78 navires thoniers et 27 ciblant les espèces démersales (qui vivent en eaux profondes). Avec l’accord signé le 20 novembre 2014 à Bruxelles, les 38 navires européens concernés pourront pêcher 14 000 tonnes supplémentaires par an à partir de 2015. « Essentiellement des thonidés », promet l’accord.

Le Sénégal a obtenu que les poissons pêchés dans ses eaux territoriales soient obligatoirement débarqués à Dakar. Des compensations financières sont également prévues : 13,9 millions d’euros pour les cinq ans que couvre l’accord. Sur ce total, 5,2 millions seront payés par les armateurs européens. Le reste - 1,7 million d’euros par an pendant cinq ans - comprend un volet d’appui qui doit se répartir « dans les trois priorités définies par le partenaire sénégalais lors de la négociation, à savoir : la surveillance des pêches maritimes et la lutte contre la pêche illicite, la recherche scientifique et la pêche artisanale », précise la Direction générale des Affaires maritimes et de la pêche de la Commission européenne (DG Mare). Parmi les projets concrets, qui sont encore au stade de la formalisation, la DG Mare pointe « l’amélioration des conditions sociales et de sécurité des acteurs, la restauration d’écosystèmes dégradés afin de favoriser le développement des juvéniles et la création de zones de pêche et d’aires marines protégées. » Ces promesses ont « calmé les ardeurs des pêcheurs », assure Ibrahima Fall, responsable de la Maison des pêcheurs de Soumbedioune. Mais ce responsable de comité local de pêche, soumis à des quotas stricts, s’avoue dubitatif : « Vous demandez à votre compatriote de se serrer la ceinture, et vous ouvrez les vannes pour d’autres. Ce n’est pas logique. » Si la colère est – un peu – retombée, on est donc bien loin du blanc-seing. « On attend de voir ce qui arrivera vraiment ici,

prévient-il. De 1998 à 2004, on avait observé une réduction drastique des captures et des revenus des pêcheurs. Il faudra faire des bilans d’étapes. Et, s’il le faut, on demandera à nouveau au gouvernement de faire suspendre l’accord. » Craintes environnementales

Des inquiétudes auxquelles viennent s’ajouter celles de Greenpeace qui a lancé le mois dernier une campagne contre ceux qu’elle qualifie de « bateaux-monstres ». « L’Union européenne est, dans le monde, l’un des principaux responsables de la surpêche », accuse Marie Suzanne Traoré, responsable du dossier à Greenpeace Afrique de l’Ouest. « L’impact de ce type de pêche sur les communautés de pêcheurs artisans du littoral ouest-africain est catastrophique. Ces bateaux-monstres comptent parmi les premiers responsables de l’épuisement des stocks d’espèces pélagique. Il s’agit de ressources stratégiques. Au Sénégal, on a observé une forte baisse du stock de sardinelles, qui sont l’une des seules ressources capables de fournir des protéines animales aux populations démunies ». Lors d’un récent colloque sur la pêche durable organisé à Dakar, Oumar Guèye, ministre sénégalais de la Pêche, a insisté sur le fait que dans l’accord avec l’UE, le gouvernement a « ciblé le thon, qui n’est pas une espèce menacée. Il n’y a pas de risques pour que l’UE pêche cette espèce ». La DG Mare assure de son côté que « l’activité de pêche exercée par les navires de l’UE est soumise à un suivi et un contrôle continu, ainsi qu’à une évaluation, au moins une fois par an, par le comité scientifique conjoint instauré par l’accord ». Quant à l’eurodéputé espagnol José Blanco, il répond à ces inquiétudes environnementales en reconnaissant que l’Union européenne « doit peut-être renfoncer ses inspections », mais accuse à son tour d’autres acteurs : « Des pays comme la Chine ne sont parfois pas les plus respectueux avec la durabilité des ressources marines. »

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SOCIETE - FEMMES

Les violences faites aux femmes, un sujet toujours tabou Par Onésha Afrika avec RFI Le monde s’est mobilise, le mardi 25 novembre dernier, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Filles des rues de République démocratique du Congo (RDC), victimes de violences domestiques en Afrique du Sud ou de mutilations génitales en Côte d’Ivoire : sur le continent africain, les abus sont multiples, mais restent peu dénoncés.

L

a RDC doit liquider au plus vite le délicat dossier des viols des femmes. Grâce au Dr Denis Mukwege, Prix Sakharov 2014, l’image de marque reprend ses couleurs dans ce domaine lourdement chargé de dérives criminelle, terroriste et asociale. Le viol devenu arme de guerre dans l’est de ce pays, c’est tout simplement horrible. Mais la République Démocratique du Congo n’est pas le seul à être atteint par ce fléau démoniaque auquel s’ajoutent d’autres catégories des violences faites princiPage 36 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2015

palement aux femmes. On évoque régulièrement les viols massifs commis dans l’est de la République démocratique du Congo – région secouée par des années de conflits. Mais dans la capitale, Kinshasa, les violences faites aux femmes sont également un vrai problème. Plus de 20 000 enfants atterrissent et vivent dans les rues de la capitale. Près d’un sur deux est une fille ; des jeunes filles mineures qui, pour 70% d’entre elles, subissent régulièrement des viols et sont maltraitées. Depuis 1999, l’ONG

