The Red Bulletin FR 01/25

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Votre magazine offert chaque mois avec

Graines de champion.

Tous les grands pilotes ont dĂ©butĂ© un jour et bien souvent au guidon d’une CRF. Honda propose une large gamme adaptĂ©e Ă  la fois aux compĂ©tences et au gabarit des pilotes, qu’ils se destinent ou non Ă  la compĂ©tition. À la fois ïŹables et Ă©prouvĂ©s, les moteurs 4 temps de ces modĂšles dĂ©livrent leur puissance en souplesse et en toute sĂ©curitĂ©. The Power of Dreams.*

*Donnez vie Ă  vos rĂȘves.

Kalon

Dessinatrice de BD adepte du format manga depuis 2006, Ă©ditĂ©e par GlĂ©nat (Versus Fighting Story) et Kana (Talento Seven), elle travaille en numĂ©rique, et a rĂ©alisĂ© l’illustration de Guillaume Dorison qu’elle connaĂźt bien. P. 22

Ian and Erick

Natifs de Maurice, basĂ©s en Australie, les jumeaux Regnard sont notamment spĂ©cialisĂ©s dans la photo de sport. Ils ont suivi Sam Laidlow lors d’une longue journĂ©e Ă  documenter les spĂ©cialitĂ©s du triathlĂšte anglo-français. P. 26

Shamil Tanna

« Il et elle m’ont racontĂ© des histoires fantastiques d’Hollywood, dit le photographe Ă  propos du duo de cascadeurs en page 76.

C’était fascinant de voir le dĂ©vouement nĂ©cessaire pour leurs cascades et chorĂ©graphies de combat. »

Le triathlon, l’Ironman, la longue distance... Vu de loin, on parle de machines de perf, d’athlĂštes aux quotidiens hyper stricts : training, fitness, compĂ©tition. Le fun et les excĂšs n’y ont pas leur place. Permettez-nous d’en douter, depuis notre rencontre avec Sam Laidlow, notamment apprĂ©ciĂ© pour avoir Ă©tĂ© le plus jeune Champion du monde Ironman, en 2023. Bonne vibe et accessible, le Sam se livre sur sa vision de ces Ă©preuves d’endurance, et lĂ  oĂč l’on pensait entrer dans un sujet dĂ©licat, on a trouvĂ© un Sam plein de positivité : la dĂ©faite lui offrant plus de perspectives et de motivation qu’un nouveau titre. Avec lui dans ce numĂ©ro, d’autres adeptes d’une vie active dans laquelle le fitness est roi, du trĂšs sympathique Seb Harris Ă  la cascadeuse d’Hollywood AurĂ©lia Agel, sans oublier le colossal Zlatan, qui vous a Ă  l’Ɠil... Okay, on se bouge !

Inspiration

Seb Harris 20

Passion sport

Guillaume Dorison 22

Passion baston

Theodora

Passion du son

Le visage moderne du triathlon longue distance.

Découvez le futur de la néo-soul à la française avec Enchantée Julia.

La voix franco-srilankaise validée par Timbaland.

Cyclisme

Suivez la Doomed Army aux 24 Heures vélo du Mans.

SuccĂšs mondial pour Oklou et son univers.

Avec Aurélia Agel et Justin Howell, coup double à Hollywood.

Spielberg, Autriche Hors-piste

C’est un feu vert pour Valentin Delluc, venu voler la vedette aux as de la course auto sur le circuit de F1 de Spielberg. Si sa discipline, le speedriding/speedflying, se pratique sur des pentes enneigĂ©es ou rocailleuses, le voici Ă  l’attaque du Red Bull Ring et de son mythique taureau. Pour s’adapter Ă  cette configuration particuliĂšre, un treuil attachĂ© Ă  une NASCAR lui permet de dĂ©coller et de prendre de l’altitude en quelques secondes. Une performance aĂ©rienne unique rĂ©alisĂ©e avec l’aide d’un pilote de renom, Luc Alphand. DĂ©couvrez les coulisses de son exploit sur  redbull.com

Fribourg, Suisse

Gonflé

« Enchanté ! Je m’appelle Julien Roux et je viens de rĂ©aliser mon plus beau projet, Ă  ce jour : la plus haute traversĂ©e en highline au monde, entre deux montgolfiĂšres, Ă  4 255 m de haut (hauteur directe), soit 4 832 m d’altitude (ou encore 27 mĂštres au-dessus du Mont-Blanc). » Merci Ă  Julien de nous avoir contactĂ©s et de vous permettre d’apprĂ©cier ce pur exploit rĂ©alisĂ© au-dessus du canton de Fribourg, qui a Ă©galement permis au Français de rĂ©aliser, par la mĂȘme occasion, le plus haut saut en parachute depuis une highline. IG : @leslignesdeju

Pembroke, Pays de Galles

En ligne

« Les grimpeurs britanniques sont des pionniers de l’escalade trad depuis de nombreuses annĂ©es. Quelle meilleure aventure que de se rendre au Pays de Galles pour dĂ©couvrir cette Ă©thique particuliĂšre », raconte le photographe Marc Daviet, d’Annecy. AccompagnĂ©s des grimpeurs Symon Welfringer, Nils Favre et NaĂŻlĂ© Meignan, il est parti Ă  la recherche de lignes en bord de mer. « Ce jour-lĂ , le mauvais temps a jouĂ© avec nos nerfs et entre deux averses, Symon a pu tenter une ligne Ă  vue. La lumiĂšre Ă©tait magnifique, Ă  la fois bleue et mĂ©tallique. » Face au mur, l’instant est merveilleux. redbullillume.com

Mumbai, Inde Célébration

La World Final du Red Bull Dance Your Style 2024, devant 5 000 personnes au NSCI Dome de Mumbai, a cĂ©lĂ©brĂ© la diversitĂ© des styles de danse urbaine – du hip-hop Ă  l’afro, en passant par le waacking et le krump. Rubix, Français prĂ©sent en wild card (ici en photo), a captivĂ© le public avec sa performance et son charisme. Sa prĂ©sence a ajoutĂ© une touche spĂ©ciale Ă  la compĂ©tition, grĂące Ă  son style unique et son Ă©nergie. Rubix a atteint la finale face Ă  MT Pop (Vietnam), en hĂ©ros de cette cĂ©lĂ©bration de la diversitĂ© et de la crĂ©ativitĂ©. redbull.com

Be safer

Réinventer la nuit

AprĂšs avoir constatĂ© de multiples discriminations et violences sexuelles et harcĂšlements sexistes, l’initiative RĂ©inventer la Nuit continue de libĂ©rer la parole et de repenser la sĂ©curitĂ© dans les espaces festifs.

Le mouvement #MeToo est nĂ© aux USA en 2007 grĂące Ă  Tarana Burke, une travailleuse sociale afro-amĂ©ricaine, pour dĂ©noncer les violences et harcĂšlements sexistes et sexuels (VHSS), notamment au sein des minoritĂ©s. Le terme a Ă©tĂ© popularisĂ© dix ans plus tard par plusieurs actrices hollywoodiennes qui dĂ©nonçaient des faits similaires dans l’industrie du cinĂ©ma. En 2017, en France, le hashtag #BalanceTonPorc prend vie. La chanteuse Chilla lui a donnĂ© une rĂ©sonance particuliĂšre avec sa chanson au titre Ă©ponyme : « Le gourou se cagoule et n’a pas de race. / On te tabasse quand tu laboures, on prend ton Ăąme / [
] J’ai pas l’temps pour les machistes, j’pense Ă  toutes celles qui n’ont pu rien dire. » Des paroles toujours aussi percutantes aujourd’hui et qui reflĂštent parfaitement le systĂšme misogyne, sexiste

et oppressant qui sévit dans le monde de la nuit.

Pour l’une des fondatrices de l’initiative RĂ©inventer la Nuit, tout a commencĂ© en juin 2023. Paloma Colombe est bookĂ©e pour mixer au Cabaret Sauvage ; harcelĂ©e par plusieurs festivaliers et nĂ©gligĂ©e par un agent de sĂ©curitĂ©, la DJ a exprimĂ© son ras-le-bol aprĂšs son set via un post Instagram. Cette dĂ©claration a suscitĂ© des milliers de rĂ©actions et attirĂ© l’attention de nombreux acteurs de la presse Ă©crite, au grand Ă©tonnement de Paloma : « Je ne pensais pas recevoir autant de retours. J’ai d’abord Ă©tĂ© contactĂ©e par la presse musicale, puis par des mĂ©dias gĂ©nĂ©ralistes. » Quatre mois plus tard, aux cĂŽtĂ©s de trois autres DJ : Anaco, Bambi et Domi, l’association RĂ©inventer la Nuit naĂźt et a pour objectif de sensibiliser le public et les acteur·rice·s du monde de la

Paloma Colombe

DJ et co-fondatrice de Réinventer la Nuit.

IG : @palomacolombe

nuit Ă  ses causes grĂące Ă  diffĂ©rentes actions, telles que des chartes de bienveillance destinĂ©es au public, des « riders safer » Ă  destination des artistes, des protocoles de sĂ©curitĂ© pour les lieux et organisateur·rice·s, et des cercles de paroles pour les femmes et minoritĂ©s de genre exerçant dans le secteur musical. « Les lieux de nuit sont nos lieux de travail. Nous exigeons la mise en place d’environnements de travail plus sains et sĂ©curisĂ©s », lit-on sur le compte Insta du projet.

Outil phare de l’association, les cercles d’échange en mixitĂ© choisie ont pour objectif de « libĂ©rer la parole, mettre des mots sur des expĂ©riences isolantes vĂ©cues, tout en offrant une possibilitĂ© d’identification par l’écoute et de prise de conscience personnelle », expliquent les fondatrices. L’association se forme en collaboration avec Consentis, qui Ɠuvre indĂ©pendamment depuis 2018 pour instaurer la bienveillance dans les soirĂ©es, afin de promouvoir davantage de respect et de libertĂ©s, et aussi avec Au-delĂ  du Club, qui propose une rĂ©flexion sur la maniĂšre de faire la fĂȘte et de la rendre plus inclusive. Cette derniĂšre a Ă©tĂ© créée en aoĂ»t 2022 par Laure Astan Togola et Sarah Gamrani. Ensemble, elles mĂšnent des recherches philosophiques et poĂ©tiques sur le futur de la fĂȘte grĂące aux notes prises lors des cercles d’échange. FidĂšle Ă  son nom, l’asso RĂ©inventer la Nuit (qui compte Laure Astan Togola, Sarah Gamrani et Mariad parmi ses nouvelles membres) aspire Ă  dĂ©passer les limites, y compris gĂ©ographiques ; ses recherches qualitatives visent Ă  ĂȘtre accessibles Ă  toutes et tous, traduites en anglais et en espagnol, et mises en libre accĂšs (en open source). « Notre ambition est de devenir un outil de connexion au niveau europĂ©en et de rĂ©ussir Ă  fĂ©dĂ©rer toutes les initiatives existantes », conclut Laure. IG : @reinventerlanuit

Culture

Une alternative

Le skate, sujet immense. Un projet d’édition pose un regard sincĂšre sur 5 dĂ©cennies d’une planche gĂ©nĂ©ratrice d’envie.

Skateboard Culture, ouvrage massif et de belle confection, se termine avec les mots de JĂ©rĂ©mie Daclin (figure lyonnaise du skate europĂ©en) : « Rendez-vous donc demain sur le curb de la mairie, avec ta board ! » Invitation Ă  skater, qui semble adressĂ©e Ă  toutes et Ă  tous, que vous soyez skateur·euse de longue date, ou novice. Le pote du coin, le lecteur ou la lectrice du bout du monde. C’est lĂ  l’objet du livre : inciter le mouvement, l’envie, vers une culture, vaste et tellement influente. Le skate. Skateboard Culture est donc un ouvrage essentiel,

redevable au studio créatif

Bureau Berger, Ă  Morgan Bouvant (acteur majeur et français de l’industrie du skate) et SĂ©bastien Carayol (journaliste skate et contreculture hyper connectĂ© avec la scĂšne US), et dĂ©clinĂ© sur cinq grosses sections correspondant aux dĂ©cennies traversĂ©es par le skateboard depuis ses dĂ©buts dans les seventies. Depuis ses origines californiennes, il nous transporte dans ses places fortes : Barcelone, Paris, San Francisco, Tokyo, New York, et ailleurs. Et les sujets de sociĂ©tĂ© font rĂ©sonnance avec la

Essentiel: le livre Skateboard Culture, de Morgan Bouvant et Sébastien Carayol. Un must, que vous skatiez ou non.

rĂ©alitĂ© du milieu dont l’inclusivitĂ© et son impact sur la mode urbaine. Sont aussi honorĂ©s les crews qui ont contribuĂ© Ă  la puissance crĂ©ative du skate, imposant ses expĂ©rimentations et codes au cƓur de l’esthĂ©tique moderne, qu’elle soit perçue ou non comme venue du skate. Les Supreme, Fucking Awesome, Palace, GX1000, Thrasher, Big Brother, FTC
 Plus que des labels, des collabs sur vĂȘtements, des mags ou des productions vidĂ©o deviendront des signes d’appartenance et de refuge. Des labels de conviction et d’un mode de vie auxquels beaucoup ont voulu s’associer avec des intentions plus ou moins louables.

Les skateurs et skateuses au sein de cette street machine sont prĂ©sent·e·s via des tĂ©moignages photo et des interviews : old timers iconiques (les Alva, Hosoi, Pierre-AndrĂ© Senizergues) ou plus contemporains, s’étant frotté·e·s pour la plupart aux JO (Vincent Milou, Lizzie Armanto). L’aspect performance, le cĂŽtĂ© sportif du skate, n’est pas Ă©ludĂ©, comme ses sorties de route. C’est dit.

