


Tous les grands pilotes ont dĂ©butĂ© un jour et bien souvent au guidon dâune CRF. Honda propose une large gamme adaptĂ©e Ă la fois aux compĂ©tences et au gabarit des pilotes, quâils se destinent ou non Ă la compĂ©tition. Ă la fois ïŹables et Ă©prouvĂ©s, les moteurs 4 temps de ces modĂšles dĂ©livrent leur puissance en souplesse et en toute sĂ©curitĂ©. The Power of Dreams.*
Kalon
Dessinatrice de BD adepte du format manga depuis 2006, Ă©ditĂ©e par GlĂ©nat (Versus Fighting Story) et Kana (Talento Seven), elle travaille en numĂ©rique, et a rĂ©alisĂ© lâillustration de Guillaume Dorison quâelle connaĂźt bien. P. 22
Ian and Erick
Natifs de Maurice, basĂ©s en Australie, les jumeaux Regnard sont notamment spĂ©cialisĂ©s dans la photo de sport. Ils ont suivi Sam Laidlow lors dâune longue journĂ©e Ă documenter les spĂ©cialitĂ©s du triathlĂšte anglo-français. P. 26
Shamil Tanna
« Il et elle mâont racontĂ© des histoires fantastiques dâHollywood, dit le photographe Ă propos du duo de cascadeurs en page 76.
CâĂ©tait fascinant de voir le dĂ©vouement nĂ©cessaire pour leurs cascades et chorĂ©graphies de combat. »
Le triathlon, lâIronman, la longue distance... Vu de loin, on parle de machines de perf, dâathlĂštes aux quotidiens hyper strictsâ: training, fitness, compĂ©tition. Le fun et les excĂšs nây ont pas leur place. Permettez-nous dâen douter, depuis notre rencontre avec Sam Laidlow, notamment apprĂ©ciĂ© pour avoir Ă©tĂ© le plus jeune Champion du monde Ironman, en 2023. Bonne vibe et accessible, le Sam se livre sur sa vision de ces Ă©preuves dâendurance, et lĂ oĂč lâon pensait entrer dans un sujet dĂ©licat, on a trouvĂ© un Sam plein de positivitĂ©â: la dĂ©faite lui offrant plus de perspectives et de motivation quâun nouveau titre. Avec lui dans ce numĂ©ro, dâautres adeptes dâune vie active dans laquelle le fitness est roi, du trĂšs sympathique Seb Harris Ă la cascadeuse dâHollywood AurĂ©lia Agel, sans oublier le colossal Zlatan, qui vous a Ă lâĆil... Okay, on se bougeâ!
Inspiration
Seb Harris 20
Passion sport
Guillaume Dorison 22
Passion baston
Theodora
Passion du son
Le visage moderne du triathlon longue distance.
Découvez le futur de la néo-soul à la française avec Enchantée Julia.
La voix franco-srilankaise validée par Timbaland.
Cyclisme
Suivez la Doomed Army aux 24 Heures vélo du Mans.
SuccĂšs mondial pour Oklou et son univers.
Avec Aurélia Agel et Justin Howell, coup double à Hollywood.
Câest un feu vert pour Valentin Delluc, venu voler la vedette aux as de la course auto sur le circuit de F1 de Spielberg. Si sa discipline, le speedriding/speedflying, se pratique sur des pentes enneigĂ©es ou rocailleuses, le voici Ă lâattaque du Red Bull Ring et de son mythique taureau. Pour sâadapter Ă cette configuration particuliĂšre, un treuil attachĂ© Ă une NASCAR lui permet de dĂ©coller et de prendre de lâaltitude en quelques secondes. Une performance aĂ©rienne unique rĂ©alisĂ©e avec lâaide dâun pilote de renom, Luc Alphand. DĂ©couvrez les coulisses de son exploit surâ redbull.com
«âEnchantĂ©â! Je mâappelle Julien Roux et je viens de rĂ©aliser mon plus beau projet, Ă ce jourâ: la plus haute traversĂ©e en highline au monde, entre deux montgolfiĂšres, Ă 4â255 m de haut (hauteur directe), soit 4â832 m dâaltitude (ou encore 27 mĂštres au-dessus du Mont-Blanc).â» Merci Ă Julien de nous avoir contactĂ©s et de vous permettre dâapprĂ©cier ce pur exploit rĂ©alisĂ© au-dessus du canton de Fribourg, qui a Ă©galement permis au Français de rĂ©aliser, par la mĂȘme occasion, le plus haut saut en parachute depuis une highline. IGâ: @leslignesdeju
«âLes grimpeurs britanniques sont des pionniers de lâescalade trad depuis de nombreuses annĂ©es. Quelle meilleure aventure que de se rendre au Pays de Galles pour dĂ©couvrir cette Ă©thique particuliĂšreâ», raconte le photographe Marc Daviet, dâAnnecy. AccompagnĂ©s des grimpeurs Symon Welfringer, Nils Favre et NaĂŻlĂ© Meignan, il est parti Ă la recherche de lignes en bord de mer. «âCe jour-lĂ , le mauvais temps a jouĂ© avec nos nerfs et entre deux averses, Symon a pu tenter une ligne Ă vue. La lumiĂšre Ă©tait magnifique, Ă la fois bleue et mĂ©tallique.â» Face au mur, lâinstant est merveilleux. redbullillume.com
La World Final du Red Bull Dance Your Style 2024, devant 5â000 personnes au NSCI Dome de Mumbai, a cĂ©lĂ©brĂ© la diversitĂ© des styles de danse urbaine â du hip-hop Ă lâafro, en passant par le waacking et le krump. Rubix, Français prĂ©sent en wild card (ici en photo), a captivĂ© le public avec sa performance et son charisme. Sa prĂ©sence a ajoutĂ© une touche spĂ©ciale Ă la compĂ©tition, grĂące Ă son style unique et son Ă©nergie. Rubix a atteint la finale face Ă MT Pop (Vietnam), en hĂ©ros de cette cĂ©lĂ©bration de la diversitĂ© et de la crĂ©ativitĂ©. redbull.com
AprĂšs avoir constatĂ© de multiples discriminations et violences sexuelles et harcĂšlements sexistes, lâinitiative RĂ©inventer la Nuit continue de libĂ©rer la parole et de repenser la sĂ©curitĂ© dans les espaces festifs.
Le mouvement #MeToo est nĂ© aux USA en 2007 grĂące Ă Tarana Burke, une travailleuse sociale afro-amĂ©ricaine, pour dĂ©noncer les violences et harcĂšlements sexistes et sexuels (VHSS), notamment au sein des minoritĂ©s. Le terme a Ă©tĂ© popularisĂ© dix ans plus tard par plusieurs actrices hollywoodiennes qui dĂ©nonçaient des faits similaires dans lâindustrie du cinĂ©ma. En 2017, en France, le hashtag #BalanceTonPorc prend vie. La chanteuse Chilla lui a donnĂ© une rĂ©sonance particuliĂšre avec sa chanson au titre Ă©ponymeâ: «âLe gourou se cagoule et nâa pas de race.â/âOn te tabasse quand tu laboures, on prend ton Ăąmeâ/â[âŠ] Jâai pas lâtemps pour les machistes, jâpense Ă toutes celles qui nâont pu rien dire.â» Des paroles toujours aussi percutantes aujourdâhui et qui reflĂštent parfaitement le systĂšme misogyne, sexiste
et oppressant qui sévit dans le monde de la nuit.
Pour lâune des fondatrices de lâinitiative RĂ©inventer la Nuit, tout a commencĂ© en juin 2023. Paloma Colombe est bookĂ©e pour mixer au Cabaret Sauvageâ; harcelĂ©e par plusieurs festivaliers et nĂ©gligĂ©e par un agent de sĂ©curitĂ©, la DJ a exprimĂ© son ras-le-bol aprĂšs son set via un post Instagram. Cette dĂ©claration a suscitĂ© des milliers de rĂ©actions et attirĂ© lâattention de nombreux acteurs de la presse Ă©crite, au grand Ă©tonnement de Palomaâ: «âJe ne pensais pas recevoir autant de retours. Jâai dâabord Ă©tĂ© contactĂ©e par la presse musicale, puis par des mĂ©dias gĂ©nĂ©ralistes.â» Quatre mois plus tard, aux cĂŽtĂ©s de trois autres DJâ: Anaco, Bambi et Domi, lâassociation RĂ©inventer la Nuit naĂźt et a pour objectif de sensibiliser le public et les acteur·rice·s du monde de la
Paloma Colombe
DJ et co-fondatrice de Réinventer la Nuit.
IGâ: @palomacolombe
nuit Ă ses causes grĂące Ă diffĂ©rentes actions, telles que des chartes de bienveillance destinĂ©es au public, des «âriders saferâ» Ă destination des artistes, des protocoles de sĂ©curitĂ© pour les lieux et organisateur·rice·s, et des cercles de paroles pour les femmes et minoritĂ©s de genre exerçant dans le secteur musical. «âLes lieux de nuit sont nos lieux de travail. Nous exigeons la mise en place dâenvironnements de travail plus sains et sĂ©curisĂ©sâ», lit-on sur le compte Insta du projet.
Outil phare de lâassociation, les cercles dâĂ©change en mixitĂ© choisie ont pour objectif de «âlibĂ©rer la parole, mettre des mots sur des expĂ©riences isolantes vĂ©cues, tout en offrant une possibilitĂ© dâidentification par lâĂ©coute et de prise de conscience personnelleâ», expliquent les fondatrices. Lâassociation se forme en collaboration avec Consentis, qui Ćuvre indĂ©pendamment depuis 2018 pour instaurer la bienveillance dans les soirĂ©es, afin de promouvoir davantage de respect et de libertĂ©s, et aussi avec Au-delĂ du Club, qui propose une rĂ©flexion sur la maniĂšre de faire la fĂȘte et de la rendre plus inclusive. Cette derniĂšre a Ă©tĂ© créée en aoĂ»t 2022 par Laure Astan Togola et Sarah Gamrani. Ensemble, elles mĂšnent des recherches philosophiques et poĂ©tiques sur le futur de la fĂȘte grĂące aux notes prises lors des cercles dâĂ©change. FidĂšle Ă son nom, lâasso RĂ©inventer la Nuit (qui compte Laure Astan Togola, Sarah Gamrani et Mariad parmi ses nouvelles membres) aspire Ă dĂ©passer les limites, y compris gĂ©ographiquesâ; ses recherches qualitatives visent Ă ĂȘtre accessibles Ă toutes et tous, traduites en anglais et en espagnol, et mises en libre accĂšs (en open source). «âNotre ambition est de devenir un outil de connexion au niveau europĂ©en et de rĂ©ussir Ă fĂ©dĂ©rer toutes les initiatives existantesâ», conclut Laure. IGâ: @reinventerlanuit
Culture
Le skate, sujet immense. Un projet dâĂ©dition pose un regard sincĂšre sur 5 dĂ©cennies dâune planche gĂ©nĂ©ratrice dâenvie.
Skateboard Culture, ouvrage massif et de belle confection, se termine avec les mots de JĂ©rĂ©mie Daclin (figure lyonnaise du skate europĂ©en)â: «âRendez-vous donc demain sur le curb de la mairie, avec ta boardâ!â» Invitation Ă skater, qui semble adressĂ©e Ă toutes et Ă tous, que vous soyez skateur·euse de longue date, ou novice. Le pote du coin, le lecteur ou la lectrice du bout du monde. Câest lĂ lâobjet du livreâ: inciter le mouvement, lâenvie, vers une culture, vaste et tellement influente. Le skate. Skateboard Culture est donc un ouvrage essentiel,
redevable au studio créatif
Bureau Berger, Ă Morgan Bouvant (acteur majeur et français de lâindustrie du skate) et SĂ©bastien Carayol (journaliste skate et contreculture hyper connectĂ© avec la scĂšne US), et dĂ©clinĂ© sur cinq grosses sections correspondant aux dĂ©cennies traversĂ©es par le skateboard depuis ses dĂ©buts dans les seventies. Depuis ses origines californiennes, il nous transporte dans ses places fortesâ: Barcelone, Paris, San Francisco, Tokyo, New York, et ailleurs. Et les sujets de sociĂ©tĂ© font rĂ©sonnance avec la
Essentiel: le livre Skateboard Culture, de Morgan Bouvant et Sébastien Carayol. Un must, que vous skatiez ou non.
rĂ©alitĂ© du milieu dont lâinclusivitĂ© et son impact sur la mode urbaine. Sont aussi honorĂ©s les crews qui ont contribuĂ© Ă la puissance crĂ©ative du skate, imposant ses expĂ©rimentations et codes au cĆur de lâesthĂ©tique moderne, quâelle soit perçue ou non comme venue du skate. Les Supreme, Fucking Awesome, Palace, GX1000, Thrasher, Big Brother, FTC⊠Plus que des labels, des collabs sur vĂȘtements, des mags ou des productions vidĂ©o deviendront des signes dâappartenance et de refuge. Des labels de conviction et dâun mode de vie auxquels beaucoup ont voulu sâassocier avec des intentions plus ou moins louables.
Les skateurs et skateuses au sein de cette street machine sont prĂ©sent·e·s via des tĂ©moignages photo et des interviewsâ: old timers iconiques (les Alva, Hosoi, Pierre-AndrĂ© Senizergues) ou plus contemporains, sâĂ©tant frotté·e·s pour la plupart aux JO (Vincent Milou, Lizzie Armanto). Lâaspect performance, le cĂŽtĂ© sportif du skate, nâest pas Ă©ludĂ©, comme ses sorties de route. Câest dit.
Pour le skateur hardcore, lâouvrage est une source de souvenirs ou de confrontation avec sa vision de la culture ; pour lâesprit curieux, sympathisant, issu des milieux crĂ©atifs ou des mouvements sociĂ©taux, il sera source de rĂ©fĂ©rences et de connaissances incroyables. La photo y est, bien sĂ»r, trĂšs prĂ©sente, tout au long des 500 pages, avec aussi des portfolios dĂ©diĂ©s aux images de William Sharp, Jessica Bard, Dave Swift, Fred Mortagne, ce dernier reprĂ©sentant la France.
Pour qui saura voir plus loin que le skate en lui-mĂȘme, ce livre est lâincarnation imprimĂ©e dâune marge trĂšs fine entre le monde «ânormalâ» et celui de fortes tĂȘtes qui nâont eu de cesse de dĂ©velopper, au-delĂ dâune performance, un mode de vie et une imagerie associĂ©e. Alternatifs. hachette-livre.fr
Red Bull League of Its Own
Le 15 dĂ©cembre 2024, lâAccor Arena de Paris a Ă©tĂ© le théùtre dâun Ă©vĂ©nement esport qui fera date : le Red Bull League of Its Own.
Pendant un show exceptionnel de neuf heures, lâAccor Arena a vibrĂ© au rythme de lâune des rencontres les plus spectaculaires de lâhistoire de lâesport. Un peu plus de 15â000 personnes Ă©taient prĂ©sentes dans le public, tandis que prĂšs de cinq millions de viewers suivaient la compĂ©tition en ligne.
LâĂ©vĂ©nement a rassemblĂ© les meilleures Ă©quipes de League of Legends dont T1, G2, Karmine Corp, Gentle Mates, NNO et Los Ratones, qui ont profitĂ© de cette occasion pour tester leurs nouveaux rosters. HostĂ© par Doigby, le tournoi a aussi accueilli des 1v1 showmatchs
powered by Opel, mettant en scĂšne des joueurs comme Tiky, Alderiate, et Saken. La journĂ©e a dĂ©butĂ© par des matchs palpitants entre ces Ă©quipes de haut niveau. T1, les rĂ©cents vainqueurs des Worlds, ont montrĂ© une fois de plus leur suprĂ©matie en proposant des stratĂ©gies innovantes. G2, quant Ă eux, ont rivalisĂ© dâingĂ©niositĂ© pour captiver lâaudience. La Karmine Corp, avec son emblĂ©matique Blue Wall, a livrĂ© des performances intenses, tout comme Gentle Mates, NNO et Los Ratones, qui ont tous contribuĂ© Ă lâexcitation gĂ©nĂ©rale. Les fans ont Ă©galement eu
qui
reviennent pas. Ci-dessus : lâinebranlable
dans une ambiance digne de la
droit Ă un showcase Ă©nergique du rappeur Niska, lequel a enflammĂ© lâarĂšne avec ses bangers, ajoutant une dimension musicale Ă lâĂ©vĂ©nement.
Les 1v1 showmatchs ont Ă©galement Ă©tĂ© des moments forts, avec des duels captivants tels que Tiky contre Caps, Alderiate contre Doran, et Saken contre Caliste, chacun offrant des moments de pur spectacle. LâapogĂ©e de la journĂ©e a Ă©tĂ© le match tant attendu entre la Karmine Corp et T1. Dans une confrontation acharnĂ©e, T1 a finalement triomphĂ©, consolidant son statut de champions incon-
testĂ©s. La Karmine Corp, malgrĂ© sa dĂ©faite, a fait preuve dâune rĂ©silience admirable, soutenue par ses fervent·e·s supporteur·rice·s.
Le Red Bull League of Its Own 2024, organisĂ© en France, a Ă©tĂ© bien plus quâune simple compĂ©tition. Une vĂ©ritable cĂ©lĂ©bration de lâesport, confirmant Paris comme une capitale mondiale du gaming. Cet Ă©vĂ©nement a marquĂ© un nouveau jalon pour la communautĂ© de League of Legends, dĂ©montrant une fois de plus lâengouement et la passion qui animent la scĂšne. Pour sĂ»r, il y aura un avant et un aprĂšs. redbull.com
NilĂŒfer Yanya
La musicienne anglaise de 29 ans Ă©voque quatre chansons qui lâont aidĂ©e dans lâĂ©criture de son dernier album.
La musique de NilĂŒfer Yanya, cocktail dâĂ©motions entre indie-pop, jazz et rock, nâa cessĂ© de faire grimper la chanteuse-autrice-compositrice anglaise plus haut sur lâOlympe de la musique depuis ses dĂ©buts, il y a dĂ©jĂ huit ans. Ses deux derniers albums ont Ă©tĂ© classĂ©s parmi les meilleurs de lâannĂ©e par le New York Times. Depuis, elle joue rĂ©guliĂšrement Ă guichets fermĂ©s aux Ătats-Unis, en Australie, en Asie et en Europe. En tournĂ©e cet hiver, elle sâest produite deux soirs de suite Ă Paris, les 28 et 29 novembre derniers, Ă lâoccasion de la sortie de My Method Actor. Afin de livrer cet album, elle sâest coupĂ©e de toutes influences extĂ©rieures avec son complice dâĂ©criture Wilma Archer. Un retour Ă lâessentiel. «âIl faut du courage pour ne se fier quâĂ son instinctâ», dĂ©clare-t-elle. Elle cite ici quatre titres qui lâont guidĂ©e dans cette dĂ©marche.
Ăcoutez lâalbum My Method Actor de NilĂŒfer Yanya
PJ Harvey
Rid of Me (1993)
«âJe lâadore, elle est dâune telle simplicitĂ©. On entend un cliquetis sourd tout au long de la chanson. Il se passe tellement de choses, mais ce cliquetis ne change pas, et câest ce qui fait la force de ce titre. Jâai lâimpression que câest ce que je cherche Ă atteindre avec ma musique, mĂȘme si je ne sais pas exactement comment mây prendre. Câest bon de savoir que de telles chansons existent.â»
Kae Tempest
More Pressure (2022)
«âJâaime toutes les chansons de Kae, mais surtout celle-lĂ . Le riff est dynamique, un vrai moteur. La derniĂšre fois que jâĂ©tais en tournĂ©e, je lâĂ©coutais tout le temps Ă lâhĂŽtel, pendant mes sessions de gym. Jâai dĂ©jĂ vu Kae Tempest en live une paire de fois. Elle est toujours renversante. Je suis fan de son story telling aussi, câest un peu ce que jâessaie de reproduire dans mes textesâŠâ»
Westerman
Easy Money (2018)
«âBien que plus trĂšs rĂ©cente, je lâĂ©coute tout le temps. Westerman a une voix extraordinaire, et incroyablement old school. Jâaime bien ces sonoritĂ©s alternatives indie, dans lesquelles il incorpore aussi des Ă©lĂ©ments folk. Câest Ă©trange de connaĂźtre personnellement lâauteur, et de ressentir lâĆuvre de lâartiste dâune maniĂšre complĂštement diffĂ©rente que la personne quâon connaĂźt en privĂ©.â»
Big Thief
Simulation Swarm (2022)
«âQuand je travaillais Ă mon dernier album avec Will, on se disait que ce serait vraiment top dâavoir un son homogĂšne sur lâensemble de lâalbum. Et on sâest souvent inspirĂ©s de cet album. Mais il est insaisissable⊠Câest comme si tous les titres avaient la mĂȘme source. Câest Ă©patant quand des groupes arrivent Ă faire ça. Peut-ĂȘtre parce quâils sont ensemble depuis longtemps et se comprennent instinctivement.â»
4 MAI 2025
Seb Harris est connu sur les réseaux
pour ses contenus mĂȘlant sport et humour. Pour lui, peu de temps mort, et une quĂȘte, nĂ©cessaire Ă son bien-ĂȘtreâ: le prochain challenge â en novice. Portrait.
Texte PH Camy Photo Hugo Tosetti
Commençons par un coup dâĆil au site de Glow Up, lâagence qui accompagne Seb sur son image. « Seb, Anglais et passionnĂ© de tennis, est un crĂ©ateur de contenu lifestyle qui mĂȘle humour britannique et charme français⊠» « Câest pas moi qui ai Ă©crit ça !, plaisante lâintĂ©ressĂ©, lors de notre entretien dĂ©but dĂ©cembre. Lâhumour, câest une question de point de vue, mais il y a des gens qui trouvent que ce que je fais est drĂŽle. PassionnĂ© par le tennis et le sport, clairement ! Jâai jouĂ© au tennis toute ma vie. » En fait, Seb a commencĂ© la raquette Ă 5 ans. NĂ© en Angleterre, son rĂȘve Ă©tait de rejoindre une universitĂ© amĂ©ricaine pour jouer au tennis. Ce quâil a fait de ses 18 Ă 23 ans dans une universitĂ© de Caroline du Nord. « Aux USA, ils sont fous de sport, la scĂšne universitaire est super pro, et tu peux recevoir une bonne Ă©ducation. Ensuite, tu deviens pro ou coach. Mais je ne voulais faire ni lâun ni lâautre⊠En fait, je nâĂ©tais pas assez bon », rectife-t-il.
the red bulletin : En prendre conscience fut un moment difcile ? seb harris : Jâavais donnĂ© mon max, donc jâĂ©tais heureux avec ça. Je voulais apprendre quelque chose de nouveau, de frais. Ce fut lâIronman. Mon meilleur pote au UK, Oscar Glenister, mâa parlĂ© dâun Ironman Ă Hambourg, en Allemagne, et jâai suivi cette idĂ©e.
Vous vous y connaissiez en Ironman ? Quand jâĂ©tais gamin, je voyais tous ces trucs dâendurance et je me disais que je ne pourrais jamais y arriver. Je nâavais jamais vraiment nagĂ©, mon niveau de nage est Ă©pouvantableâŠ
Toujours ?
Au moins, je ne coule pas⊠(rires) Lâendurance, je nây connaissais rien, alors jâai commencĂ© Ă mâentraĂźner aux USA, tandis que je coachais les joueurs de tennis de mon universitĂ©. Quand mon pote sâest
inscrit pour Hambourg, et que je lui ai dit : « Okay, je viens ! », il a Ă©tĂ© surpris. (rires) CâĂ©tait trĂšs cool. Jâavais fait un demiIronman au Texas, en mars. Pour voir Ă quoi ça ressemblait. Sinon, je nâavais fait quâun triathlon. Pour Hambourg, en juin, jâĂ©tais nerveux, je nâavais jamais fait un format complet et long. Mais jây suis arrivĂ©.
Et ensuite ?
Le tennis prenait tellement de place dans ma vie⊠et lâIronman est arrivĂ© et a pris lui aussi beaucoup de place. AprĂšs cette Ă©preuve, du jour au lendemain, plus dâentraĂźnement, plus rien⊠Câest quoi la suite ?! (rires) JâĂ©tais au ralenti, je ne faisais pas grand-chose, jâĂ©tais peut-ĂȘtre un peu dĂ©primĂ©. Alors je me suis dit quâil fallait apprendre Ă nouveau, complĂštement.
Membre du team fitness de Red Bull et actif sur IG et Tik-Tok, Seb revient sur son activité de Content Creator.
«âĂa a commencĂ© aux USA, quand je faisais du tennis, mon ex-compagne et moi avons dĂ©butĂ© tous les deux, on faisait des contenus amusants âĂ nos yeux. On postait pas mal sur son compte Insta, puis jâai lancĂ© le mien, quelques mois plus tard. Au dĂ©but, je ne mâintĂ©ressais pas du tout aux rĂ©seaux sociaux⊠Ce nâĂ©tait pas un but en soi, on voulait juste faire des trucs marrants. Et puis les gens ont apprĂ©ciĂ©, ça les a fait marrer, câĂ©tait cool, jâai continuĂ©. Et jâavais cette passion, le sport, et je me suis demandĂ© comment lâintĂ©grer Ă tout cela, avec une idĂ©e en tĂȘteâ: mâamuser Ă mon tour en crĂ©ant ces contenus. Jâaime le sport, mais je ne suis pas un athlĂšte pro, donc jâaime Ă penser que ça doit ĂȘtre accessible. Aussi, je pense que les gens peuvent se retrouver dans des contenus liĂ©s au sport, mĂȘme sâils ne le pratiquent pas.â»
Et la suite, ce fut cet Artic Triple dans les Lofoten, trois épreuves : skimo (mars), ultra-trail (mai) et triathlon (août) qui vous attendent en 2025...
Je suis super excitĂ© par ce truc, mais il me faut un plan dâattaque. Je sais que ça va ĂȘtre gros, je ne prĂ©tends pas pouvoir le terminer, mais je vais faire mon max pour.