Médecins du monde a mis en place un programme d’aide et d’éducation sexuelle qui leur est destiné. En RDC, le calvaire des filles des rues

Vêtue d’un vieux t-shirt et d’une jupe trop grande, micro en main, Cilia fait son show devant ses amies, hilares. Comme toutes les adolescentes du monde… sauf que toutes celles qui sont présentes vivent dans la rue. « J’ai quitté ma maison quand ma mère est partie en Angola. Mon père s’est remarié, mais avec ma belle-mère, ça


Onésha Afrika grossesse, elles ne vont pas attraper de maladies. » Le travail est lent et délicat, tant les filles quand elles arrivent, ne connaissent rien du Sida et du fonctionnement de leur corps. Mado, 15 ans, a accouché il y a trois mois : « Avant de venir au centre, je ne savais rien du Sida ou de l’ovulation. On m’avait juste dit que pendant les trois jours de règles, il ne fallait pas avoir de rapport, mais c’est tout. » Aujourd’hui, Mado a un contraceptif sous forme d’implant pendant cinq ans. Mais des milliers d’autres n’ont pas cette chance. Depuis 15 ans, l’ONG Médecins du monde accompagne les filles des rues, et distribue préservatifs et méthodes contraceptives. Soixante centres d’accueil ont été montés à Kinshasa, mais seuls deux acceptent d’accueillir les filles enceintes, dans une société conservatrice et marquée par la religion. En Côte d’Ivoire, des centres existants mais méconnus

À Abidjan, le centre de prévention et d’assistance aux victimes de violences sexuelles Pavvios se cache derrière la maison des jeunes d’Attecoubé. Ce centre, rattaché au ministère de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, est méconnu. Il permet pourtant aux « survivantes », comme on les appelle ici, de trouver une aide précieuse, voire un dortoir en cas d’urgence. n’allait pas », raconte Mado, 15 ans, l’une d’entre elles. Célestine, 15 ans également, a une longue cicatrice sur le biceps, et les jambes marquées par des blessures. Elle raconte son quotidien depuis 3 ans : « Dans la rue, c’est difficile de trouver à manger. Tu risques toujours de te faire taper. Même si tu gagnes de l’argent en faisant des passes, les garçons peuvent te le prendre, et ils peuvent te violer comme ça. » La plupart des filles qui viennent se laver ou se reposer dans ce centre de quartier ont fui des foyers en crise.

Maltraitées par une belle-mère, ou abandonnées par un père, elles atterrissent dans la rue, se font violer et se prostituent pour survivre. Une activité difficile à abandonner, comme l’explique Liliane, chargée de leur accompagnement psycho-social : « Un enfant qui est habitué à se prostituer est indépendant. Il veut être libre. A la maison, il était insulté, maltraité, mais dans la rue, il a développé un autre système. Alors il veut se prendre en charge lui-même », explique Liliane, qui tâche de sensibiliser les jeunes femmes : « On leur montre qu’avec le préservatif, elles n’auront pas de

Car en Côte d’Ivoire, les femmes sont parfois victimes de mutilations génitales et de violences conjugales, mais elles sont surtout touchées par les viols – un phénomène amplifié avec les années de crise. Des structures publiques et gratuites existent à Abidjan. « Nous prenons en charge le certificat médical, les produits pharmaceutiques et les examens que le médecin demande, détaille Jules Kouassi, chargé de la sensibilisation au centre Pavvios. Il y a aussi un psychologue, qui reçoit les victimes pour leur donner de l’assurance, pour qu’elles ne se sentent pas coupables. Nous avons reçu


des enfants de deux ans ici, qui ont été violés. Il ne faut laisser cela impuni. » C’est l’association des femmes juristes qui accompagne gratuitement les victimes dans les méandres des procédures. En Côte d’Ivoire, faute de Cour d’assises, le viol est correctionnalisé en « attentat à la pudeur ». Aimée Zebeyoux, la présidente de l’association, assure que les sanctions suivent. Mais le problème est le manque de dénonciations : « Dans les commissariats, les gens qui portent plainte n’ont pas d’assistance. Il y a un arrangement à l’amiable qui se fait, ce sont des sujets un peu tabous. » L’association intervient aussi à l’intérieur du pays – là où les violences basées sur le genre passent souvent inaperçues – à travers des cliniques juridiques. En Afrique du Sud, des lois adaptées mais une application problématique