Pour le skateur hardcore, l’ouvrage est une source de souvenirs ou de confrontation avec sa vision de la culture ; pour l’esprit curieux, sympathisant, issu des milieux crĂ©atifs ou des mouvements sociĂ©taux, il sera source de rĂ©fĂ©rences et de connaissances incroyables. La photo y est, bien sĂ»r, trĂšs prĂ©sente, tout au long des 500 pages, avec aussi des portfolios dĂ©diĂ©s aux images de William Sharp, Jessica Bard, Dave Swift, Fred Mortagne, ce dernier reprĂ©sentant la France.

Pour qui saura voir plus loin que le skate en lui-mĂȘme, ce livre est l’incarnation imprimĂ©e d’une marge trĂšs fine entre le monde « normal » et celui de fortes tĂȘtes qui n’ont eu de cesse de dĂ©velopper, au-delĂ  d’une performance, un mode de vie et une imagerie associĂ©e. Alternatifs. hachette-livre.fr

BRASSÉE PAR CARLSBERG. DESIGNÉE PAR HAY.

Red Bull League of Its Own

Avant et aprĂšs

Le 15 dĂ©cembre 2024, l’Accor Arena de Paris a Ă©tĂ© le théùtre d’un Ă©vĂ©nement esport qui fera date : le Red Bull League of Its Own.

Pendant un show exceptionnel de neuf heures, l’Accor Arena a vibrĂ© au rythme de l’une des rencontres les plus spectaculaires de l’histoire de l’esport. Un peu plus de 15 000 personnes Ă©taient prĂ©sentes dans le public, tandis que prĂšs de cinq millions de viewers suivaient la compĂ©tition en ligne.

L’évĂ©nement a rassemblĂ© les meilleures Ă©quipes de League of Legends dont T1, G2, Karmine Corp, Gentle Mates, NNO et Los Ratones, qui ont profitĂ© de cette occasion pour tester leurs nouveaux rosters. HostĂ© par Doigby, le tournoi a aussi accueilli des 1v1 showmatchs

powered by Opel, mettant en scĂšne des joueurs comme Tiky, Alderiate, et Saken. La journĂ©e a dĂ©butĂ© par des matchs palpitants entre ces Ă©quipes de haut niveau. T1, les rĂ©cents vainqueurs des Worlds, ont montrĂ© une fois de plus leur suprĂ©matie en proposant des stratĂ©gies innovantes. G2, quant Ă  eux, ont rivalisĂ© d’ingĂ©niositĂ© pour captiver l’audience. La Karmine Corp, avec son emblĂ©matique Blue Wall, a livrĂ© des performances intenses, tout comme Gentle Mates, NNO et Los Ratones, qui ont tous contribuĂ© Ă  l’excitation gĂ©nĂ©rale. Les fans ont Ă©galement eu

qui

reviennent pas. Ci-dessus : l’inebranlable

dans une ambiance digne de la

droit Ă  un showcase Ă©nergique du rappeur Niska, lequel a enflammĂ© l’arĂšne avec ses bangers, ajoutant une dimension musicale Ă  l’évĂ©nement.

Les 1v1 showmatchs ont Ă©galement Ă©tĂ© des moments forts, avec des duels captivants tels que Tiky contre Caps, Alderiate contre Doran, et Saken contre Caliste, chacun offrant des moments de pur spectacle. L’apogĂ©e de la journĂ©e a Ă©tĂ© le match tant attendu entre la Karmine Corp et T1. Dans une confrontation acharnĂ©e, T1 a finalement triomphĂ©, consolidant son statut de champions incon-

testĂ©s. La Karmine Corp, malgrĂ© sa dĂ©faite, a fait preuve d’une rĂ©silience admirable, soutenue par ses fervent·e·s supporteur·rice·s.

Le Red Bull League of Its Own 2024, organisĂ© en France, a Ă©tĂ© bien plus qu’une simple compĂ©tition. Une vĂ©ritable cĂ©lĂ©bration de l’esport, confirmant Paris comme une capitale mondiale du gaming. Cet Ă©vĂ©nement a marquĂ© un nouveau jalon pour la communautĂ© de League of Legends, dĂ©montrant une fois de plus l’engouement et la passion qui animent la scĂšne. Pour sĂ»r, il y aura un avant et un aprĂšs. redbull.com

À gauche : Faker, le dieu de l’esport, rencontre ses disciples,
n’en
Blue Wall de la KCorp, un véritable kop. Ci-dessous : Caliste (KC) fait son entrée
WWE.

Coups de pouce

La musicienne anglaise de 29 ans Ă©voque quatre chansons qui l’ont aidĂ©e dans l’écriture de son dernier album.

La musique de NilĂŒfer Yanya, cocktail d’émotions entre indie-pop, jazz et rock, n’a cessĂ© de faire grimper la chanteuse-autrice-compositrice anglaise plus haut sur l’Olympe de la musique depuis ses dĂ©buts, il y a dĂ©jĂ  huit ans. Ses deux derniers albums ont Ă©tĂ© classĂ©s parmi les meilleurs de l’annĂ©e par le New York Times. Depuis, elle joue rĂ©guliĂšrement Ă  guichets fermĂ©s aux États-Unis, en Australie, en Asie et en Europe. En tournĂ©e cet hiver, elle s’est produite deux soirs de suite Ă  Paris, les 28 et 29 novembre derniers, Ă  l’occasion de la sortie de My Method Actor. Afin de livrer cet album, elle s’est coupĂ©e de toutes influences extĂ©rieures avec son complice d’écriture Wilma Archer. Un retour Ă  l’essentiel. « Il faut du courage pour ne se fier qu’à son instinct », dĂ©clare-t-elle. Elle cite ici quatre titres qui l’ont guidĂ©e dans cette dĂ©marche.

Écoutez l’album My Method Actor de NilĂŒfer Yanya

PJ Harvey

Rid of Me (1993)

« Je l’adore, elle est d’une telle simplicitĂ©. On entend un cliquetis sourd tout au long de la chanson. Il se passe tellement de choses, mais ce cliquetis ne change pas, et c’est ce qui fait la force de ce titre. J’ai l’impression que c’est ce que je cherche Ă  atteindre avec ma musique, mĂȘme si je ne sais pas exactement comment m’y prendre. C’est bon de savoir que de telles chansons existent. »

Kae Tempest

More Pressure (2022)

« J’aime toutes les chansons de Kae, mais surtout celle-lĂ . Le riff est dynamique, un vrai moteur. La derniĂšre fois que j’étais en tournĂ©e, je l’écoutais tout le temps Ă  l’hĂŽtel, pendant mes sessions de gym. J’ai dĂ©jĂ  vu Kae Tempest en live une paire de fois. Elle est toujours renversante. Je suis fan de son story telling aussi, c’est un peu ce que j’essaie de reproduire dans mes textes  »

Westerman

Easy Money (2018)

« Bien que plus trĂšs rĂ©cente, je l’écoute tout le temps. Westerman a une voix extraordinaire, et incroyablement old school. J’aime bien ces sonoritĂ©s alternatives indie, dans lesquelles il incorpore aussi des Ă©lĂ©ments folk. C’est Ă©trange de connaĂźtre personnellement l’auteur, et de ressentir l’Ɠuvre de l’artiste d’une maniĂšre complĂštement diffĂ©rente que la personne qu’on connaĂźt en privĂ©. »

Big Thief

Simulation Swarm (2022)

« Quand je travaillais Ă  mon dernier album avec Will, on se disait que ce serait vraiment top d’avoir un son homogĂšne sur l’ensemble de l’album. Et on s’est souvent inspirĂ©s de cet album. Mais il est insaisissable
 C’est comme si tous les titres avaient la mĂȘme source. C’est Ă©patant quand des groupes arrivent Ă  faire ça. Peut-ĂȘtre parce qu’ils sont ensemble depuis longtemps et se comprennent instinctivement. »

MOLLY DANIEL LOU BOYD

4 MAI 2025

L’éternel apprenti

Seb Harris est connu sur les réseaux

pour ses contenus mĂȘlant sport et humour. Pour lui, peu de temps mort, et une quĂȘte, nĂ©cessaire Ă  son bien-ĂȘtre : le prochain challenge – en novice. Portrait.

Commençons par un coup d’Ɠil au site de Glow Up, l’agence qui accompagne Seb sur son image. « Seb, Anglais et passionnĂ© de tennis, est un crĂ©ateur de contenu lifestyle qui mĂȘle humour britannique et charme français
 » « C’est pas moi qui ai Ă©crit ça !, plaisante l’intĂ©ressĂ©, lors de notre entretien dĂ©but dĂ©cembre. L’humour, c’est une question de point de vue, mais il y a des gens qui trouvent que ce que je fais est drĂŽle. PassionnĂ© par le tennis et le sport, clairement ! J’ai jouĂ© au tennis toute ma vie. » En fait, Seb a commencĂ© la raquette Ă  5 ans. NĂ© en Angleterre, son rĂȘve Ă©tait de rejoindre une universitĂ© amĂ©ricaine pour jouer au tennis. Ce qu’il a fait de ses 18 Ă  23 ans dans une universitĂ© de Caroline du Nord. « Aux USA, ils sont fous de sport, la scĂšne universitaire est super pro, et tu peux recevoir une bonne Ă©ducation. Ensuite, tu deviens pro ou coach. Mais je ne voulais faire ni l’un ni l’autre
 En fait, je n’étais pas assez bon », rectife-t-il.

the red bulletin : En prendre conscience fut un moment difcile ? seb harris : J’avais donnĂ© mon max, donc j’étais heureux avec ça. Je voulais apprendre quelque chose de nouveau, de frais. Ce fut l’Ironman. Mon meilleur pote au UK, Oscar Glenister, m’a parlĂ© d’un Ironman Ă  Hambourg, en Allemagne, et j’ai suivi cette idĂ©e.

Vous vous y connaissiez en Ironman ? Quand j’étais gamin, je voyais tous ces trucs d’endurance et je me disais que je ne pourrais jamais y arriver. Je n’avais jamais vraiment nagĂ©, mon niveau de nage est Ă©pouvantable


Toujours ?

Au moins, je ne coule pas
 (rires) L’endurance, je n’y connaissais rien, alors j’ai commencĂ© Ă  m’entraĂźner aux USA, tandis que je coachais les joueurs de tennis de mon universitĂ©. Quand mon pote s’est

inscrit pour Hambourg, et que je lui ai dit : « Okay, je viens ! », il a Ă©tĂ© surpris. (rires) C’était trĂšs cool. J’avais fait un demiIronman au Texas, en mars. Pour voir Ă  quoi ça ressemblait. Sinon, je n’avais fait qu’un triathlon. Pour Hambourg, en juin, j’étais nerveux, je n’avais jamais fait un format complet et long. Mais j’y suis arrivĂ©.

Et ensuite ?

Le tennis prenait tellement de place dans ma vie
 et l’Ironman est arrivĂ© et a pris lui aussi beaucoup de place. AprĂšs cette Ă©preuve, du jour au lendemain, plus d’entraĂźnement, plus rien
 C’est quoi la suite ?! (rires) J’étais au ralenti, je ne faisais pas grand-chose, j’étais peut-ĂȘtre un peu dĂ©primĂ©. Alors je me suis dit qu’il fallait apprendre Ă  nouveau, complĂštement.

SUR LES RÉSEAUX

Membre du team fitness de Red Bull et actif sur IG et Tik-Tok, Seb revient sur son activité de Content Creator.

« Ça a commencĂ© aux USA, quand je faisais du tennis, mon ex-compagne et moi avons dĂ©butĂ© tous les deux, on faisait des contenus amusants –à nos yeux. On postait pas mal sur son compte Insta, puis j’ai lancĂ© le mien, quelques mois plus tard. Au dĂ©but, je ne m’intĂ©ressais pas du tout aux rĂ©seaux sociaux
 Ce n’était pas un but en soi, on voulait juste faire des trucs marrants. Et puis les gens ont apprĂ©ciĂ©, ça les a fait marrer, c’était cool, j’ai continuĂ©. Et j’avais cette passion, le sport, et je me suis demandĂ© comment l’intĂ©grer Ă  tout cela, avec une idĂ©e en tĂȘte : m’amuser Ă  mon tour en crĂ©ant ces contenus. J’aime le sport, mais je ne suis pas un athlĂšte pro, donc j’aime Ă  penser que ça doit ĂȘtre accessible. Aussi, je pense que les gens peuvent se retrouver dans des contenus liĂ©s au sport, mĂȘme s’ils ne le pratiquent pas. »

Et la suite, ce fut cet Artic Triple dans les Lofoten, trois épreuves : skimo (mars), ultra-trail (mai) et triathlon (août) qui vous attendent en 2025...

Je suis super excitĂ© par ce truc, mais il me faut un plan d’attaque. Je sais que ça va ĂȘtre gros, je ne prĂ©tends pas pouvoir le terminer, mais je vais faire mon max pour.

Comment résumer ce challenge ?

En fait, je ne sais pas quoi te dire
 L’épreuve est dingue, donc je suppose qu’il doit se passer quelque chose de pas normal pour avoir envie de faire ce truc-lĂ . (rires) Je dois apprendre le ski trĂšs vite, car c’est la premiĂšre Ă©preuve.