Comment résumer ce challenge ?
En fait, je ne sais pas quoi te dire⊠LâĂ©preuve est dingue, donc je suppose quâil doit se passer quelque chose de pas normal pour avoir envie de faire ce truc-lĂ . (rires) Je dois apprendre le ski trĂšs vite, car câest la premiĂšre Ă©preuve.
Il sâagit du Lofoten Skimo (abrĂ©viation du terme anglais ski mountaineering), du ski-alpinismeâŠ
Sur 32 km, je crois, tu fais du cross-country skimo jusquâen haut de la montagne, et puis tu redescends Ă ski. Ăa câest en mars. Ensuite, câest ultra-trail, 160 km⊠Il y a beaucoup de dĂ©nivelĂ©, 7 000 m⊠(rires)
Comment vous préparez-vous ?
Pour lâinstant, jâessaie dâĂȘtre plus rĂ©sistant, en termes de fortifer mon corps, pour Ă©viter les blessures, je fais trois sĂ©ances de renforcement musculaire par semaine, et deux autres sĂ©ances de ftness axĂ©es sur la prĂ©vention des blessures. Et je fais environ 60 km de course Ă pied par semaine, mais je ne sais pas si câest encore optimum.
Et le ski, vous commencez quand ?
Dans trois jours, Ă Chamonix, avec Mathis Dumas, un alpiniste et vidĂ©aste, qui a accompagnĂ© Inoxtag sur lâEverest. Jâaimerais aussi pouvoir bĂ©nĂ©fcier de conseils dâun athlĂšte comme Sam Laidlow (notre cover, ndlr) pour lâaspect Ironman. Câest une bĂȘte, et il semble super cool, je ne pense pas que ce soit le triathlĂšte typique.
La famille de Sam est trĂšs sportive, vos parents vous soutiennent ?
Ma mĂšre, physiothĂ©rapeute, me dit de ne rien me casser. (rires) Normal, câest ma mĂšre. Elle sait Ă quel point câest exigeant.
Et votre pĂšre ?
Mon pĂšre est trĂšs malade, il a un cancer, et il a aussi subi deux arrĂȘts cardiaques. Câest quelque chose quâil subit, quâil nâa pas choisi, comme rester assis six heures lors dâune sĂ©ance de chimiothĂ©rapie avec un tuyau dans le bras. Alors, dans les moments oĂč jâai un peu de mal Ă me motiver, Ă me bouger, je pense Ă sa situation. Ăa me donne de la motivation, de la force, en quelque sorte.
IGâ: @seb_harris
«âLâendurance, je nây connaissais rien. Mais je me suis lancĂ©.â»
Seb Harris, 25 ans, grand sportif depuis lâenfance
Actif sur la scĂšne retrogaming et jeux de combat depuis les annĂ©es 90, Guillaume Dorison est aujourdâhui directeur sportif du Red Bull Kumite, un tournoi majeur sur le jeu Street Fighter quâil a co-créé il y a dix ans, et qui cĂ©lĂ©brera son incroyable dĂ©cennie Ă Paris. Rencontre.
Texte Brice Bossavie Illustration Kalon
Trente. Câest le nombre dâannĂ©es quâa dĂ©diĂ©, Ă date, Guillaume Dorison Ă sa passion : le retrogaming et les jeux de combat. Trois dĂ©cennies Ă voguer dans lâunivers des fanzines, des chaĂźnes de tĂ©lĂ© spĂ©cialisĂ©es, des mangas ou de la BD, et aujourdâhui de YouTube ou Twitch, pour partager son amour dâune culture venue du Japon qui le fascine depuis lâadolescence.
Partage dâun nouveau monde
Figure importante de la culture retrogaming mais aussi des jeux comme Street Fighter, celui que lâon connaĂźt aussi sous le pseudo de Asenka ou Izu parle au Red Bulletin en visio depuis son appartement. DerriĂšre lui, un mur entier de consoles rĂ©trogaming, de jeux des annĂ©es 90, ainsi que dâautres trĂ©sors du jeu vidĂ©o du dernier millĂ©naire. « Je suis vraiment de la gĂ©nĂ©ration qui a grandi au dĂ©but des annĂ©es 90 avec la grande vague de lâanimation grand public du Club DorothĂ©e Ă la tĂ©lĂ©. Et surtout avec lâimportation en masse des consoles de jeu japonaises, comme la Megadrive ou la Super Nintendo. »
TrĂšs vite, celui qui est alors adolescent sâĂ©prend de cette culture, et va alors sây intĂ©resser aux cĂŽtĂ©s dâune bulle dâafcionados particuliĂšrement motivĂ©s. Notamment Ă une Ă©poque oĂč Internet en Ă©tait encore Ă ses balbutiements : « On a vĂ©cu une pĂ©riode pionniĂšre durant laquelle on se rendait dans des boutiques et on y dĂ©couvrait des objets sans comprendre ce qui Ă©tait Ă©crit dessus, parce que tout Ă©tait en japonais⊠Mais il y avait la fascination de tomber sur quelque chose de nouveau en magasin chaque week-end. » Au point de fnir par vouloir partager ses trouvailles :
« Jâai dĂ©couvert tout ça et jâai eu envie dâen parler. Jâavais la volontĂ© de partager ce nouveau monde, que ce soit dans des scĂ©narios, des sĂ©ries ou des Ă©vĂ©nements. »
Passion Street Fighter
Guillaume Dorison va alors sâimpliquer dans des fanzines rĂ©alisĂ©s entre amis, puis mĂȘme lancer un magazine dĂ©diĂ© aux jeux vidĂ©o dans les annĂ©es 2000, GameFan Une pĂ©riode Ă cheval entre les annĂ©es 90 et le dĂ©but des annĂ©es 2000 oĂč il va aussi se plonger dans sa seconde grande passion : les jeux de combat. Ă 11 ans, lors dâune session en borne dâarcade, il pose ses mains pour la premiĂšre fois sur le jeu de combat Street Fighter. Sans sâen rendre totalement compte, cet instant va faire ofce de rĂ©vĂ©lation : « La premiĂšre fois que jây joue, je deviens fou. Je me dis quâil nây aura
du Red Bull Kumite 2025 qui se tiendra Ă Paris les 5 et 6 avril (jour du main event). Qui dit dixiĂšme Ă©dition dit forcĂ©ment anniversaireâ: pour son retour Ă Paris en 2025, le Red Bull Kumite investira la Maison de la MutualitĂ© (Ve) dans une formule Ă la fois tournĂ©e vers les figures importantes du jeu en compĂ©titif (et des neuf derniĂšres Ă©ditions du Kumite) tout en sâintĂ©ressant Ă lâavenir. Huit joueurs historiques et multititrĂ©s viendront ainsi affronter huit nouveaux espoirs ou rĂ©fĂ©rences de Street Fighter, pour un choc des gĂ©nĂ©rations. Une rencontre entre le meilleur des joueurs (et la meilleure des joueuses, une premiĂšre pour ce format) Ă Paris qui sera scĂ©narisĂ©e par Guillaume Dorison, Ă travers un scĂ©nario qui se dĂ©voilera lors de lâĂ©vĂ©nement. Avec aussi des clins dâĆil aux Ă©vĂ©nements des neuf derniĂšres annĂ©es. Comme un moyen de boucler la boucle de ces dix annĂ©es. Tickets et infos sur redbull.com
plus que ça dans ma vie. Sans Street Fighter, je nâaurais pas fait ce que je fais aujourdâhui, je pense », dĂ©clare-t-il.
Ce nouveau fan de la saga des personnages Chun-Li ou Ryu va alors se mettre Ă organiser des tournois de jeux de combat en France durant toutes les annĂ©es 2000, sur son temps libre, que ce soit sur Street Fighter ou dâautres licences, tout en se dĂ©veloppant en parallĂšle en tant que scĂ©nariste pour des mangas ou des bandes dessinĂ©es en France. Une activitĂ© de passionnĂ© qui, aprĂšs dix ans de services rendus Ă la communautĂ©, va fnir par lui ouvrir de nouvelles portes.
Au milieu de lâannĂ©e 2014, El Chikito, responsable gaming de Red Bull France Ă lâĂ©poque, passe un coup de fl Ă Dorison. Il lui propose alors ce qui le fait rĂȘver depuis des annĂ©es : organiser un vrai grand tournoi de jeu de combat en France. NommĂ© Red Bull Kumite (du nom du tournoi dâarts martiaux dans le flm Bloodsport avec Jean-Claude Van Damme), lâĂ©vĂ©nement va alors voir sâafronter Ă Paris dans la salle Wagram les meilleurs joueurs du jeu Street Fighter dans une arĂšne, entourĂ©s du public. Avec son expĂ©rience en tant que scĂ©nariste, mais aussi dâorganisateur dâĂ©vĂ©nement dĂ©diĂ© au jeu, Guillaume Dorison va alors devenir directeur sportif du tournoi, et repenser les codes de ces rassemblements de fans de Street Fighter. DĂšs son lancement Ă Paris en mars 2015, lâĂ©vĂ©nement va ĂȘtre un succĂšs, notamment grĂące Ă son caractĂšre atypique. TrĂšs inspirĂ© par les ShĆnen, ces mangas initiatiques japonais qui prĂŽnent le dĂ©passement de soi, Dorison va Ă la fois inviter les meilleurs joueurs au monde, tout en mettant en place un vrai storytelling durant les rencontres. Notamment avec le dĂ©cor (une cage) et des personnages sur scĂšne qui animent les combats. « Quand les joueurs sâafrontent, tout est trĂšs sĂ©rieux. Mais tout ce quâil se passe entre les moments oĂč ils jouent, on est dans le show. » Une formule Ă la fois respectueuse du cĂŽtĂ© compĂ©titif du jeu et tournĂ©e vers le divertissement qui va permettre Ă lâĂ©vĂ©nement de durer, en sâexportant Ă travers le monde chaque annĂ©e. Avant de retourner, dix ans aprĂšs, sur la terre de ses dĂ©buts en France, avec ce Red Bull Kumite 2025 annoncĂ© Ă Paris en avril. Comme un symbole pour Guillaume Dorison : « Câest une Ă©dition anniversaire et je lâespĂšre, la forme fnale de lâĂ©vĂ©nement quâon avait conçu en 2015. On va cĂ©lĂ©brer ça en tout cas. Câest hyper important de faire quelque chose pour marquer le coup. » Et fĂȘter aussi, pour lui, plusieurs dĂ©cennies au service des jeux de bagarre.
«âLa premiĂšre fois que je joue Ă Street Fighter, je deviens fou.â»
Theodora, «âcadeau de dieuâ» en grec, a marquĂ© lâautomne avec son tube sensuel et dĂ©calĂ© KONGOLESE SOUS BBL.
Pour The Red Bulletin, elle revient sur son parcours et ses identités artistiques.
Texte Dolores Bakela Photos Tone Verswijvel
Alors que certaines des dates de sa tournĂ©e affichent complet depuis des mois, Lili-Theodora â dans le civil â sera Ă lâaffiche de nombreux festivals en 2025. Bien plus quâune tendance sur les rĂ©seaux, elle dĂ©voile une réédition prĂ©parĂ©e Ă Londres de BAD BOY LOVESTORY. Le temps dâun Ă©change, Theodora nous parle de ses identitĂ©s cosmopolites et anticonformistes, de sororitĂ©, de sebene et de rĂ©bellion.
the red bulletin : Si on dit de vous que vous ĂȘtes lâune des alt black hotties du moment, vous dites⊠?
theodora : On commence Ă avoir des reprĂ©sentations noires, et loin des clichĂ©s ce qui est encore plus cool. Il y en a dĂ©jĂ dans le monde, mais pas assez Ă mon goĂ»t et ça me fait grave plaisir Ă ma petite Ă©chelle dây contribuer. Quand je poste le premier extrait de KONGOLESE SOUS BBL sur les RS, sans y penser plus que ça, on mâa dit : « Wow, on aura tout vu : une Congolaise gothique qui pose sur du bouyon », et je trouve ça trop cool !
On aime bien fixer des standards pour les Noir·e·s qui seraient autorisé·e·s Ă faire certaines choses et pas dâautres. On entend dire : « Les Noir·es nâĂ©coutent pas ou ne font pas dâĂ©lectro ! », alors que les Noir·e·s mĂȘme ont créé ces musiques !
Est-ce que la sororitĂ© est importante pour vous et dans votre parcours ? Oui, mĂȘme si elle est difficile Ă instaurer dans cette industrie, qui est tellement antifilles, ultra compĂ©titive et nous insĂ©curise vraiment. Le game est fait de telle maniĂšre quâon nous fait comprendre quâil nây a pas assez de place pour toutes alors quâon est nombreuses Ă avoir du talent. La concur-
rence pour moi, ce nâest pas problĂ©matique, ça nâempĂȘche pas de sâapprĂ©cier et de se frĂ©quenter. La vĂ©ritable sororitĂ©, ce nâest pas seulement de faire des shoutouts en privĂ© ou une fois que ça marche, alors quâavant, on ne prenait mĂȘme pas le temps de mâenvoyer un message pour discuter ou bosser ensemble.
Dâailleurs, vous avez un feat avec une artiste caribĂ©enne. On sent une sacrĂ©e alchimie entre vous⊠JâĂ©tais super contente dâinviter Jahlys sur mon album (sur le titre shatta BIG BOSS LADY, ndlr). Un jour, elle sâest mise Ă me suivre, alors je lâai follow back direct, mais jâĂ©coutais dĂ©jĂ ce quâelle faisait depuis un moment. Au niveau de la voix⊠Câest une dinguerie ! Je nâavais pas captĂ© Ă quel point on avait la mĂȘme tonalitĂ©.
DâoĂč vient votre musicalitĂ© si Ă©clectique ? Je suis un vrai Ă©lectron libre, je bosse avec des gens un peu fous. Ma musique est alternative dans le sens oĂč elle brasse des influences qui nâont pas Ă©tĂ© mĂ©langĂ©es jusquâici. Et avec le temps, je me suis « dĂ©lissĂ©e ». Quand jâai sorti Neptune en 2021, mon premier projet bossĂ© avec mon frĂšre Jeez Suave, il y avait dĂ©jĂ beaucoup de mĂ©langes. Jâavais besoin de travailler mon jitsu dans tous les genres que jâĂ©coute. Jâai toujours aimĂ© ces musicalitĂ©s-lĂ : Ă©lectro, rap, Ă©videmment mais aussi afrocaribĂ©ennes, afro fusion, jâai dâailleurs fait le morceau shatta avec Jahlys avant de faire KONGOLESE SOUS BBL. Et pour ce son, câest parce que je suis un peu folle que je me suis dit ça pouvait le faire car le bouyon a un BPM similaire Ă celui de lâĂ©lectro. Il y a du zouk, pour le son love #IL, du rap un peu Ă la Timbaland avec le morceau 243 km/h⊠Ma musique sâĂ©coute lĂ oĂč je traĂźne. Donc un peu partout.
Vous explorez beaucoup de musiques dans votre album, notamment actuelles et africaines comme lâafrobeats dans BAD BOY LOVESTORY ou lâamapiĂ no dans FASHION DESIGNA, mais pas du Congo : vous arrivez Ă lâexpliquer ?
Je voulais faire un sebene (partie instrumentale Ă la guitare emblĂ©matique de la musique congolaise, ndlr) avec des musiciens que je connais. Mais câĂ©tait compliquĂ© car la musique congolaise ne sâest pas digitalisĂ©e. On aurait pu en faire avec Jeez, mais je ne voulais pas quâil soit mid.
DâoĂč viennent vos alias Africky, Freaky Nasty Gal ? Et quelle est la diffĂ©rence avec celui de Boss Lady ?
Du rap dont câest lâun des codes. Ăa a commencĂ© au moment de BOSS LADY LâAfricky est une dĂ©clinaison afro de la Freaky Nasty Gal. Jâai une armure de boss lady, de femme forte, et en mĂȘme temps je la casse aussi en disant plein dâautres choses qui sont anti « bossladyesques ».
Jâai envie de parler dâargent, de bijoux, car ce sont des choses que jâaime beaucoup dans la vraie vie, mais parallĂšlement, jâai envie que les gens sachent que plus jeune, je nâosais pas sortir car jâĂ©tais trop pauvre, comme je le dis dans FNG
Pourquoi avez-vous choisi la forme du cabaret, pour prĂ©senter BBL sur scĂšne ? Le cabaret, câest la meilleure maniĂšre de ramener plein de cultures et ça permet de raconter ma sensualitĂ©. Et puis, par rapport au stripclub, câest moins sexuel. Ce projet aurait pu aussi sâappeler TwentyOne. Il raconte simplement la vie dâune vingtenaire qui aime les bad boys, sortir, boire, qui fait un peu des petites bĂȘtises. Il y a plein de femmes comme moi. Je voulais nous faire exister avec un son.
DâoĂč vient cette confiance en vous et cette maniĂšre dâaborder votre art de maniĂšre dĂ©complexĂ©e ?
Les gens ne mâaimaient pas. Ă un moment, jâai dĂ» ĂȘtre rebelle avec le monde entier. Du coup, je trace ma route, et je me fiche du regard des autres.
Focus Concerts: 07.03 Ă Lyon, 08.03 Ă Marseille, 26.03 Ă Nantes, 10.04 Ă Toulouse, 11.04 Ă Bordeaux, 29.04 Ă Lille. Ăcoutez BAD BOY LOVESTORY. Maison Neptune X NBFD/Virgin.
Dans lâunivers du triathlon longue distance, ou Ironman, existe un athlĂšte qui donne envie. Sam Laidlow â, 25 ans, prĂŽne une approche new school de sa discipline et sait trouver de la motivation dans la dĂ©faite. Rencontre avec un mec aussi cool quâendurant.
Un natif dâAngleterre Ă©levĂ© en France qui court en Australie. LâathlĂšte Red Bull trace sa route devant lâobjectif de Ian and Erick.
Un modĂšle unique, ce Sam Laidlow. NĂ© en Angleterre et Ă©levĂ© en France depuis ses trois ans par des parents impliquĂ©s dans le triathlon, il est aujourdâhui un symbole moderne des Ă©preuves longue distance, aka Ironman. Loin des stĂ©rĂ©otypes dâathlĂštes mĂ©caniques et froids encore associĂ©s Ă la discipline, Laidlow est un mec accessible, souriant et convivial.
FidĂšle Ă ses convictions et prĂȘt Ă prendre des dĂ©cisions quâil fut parfois le seul Ă comprendre, il connaĂźtra une victoire retentissante Ă Nice en 2023 en devenant le plus jeune Champion du monde en Ironman (une affaire bouclĂ©e en 8 h 6 min 22 sec), consolidant sa rĂ©putation dans le monde du triathlon.
Cependant, sa carriĂšre sera Ă©galement jalonnĂ©e de dĂ©fis. En 2024, il subit une dĂ©faite terrible lors de lâIronman World Championship Ă HawaĂŻ. MalgrĂ© un dĂ©part prometteur et des attentes Ă©levĂ©es, dans le dur cĂŽtĂ© course, il termine loin des premiĂšres placesâ; une dĂ©ception qui teste sa rĂ©silience et sa dĂ©termination. Cette expĂ©rience Ă HawaĂŻ, bien que douloureuse, renforce son engagement et son dĂ©sir de sâamĂ©liorer. Soutenu par sa famille, il continue Ă sâentraĂźner avec acharnement, visant toujours un titre mondial, quelque chose de «âgrosâ».
Ici, vous dĂ©couvrirez les chemins pris par Sam, serez probablement surpris·e par sa vision dâune dĂ©faite plus apprĂ©ciable quâune victoire (sur le long terme) et vous prendrez de sympathie pour le mindset dâun athlĂšte honnĂȘte, Ă lâimage de ce sport qui lâagite depuis lâenfance.
Notre entretien débute et Sam se souvient...
«âDĂ©jĂ , Ă 7 ans, je regardais les Ironman Ă la tĂ©lĂ©, jâĂ©tais un peu le seul Ă la maison, ça commençait le soir et ça durait une partie de la nuit⊠JâĂ©tais le seul Ă rester Ă©veillĂ© et jâadorais ce cĂŽtĂ© last man standing.â»
«âAu-delĂ de mes performances, mon plus gros objectif, ça a toujours Ă©tĂ© de faire grandir mon sport.â»
the red bulletin : Quâest-ce qui vous plaisait ?
sam laidlow : Cet aspect robustesse, endurance⊠Pour moi, câĂ©tait un sport honnĂȘte. Je me disais que ça nâĂ©tait pas quâune question de talent, et comme je nâĂ©tais pas un gosse trĂšs talentueux, je pensais quâavec beaucoup de travail, ça pouvait marcher. Jâavais ce truc en tĂȘte, mais je nâenvisageais pas les Ă©tapes pour y arriver.
Mais vous avez dĂ» les apprĂ©hender, si vous en ĂȘtes lĂ aujourdâhui ?
Quand jâai eu 13 ans, jâai fait des sĂ©lections pour intĂ©grer un sport-Ă©tude dotĂ© dâune section triathlon. Il nây avait pas des masses dâentraĂźnement, peut-ĂȘtre dix heures par semaine. LâĂ©tape du dessus, câĂ©tait dâintĂ©grer le PĂŽle France, ce que jâai fait Ă 16 ans, Ă Montpellier. GĂ©nĂ©ralement, les athlĂštes faisaient du triathlon sur distance olympique (1 500 m de natation, 40 km Ă vĂ©lo, et 10 km de course Ă pied, contre 3,8, 180 et 42,195 sur un Ironman, ndlr) de leur 15 Ă 30 ans environ. Une fois leur carriĂšre « courte distance » achevĂ©e, ces athlĂštes passaient Ă lâIronman. De mon cĂŽtĂ©, je ne prenais pas un max de plaisir sur le triathlon, mais je nâĂ©tais pas nul non plus. Mais Ă 18 ans, jâai dĂ©cidĂ© de quitter ce PĂŽle France, mes Ă©tudes et toutâŠ
Pour faire quoi ?
JâĂ©tais parti de chez moi Ă 13 ans, je ne savais pas trop, je me demandais juste quelle serait la prochaine destination. Je ne pensais pas du tout Ă rentrer chez mes parents et donc je suis allĂ© Ă GĂ©rone, en Espagne, pendant cinq mois parce que je savais quâil y a pas mal de cyclistes lĂ -bas. Jâai alors signĂ© avec un club de natation, je roulais avec des cyclistes, je courais. Je venais de quitter ce qui Ă©tait un peu la meilleure infrastructure Ă lâĂ©chelle française, et pas mal de gens se disaient : « Mais enfin, ce mec, il a pris la pire dĂ©cision de sa vie⊠Il a quittĂ© le PĂŽle France, ses Ă©tudes ! »
Est-ce que ça en valait le coup ?
Au bout de cinq mois, je nâavais plus dâargent. Je suis donc retournĂ© chez mes parents et jâai demandĂ© Ă mon pĂšre de mâentraĂźner. JâĂ©tais revenu sur mon rĂȘve de base, qui Ă©tait de gagner les championnats du monde dâIronman. Je suis allĂ© direct sur ma premiĂšre distance Ironman Ă 18 ans.
Sa discipline favorite dans lâIronman : le bike. Laidlow tout en profil, shootĂ© depuis un vĂ©hicule en mouvement.
«âOn est parmi les athlĂštes les plus entraĂźnĂ©s et les plus fit du game, mais personne dans la rue ne sâen douterait.â»
Dans les temps : Sam est ambassadeur du Triathlon Squad des montres Breitling.
Et alors, ça a marché ?
Cette Ă©preuve nâavait pas le label Ironman, et pas un niveau de fou, mais jâai gagnĂ© avec 30 minutes dâavance. Câest lĂ que jâai su que jâavais vraiment un talent pour les efforts longs. Je nâĂ©tais pas le plus rapide, mais je pouvais batailler trĂšs longtemps.
Cette affaire vous a menĂ© Ă un titre de Champion du monde lâan dernier !
Oui, ça fait alors sept ans que mon pĂšre mâentraĂźne. Quand jâĂ©tais petit, il y avait plein de petits trucs comme ça quâon lançait avec mes parents, pour plaisanter : « Le premier Ironman que tu gagneras, tu seras Champion du monde ! » Câest fou, parce que je nâai jamais remportĂ© un Ironman avant mon titre de Champion du monde.
Câest-Ă -dire quâun peu de dĂ©rision dans lâapproche peut aider la performance ?
Ces trucs en lâair, ces jokes en famille, mais quâon garde finalement en tĂȘte, ça peut arriver.
Follow the leaders 2 talents inspirants mais totalement différents que Sam suit sur Instagram.
Tyler, The Creator, rappeur et directeur artistique (USA) @feliciathegoat «âLe mot qui le dĂ©finit le mieux, câest âuniqueâ. Il est vraiment unique dans lâindustrie de la musique, et câest ce que jâaimerais atteindre dans mon univers. Il se fout complĂštement de de ce que les gens pensent de lui, il suit son truc jusquâau bout. On a failli collaborer autour dâun vĂ©lo de mon sponsor, Canyon, pour une peinture customisĂ©e⊠On avait potentiellement une vĂ©ritable opportunitĂ© de travailler ensemble. Ăa nâa finalement pas abouti, mais câest un gars qui adore le vĂ©lo et auquel Canyon offre du matos.â»
Lilou Ruel, double championne du monde de freeruning (FR) @lilouruel «âCâest incroyable ce quâelle fait, parce quâelle parvient vraiment Ă grandir dans sa discipline et Ă la faire Ă©voluer. Elle a un esprit hyper crĂ©atif et pense Ă des choses auxquelles personne nâaurait pensĂ©. Lâautre jour, elle a postĂ© des stories de freerun en talon. Jâadore ce genre de personnes qui se rĂ©veillent un matin en se disantâ: âJe vais faire çaâ, et qui le fontâ! Je lâai rencontrĂ©e en mai dernier Ă Toulouse, lors de la course caritative soutenant la recherche sur les lĂ©sions de la moelle Ă©piniĂšre, le Wings for Life World Run. Je suis un grand fan de Lilou, ouiâ!â»
On se doute quâil y avait une certaine conviction derriĂšre ces blagues, tout de mĂȘmeâŠ
Peut-ĂȘtre que oui... Je nâai jamais craint dâexprimer mes objectifs, et je pense que beaucoup de gens nâosent pas. MĂȘme si tu prends un mec qui travaille dans un resto et dont le rĂȘve câest dâavoir une Ă©norme chaĂźne de restaurants lui-mĂȘme, il ne va peut-ĂȘtre jamais le dire, lâexprimer. Une fois que tu lâas fait, tu es dans une situation oĂč tu te dis : « Merde, faut que jâassume ! » Câest un truc que je recommande Ă tout le monde et que jâai appris Ă travers ma carriĂšre.