En Afrique du Sud, ce mardi 25 novembre marque le début d’une campagne de seize jours pour lutter contre ce fléau. Le pays détient le triste record du nombre de viols de femmes, mais également de petites filles. Face à l’augmentation de cette violence, de nombreuses Eglises se sont jointes à la campagne cette année. L’année dernière, plus de 46 000 viols ont été enregistrés par la police sud-africaine, mais le chiffre est probablement dix fois plus élevé. Par ailleurs, plus de 1000 femmes ont succombé à des violences Page 38 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2015

domestiques. Pour le révérend Lisubeng, ce fléau touche tout le monde : Blancs, Noirs, pauvres et riches, et détruit des familles entières. « Ces abus contre les femmes et les enfants n’arrivent pas simplement ailleurs : cela se passe dans nos Eglises. Nous connaissons certaines de ces femmes, ainsi que leurs maris, qui sont des membres de l’Eglise, assure le révérend Lisubeng. Une fois, une femme est venue vers moi, et m’a dit qu’elle servait de « punching-ball » à son mari. Beaucoup de ces femmes viennent me confier ce genre de choses. A ce rythme, elles vont finir par être tuées. » La pauvreté et les inégalités expliquent partiellement ce niveau de violence. Mais pour le révérend Jessie, il y a aussi le poids d’une histoire mal digérée : « Je pense également que cela vient de l’apartheid. Je pense que nous n’avons pas encore digéré la colère provoquée par ce que nous a fait l’apartheid. Oui, il ya eu la commission vérité et réconciliation, mais je pense qu’on ne mesure pas à quel point l’apartheid nous a détruits en tant qu’êtres humains, que l’on soit Blancs ou Noirs. » Absence de campagne nationale

Face à cette violence, les organisations de protection des femmes sud-africaines déplorent l’absence de campagne nationale. Pour l’activiste Nondumiso Nsibande, le gouvernement ne fait pas

assez : « Il n’y a pas vraiment de volonté politique et de leadership pour résoudre ce problème de violences envers les femmes. Une campagne de sensibilisation de seize jours est lancée, mais nous pensons que cela devrait durer toute l’année. Il nous faut un plan national de lutte pour éradiquer la violence contre les femmes et les filles », estime l’activiste. Nondumiso Nsibande estime que les lois sud-africaines sont adaptées, mais que c’est leur application qui est problématique : « La loi sur la violence domestique, par exemple, est très bien. Mais le problème, c’est que les postes de police ne sont pas équipés : ils n’ont pas de voitures pour aider les victimes, ou même simplement pour aller les chercher. Et puis il faut les former : souvent, quand une victime de violence domestique se présente au poste, on va lui dire qu’il faut régler ça à la maison, que c’est une affaire privée qui ne regarde pas la police. » Ces violences ne sont pas une particularité du continent africain. En France, une femme décède tous les trois jours sous les coups de son compagnon. Chaque année, plus de 216 000 femmes y sont victimes de violences commises par leur partenaire. Seules 16% déposent plainte. Par ailleurs, toujours en France, 86 000 femmes rapportent avoir été victimes de viol ou de tentative de viol.


www.kinses.com

socialite@kinses.com Onésha Afrika • Janvier - Février 2015 • Page 39


SOCIETE -AFRIQUE

Une destination, un parcours, un rêve devenu cauchemar … Football à tout prix !

L

e football international a conquis aujourd’hui les cœurs des citoyens du monde. C’est l’un des sports qui rassemble les gens de différente opinion politique, religieuse ou morale. C’est derrière un ballon que 22 joueurs courent pendant quatre-vingts minutes en moyenne afin de remporter un titre ou un prix. Ces joueurs, peu importe le maillot ou drapeau qu’ils défendent, affluent du monde entier. En effet, aujourd’hui il ne suffit pas d’être originaire d’un pays pour en porter le maillot ; seul le talent suffit ! Les clubs africains étant les plus démunis et les moins prometteurs, les jeunes talents de ce continent quittent de plus en plus leur pays d’origines en vue de réaliser un rêve, celui de conquérir les cœurs des fanatiques du football et séduire les maîtres en la matière! Ils sont nombreux à rêver d’atteindre, un jour, le sommet d’une carrière footballistique. Aujourd’hui, ce sont ces jeunes africains passionnés du ballon rond, qui quittent leur terre natale à la conquête de la réussite dans Page 40 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2015

le domaine de ce qu’ils savent faire le mieux : Le football. Une destination finale, L’Europe, mais en passant par l’Asie et plus précisément Bangkok, appelé « Le pays du sourire » ! Vulnérables, ces jeunes talents, âgés entre 16 et 25 ans fondent leurs espoirs sur les promesses des managers tout en s’inspirant de l’expérience et du parcours fructueux de grands joueurs africains, tel que Didier Drogba, Samuel Eto’O, Emmanuel Adebayor, Yaya Touré … afin de leur ressembler. Ces jeunes hommes qui sont la plupart du temps originaires des pays comme le Nigéria, la Guinée, la Cote d’Ivoire, le Ghana, ou le Cameroun, quittent leurs terres natales dans le but d’accomplir ce rêve. C’est après avoir vendu leurs biens en Afrique, qu’ils décident de quitter le pays. Arrivés en Asie, après des sacrifices importants, certains adhèrent très vite à des clubs de football et d’autres pas. C’est à cet instant que la plupart de ces jeunes réalisent que l’objectif sera difficile à atteindre et que la route vers la gloire se transforme en cauchemar. Tant bien que