Il s’agit du Lofoten Skimo (abrĂ©viation du terme anglais ski mountaineering), du ski-alpinisme


Sur 32 km, je crois, tu fais du cross-country skimo jusqu’en haut de la montagne, et puis tu redescends Ă  ski. Ça c’est en mars. Ensuite, c’est ultra-trail, 160 km
 Il y a beaucoup de dĂ©nivelĂ©, 7 000 m
 (rires)

Comment vous préparez-vous ?

Pour l’instant, j’essaie d’ĂȘtre plus rĂ©sistant, en termes de fortifer mon corps, pour Ă©viter les blessures, je fais trois sĂ©ances de renforcement musculaire par semaine, et deux autres sĂ©ances de ftness axĂ©es sur la prĂ©vention des blessures. Et je fais environ 60 km de course Ă  pied par semaine, mais je ne sais pas si c’est encore optimum.

Et le ski, vous commencez quand ?

Dans trois jours, Ă  Chamonix, avec Mathis Dumas, un alpiniste et vidĂ©aste, qui a accompagnĂ© Inoxtag sur l’Everest. J’aimerais aussi pouvoir bĂ©nĂ©fcier de conseils d’un athlĂšte comme Sam Laidlow (notre cover, ndlr) pour l’aspect Ironman. C’est une bĂȘte, et il semble super cool, je ne pense pas que ce soit le triathlĂšte typique.

La famille de Sam est trĂšs sportive, vos parents vous soutiennent ?

Ma mĂšre, physiothĂ©rapeute, me dit de ne rien me casser. (rires) Normal, c’est ma mĂšre. Elle sait Ă  quel point c’est exigeant.

Et votre pĂšre ?

Mon pĂšre est trĂšs malade, il a un cancer, et il a aussi subi deux arrĂȘts cardiaques. C’est quelque chose qu’il subit, qu’il n’a pas choisi, comme rester assis six heures lors d’une sĂ©ance de chimiothĂ©rapie avec un tuyau dans le bras. Alors, dans les moments oĂč j’ai un peu de mal Ă  me motiver, Ă  me bouger, je pense Ă  sa situation. Ça me donne de la motivation, de la force, en quelque sorte.

IG : @seb_harris

« L’endurance, je n’y connaissais rien. Mais je me suis lancĂ©. »
Seb Harris, 25 ans, grand sportif depuis l’enfance

Fighting Spirit

Actif sur la scĂšne retrogaming et jeux de combat depuis les annĂ©es 90, Guillaume Dorison est aujourd’hui directeur sportif du Red Bull Kumite, un tournoi majeur sur le jeu Street Fighter qu’il a co-créé il y a dix ans, et qui cĂ©lĂ©brera son incroyable dĂ©cennie Ă  Paris. Rencontre.

Texte Brice Bossavie Illustration Kalon

Trente. C’est le nombre d’annĂ©es qu’a dĂ©diĂ©, Ă  date, Guillaume Dorison Ă  sa passion : le retrogaming et les jeux de combat. Trois dĂ©cennies Ă  voguer dans l’univers des fanzines, des chaĂźnes de tĂ©lĂ© spĂ©cialisĂ©es, des mangas ou de la BD, et aujourd’hui de YouTube ou Twitch, pour partager son amour d’une culture venue du Japon qui le fascine depuis l’adolescence.

Partage d’un nouveau monde

Figure importante de la culture retrogaming mais aussi des jeux comme Street Fighter, celui que l’on connaĂźt aussi sous le pseudo de Asenka ou Izu parle au Red Bulletin en visio depuis son appartement. DerriĂšre lui, un mur entier de consoles rĂ©trogaming, de jeux des annĂ©es 90, ainsi que d’autres trĂ©sors du jeu vidĂ©o du dernier millĂ©naire. « Je suis vraiment de la gĂ©nĂ©ration qui a grandi au dĂ©but des annĂ©es 90 avec la grande vague de l’animation grand public du Club DorothĂ©e Ă  la tĂ©lĂ©. Et surtout avec l’importation en masse des consoles de jeu japonaises, comme la Megadrive ou la Super Nintendo. »

TrĂšs vite, celui qui est alors adolescent s’éprend de cette culture, et va alors s’y intĂ©resser aux cĂŽtĂ©s d’une bulle d’afcionados particuliĂšrement motivĂ©s. Notamment Ă  une Ă©poque oĂč Internet en Ă©tait encore Ă  ses balbutiements : « On a vĂ©cu une pĂ©riode pionniĂšre durant laquelle on se rendait dans des boutiques et on y dĂ©couvrait des objets sans comprendre ce qui Ă©tait Ă©crit dessus, parce que tout Ă©tait en japonais
 Mais il y avait la fascination de tomber sur quelque chose de nouveau en magasin chaque week-end. » Au point de fnir par vouloir partager ses trouvailles :

« J’ai dĂ©couvert tout ça et j’ai eu envie d’en parler. J’avais la volontĂ© de partager ce nouveau monde, que ce soit dans des scĂ©narios, des sĂ©ries ou des Ă©vĂ©nements. »

Passion Street Fighter

Guillaume Dorison va alors s’impliquer dans des fanzines rĂ©alisĂ©s entre amis, puis mĂȘme lancer un magazine dĂ©diĂ© aux jeux vidĂ©o dans les annĂ©es 2000, GameFan Une pĂ©riode Ă  cheval entre les annĂ©es 90 et le dĂ©but des annĂ©es 2000 oĂč il va aussi se plonger dans sa seconde grande passion : les jeux de combat. À 11 ans, lors d’une session en borne d’arcade, il pose ses mains pour la premiĂšre fois sur le jeu de combat Street Fighter. Sans s’en rendre totalement compte, cet instant va faire ofce de rĂ©vĂ©lation : « La premiĂšre fois que j’y joue, je deviens fou. Je me dis qu’il n’y aura

ENTREZ DANS LA CAGE

du Red Bull Kumite 2025 qui se tiendra Ă  Paris les 5 et 6 avril (jour du main event). Qui dit dixiĂšme Ă©dition dit forcĂ©ment anniversaire : pour son retour Ă  Paris en 2025, le Red Bull Kumite investira la Maison de la MutualitĂ© (Ve) dans une formule Ă  la fois tournĂ©e vers les figures importantes du jeu en compĂ©titif (et des neuf derniĂšres Ă©ditions du Kumite) tout en s’intĂ©ressant Ă  l’avenir. Huit joueurs historiques et multititrĂ©s viendront ainsi affronter huit nouveaux espoirs ou rĂ©fĂ©rences de Street Fighter, pour un choc des gĂ©nĂ©rations. Une rencontre entre le meilleur des joueurs (et la meilleure des joueuses, une premiĂšre pour ce format) Ă  Paris qui sera scĂ©narisĂ©e par Guillaume Dorison, Ă  travers un scĂ©nario qui se dĂ©voilera lors de l’évĂ©nement. Avec aussi des clins d’Ɠil aux Ă©vĂ©nements des neuf derniĂšres annĂ©es. Comme un moyen de boucler la boucle de ces dix annĂ©es. Tickets et infos sur redbull.com

plus que ça dans ma vie. Sans Street Fighter, je n’aurais pas fait ce que je fais aujourd’hui, je pense », dĂ©clare-t-il.

Ce nouveau fan de la saga des personnages Chun-Li ou Ryu va alors se mettre Ă  organiser des tournois de jeux de combat en France durant toutes les annĂ©es 2000, sur son temps libre, que ce soit sur Street Fighter ou d’autres licences, tout en se dĂ©veloppant en parallĂšle en tant que scĂ©nariste pour des mangas ou des bandes dessinĂ©es en France. Une activitĂ© de passionnĂ© qui, aprĂšs dix ans de services rendus Ă  la communautĂ©, va fnir par lui ouvrir de nouvelles portes.

Édition anniversaire

Au milieu de l’annĂ©e 2014, El Chikito, responsable gaming de Red Bull France Ă  l’époque, passe un coup de fl Ă  Dorison. Il lui propose alors ce qui le fait rĂȘver depuis des annĂ©es : organiser un vrai grand tournoi de jeu de combat en France. NommĂ© Red Bull Kumite (du nom du tournoi d’arts martiaux dans le flm Bloodsport avec Jean-Claude Van Damme), l’évĂ©nement va alors voir s’afronter Ă  Paris dans la salle Wagram les meilleurs joueurs du jeu Street Fighter dans une arĂšne, entourĂ©s du public. Avec son expĂ©rience en tant que scĂ©nariste, mais aussi d’organisateur d’évĂ©nement dĂ©diĂ© au jeu, Guillaume Dorison va alors devenir directeur sportif du tournoi, et repenser les codes de ces rassemblements de fans de Street Fighter. DĂšs son lancement Ă  Paris en mars 2015, l’évĂ©nement va ĂȘtre un succĂšs, notamment grĂące Ă  son caractĂšre atypique. TrĂšs inspirĂ© par les Shƍnen, ces mangas initiatiques japonais qui prĂŽnent le dĂ©passement de soi, Dorison va Ă  la fois inviter les meilleurs joueurs au monde, tout en mettant en place un vrai storytelling durant les rencontres. Notamment avec le dĂ©cor (une cage) et des personnages sur scĂšne qui animent les combats. « Quand les joueurs s’afrontent, tout est trĂšs sĂ©rieux. Mais tout ce qu’il se passe entre les moments oĂč ils jouent, on est dans le show. » Une formule Ă  la fois respectueuse du cĂŽtĂ© compĂ©titif du jeu et tournĂ©e vers le divertissement qui va permettre Ă  l’évĂ©nement de durer, en s’exportant Ă  travers le monde chaque annĂ©e. Avant de retourner, dix ans aprĂšs, sur la terre de ses dĂ©buts en France, avec ce Red Bull Kumite 2025 annoncĂ© Ă  Paris en avril. Comme un symbole pour Guillaume Dorison : « C’est une Ă©dition anniversaire et je l’espĂšre, la forme fnale de l’évĂ©nement qu’on avait conçu en 2015. On va cĂ©lĂ©brer ça en tout cas. C’est hyper important de faire quelque chose pour marquer le coup. » Et fĂȘter aussi, pour lui, plusieurs dĂ©cennies au service des jeux de bagarre.

« La premiĂšre fois que je joue Ă  Street Fighter, je deviens fou. »
Guillaume Dorison, directeur sportif du Red Bull Kumite

PrĂ©mices d’une LOVESTORY

Theodora, « cadeau de dieu » en grec, a marquĂ© l’automne avec son tube sensuel et dĂ©calĂ© KONGOLESE SOUS BBL.

Pour The Red Bulletin, elle revient sur son parcours et ses identités artistiques.

Alors que certaines des dates de sa tournĂ©e affichent complet depuis des mois, Lili-Theodora – dans le civil – sera Ă  l’affiche de nombreux festivals en 2025. Bien plus qu’une tendance sur les rĂ©seaux, elle dĂ©voile une réédition prĂ©parĂ©e Ă  Londres de BAD BOY LOVESTORY. Le temps d’un Ă©change, Theodora nous parle de ses identitĂ©s cosmopolites et anticonformistes, de sororitĂ©, de sebene et de rĂ©bellion.

the red bulletin : Si on dit de vous que vous ĂȘtes l’une des alt black hotties du moment, vous dites
 ?

theodora : On commence Ă  avoir des reprĂ©sentations noires, et loin des clichĂ©s ce qui est encore plus cool. Il y en a dĂ©jĂ  dans le monde, mais pas assez Ă  mon goĂ»t et ça me fait grave plaisir Ă  ma petite Ă©chelle d’y contribuer. Quand je poste le premier extrait de KONGOLESE SOUS BBL sur les RS, sans y penser plus que ça, on m’a dit : « Wow, on aura tout vu : une Congolaise gothique qui pose sur du bouyon », et je trouve ça trop cool !

On aime bien fixer des standards pour les Noir·e·s qui seraient autorisé·e·s Ă  faire certaines choses et pas d’autres. On entend dire : « Les Noir·es n’écoutent pas ou ne font pas d’électro ! », alors que les Noir·e·s mĂȘme ont créé ces musiques !

Est-ce que la sororitĂ© est importante pour vous et dans votre parcours ? Oui, mĂȘme si elle est difficile Ă  instaurer dans cette industrie, qui est tellement antifilles, ultra compĂ©titive et nous insĂ©curise vraiment. Le game est fait de telle maniĂšre qu’on nous fait comprendre qu’il n’y a pas assez de place pour toutes alors qu’on est nombreuses Ă  avoir du talent. La concur-

rence pour moi, ce n’est pas problĂ©matique, ça n’empĂȘche pas de s’apprĂ©cier et de se frĂ©quenter. La vĂ©ritable sororitĂ©, ce n’est pas seulement de faire des shoutouts en privĂ© ou une fois que ça marche, alors qu’avant, on ne prenait mĂȘme pas le temps de m’envoyer un message pour discuter ou bosser ensemble.

D’ailleurs, vous avez un feat avec une artiste caribĂ©enne. On sent une sacrĂ©e alchimie entre vous
 J’étais super contente d’inviter Jahlys sur mon album (sur le titre shatta BIG BOSS LADY, ndlr). Un jour, elle s’est mise Ă  me suivre, alors je l’ai follow back direct, mais j’écoutais dĂ©jĂ  ce qu’elle faisait depuis un moment. Au niveau de la voix
 C’est une dinguerie ! Je n’avais pas captĂ© Ă  quel point on avait la mĂȘme tonalitĂ©.