Il y avait un environnement familial propice au sport chez les Laidlow ?
Mes parents avaient chacun leur mĂ©tier en Angleterre, mon pĂšre Ă©tait un ancien nageur professionnel et mes parents voulaient changer de vie complĂštement, que leurs enfants grandissent dans un bon environnement. Le style de vie quâils avaient en Angleterre, ça nâĂ©tait pas trop ce quâils recherchaient. Ils sont venus sâinstaller en France quand jâavais 3 ans, et ils ont organisĂ© des stages de triathlon. Mon pĂšre Ă©tait coach et ma mĂšre sâoccupait du gĂźte. Ăa mâa permis de rencontrer des gens de partout dans le monde, de diffĂ©rents types de cultures, tout ça trĂšs trĂšs jeune, de mes 3 Ă mes 13 ans. Et ça nâa pas de prix. CâĂ©tait vraiment une entreprise familiale : on prenait nos repas avec les guests, on sâentraĂźnait avec eux. Du coup, moi qui suivais une scolaritĂ© normale, je nâavais quâune envie, câĂ©tait de mâentraĂźner avec ces gens qui Ă©taient Ă la maison tout le temps, et dâaller faire du vĂ©lo.
Il y a quelques dĂ©cennies, voire quelques annĂ©es seulement, quand on entendait parler de triathlon ou dâIronman sans approcher ce milieu, on sâimaginait des Terminator, des machines. Pour beaucoup, croiser un mec qui disait : « Je fais du triathlon », câĂ©tait de la science-fiction⊠Quâest-ce qui sâest passĂ© pour quâon en arrive Ă des athlĂštes comme vous, accessible et souriant, avec une bonne vibe ? Comment avez-vous vu cela Ă©voluer de lâintĂ©rieur ?
Jâai grandi en Ă©tant au contact de ce sport parce que jâĂ©tais toujours entourĂ© de triathlĂštes dans le cadre familial. Mais je prenais du recul, et je savais que le triathlon pouvait ĂȘtre trĂšs ennuyant et que personne nâallait le regarder. Et jâai voulu amener quelque chose de nouveau. Un peu plus de dĂ©tente, de la fraĂźcheur, un certain style Ă ce sport⊠Le sport
«âMon rĂȘve câest dâavoir une grande maison oĂč lâon peut faire du sport entre amis et de gros barbecues.â»
«âSâil y a des risques Ă prendre mais que la destination est folle, je les prendrai.â»
dâendurance, en gĂ©nĂ©ral, oui, ça peut ĂȘtre ennuyeux. Personne ne va sâasseoir devant la tĂ©lĂ© pendant huit heures pour regarder un mec pĂ©daler. Il faut autre chose, des personnages, du caractĂšre.
Vous vous inspiriez de qui ?
Il fut un temps oĂč mon idole, et pas que la mienne, Ă©tait Jan Frodeno, qui est un peu le GOAT du triathlon longue distance (il est le premier homme Ă avoir remportĂ© Ă la fois les Jeux olympiques de PĂ©kin en 2008 et le championnat du monde dâIronman Ă HawaĂŻ, ndlr). Mais jâai mis longtemps Ă comprendre quâen fait, il ne fallait pas que je me focus trop sur lui, parce quâil est allemand, robotique, carrĂ©... Jâai mis du temps Ă comprendre que ce nâĂ©tait pas mon chemin.
Quel était-il ?
Je voulais montrer que je suis aussi humain, quâil y a des jours oĂč je suis vraiment exceptionnel et des jours oĂč je suis terrible, mais que jâapprends de ces situations pour me relever au final.
Plus accessible ?
Ă droite, Sam trace sa route au bord du Kedron Brook, riviĂšre qui traverse Brisbane.
Ouais⊠Je trouvais que dans le triathlon, tout le monde avait cette image trĂšs polie, trĂšs carrĂ©e, pas trĂšs excitante. Je suis en Australie en ce moment et hier soir, jâai assistĂ© Ă un match de foot fĂ©minin. Il y avait un vĂ©ritable show, avec des flammes, des trucs comme ça⊠Comment câest possible ? Comment rendre ce sport plus excitant ? Câest compliquĂ©.
On sent que ça vous tient Ă cĆur.
Je suis un vrai amoureux de ce sport. Et au-delà de mes performances, mon plus gros objectif, ça a
toujours Ă©tĂ© de faire grandir ma discipline, mĂȘme si câest un tout petit peu. Je nâai que 25 ans, donc ça va prendre du tempsâŠ
Ăa pourrait passer par quoi ?
Il faudrait croiser le triathlon avec dâautres sports. Mon partenariat avec Red Bull en est lâexemple, jâai notamment choisi de mâassocier Ă la marque car je savais que cela mâouvrirait des portes. Les gens qui suivent Red Bull aujourdâhui, comme quand jâĂ©tais gamin alors que je voyais du DH ou du skate, ils se disent : « Câest qui ces mecs ?! » ? Et jâespĂšre quâil y a un gamin qui, en regardant les championnats du monde Ă HawaĂŻ, voit mon casque et se dit la mĂȘme chose.
MĂȘme si vous voulez lâemmener ailleurs, on sent que vous vouez un respect absolu Ă votre discipline. Quâest-ce que vous aimez vraiment dans la longue distance ?
Jâai dĂ©jĂ utilisĂ© le terme au dĂ©but de notre conversation, mais câest un sport trĂšs honnĂȘte et trĂšs complet, et pas seulement physiquement. On passe tellement de temps Ă faire des recherches sur lâaĂ©rodynamisme ou la nutrition, sur chaque petit aspect. Un Champion du monde dâIronman, câest un mec trĂšs complet. Il y a quelque chose qui me vient Ă lâesprit du coup...
Quoi donc ?
JâĂ©tais Ă DubaĂŻ il y a deux semaines et je suis allĂ© dans une Ă©norme salle de fitness. La plupart des gars qui Ă©taient lĂ y Ă©taient pour se montrer. Et nous, câest tout lâinverse. Je trouve quâon est sĂ»rement parmi les athlĂštes les plus entraĂźnĂ©s et les plus fit du game, mais personne dans la rue ne sâen douterait. On fait ça vraiment pour nous, tu vois ? Pas pour se montrer.
Câest assez cool Ă entendre de la part dâun Champion du mondeâŠ
Câest un sport trĂšs humble. On est seul contre soimĂȘme. Dans ta course, tu as un mec 4 minutes derriĂšre et un autre 3 minutes devant. Tu es vraiment seul, face Ă ton corps. Câest ça que jâaime. On fait ça pour repousser nos propres limites, pour rien dâautre.
Rien Ă voir avec DubaĂŻ, mais vous avez votre propre salle dâentraĂźnement maison, chez vos parents, dans les PyrĂ©nĂ©es orientales. Oui, en fait jâai mon chez moi Ă 100 mĂštres de chez mes parents, et on sâentraĂźne dans leur garage. Le spot a pris feu, dâailleurs.
Que sâest-il passĂ© ?
On avait un compresseur dâair pour gonfler les pneus et il a court-circuitĂ© et ça a pris feu. On est en train de finaliser sa reconstruction.
Câest un plus dâavoir une salle Ă 100Â mĂštres de chez soi ?
Dans ma discipline, câest assez commun. Dans le jargon, on appelle ça une pain cave, une cave pour souffrir. (rires) Jâaime bien notre pain cave, qui, contrairement Ă dâautres, nâest pas toute clean et minimaliste, mais plutĂŽt un garage, avec ce cĂŽtĂ© Rocky quâon aime bien. Mais on a tout le matos qui convient, ceci dit.
Ironman World Championship
Nice 2023
1er Français Champion du monde Ironman et plus jeune Champion du monde Ironman Ă lâĂąge de 24 ans.
Ironman World Championship Hawaii 2022
Second meilleur temps de lâhistoireâ; meilleur temps vĂ©lo en 4 h 4 min 36 secâ; meilleur temps pour un triathlĂšte français.
Ironman de Lakesman 2019
Meilleur temps sur distance Ironman jamais enregistré au Royaume-Uni.
1er au Challenge London (2023), en 3Â h 29Â min 31Â sec
2e Ă lâIronman World Championship Hawaii (2022)
2e Ă lâIronman UK (2021)
1er du Triathlon de la Montagne Noire (France 2020)
1er au Lakesman Triathlon (2019)
«âPour la premiĂšre fois de ma vie, je me levais le matin sans savoir oĂč je voulais aller.â»
Vous y ĂȘtes souvent ?
GĂ©nĂ©ralement jây suis avec mon partenaire dâentraĂźnement, et lâhiver, on peut y passer 5 ou 6 heures par jour. Il y a un cĂŽtĂ© un peu rustique, cool, un peu comme les salles de boxe. AprĂšs, pour le long terme, jâai achetĂ© un ancien domaine viticole que jâai vraiment envie de dĂ©velopper en y crĂ©ant mon environnement idĂ©al. Piste dâathlĂ©, piscine, tout ce quâil faut. Peut-ĂȘtre que quand tout cela se rĂ©alisera, je serai trop vieux pour faire du sport, mais on verra. (rires)
Mon rĂȘve câest dâavoir une grande maison oĂč lâon peut faire du sport entre amis et de gros barbecues. Inviter des amis et partager. Câest important dâavoir un Ă©quilibre, boire des coups avec ses potes, faire du sport. On partage ces mĂȘmes valeurs.
Qui sont les gens qui vous entourent ?
On me demande souvent quel est mon plus gros atout : vĂ©lo, position, aĂ©rodynamisme ? Je dis toujours que câest ma capacitĂ© Ă Ă motiver des gens autour de moi pour un mĂȘme objectif, et que je prends du plaisir Ă faire ça. Pour me dĂ©marquer, pour arriver Ă ĂȘtre le meilleur, je savais quâil fallait mâentourer de personnes qui croyaient en moi. Au dĂ©but, ça a donc Ă©tĂ© mes parents, et petit Ă petit, de plus en plus de gens ont cru en moi. LâĂ©quipe sâest un peu agrandie⊠Je dirais que la premiĂšre personne qui mâa aidĂ©, câĂ©tait
un mĂ©decin qui sâappelle Marty. En fait, quand je suis parti du PĂŽle France, jâĂ©tais surentraĂźnĂ©.
Câest-Ă -dire ?
On mâa fait une prise de sang banale qui a rĂ©vĂ©lĂ© que jâĂ©tais KO. Jâai mis six mois Ă mâen remettre. Et ensuite, on a dĂ©couvert que jâavais des problĂšmes de bide et Marty mâa aidĂ©. Quand jâai gagnĂ© Ă Nice, il nây avait que mon pĂšre, moi et mon partenaire, Arthur ; la vie Ă©tait trĂšs simple.
Vous avez souhaité plus vous structurer aprÚs ce titre à Nice ?
Oui, et jâai organisĂ© une espĂšce de team building dans un hĂŽtel 5 Ă©toiles en Italie. Je voulais avoir un expert dans chaque domaine et quâon se dirige ensemble vers un objectif commun. Mais au final, je pense que jâai over compliquĂ© la chose. Du coup, en cette fin dâannĂ©e, avant HawaĂŻ, on a rĂ©duit lâĂ©quipe Ă nouveau. Et pour lâan prochain et les annĂ©es Ă venir, jâai envie de garder la plus petite Ă©quipe possible.
Vous avez un tatouage dans le dos, un bateau sur les flots : A smooth sea never made a skilled sailor. Quelle est lâambiance Ă bord du Sam Laidlow ? Sâil y a des risques Ă prendre mais que la destination est folle, je les prendrai. Les orages, les tempĂȘtes⊠câest avec cela que je grandis. Plus je prends de risques, plus je grandis vite en quelque sorte.
Vous avez Ă©tĂ© dans une sacrĂ©e tempĂȘte aprĂšs HawaĂŻ, et quelques jours plus tard, vous postez une photo, tout sourire, sur Instagram... Quand jâai gagnĂ© le championnat du monde lâan dernier, jâai vraiment vĂ©cu trois mois horribles. Ăa peut paraĂźtre bizarre, mais jâai beaucoup mieux vĂ©cu les trois mois aprĂšs un mauvais rĂ©sultat aux championnats du monde que les trois mois aprĂšs mon titre.
Comment cela ? Ăa paraĂźt impensableâŠ
Parce que pour la premiĂšre fois de ma vie, je me levais le matin sans savoir oĂč je voulais aller. Jâai rĂ©alisĂ© que plus je me fixais un objectif de fou, plus jâallais ĂȘtre heureux parce que je nâallais jamais y arriver. (rires) Si jây parviens, câest top, mais un accomplissement, au final, il passe et tu lui dis ciao ! AprĂšs HawaĂŻ en 2024, jâai trouvĂ© du positif dans ma dĂ©ception, en me disant que je pouvais me lever pendant 365 jours et encore aller chercher ce rĂȘve qui est de gagner un autre championnat du monde. Le journey (voyage en anglais, ndlr), câest vraiment ça le plus cool⊠MĂȘme si je sais que ça peut sembler hyper clichĂ©, câest vrai : se lever le matin en ayant un but majeur devant soi, ça a vraiment de la valeur.
Comme lâeuphorie de la victoire Ă venir en tĂȘte ?
Câest vrai, cette victoire Ă Nice fut un moment de plĂ©nitude extrĂȘme. Il y avait plein dâamis et ma famille, et je ne mây attendais tellement pas. Trois semaines auparavant, jâavais le COVID, et jâavais fait une saison assez merdique... Je nây croyais plus vraiment. VoilĂ quelque chose que jâai appris : on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Ăa, câest assez fou.
IGâ: @samlaidlow
Avec son premier album choke enough, la chanteuse, productrice et compositrice française Oklou livre une Ćuvre Ă la croisĂ©e de la quĂȘte personnelle et de lâexploration musicale. Entre lâĂ©cho dâun passĂ© digital abondant et un retour Ă lâessence mĂȘme de la crĂ©ation, lâartiste sâinterroge sur les notions dâĂ©merveillement et de mĂ©lancolie, dans un rĂ©cit sonore oĂč chaque note est une question.
Do you remember Internet? Au dĂ©but des annĂ©es 2010, la musicienne et productrice Oklou, nĂ©e en 1993, nâa pas encore de rĂ©pertoire vĂ©ritablement dĂ©fini, et en est encore Ă chercher le son qui la caractĂ©risera. En parallĂšle, elle apprend Ă ĂȘtre DJ, sâappuyant sur la plus grande source dâinformations en tout genre de lâĂšre moderne : Internet. Pour les jeunes artistes, qui, comme elle, ne disposent que dâune chambre, dâun ordinateur et dâun clavier, Internet reprĂ©sente Ă lâĂ©poque un lieu de dĂ©couvertes, de libertĂ© et de possibilitĂ©s infinies. Câest dâailleurs via le web (avec une adresse IP localisĂ©e dans lâOuest de la France) que Marylou Mayniel, de son vrai nom, fait ses dĂ©buts, avant de tourner aux cĂŽtĂ©s de Caroline Polacheck et Oneohtrix Point Never. Et câest seule chez elle quâelle explore les mĂ©andres du web et se connecte Ă dâautres utilisateur·rice·s, via YouTube et SoundCloud, avant de venir sâinstaller Ă Paris. Peu de temps aprĂšs, en 2014, Oklou sort son premier EP, Avril, inspirĂ© par lâart post-Internet qui ne laissa pas le monde de la musique indiffĂ©rent. Six ans plus tard, elle explose avec sa mixtape Galore, un premier LP acclamĂ© par la critique. VĂ©ritable fantaisie romantique, ce projet musical traduit une expĂ©rience utopique et onirique devenue universelle, Ă laquelle tous et toutes peuvent se raccrocher sans vraiment savoir si les morceaux nous rendent tristes ou heureux·ses. La seule chose qui compte, câest que sa pop Ă©lectronique, qui trouve son Ă©nergie dans les profondeurs dâInternet, sâinscrivant ainsi dans lâesprit du temps, fait du bien.
Seulement, Ă lâapproche de la sortie de son premier album, choke enough, la productrice, toujours aussi fascinĂ©e par lâambivalence de la mĂ©lancolie quâelle injecte dans ses compositions, nous confie que la rĂ©alisation de lâalbum nâa pas Ă©tĂ© Ă©vidente. Elle Ă©crit mĂȘme sur son compte Instagram le 4 septembre 2024 : « Je nâai rien postĂ© pendant un moment parce que jâavais lâimpression de ne pas rĂ©pondre Ă vos attentes en ce qui concerne mon travail qui consiste Ă produire de la musique. » Pour Oklou, il sâagissait avant tout dâune blague pour mettre en scĂšne son retour. Mais lâartiste confesse quâen mĂȘme temps, ce nâest pas le cas, car elle constate son Ă©loignement des plateformes et dâInternet ces derniĂšres annĂ©es. Choses qui lâavaient nourrie jusque-lĂ . « Câest dĂ» Ă mon Ă©volution. Depuis que les rĂ©seaux sociaux existent, jâai toujours Ă©tĂ© trĂšs connectĂ©e. Jâai toujours adorĂ© pouvoir contacter des gens, pouvoir partager,
En digne milléniale, Oklou, ici habillée en A.A. Spectrum, aime jouer avec les codes de la mise en scÚne.
pouvoir mâexprimer. Mais aujourdâhui, jâĂ©prouve un dĂ©sintĂ©rĂȘt liĂ© au fait que ce qui mâa toujours nourrie a disparu dans mon algorithme. Je nây trouve plus dâĂ©merveillement, je ne suis plus interloquĂ©e par des contenus, ni transportĂ©e par des artistes. » Internet, le vivier dâidĂ©es, serait devenu stĂ©rile⊠Ce constat dâappauvrissement numĂ©rique marque un tournant dans la dĂ©marche artistique dâOklou, la poussant Ă chercher ailleurs ce qui avait toujours alimentĂ© sa production musicale. Sans perdre de vue cette quĂȘte dâĂ©merveillement et dâinnocence, elle a choisi de se confronter Ă ce vide, pour en faire la matiĂšre premiĂšre de choke enough.
« Ce vide dâĂ©merveillement post Galore est un des questionnements de lâalbum, qui correspond Ă la pĂ©riode oĂč je mâĂ©loigne dâInternet. Câest inĂ©dit pour moi. » DĂ©sormais, lâartiste recherche les vibrations de la vie autrement puisquâelle provoque des imaginaires par force et nĂ©cessitĂ© en convoquant dâautres mĂ©diums comme la littĂ©rature. « Quand tu as fait partie dâun environnement tellement riche, ce nâest pas dĂ©vident, donc je me suis remise Ă lire des livres. »
Parmi ses lectures, on trouve le cĂ©lĂšbre poĂšme basque Txoria Txori, Ă©crit par Joxean Artze. Il conte lâhistoire dâun oiseau, dont les ailes coupĂ©es (symbolique phare du texte) interrogent les concepts de libertĂ© et dâappartenance, et « de ce quâon peut rechercher dans une relation lorsquâon tombe amoureux », ajoute Oklou. Câest de ce poĂšme que la chanteuse sâinspire pour Ă©crire blade bird, le seul morceau de lâalbum qui traite dâamour. Un titre quâelle avait pensĂ© « plus Ă©nervĂ© », mais qui a finalement Ă©voluĂ© vers une forme musicale douce proche de la pop-indie, se diffĂ©renciant ainsi du reste de la tracklist, tant par sa structure que sa mĂ©lodie et son sujet.
ThĂšmes intrinsĂšques Ă lâalbum, la mĂ©lancolie et lâĂ©merveillement sont trĂšs identifiĂ©s dans les morceaux thank you for recording, obvious et forces, grĂące Ă la maniĂšre dont les mĂ©lodies et les harmonies convoquent nos sens et rĂ©veillent notre goĂ»t du risque. On se retrouve soudainement au cĆur dâun jeu dâaventure ou dâun comfort game, qui met en lumiĂšre lâexploration et les rĂ©solutions dâĂ©nigmes comme dans The Legend of Zelda ou Animal Crossing. « Travailler autour de thĂšmes qui Ă©voquent ces univers du gaming, câest ce que je prĂ©fĂšre au monde. Et jâutilise la flĂ»te, il nây a pas plus jeux vidĂ©o que ça. Ce que jâaime pardessus tout, câest Ă©crire ces mĂ©lodies quâon pourrait entendre dans une Game Boy », nous explique la
«âCe vide dâĂ©merveillement post Galore est un des questionnements de lâalbum, qui correspond Ă la pĂ©riode oĂč je mâĂ©loigne dâInternet.â»
«âTravailler autour des thĂšmes qui Ă©voquent les univers du gaming, câest ce que je prĂ©fĂšre. Et jâutilise la flĂ»te, il nây a pas mieux comme ambiance de jeux vidĂ©o.â»
pose devant lâobjectif
Un shooting The
pour célébrer
Elle porte un top de Joanna Parv, un jogging Y-3 et des mules Prototypes.
productrice qui souhaite que ces thĂšmes avec synthĂ©s et flĂ»tes fassent partie de vraies chansons. « Jâai envie de les amener vers une structure et un ressenti de chansons pop. Je ne sais pas si jâimagine des univers quand jâĂ©cris et quand je joue mes morceaux, mais je puise trĂšs certainement des Ă©nergies dans les personnages comme Gurki du Chaudron Magique ou Edgar dans Le Voyage dâEdgar dans la forĂȘt magique. Câest trĂšs inconscient tout ça. »
Les trois morceaux citĂ©s plus haut font naturellement le lien avec le genre musical hyperpop dont Oklou maĂźtrise tous les codes, comme on peut lâentendre sur ict et le morceau Ă©ponyme de lâalbum. Lâhyperpop est nĂ©e au Royaume-Uni au dĂ©but des annĂ©es 2010 grĂące Ă Sophie. Ce courant de niche se distingue ces derniĂšres annĂ©es avec des figures comme Charli XCX et aussi A.G. Cook (le fondateur du label PC Music) et le producteur Danny L Harle (on les retrouve tous deux sur choke enough).On assiste actuellement Ă lâavĂšnement de lâhyperpop, dont les artistes phares font la une des playlists de Spotify et Apple Music, devenant une catĂ©gorie fourre-tout. Il ne faut pas oublier quâil sâagit lĂ dâun genre relatif Ă une scĂšne musicale, dont lâexpression exagĂ©rĂ©e se traduit par une utilisation de mĂ©lodies de synthĂ©tiseurs audacieuses, de voix autotune, dâune compression et dâune distorsion excessives, avec des rĂ©fĂ©rences surrĂ©alistes ou nostalgiques propre Ă la culture Internet des annĂ©es 2000 et du Web 2.0. Une dĂ©nomination qui semble aujourdâhui obsolĂšte pour parler de la musique des enfants du numĂ©rique qui se sont rencontré·e·s sur Internet.
Les choix de collaboration dâOklou ne sont pas anodins. Au-delĂ de son appartenance Ă la scĂšne hyperpop, le label PC Music a Ă©tĂ© dâune grande influence dans la crĂ©ation dâOklou : « On partage quelquâun chose en commun avec ces personnes, ça mâa beaucoup frappĂ©e, notamment avec Danny L Harle. Quand il Ă©coute une musique, il rĂ©ussit Ă trouver instantanĂ©ment lâingrĂ©dient qui va venir toucher lâĂąme des gens. Je mâen suis encore plus rendu compte lorsquâil parlait dâun morceau trĂšs âfĂȘte foraineâ (probablement sur son LP Harlecore, ndlr), dans une interview oĂč il isole
lâĂ©criture harmonique (tempo, instrument, accords, traitement de voix etc.), en expliquant sa progression, de maniĂšre sincĂšre et humble. » Cette conscientisation de la musique intervient souvent aprĂšs avoir composĂ© un morceau, puisque sur lâinstant, les Ă©lĂ©ments extĂ©rieurs, lâimaginaire et le subconscient prennent le pas sur la rĂ©alisation.
Outre ses collaborations avec Danny L Harle, A.G. Cook et ses deux featurings avec Bladee et Underscores, son plus grand ami et compagnon musical reste le producteur canadien Casey MQ, quâelle a rencontrĂ© sur les bancs de la Red Bull Music Academy en 2016. « AprĂšs deux semaines de sĂ©minaires, on est restĂ©s en contact et câĂ©tait parti. On a fait un premier EP ensemble qui sâappelait For the Beasts (2017) et lorsque jâai dĂ©cidĂ© de travailler sur Galore, notre collaboration est venue naturellement. » Symbiose innĂ©e.
La richesse de lâunion entre Oklou et Casey MQ rĂ©side dans leur amitiĂ©, qui favorise une Ă©coute intelligente et lucide de leur figure dâartiste respective. La productrice française nâhĂ©site pas Ă prĂ©ciser lâimportance de Casey dans la rĂ©alisation de choke enough : « Jâai besoin de lui techniquement pour avancer plus vite et mettre en place mes idĂ©es. Son apport est hyper complet, il mâaide sur les paroles, lâĂ©criture globale dâun morceau, sur sa composition, son arrangement. Il est aussi bien meilleur que moi aux logiciels et il a la capacitĂ© de me sortir les sons de synthĂ©s spĂ©cifiques dont jâai besoin. Câest peut-ĂȘtre dĂ» Ă notre passĂ© commun de musicien·ne·s classiques, mais je nâen suis pas persuadĂ©e. Entre nous, je pense quâil y a aussi une tendresse pour une certaine musicalitĂ© qui toucherait Ă lâenfance et qui est extĂ©rieure Ă notre savoir-faire. » Si Casey a grandi avec les comĂ©dies musicales, Oklou est plutĂŽt familiĂšre des dessins animĂ©s qui passaient Ă la tĂ©lĂ©. Mais ensemble, ils se retrouvent Ă mi-chemin dans lâexpression de leur musique pour rĂ©vĂ©ler une certaine tension entre minimalisme et densitĂ© Ă©motionnelle dont choke enough est le reflet.