mal, la plupart d’entre eux s’accrochent en enchaînant les entraînements dans l’espoir de se faire remarquer par des managers ou entraineurs de grandes équipes locales ou européennes tandis que, d’autres se découragent car ils réalisent que les contes de fées entendus, n’étaient qu’utopie ! A présent, il ne s’agit plus seulement de démarrer une carrière, mais aussi et surtout de survivre. Se nourrir tout en s’accoutumant aux mets thaïlandais, se loger et se déplacer, sont les règles de base pour la poursuite de ce rêve. En effet rien n’est jamais acquis ! Aucun contrat signé ni aucun club de foot contacté en leur faveur avant leur arrivée et ce n’est que sur place que tout se négocie… mais à quel prix ? Très souvent, les manageurs qui les ont faits rêvé et emmené dans ce pays inconnu disparaissent dans la nature. C’est donc dans des conditions les plus misérables et l’angoisse totale que se passe leur séjour dans le Pays du sourire ; en effet il n’y a pas de travail disponible pour ces jeunes. L’un d’eux raconte: « Les Thaïs font tout, jusqu’aux plus petits boulots. De toute


Onésha Afrika manière à leurs yeux, on ne sait rien faire d’autre que taper dans un ballon. » C’est grâce à l’obtention d’un visa touristique que ces jeunes ont pu pénétrer de manière légale en Thaïlande, mais les conditions de vie ne leur permettent pas de maintenir la légalité du titre de séjour. Ainsi, ils vivent dans la vigilance des policiers de l’immigration, mais aussi de leurs frères africains capables de renseigner les policiers contre de l’argent. De ce fait, la date d’expiration du titre de séjour est un secret jalousement conservé. Le renouvellement du titre de séjour de manière illégale vaut à peu près 2000€ contre 45€ en poursuivant la procédure légale qui elle aussi a ses contraintes, tel que l’invitation d’un club de foot, la signature de la fédération de football ou encore l’obligation de se rendre au Kenya pour récupérer son permis de séjour. Retourner au pays est une option,

mais pas une solution car ce serait irréfléchi d’abandonner si près du but ce rêve, sachant que la plupart sont partis endettés dans l’espoir de gagner suffisamment d’argent afin de rembourser l’emprunt qui garde leurs familles prisonnières de cet engagement. Pour les jeunes africains, il n’y a aucune garantie d’évolution ou de réussite, même après un contrat signé. Comme l’a dit un de ces jeunes talents : « Ici, on t’engage un jour et on te vire le lendemain avec le sourire » après quoi, ils parcourent toute la Thaïlande, les poches vides, à la recherche de nouveaux contrats, nouvelles opportunités. Là-bas, ce sont les connaissances qui aident à subvenir aux besoins de ces jeunes. Elles se disent qu’un jour ils parviendront à réaliser leur rêve et ils se souviendront d’elles. Certains de ces pèlerins arrivent tout de même en Europe mais rien n’est ga-

gné pour autant car, qui dit nouvelle terre, dit nouvelle conquête, c’est-àdire qu’il faut encore faire ses preuves. Que ce soit ceux qui passent par l’Asie ou qui arrivent en Europe directement de l’Afrique, légalement ou pas, tous finissent par se retrouver dans le même trou noir… le renouvellement du titre de séjours. Mais après avoir analysé ces scenarios, ces histoires tristes, plusieurs questions doivent se poser: « Où sont et que font ces clubs locaux ou les représentants des fédérations internationales de football ? Que fait le gouvernement et comment participe-t-il à l’émancipation de ces jeunes talents ? Quel est leur rôle ? Ont-ils décidé de rester aveugle face à cette triste réalité ? Que faire pour venir en aide à ces battants ? » Ces jeunes n’ont qu’un rêve : « Atteindre le sommet, connaitre la renommée comme leurs ainés et venir en aide à leurs familles ».

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SOCIETE / FAUNE – ENVIRONNEMENT

Mobilisation mondiale contre le trafic d’ivoire Par Fifi Mbambi Au mois d’octobre 2014, une « marche mondiale » avait été organisée, dans près de 125 villes du monde, afin d’exiger des mesures d’urgence contre le braconnage des éléphants et des rhinocéros d’Afrique. Le trafic d’ivoire est devenu le quatrième trafic le plus important au monde après le trafic de drogue, la contrefaçon et la traite d’êtres humains. Les chiffres du braconnage sont - chaque année - de plus en plus alarmants. Ils étaient dix millions au début du XXe siècle, il n’en reste aujourd’hui qu’entre 400 000 et 500 000. Les éléphants d’Afrique souffrent chaque année un peu plus d’une chasse de plus en plus intensive.

S

elon l’Union internationale pour la conservation de la nature, si les taux de braconnage se poursuivent au niveau actuel, le continent africain pourrait perdre un cinquième de ses pachydermes dans les dix années à venir. En Afrique centrale, où 60% ont disparu ces dix dernières années, la situation est encore plus critique. C’est un risque d’extinction totale qui est redouté par les différentes associations de défense de la faune sauvage. Dans ce contexte, les organisateurs de la marche mondiale espèrent donc une mobilisation très forte. Dans les capitales des 125 pays participants à cet événement militant, des marcheurs ont prévu de porter des pétitions aux ambassades des pays dit du « gang des 19 », une liste de 19 pays, dont la