D’oĂč vient votre musicalitĂ© si Ă©clectique ? Je suis un vrai Ă©lectron libre, je bosse avec des gens un peu fous. Ma musique est alternative dans le sens oĂč elle brasse des influences qui n’ont pas Ă©tĂ© mĂ©langĂ©es jusqu’ici. Et avec le temps, je me suis « dĂ©lissĂ©e ». Quand j’ai sorti Neptune en 2021, mon premier projet bossĂ© avec mon frĂšre Jeez Suave, il y avait dĂ©jĂ  beaucoup de mĂ©langes. J’avais besoin de travailler mon jitsu dans tous les genres que j’écoute. J’ai toujours aimĂ© ces musicalitĂ©s-lĂ  : Ă©lectro, rap, Ă©videmment mais aussi afrocaribĂ©ennes, afro fusion, j’ai d’ailleurs fait le morceau shatta avec Jahlys avant de faire KONGOLESE SOUS BBL. Et pour ce son, c’est parce que je suis un peu folle que je me suis dit ça pouvait le faire car le bouyon a un BPM similaire Ă  celui de l’électro. Il y a du zouk, pour le son love #IL, du rap un peu Ă  la Timbaland avec le morceau 243 km/h
 Ma musique s’écoute lĂ  oĂč je traĂźne. Donc un peu partout.

Vous explorez beaucoup de musiques dans votre album, notamment actuelles et africaines comme l’afrobeats dans BAD BOY LOVESTORY ou l’amapiàno dans FASHION DESIGNA, mais pas du Congo : vous arrivez à l’expliquer ?

Je voulais faire un sebene (partie instrumentale Ă  la guitare emblĂ©matique de la musique congolaise, ndlr) avec des musiciens que je connais. Mais c’était compliquĂ© car la musique congolaise ne s’est pas digitalisĂ©e. On aurait pu en faire avec Jeez, mais je ne voulais pas qu’il soit mid.

D’oĂč viennent vos alias Africky, Freaky Nasty Gal ? Et quelle est la diffĂ©rence avec celui de Boss Lady ?

Du rap dont c’est l’un des codes. Ça a commencĂ© au moment de BOSS LADY L’Africky est une dĂ©clinaison afro de la Freaky Nasty Gal. J’ai une armure de boss lady, de femme forte, et en mĂȘme temps je la casse aussi en disant plein d’autres choses qui sont anti « bossladyesques ».

J’ai envie de parler d’argent, de bijoux, car ce sont des choses que j’aime beaucoup dans la vraie vie, mais parallĂšlement, j’ai envie que les gens sachent que plus jeune, je n’osais pas sortir car j’étais trop pauvre, comme je le dis dans FNG

Pourquoi avez-vous choisi la forme du cabaret, pour prĂ©senter BBL sur scĂšne ? Le cabaret, c’est la meilleure maniĂšre de ramener plein de cultures et ça permet de raconter ma sensualitĂ©. Et puis, par rapport au stripclub, c’est moins sexuel. Ce projet aurait pu aussi s’appeler TwentyOne. Il raconte simplement la vie d’une vingtenaire qui aime les bad boys, sortir, boire, qui fait un peu des petites bĂȘtises. Il y a plein de femmes comme moi. Je voulais nous faire exister avec un son.

D’oĂč vient cette confiance en vous et cette maniĂšre d’aborder votre art de maniĂšre dĂ©complexĂ©e ?

Les gens ne m’aimaient pas. À un moment, j’ai dĂ» ĂȘtre rebelle avec le monde entier. Du coup, je trace ma route, et je me fiche du regard des autres.

Focus Concerts: 07.03 à Lyon, 08.03 à Marseille, 26.03 à Nantes, 10.04 à Toulouse, 11.04 à Bordeaux, 29.04 à Lille. Écoutez BAD BOY LOVESTORY. Maison Neptune X NBFD/Virgin.

L’honnĂȘte homme

Dans l’univers du triathlon longue distance, ou Ironman, existe un athlĂšte qui donne envie. Sam Laidlow  , 25 ans, prĂŽne une approche new school de sa discipline et sait trouver de la motivation dans la dĂ©faite. Rencontre avec un mec aussi cool qu’endurant.

Photos Ian and Erick

TRIATHLON

Un natif d’Angleterre Ă©levĂ© en France qui court en Australie. L’athlĂšte Red Bull trace sa route devant l’objectif de Ian and Erick.

Un modĂšle unique, ce Sam Laidlow. NĂ© en Angleterre et Ă©levĂ© en France depuis ses trois ans par des parents impliquĂ©s dans le triathlon, il est aujourd’hui un symbole moderne des Ă©preuves longue distance, aka Ironman. Loin des stĂ©rĂ©otypes d’athlĂštes mĂ©caniques et froids encore associĂ©s Ă  la discipline, Laidlow est un mec accessible, souriant et convivial.

FidĂšle Ă  ses convictions et prĂȘt Ă  prendre des dĂ©cisions qu’il fut parfois le seul Ă  comprendre, il connaĂźtra une victoire retentissante Ă  Nice en 2023 en devenant le plus jeune Champion du monde en Ironman (une affaire bouclĂ©e en 8 h 6 min 22 sec), consolidant sa rĂ©putation dans le monde du triathlon.

Cependant, sa carriĂšre sera Ă©galement jalonnĂ©e de dĂ©fis. En 2024, il subit une dĂ©faite terrible lors de l’Ironman World Championship Ă  HawaĂŻ. MalgrĂ© un dĂ©part prometteur et des attentes Ă©levĂ©es, dans le dur cĂŽtĂ© course, il termine loin des premiĂšres places ; une dĂ©ception qui teste sa rĂ©silience et sa dĂ©termination. Cette expĂ©rience Ă  HawaĂŻ, bien que douloureuse, renforce son engagement et son dĂ©sir de s’amĂ©liorer. Soutenu par sa famille, il continue Ă  s’entraĂźner avec acharnement, visant toujours un titre mondial, quelque chose de « gros ».

Ici, vous dĂ©couvrirez les chemins pris par Sam, serez probablement surpris·e par sa vision d’une dĂ©faite plus apprĂ©ciable qu’une victoire (sur le long terme) et vous prendrez de sympathie pour le mindset d’un athlĂšte honnĂȘte, Ă  l’image de ce sport qui l’agite depuis l’enfance.

Notre entretien débute et Sam se souvient...

« DĂ©jĂ , Ă  7 ans, je regardais les Ironman Ă  la tĂ©lĂ©, j’étais un peu le seul Ă  la maison, ça commençait le soir et ça durait une partie de la nuit
 J’étais le seul Ă  rester Ă©veillĂ© et j’adorais ce cĂŽtĂ© last man standing. »

« Au-delĂ  de mes performances, mon plus gros objectif, ça a toujours Ă©tĂ© de faire grandir mon sport. »

the red bulletin : Qu’est-ce qui vous plaisait ?

sam laidlow : Cet aspect robustesse, endurance
 Pour moi, c’était un sport honnĂȘte. Je me disais que ça n’était pas qu’une question de talent, et comme je n’étais pas un gosse trĂšs talentueux, je pensais qu’avec beaucoup de travail, ça pouvait marcher. J’avais ce truc en tĂȘte, mais je n’envisageais pas les Ă©tapes pour y arriver.

Mais vous avez dĂ» les apprĂ©hender, si vous en ĂȘtes lĂ  aujourd’hui ?

Quand j’ai eu 13 ans, j’ai fait des sĂ©lections pour intĂ©grer un sport-Ă©tude dotĂ© d’une section triathlon. Il n’y avait pas des masses d’entraĂźnement, peut-ĂȘtre dix heures par semaine. L’étape du dessus, c’était d’intĂ©grer le PĂŽle France, ce que j’ai fait Ă  16 ans, Ă  Montpellier. GĂ©nĂ©ralement, les athlĂštes faisaient du triathlon sur distance olympique (1 500 m de natation, 40 km Ă  vĂ©lo, et 10 km de course Ă  pied, contre 3,8, 180 et 42,195 sur un Ironman, ndlr) de leur 15 Ă  30 ans environ. Une fois leur carriĂšre « courte distance » achevĂ©e, ces athlĂštes passaient Ă  l’Ironman. De mon cĂŽtĂ©, je ne prenais pas un max de plaisir sur le triathlon, mais je n’étais pas nul non plus. Mais Ă  18 ans, j’ai dĂ©cidĂ© de quitter ce PĂŽle France, mes Ă©tudes et tout


Pour faire quoi ?

J’étais parti de chez moi Ă  13 ans, je ne savais pas trop, je me demandais juste quelle serait la prochaine destination. Je ne pensais pas du tout Ă  rentrer chez mes parents et donc je suis allĂ© Ă  GĂ©rone, en Espagne, pendant cinq mois parce que je savais qu’il y a pas mal de cyclistes lĂ -bas. J’ai alors signĂ© avec un club de natation, je roulais avec des cyclistes, je courais. Je venais de quitter ce qui Ă©tait un peu la meilleure infrastructure Ă  l’échelle française, et pas mal de gens se disaient : « Mais enfin, ce mec, il a pris la pire dĂ©cision de sa vie
 Il a quittĂ© le PĂŽle France, ses Ă©tudes ! »

Est-ce que ça en valait le coup ?

Au bout de cinq mois, je n’avais plus d’argent. Je suis donc retournĂ© chez mes parents et j’ai demandĂ© Ă  mon pĂšre de m’entraĂźner. J’étais revenu sur mon rĂȘve de base, qui Ă©tait de gagner les championnats du monde d’Ironman. Je suis allĂ© direct sur ma premiĂšre distance Ironman Ă  18 ans.

Sam dans la Valley Pool de Brisbane, piscine municipale oĂč il aime nager quand il est en Australie.

Sa discipline favorite dans l’Ironman : le bike. Laidlow tout en profil, shootĂ© depuis un vĂ©hicule en mouvement.

« On est parmi les athlĂštes les plus entraĂźnĂ©s et les plus fit du game, mais personne dans la rue ne s’en douterait. »

Dans les temps : Sam est ambassadeur du Triathlon Squad des montres Breitling.

Et alors, ça a marché ?

Cette Ă©preuve n’avait pas le label Ironman, et pas un niveau de fou, mais j’ai gagnĂ© avec 30 minutes d’avance. C’est lĂ  que j’ai su que j’avais vraiment un talent pour les efforts longs. Je n’étais pas le plus rapide, mais je pouvais batailler trĂšs longtemps.

Cette affaire vous a menĂ© Ă  un titre de Champion du monde l’an dernier !

Oui, ça fait alors sept ans que mon pĂšre m’entraĂźne. Quand j’étais petit, il y avait plein de petits trucs comme ça qu’on lançait avec mes parents, pour plaisanter : « Le premier Ironman que tu gagneras, tu seras Champion du monde ! » C’est fou, parce que je n’ai jamais remportĂ© un Ironman avant mon titre de Champion du monde.

C’est-Ă -dire qu’un peu de dĂ©rision dans l’approche peut aider la performance ?

Ces trucs en l’air, ces jokes en famille, mais qu’on garde finalement en tĂȘte, ça peut arriver.

Follow the leaders 2 talents inspirants mais totalement différents que Sam suit sur Instagram.

Tyler, The Creator, rappeur et directeur artistique (USA) @feliciathegoat « Le mot qui le dĂ©finit le mieux, c’est “unique”. Il est vraiment unique dans l’industrie de la musique, et c’est ce que j’aimerais atteindre dans mon univers. Il se fout complĂštement de de ce que les gens pensent de lui, il suit son truc jusqu’au bout. On a failli collaborer autour d’un vĂ©lo de mon sponsor, Canyon, pour une peinture customisĂ©e
 On avait potentiellement une vĂ©ritable opportunitĂ© de travailler ensemble. Ça n’a finalement pas abouti, mais c’est un gars qui adore le vĂ©lo et auquel Canyon offre du matos. »

Lilou Ruel, double championne du monde de freeruning (FR) @lilouruel « C’est incroyable ce qu’elle fait, parce qu’elle parvient vraiment Ă  grandir dans sa discipline et Ă  la faire Ă©voluer. Elle a un esprit hyper crĂ©atif et pense Ă  des choses auxquelles personne n’aurait pensĂ©. L’autre jour, elle a postĂ© des stories de freerun en talon. J’adore ce genre de personnes qui se rĂ©veillent un matin en se disant : “Je vais faire ça”, et qui le font ! Je l’ai rencontrĂ©e en mai dernier Ă  Toulouse, lors de la course caritative soutenant la recherche sur les lĂ©sions de la moelle Ă©piniĂšre, le Wings for Life World Run. Je suis un grand fan de Lilou, oui ! »

On se doute qu’il y avait une certaine conviction derriĂšre ces blagues, tout de mĂȘme


Peut-ĂȘtre que oui... Je n’ai jamais craint d’exprimer mes objectifs, et je pense que beaucoup de gens n’osent pas. MĂȘme si tu prends un mec qui travaille dans un resto et dont le rĂȘve c’est d’avoir une Ă©norme chaĂźne de restaurants lui-mĂȘme, il ne va peut-ĂȘtre jamais le dire, l’exprimer. Une fois que tu l’as fait, tu es dans une situation oĂč tu te dis : « Merde, faut que j’assume ! » C’est un truc que je recommande Ă  tout le monde et que j’ai appris Ă  travers ma carriĂšre.

Il y avait un environnement familial propice au sport chez les Laidlow ?