Au fur et Ă mesure que dĂ©filent les morceaux, lâenfance se mĂȘle Ă la mĂ©lancolie et les souvenirs oubliĂ©s se manifestent, sans avoir Ă poser des mots dessus.
«âJe voulais vraiment que choke enough soit plus prĂ©cis, que lâalbum soit une idĂ©e concrĂšte, parce que câest plus facile Ă incarner. Mais ça nâa jamais Ă©tĂ© le cas.â»
choke enough, dĂ©jĂ disponible sur lâensemble des plateformes.
Une dimension chimĂ©rique suggĂ©rĂ©e par le titre family and friends dont le clip (rĂ©alisĂ© par Gil Gharbi Ă Poitiers, ville dâorigine dâOklou) convie le public et lâartiste elle-mĂȘme Ă prendre la fuite sans but prĂ©cis. Une course qui, petit Ă petit, nous engouffre dans un espace mi-rĂ©el mi-fictif, Ă lâimage dâun rĂȘve Ă©veillĂ©.
« LâidĂ©e du clip Ă©tait de fuir quelque chose mais nous ne savions pas quoi. Le morceau en lui-mĂȘme fourmille de plein de sensations diffĂ©rentes. On voulait avoir ce sentiment dâĂȘtre partagé·e·s entre plusieurs directions de vie, câest trĂšs abstrait et trĂšs reprĂ©sentatif de ce que jâai dans la tĂȘte Ă certains moments de mon existence. »
On ne pourrait rĂȘver plus percutante musique dâenfants pour adultes.
FOCUS
IG : @oklou
En concert
Ă Paris : les 4 et 5 mars Ă La Cigale, et le 13 mars au Trianon.
Une impression dâĂ©vasion qui sâapparente Ă une quĂȘte libre dâinterprĂ©tation, si tant est quâelle soit liĂ©e Ă un doux et constant sentiment dâĂ©merveillement, qui naissent de moments simples du quotidien. Pour Marylou, cela passe par les plantes qui lui procurent une certaine fiertĂ© : « Jâai commencĂ© Ă faire de la botanique dans ma petite cour de 10 mÂČ. Parfois quand je rentre chez moi, je mâassois sur les marches et je reste au moins une heure Ă ne rien faire dâautre quâobserver mes plantes pour constater leur Ă©volution, sans forcĂ©ment analyser, mais pour profiter de ce travail accompli ».
Une fiertĂ© qui, toutefois, diffĂšre de celle quâelle Ă©prouve aprĂšs lâaboutissement de son premier album. « Je nâai aucune honte de le dire, je suis trĂšs heureuse de cet album et de ce quâil reprĂ©sente, mais il y a eu pas mal de pression pendant sa production. AprĂšs avoir vĂ©cu un projet aussi libre et fluide que Galore, mĂȘme dans les moments dâerreurs, qui lorsquâelles viennent de toi sont plus simples Ă accepter, ça a Ă©tĂ© diffĂ©rent pour choke enough. Je nâai pas de mal avec les erreurs et les Ă©checs, ça fait partie de la vie, en revanche, lorsquâelles ne viennent pas de moi, lĂ , câest difficile. » Pour Oklou, qui aurait aimĂ© ne pas avoir eu Ă se dire : « Il faut que je boucle lâalbum maintenant », la conception de choke enough aura Ă©tĂ© plus sinueuse que prĂ©vue. « Câest pour ça que je nâai pas pu accĂ©der Ă cette fiertĂ© de me dire, lĂ je vous donne un truc, je sais exactement ce quâil se passe. » Compte tenu des doutes que lâartiste conserve Ă lâĂ©gard de son projet, qui ne lâempĂȘcheront pas de le dĂ©fendre avec joie et dĂ©votion, il est important de retenir que toute crĂ©ation, quelle quâelle soit, nâest pas une science infuse, elle a besoin dâĂȘtre nourrie et alimentĂ©e. Ainsi, en cas de vide, il devient possible de sâinterroger sur lâimpact de nos environnements, sur nos processus de crĂ©ation et le regard quâon pose sur nos Ćuvres. « Je voulais vraiment que choke enough soit plus prĂ©cis, que lâalbum soit une idĂ©e concrĂšte, parce que câest plus facile Ă incarner, mais ça nâa jamais Ă©tĂ© le cas. Depuis que je mâen suis rendue compte, je suis en phase avec le fait que lâalbum soit un questionnement qui ne nĂ©cessite pas de rĂ©ponses. Ce qui est important pour moi lorsquâon travaille sur un objet artistique, câest dâarriver Ă transmettre les Ă©motions de la maniĂšre la plus fidĂšle possible. » Avec son premier album, Oklou confirme sa place singuliĂšre sur la scĂšne musicale française et internationale. Entre introspection et expĂ©rimentation, la productrice nous montre quâil est absolument normal de sâinterroger et parfois mĂȘme dâĂȘtre tourmenté·e. Affirmation de mise Ă lâĂ©coute de choke enough, le mystĂšre subsiste, car le sujet nâest autre que le questionnement lui-mĂȘme. On ne pourrait rĂȘver plus percutante musique dâenfants pour adultes. Au fil des morceaux, lâartiste pose un regard naĂŻf et enfantin sur le sens de la vie, en partie grĂące lâutilisation de la flĂ»te, un instrument symbolique, totem de lâartiste, qui prend tout son sens dans sa quĂȘte non dĂ©finie. Quant Ă lâauditeur·ice, iel nâa quâĂ se laisser porter par lâensemble des textures Ă©lectroniques sophistiquĂ©es, tantĂŽt club, tantĂŽt ambient et avant-gardistes pour ressentir cet Ă©merveillement brut sans artifice, propice Ă la rĂ©flexion.
AprĂšs une carriĂšre lĂ©gendaire (plus de quatre cents buts et trente titres remportĂ©s dans cinq pays), Zlatan IbrahimoviÄ, 43 ans et toujours aussi fit, est toujours en quĂȘte dâadrĂ©naline.
Le phĂ©nomĂšne du ballon rond, redoutĂ© pour ses punchlines qui tuent, nous parle de son incursion dans le monde du sportswear, des valeurs quâil tient Ă transmettre Ă ses enfants, et motive mĂȘme notre journaliste Ă se bouger.
Plus fort que jamais : nĂ© dans un quartier difficile de Malmö, en SuĂšde, IbrahimoviÄ a rĂ©ussi Ă devenir lâun des footballeurs les plus spectaculaires au monde. Aujourdâhui, il souhaite transmettre son expĂ©rience aux gĂ©nĂ©rations futures.
Un homme de principes : depuis la fin de sa carriĂšre, IbrahimoviÄ sâest donnĂ© pour mission de susciter lâengouement pour le sport auprĂšs du plus grand nombre. Il dĂ©veloppe avec H&M Move une ligne de vĂȘtements de sport, « Selected by Zlatan », dont ce legging.
Avec son 1,95âmĂštre et ses Ă©paules de dĂ©mĂ©nageur, Zlatan IbrahimoviÄ Ă©tait aussi immense que le Colosse de Rhodes ou lâincroyable Hulk pour ses adversaires sur le terrain. Oubliez la demi- mesureâ: que ce soit Ă Milan, au Barça, au PSG, ou Ă Manchester United, Zlatan a jouĂ© pour les plus grands clubs et marquĂ© plus de 400 buts. Plus quâun simple attaquant, câĂ©tait un super- hĂ©ros. Quand lâUEFA a dĂ» expliquer son nouveau format de Ligue des Champions, si complexe quâun tirage manuel aurait requis mille boules et durĂ© au moins trois heures, ils ont appelĂ© Zlatan Ă la rescousse. Il sâest chargĂ© de rĂ©sumer le tout dans une vidĂ©o Ă la musique
digne dâun block busterâ: «âPlus de foot. Plus dâaction. Plus de passion. Plus de gloire.â» Et maintenant, ce mĂȘme Zlatan IbrahimoviÄ est assis lĂ , dĂ©tendu, lâair curieux. A-t-il perdu de sa fougue depuis la fin de sa carriĂšreâ?
zlatan ibrahimoviÄ : Je vais Ă la salle de fitness tous les matins pour faire de la muscu ou des sĂ©ances de CrossFit. Je fais du footing une Ă deux fois par semaine et autant de parties de foot quand mon agenda me le permet, car jâai un emploi du temps chargĂ©. Mais je trouve toujours un moment pour mâentraĂźner. Je nâai quâun seul programme : la constance.
the red bulletin : Vous avez dit que lâadrĂ©naline du jeu allait vous manquer aprĂšs la retraite. OĂč puisez-vous cette adrĂ©naline dĂ©sormais ?
Je la trouve en mâentraĂźnant, ou en rĂ©alisant de nouveaux projets, ou bien grĂące Ă mes enfants ou encore sur le bord du terrain. Câest diffĂ©rent dâun match, câest une autre dimension. Jâai fait la paix avec tout ça quand jâai fini par accepter que ma carriĂšre de joueur Ă©tait terminĂ©e.
Ătes-vous maintenant un Zlatan version adulte ? Quelles attitudes passĂ©es vous font sourire ?
Mon credo, câest que le succĂšs se joue Ă 50 % dans la tĂȘte. Lâego et la confiance en soi sont indispensables, sinon impossible dâavancer. Câest une bonne chose de se focaliser sur soi-mĂȘme. Ăa aide bien sĂ»r dâĂȘtre soutenu par son entraĂźneur, sa famille ou autre, mais au final, le succĂšs reste un effort individuel. Aujourdâhui, je me consacre davantage au fait de transmettre mon expĂ©rience aux nouvelles gĂ©nĂ©rations. Avec lâĂąge, les perspectives changent.
Vous nâavez jamais pensĂ© Ă vous laisser aller Ă la paresse aprĂšs la fin de votre carriĂšre ? Ă prendre du bon temps et quelques kilos ?
Je crois que je suis plutĂŽt bien placĂ© pour montrer combien rester actif en vaut la peine. Si jâen suis lĂ aujourdâhui, câest grĂące au sport, câest pour cela que je veux motiver le plus de monde possible Ă sâactiver. Mais je ne conseille pas de pratiquer un sport en particulier ni de faire un nombre minimum de rĂ©pĂ©titions. Chacun son choix.
Le but nâest donc pas de viser le maximum mais de rĂ©duire les obstacles de dĂ©part ?
Exactement. On nâest pas obligĂ© de devenir un immense athlĂšte ni de sâinscrire Ă un club de sport. Il faut commencer par de petits exercices et construire Ă partir de lĂ . Je pense que câest quelque chose de trĂšs individuel : on peut aller se balader, essayer la marche nordique ou le style de yoga qui nous attire le plus. Lâimportant, câest de trouver un truc Ă la fois agrĂ©able et motivant. Chaque personne qui sâactive et trouve sa propre voie me remplit de fiertĂ©.
Calme. PondĂ©rĂ©. Empathique. Est-ce lĂ le vĂ©ritable Zlatanâ? Marco Materazzi, lâun de ses anciens coĂ©quipiers qui nâĂ©tait pas un tendre non plus, disaitâ: «âIl veut toujours gagner et ne tolĂšre pas que les autres fassent des erreurs. Il sâen prend souvent Ă ses coĂ©quipiers.â» Peut-ĂȘtre cherche-t-il dĂ©sormais un nouvel Ă©quilibre. Comme il le dit lui-mĂȘme, il nâa aucune envie de devenir entraĂźneurâ: «âUn coach travaille douze heures par jour et nâa pas une minute de libre. Jâai dĂ©jĂ assez de cheveux blancs.â» Actuellement, il est consultant pour lâAC Milan. «âJe ne suis pas une nounouâ; mes joueurs sont adultes et doivent prendre leurs responsabilitĂ©sâ», dĂ©clare-t-il. Son rĂŽle, il le dĂ©finit ainsiâ: «âRelier les choses entre elles et veiller Ă ce que les gens ne se relĂąchent pas.â»
Vous ĂȘtes connu pour votre crĂ©ativitĂ© sur le terrain, avec vos retournĂ©es acrobatiques Ă 30 mĂštres ou vos buts du talon. Les footballeurs crĂ©atifs le sont-ils Ă©galement dans dâautres domaines de leur vie ? Autrement dit, comment utilisez-vous votre libertĂ© retrouvĂ©e ?
Je veux explorer de nouveaux domaines dans lesquels je ne suis pas un expert. Jâai passĂ© 25 ans dans la bulle du foot. Aujourdâhui, je dĂ©couvre de nouveaux dĂ©fis. Je veux grandir en tant que personne. Dans ma collaboration avec H&M Move, par exemple, je ne mâadresse pas seulement Ă un petit groupe dâathlĂštes de haut niveau ou de scientifiques du sport, mais Ă tous et toutes dans le monde. Le message est simple : « Si câest bon pour Zlatan, câest bon pour toi aussi ! »
Avec la marque suĂ©doise, vous dĂ©veloppez la collection de vĂȘtements de sport « Selected by Zlatan ». Sur le terrain, vous Ă©tiez un artiste individuel. Quel rĂŽle jouez-vous au sein de lâĂ©quipe de dĂ©veloppement de cette ligne ? Ătes-vous le patron ? Ou plutĂŽt un auditeur attentif ?
Je mâimplique Ă©normĂ©ment. Jâobserve, je teste des prototypes, je partage mon opinion. Selon mes commentaires, lâĂ©quipe ajuste les designs, sâassure de leur fonctionnalitĂ© et les perfectionne. Nous avons une excellente Ă©quipe ; chacun apporte son expertise. Câest notre troisiĂšme collection « Selected by Zlatan » et elle sâamĂ©liore Ă chaque fois. Je suis fier de ce que nous crĂ©ons ensemble.
«âJe nâai quâun
Premiers pas : Ă 17 ans, il fĂȘte ses dĂ©buts professionnels avec le Malmö FF et monte en premiĂšre division suĂ©doise avec son Ă©quipe.
2001
Premiers triomphes : avec lâAjax Amsterdam, il remporte deux fois le championnat nĂ©erlandais et termine une fois meilleur buteur.
2004
PremiĂšre en Italie : avec la Juventus Turin, il remporte deux championnats (annulĂ©s par la suite pour matchs truquĂ©s ; lâĂ©quipe est relĂ©guĂ©e).
2006
Italie, deuxiĂšme partie : avec lâInter Milan, il remporte encore trois championnats et termine une fois meilleur buteur.
2009
Petit passage par lâEspagne : il remporte le championnat avec le FC Barcelone malgrĂ© ses diffĂ©rends avec lâentraĂźneur Pep Guardiola.
2010
Italie, jamais deux sans trois (et quatre) : il remporte encore une fois le championnat avec lâAC Milan, exploit quâil rĂ©pĂ©tera Ă 40 ans aprĂšs son retour en 2020. Aujourdâhui, il est conseiller du club.
2012
Vive la France ! Avec le Paris Saint-Germain, il décroche quatre championnats consécutifs et devient meilleur buteur du club (record battu depuis par Cavani et Mbappé).
2016
Royaume-Uni : moins Ă lâaise, il ne gagne pas le championnat avec Manchester United, mais sâempare tout de mĂȘme du trophĂ©e de la Ligue Europa.
2018
Surfing USA : il marque 53 buts en 58 matchs avec le L.A. Galaxy avant son dernier retour en Italie (voir ci-dessus).
Du tac au tac : câest aussi grĂące Ă ses interviews dĂ©sarmantes de franchise quâIbrahimoviÄ est devenu une figure mondiale. Rien dâĂ©tonnant Ă cela, puisque la lĂ©gende de la boxe Muhammad Ali est son modĂšle.
Que vous a apporté cette collaboration avec les designers ?
Jâai beaucoup appris et je reste trĂšs humble lors de ces rĂ©unions. Je ne suis pas un expert de la mode. La clĂ© du succĂšs, câest de rassembler des pointures dans un domaine dâexpertise et dâĂ©couter leur vision et leur point de vue. Et dans notre cas, rĂ©ussir signifie que tous ensemble, on arrive Ă faire bouger le plus de gens possible partout dans le monde, peu importe comment.
Vous avez jouĂ© pour les plus grands clubs. Ătant moi-mĂȘme fan de foot, il faut que je vous demande : quel est votre maillot prĂ©fĂ©rĂ© cĂŽtĂ© style ?
Jâai jouĂ© pour de nombreux clubs trĂšs diffĂ©rents les uns des autres, que ce soit au niveau des couleurs, des maillots ou des traditions. Mais personnellement, je suis trĂšs attachĂ© au maillot de lâAC Milan.
Dans le film adaptĂ© de sa biographie I Am Zlatan, on voit un jeune Zlatan ĂągĂ© de dix ans se faire malmener par des grands dans une cage de foot dâun quartier difficile de Malmö. Il leur chipe le ballon, jongle avec sur le toit dâun garage et manque de se casser la nuque. Une scĂšne qui mĂȘle brillamment technique, goĂ»t du spectacle et audace, du Zlatan tout crachĂ©. Le football, Ă©crivait-il dans I Am Zlatan, nâĂ©tait quâun moyen pour lui de se faire remarquer. Il aurait tout aussi bien pu enchaĂźner les conneries ou chercher la bagarre. NĂ© dâun pĂšre bosniaque musulman et dâune mĂšre croate catholique, aujourdâhui divorcĂ©s, il nâavait pas Maradona pour modĂšle mais Muhammad Ali. Comme il lâĂ©crit, il Ă©tait poussĂ© par la haine, la vengeance, la colĂšre. «âCâĂ©tait un vrai bad boy, le prototype dâun enfant en grande difficultĂ©â», se souvenait son ancienne directrice dâĂ©cole, qui nâavait pas hĂ©sitĂ© Ă le classer parmi «âses cinq Ă©lĂšves les plus difficiles en plus de trente ans dâenseignementâ». Quand on demande Ă Zlatan quelle carriĂšre il aurait suivi sâil nâĂ©tait pas devenu footballeur, il rĂ©pondâ: «âGangsterâ», tout simplement. Comment a-t-il rĂ©ussi Ă sâen sortirâ?
zlatan ibrahimoviÄ : Câest une question de mental. Jâaime souffrir Ă lâentraĂźnement, parce que je sais que je vais me sentir mieux aprĂšs. Jâessaie toujours de me donner Ă 200 %. Je suis heureux quand je souffre, que jâai mal, que je relĂšve des dĂ©fis, parce que je sais que ça va me rendre plus fort.
Quelle est la plus grande leçon que vous avez tirée de cette jeunesse dans la banlieue de Malmö ?
On apprend de ses erreurs. Chaque fois que jâai Ă©chouĂ©, je suis devenu plus fort. Le succĂšs est comme une vague sur laquelle on surfe, il faut juste tenir bon
«âSi câest bon pour Zlatan, câest bon pour toi aussiâ!â»
et ne pas perdre le flow. Et quand on est dans le creux de la vague, il faut trouver le bon chemin, sâacharner, lutter, griffer, mordre et surtout ne jamais laisser tomber. Le travail acharnĂ© paie, câest le secret. Mais en fait, ça nâest un secret pour personneâŠ
Aujourdâhui, vous ĂȘtes trĂšs Ă lâaise financiĂšrement. Vos enfants disposent de bien plus que vous Ă leur Ăąge. Comment faites-vous pour leur inculquer la notion de rĂ©silience ?
Avec eux, jâai trouvĂ© un Ă©quilibre entre mon rĂŽle de pĂšre et mon statut professionnel. En tant que pĂšre, je les soutiens et les encourage. Mon fils Maximilian a signĂ© son premier contrat pro avec Milan Futuro. En tant que conseiller du club, je veille Ă ce quâil ait la bonne attitude et fasse preuve de discipline. Je le juge comme nâimporte quel autre joueur. Il doit apprendre, travailler et trouver cette motivation que jâavais moi aussi, de maniĂšre diffĂ©rente. AprĂšs, lui seul pourra vous dire comment il a fait. Je donne mon point de vue de pĂšre. Je lui ai transmis la discipline, le respect et le travail. Quand on veut quelque chose, il faut faire ce quâil faut pour. Rien nâest donnĂ©, et pas seulement dans le sport.
Zlatan, je ne me sens pas trop en forme aujourdâhui, je suis crevĂ© et jâai du mal Ă me dĂ©placer. Comment pourriez-vous me motiver Ă mâactiver un peu ?
Tu es feignant, tout simplement ! Tout le monde peut faire des efforts, câest une question de discipline. Commence par quelque chose de simple, quelque chose que tu aimes faire, et passe Ă lâĂ©tape suivante. Ne te concentre pas sur tes faiblesses, arrĂȘte de te chercher des excuses. En avant, marche ! Moi, je ne tolĂšre aucune excuse !
IG : @iamzlatanibrahimovic
AprĂšs deux EPs saluĂ©s et des collaborations de choix avec Prince Waly, AstrĂžnne, et Slimka, EnchantĂ©e Julia prend un tournant dĂ©cisif avec son premier album ONZE. SignĂ©e chez Roche Musique, la chanteuse, figure montante de la nĂ©o-soul Ă la française, livre un projet intimiste et ambitieux qui marque le dĂ©but dâun nouveau chapitre de sa carriĂšre.
sâamuse EnchantĂ©e Julia en jetant un regard rĂ©trospectif sur sa carriĂšre. Elle a plus de 30 ans, et son parcours dans la musique ressemble Ă une course de fond. « Lentement mais sĂ»rement », ajoute-t-elle. Cette lenteur, elle lâattribue Ă plusieurs facteurs : le style de musique quâelle a choisi, le fait quâelle soit une femme, et aussi parce quâelle a toujours suivi son instinct sans se jeter tĂȘte baissĂ©e dans les bras de lâindustrie musicale. Pour elle, « les choses doivent se faire avec les bonnes personnes, au bon moment. »
Cette patience semble commencer Ă porter ses fruits. Depuis 2018, la carriĂšre de la jeune artiste a pris un tournant dĂ©cisif. Son premier EP, Boucle (2019), fut une exploration de son identitĂ© musicale, encore hĂ©sitante, mais dĂ©terminĂ©e Ă trouver sa voie. « Je co-Ă©crivais toutes mes chansons avec mon frĂšre de cĆur RaphaĂ«l Herrerias du duo Terrenoire, qui est un super auteur. Je ne me sentais pas Ă la hauteur », avoue-t-elle. Un complexe quâelle a dĂ» surmonter pour sâaffirmer en tant quâautrice-compositrice, et chanter en français sur des rythmes nĂ©o-soul et R&B, un dĂ©fi de taille dans un paysage musical français souvent frileux face Ă ce genre.
Nonobstant, lâEP LONGO MAĂ (2022) marque un tournant. Ce disque, dont le titre signifie « longue vie » en provençal, est Ă la fois une dĂ©claration dâamour Ă ses racines et un mantra personnel pour conjurer les incertitudes. « Jâavais besoin de me rassurer, de me raccrocher Ă quelque chose », confie-t-elle. Lâalbum naĂźt dans un contexte difficile, avec la maladie de son mari, le rappeur Prince Waly (quâelle nomme Moussa tout au long de lâinterview). Une Ă©preuve qui, paradoxalement, nourrira la crĂ©ation de ce dernier et dont rĂ©sultera le titre Cra$h, sur lequel on la retrouve en compagnie de Jazzy Bazz. Un moment charniĂšre de la carriĂšre dâEnchantĂ©e Julia.
Avec Prince Waly, EnchantĂ©e Julia partage bien plus que la scĂšne. « Avant dâĂȘtre amants, on Ă©tait amis et on faisait de la musique ensemble. Donc câest trĂšs fluide et limpide, ce nâest jamais forcĂ© », raconte-t-elle. Leur complicitĂ© artistique est un jeu dâĂ©quilibre, oĂč chacun·e trouve sa place : « Il est un auteur incroyable, sa force, câest lâĂ©criture. Moi, jâai longtemps doutĂ© de ma plume. Il mâa fallu du temps pour mâaffranchir. » Mais ce temps, elle lâa pris. Sur LONGO MAĂ, elle se permet dâĂ©crire de façon instinctive, parfois brutale, dâautres fois plus rĂ©flĂ©chie, avec la volontĂ© de poser des mots qui sonnent juste en français.