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Chine et le Kenya, épinglés par la convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées. Ces pays sont accusés de ne pas avoir pris les mesures suffisantes pour combattre ce trafic d’ivoire pourtant interdit depuis 1989. Prise de conscience citoyenne « La vraie solution, ça c’est clair, elle est du côté de la demande, dans les pays qui achètent l’ivoire, explique Goeffrey Mauvais de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Donc il faut s’attaquer à ces pays, il faut s’assurer que les citoyens - il ne faut pas compter sur les dirigeants prennent conscience de l’impact de leur démarche, de leur pratique. » Une démarche qui passe par beaucoup de sensibilisation, « par beaucoup de

transformation culturelle », souligne Goeffrey Mauvais. « Un peu comme on l’a fait dans les années 70 en France, quand il y a eu ces campagnes contre la fourrure. [...] Il faut qu’on arrive à obtenir des pays asiatiques la même transformation culturelle majeure. Et visiblement qui n’est pas simple parce que cela veut dire qu’il faut toucher les gens dans les provinces, dans les campagnes, dans les villes. » Après c’était les manifestations se sont succédées simultanément à Paris, à Londres, à New York et à Johannesburg, ce sont des particuliers qui ont organisé cette marche et qui ont relayé l’appel via les réseaux sociaux. En France, ce sont une étudiante vétérinaire et une responsable marketing qui sont à l’origine de l’opération.


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CULTURE - FASHION

Fashion victime ou proie ? Par Louisyanne Pezo N. « Suis-je la cible de la mode ou je la subie tout simplement ?»

L

a mode, la mode, la mode !!! Mais qui est-elle ? D’où vientelle et qui cherche-t-elle ? Aujourd’hui, elle est une identité à laquelle ses « suiveurs » cherchent à tout prix, pour la plupart, à s’attacher à travers une marque. Mais qu’est-ce qu’une marque ? Théoriquement, une marque est tout signe, tout symbole, ou toute appartenance extérieure qui permet à un produit ou à un service de se distinguer de ceux de la concurrence. Une marque a différentes fonctions. Une marque sert avant tout de moyen de reconnaissance, avec pour capacité d’être reconnue par le consommateur. Dans le monde des entreprises, une marque permet de distinguer un produit d’un autre. Cependant remontons un peu plus loin, nous devons comprendre une chose… Chaque pays se caractérise par sa politique, ses cultures, ses mœurs, ses croyances, etc., ainsi on peut dire que chaque pays est en luimême une marque. Ainsi, un pays se distingue d’un autre par les différents éléments qui le définissent, incluant les différentes races (ou groupes de race) dont il est constitué

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et qui se caractérisent les unes des autres par leurs particularités physiques (morphologiques), linguistiques ou encore dans le style de vie, et sont différentes selon la fréquence de variantes génétiques, d’allèles ou de structures chromosomiques. On sait que le groupe caucasoïde, par exemple, composé de la race nordique, Est-baltique, alpine et bien d’autre, est différente du groupe mongoloïde ou encore du groupe négroïde, en particulier sur le plan morphologique, et c’est sur ce point que nous allons insister. Mais revenons à la mode vestimentaire appelée aujourd’hui « fashion ». Les créateurs ou propulseurs de mode sont continuellement à la recherche du nouveau, de la particularité et de l’unique. Dans ce domaine, on a d’un côté ceux qui ont déjà une renommée établie et validée par les fanatiques (consommateurs) et de l’autre ceux qui sont soit en bas de l’échelle ou ont déjà gravit quelques marches. Et au centre, on a les consommateurs ou fashion victimes répartis en deux groupes : Ceux qui sont la cible des stylistes et ceux qui subissent tout simplement, sans être visés et ce, toutes races confondues ! Pourtant la majorité de ces stylistes, en particulier ceux qui ont une notoriété établie et qui sont leader du domaine sont du groupe racial caucasoïde ou mongoloïdes. Ce qui signifie que leur cible est d’abord les consommateurs du même groupe racial qu’eux. En conséquence, les conceptions de vêtement se font suivant le model morphologique de ces groupes de race, que j’appelle « proie ». Le Larousse décrit la proie comme une personne


sur laquelle on peut exercer (ou on exerce) sa domination, sa violence, sa malhonnêteté ; mais un autre auteur développe mieux en disant que la proie est pourchassée par le prédateur ou espèce prédatrice. Donc, la proie est convoitée, poursuivie et par chance, on finit par l’avoir (l’attraper ou la conquérir). Par contre, une victime subit une influence, un mouvement, une action… une victime peut ne pas être une proie or cette dernière, après avoir été conquise devient une victime. Subséquemment, on est tous victime de la mode, mais pas nécessairement proie ou cible ! Donc, heureusement pour les stylistes ou créateurs de mode, les autres groupes de race, non-initialement visés font partis des consommateurs de leurs produits. Mais où est ce que je voudrais en venir, après cette petite leçon de race et étymologique ?

la morphologie de la race caucasoïde ou mongoloïde, ce vêtement est difficilement porté par les femmes de race négroïde. Tout simplement parce que les formes physiques ne répondent pas aux normes ou aux critères du vêtement. Le concepteur, au moment de la création du vêtement, a pensé aux femmes de sa race, c’est-à-dire un corps sans formes prononcées… comme nous les voyons. La plupart des femmes du groupe raciale négroïde ont un corps dont les courbes féminines sont très développées et expressives. Ainsi, suis-je une proie (cible) ou simple victime de la mode ? Pour s o n bienêtre, l a