Mes parents avaient chacun leur mĂ©tier en Angleterre, mon pĂšre Ă©tait un ancien nageur professionnel et mes parents voulaient changer de vie complĂštement, que leurs enfants grandissent dans un bon environnement. Le style de vie qu’ils avaient en Angleterre, ça n’était pas trop ce qu’ils recherchaient. Ils sont venus s’installer en France quand j’avais 3 ans, et ils ont organisĂ© des stages de triathlon. Mon pĂšre Ă©tait coach et ma mĂšre s’occupait du gĂźte. Ça m’a permis de rencontrer des gens de partout dans le monde, de diffĂ©rents types de cultures, tout ça trĂšs trĂšs jeune, de mes 3 Ă  mes 13 ans. Et ça n’a pas de prix. C’était vraiment une entreprise familiale : on prenait nos repas avec les guests, on s’entraĂźnait avec eux. Du coup, moi qui suivais une scolaritĂ© normale, je n’avais qu’une envie, c’était de m’entraĂźner avec ces gens qui Ă©taient Ă  la maison tout le temps, et d’aller faire du vĂ©lo.

Il y a quelques dĂ©cennies, voire quelques annĂ©es seulement, quand on entendait parler de triathlon ou d’Ironman sans approcher ce milieu, on s’imaginait des Terminator, des machines. Pour beaucoup, croiser un mec qui disait : « Je fais du triathlon », c’était de la science-fiction
 Qu’est-ce qui s’est passĂ© pour qu’on en arrive Ă  des athlĂštes comme vous, accessible et souriant, avec une bonne vibe ? Comment avez-vous vu cela Ă©voluer de l’intĂ©rieur ?

J’ai grandi en Ă©tant au contact de ce sport parce que j’étais toujours entourĂ© de triathlĂštes dans le cadre familial. Mais je prenais du recul, et je savais que le triathlon pouvait ĂȘtre trĂšs ennuyant et que personne n’allait le regarder. Et j’ai voulu amener quelque chose de nouveau. Un peu plus de dĂ©tente, de la fraĂźcheur, un certain style Ă  ce sport
 Le sport

« Mon rĂȘve c’est d’avoir une grande maison oĂč l’on peut faire du sport entre amis et de gros barbecues. »
« S’il y a des risques Ă  prendre mais que la destination est folle, je les prendrai. »

d’endurance, en gĂ©nĂ©ral, oui, ça peut ĂȘtre ennuyeux. Personne ne va s’asseoir devant la tĂ©lĂ© pendant huit heures pour regarder un mec pĂ©daler. Il faut autre chose, des personnages, du caractĂšre.

Vous vous inspiriez de qui ?

Il fut un temps oĂč mon idole, et pas que la mienne, Ă©tait Jan Frodeno, qui est un peu le GOAT du triathlon longue distance (il est le premier homme Ă  avoir remportĂ© Ă  la fois les Jeux olympiques de PĂ©kin en 2008 et le championnat du monde d’Ironman Ă  HawaĂŻ, ndlr). Mais j’ai mis longtemps Ă  comprendre qu’en fait, il ne fallait pas que je me focus trop sur lui, parce qu’il est allemand, robotique, carrĂ©... J’ai mis du temps Ă  comprendre que ce n’était pas mon chemin.

Quel était-il ?

Je voulais montrer que je suis aussi humain, qu’il y a des jours oĂč je suis vraiment exceptionnel et des jours oĂč je suis terrible, mais que j’apprends de ces situations pour me relever au final.

Plus accessible ?

À droite, Sam trace sa route au bord du Kedron Brook, riviùre qui traverse Brisbane.

Ouais
 Je trouvais que dans le triathlon, tout le monde avait cette image trĂšs polie, trĂšs carrĂ©e, pas trĂšs excitante. Je suis en Australie en ce moment et hier soir, j’ai assistĂ© Ă  un match de foot fĂ©minin. Il y avait un vĂ©ritable show, avec des flammes, des trucs comme ça
 Comment c’est possible ? Comment rendre ce sport plus excitant ? C’est compliquĂ©.

On sent que ça vous tient à cƓur.

Je suis un vrai amoureux de ce sport. Et au-delà de mes performances, mon plus gros objectif, ça a

toujours Ă©tĂ© de faire grandir ma discipline, mĂȘme si c’est un tout petit peu. Je n’ai que 25 ans, donc ça va prendre du temps


Ça pourrait passer par quoi ?

Il faudrait croiser le triathlon avec d’autres sports. Mon partenariat avec Red Bull en est l’exemple, j’ai notamment choisi de m’associer Ă  la marque car je savais que cela m’ouvrirait des portes. Les gens qui suivent Red Bull aujourd’hui, comme quand j’étais gamin alors que je voyais du DH ou du skate, ils se disent : « C’est qui ces mecs ?! » ? Et j’espĂšre qu’il y a un gamin qui, en regardant les championnats du monde Ă  HawaĂŻ, voit mon casque et se dit la mĂȘme chose.

MĂȘme si vous voulez l’emmener ailleurs, on sent que vous vouez un respect absolu Ă  votre discipline. Qu’est-ce que vous aimez vraiment dans la longue distance ?

J’ai dĂ©jĂ  utilisĂ© le terme au dĂ©but de notre conversation, mais c’est un sport trĂšs honnĂȘte et trĂšs complet, et pas seulement physiquement. On passe tellement de temps Ă  faire des recherches sur l’aĂ©rodynamisme ou la nutrition, sur chaque petit aspect. Un Champion du monde d’Ironman, c’est un mec trĂšs complet. Il y a quelque chose qui me vient Ă  l’esprit du coup...

Quoi donc ?

J’étais Ă  DubaĂŻ il y a deux semaines et je suis allĂ© dans une Ă©norme salle de fitness. La plupart des gars qui Ă©taient lĂ  y Ă©taient pour se montrer. Et nous, c’est tout l’inverse. Je trouve qu’on est sĂ»rement parmi les athlĂštes les plus entraĂźnĂ©s et les plus fit du game, mais personne dans la rue ne s’en douterait. On fait ça vraiment pour nous, tu vois ? Pas pour se montrer.

C’est assez cool à entendre de la part d’un Champion du monde


C’est un sport trĂšs humble. On est seul contre soimĂȘme. Dans ta course, tu as un mec 4 minutes derriĂšre et un autre 3 minutes devant. Tu es vraiment seul, face Ă  ton corps. C’est ça que j’aime. On fait ça pour repousser nos propres limites, pour rien d’autre.

Rien Ă  voir avec DubaĂŻ, mais vous avez votre propre salle d’entraĂźnement maison, chez vos parents, dans les PyrĂ©nĂ©es orientales. Oui, en fait j’ai mon chez moi Ă  100 mĂštres de chez mes parents, et on s’entraĂźne dans leur garage. Le spot a pris feu, d’ailleurs.

Que s’est-il passĂ© ?

On avait un compresseur d’air pour gonfler les pneus et il a court-circuitĂ© et ça a pris feu. On est en train de finaliser sa reconstruction.

C’est un plus d’avoir une salle à 100 mùtres de chez soi ?

Dans ma discipline, c’est assez commun. Dans le jargon, on appelle ça une pain cave, une cave pour souffrir. (rires) J’aime bien notre pain cave, qui, contrairement Ă  d’autres, n’est pas toute clean et minimaliste, mais plutĂŽt un garage, avec ce cĂŽtĂ© Rocky qu’on aime bien. Mais on a tout le matos qui convient, ceci dit.

Ses records

Ironman World Championship

Nice 2023

1er Français Champion du monde Ironman et plus jeune Champion du monde Ironman à l’ñge de 24 ans.

Ironman World Championship Hawaii 2022

Second meilleur temps de l’histoire ; meilleur temps vĂ©lo en 4 h 4 min 36 sec ; meilleur temps pour un triathlĂšte français.

Ironman de Lakesman 2019

Meilleur temps sur distance Ironman jamais enregistré au Royaume-Uni.

Résultats majeurs

1er au Challenge London (2023), en 3 h 29 min 31 sec

2e à l’Ironman World Championship Hawaii (2022)

2e à l’Ironman UK (2021)

1er du Triathlon de la Montagne Noire (France 2020)

1er au Lakesman Triathlon (2019)

« Pour la premiĂšre fois de ma vie, je me levais le matin sans savoir oĂč je voulais aller. »

Vous y ĂȘtes souvent ?

GĂ©nĂ©ralement j’y suis avec mon partenaire d’entraĂźnement, et l’hiver, on peut y passer 5 ou 6 heures par jour. Il y a un cĂŽtĂ© un peu rustique, cool, un peu comme les salles de boxe. AprĂšs, pour le long terme, j’ai achetĂ© un ancien domaine viticole que j’ai vraiment envie de dĂ©velopper en y crĂ©ant mon environnement idĂ©al. Piste d’athlĂ©, piscine, tout ce qu’il faut. Peut-ĂȘtre que quand tout cela se rĂ©alisera, je serai trop vieux pour faire du sport, mais on verra. (rires)

Mon rĂȘve c’est d’avoir une grande maison oĂč l’on peut faire du sport entre amis et de gros barbecues. Inviter des amis et partager. C’est important d’avoir un Ă©quilibre, boire des coups avec ses potes, faire du sport. On partage ces mĂȘmes valeurs.

Qui sont les gens qui vous entourent ?

On me demande souvent quel est mon plus gros atout : vĂ©lo, position, aĂ©rodynamisme ? Je dis toujours que c’est ma capacitĂ© Ă  Ă  motiver des gens autour de moi pour un mĂȘme objectif, et que je prends du plaisir Ă  faire ça. Pour me dĂ©marquer, pour arriver Ă  ĂȘtre le meilleur, je savais qu’il fallait m’entourer de personnes qui croyaient en moi. Au dĂ©but, ça a donc Ă©tĂ© mes parents, et petit Ă  petit, de plus en plus de gens ont cru en moi. L’équipe s’est un peu agrandie
 Je dirais que la premiĂšre personne qui m’a aidĂ©, c’était

un mĂ©decin qui s’appelle Marty. En fait, quand je suis parti du PĂŽle France, j’étais surentraĂźnĂ©.

C’est-à-dire ?

On m’a fait une prise de sang banale qui a rĂ©vĂ©lĂ© que j’étais KO. J’ai mis six mois Ă  m’en remettre. Et ensuite, on a dĂ©couvert que j’avais des problĂšmes de bide et Marty m’a aidĂ©. Quand j’ai gagnĂ© Ă  Nice, il n’y avait que mon pĂšre, moi et mon partenaire, Arthur ; la vie Ă©tait trĂšs simple.

Vous avez souhaité plus vous structurer aprÚs ce titre à Nice ?

Oui, et j’ai organisĂ© une espĂšce de team building dans un hĂŽtel 5 Ă©toiles en Italie. Je voulais avoir un expert dans chaque domaine et qu’on se dirige ensemble vers un objectif commun. Mais au final, je pense que j’ai over compliquĂ© la chose. Du coup, en cette fin d’annĂ©e, avant HawaĂŻ, on a rĂ©duit l’équipe Ă  nouveau. Et pour l’an prochain et les annĂ©es Ă  venir, j’ai envie de garder la plus petite Ă©quipe possible.

Vous avez un tatouage dans le dos, un bateau sur les flots : A smooth sea never made a skilled sailor. Quelle est l’ambiance Ă  bord du Sam Laidlow ? S’il y a des risques Ă  prendre mais que la destination est folle, je les prendrai. Les orages, les tempĂȘtes
 c’est avec cela que je grandis. Plus je prends de risques, plus je grandis vite en quelque sorte.

Vous avez Ă©tĂ© dans une sacrĂ©e tempĂȘte aprĂšs HawaĂŻ, et quelques jours plus tard, vous postez une photo, tout sourire, sur Instagram... Quand j’ai gagnĂ© le championnat du monde l’an dernier, j’ai vraiment vĂ©cu trois mois horribles. Ça peut paraĂźtre bizarre, mais j’ai beaucoup mieux vĂ©cu les trois mois aprĂšs un mauvais rĂ©sultat aux championnats du monde que les trois mois aprĂšs mon titre.

Comment cela ? Ça paraüt impensable


Parce que pour la premiĂšre fois de ma vie, je me levais le matin sans savoir oĂč je voulais aller. J’ai rĂ©alisĂ© que plus je me fixais un objectif de fou, plus j’allais ĂȘtre heureux parce que je n’allais jamais y arriver. (rires) Si j’y parviens, c’est top, mais un accomplissement, au final, il passe et tu lui dis ciao ! AprĂšs HawaĂŻ en 2024, j’ai trouvĂ© du positif dans ma dĂ©ception, en me disant que je pouvais me lever pendant 365 jours et encore aller chercher ce rĂȘve qui est de gagner un autre championnat du monde. Le journey (voyage en anglais, ndlr), c’est vraiment ça le plus cool
 MĂȘme si je sais que ça peut sembler hyper clichĂ©, c’est vrai : se lever le matin en ayant un but majeur devant soi, ça a vraiment de la valeur.

Comme l’euphorie de la victoire Ă  venir en tĂȘte ?

C’est vrai, cette victoire Ă  Nice fut un moment de plĂ©nitude extrĂȘme. Il y avait plein d’amis et ma famille, et je ne m’y attendais tellement pas. Trois semaines auparavant, j’avais le COVID, et j’avais fait une saison assez merdique... Je n’y croyais plus vraiment. VoilĂ  quelque chose que j’ai appris : on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Ça, c’est assez fou.

IG : @samlaidlow

Oklou ici porte un top de Prototypes.

MUSIQUE D’ENFANTS POUR ADULTES

Avec son premier album choke enough, la chanteuse, productrice et compositrice française Oklou livre une Ɠuvre Ă  la croisĂ©e de la quĂȘte personnelle et de l’exploration musicale. Entre l’écho d’un passĂ© digital abondant et un retour Ă  l’essence mĂȘme de la crĂ©ation, l’artiste s’interroge sur les notions d’émerveillement et de mĂ©lancolie, dans un rĂ©cit sonore oĂč chaque note est une question.