Cette approche exigeante de lâĂ©criture, elle la doit en partie Ă ses influences. De Claude Nougaro Ă Henri Salvador, elle aime ces artistes qui « faisaient swinguer les mots ». Pourtant, chanter en français sur des rythmes R&B et nĂ©o soul nâa rien dâĂ©vident : « En français, ce ne sont pas les mĂȘmes accents toniques quâen anglais. Il a fallu trouver comment faire sonner ça. » Alors ensemble, EnchantĂ©e Julia et Prince Waly se donnent de la force et se soutiennent comme sur le seul feat. de lâalbum qui porte son nom, ONZE « Je suis trĂšs exigeante voire control freak. Souvent, ses idĂ©es partent de mes top lines, mais ça fluctue. On a vraiment co-Ă©crit ONZE. Je ne me souviens mĂȘme plus qui a commencĂ© quoi, simplement que jâai trouvĂ© toutes les top lines dans le train en direction de Marseille. Jâavais tout enregistrĂ© sur mes mĂ©mos vocaux. Et on a fini par Ă©crire le morceau en fĂ©vrier. »
Son premier album ONZE, quâelle Ă©voque avec une excitation teintĂ©e dâapprĂ©hension, laisse place Ă des montagnes de Doutes â un morceau qui rĂ©sume parfaitement son Ă©tat dâesprit : « Je suis dans le doute perpĂ©tuel, mais je suis aussi dĂ©terminĂ©e. Il y a cette bipolaritĂ© en moi, entre une grande sensibilitĂ© et une force intĂ©rieure qui me pousse constamment vers lâavant. » Cette dualitĂ© est palpable dans sa musique. En osant chanter en français sur des productions R&B, EnchantĂ©e Julia navigue entre introspection et recherche constante dâun son authentique. Elle se souvient dâailleurs dâun moment clĂ© dans son parcours : la dĂ©couverte dâErykah Badu. « Ăa a changĂ© ma vie. Jâai trouvĂ© dans sa musique le jazz, la soul, le R&B. Jâai lu tous les textes en anglais pour comprendre de quoi elle parlait. CâĂ©tait poĂ©tique. »
Sâen suivront Lauryn Hill, Missy Elliott, Liane La
longtemps douté de ma
« Plus je grandis, plus jâai besoin de retourner aux sources, câest humain. »
«âCâest de la chanson qui groove, de la chanson française, pas simplement du R&B mais des chansons Ă texte.â»
Havas, Daniel Caesar, Frank Ocean, autant dâartistes qui nourrissent sa quĂȘte de sincĂ©ritĂ© et de justesse. Mais lâinfluence des Ătats-Unis et du Royaume-Uni, loin de la brider, a permis Ă EnchantĂ©e Julia de « craquer la formule » pour le marchĂ© français. « MĂȘme si mes influences sont R&B et soul, ça reste de la chanson française. Du coup, jâaimerais bien quâon Ă©coute aussi les textes », sâexclame-t-elle. On retrouve mĂȘme des touches de Sade Ă certains moments, comme sur le titre Ballade, dont lâinstru nous replonge dans une autre Ă©poque. Une prod sur laquelle on ne lâattendait pas, puisque lorsque Tices (producteur pour Luidji, Tuerie) lui a fait Ă©couter lâinstru, personne ne la voyait sur le son, tandis quâEnchantĂ©e Julia se disait que câĂ©tait exactement ce quâelle voulait faire : se challenger et rĂ©ussir Ă apporter une douceur qui groove, chaloupĂ©e.
Cette quĂȘte de sincĂ©ritĂ© trouve une nouvelle rĂ©sonance avec sa signature rĂ©cente chez Roche Musique. « Jâavais travaillĂ© avec eux sur LONGO MAĂ, mais ce nâĂ©tait pas une signature en licence, câĂ©tait un accompagnement, une premiĂšre prise de contact », explique-t-elle. DĂ©sormais, elle fait officiellement partie de cette famille. « Avec Roche Musique, on partage beaucoup de choses. Jâai le sentiment quâils croient en ce que je fais et quâils apprĂ©cient mes chansons », confie-t-elle. Dans un milieu souvent hostile, oĂč le contrĂŽle des majors peut ĂȘtre Ă©crasant, cette libertĂ© est prĂ©cieuse : « Il nây a aucun DA qui est lĂ pour me juger ni me dire que je devrais mâhabiller de telle maniĂšre, ou me coiffer ainsi. Ils respectent entiĂšrement ma musique et la prennent comme elle est. »
En parallĂšle de cette signature, la chanteuse et Prince Waly crĂ©ent leur propre sociĂ©tĂ©, un label indĂ© pour prĂ©server leur autonomie artistique. « On veut avoir le plus dâindĂ©pendance possible. Tous les artistes devraient le faire sâils en ont les moyens », soutientelle avec conviction.
Lâalbum ONZE, conçu en quelques mois, puise son inspiration dans un retour aux sources, une reconnexion Ă la nature. Aussi bien romanesque que vĂ©gĂ©tal, avec les titres La sĂšve, Fleur de peau, Les Santolines ou encore la reprĂ©sentation des fleurs appelĂ©es immortelles en cover dâun single de lâalbum, fait Ă©cho au pouvoir de lâamour qui dure toujours, dâaprĂšs la chanteuse. Et si Les Santolines est un des titres les plus personnels du projet, câest parce quâil porte le nom de la maison de ses parents dans le Sud de la France. Un lieu quâelle dĂ©crit comme un refuge, une bulle de tranquillitĂ© loin de lâagitation parisienne, dans la montagne prĂšs dâune forĂȘt de cĂšdres. « Câest une maison magnifique avec une vibe incroyable », se souvientelle. Nostalgie du Sud, EnchantĂ©e Julia chante : « DĂ©sespĂ©rĂ©e quand je vois le monde », sur Les Santolines, dans lequel elle fait rĂ©fĂ©rence Ă Paris. Difficile pour lâartiste de sâĂ©panouir dans la capitale, faute dâĂȘtre dĂ©connectĂ©e de la nature et des plantes. Elle me dira : « Plus je grandis, plus jâai besoin de retourner aux sources, je pense que câest humain. Ma façon de
«âLes choses doivent se faire avec les bonnes personnes, au bon moment.»
me raccrocher Ă quelque chose de positif, câest uniquement via la spiritualitĂ©, câest pour ça que lâalbum sâappelle ONZE » Dans la numĂ©rologie, le chiffre 11 est considĂ©rĂ© comme lâun des nombres maĂźtres, portant une vibration spirituelle Ă©levĂ©e. Par exemple, dans la Bible, le 11 est porteur de messages dâintervention divine et de transformations puissantes. EnchantĂ©e Julia habite Ă La Chapelle dans un petit appartement, un quartier pauvre de la ville des LumiĂšres : « Autour de moi, ce nâest pas trĂšs joyeux, câest assez noir, assez sale, assez triste, les gens souffrent. » Mais heureusement, une fois chez elle, dans son cocon, avec ses chats, la chanteuse sourit Ă nouveau en pensant Ă la maison de ses parents, laquelle nâest autre que le point de dĂ©part dâune rĂ©sidence artistique oĂč lâalbum prendra forme dĂšs novembre 2023, avec lâaide de LaBlue Ă la rĂ©alisation.
Pour EnchantĂ©e Julia, cet album est plus quâune collection de morceaux, câest « la concrĂ©tisation de pas mal dâannĂ©es de galĂšres, intĂ©rieures et extĂ©rieures. Câest de la chanson qui groove, de la chanson française, pas simplement du R&B mais des chansons Ă texte » quâelle assume. Un accomplissement personnel, oĂč chaque morceau semble vibrer dâĂ©motions brutes, souvent douloureuses. Dans Doutes, elle chante son environnement parisien, ses angoisses, ses peurs, mais aussi ses aspirations. « Câest une chanson que jâai du mal Ă Ă©couter, elle me fait mal au cĆur. Elle me remet dans des moments dâangoisse et de peur. Ă la fin, il y a un rĂ©el cri du cĆur avec les ad libs qui sont assez intenses », avoue-t-elle.
ONZE est le reflet dâune femme en quĂȘte dâĂ©quilibre, entre une carriĂšre qui prend son envol et un dĂ©sir profond de rester fidĂšle Ă elle-mĂȘme. « Je veux juste avancer en mettant mon Ă©nergie au bon endroit, avec les bonnes personnes », rĂ©sume-t-elle. Ainsi, lâenjeu est clair : faire de la musique sincĂšre, qui touche, qui Ă©meut, et qui, surtout, ne triche pas.
Ăcoutez le premier album dâEnchantĂ©e Julia, ONZE. En concert le 3 avril au Trianon, Paris .
« Je pense quâaprĂšs avoir fait beaucoup de feats, il Ă©tait temps que je fasse le focus sur moi. » Plus quâune affirmation de soi, il sâagit pour EnchantĂ©e Julia de se recentrer sur sa propre musique aprĂšs des annĂ©es de collaborations. Et le rĂ©sultat est lĂ : un album riche, dense, Ă la fois intime et universel, qui cherche Ă bousculer les a priori sur le R&B et la nĂ©o soul en France. EnchantĂ©e Julia sait quâelle nâa pas fini de douter, de se remettre en question. Mais elle avance, portĂ©e par cette « petite voix intĂ©rieure » qui lui dit que tout est possible.
IGâ: @enchantee_julia
La chanteuse franco-sri-lankaise, Nilusi, 24 ans, devenue virale avec son titre Leave a Message, qui a cumulĂ© plus de 30âM de vues, prĂ©sente son premier albumâ: Lettre Ă lâUnivers. Une aventure musicale dans laquelle lâartiste se livre comme jamais auparavant, oĂč la tradition rencontre des sonoritĂ©s modernes, explorant une dualitĂ© culturelle, crĂ©ant ainsi un pont entre lâOrient et lâOccident.
à la découverte de Nilusi
Ă cinq ans Ă peine, Nilusi Nissanka ne se doutait pas encore que son parcours lâamĂšnerait Ă devenir lâune des figures montantes de la scĂšne musicale française. Assise sur une petite chaise, les pieds ne touchant pas encore le sol, elle participait dĂ©jĂ Ă des concours de chant sri-lankais organisĂ©s dans un temple, avec une ferveur naĂŻve et des Ă©toiles dans les yeux. « Jâavais cinq, six ans quand jâai intĂ©grĂ© un petit groupe de musique sri-lankaise, on faisait des tournĂ©es lĂ -bas », se rappelle-t-elle.
Un début de carriÚre précoce pour cette jeune fille née en France de parents singhalais, qui baignait depuis son plus jeune ùge dans une double culture enrichissante et complexe.
Dix ans plus tard, en 2015, Nilusi intĂšgre Kids United, un groupe montĂ© de toutes piĂšces par lâUNICEF, M6 et Play On. Lâaventure commence presque par hasard. « Quand jâĂ©tais plus jeune, je me suis dit que je voulais ĂȘtre chanteuse et artiste. Et comme mes parents ne parlaient pas trĂšs bien le français Ă ce moment-lĂ , jâai cherchĂ© les castings
toute seule sur mon petit ordi. » Ă force de persĂ©vĂ©rance, lâimplication de ses parents et de dĂ©placements incessants de Nice Ă Lyon, de Marseille Ă Paris, et de dĂ©ceptions rĂ©pĂ©tĂ©es, Nilusi sâest taillĂ© une place dans lâunivers impitoyable des auditions. Jusquâau jour oĂč, lasse de rester dans lâombre, elle prend son tĂ©lĂ©phone et appelle Marcos Escudero, un directeur de casting quâelle connaĂźt bien. Il y a une opportunitĂ©, dit-il, pour un groupe, mais sans prĂ©ciser la nature exacte du projet. « AprĂšs le casting, jâai attendu six mois avant dâavoir un retour. Je nây croyais plus Ă vrai dire, et puis on mâa annoncĂ© que jâĂ©tais prise. » Kids United, câest une expĂ©rience de trois ans, de 2015 Ă 2018, qui forge autant quâelle bouscule. Un groupe initial de six enfants, puis cinq, Ă cĂŽtoyer lâintensitĂ© des plateaux de tĂ©lĂ©vision et des tournĂ©es, loin de lâinsouciance propre Ă leur Ăąge. « CâĂ©tait assez spĂ©cial. Quand on est enfant dans cette industrie, on est entourĂ© dâadultes, donc on se comporte diffĂ©remment, on agit en fonction de ce que lâon nous dit. » Nilusi, alors adolescente, se trouve soudainement
plongĂ©e dans un monde oĂč lâauthenticitĂ© cĂšde le pas aux attentes, oĂč chaque geste, chaque mot, est mesurĂ© et souvent dictĂ©. « Jâai Ă©tĂ© formatĂ©e trĂšs tĂŽt pour rĂ©pondre Ă des attentes », dit-elle, rĂ©flĂ©chissant aujourdâhui Ă ces moments oĂč elle sâinterroge sur ce qui Ă©tait rĂ©ellement appropriĂ©. Grandir loin de sa famille, de ses ami·e·s, sans aller Ă lâĂ©cole, entourĂ©e dâadultes qui la poussaient Ă bout sans Ă©gard pour sa santĂ© mentale, marque profondĂ©ment lâartiste en devenir. « On nâĂ©tait pas forcĂ©ment entourĂ© de gens bienveillants. Jâaurais aimĂ© avoir un psy Ă cette Ă©poque, car on Ă©tait des enfants dans le top 3 en France. »
Ă la fin de cette aventure, Nilusi doit se reconstruire. « En sortant du groupe, jâai dĂ» dĂ©construire toute ma personne, ma maniĂšre de parler, de bouger, de penser, et jâai fini par mâentourer de bonnes personnes, qui comprennent ma vision, comme Ray Nguyen, producteur sur lâalbum et rĂ©alisateur des clips. » Ce travail sur soi nâest pas de tout repos. Il a fallu du temps, du recul, et surtout une quĂȘte de sens. Aujourdâhui, Nilusi
«âDans cette industrie, on a tendance Ă blanchir nos origines ou Ă les utiliser.â»
Dans la lignée de M.I.A. et Priya Ragu, Nilusi offre enfin une représentation sud-asiatique en France !
se sent enfin alignĂ©e avec son identitĂ©. « Ăa mâa pris quelques annĂ©es avant de savoir ce que je souhaitais rĂ©ellement. Ăa ne fait que deux ans que jâai enfin compris, et que jâai pu me rattacher Ă mon identitĂ©, quâil sâagisse de la partie française ou sri-lankaise. » Une quĂȘte de soi qui se reflĂšte dans sa musique, oĂč sâentremĂȘlent deux cultures et deux Ăąmes. « Quand jâĂ©tais petite, je nâai jamais vu quelquâun de sud-asiatique Ă la tĂ©lĂ©vision. Maintenant je reçois des messages via les rĂ©seaux me disant : âMoi aussi, je suis sri-lankaiseâ, ou dâautres qui sont indiennes et qui me disent que je les inspire et quâelles se projettent aussi dans cette industrie. Je trouve ça incroyable. » Forte de cette responsabilitĂ©, elle aspire dĂ©sormais Ă une carriĂšre artistique plus vaste et plus engageante, mĂȘlant musique, Ă©criture, cinĂ©ma, et tout ce qui peut donner du poids Ă la culture. Une renaissance, presque, qui replace la jeune artiste au centre de ses dĂ©sirs, loin des diktats de lâindustrie.
«âRien ne peut mâenlever ce rĂȘve que jâai dâĂ©voluer dans la musique, de faire ce que jâaime. Jâai toujours eu foi et je pense que câest cette mentalitĂ©, qui fait que la vie me le rend.â»
Sur la scĂšne musicale, Nilusi Nissanka nâest pas seulement une voix, elle est une force crĂ©ative. Avec la sortie de son projet, lâartiste ne laisse aucun doute sur son engagement total dans son travail. Elle compose, produit, dirige artistiquement chaque morceau et gĂšre elle-mĂȘme
son dĂ©veloppement dâartiste indĂ©pendante, tout en menant son propre label, GleAM Records, fondĂ© en 2018. Tout cela, sans manager. Une charge de travail qui en dĂ©couragerait plus dâun·e, mais pas elle. « Je trouve ça tellement plus fluide et je me sens tellement plus libre comme ça. Câest vrai que câest fatigant parce que jâai plein de casquettes Ă la fois, mais jâaime apprendre. » Ă force dâobserver Ray, son collaborateur de longue date, produire et monter, Nilusi a acquis des compĂ©tences techniques qui lui permettent de mieux comprendre chaque aspect du processus crĂ©atif. « Ăa me permet aussi dâavoir plus dâempathie quand je fais appel Ă des personnes, quand jâai les moyens », explique-t-elle. Ce qui pourrait ressembler Ă une surcharge devient pour elle un terrain de jeu. « Ăa reste intense en pĂ©riode de rush mais jâadore ça », confiet-elle avec un sourire. Cette libertĂ© dâapprendre et de sâautogĂ©rer est essentielle pour elle, car elle a dĂ©couvert quâen tant quâartiste indĂ©pendante, les rĂšgles du jeu avaient changĂ©. « On a de moins en moins besoin des labels, contrairement Ă ce quâon peut nous dire lorsquâon est jeune dans la musique. Dâautant plus quâen major, il y a une grosse pression. Aujourdâhui on a Internet, on a les rĂ©seaux, on sâorganise vite pour des sessions. Il suffit dâun DM parfois. Câest plus simple et on est plus heureux. »
Câest Ă Los Angeles, en septembre 2022, que lâaventure prend un tournant particulier. Nilusi et Ray qui y Ă©taient dĂ©jĂ allé·e·s en 2019 pour tourner leur premier moyen-mĂ©trage, Sci-Fi, de 28 min, pour la sortie de son EP HumanoĂŻde, y retournent pour un writing camp. « On ne sait pas comment la dĂ©crire, mais il y a lĂ -bas une Ă©nergie qui pousse Ă la crĂ©ativitĂ© », se souvient-elle. Loin de simplement tourner un film, le voyage devient un prĂ©texte pour Ă©crire, composer, expĂ©rimenter. « On nâĂ©tait pas dans lâoptique de faire un album, lâidĂ©e Ă©tait de trouver notre son, notre identitĂ©. Ăa faisait deux ans que je nâavais rien sorti donc il fallait que je trouve ma couleur (sonore, ndlr) » Câest dans ce contexte que Nilusi retrouve un ancien camarade de son groupe de musique sri-lankaise dâenfance, Dimitri, dont le talent la fascine. « Nos chemins se sont recroisĂ©s Ă L.A., et aujourdâhui il fait partie de tout lâalbum. Il est Sri-Lankais, donc il a vraiment toute la pĂąte de nos musiques traditionnelles, il joue du tabla, du sitar, etc. » Cette rencontre fortuite devient le catalyseur dâun projet musical qui transcende les genres et les
frontiĂšres. Avec Ray Ă la production, Dimitri au sitar et aux percussions, et Tom Ă la guitare, ils et elle construisent un univers musical fantasmagorique qui Ă©pouse les identitĂ©s multiples de Nilusi, un pont entre lâAsie du Sud et lâOccident. En parallĂšle de sa carriĂšre musicale, Nilusi se passionne pour lâimage et le cinĂ©ma. Elle sâinitie Ă la rĂ©alisation et dĂ©veloppe son goĂ»t pour la narration visuelle. « AprĂšs avoir rencontrĂ© mes collaborateurs actuels, jâai rĂ©alisĂ© quâon pouvait apprendre Ă©normĂ©ment de choses sur le tas. Quâon peut acquĂ©rir de nouvelles passions et ouvrir de nouveaux chakras. » Son projet, Lettre Ă lâUnivers, marque un tournant, car il nâest pas quâun album de musique, il est aussi un long-mĂ©trage de 1 h 50, dont 78 % a Ă©tĂ© tournĂ©s au Sri Lanka, en 2023, dans lâoptique dâincarner son dĂ©sir de raconter des histoires qui rĂ©sonnent profondĂ©ment avec ses origines et son parcours. « Lâalbum fera partie de la BO du film, bien que lâhistoire de Lettre Ă lâUnivers soit diffĂ©rente de celle du film... MĂȘme si inconsciemment, jâai injectĂ© des Ă©lĂ©ments personnels dans la fiction, quâon retrouve sur lâalbum, explique-t-elle. Câest lâhistoire dâune jeune chanteuse qui vit dans le futur et qui part Ă la recherche de son ĂȘtre dans une vie antĂ©rieure. Câest assez spirituel et Ă©motionnel. »
Une spiritualitĂ© qui est ancrĂ©e en elle. Dâorigine sri-lankaise et de parents bouddhistes, elle raconte : « Depuis trĂšs jeune, je suis hyper dĂ©terminĂ©e, jâai lâimpression que rien ne peut mâenlever ce rĂȘve que jâai dâĂ©voluer dans la musique, de faire ce que jâaime. Jâai toujours eu foi et je pense que câest cette mentalitĂ©, qui fait que la vie me le rend. Câest donnant donnant avec la vie et jâaime cette relation. » Un art de vivre et un esprit quâon retrouve tout au long des quinze morceaux de Lettre Ă lâUnivers, un album que lâartiste elle-mĂȘme se plaĂźt Ă Ă©couter : « Jâai lâimpression que jâai retenu ma respiration pendant de longues annĂ©es et quâenfin je peux expirer. Comme si jâavais Ă©tĂ© portĂ©e (par une force supĂ©rieure, ndlr) pendant toute la crĂ©ation de lâalbum, jusquâĂ la fin, jusquâau titre. » Un choix dâalbum qui pourrait aussi ĂȘtre une histoire Ă part entiĂšre, puisque lĂ encore, comme un signe du destin, il aura fallu dâun chat pour dĂ©cider, comme le rappelle Ray, qui Ă©tait prĂ©sent lors de notre interview. « On Ă©tait au tĂ©lĂ©phone avec Dimitri et nous nâavions toujours pas de titre pour le projet, aprĂšs deux ans de travail. Nous nous disions que le morceau aujourdâhui
Ă©ponyme Ă©tait stylĂ© (rĂ©vĂ©rencieux), donc pourquoi pas en faire le titre, mais on nâĂ©tait pas sĂ»r. Et lĂ , notre chat est montĂ© sur lâordi, a appuyĂ© sur play et le track Lettre Ă lâUnivers sâest jouĂ©. CâĂ©tait pliĂ©. » Nilusi ajoute avec un sourire : « En réécoutant lâalbum, je me dis que je suis enfin sincĂšre, que jâai trouvĂ© mon art et moi par la mĂȘme occasion. »
«âJâai lâimpression que jâai retenu ma respiration pendant de longues annĂ©es et quâenfin je peux expirer.â»
Et si lâalbum de Nilusi Ă©tait lâinnovation musicale tant attendue dans le spectre musical français ? Lâartiste propose une musique que lâon entend rarement, grĂące Ă un mĂ©tissage sonore poussĂ© Ă lâextrĂȘme, atteignant par moments un Ă©quilibre frĂŽlant la perfection, comme sur les titres Tereketena, Saree ou encore Boru Kata. Lâautrice-compositrice-interprĂšte, impressionne par une justesse et une authenticitĂ© saisissantes, tout en flirtant avec des influences Ă©lectroniques, trĂšs break (Like That Shit) et le jazz (Birthday Girl). Elle chante Ă©galement sur une fusion envoĂ»tante de R&B, pop et tradition avec Tsunami, tout en plaçant au cĆur de ses crĂ©ations sa culture sri-lankaise. Plus quâun simple hommage, Nilusi la met en lumiĂšre,
«âMa maison, câest la musique. Je pourrais vivre dans un studio toute ma vie.â»
Nilusi au sujet de sa passion pour la musique et des sacrifices quâelle fait au quotidien pour rĂ©ussir.
lui donnant ses lettres de noblesse entre tradition et modernitĂ©. On lâentend alors chanter en français, en anglais et en singhalais, langue avec laquelle elle Ă©change avec ses parents.
Se reconnecter Ă ses racines et exprimer son identitĂ© musicalement nâa pas Ă©tĂ© une mince affaire pour la chanteuse nĂ©e en France. « Je pense que depuis toujours, dans mes mĂ©lodies, je mettais un peu de culture sud-asiatique sans pour autant marquer le trait. Petit Ă petit, jâai commencĂ© Ă mâinterroger sur la question du pourquoi je nâen mettais pas plus et jâai rĂ©alisĂ© que dans cette industrie, on a tendance Ă blanchir nos origines ou Ă les utiliser, pas forcĂ©ment pour faire quelque chose de beau. » Câest aprĂšs ĂȘtre devenue une artiste indĂ©pendante que Nilusi a dĂ©cidĂ© de sâattaquer Ă ce sujet en composant, Ă©crivant et produisant de la musique qui utilise sa culture dâorigine de maniĂšre bienveillante, sans la mettre au service dâune industrie prĂȘte Ă surfer dessus. AprĂšs tout, lâartiste a commencĂ© Ă chanter dans un temple, au sein de la communautĂ© srilankaise : « Ce nâest pas rien, je ne peux pas oublier ça comme ça. »
Ainsi, au-delĂ de se redĂ©couvrir et de se recentrer sur sa communautĂ©, la chanteuse a Ă©largi son apprentissage Ă lâensemble du monde sud-asiatique avec le soutien de Dimitri et Ray, avec qui elle est partie tourner les clips au Sri Lanka. Un moment exceptionnel qui restera gravĂ© dans sa mĂ©moire : « Pour la premiĂšre fois, jâai pu impliquer ma famille, ma grand-mĂšre sur Leave a Message, ma mĂšre, mes tantes dans mon projet et surtout, jâai pu les intĂ©grer dans mon monde ! » De tels moments sont rares, peu importe le mĂ©tier ou la passion.
Dâautant plus que lâartiste nâest pas simplement Sri-Lankaise, mais aussi Française, il nây avait donc aucun sens pour elle de ne prĂ©senter que 50 % de son identitĂ©. « Le jour oĂč jâai enfin compris cela, un poids a disparu, je me suis sentie bien. » La rĂ©action de sa famille, quant Ă elle, a Ă©tĂ© empreinte de joie, de fascination, de fiertĂ© et de reconnaissance. Une gratitude que Nilusi nâa pas comprise immĂ©diatement, mais qui,
«âOn a jouĂ© de la guitare comme si câĂ©tait un sitar et on a jouĂ© du piano avec des baguettes.â» Ray
au fil du temps, a pris tout son sens, car ensemble, ils et elles sont devenu·e·s un tout. Pour lâanecdote : « Ma grand-mĂšre appelle mon pĂšre tous les jours pour lui dire quâelle est trop contente dâĂȘtre dans le clip. » Et câest sans compter sur lâune de ses petites niĂšces qui, pendant le tournage, lui disait : « Je veux ĂȘtre comme toi un jour ».
Oui, les reprĂ©sentations sont nĂ©cessaires parce quâelles inspirent, donnent parfois le courage de se lancer dans un domaine crĂ©atif, et surtout parce quâelles apportent une confiance en soi. Elles nous montrent, dans les moments de doute, que lâon nâest pas seul·e. Elles constituent des points dâancrage essentiels pour le bien-ĂȘtre de certains individus.