Aujourd’hui, les victimes non visées de la mode se comportent de manière fatale à la mode, comme si elles n’avaient pas vraiment le choix, c’est-à-dire, qu’elles subissent ou veulent subir le même sort que les proies. Ce qui n’est pas mauvais, vu le sort dont il est question. Mais le vrai problème se pose au niveau morphologique et c’est le cœur de ce sujet ! Le styliste de race caucasoïde ou mongoloïde à une image de son model, de sa cible et la connait. En générale, ce sont les consommateurs du même groupe racial qui sont les visés. Ainsi, les coupes de vêtements sont basées sur la morphologie ou le physique des personnes de ce groupe de race. Mais, il y a un « mais » ! Les personnes du groupe racial négroïde sont en quelque sorte délaissées et subissent tout simplement le mouvement de la mode, sans réellement être visées. De ce fait, ces personnes consomment des produits qui non seulement ne leur sont pas destinés, mais ne leur vont pas toujours ! Pour illustrer cet argument, prenons le cas du pantalon jeans dit « taille basse», chez les femmes. Conçu selon

femme en générale et celle de la race né g roï d e devrait a n a lyser de manière p l u s pousser le choix de ses vêtement car porter le

mauvais vêtement peut sembler ridicule (heureusement qu’il ne tue pas). Victimes de la mode, nous ne réalisons pas que les personnes choisies pour représenter une marque de vêtement sont sélectionnées sur base de différents critères donnés par le styliste. Remarquons que même pour un défilé de mode, que le model soit blanc ou noir, il y a des exigences physiques sans lesquelles ces femmes ne seraient pas sur ces podiums. Aujourd’hui, au nom de la mode, ou se croit tout permis ! On oublie nos limites, que ce soit sur le plan culturel, sociale, morale ou tout simplement morphologique. C’est vrai qu’en même temps, nous n’avons pas d’autre choix que de suivre cette mode, car le groupe de race négroïde n’a pas vraiment de styliste o u

créat e u r de grande renommée, en mesure de transmettre et faire accepter au reste du monde un style de vêtement quelconque. Les créations restent locales et presque pas développées. Mais, cela ne nous ne nous empêche pas du tout de faire les bons choix vestimentaires ! Soyons des fashion victimes responsables ! Onésha Afrika • Janvier - 45


SANTE

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Quelques astuces pour garder la blancheur naturelle des dents Par Dieneba Deme-Diallo La blancheur des dents préoccupe de plus en plus de personnes. Même les traitements les plus agressifs pour y arriver perdent de leur effet au bout de six mois. Quelques astuces efficaces à savoir

L

a couleur naturelle de l’émail varie du jaune au gris clair. C’est cette substance très dure qui entoure et protège l’ivoire de vos dents, sur la partie de vos dents qui apparaît hors de vos gencives. L’ivoire est la partie de la dent qui s’enfonce dans la gencive, et que vous pouvez considérer comme « l’os » de la dent. L’émail étant à moitié translucide, il laisse apparaître l’ivoire. C’est donc aussi la couleur de votre ivoire qui va déterminer la teinte de vos dents. L’émail des dents est légèrement poreux, ce qui veut dire que de fines particules de vos aliments peuvent y pénétrer, et y rester accrochées. Cela explique la belle couleur violette que prennent vos dents lorsque vous mangez des myrtilles, mais aussi quand vous buvez un vin rouge riche en tanins L’émail de vos dents peut se tacher comme un T-Shirt ou une nappe de cuisine. Ainsi, toutes les nourritures qui tachent la nappe tachent aussi les dents. Les boissons colorées, comme le café, le thé, le coca-cola, le vin rouge et les jus de fruits de couleur sombre peuvent tâcher vos dents. Quelques astuces pour garder la blancheur naturelle des dents

Les aliments de couleur éclatante comme les mûres, les myrtilles, les cerises, la grenade, les glaces aux fruits rouges, la sauce tomate, la betterave rouge, les sauces au curry, la réglisse. Tous ces aliments contiennent des pigments qui s’accrochent à l’émail et laissent des traces. Ces traces sont Page 46 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2015

d’autant plus durables que votre émail est poreux. Pour éviter d’abimer votre émail, évitez de vous brosser les dents dans la demi-heure qui suit la consommation d’aliments acides. Cela laissera le temps à votre émail de rendurcir. Les sucres des bonbons, des boissons sucrées et même les jus de fruits contiennent du saccharose qui recouvre l’émail. Les bactéries naturellement présentes dans la bouche, en particulier le Streptococcus mutans, transforment le saccharose en acide lactique, qui déminéralise les cristaux de l’émail, favorisant l’invasion de bactéries dans la dent et sa destruction. Ce n’est pas la quantité de sucre ingéré, mais la fréquence de l’ingestion de sucre qui ruine le plus vos dents. Chaque fois que vous mangez du sucre, votre émail se déminéralise et reste vulnérable pendant 30 minutes environ. Ainsi, manger continuellement de petites quantités de sucre est bien pire pour les dents qu’une grande quantité en une seule fois. Les aliments qui gardent les dents blanches