Texte Marie-Maxime Dricot
Photographe Remi Besse
Stylisme Pierre Demones
Coiffure et maquillage Kevyn Charo

Do you remember Internet? Au dĂ©but des annĂ©es 2010, la musicienne et productrice Oklou, nĂ©e en 1993, n’a pas encore de rĂ©pertoire vĂ©ritablement dĂ©fini, et en est encore Ă  chercher le son qui la caractĂ©risera. En parallĂšle, elle apprend Ă  ĂȘtre DJ, s’appuyant sur la plus grande source d’informations en tout genre de l’ùre moderne : Internet. Pour les jeunes artistes, qui, comme elle, ne disposent que d’une chambre, d’un ordinateur et d’un clavier, Internet reprĂ©sente Ă  l’époque un lieu de dĂ©couvertes, de libertĂ© et de possibilitĂ©s infinies. C’est d’ailleurs via le web (avec une adresse IP localisĂ©e dans l’Ouest de la France) que Marylou Mayniel, de son vrai nom, fait ses dĂ©buts, avant de tourner aux cĂŽtĂ©s de Caroline Polacheck et Oneohtrix Point Never. Et c’est seule chez elle qu’elle explore les mĂ©andres du web et se connecte Ă  d’autres utilisateur·rice·s, via YouTube et SoundCloud, avant de venir s’installer Ă  Paris. Peu de temps aprĂšs, en 2014, Oklou sort son premier EP, Avril, inspirĂ© par l’art post-Internet qui ne laissa pas le monde de la musique indiffĂ©rent. Six ans plus tard, elle explose avec sa mixtape Galore, un premier LP acclamĂ© par la critique. VĂ©ritable fantaisie romantique, ce projet musical traduit une expĂ©rience utopique et onirique devenue universelle, Ă  laquelle tous et toutes peuvent se raccrocher sans vraiment savoir si les morceaux nous rendent tristes ou heureux·ses. La seule chose qui compte, c’est que sa pop Ă©lectronique, qui trouve son Ă©nergie dans les profondeurs d’Internet, s’inscrivant ainsi dans l’esprit du temps, fait du bien.

Au revoir digital world

Seulement, Ă  l’approche de la sortie de son premier album, choke enough, la productrice, toujours aussi fascinĂ©e par l’ambivalence de la mĂ©lancolie qu’elle injecte dans ses compositions, nous confie que la rĂ©alisation de l’album n’a pas Ă©tĂ© Ă©vidente. Elle Ă©crit mĂȘme sur son compte Instagram le 4 septembre 2024 : « Je n’ai rien postĂ© pendant un moment parce que j’avais l’impression de ne pas rĂ©pondre Ă  vos attentes en ce qui concerne mon travail qui consiste Ă  produire de la musique. » Pour Oklou, il s’agissait avant tout d’une blague pour mettre en scĂšne son retour. Mais l’artiste confesse qu’en mĂȘme temps, ce n’est pas le cas, car elle constate son Ă©loignement des plateformes et d’Internet ces derniĂšres annĂ©es. Choses qui l’avaient nourrie jusque-lĂ . « C’est dĂ» Ă  mon Ă©volution. Depuis que les rĂ©seaux sociaux existent, j’ai toujours Ă©tĂ© trĂšs connectĂ©e. J’ai toujours adorĂ© pouvoir contacter des gens, pouvoir partager,

En digne milléniale, Oklou, ici habillée en A.A. Spectrum, aime jouer avec les codes de la mise en scÚne.

pouvoir m’exprimer. Mais aujourd’hui, j’éprouve un dĂ©sintĂ©rĂȘt liĂ© au fait que ce qui m’a toujours nourrie a disparu dans mon algorithme. Je n’y trouve plus d’émerveillement, je ne suis plus interloquĂ©e par des contenus, ni transportĂ©e par des artistes. » Internet, le vivier d’idĂ©es, serait devenu stĂ©rile
 Ce constat d’appauvrissement numĂ©rique marque un tournant dans la dĂ©marche artistique d’Oklou, la poussant Ă  chercher ailleurs ce qui avait toujours alimentĂ© sa production musicale. Sans perdre de vue cette quĂȘte d’émerveillement et d’innocence, elle a choisi de se confronter Ă  ce vide, pour en faire la matiĂšre premiĂšre de choke enough.

« Ce vide d’émerveillement post Galore est un des questionnements de l’album, qui correspond Ă  la pĂ©riode oĂč je m’éloigne d’Internet. C’est inĂ©dit pour moi. » DĂ©sormais, l’artiste recherche les vibrations de la vie autrement puisqu’elle provoque des imaginaires par force et nĂ©cessitĂ© en convoquant d’autres mĂ©diums comme la littĂ©rature. « Quand tu as fait partie d’un environnement tellement riche, ce n’est pas dĂ©vident, donc je me suis remise Ă  lire des livres. »

Parmi ses lectures, on trouve le cĂ©lĂšbre poĂšme basque Txoria Txori, Ă©crit par Joxean Artze. Il conte l’histoire d’un oiseau, dont les ailes coupĂ©es (symbolique phare du texte) interrogent les concepts de libertĂ© et d’appartenance, et « de ce qu’on peut rechercher dans une relation lorsqu’on tombe amoureux », ajoute Oklou. C’est de ce poĂšme que la chanteuse s’inspire pour Ă©crire blade bird, le seul morceau de l’album qui traite d’amour. Un titre qu’elle avait pensĂ© « plus Ă©nervĂ© », mais qui a finalement Ă©voluĂ© vers une forme musicale douce proche de la pop-indie, se diffĂ©renciant ainsi du reste de la tracklist, tant par sa structure que sa mĂ©lodie et son sujet.

La quĂȘte

ThĂšmes intrinsĂšques Ă  l’album, la mĂ©lancolie et l’émerveillement sont trĂšs identifiĂ©s dans les morceaux thank you for recording, obvious et forces, grĂące Ă  la maniĂšre dont les mĂ©lodies et les harmonies convoquent nos sens et rĂ©veillent notre goĂ»t du risque. On se retrouve soudainement au cƓur d’un jeu d’aventure ou d’un comfort game, qui met en lumiĂšre l’exploration et les rĂ©solutions d’énigmes comme dans The Legend of Zelda ou Animal Crossing. « Travailler autour de thĂšmes qui Ă©voquent ces univers du gaming, c’est ce que je prĂ©fĂšre au monde. Et j’utilise la flĂ»te, il n’y a pas plus jeux vidĂ©o que ça. Ce que j’aime pardessus tout, c’est Ă©crire ces mĂ©lodies qu’on pourrait entendre dans une Game Boy », nous explique la

« Ce vide d’émerveillement post Galore est un des questionnements de l’album, qui correspond Ă  la pĂ©riode oĂč je m’éloigne d’Internet. »

« Travailler autour des thĂšmes qui Ă©voquent les univers du gaming, c’est ce que je prĂ©fĂšre. Et j’utilise la flĂ»te, il n’y a pas mieux comme ambiance de jeux vidĂ©o. »

pose devant l’objectif

Un shooting The

pour célébrer

Elle porte un top de Joanna Parv, un jogging Y-3 et des mules Prototypes.

Oklou
de Remi Besse au Scald Record studio.
Red Bulletin
la sortie de son album.

productrice qui souhaite que ces thĂšmes avec synthĂ©s et flĂ»tes fassent partie de vraies chansons. « J’ai envie de les amener vers une structure et un ressenti de chansons pop. Je ne sais pas si j’imagine des univers quand j’écris et quand je joue mes morceaux, mais je puise trĂšs certainement des Ă©nergies dans les personnages comme Gurki du Chaudron Magique ou Edgar dans Le Voyage d’Edgar dans la forĂȘt magique. C’est trĂšs inconscient tout ça. »

Les trois morceaux citĂ©s plus haut font naturellement le lien avec le genre musical hyperpop dont Oklou maĂźtrise tous les codes, comme on peut l’entendre sur ict et le morceau Ă©ponyme de l’album. L’hyperpop est nĂ©e au Royaume-Uni au dĂ©but des annĂ©es 2010 grĂące Ă  Sophie. Ce courant de niche se distingue ces derniĂšres annĂ©es avec des figures comme Charli XCX et aussi A.G. Cook (le fondateur du label PC Music) et le producteur Danny L Harle (on les retrouve tous deux sur choke enough).On assiste actuellement Ă  l’avĂšnement de l’hyperpop, dont les artistes phares font la une des playlists de Spotify et Apple Music, devenant une catĂ©gorie fourre-tout. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit lĂ  d’un genre relatif Ă  une scĂšne musicale, dont l’expression exagĂ©rĂ©e se traduit par une utilisation de mĂ©lodies de synthĂ©tiseurs audacieuses, de voix autotune, d’une compression et d’une distorsion excessives, avec des rĂ©fĂ©rences surrĂ©alistes ou nostalgiques propre Ă  la culture Internet des annĂ©es 2000 et du Web 2.0. Une dĂ©nomination qui semble aujourd’hui obsolĂšte pour parler de la musique des enfants du numĂ©rique qui se sont rencontré·e·s sur Internet.

Esprit collaboratif

Les choix de collaboration d’Oklou ne sont pas anodins. Au-delĂ  de son appartenance Ă  la scĂšne hyperpop, le label PC Music a Ă©tĂ© d’une grande influence dans la crĂ©ation d’Oklou : « On partage quelqu’un chose en commun avec ces personnes, ça m’a beaucoup frappĂ©e, notamment avec Danny L Harle. Quand il Ă©coute une musique, il rĂ©ussit Ă  trouver instantanĂ©ment l’ingrĂ©dient qui va venir toucher l’ñme des gens. Je m’en suis encore plus rendu compte lorsqu’il parlait d’un morceau trĂšs “fĂȘte foraine” (probablement sur son LP Harlecore, ndlr), dans une interview oĂč il isole

l’écriture harmonique (tempo, instrument, accords, traitement de voix etc.), en expliquant sa progression, de maniĂšre sincĂšre et humble. » Cette conscientisation de la musique intervient souvent aprĂšs avoir composĂ© un morceau, puisque sur l’instant, les Ă©lĂ©ments extĂ©rieurs, l’imaginaire et le subconscient prennent le pas sur la rĂ©alisation.

Outre ses collaborations avec Danny L Harle, A.G. Cook et ses deux featurings avec Bladee et Underscores, son plus grand ami et compagnon musical reste le producteur canadien Casey MQ, qu’elle a rencontrĂ© sur les bancs de la Red Bull Music Academy en 2016. « AprĂšs deux semaines de sĂ©minaires, on est restĂ©s en contact et c’était parti. On a fait un premier EP ensemble qui s’appelait For the Beasts (2017) et lorsque j’ai dĂ©cidĂ© de travailler sur Galore, notre collaboration est venue naturellement. » Symbiose innĂ©e.

La richesse de l’union entre Oklou et Casey MQ rĂ©side dans leur amitiĂ©, qui favorise une Ă©coute intelligente et lucide de leur figure d’artiste respective. La productrice française n’hĂ©site pas Ă  prĂ©ciser l’importance de Casey dans la rĂ©alisation de choke enough : « J’ai besoin de lui techniquement pour avancer plus vite et mettre en place mes idĂ©es. Son apport est hyper complet, il m’aide sur les paroles, l’écriture globale d’un morceau, sur sa composition, son arrangement. Il est aussi bien meilleur que moi aux logiciels et il a la capacitĂ© de me sortir les sons de synthĂ©s spĂ©cifiques dont j’ai besoin. C’est peut-ĂȘtre dĂ» Ă  notre passĂ© commun de musicien·ne·s classiques, mais je n’en suis pas persuadĂ©e. Entre nous, je pense qu’il y a aussi une tendresse pour une certaine musicalitĂ© qui toucherait Ă  l’enfance et qui est extĂ©rieure Ă  notre savoir-faire. » Si Casey a grandi avec les comĂ©dies musicales, Oklou est plutĂŽt familiĂšre des dessins animĂ©s qui passaient Ă  la tĂ©lĂ©. Mais ensemble, ils se retrouvent Ă  mi-chemin dans l’expression de leur musique pour rĂ©vĂ©ler une certaine tension entre minimalisme et densitĂ© Ă©motionnelle dont choke enough est le reflet.

Sans but

Au fur et Ă  mesure que dĂ©filent les morceaux, l’enfance se mĂȘle Ă  la mĂ©lancolie et les souvenirs oubliĂ©s se manifestent, sans avoir Ă  poser des mots dessus.

« Je voulais vraiment que choke enough soit plus prĂ©cis, que l’album soit une idĂ©e concrĂšte, parce que c’est plus facile Ă  incarner. Mais ça n’a jamais Ă©tĂ© le cas. »
À la Red Bull Music Academy, MontrĂ©al, en octobre 2016.

choke enough, dĂ©jĂ  disponible sur l’ensemble des plateformes.

Une dimension chimĂ©rique suggĂ©rĂ©e par le titre family and friends dont le clip (rĂ©alisĂ© par Gil Gharbi Ă  Poitiers, ville d’origine d’Oklou) convie le public et l’artiste elle-mĂȘme Ă  prendre la fuite sans but prĂ©cis. Une course qui, petit Ă  petit, nous engouffre dans un espace mi-rĂ©el mi-fictif, Ă  l’image d’un rĂȘve Ă©veillĂ©.