Avec le morceau Tereketena, Nilusi explore un paradoxe intime : celui de ne jamais parler de ses peines tout en aspirant Ă ĂȘtre comprise par les autres. Ce titre, qui se distingue par lâutilisation du tabla (instrument de percussion traditionnel indien ressemblant Ă un petit tambour), symbolise cette recherche dâĂ©quilibre entre silence et dĂ©sir de connexion. « Tereketena, ce sont un peu les notes que le maĂźtre de musique nous donne pour jouer sur le tabla, un peu comme do, rĂ©, mi, fa, sol, la, si, do. Dans notre cas, câest Dimitri qui a donnĂ© le ton, mâexplique Nilusi. CâĂ©tait trĂšs dur de ramener ça dans une composition occidentale, française. Il mâa fallu presque un an pour Ă©crire le premier couplet, mĂȘme si jâavais le reste de la chanson. » Ce processus crĂ©atif, ponctuĂ© dâallersretours Ă Los Angeles, a Ă©tĂ© boostĂ© par lâaide dâYseult â artiste pour laquelle Nilusi Ă©crit â notamment sur le refrain, et par Ray, qui a eu lâidĂ©e de fusionner deux morceaux inachevĂ©s en un seul. Mais le premier couplet manquait toujours. Et si Nilusi a mis plusieurs mois Ă lâĂ©crire, câest parce quâelle devait dâabord accepter de se montrer vulnĂ©rable : « Je ne parle jamais de mes peines, mais jâaimerais quâon me comprenne ; câest quelque chose que jâai ressenti toute ma vie. Cela tient beaucoup Ă la solitude, Ă la mĂ©lancolie et Ă la maniĂšre dont jâai vĂ©cu lâexpĂ©rience de Kids United, le fait dâĂȘtre Ă©loignĂ©e de mes proches. » La chanteuse confie quâil lui arrive aussi dâavoir des moments dâabsence quand les gens sâadressent Ă elle, car elle se trouve dans son monde, sa solitude ; un effet de son parcours dâartiste indĂ©pendante oĂč elle sacrifie beaucoup de choses pour rĂ©ussir dans sa passion.
« JusquâĂ rĂ©cemment, je nâai jamais eu de groupe dâamis, parce que je nâai jamais pu le construire. Câest vrai que je ne mâarrĂȘte jamais. Et Ă cause de ça, je me suis Ă©loignĂ©e de ma famille. »
Bien que cela ait ses aspects positifs et nĂ©gatifs, la chanteuse ambitieuse, qui dormait bien trop souvent dans son studio de musique, exprime nĂ©anmoins le souhait de faire Ă©voluer cet aspect de sa vie en trouvant un Ă©quilibre. PeutĂȘtre en trouvant un appartement, elle qui nâa « jamais vraiment eu de maison Ă cause de [son] enfance artiste » et qui souhaite simplement ressentir que « lorsque je rentre quelque part, câest chez moi », mĂȘme si, en creusant un peu, elle finira par avouer : « Ma maison, câest la musique. Je pourrais vivre dans un studio toute ma vie. »
Pour toutes les raisons Ă©voquĂ©es plus haut, Lettre Ă lâUnivers est un album unique qui, lorsquâon lâĂ©coute attentivement, rĂ©vĂšle un ensemble de gammes sud-asiatiques. Ray, le producteur, mâexplique : « Câest beaucoup dans les accords. On a jouĂ© de la guitare comme si câĂ©tait un sitar et on a jouĂ© du piano avec des baguettes pour le transformer en percussion. Dans la musique occidentale, on a le majeur et le mineur qui reprĂ©sentent souvent la joie et la tristesse, mais dans la musique sud-asiatique, il y a toute une panoplie de gammes qui permettent dâavoir des Ă©motions plus nuancĂ©es, et le rythme parfois en 6-8, câest une autre signature temporelle, qui donne lieu Ă des instrus plus chaloupĂ©es. » La chanteuse profite Ă©galement de ce premier album pour dĂ©dier un morceau guitare-voix Ă sa mĂšre, dont elle tient sa dĂ©termination : comme je lâaime, un mĂ©lange entre lâego, la pudeur et la dĂ©claration. « Jâai toujours eu du mal Ă dire Ă mes parents ce que je ressentais ; câĂ©tait pareil de leur cĂŽtĂ©, mais ça a changĂ© depuis lâĂ©criture de lâalbum. Ce nâest toujours pas naturel, mais au moins, on se le dit, et câest sincĂšre », me raconte Nilusi, qui espĂšre ainsi Ă©tablir une connexion plus profonde et dĂ©velopper une complicitĂ© avec ses parents. Et pour sâen rendre compte, il suffit de lâĂ©couter prononcer ces mots sur un air de comptine : « Si ça ne tenait quâĂ moi, je ne serais jamais partie, câest dans son regard que je vois, le plus beau des paradis. »
Nilusi, Lettre Ă lâUnivers, GleAM Records, dĂ©jĂ disponible sur lâensemble des plateformes de streaming.
Samuel Lebouc (Ă dr.) pour une premiĂšre au Mans. Sa came, câest lâanneau de Longchamp et ses 3,6 km oĂč il tourne comme un dĂ©ment !
Les 24 et 25 aoĂ»t derniers, Samuel Lebouc, dit «âBlack Metal Riderâ», connu pour ĂȘtre le Seigneur de lâanneau de Longchamp, a investi le circuit Bugatti des 24 Heures du Mans en force avec sa Doomed Army. Soit 44 Suicidal Urban Riders (S.U.R.) prĂȘtes et prĂȘts Ă rouler Ă bloc sous lâenfer de la pluie, jusquâau bout de la nuit. The Red Bulletin Ă©tait lĂ pour vivre cette expĂ©rience dĂ©moniaque.
«âJe me recharge Ă lâĂ©nergie du peloton. Comme si câĂ©tait un organisme vivant. Câest enivrant.â»
Samuel Lebouc
Toutes les six minutes. Quâil soit 17 heures, minuit passĂ©, 7 heures du matâ, sous la pluie mordante, dans la nuit froide ou dans lâaube orange, Samuel Lebouc, 42 ans, passe toutes les six minutes. En mĂ©tronâhomme. Black Metal Rider a lâhabitude des circuits. Celui de Bugatti, rendu mythique par la seconde place Ă bord dâune Porsche de Paul Newman en 1979, Ă©grĂšne ses onze virages au long de ses 4,185 km. Soit 585 m de plus que celui de Longchamp dont il ponce le bitume habituellement. Nous sommes au 24 Heures VĂ©lo Ć koda, lâavant-dernier week-end dâaoĂ»t. Et voici un homme, 666 en latin et en grec tatouĂ© sur le bras gauche, fine natte tressĂ©e Ă©mergeant du casque, vĂȘtu dâune skinsuit bardĂ©e de croix inversĂ©es, et dâun logo tĂȘte de mort, que la plupart des fidĂšles de lâanneau parisien voient de dos, et de loin. Un homme qui a su motiver 44 cyclistes de son team, les Suicidal Urban Riders (S.U.R. pour les intimes), de former le plus gros crew, sa Doomed Army, jamais inscrit Ă cette course. Investir de façon aussi massive cette quinziĂšme Ă©dition dont les places sâarrachent en vingt minutes, et ce chaque dĂ©but janvier, fut un petit exploit en soi. Ă inscription express, dispositif de geek : un serveur Discord créé pour lâoccasion, neuf Doomed Troopers pour sâacquitter de la mission, scotché·e·s sur WhatsApp pour
cliquer de concert. Samuel, professeur dâanglais en tweed dans le civil, alors en cours, checke que le plan se dĂ©roule sans accro. Le site plante, gros flip pendant le refresh. Mais ça fonctionne. AllĂ©luia, ils et elles seront lĂ . Trois le feront en solo (sur 74 inscrit·e·s dans cette catĂ©gorie) dont Quentin Laffitte, Ugo Gavalda et Alexandre Duros, puis sept Ă©quipes de six, dont une mixte avec deux femmes, Julie et ElĂ©onore.
Les 24 Heures VĂ©lo, kĂ©sako ? 3 044 dingos pris·es dans un tourniquet infernal oĂč il sâagit dâenchaĂźner des tours jusquâĂ lâextinction dans un univers limite carcĂ©ral fait de grilles, de barbelĂ©s et de portes en mĂ©tal. Bracelet Ă©lectronique « de taulard » portĂ© Ă la cheville que chaque relayeur· euse doit se passer compris. Un concept plein dâattrait pour Samuel, un leader de fast pack qui mĂšne ce quâil appelle le âpain trainâ comme un possĂ©dĂ©, embarquĂ© dans les wagons fous de Snowpiercer.
Rembobinons : Lebouc nous est apparu un jour de fĂ©vrier 2022 dans son antre de Longchamp, en tĂȘte dâune horde appliquĂ©e et mĂ©tallique, Ă prĂšs de 50 km/h dans le faux plat. Un signe de main, et voilĂ quâil sâextrait du fast pack avec prĂ©cision. Conforme aux attentes, fidĂšle aux a priori quâon peut avoir lorsquâon sâapprĂȘte Ă tirer le portrait dâun homme qui se fait surnommer « Black Metal Rider ». Immobile, de profil, mĂąchoires verrouillĂ©es, corps sec, regard clair impĂ©nĂ©trable. Samuel semble pressĂ© de rĂ©intĂ©grer le fast pack dont il est devenu, en quelques annĂ©es, le patron respectĂ©. Il dĂ©balle Ă gros dĂ©bit sa passion pour la sape, de ses tenues quâil imagine, et dont le Doomed et les tĂȘtes de mort se sont rĂ©pandus sur le dos des un·e·s et des autres autour de lâanneau, quâils ou elles fassent partie ou non des plus de 3 000 adeptes de son club Suicidal Urban Riders. Entre deux sessions, le king du hellriding se livre volontiers :
Revue de troupes avec quelquesun·e·s des S.U.R. , rencontré·e·s avant lâĂ©preuve et engagé·e·s sur ces 24 heures dâendurance.
29 ans, en solo «âLe mix vĂ©lo et metalâ: câest pour ça que jâai adhĂ©rĂ© aux S.U.R. Les 24 Heures VĂ©lo, câest une premiĂšre pour moi. En solo surtout, je ne sais pas trop ce qui mâattend. Je vais devoir apprendre Ă gĂ©rer les kilomĂštres, mon objectif est de 420.â» Ce sera 442 km au final, et 30 minutes de sommeil pour ce designer qui a choisi, malgrĂ© un souci au genou, de rentrer chez lui Ă Montpellier⊠en partie Ă vĂ©lo. HoplĂ , 450 bornes de plusâ!
Ci-dessus : letâs go! Le dĂ©part des 24 Heures VĂ©lo Ć koda 2024. Ici : Samuel passe le
sa passion tardive pour le vĂ©lo, lui qui a cessĂ© le basket et le rugby Ă 16 ans, et dont les deux seuls liens avec la bicyclette consistent en Tours de France reluquĂ©s avec papy et un VTT Ă peine utilisĂ©. Il concĂšde, lucide, une propension Ă la bigorexie (addiction au sport) et reconnaĂźt que faire « 500 bornes par semaine, uniquement ou presque Ă Longchamp, câest un peu bizarre, vu de lâextĂ©rieur ». En 2016, Samuel sâest remis au vĂ©lo pour se dĂ©placer. « Un pote mâa un jour prĂȘtĂ© un singlespeed, puis je me suis vite mis au fixie. Il y a cette violence que je recherche dans cette pratique, les courses sont Ă©lectriques. Fin 2016, je roulais dĂ©jĂ quatre fois par semaine. Et tous les jours pendant les vacances. JâĂ©tais complĂštement excitĂ©. Rouler vite, fort, en intensitĂ©. »
65 ans, relayeur
FidĂšle Ă ses valeurs dâouverture, Samuel Lebouc voulait absolument avoir des aĂźnĂ©s dans les inscrit·e·sâ! Rainer est venu tout spĂ©cialement de Bonn (Allemagne) pour pousser fort sur les pĂ©dales comme il sait le faire. «âDĂšs que je viens Ă Longchamp, je vais les rejoindreâ! Je me dĂ©place en mini van, et bien sĂ»r, jamais sans mon vĂ©lo.â»
Samuelâ: «âJâĂ©tais tellement content de le rencontrer enfin aprĂšs des annĂ©es Ă lui envoyer des tenues Doomed.â»
ANTOINE MAUVOISIN
22Â ans, relayeur
Avec Ugo Gavalda, le soliste, Antoine fait partie des benjamins de lâaventure Doomed Army. Si Samuel lâa recrutĂ© dans son Team Q de forts en cuissots, ce nâest pas un hasard. Le garçon aime lâextrĂȘme et la longue distance. «âJâai couru la Race Across France, je fais des GravelMan (circuit de course sans assistance, ndlr) et jâai remportĂ© la Race Across Paris. Jâaime bien lâĂ©mulation créée par Samuel Ă Longchampâ!â»
Longchamp ? « Jamais entendu parler. » Et il y a eu cette « petite course oĂč je me suis inscrit et fait Ă©clater. Mais ça mâa plu. Jâai remis ça, et en fĂ©vrier 2017, je suis tombĂ© sur Strava. Une Ă©tape clĂ© ». En maniaque assumĂ© qui sâinflige du scotch double face pour maintenir ses chaussettes en place, il instaure des rituels. Dimanche et jeudi, câest brakeless (trad. sans frein) oĂč lâon doit skidder (faire des dĂ©rapages successifs) pour sâarrĂȘter. Ce quâil traque, câest lâadrĂ©naline. « Je me recharge Ă lâĂ©nergie du peloton. Comme si câĂ©tait un organisme vivant. Câest enivrant. » Violence, intensitĂ©. Dans la vie de Samuel Lebouc, vĂ©gan par Ă©thique, sobre par nĂ©cessitĂ©, son foie ayant du mal Ă encaisser, il semble nây avoir pas grandchose de mou, de neutre, de tiĂšde, dâinco-
hĂ©rent. « Elle est Ă©goĂŻste, cette passion, chronophage et coĂ»teuse, mais clairement, je mâen fous. » Deux ans et demi plus tard, il roule toujours au mĂȘme rythme, chevauchĂ©es vĂ©loces en fixie Ă Lonchamp, en dĂ©pit dâinfidĂ©litĂ©s les week-ends pour cause dâaddiction nouvelle Ă la VallĂ©e de Chevreuse, Ă raison de sorties de 180 km. LĂ©ger changement de braquet en ce qui concerne le matos Ă©galement : son stock de vĂ©los culmine Ă quinze aujourdâhui. « Des bons plans de geek technos immanquables, plaide-t-il, dont un Enve Melee noir qui a remportĂ© une Ă©tape sur le Tour de France. Jâaime lâobjet vĂ©lo, rouler avec. Je chine parfois Ă lâautre bout du monde pour trouver la piĂšce. Monter, peaufiner, ça peut durer des mois. Je veux que ce soit des objets totalement personnels. » Un de ses vĂ©los culte : un Skream/Doomed, collabâ collector, Ă©dition limitĂ©e Ă onze spades, guidoline chromĂ©e pour matcher avec lâensemble. « Ăa tue visuellement, mais ça glisse, je suis obligĂ© de porter des gants pour le grip. »
Lebouc, de son look jusquâĂ son nom en passant par son genre musical occultissime prĂ©fĂ©rĂ©, le funeral doom (Samuel Lebouc joue dans le groupe Funeralium, mot-valise créé Ă partir de « funĂ©railles » et « valium »), et son kilomĂ©trage satanique arrĂȘtĂ© pour 2023 Ă 36 666 km â depuis juillet 2022, il dĂ©tient aussi le record de distance de Longchamp, avec 666 km Ă©videmment â a beau afficher tous les stigmates de la radicalitĂ©, il nâest nullement client dâun quelconque sectarisme. Ăgalement bienvenu·e·s au club : vĂ©tĂ©tiste de la cambrousse comme coursier punk. Chez Suicidal Urban Riders, lâĂ©clectisme est une valeur, lâentrĂ©e libre. Une capacitĂ© Ă rassembler ses troupes, comme en tĂ©moigne son compte Strava fort de 7 800 abonné·e·s. « Il a dit go, on a suivi », dit Matt, un Anglais venu avec son fils de 15 ans qui le suit mais nâavait jamais rencontrĂ© Samuel et ses troopers en vrai. De fait, la Doomed Army prĂ©sente au Mans est trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšne : composĂ©e des Allemands Christian et Rainer, et de gens de toute la France, de Montpellier Ă Bordeaux en passant par la Bretagne. S.U.R., câest une communautĂ© ouverte, un Ă©tat dâesprit dont la diversitĂ© se perçoit : si les metalleux tatouĂ©s, cheveux longs sur base rasĂ©e sont en nombre, les profils, les niveaux, les gabarits, les gĂ©nĂ©rations sont variĂ©es, le dĂ©nominateur commun Ă©tant davantage la petite reine que le gros son hardcore.
Au sortir du paddock 9, oĂč trĂŽne un home-trainer sur lesquels les S.U.R. sâĂ©chauffent Ă tour de rĂŽle, la skinsuit noire barrĂ©e dâun Ă©norme Doomed blanc
Au sein de la Doomed Army, le dénominateur commun est davantage la petite reine que le gros son hardcore.
« au style outrecuidant et radical tout en Ă©tant Ă©lĂ©gant », dixit Samuel qui lâa créée spĂ©cialement pour lâĂ©vĂ©nement, fait son effet, et tranche parmi les accoutrements multicolores sponsorisĂ©s aux airs de panneaux publicitaires dont le cyclisme a le secret. Loge 110, un Ă©tage au-dessus, aprĂšs avoir donnĂ© lâordre de remonter le zip de sa tenue jusquâen haut, geste incompressible pour rouler propre, beau et stylĂ© « sinon ça sert Ă quoi que je me casse le c.. Ă faire douze collections depuis 2018 ? », Samuel teste les talkies-walkies. La rĂ©partition des teams sâest faite en fonction du niveau de chacun, avec une Ă©quipe de « vets », gang de rouleurs soixantenaires fit comme des jeunots emmenĂ©s par Rainer et Bernard, 65 et 68 ans. « CĂŽtĂ© stratĂ©gie, rien nâest gravĂ© dans le marbre », indique le boss en enfilant son oreillette pour pouvoir communiquer avec les cinq partenaires de son team Q, sur le papier le plus fort, avec Thibaut, Victor, Lucas, Gabriel et Antoine. « Partir sur la base de relais dâune heure, une heure vingt chacun, et affiner si besoin. Si on est dans un bon wagon, un peloton qui roule fort : ne pas couper son effort, profiter de lâaspiration. Ce qui est sĂ»r, câest quâon ne pourra pas rivaliser avec les meilleurs, des machines de guerre semi-pros qui sont juste un cran en dessous du World Tour. » En attendant le dĂ©part qui sera donnĂ© par Pierre Rolland, tout frais retraitĂ© du circuit pro, lâasphalte devant les loges se garnit de coureurs tournicotant en mode hamster sur un micro-terrain de 100 m de long sur 20 m de large.
Samedi 24 aoĂ»t, câest parti pour un jour. Quatorze nationalitĂ©s sur la pĂ©dale de guerre. De la Belgique au Burkina Faso, de lâIrlande au Chili, du Maroc aux Pays-Bas, les endurant·e·s du dĂ©railleur et autres forcené·e·s de la bordure ont rendez-vous Ă 15 heures sous un ciel excessivement menaçant. Le team Q de Samuel envoie Lucas Escout au front, le seul coureur de club, assez expĂ©rimentĂ© pour se sortir du « chantier »
Pause Ă©nergisante sur lâescalier menant aux loges de lâun des deux Allemands venus rejoindre les S.U.R. : Christian K, « C krany » sur Strava, prĂ©cise Samuel, dont les tenues sâexportent un peu partout.
La grĂȘle est dĂ©clarĂ©e. Il est 22 heures au Mans et des hallebardes sâabattent sur le ruban dâasphalte, le rendant dangereusement glissant. LâaprĂšs-midi, la Doomed Army avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© bien arrosĂ©e.
ELEONORE BERTHET
25 ans, relayeuse
Avec Julie Soulet, elle est lâune des deux femmes de la Doomed Army. Elle vient accompagnĂ©e de Valerian, son copain, avec qui elle a partagĂ© des annĂ©es dâaviron en compĂ©tition. Elle a connu Samuel Lebouc et sa Doomed Army sur Strava. «âEt comme on habite Ă cĂŽtĂ© de Longchamp⊠On roule aussi avec le team lors de leurs sorties en VallĂ©e de Chevreuse. Mais moi, câest tranquille, 27 km/h de moyenne, pas comme les furieux du fast packâ!â»
qui consiste Ă sprinter jusquâĂ son vĂ©lo, au milieu de 619 autres riders, le nombre limite autorisĂ© Ă rouler en mĂȘme temps sur la piste. AprĂšs le premier relais, le leader du fast pack parisien est ravi : Lucas a roulĂ© fort, fidĂšle Ă lâambitieux plan initial. Relais 2 : Lebouc, hargneux, bien posĂ© sur sa monture noire de 7 kilos dont il a retirĂ© le dĂ©railleur pour gagner du poids et dont la selle Ă©vidĂ©e Ă©vite le martyr du postĂ©rieur, se lance, sous les auspices les plus dark, vent et grĂȘle dâapocalypse. VoilĂ qui devrait plaire Ă Lucifer. LâĂ©quation sur ce genre de circuit est imparable comme un vieux proverbe asiatique : vent de dos sur la ligne dâarrivĂ©e, vent de face de lâautre cĂŽtĂ©. Suite Ă la bosse Dunlop, 1 km aprĂšs le dĂ©part, 600 m de faux plat sâexcitant pour atteindre les 7 %, au milieu des bourrasques Ă 50 km /h et qui donnent une bonne claque aux baroudeurs. PiĂ©gĂ© dans un entre-deux, pas assez rapide pour accrocher les premiers, trop pour le reste du peloton, Samuel voit son autre prophĂ©tie se rĂ©aliser : il doit tenir seul pour sur-
Sprint ou marathonâ: on nâen bave pas de la mĂȘme façon mais, au final, les mĂ©tabolismes finissent dans le mĂȘme Ă©tat. DEAD.
Dans lâaube fumante du petit matin, un trooper aux petites croix inversĂ©es infiltre le pack. Derniers relais mortels !
JĂRĂMY ALMADOVAL
37 ans, relayeur
Cordiste et vĂ©lotaffeur, lâhomme Ă casquette roule beaucoup, et aussi ses cigarettes, et est souvent Ă la recherche dâun briquet.
«âJe viens du VTT Ă la base, jâai fait beaucoup de roadtrips au dĂ©part de Seine-etMarne, oĂč je vis, parfois en tirant de sacrĂ©es carriolesâ!
Je connais le groupe de Samuel depuis deux ans. Je kiffe lâĂ©tat dâesprit, mĂȘme si je crains de ralentir mon team ce week-end, vu le peu de temps que jâai eu pour mâentraĂźnerâ!â»
68 ans, relayeur
Un doyen pas comme les autres, Bernard. Un des plus fidĂšles Doomed Troopers, 15â000 bornes par an. Le genre de nĂ©o-retraitĂ© qui Ă©coute du Black death et drone metal.
«âEn 2018, jâai repĂ©rĂ© les jerseys des S.U.R. avec la pratique hardcore du vĂ©lo et le cĂŽtĂ© badass qui me correspondent.â»
Cet ex-statisticien et docteur en sociologie a une deviseâ: «âroule le plus vite et le plus longtemps possibleâ», laquelle est totalement compatible avec le spirit de la Doomed Army.
vivre sans se faire dropper, malgrĂ© sa roue arriĂšre qui chasse dans la montĂ©e glissante et menace de le faire tomber. Treize tours plus tard et des crampes partout, Black Metal Rider, rincĂ©, a tout de mĂȘme assurĂ© la sixiĂšme place de lâĂ©quipe.
Alors que la nuit sâannonce aussi lugubre que dans un roman gothique et que le cliquetis des dĂ©railleurs continue de rĂ©sonner dans le ciel de zinc, la loge 110, au premier Ă©tage sâanime. On y grignote, on y somnole, toutes ces choses vitales quâun relais toutes les quatre heures nâautorisent quâĂ moitiĂ©. Samuel, embrassant la loge du regard, esquisse un sourire : « Tu pourrais ouvrir un DĂ©cathlon entre les tapis de sol, les sacs de couchage, les lits de camp et les matelas pneumatiques dans tous les sens ! » Il est 20 heures et les feux arriĂšre, obligatoires, sâallument. Deux heures plus tard, on les distingue Ă peine : un nouvel Ă©pisode brutal de grĂȘle sâabat sur les coureurs dĂ©jĂ mouillĂ©s, Maxime lâun des S.U.R. est dessous, et une fois Ă lâabri du paddock, une douleur Ă la
cuisse le cloue par terre. ĂreintĂ©, il passe le relais au boss, condamnĂ© Ă lâaquaplaning, maudissant « les bĂątards qui vont rester sec ». Ă son retour, alors que Samuel sâapprĂȘte Ă sâallonger sur son lit gonflable de dandy, la loge a mutĂ© hammam. Vitres embuĂ©es, cuissards et jerseys tentant de sĂ©cher sur lâĂ©tendoir et aux fenĂȘtres, le tout exhalant un combo sueur/humiditĂ© diabolique. Dehors, le mercure a chutĂ©, il fait Ă peine 10 °C, les haleines fument, comme les cuisses et les cĆurs. Les efforts des diffĂ©rents coursiers sont antagonistes : les solistes comme Ugo, Alexandre et Quentin doivent se prĂ©server pour durer, tandis que les relayeurs sont Ă bloc
Samuel est aux anges, un comble pour un diable de son espĂšce.
pendant plus dâune heure. Sprint ou marathon : on nâen bave pas de la mĂȘme façon mais, au final, les mĂ©tabolismes finissent dans le mĂȘme Ă©tat. DEAD.