Mais tous les aliments ne font pas jaunir les dents. En fait, ils sont nombreux à contribuer à maintenir leur couleur de perle, par exemple, les pommes, les poires, le céleri, les carottes, le choufleur, les concombres. Ces fruits et légumes ont assez de fibres pour faire l’effet d’un brossage de dent naturel ; la laitue, les épinards, les brocolis. Ces légumes contiennent un composé qui produit un film qui se dépose sur vos dents et contribue à les protéger des

taches. Raison de plus pour commencer le repas avec une salade verte. Les fromages contiennent des graisses et des protéines qui neutralisent les acides alimentaires. Le fromage stimule la production de salive, contient du calcium et du phosphore, qui contribuent à la protection des dents par la ré-minéralisation de l’émail (formé à 95 % de minéraux).

Blanchir ses dents à la maison Voici deux recettes de grand-mère qui marchent pour blanchir ses dents chez soi, sans risque, il s’agit première de frotter vos dents avec l’intérieur d’une pelure d’orange, autrement dit la partie blanche qui se trouve entre l’écorce de l’orange et sa partie charnue. Frottez pendant 45 secondes vos dents et brossez-les une demi-heure après. En langage scientifique, le blanc de l’orange s’appelle le mésocarpe et il contient des composés chimiques qui blanchissent les dents. Deuxièmement, pâte de fraise et de poudre à lever (bicarbonate de soude) : les fraises contiennent un composé qui agit comme un agent blanchissant naturel. Écrasez une fraise juste mûre et mélangez-la avec du bicarbonate de soude jusqu’à obtenir la consistance d’une pâte. Les fraises sont acides mais la soude neutralise l’acidité. Appliquez cette pâte sur vos dents, laissez agir 20 minutes et rincez. Attendez une demi-heure puis brossez vos dents pour éliminer le sucre naturellement contenu dans la fraise.


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SANTE

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Surveiller son tour de taille pour vivre vieux... Par Célia d’Alméida avec Topsante.fr Plus vous avez de centimètres en trop sur votre tour de taille, moins vous vivrez longtemps. C’est une étude américaine qui le dit. Une raison de plus pour ne plus reporter votre régime

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lus vous avez de centimètres en trop sur votre tour de taille, moins vous vivrez longtemps. C’est une étude américaine qui le dit. Une raison de plus pour ne plus reporter votre régime. Avoir un gros ventre n’est pas qu’inesthétique. En effet, cumuler un surplus de graisse autour de la taille est dangereux pour la santé et augmente les risques de mourir plus jeune, d’après les résultats de cette étude publiée dans l’édition de Mars de la Mayo Clinic Proceedings. Les chercheurs de la Mayo Clinic ont en effet mis en évidence que les hommes et les femmes avec un large tour de taille mais avec des IMC «normaux» étaient plus susceptibles de décéder plus jeunes, de mourir de maladies cardiaques, d’avoir de graves problèmes respiratoires et de développer des cancers. Les chercheurs ont mis en commun les données de 11 études de cohortes différentes. Ils ont donc analysé les données médicales de 600 000 personnes. «En raison de Page 48 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2015

l’ampleur cette étude, les chercheurs ont pu montrer clairement la contribution indépendante du tour de taille sur la mauvaise santé», explique James Cerhan, médecin épidémiologiste de la Mayo Clinic et auteur principal de l’étude.

même parmi les personnes aux IMC normaux. «L’IMC n’est pas une mesure parfaite» rappelle le Dr Cerhan. «Cette mesure ne fait pas la différence entre la masse maigre et la masse grasse et n’informe pas sur la localisation de votre masse grasse.»

Espérance de vie inférieure

«Or, la localisation des graisses est cruciale pour déterminer son effet sur l’organisme. Les graisses placées sur les hanches n’ont pas les mêmes conséquences que les graisses abdominales ou celles qui se situent autour de certains organes vitaux comme le cœur, le pancréas ou le foie. On les appelle graisses ectopiques et ce sont les plus délétères. La graisse sur le ventre est associée à des maladies telles que le diabète et les maladies cardiaques»

Ils ont constaté que les hommes avec un tour de taille de 109 centimètres ou plus augmentaient leur risque de mortalité précoce de 50% que les hommes dont la taille est inférieure à 88.9 cm, donc une espérance de vie inférieure de trois ans après 40 ans. Les femmes ayant un tour de taille de 94 cm ou plus avaient un risque de mortalité précoce accrue de 80% que les femmes ayant un tour de taille de 68.5 cm ou moins, donc une espérance de vie inférieure de cinq ans après 40 ans. Les scientifiques ont aussi remarqué que le risque augmente de façon linéaire tous les 5 cm de circonférence supplémentaires et qu’il est observé

Dr Cerhan conclue que «les médecins doivent considérer à la fois l’IMC et le tour de taille pour évaluer le risque de mortalité prématurée liée à l’obésité. Le principal objectif devrait être d’éviter à la fois un IMC et un tour de taille élevés».