« L’idĂ©e du clip Ă©tait de fuir quelque chose mais nous ne savions pas quoi. Le morceau en lui-mĂȘme fourmille de plein de sensations diffĂ©rentes. On voulait avoir ce sentiment d’ĂȘtre partagé·e·s entre plusieurs directions de vie, c’est trĂšs abstrait et trĂšs reprĂ©sentatif de ce que j’ai dans la tĂȘte Ă  certains moments de mon existence. »

On ne pourrait rĂȘver plus percutante musique d’enfants pour adultes.

FOCUS

IG : @oklou

En concert

À Paris : les 4 et 5 mars à La Cigale, et le 13 mars au Trianon.

Une impression d’évasion qui s’apparente Ă  une quĂȘte libre d’interprĂ©tation, si tant est qu’elle soit liĂ©e Ă  un doux et constant sentiment d’émerveillement, qui naissent de moments simples du quotidien. Pour Marylou, cela passe par les plantes qui lui procurent une certaine fiertĂ© : « J’ai commencĂ© Ă  faire de la botanique dans ma petite cour de 10 mÂČ. Parfois quand je rentre chez moi, je m’assois sur les marches et je reste au moins une heure Ă  ne rien faire d’autre qu’observer mes plantes pour constater leur Ă©volution, sans forcĂ©ment analyser, mais pour profiter de ce travail accompli ».

Une fiertĂ© qui, toutefois, diffĂšre de celle qu’elle Ă©prouve aprĂšs l’aboutissement de son premier album. « Je n’ai aucune honte de le dire, je suis trĂšs heureuse de cet album et de ce qu’il reprĂ©sente, mais il y a eu pas mal de pression pendant sa production. AprĂšs avoir vĂ©cu un projet aussi libre et fluide que Galore, mĂȘme dans les moments d’erreurs, qui lorsqu’elles viennent de toi sont plus simples Ă  accepter, ça a Ă©tĂ© diffĂ©rent pour choke enough. Je n’ai pas de mal avec les erreurs et les Ă©checs, ça fait partie de la vie, en revanche, lorsqu’elles ne viennent pas de moi, lĂ , c’est difficile. » Pour Oklou, qui aurait aimĂ© ne pas avoir eu Ă  se dire : « Il faut que je boucle l’album maintenant », la conception de choke enough aura Ă©tĂ© plus sinueuse que prĂ©vue. « C’est pour ça que je n’ai pas pu accĂ©der Ă  cette fiertĂ© de me dire, lĂ  je vous donne un truc, je sais exactement ce qu’il se passe. » Compte tenu des doutes que l’artiste conserve Ă  l’égard de son projet, qui ne l’empĂȘcheront pas de le dĂ©fendre avec joie et dĂ©votion, il est important de retenir que toute crĂ©ation, quelle qu’elle soit, n’est pas une science infuse, elle a besoin d’ĂȘtre nourrie et alimentĂ©e. Ainsi, en cas de vide, il devient possible de s’interroger sur l’impact de nos environnements, sur nos processus de crĂ©ation et le regard qu’on pose sur nos Ɠuvres. « Je voulais vraiment que choke enough soit plus prĂ©cis, que l’album soit une idĂ©e concrĂšte, parce que c’est plus facile Ă  incarner, mais ça n’a jamais Ă©tĂ© le cas. Depuis que je m’en suis rendue compte, je suis en phase avec le fait que l’album soit un questionnement qui ne nĂ©cessite pas de rĂ©ponses. Ce qui est important pour moi lorsqu’on travaille sur un objet artistique, c’est d’arriver Ă  transmettre les Ă©motions de la maniĂšre la plus fidĂšle possible. » Avec son premier album, Oklou confirme sa place singuliĂšre sur la scĂšne musicale française et internationale. Entre introspection et expĂ©rimentation, la productrice nous montre qu’il est absolument normal de s’interroger et parfois mĂȘme d’ĂȘtre tourmenté·e. Affirmation de mise Ă  l’écoute de choke enough, le mystĂšre subsiste, car le sujet n’est autre que le questionnement lui-mĂȘme. On ne pourrait rĂȘver plus percutante musique d’enfants pour adultes. Au fil des morceaux, l’artiste pose un regard naĂŻf et enfantin sur le sens de la vie, en partie grĂące l’utilisation de la flĂ»te, un instrument symbolique, totem de l’artiste, qui prend tout son sens dans sa quĂȘte non dĂ©finie. Quant Ă  l’auditeur·ice, iel n’a qu’à se laisser porter par l’ensemble des textures Ă©lectroniques sophistiquĂ©es, tantĂŽt club, tantĂŽt ambient et avant-gardistes pour ressentir cet Ă©merveillement brut sans artifice, propice Ă  la rĂ©flexion.

Oklou ici avec une doudoune sans manche A.A. Spectrum, un pantalon Façon Jacmin et des Doc Martens.

« Aucune excuse ! »

AprĂšs une carriĂšre lĂ©gendaire (plus de quatre cents buts et trente titres remportĂ©s dans cinq pays), Zlatan Ibrahimović, 43 ans et toujours aussi fit, est toujours en quĂȘte d’adrĂ©naline.

Le phĂ©nomĂšne du ballon rond, redoutĂ© pour ses punchlines qui tuent, nous parle de son incursion dans le monde du sportswear, des valeurs qu’il tient Ă  transmettre Ă  ses enfants, et motive mĂȘme notre journaliste Ă  se bouger.

Texte Tobias Moorstedt

Plus fort que jamais : nĂ© dans un quartier difficile de Malmö, en SuĂšde, Ibrahimović a rĂ©ussi Ă  devenir l’un des footballeurs les plus spectaculaires au monde. Aujourd’hui, il souhaite transmettre son expĂ©rience aux gĂ©nĂ©rations futures.

Un homme de principes : depuis la fin de sa carriĂšre, Ibrahimović s’est donnĂ© pour mission de susciter l’engouement pour le sport auprĂšs du plus grand nombre. Il dĂ©veloppe avec H&M Move une ligne de vĂȘtements de sport, « Selected by Zlatan », dont ce legging.

Avec son 1,95 mĂštre et ses Ă©paules de dĂ©mĂ©nageur, Zlatan Ibrahimović Ă©tait aussi immense que le Colosse de Rhodes ou l’incroyable Hulk pour ses adversaires sur le terrain. Oubliez la demi- mesure : que ce soit Ă  Milan, au Barça, au PSG, ou Ă  Manchester United, Zlatan a jouĂ© pour les plus grands clubs et marquĂ© plus de 400 buts. Plus qu’un simple attaquant, c’était un super- hĂ©ros. Quand l’UEFA a dĂ» expliquer son nouveau format de Ligue des Champions, si complexe qu’un tirage manuel aurait requis mille boules et durĂ© au moins trois heures, ils ont appelĂ© Zlatan Ă  la rescousse. Il s’est chargĂ© de rĂ©sumer le tout dans une vidĂ©o Ă  la musique

digne d’un block buster : « Plus de foot. Plus d’action. Plus de passion. Plus de gloire. » Et maintenant, ce mĂȘme Zlatan Ibrahimović est assis lĂ , dĂ©tendu, l’air curieux. A-t-il perdu de sa fougue depuis la fin de sa carriĂšre ?

zlatan ibrahimović : Je vais Ă  la salle de fitness tous les matins pour faire de la muscu ou des sĂ©ances de CrossFit. Je fais du footing une Ă  deux fois par semaine et autant de parties de foot quand mon agenda me le permet, car j’ai un emploi du temps chargĂ©. Mais je trouve toujours un moment pour m’entraĂźner. Je n’ai qu’un seul programme : la constance.

the red bulletin : Vous avez dit que l’adrĂ©naline du jeu allait vous manquer aprĂšs la retraite. OĂč puisez-vous cette adrĂ©naline dĂ©sormais ?

Je la trouve en m’entraĂźnant, ou en rĂ©alisant de nouveaux projets, ou bien grĂące Ă  mes enfants ou encore sur le bord du terrain. C’est diffĂ©rent d’un match, c’est une autre dimension. J’ai fait la paix avec tout ça quand j’ai fini par accepter que ma carriĂšre de joueur Ă©tait terminĂ©e.

Êtes-vous maintenant un Zlatan version adulte ? Quelles attitudes passĂ©es vous font sourire ?

Mon credo, c’est que le succĂšs se joue Ă  50 % dans la tĂȘte. L’ego et la confiance en soi sont indispensables, sinon impossible d’avancer. C’est une bonne chose de se focaliser sur soi-mĂȘme. Ça aide bien sĂ»r d’ĂȘtre soutenu par son entraĂźneur, sa famille ou autre, mais au final, le succĂšs reste un effort individuel. Aujourd’hui, je me consacre davantage au fait de transmettre mon expĂ©rience aux nouvelles gĂ©nĂ©rations. Avec l’ñge, les perspectives changent.

Vous n’avez jamais pensĂ© Ă  vous laisser aller Ă  la paresse aprĂšs la fin de votre carriĂšre ? À prendre du bon temps et quelques kilos ?

Je crois que je suis plutĂŽt bien placĂ© pour montrer combien rester actif en vaut la peine. Si j’en suis lĂ  aujourd’hui, c’est grĂące au sport, c’est pour cela que je veux motiver le plus de monde possible Ă  s’activer. Mais je ne conseille pas de pratiquer un sport en particulier ni de faire un nombre minimum de rĂ©pĂ©titions. Chacun son choix.

Le but n’est donc pas de viser le maximum mais de rĂ©duire les obstacles de dĂ©part ?

Exactement. On n’est pas obligĂ© de devenir un immense athlĂšte ni de s’inscrire Ă  un club de sport. Il faut commencer par de petits exercices et construire Ă  partir de lĂ . Je pense que c’est quelque chose de trĂšs individuel : on peut aller se balader, essayer la marche nordique ou le style de yoga qui nous attire le plus. L’important, c’est de trouver un truc Ă  la fois agrĂ©able et motivant. Chaque personne qui s’active et trouve sa propre voie me remplit de fiertĂ©.

Apprendre des autres : Ibrahimović avec l’un des designers de H&M Move.

Calme. PondĂ©rĂ©. Empathique. Est-ce lĂ  le vĂ©ritable Zlatan ? Marco Materazzi, l’un de ses anciens coĂ©quipiers qui n’était pas un tendre non plus, disait : « Il veut toujours gagner et ne tolĂšre pas que les autres fassent des erreurs. Il s’en prend souvent Ă  ses coĂ©quipiers. » Peut-ĂȘtre cherche-t-il dĂ©sormais un nouvel Ă©quilibre. Comme il le dit lui-mĂȘme, il n’a aucune envie de devenir entraĂźneur : « Un coach travaille douze heures par jour et n’a pas une minute de libre. J’ai dĂ©jĂ  assez de cheveux blancs. » Actuellement, il est consultant pour l’AC Milan. « Je ne suis pas une nounou ; mes joueurs sont adultes et doivent prendre leurs responsabilitĂ©s », dĂ©clare-t-il. Son rĂŽle, il le dĂ©finit ainsi : « Relier les choses entre elles et veiller Ă  ce que les gens ne se relĂąchent pas. »

Vous ĂȘtes connu pour votre crĂ©ativitĂ© sur le terrain, avec vos retournĂ©es acrobatiques Ă  30 mĂštres ou vos buts du talon. Les footballeurs crĂ©atifs le sont-ils Ă©galement dans d’autres domaines de leur vie ? Autrement dit, comment utilisez-vous votre libertĂ© retrouvĂ©e ?

Je veux explorer de nouveaux domaines dans lesquels je ne suis pas un expert. J’ai passĂ© 25 ans dans la bulle du foot. Aujourd’hui, je dĂ©couvre de nouveaux dĂ©fis. Je veux grandir en tant que personne. Dans ma collaboration avec H&M Move, par exemple, je ne m’adresse pas seulement Ă  un petit groupe d’athlĂštes de haut niveau ou de scientifiques du sport, mais Ă  tous et toutes dans le monde. Le message est simple : « Si c’est bon pour Zlatan, c’est bon pour toi aussi ! »

Avec la marque suĂ©doise, vous dĂ©veloppez la collection de vĂȘtements de sport « Selected by Zlatan ». Sur le terrain, vous Ă©tiez un artiste individuel. Quel rĂŽle jouez-vous au sein de l’équipe de dĂ©veloppement de cette ligne ? Êtes-vous le patron ? Ou plutĂŽt un auditeur attentif ?

Je m’implique Ă©normĂ©ment. J’observe, je teste des prototypes, je partage mon opinion. Selon mes commentaires, l’équipe ajuste les designs, s’assure de leur fonctionnalitĂ© et les perfectionne. Nous avons une excellente Ă©quipe ; chacun apporte son expertise. C’est notre troisiĂšme collection « Selected by Zlatan » et elle s’amĂ©liore Ă  chaque fois. Je suis fier de ce que nous crĂ©ons ensemble.

« Je n’ai qu’un

Les années

ZLATAN

1999

Premiers pas : Ă  17 ans, il fĂȘte ses dĂ©buts professionnels avec le Malmö FF et monte en premiĂšre division suĂ©doise avec son Ă©quipe.

2001

Premiers triomphes : avec l’Ajax Amsterdam, il remporte deux fois le championnat nĂ©erlandais et termine une fois meilleur buteur.

2004

PremiĂšre en Italie : avec la Juventus Turin, il remporte deux championnats (annulĂ©s par la suite pour matchs truquĂ©s ; l’équipe est relĂ©guĂ©e).

2006

Italie, deuxiùme partie : avec l’Inter Milan, il remporte encore trois championnats et termine une fois meilleur buteur.