âEight hours to go!â, Ă©ructe le speaker. « Encore plus que » ? Tout dĂ©pend de la fatigue de chacun·e, mais au petit matin qui se lĂšve de son nuage de brume et va bientĂŽt empourprer lâherbe enserrant lâasphalte, le peloton aux deux-tiers de la course sâest Ă©tirĂ©, les regards se font fixes, la cadence de pĂ©dalage comme anesthĂ©siĂ©e. Des semi-zombies errent autour de lâanneau, couverture sur les Ă©paules ou enrobĂ©s dans leurs sacs de couchage. Mary Shelley ne devrait plus tarder Ă descendre de la cime Ă©blouie des arbres en compagnie de sa crĂ©ature Frankenstein. MĂȘme les corbeaux se sont donnĂ© le mot. Samuel heureux de son troisiĂšme relais oĂč il a enfin pu sâinfiltrer dans le pack et rouler comme il sait, fast & furious, astique, en vue du dernier ride, son spade un Sworks Venge passĂ© en monoplateau de 54 dents. « Super dĂ©cision, mĂȘme pas eu Ă passer les deux derniers grands pignons de droite. 54-24 max, ça suffisait largement », se rĂ©jouit-il. Ă cet instant, quelquâun met du Johnny et chante sous la douche. « Ah ouais ? Câest comme ça quâça sâpasse? », Ă©crit Lebouc dans lâun de ses mythiques dĂ©briefs Strava. « Je leur balance du Pig Destroyer, album Terrifyer qui est juste un des albums les plus enragĂ©s jamais produits. » Rassurez-vous : au sein des S.U.R., lâambiance restera bonne jusquâau bout.
Pour les derniers relais, les Doomed Troopers ont tout donnĂ© : Charly, du team T, est Ă©clatĂ©, son cĆur montĂ© Ă 202 bpm ; Valerian a explosĂ© son compteur Ă 52 km Ă lâheure ; quant Ă Ugo, il vient de boucler son 658e tour sans dormir, battant son record de lâan passĂ©. Le team Q de Samuel finit douziĂšme sur 197 équipes de finishers, 230 tours de circuit tout de mĂȘme, certes loin des 1 000 km quâil faut pour gagner. « Et on place un second team en treiziĂšme position. Ă signaler aussi la super perf dâAlexandre Duros qui accroche la cinquiĂšme place en solo ! » Samuel est aux anges, un comble pour un diable de son espĂšce.
Comme lâan dernier, ce sont les hommes en bleu de S1neo qui montent sur la premiĂšre marche du podium, raflant leur cinquiĂšme titre au Mans. Aujourdâhui, Samuel cĂ©lĂšbre une autre victoire : grĂące Ă son relais de 4 h 56 pour 193 km de circuit, il vient de boucler 27 000 km annuels, bien parti pour afficher 40 000 bornes au compteur. « On a bien envie de revenir en 2025 ! » Vivement les prochaines 24 Heures « Doomed » Mans.
Partenaires dans la vie, la Française et le CanadoAmĂ©ricain se bougent pour accĂ©der Ă lâĂ©lite des cascadeurs et cascadeuses dâHollywood.
La dĂ©fonce et la fĂȘte, pas leur truc. AurĂ©lia et Justin se retrouvent sur des tapis pour se mettre quelques prises.
Love & War offre assez dâaction pour satisfaire les fans les plus exigeant·e·s. Le fait quâil ait suffi dâĂ peine 48 heures pour tourner ce court-mĂ©trage de 5 minutes dans un cimetiĂšre dâavions en plein cĆur du dĂ©sert californien tĂ©moigne de lâimmense talent de ses auteur·rice·s et acteur·rice·s principaux·ales, AurĂ©lia Agel et Justin Howell, deux des cascadeur· euse·s les plus brillant·e·s Ă Hollywood Ă lâheure actuelle. Pendant lâĂ©tĂ© et lâautomne de lâannĂ©e 2023, tandis que la grĂšve des scĂ©naristes paralysait lâindustrie du cinĂ©ma, mari et femme se sont donnĂ© pour mission de rĂ©aliser « le meilleur court-mĂ©trage dâaction possible en un temps record ». Force est de constater que ce film tient toutes ses promesses. Outre quelques corps-Ă -corps hallucinants, il fait la part belle au combat aĂ©rien et aux explosions en tous genres⊠Justin Howell â ou plutĂŽt son bras bionique âattrape mĂȘme une roquette au vol pour la renvoyer Ă lâexpĂ©ditrice. AprĂšs deux jours passĂ©s Ă braver les serpents venimeux, une chaleur torride et un Ă©puisement total, le couple, qui a failli sâentretuer, termine la scĂšne sur un vrai baiser de cinĂ©ma.
Mr. & Mrs. Smith: Love & War est une jolie bande dĂ©mo pour Justin Howell, et AurĂ©lia Agel, nos deux cascadeur·euse·s tout en muscles mesurant plus d1,80 m et dĂ©bordant·e·s dâĂ©nergie. Le couple semble ĂȘtre taillĂ© dans le mĂȘme granit que les superhĂ©ros quâil double parfois Ă lâĂ©cran, comme les Avengers Thor et Nebula. En rĂ©alitĂ©, AurĂ©lia Agel et Justin Howell nâont pas vraiment besoin de bande dĂ©mo. SurnommĂ©e « la cascadeuse la plus sexy » au monde, la jeune femme sâest dĂ©jĂ glissĂ©e dans la peau de Charlize Theron, Milla Jovovich ou encore Olga Kurylenko. Quant au blond Justin Howell, sa mĂąchoire a de quoi faire pĂąlir dâenvie Superman, quâil a Ă©galement doublĂ©.
Depuis sa publication en ligne au mois de mars 2024, Mr. & Mrs. Smith: Love & War cumule plus de 160 000 vues sur YouTube. Si cette vidĂ©o est trĂšs divertissante, elle symbolise aussi lâaube dâune nouvelle Ăšre Ă Hollywood. En effet, les cascadeur·euse·s dâĂ©lite comme AurĂ©lia Agel et Justin Howell en ont assez de
Malgré leur vibe franchement sympathique, Justin Howell et Aurélia Agel peuvent vous mettre à terre en un éclair.
se castagner juste pour le plaisir : il et elle cherchent autre chose et Ă©largissent aujourdâhui leur champ de compĂ©tences Ă Â la chorĂ©graphie de cascades, la rĂ©alisation ou mĂȘme la comĂ©die. ZoĂ« Bell, qui a longtemps travaillĂ© pour Quentin Tarantino, est passĂ©e du doublage dâUma Thurman dans Kill Bill Ă la comĂ©die et la production. Greg Powell, un autre cascadeur Ă©mĂ©rite, sâest tournĂ© vers la coordination des cascades pour des films tels que la saga Harry Potter ou Avengers : LâĂšre dâUltron
Entre-temps, dâanciens grands cascadeurs comme Chad Stahelski, David Leitch et Sam Hargrave se sont installĂ©s dans le fauteuil de rĂ©alisateur pour apporter un savoir-faire inestimable au film dâaction hollywoodien, alliant une comprĂ©hension parfaite de la chorĂ©graphie et de la sĂ©curitĂ© sur les plateaux de tournage Ă un vĂ©ritable talent de conteur dâhistoires. Chad Stahelski, qui doublait Keanu Reeves dans Matrix, est lâarchitecte de la saga John Wick, qui a rapportĂ© plus dâun milliard de dollars de recettes mondiales. En 2023, John Wick : Chapitre 4 a Ă©tĂ© saluĂ© en tant que chefdâĆuvre du genre, portĂ© par un univers immensĂ©ment riche et des scĂšnes dâaction Ă la chorĂ©graphie millimĂ©trĂ©e. De mĂȘme, David Leitch, qui a corĂ©alisĂ© le premier John Wick avant de se lancer
dans une carriĂšre solo de rĂ©alisateur, est Ă lâorigine dâĂ©normes blockbusters, parmi lesquels Fast & Furious: Hobbs & Shaw et Deadpool 2, dont les recettes mondiales dĂ©passent les 760 millions de dollars. Sam Hargrave, une autre star de la cascade, sâest servi de son expĂ©rience dans la coordination des cascades lors des films Marvel pour rĂ©aliser la saga Tyler Rake sur Netflix, qui sâillustre au travers de scĂšnes dâaction Ă©poustouflantes et dâune cinĂ©matographie novatrice, avec, par exemple, le fameux plan-sĂ©quence de 21 minutes sur Tyler Rake 2
Pourtant, malgrĂ© les succĂšs artistiques et Ă©conomiques auxquels lâactivitĂ© de cascadeur participe, cette discipline est rarement honorĂ©e par les institutions connues du grand public, Ă lâinstar des Oscars. Les Taurus World Stunt Awards visent Ă combler ce manque. Depuis 2001, ils cĂ©lĂšbrent les plus belles performances dans des catĂ©gories telles que Meilleur combat, Meilleur travail aĂ©rien et Meilleure cascade spĂ©cialisĂ©e. Ă la cĂ©rĂ©monie de 2022, le film de la sĂ©rie James Bond, Mourir peut attendre, a ainsi Ă©tĂ© rĂ©compensĂ© pour une cascade spĂ©cialisĂ©e pendant laquelle le pilote Paul Edmondson a fait passer une moto 12 mĂštres au-dessus dâun mur qui sâĂ©levait dĂ©jĂ Ă 20 mĂštres. Par ailleurs, les nominĂ©s pour la catĂ©gorie du Meilleur
travail avec un vĂ©hicule comprenaient une sĂ©quence de poursuite et de crash dans The Suicide Squad et un carambolage impressionnant dans Fast & Furious 9. En 2024, câest le dernier film de Sam Hargrave, Tyler Rake 2, qui a dominĂ© les Taurus Awards : le film a Ă©tĂ© nommĂ© dans sept des huit catĂ©gories, et a reçu les prix de la meilleure cascade automobile (pour sa course frĂ©nĂ©tique en voiture Ă travers la forĂȘt, travaillĂ©e avec soin pour simuler une prise de vue unique), du meilleur combat et de la meilleure coordination de cascades. La communautĂ© des cascadeur·euse·s fait toujours campagne pour obtenir une catĂ©gorie aux Oscars. « Sachant que tout au long de lâhistoire, cet art a permis Ă des milliards de personnes de sâimmerger dans les fictions quâon leur proposait, comment sâopposer Ă la crĂ©ation dâune catĂ©gorie dĂ©diĂ©e aux cascades lors des Oscars ? », interroge Sam Hargrave.
En attendant, le rĂ©alisateur continue de repousser les limites et a embarquĂ© AurĂ©lia Agel et Justin Howell avec lui. Dans un studio de Budapest (Hongrie), le trio filme Matchbox sous lâĂ©gide de Skydance, Apple et Mattel Films, sâinspirant de la cĂ©lĂšbre gamme de vĂ©hicules miniatures en mĂ©tal de Mattel. Ce longmĂ©trage dâaction, mettant en scĂšne John Cena et Jessica Biel, raconte lâhistoire dâun espion qui sauve le monde avec lâaide de ses amis â et de leurs voitures. « Nous sommes en route pour de nouveaux records, lĂąche Sam Hargrave de maniĂšre
Ă©vasive. Si on parvient Ă tout intĂ©grer, ce film sera bourrĂ© dâaction. » Ă la demande de Justin Howell, le rĂ©alisateur a modifiĂ© le script de sorte quâAurĂ©lia Agel puisse travailler avec son mari. « On lui a Ă©crit un rĂŽle, explique Sam Hargrave. Celui dâune tueuse qui apparaĂźt de temps en temps Ă lâĂ©cran pour tenter dâassassiner notre hĂ©ros. Elle a dâailleurs quelques interactions assez drĂŽles avec John Cena. »
AurĂ©lia Agel, 26 ans, a grandi dans une famille française dâorigine modeste. Elle est nĂ©e Ă OrlĂ©ans, mais a passĂ© une bonne partie de son enfance Ă Cahors, situĂ©e Ă une heure et demie en voiture de Toulouse, ville rĂ©putĂ©e pour sa gastronomie. Son pĂšre Ă©tait professeur de sciences Ă©conomiques et sociales au lycĂ©e. Il faisait du taekwondo et Ă©crivait des livres sur la mythologie grecque pendant son temps libre. Sa mĂšre Ă©tait infirmiĂšre et judoka. Ils dĂ©mĂ©nageaient souvent, pour sâinstaller parfois dans des quartiers difficiles, comme La Courneuve en banlieue parisienne. Inquiets pour la sĂ©curitĂ© de
leurs filles, les parents dâAurĂ©lia lâont encouragĂ©e, ainsi que sa grande sĆur, Ă Â pratiquer les arts martiaux. AurĂ©lia Agel y a pris goĂ»t. Elle obtient sa premiĂšre ceinture noire de judo Ă lâĂąge de 14 ans, et elle a aussi suivi des cours de taekwondo, de boxe chinoise et de KaratĂ© Contact. Elle a dâailleurs fini par rejoindre lâĂ©quipe nationale française de boxe chinoise.
Quand elle Ă©tait petite, AurĂ©lia Agel sâimaginait cheffe dâun grand restaurant. Elle a donc tout naturellement fait une Ă©cole de cuisine. Mais vers ses 17 ans, cela a commencĂ© Ă interfĂ©rer avec son entraĂźnement aux arts martiaux. Elle a abandonnĂ© son Ă©cole et sâest laissĂ©e aller. Son pĂšre et sa mĂšre se sont inquiĂ©té·e·s. « Je sentais leur dĂ©sarroi⊠Quâallais-je devenir ? », se rappelle AurĂ©lia Agel. Iels lui ont suggĂ©rĂ© de suivre une formation au Campus Univers Cascades, une Ă©cole de cascadeur·euse·s trĂšs rĂ©putĂ©e dans le nord de la France. AurĂ©lia Agel a tout de suite su quâelle avait trouvĂ© sa voie. ProblĂšme : la formation coĂ»tait extrĂȘmement cher. Cernant son potentiel, le directeur de lâĂ©tablissement lui a offert une remise de 50 %. Et il nâa pas fallu longtemps Ă la jeune femme pour commencer Ă attirer lâattention. Cette annĂ©e-lĂ , elle a auditionnĂ© pour le doublage de Sasha Luss, une actrice et mannequin russo-amĂ©ricaine qui avait dĂ©crochĂ© le premier rĂŽle dans Anna, un film de Luc Besson. Elle a pris un train pour Paris et trois jours plus tard, elle a appelĂ© le magasin adidas dans lequel elle travaillait Ă Toulouse. « Je ne reviendrai pas », a-t-elle annoncĂ© au bout du fil.
Ses dĂ©buts Ă Paris nâont pourtant pas Ă©tĂ© faciles. AurĂ©lia Agel vivait avec sa grand-mĂšre qui souffrait dâAlzheimer, et sâoccupait dâelle tout en travaillant sur Anna, en sâentraĂźnant et en se rendant Ă autant dâauditions que possible. AprĂšs quelques tentatives ratĂ©es en France et Ă lâĂ©tranger, elle est retournĂ©e Ă lâĂ©cole pour complĂ©ter son apprentissage, notamment sur le travail de cĂąblage, et elle a Ă©tĂ© engagĂ©e sur Black Widow Puis sa carriĂšre a dĂ©collĂ©. Elle sâest fait connaĂźtre pour avoir rĂ©alisĂ© des cascades dans des films au succĂšs retentissant, comme Fast & Furious X et The Old Guard 2. La pandĂ©mie de Covid a freinĂ© cet Ă©lan, mais la jeune femme nâa pas mis longtemps avant de dĂ©crocher une place importante de cascadeuse dans Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3, oĂč elle a doublĂ© lâactrice Ă©cossaise Karen Gillan dans le rĂŽle de Nebula. RĂ©cemment, son travail pour des stars telles que Charlize Theron a assis sa rĂ©putation : elle est aujourdâhui
considĂ©rĂ©e comme lâune des cascadeuses les plus douĂ©es et les plus polyvalentes de lâindustrie du cinĂ©ma.
Cependant, son ascension vers la cĂ©lĂ©britĂ© ne sâest pas faite sans quelques heurts. AurĂ©lia Agel se souvient notamment dâun harcĂšlement rĂ©pĂ©tĂ© quâelle avait subi pendant plusieurs semaines sur un plateau de tournage. Cet Ă©pisode pĂ©nible ne lâa pas conduite Ă abandonner sa carriĂšre dans le secteur du divertissement, mais lâa endurcie. « Jâaurais pu tout quitter, raconte-t-elle. Mais jâai dĂ©cidĂ© de continuer parce que câĂ©tait mon rĂȘve. » Selon elle, sa capacitĂ© Ă traverser les Ă©preuves lui vient de sa pratique des arts martiaux. « Cela mâa donnĂ© la force mentale nĂ©cessaire », assure-t-elle.
Ă lâautre bout du monde, dans la ville canadienne de Mississauga, Justin Howell, 35 ans, a grandi au cĆur dâun environnement similaire oĂč sport et ambition tenaient une place prĂ©pondĂ©rante. Sa mĂšre, comme celle dâAurĂ©lia Agel, Ă©tait infirmiĂšre, tandis que son pĂšre travaillait dans lâimmobilier. Il a aussi commencĂ© les arts martiaux trĂšs tĂŽt, obtenant rapidement ceinture sur ceinture et devenant, Ă tout juste 10 ans, lâun des cinq membres de lâĂ©quipe canadienne de dĂ©monstration qui voyageait Ă Â travers lâAmĂ©rique du Nord pour prĂ©senter le taekwondo au grand public. Ă cette Ă©poque, Justin Howell rĂȘvait de faire cela toute sa vie, mais quand il a eu 16 ans, il a dĂ©couvert le cheerleading. Le jeune garçon a finalement intĂ©grĂ© lâĂ©quipe canadienne et sâest produit lors des championnats du monde de taekwondo entre 2011 et 2016.
Cependant, tout a changĂ© lorsquâil a dĂ©crochĂ© un rĂŽle de chevalier au Medieval Times Dinner & Tournament de Toronto, oĂč il a appris Ă monter Ă cheval, Ă se battre dans le sable avec des Ă©pĂ©es en mĂ©tal, et Ă titiller une foule avec des jeux dâadresse. Il sâest mis sĂ©rieusement Ă la musculation dans une « salle du donjon » avec dâautres chevaliers et a pris 11 kilos de muscles en deux ans. Le grand Ă©cran lui a rapidement fait de lâĆil. Son premier film Ă©tait un pĂ©plum intitulĂ© PompĂ©i (2014). Puis il a doublĂ© lâacteur Joel Kinnaman dans Suicide Squad (2016) et a vite intĂ©grĂ© lâunivers Marvel Avengers. Depuis, Justin Howell a doublĂ© Chris Hemsworth dans des films tels que Thor: Love and Thunder et la production de Sam Hargrave, Tyler Rake 2 AurĂ©lia Agel et Justin Howell se sont rencontré·es sur un plateau de tournage Ă Budapest en janvier 2021, pendant la
Si vous souhaitez apprĂ©cier les skills de ces fous dâaction, filez sur YouTube pour y voir le court-mĂ©trage Love & War
premiÚre saison de Halo. « Je doublais le Master Chief et elle doublait Riz », se remémore Justin Howell.
« Il avait une copine et jâĂ©tais cĂ©libataire, poursuit AurĂ©lia Agel. On nâĂ©tait pas franchement dans la sĂ©duction. »
Un jour, Justin Howell a demandĂ© Ă AurĂ©lia Agel si elle avait un petit ami. « Et jâai rĂ©pondu non », prĂ©cise-t-elle. Lâun et lâautre ont commencĂ© Ă se voir de plus en plus souvent et, en lâespace de quelques mois, AurĂ©lia Agel a compris quâelle voulait finir sa vie avec lui. Jonglant avec les plannings entre le Canada, Berlin et lâAustralie, le duo a pu se retrouver Ă Prague pendant plusieurs mois alors que Justin Howell travaillait sur le dernier John Wick. Lâoccasion sâoffrant
donc dâorganiser leur mariage⊠Les mariages au Danemark Ă©tant moins bureaucratiques quâen France, le couple a finalement choisi Copenhague. « Toi, tu es arrivĂ©e de Budapest et moi, dâItalie », rappelle Justin Howell Ă AurĂ©lia Agel. Le lendemain, il et elle sont reparti·e chacun·e de leur cĂŽtĂ©.
Si cet agenda de globe-trotter semble chargĂ©, ce nâest pas pour rien. Mais ni AurĂ©lia Agel ni Justin Howell ne paraissent prĂȘt·e Ă sâen tenir lĂ . Le couple veut aussi avoir des enfants, un ou deux selon la jeune femme, et cherche pour le moment son Ă©quilibre entre le cĂŽtĂ© privĂ© et le cĂŽtĂ© public de leur nouvelle vie Ă Â deux, et partagent leurs routines dâentraĂźnement, des informations sur
les coulisses en exclusivitĂ© et du contenu lifestyle auprĂšs de leurs communautĂ©s respectives qui regroupent plus dâun million de fans sur Instagram et TikTok. Mais leur relation Ă©tait encore trĂšs rĂ©cente quand Internet a dĂ©cidĂ© que des rumeurs valaient mieux que leur vraie vie.
Le duo sâest promis dâaccepter unique ment les projets qui leui permettraient de prĂ©server sa future vie de famille, et de ne pas rester sĂ©parĂ© plus de trois semaines dâaffilĂ©e. NĂ©anmoins, compte tenu du mĂ©tier, aucun·e des deux nâima gine se cogner dessus ad vitam ĂŠternam Justin Howell prĂ©voit de se reconvertir dans la coordination des combats. AurĂ©lia Agel, consciente du fait que
«âOn nâĂ©tait pas dans la sĂ©duction Ă nos dĂ©buts.»
la grossesse et la maternitĂ© risquent dâaffecter la capacitĂ© de son corps Ă endurer les coups, espĂšre que des projets tels que Mr. & Mrs. Smith: Love & War, quâils souhaitent tous deux transformer en long-mĂ©trage, lâaideront Ă trouver les rĂŽles dâactrice quâelle commence Ă convoiter. « On ne se drogue pas, on ne fait pas la fĂȘte, on ne boit pas, souligne AurĂ©lia Agel. On veut juste se dĂ©tendre et sâentraĂźner. On se respecte et on se soutient mutuellement. On a tous les deux notre carriĂšre. Il nây a aucune jalousie, ni dâun cĂŽtĂ© ni de lâautre. » Et les enfants ? Ils les accompagneront et suivront lâĂ©cole Ă la maison, au moins pendant les premiĂšres annĂ©es. « On veut continuer Ă voyager avec nos enfants parce que cela fait partie de notre travail, indique AurĂ©lia Agel. Mais on restera ensemble. »
Pour lâinstant en tout cas, il et elle le sont. Il y a quelques jours, le couple a partagĂ© un petit-dĂ©jeuner avec expresso et croissants dans une salle de sport au nord de Paris avant de sâentraĂźner au Parkour. AurĂ©lia Agel a gentiment encouragĂ© Justin Howell Ă pratiquer son français hĂ©sitant tandis quâiels commençaient Ă sâĂ©tirer. Puis, pendant la majeure partie de la journĂ©e, il et elle se sont jeté·e tour Ă tour sur un tapis, se donnant des coups de pied et des coups de poing pour finir dans les bras lâun de lâautre. Au fil du temps, AurĂ©lia Agel et Justin Howell ont imaginĂ© et chorĂ©graphiĂ© plusieurs sĂ©quences de tumbling et de combat sur mesure quâiels utilisent dans un cadre professionnel. Tous deux ont un physique aussi imposant en vrai quâĂ lâĂ©cran. AurĂ©lia Agel est capable dâexĂ©cuter un coup de pied sautĂ© retournĂ© et retrouver son Ă©quilibre en un instant, tandis que Justin Howell peut recevoir coup sur coup dans la poitrine, ce qui lui fait beaucoup moins mal quâil nây paraĂźt, car il se relĂšve immĂ©diatement pour sâassurer quâAurĂ©lia Agel va bien. Iels sâentraĂźnent ainsi Ă Paris en vue du nouveau projet de Sam Hargrave, Matchbox. « Câest un couple adorable. Ils sont aussi impressionnants physiquement quâauthentiques, doux et gentils, dĂ©clare Sam Hargrave. Câest formidable quâils
se soient trouvĂ©s en exerçant leur mĂ©tier et quâils nourrissent la mĂȘme passion pour le cinĂ©ma, le sport et les cascades. »
Sam Hargrave voit les choses en grand pour Matchbox. Et la barre quâil sâest fixĂ©e est dĂ©jĂ trĂšs haute. Ă 42 ans, le rĂ©alisateur doit sans doute sa renommĂ©e Ă un plansĂ©quence de 21 minutes dans Tyler Rake 2, qui incluait des dĂ©placements fluides Ă Â plusieurs endroits, avec notamment une Ă©meute en prison, une course de voitures et une scĂšne dans un train. La logistique Ă©tait folle : 400 personnes, 75 cascadeur·euse·s et 29 jours de tournage. Pour plus de rĂ©alisme, Sam Hargrave a Ă©vitĂ© au maximum les effets spĂ©ciaux, y compris quand Chris Hemsworth, doublĂ© par Justin Howell, a pris feu pendant un combat au corps Ă corps. Lâacteur a dâailleurs avouĂ© que câĂ©tait la scĂšne la plus difficile de sa carriĂšre.