SPORT – FOOTBALL

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Le palmarès de la CAN de 1957 à 2013 Découvrez les anciens vainqueurs de la CAN, depuis l’Egypte, lauréat de la première édition, en 1957, jusqu’au Nigeria, vainqueur en 2013.

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SPORT – Football

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Un phénomène à Kinshasa :

le FC Renaissance

L

e Football Club Renaissance, fruit de la dissolution du Daring Club Motema Pembe (DCMP) d’un côté et du cercle sportif Imana de l’autre, ne cesse de faire parler de lui à Kinshasa. Ces deux clubs géants de la capitale RDC évoluaient depuis un certain temps, dans une forte bataille de leadership mêlée au refus des uns et des autres, de réunifier les 2 ailes et ceci a reproduit dans la précipitation, le Football club Renaissance. Cette équipe à peine âgée de quelques mois, emporte des bains de foules sans précédents. Cela étonne l’opinion publique Kinoise. Jamais dans l’histoire du Football congolais, un club n’a eu à drainer un Page 50 • Onésha Afrika • Janvier - Février 2015

d’un amoureux du ballon rond à Kinshasa. Lors de ses prestations l’on remarque toujours un stade archi comblé des couleurs orange, verte et blanc, couleurs de l’équipe.

monde immense au lendemain de sa création. Mais ceci peut s’expliquer du fait qu’elle entraîne les supporters des 2 géants. Fondé par l’Evêque Pascal Mukuna, un Ministre de Dieu né sportif, le Football club Renaissance regorge des supporters spirituellement intègres. Le Football club Renaissance parvient à boucher le stade Tata Raphaël de bout en bout ; chose qui étonne plus

Petit poisson deviendra grand pourvu que Dieu lui prête vie… disait un auteur. Cette équipe a certes, de l’avenir. Elle connait la participation active de ses supporters. Ceux-ci n’hésitent jamais de vider leurs poches pour participer aux besoins de l’équipe. Renaissance a sans doute des objectifs à atteindre et n’attend pas s’arrêter à mi-chemin. Elle tire sa force de la persévérance, l’humilité, le silence et surtout la bravoure.


CLIN D’ŒIL

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Mme JUSTINE MPOYO KASA-VUBU revient à la charge Dans un entretien qu’elle nous a accordé, Mme Justine Mpoyo Kasa-Vubu a confirmé l’impression forte que son personnage de héraut de l’opposition au pouvoir en place depuis belle lurette. C’est une battante, le moins que l’on puisse dire. Fille du premier président de la République Démocratique du Congo, elle est revenue à la charge pour fustiger cette fois-ci, et le pouvoir en place et l’opposition dont elle est censée appartenir. C’est de toute façon guerre à proximité d’une très importante échéance électorale.

L

e 04 Janvier 2015 dernier, elle a lancé un appel solennel au peuple Congolais afin de lui redonner de l’espoir et de la dignité, face à une classe politique qui, selon elle, contribue à conduire inexorablement le pays à la ruine morale et matérielle, sans se préoccuper le moins du monde du sort de la population.

cause de 1990 à 1997.

Selon les propos recueillis, Justine Kasa-vubu, après plusieurs séjours de longue durée effectués au pays au courant de l’année 2014, a constaté avec regret que l’homme politique congolais est de plus en plus déconnecté de la réalité mais en plus, critiqué par une population de plus en plus exaspérée. C’est depuis1965, lorsque le feu Président Joseph Kasa-Vubu, son père, a été renversé qu’elle a pris la décision de se battre contre la dictature, avant de rejoindre l’UDPS pour la même

Après le discours du Président Joseph Kabila du 08 Décembre 2014, elle s’est livrée à une diatribe très dure à l’encontre du chef de l’état congolais disant que ce dernier refuse « d’admettre la réalité d’un pays que son imperium a conduit à la ruine, mais aussi parce qu’il s’est permis de galvauder le nom du feu Président Joseph Kasa-Vubu pour cautionner ses mauvais choix politiques et couvrir le traitement injuste que continue de subir les enfants de Kasa-Vubu. »

A l’avènement de Laurent Désiré Kabila, elle vient le rejoindre pour accomplir son idéal politique. En 1999, elle fonde son parti, le Mouvement des Démocrates constitué à ce jour par un noyau de fidèles inconditionnel. Elle crée à l’occasion la Fondation Président Joseph Kasa-Vubu afin de venir en aide aux plus démunis.

Elle continue en épinglant le fait que l’opposition ne joue pas son rôle et qui, selon ses dires, se perd dans des débats stériles qui ne résolvent en rien les problèmes réels de la population et remet ainsi en cause les compétences et la compréhension, par l’opposition, de ses responsabilités, de sa mission et des moyens qu’elle met en œuvre pour y parvenir. Madame JMKV ne se limite pas à constater ce spectacle mais apporte des solutions en disant : « La politique de papa est finie ! La politique est basée sur la démocratie participative… nous proposerons aux partis les plus représentatifs de notre pays un débat public, et dans le respect des règles démocratiques, sur le fond de leur programme… et en ce qui concerne l’économie, notre absolue sera d’élaborer un budget enfin digne de ce nom et de créer de la richesse afin de rendre pouvoir d’achat et dignité au peuple. »

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