Ă quelques exceptions prĂšs, ce genre de cascades risquĂ©es est bien loin des actions les plus dangereuses souvent tournĂ©es par les acteurs eux-mĂȘmes au temps du cinĂ©ma muet. Buster Keaton, lâun des pionniers du cinĂ©ma, a su mĂȘler comĂ©die physique et cascades ultradangereuses dans des rĂ©alisations telles que Le mĂ©cano de la GĂ©nĂ©rale, notamment cĂ©lĂšbre pour une poursuite de train iconique Ă lâĂ©poque oĂč les films nâavaient mĂȘme pas de son. Le passage au cinĂ©ma parlant dans les annĂ©es 1930-1940 a permis de mettre en place des actions plus Ă©laborĂ©es, ce qui nĂ©cessitait lâintervention de cascadeurs professionnels gĂ©nĂ©ralement issus du rodĂ©o ou du cirque, Ă lâinstar de Tom Mix qui a apportĂ© son expertise du rodĂ©o dans plusieurs westerns cĂ©lĂšbres. Par la suite, les studios ont commencĂ© Ă embaucher des spĂ©cialistes pour des sĂ©quences plus dĂ©licates. ConsidĂ©rĂ©e par beaucoup comme la premiĂšre cascadeuse professionnelle, Helen Gibson est connue pour avoir sautĂ© de motos ou de trains en marche dans une sĂ©rie datant de 1915, The Hazards of Helen Dâautres casse-cous comme Yakima Canutt ont rĂ©volutionnĂ© la chorĂ©graphie des combats et les cascades Ă cheval dans des films tels que La ChevauchĂ©e
fantastique, introduisant des techniques toujours dâactualitĂ©. Avec Matchbox, Sam Hargrave souhaite faire appel Ă AurĂ©lia Agel et Justin Howell pour passer Ă la vitesse supĂ©rieure. « Justin va innover, sâexclame Sam Hargrave en Ă©voquant le projet Ă venir. Il va vraiment faire des choses qui resteront dans les annales. »
Le film Matchbox marquera aussi en quelque sorte les dĂ©buts dâAurĂ©lia Agel. Pour la premiĂšre fois de sa carriĂšre, elle apparaĂźtra en tant quâactrice-cascadeuse dans un rĂŽle qui comprendra plusieurs scĂšnes de combat Ă©laborĂ©es et lui accordera un temps important Ă lâĂ©cran sous les traits dâune « femme commando
InitiĂ©s par Dietrich Mateschitz en vue dâhonorer des performances souvent sous-estimĂ©es en matiĂšre de casade, les Taurus Stunt Awards existent depuis 2001. Chaque annĂ©e, un jury constituĂ© de membres expĂ©rimentĂ©s de la communautĂ© des cascadeur·euse·s dĂ©cerne des prix dans huit catĂ©goriesâ: Meilleur combat, Meilleur travail en hauteur, Meilleur travail avec un vĂ©hicule, Meilleure cascade spĂ©ciale, Meilleure cascade globale par une cascadeuse, Coup le plus difficile, Meilleur Ă©quipement de cascade et Meilleure coordination de cascade et Direction de la 2e unitĂ©. Lâorganisation gĂšre aussi une fondation qui fournit une aide financiĂšre aux professionnel·le·s de lâindustrie victimes de blessure invalidante liĂ©e Ă une cascade. Les Taurus Awards 2025 se tiendront Ă Los Angeles le 10 mai.
badass », dâaprĂšs Sam Hargrave. « On la verra vers 1â40, puis elle repointera rĂ©guliĂšrement le bout de son nez tout au long du film, jusquâĂ la scĂšne finale. » Il ajoute : « Elle a une grosse scĂšne dâaction assez sympa vers la fin du film, que je suis trĂšs impatient de tourner. » Câest ce type de performance sur laquelle Sam Hargrave dĂ©sire attirer lâattention quand il Ă©voque la nĂ©cessitĂ© de rĂ©compenser les cascades aux Oscars. « Je suis convaincu que les cascades mĂ©ritent une catĂ©gorie aux Oscars, tout autant que nâimporte quelle autre catĂ©gorie, sâexclame-t-il. Et mĂȘme plus que certaines, pour ĂȘtre honnĂȘte. »
Quant Ă AurĂ©lia Agel, elle nâattend quâune chose : Ă©largir son rĂ©pertoire. « Je veux jouer plus de rĂŽles et devenir productrice un jour », confie-t-elle. Avec Mr. & Mrs. Smith: Love & War, AurĂ©lia Agel et Justin Howell ont peut-ĂȘtre proposĂ© plus quâune simple bande dĂ©mo. Iels collaborent actuellement avec un scĂ©nariste pour Ă©crire un long-mĂ©trage et ont commencĂ© Ă en discuter avec plusieurs producteurs. LâĂ©quipe qui les a aidé·e Ă monter le projet, et qui compte certains des plus grands talents Ă Hollywood, voudront aussi peut-ĂȘtre les rejoindre sur le format long. « Cette expĂ©rience nâa eu que des effets positifs, se rĂ©jouit AurĂ©lia Agel. Elle nous a permis de nous vendre et de montrer ce que lâon est capable de crĂ©er. »
Loin de lâavoir fait exprĂšs, AurĂ©lia Agel et Justin Howell ont trĂšs certainement jetĂ© les bases de leur propre projet de vie. AprĂšs cinq minutes de combat acharnĂ© entre les deux cascadeurs, le court-mĂ©trage se conclut par une Ă©treinte.
« Tu mâas manquĂ©, bĂ©bĂ© », dit Justin Howell.
« Ăa veut dire que tu mâaimes encore ? », rĂ©pond AurĂ©lia Agel.
Ce nâest quâaprĂšs un baiser torride quâelle assĂšne le coup de grĂące Ă son ennemi â un dernier geste pour sceller le pacte. Et si la destruction mutuelle nâest pas vraiment la mĂ©taphore dâun mariage heureux, la tension qui se dĂ©gage touche Ă Â quelque chose de plus profond. « Ils sont trĂšs amoureux. Câest super de les voir coexister dans ce monde sans lutter pour attirer lâattention, constate Sam Hargrave. Les couples qui peuvent se battre ensemble sont aussi capables de gĂ©rer beaucoup de problĂšmes. Câest une chance unique de pouvoir travailler ensemble. »
AurĂ©lia Agel commence dĂ©jĂ Ă rĂ©flĂ©chir Ă lâavenir et Ă la place de ses enfants dans sa vie future. « Quand on aura des enfants, je veux une Ă©quipe de cascadeurs⊠Une famille en or ! » On ignore encore la date de dĂ©but du tournage.
IGâ: @aurelia_agelâ; @stuntjustin
Ăquiper, optimiser et vivre la plus belle des vies EXCURSION
Ski de rando Ă Hokkaido, Japon
«âLâĂźle la plus septentrionale du Japon est connue pour ses stations de ski et sa poudreuse, mais les volcans restent encore un secret jalousement gardĂ©.â»
Un vent rugissant enveloppe le volcan enneigĂ© et me mord le visage. Jâai lâimpression quâun brouillard glacial me colle au corps. Chaque mouvement fait souffrir un peu plus mes muscles faciaux, ma barbe et mes cils se changent en glaçons. Les nuages rassemblĂ©s au-dessus de nos tĂȘtes rĂ©duisent notre visibilitĂ© Ă quelques mĂštres. Mes deux compagnons ( Rowan Brandreth et Mauri Marassi ) et moi-mĂȘme grimpons la paroi ouest de lâAsahidake, il nous reste encore plusieurs heures de marche avant dâatteindre le sommet conique du volcan, point culminant dâHokkaido Ă 2â291 mĂštres. Nous avons dĂ©jĂ enfilĂ© nos vĂȘtements les plus chauds. Notre ultime protection contre la morsure du froid est de continuer dâavancer, encore et encore.
Alors que lâĂźle la plus septentrionale du Japon est mondialement connue pour ses stations de ski et ses immenses descentes de poudreuse, les volcans, eux, restent encore un secret jalousement gardĂ©. Ils offrent un terrain de jeu spectaculaire en marge des cĂ©lĂšbres spots noirs de monde. Leur simple existence raconte une histoire vieille de milliards dâannĂ©es en perpĂ©tuelle Ă©critureâ: rien quâĂ Hokkaido,
on recense 31 volcans en activitĂ© (mĂȘme si les possibilitĂ©s dâĂ©ruption soudaine sont quasi nulles).
FascinĂ©s par ces gĂ©ants Ă©ternels, nous avons dressĂ© une liste de volcans Ă explorer qui devrait nous faire traverser toute lâĂźle, mais ce sont les prĂ©visions mĂ©tĂ©orologiques qui se sont chargĂ©es dâen dĂ©terminer lâordre. Ainsi, nous avons dâabord cochĂ© le mont Yotei, semblable en tous points au lĂ©gendaire mont Fuji. Nous avons continuĂ© par les monts Tokachi et Furano, deux paradis de poudreuse. Les couloirs aux parois abruptes, les sommets enneigĂ©s et les fulminants cratĂšres tonitruants aux fortes odeurs de soufre resteront gravĂ©s dans ma mĂ©moire.
Jour aprĂšs jour, nous skions jusquâaux derniers rayons du soleil avant de profiter des incroyables couchers de soleil sur les sommets, nos jambes endolories plongĂ©es dans des onsen, ces bains traditionnels dans des sources chaudes Ă ciel ouvert omniprĂ©sents dans la rĂ©gion. Mais il reste encore un point essentiel Ă cocher sur notre listeâ: lâAsahidake,
le plus haut sommet de la chaĂźne volcanique Daisetsuzan, cette rĂ©gion que les AĂŻnous surnomment Kamui Mintara («âle terrain de jeu des dieuxâ»). Une description on ne peut plus exacte, comme nous ne tarderons pas Ă le dĂ©couvrir.
LâAsahidake nâest pas aussi Ă©levĂ© que les sommets alpins europĂ©ens, mais les vents ocĂ©aniques venus du Pacifique lui apportent dâĂ©normes quantitĂ©s de neige. Nous faisons le plein de nourriture avant dâentamer une excursion de ski de 45 minutes pour rejoindre un refuge dont nous devons dâabord dĂ©gager lâentrĂ©e. Ce modeste abri aux murs de pierre et au plancher de bois peut accueillir jusquâĂ vingt personnes, mĂȘme si nous sommes les seuls invitĂ©s prĂ©sents ce soir lĂ .
Nous repartons Ă lâaube, alternant entre nos skis de randonnĂ©e et les indispensables chaussures Ă crampons pour franchir les immenses blocs de neige gelĂ©e qui parsĂšment lâarĂȘte. Sous nos pieds sâouvre le cratĂšreâ: une simple glissade pourrait avoir des consĂ©quences
INSTANTS EXTRĂMES (de gauche Ă droite dans le sens des aiguilles dâune montre): les nuages sâamoncellent au sommet du mont Biei; la vapeur sâĂ©chappe du mont Tokachi; ski nocturne sur le mont Teine prĂšs de Sapporo; lâintrĂ©pide Marassi dĂ©couvre de la poudreuse encore vierge dans les forĂȘts du mont Teine; Rolph trace les premiĂšres lignes au sommet du mont Yotei.
JOURS INTENSIFS (de g. Ă d. dans le sens des aiguilles dâune montre): Rolph sur la neige du Asahidake; les onsen ou sources chaudes offrent du repos pour les jambes fatiguĂ©es ; descente sur le YĆteiÂzan; rĂ©confort Ă la japonaise.
fatales. AprĂšs quatre heures qui en paraissent quarante, une vue extraordinaire sâoffre Ă nousâ: derriĂšre le cercle de falaises surplombant les rebords du cratĂšre apparaĂźt soudain un soleil matinal illuminant une immense Ă©tendue de neige Ă©tincelante. Tout en gravissant les derniers mĂštres jusquâau sommet, jâĂ©change un regard complice avec Mauri et Rowan et nous nous tapons joyeusement sur lâĂ©paule. Lâair se fait rare, et aprĂšs les efforts de lâascension, jâai du mal Ă reprendre mon souffle pour savourer ce spectacle exceptionnel. Mais le froid ambiant ne nous laisse pas le temps de nous attendrir. Nous prĂ©parons nos skis pour la descente, ĂŽtons les peaux de phoque et ajustons nos fixations pour nous lancer sur les pentes glacĂ©es modelĂ©es au grĂ© des caprices du temps sur cette Ăźle exposĂ©e aux quatre vents.
Il est presque impossible de distinguer la terre du ciel au cours de la descente,
tous deux se fondent en une infinie Ă©tendue dâune blancheur immaculĂ©e. Lâunique moyen dâĂ©valuer la profondeur est de suivre le skieur de tĂȘte jusquâĂ atteindre les pentes infĂ©rieures boisĂ©es. Ici, la neige se fait soudain plus profonde, douce et lĂ©gĂšre, nous avons droit Ă cette fameuse «âpoudre de champagneâ» si typique du Japon. Les rayons du soleil qui transpercent ça et lĂ les nuages font scintiller les bouleaux argentĂ©s. Tracer ensemble de nouvelles lignes dans cette forĂȘt enchantĂ©e est digne dâun conte de fĂ©es. Une ultime Ă©vidence sâimpose Ă nousâ: quiconque osera sâaventurer dans cette rĂ©gion sauvage tombera fatalement sous son charme.
Aaron Rolph est un aventurier et photographe britannique basĂ© dans les Alpes. Il est le fondateur du British Adventure Collective et se spĂ©cialise dans les expĂ©ditions Ă ski et Ă vĂ©lo propulsĂ©es par lâhomme Ă travers le monde. britishadventurecollective.com
DIRECTION HOKKAIDO Capitale de la prĂ©fecture dâHokkaido, Sapporo est accessible en avion depuis Tokyo. Pas moins de six stations de ski sont situĂ©es Ă moins dâune heure de route les unes des autres. Sur ou hors piste : 18 mĂštres de neige chaque annĂ©e garantissent Ă coup sĂ»r des journĂ©es de ski inoubliables.
snowsapporo.com
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Lâalliance parfaite du body and mind en musique.
Lâanimatrice Apple Music France de lâĂ©mission Ă lâĂ©coute, Naomi ClĂ©ment, aussi connue sous le nom de DJ Naomi et rĂ©sidente de la radio Rinse France, a plusieurs cordes Ă son arc. Chaque semaine, elle reçoit des invité·e·s de marque comme Eddy de Pretto, Meryl ou encore Yseult. Lâadoratrice de R&B et musique en tous genres cumule les savoir-faire et les passions puisquâelle est aussi lâautrice de Femmes de rap, et de Tatoueusesâ: Ces femmes qui font bouger les lignes du tattoo en France. Elle voue une passion rĂ©elle au sport qui accompagne sa vie au quotidien. Pour ce numĂ©ro, celle dont les journĂ©es commencent Ă 8 heures du matin et se finissent parfois Ă 5 heures (du matin aussi) nous explique pourquoi le fitness est si important Ă ses yeux. DĂ©couvrez les spots prĂ©fĂ©rĂ©s de Naomi ClĂ©ment, Ă mi-chemin entre salles de sport et lieux de convivialitĂ© dont les ambiances ne manqueront pas de vous sĂ©duire.
Pourquoi le sport est-il important pour toiâ?
Le sport a toujours occupĂ© une place centrale dans ma vieâ: je lâai pratiquĂ© pour me sentir mieux dans mon corps, amĂ©liorer mon souffle (dâasthmatique...â!), et me prĂ©parer physiquement Ă certaines Ă©preuves et aventures (comme des courses ou des surf trips).
En tant que journaliste, jâai aussi eu lâoccasion dâĂ©crire sur les scĂšnes surf et skate fĂ©minines, ce qui mâa beaucoup animĂ©e. Aujourdâhui, je le perçois surtout comme une Ă©chappatoire, un rare moment oĂč je peux dĂ©connecter et me libĂ©rer du quotidien, souvent trĂšs chargĂ©. Que ce soit pendant un cours de yoga ou une session de surf (surtout lors dâune session de surfâ!), jâarrive vraiment Ă faire abstraction de tout.
De quelle maniĂšre sâinscrit-il dans ton quotidienâ?
Ce nâest pas facile quand jâai des semaines trĂšs remplies, mais je fais toujours en sorte de trouver deux Ă quatre crĂ©neaux par semaine pour aller faire du yoga, du Hiit ou du Pilates dans un studio parisien. En gĂ©nĂ©ral, le dimanche soir, je me pose
devant mon ordinateur et je joue Ă Tetris avec mon agenda, pour caser mes sĂ©ances entre deux Ă©missions et un DJ set. Quand je suis prĂšs de lâAtlantique (ce que mon statut de freelance me permet de temps Ă autre), les choses sont un peu diffĂ©rentesâ: jâalterne plutĂŽt entre surf, running et yoga en plein air, suivant la mĂ©tĂ©o et les conditions de lâocĂ©an.
Est-ce que le sport et un mode de vie actif sont des Ă©lĂ©ments dĂ©terminants pour ton bien-ĂȘtreâ?
ComplĂštementâ! Le sport est un vĂ©ritable pilier pour mon bien-ĂȘtre, qui me permet dâĂȘtre endurante sur le long terme. Mentalement dĂ©jĂ , car, comme je lâexpliquais, il mâaide Ă crĂ©er un espace oĂč je peux me recentrer sur moi-mĂȘme et mes sensationsâ; mais Ă©galement physiquement, car grĂące Ă lui, je suis capable de tenir le rythme de journĂ©es qui commencent Ă 10 heures chez Apple Music et se terminent Ă 4 heures du matin derriĂšre les platines. Câest donc un Ă©lĂ©ment essentiel pour mon Ă©quilibre global â autant physique que mental.
1. Flawless Yoga
Des cours de vinyasa intenses sur fond de R&B, voilĂ le concept proposĂ© par mon amie AurĂ©lie-Louis Alexandre, la personne qui mâa fait dĂ©couvrir (et aimerâ!) le yoga il y a sept ans. Elle mâa non seulement transmis sa passion pour cette pratique, mais mâa aussi appris lâimportance de la respiration et de lâĂ©coute de mon corps. Je ne peux que recommander, que vous soyez dĂ©butant·e ou confirmé·eâ!
IGâ: @aurelielouisalex
@flawless_yoga
3. Carbonne
Un tout nouveau studio lancĂ© par Angelina Nieddu (avec qui jâavais lâhabitude de mâentraĂźner il y a quelques annĂ©es) et sa comparse OcĂ©ane Le Bras Bianchi. ĂpaulĂ©es par des prĂ©parateurs sportifs et des experts du Pilates Reformer, elles ont co-créé la mĂ©thode CarbonneÂź, un programme en trois blocsâ: 15 min de Reformer Abs (axĂ©es sur les abdominaux et le haut du corps), 15 min de Hip Thrust (axĂ©es sur les fessiers), et 15 min dâIntense Kettle (full body).
IGâ: @carbonne_paris
OĂčâ? 14 Bd Saint-Martin, 75010 Paris
2. Drip Hiit
Drip, câest lâendroit oĂč je fonce pour me dĂ©fouler aprĂšs une journĂ©e bien stressante. Ce studio propose des circuits de HIIT (High Intensity Interval Training) combinant renforcement musculaire et cardio, ce qui vous permet de travailler lâintĂ©gralitĂ© de votre corps â et de vous vider la tĂȘte. Mention spĂ©ciale pour le coach Marvin et ses playlists mĂȘlant rap et baile funkâ!
IGâ: @drip__hiit
OĂčâ? 50 rue de Monceau, 75008 Paris 29 rue des Petites Ăcuries, 75010 Paris
4. Riise
Lâun des studios parisiens oĂč je me rends le plus souvent. Riise propose des cours de workout inspirĂ©s du yoga, du Pilates et du Reformer, plongĂ©s dans la pĂ©nombre et accompagnĂ©s de playlists sur-mesure concoctĂ©es par les coachs. Le fait de sâentraĂźner dans lâobscuritĂ©, guidĂ©e par la voix des profs et en rythme avec la musique mâaide Ă me plonger dans ma bulle.
IGâ: @riise_studios
OĂčâ? 9, rue Charlot, 75003 Paris 43 rue Ătienne Marcel, 75002 Paris 79 rue La BoĂ©tie, 75008 Paris 2 rue de la SaussiĂšre, 92100 Boulogne
Son style acéré renforce le caractÚre affirmé de ce
Avec 152 ch Ă 10â599Â euros, câest le retour du roadster puissant et accessible. La nouvelle CB1000 Hornet devrait enflammer les passions et les routes en 2025.
Avec cette nouvelle
CB1000 Hornet, Honda fait parler son savoir-faire et fait revivre lâesprit de la mythique Hornet des annĂ©es 2000. Un gros moteur rageur dans un roadster polyvalent, sportif et joueur. Lâoutil idĂ©al pour mettre un peu de bonheur dans un quotidien parfois un peu trop gris.
Les Japonais ont trouvĂ© une formule simple mais mĂ©ticuleusement mise au point pendant quatre ans. Ils ont dĂ©cidĂ© de retravailler le moteur de la mythique sportive CBR1000RR Fireblade de 2017. Un beau et gros quatre cylindres quâils ont rĂ©ussi Ă passer Ă la norme anti-bruit et anti-pollution Euro 5+. Un gros cĆur avec 152 ch Ă 11â000 tr/min et du muscle avec
104Â Nm de couple Ă 9â000Â tr/min. La version SP parvient mĂȘme Ă tirer 5Â ch et 3Â Nm de plus que la version standard.
CĆur de sportive
Le moteur quatre cylindres fait donc son retour en force et a conservĂ© tout son caractĂšre rageur. Avec chaque accĂ©lĂ©ration, câest un vĂ©ritable coup de pied dans le derriĂšre qui provoque une montĂ©e dâadrĂ©naline. Au-delĂ des 7â000 tr/min, le caractĂšre rageur sâexprime pleinement avec une bande-son rauque jouissive.
Mais câest aussi une bĂȘte qui sait se montrer docile avec son caractĂšre linĂ©aire, dosable et toujours disponible. Pas besoin de se cracher dans les mains Ă chaque trajet pour aller au boulot, la Hornet sait tempĂ©rer ses ardeurs.
Dans son comportement, ce qui impressionne le plus, câest sa facilitĂ©. Ă peine montĂ© dessus, pas de doute, câest une Honda, votre Hondaâ! Comme si elle avait toujours Ă©tĂ© entre vos mains. La position est sportive, lĂ©gĂšrement sur lâavant, mais reste confortable, avec une selle perchĂ©e Ă 809 mm et une ergonomie bien pensĂ©e. Le cadre double poutre offre un excellent
les
toujours rassurante.
compromis entre rigiditĂ© et agilitĂ©, et chaque virage devient un jeu. La moto se rĂ©vĂšle homogĂšne, avec un excellent Ă©quilibre qui la rend toujours facile et prĂ©visible, quel que soit le niveau du pilote. Dans la version SP, les suspensions revues, notamment avec un amortisseur arriĂšre Ăhlins TTX36, la rendent encore plus affutĂ©e pour les pilotes les plus sportifs, sans jamais nĂ©gliger le confort en ville pour franchir les dos dâĂąnes.
Ajoutez Ă cela des Ă©triers radiaux double disque de 310 mm, et vous obtenez tout le mordant dâun freinage qui permet de stopper vos envolĂ©es lyriques en toute sĂ©curitĂ©. Mieux, la version SP se dote dâun Brembo Stylema haut de gamme pour plus de prĂ©cision.
Un pilote connecté à la machine
LâĂ©lectronique est Ă lâimage de cette Hornetâ: intuitive et efficace. On retrouve un anti-patinage HSTC, un anti-wheeling, et la possibilitĂ© dâajuster le frein moteur. GrĂące Ă la poignĂ©e dâaccĂ©lĂ©rateur Ă©lectronique, la machine possĂšde trois modes de conduite prĂ©dĂ©finis (Standard, Sport, Rain) et
deux modes personnalisables, qui offrent une expĂ©rience sur mesure, adaptĂ©e Ă toutes les envies et conditions. Le tableau de bord TFT customisable permet de garder un Ćil sur toutes les informations essentielles, tout en profitant de la connectivitĂ© Roadsync pour vos appels ou votre musique.
Et que dire du designâ? Sensuel et dynamique, il Ă©voque presque une silhouette humaineâ: un rĂ©servoir sculptĂ©, une selle accueillante, et un arriĂšre aussi compact quâĂ©lĂ©gant. Ce look audacieux rappelle que la CB1000 Hornet est autant une machine de plaisir quâun outil performant.
La CB1000 Hornet, câest une moto qui ne fait aucun compromis
Le nouvel écran TFT 5 pouces se veut lisible et facile à utiliser avec le nouveau joystick main gauche.
entre performance, polyvalence et accessibilitĂ©. Elle redonne ses lettres de noblesse au grand roadster sportif, tout en permettant Ă tous de prendre du plaisir grĂące Ă son guidon. Câest dâailleurs pour cela que Honda a gardĂ© son tarif accessible, Ă 10â599 euros. Le remĂšde idĂ©al contre lâinflation et la morositĂ© du quotidienâ!
Moteurâ: quatre cylindres en ligne, 999 cm3, refroidissement liquide
Puissanceâ: 152Â ch Ă 11â000Â tr/min
(157Â ch en version SP)
Coupleâ: 104Â Nm Ă 9Â 000Â tr/min (107Â Nm en version SP)
Cadreâ: double poutre en acier
Suspension avantâ: fourche Showa USD SFF-BP 41 mm, dĂ©battement 118 mm
Suspension arriĂšreâ: amortisseur Showa Monoshock, dĂ©battement 138 mm. (monoamortisseur Ăhlins TTX36)
Freinage avantâ: Ă©triers radiaux Nissin quatre piston, double disque 310 mm (Ă©triers radiaux Brembo Stylema en version SP)
Empattementâ: 1â455Â mm
Hauteur de selleâ: 809Â mm
RĂ©servoirâ: 17 l
Poidsâ: 211Â kg (tous pleins faits)
Tarifâ: Ă partir de 10â599Â euros. 11â799Â euros pour la version SP
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Date de parution
6 février 2025
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Cet homme est 10 fois Champion du monde de BMX Flat. Et un rider pro Ă la retraite. Matthias Dandois ne vous est pas Ă©tranger, tant le Français de 35 ans a enchaĂźnĂ© les projets marquants, en ambassadeur planĂ©taire dâune discipline niche quâil a rĂ©vĂ©lĂ©e au plus grand nombre. Aussi mannequin, comĂ©dien, animateur, consultant, pĂšre de famille, celui qui vient de publier sa biographie (Figure du bitume, Ă©d. Flammarion) a atteint son but ultime en compĂ©tition avec dix titres mondiaux. Comme lâĂ©crit le natif dâĂpinay-sur-Orge sur son compte Instaâ: «âGame pliĂ© en compĂ©tition. Place Ă la nouvelle gĂ©nĂ©ration.â» On lui fait confiance pour continuer Ă innover pour le BMX et Ă multiplier les expĂ©riences les plus audacieuses hors vĂ©lo. Big up Matthias, Ă bientĂŽtâ!
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