2009

Petit passage par l’Espagne : il remporte le championnat avec le FC Barcelone malgrĂ© ses diffĂ©rends avec l’entraĂźneur Pep Guardiola.

2010

Italie, jamais deux sans trois (et quatre) : il remporte encore une fois le championnat avec l’AC Milan, exploit qu’il rĂ©pĂ©tera Ă  40 ans aprĂšs son retour en 2020. Aujourd’hui, il est conseiller du club.

2012

Vive la France ! Avec le Paris Saint-Germain, il décroche quatre championnats consécutifs et devient meilleur buteur du club (record battu depuis par Cavani et Mbappé).

2016

Royaume-Uni : moins Ă  l’aise, il ne gagne pas le championnat avec Manchester United, mais s’empare tout de mĂȘme du trophĂ©e de la Ligue Europa.

2018

Surfing USA : il marque 53 buts en 58 matchs avec le L.A. Galaxy avant son dernier retour en Italie (voir ci-dessus).

Du tac au tac : c’est aussi grĂące Ă  ses interviews dĂ©sarmantes de franchise qu’Ibrahimović est devenu une figure mondiale. Rien d’étonnant Ă  cela, puisque la lĂ©gende de la boxe Muhammad Ali est son modĂšle.

Que vous a apporté cette collaboration avec les designers ?

J’ai beaucoup appris et je reste trĂšs humble lors de ces rĂ©unions. Je ne suis pas un expert de la mode. La clĂ© du succĂšs, c’est de rassembler des pointures dans un domaine d’expertise et d’écouter leur vision et leur point de vue. Et dans notre cas, rĂ©ussir signifie que tous ensemble, on arrive Ă  faire bouger le plus de gens possible partout dans le monde, peu importe comment.

Vous avez jouĂ© pour les plus grands clubs. Étant moi-mĂȘme fan de foot, il faut que je vous demande : quel est votre maillot prĂ©fĂ©rĂ© cĂŽtĂ© style ?

J’ai jouĂ© pour de nombreux clubs trĂšs diffĂ©rents les uns des autres, que ce soit au niveau des couleurs, des maillots ou des traditions. Mais personnellement, je suis trĂšs attachĂ© au maillot de l’AC Milan.

Dans le film adaptĂ© de sa biographie I Am Zlatan, on voit un jeune Zlatan ĂągĂ© de dix ans se faire malmener par des grands dans une cage de foot d’un quartier difficile de Malmö. Il leur chipe le ballon, jongle avec sur le toit d’un garage et manque de se casser la nuque. Une scĂšne qui mĂȘle brillamment technique, goĂ»t du spectacle et audace, du Zlatan tout crachĂ©. Le football, Ă©crivait-il dans I Am Zlatan, n’était qu’un moyen pour lui de se faire remarquer. Il aurait tout aussi bien pu enchaĂźner les conneries ou chercher la bagarre. NĂ© d’un pĂšre bosniaque musulman et d’une mĂšre croate catholique, aujourd’hui divorcĂ©s, il n’avait pas Maradona pour modĂšle mais Muhammad Ali. Comme il l’écrit, il Ă©tait poussĂ© par la haine, la vengeance, la colĂšre. « C’était un vrai bad boy, le prototype d’un enfant en grande difficulté », se souvenait son ancienne directrice d’école, qui n’avait pas hĂ©sitĂ© Ă  le classer parmi « ses cinq Ă©lĂšves les plus difficiles en plus de trente ans d’enseignement ». Quand on demande Ă  Zlatan quelle carriĂšre il aurait suivi s’il n’était pas devenu footballeur, il rĂ©pond : « Gangster », tout simplement. Comment a-t-il rĂ©ussi Ă  s’en sortir ?

zlatan ibrahimović : C’est une question de mental. J’aime souffrir Ă  l’entraĂźnement, parce que je sais que je vais me sentir mieux aprĂšs. J’essaie toujours de me donner Ă  200 %. Je suis heureux quand je souffre, que j’ai mal, que je relĂšve des dĂ©fis, parce que je sais que ça va me rendre plus fort.

Quelle est la plus grande leçon que vous avez tirée de cette jeunesse dans la banlieue de Malmö ?

On apprend de ses erreurs. Chaque fois que j’ai Ă©chouĂ©, je suis devenu plus fort. Le succĂšs est comme une vague sur laquelle on surfe, il faut juste tenir bon

« Si c’est bon pour Zlatan, c’est bon pour toi aussi ! »

et ne pas perdre le flow. Et quand on est dans le creux de la vague, il faut trouver le bon chemin, s’acharner, lutter, griffer, mordre et surtout ne jamais laisser tomber. Le travail acharnĂ© paie, c’est le secret. Mais en fait, ça n’est un secret pour personne


Aujourd’hui, vous ĂȘtes trĂšs Ă  l’aise financiĂšrement. Vos enfants disposent de bien plus que vous Ă  leur Ăąge. Comment faites-vous pour leur inculquer la notion de rĂ©silience ?

Avec eux, j’ai trouvĂ© un Ă©quilibre entre mon rĂŽle de pĂšre et mon statut professionnel. En tant que pĂšre, je les soutiens et les encourage. Mon fils Maximilian a signĂ© son premier contrat pro avec Milan Futuro. En tant que conseiller du club, je veille Ă  ce qu’il ait la bonne attitude et fasse preuve de discipline. Je le juge comme n’importe quel autre joueur. Il doit apprendre, travailler et trouver cette motivation que j’avais moi aussi, de maniĂšre diffĂ©rente. AprĂšs, lui seul pourra vous dire comment il a fait. Je donne mon point de vue de pĂšre. Je lui ai transmis la discipline, le respect et le travail. Quand on veut quelque chose, il faut faire ce qu’il faut pour. Rien n’est donnĂ©, et pas seulement dans le sport.

Zlatan, je ne me sens pas trop en forme aujourd’hui, je suis crevĂ© et j’ai du mal Ă  me dĂ©placer. Comment pourriez-vous me motiver Ă  m’activer un peu ?

Tu es feignant, tout simplement ! Tout le monde peut faire des efforts, c’est une question de discipline. Commence par quelque chose de simple, quelque chose que tu aimes faire, et passe Ă  l’étape suivante. Ne te concentre pas sur tes faiblesses, arrĂȘte de te chercher des excuses. En avant, marche ! Moi, je ne tolĂšre aucune excuse !

IG : @iamzlatanibrahimovic

Chanson à texte qui groove
 en français ?

AprĂšs deux EPs saluĂ©s et des collaborations de choix avec Prince Waly, AstrĂžnne, et Slimka, EnchantĂ©e Julia prend un tournant dĂ©cisif avec son premier album ONZE. SignĂ©e chez Roche Musique, la chanteuse, figure montante de la nĂ©o-soul Ă  la française, livre un projet intimiste et ambitieux qui marque le dĂ©but d’un nouveau chapitre de sa carriĂšre.

CULTURE

ONZE a été réalisé avec LaBlue, Tices, Crayon, Daniel Malet, Marc Antoine-Perrio, Antonin Fresson et Prince Waly.

« C’est long ! »,

s’amuse EnchantĂ©e Julia en jetant un regard rĂ©trospectif sur sa carriĂšre. Elle a plus de 30 ans, et son parcours dans la musique ressemble Ă  une course de fond. « Lentement mais sĂ»rement », ajoute-t-elle. Cette lenteur, elle l’attribue Ă  plusieurs facteurs : le style de musique qu’elle a choisi, le fait qu’elle soit une femme, et aussi parce qu’elle a toujours suivi son instinct sans se jeter tĂȘte baissĂ©e dans les bras de l’industrie musicale. Pour elle, « les choses doivent se faire avec les bonnes personnes, au bon moment. »

Cette patience semble commencer Ă  porter ses fruits. Depuis 2018, la carriĂšre de la jeune artiste a pris un tournant dĂ©cisif. Son premier EP, Boucle (2019), fut une exploration de son identitĂ© musicale, encore hĂ©sitante, mais dĂ©terminĂ©e Ă  trouver sa voie. « Je co-Ă©crivais toutes mes chansons avec mon frĂšre de cƓur RaphaĂ«l Herrerias du duo Terrenoire, qui est un super auteur. Je ne me sentais pas Ă  la hauteur », avoue-t-elle. Un complexe qu’elle a dĂ» surmonter pour s’affirmer en tant qu’autrice-compositrice, et chanter en français sur des rythmes nĂ©o-soul et R&B, un dĂ©fi de taille dans un paysage musical français souvent frileux face Ă  ce genre.

Nonobstant, l’EP LONGO MAÏ (2022) marque un tournant. Ce disque, dont le titre signifie « longue vie » en provençal, est Ă  la fois une dĂ©claration d’amour Ă  ses racines et un mantra personnel pour conjurer les incertitudes. « J’avais besoin de me rassurer, de me raccrocher Ă  quelque chose », confie-t-elle. L’album naĂźt dans un contexte difficile, avec la maladie de son mari, le rappeur Prince Waly (qu’elle nomme Moussa tout au long de l’interview). Une Ă©preuve qui, paradoxalement, nourrira la crĂ©ation de ce dernier et dont rĂ©sultera le titre Cra$h, sur lequel on la retrouve en compagnie de Jazzy Bazz. Un moment charniĂšre de la carriĂšre d’EnchantĂ©e Julia.

Main dans la main

Avec Prince Waly, EnchantĂ©e Julia partage bien plus que la scĂšne. « Avant d’ĂȘtre amants, on Ă©tait amis et on faisait de la musique ensemble. Donc c’est trĂšs fluide et limpide, ce n’est jamais forcĂ© », raconte-t-elle. Leur complicitĂ© artistique est un jeu d’équilibre, oĂč chacun·e trouve sa place : « Il est un auteur incroyable, sa force, c’est l’écriture. Moi, j’ai longtemps doutĂ© de ma plume. Il m’a fallu du temps pour m’affranchir. » Mais ce temps, elle l’a pris. Sur LONGO MAÏ, elle se permet d’écrire de façon instinctive, parfois brutale, d’autres fois plus rĂ©flĂ©chie, avec la volontĂ© de poser des mots qui sonnent juste en français.

Cette approche exigeante de l’écriture, elle la doit en partie Ă  ses influences. De Claude Nougaro Ă  Henri Salvador, elle aime ces artistes qui « faisaient swinguer les mots ». Pourtant, chanter en français sur des rythmes R&B et nĂ©o soul n’a rien d’évident : « En français, ce ne sont pas les mĂȘmes accents toniques qu’en anglais. Il a fallu trouver comment faire sonner ça. » Alors ensemble, EnchantĂ©e Julia et Prince Waly se donnent de la force et se soutiennent comme sur le seul feat. de l’album qui porte son nom, ONZE « Je suis trĂšs exigeante voire control freak. Souvent, ses idĂ©es partent de mes top lines, mais ça fluctue. On a vraiment co-Ă©crit ONZE. Je ne me souviens mĂȘme plus qui a commencĂ© quoi, simplement que j’ai trouvĂ© toutes les top lines dans le train en direction de Marseille. J’avais tout enregistrĂ© sur mes mĂ©mos vocaux. Et on a fini par Ă©crire le morceau en fĂ©vrier. »

Le poids des doutes, la force de l’ambition

Son premier album ONZE, qu’elle Ă©voque avec une excitation teintĂ©e d’apprĂ©hension, laisse place Ă  des montagnes de Doutes – un morceau qui rĂ©sume parfaitement son Ă©tat d’esprit : « Je suis dans le doute perpĂ©tuel, mais je suis aussi dĂ©terminĂ©e. Il y a cette bipolaritĂ© en moi, entre une grande sensibilitĂ© et une force intĂ©rieure qui me pousse constamment vers l’avant. » Cette dualitĂ© est palpable dans sa musique. En osant chanter en français sur des productions R&B, EnchantĂ©e Julia navigue entre introspection et recherche constante d’un son authentique. Elle se souvient d’ailleurs d’un moment clĂ© dans son parcours : la dĂ©couverte d’Erykah Badu. « Ça a changĂ© ma vie. J’ai trouvĂ© dans sa musique le jazz, la soul, le R&B. J’ai lu tous les textes en anglais pour comprendre de quoi elle parlait. C’était poĂ©tique. »

S’en suivront Lauryn Hill, Missy Elliott, Liane La

longtemps douté de ma

« Plus je grandis, plus j’ai besoin de retourner aux sources, c’est humain. »

« C’est de la chanson qui groove, de la chanson française, pas simplement du R&B mais des chansons Ă  texte. »

Havas, Daniel Caesar, Frank Ocean, autant d’artistes qui nourrissent sa quĂȘte de sincĂ©ritĂ© et de justesse. Mais l’influence des États-Unis et du Royaume-Uni, loin de la brider, a permis Ă  EnchantĂ©e Julia de « craquer la formule » pour le marchĂ© français. « MĂȘme si mes influences sont R&B et soul, ça reste de la chanson française. Du coup, j’aimerais bien qu’on Ă©coute aussi les textes », s’exclame-t-elle. On retrouve mĂȘme des touches de Sade Ă  certains moments, comme sur le titre Ballade, dont l’instru nous replonge dans une autre Ă©poque. Une prod sur laquelle on ne l’attendait pas, puisque lorsque Tices (producteur pour Luidji, Tuerie) lui a fait Ă©couter l’instru, personne ne la voyait sur le son, tandis qu’EnchantĂ©e Julia se disait que c’était exactement ce qu’elle voulait faire : se challenger et rĂ©ussir Ă  apporter une douceur qui groove, chaloupĂ©e.

Roche Musique : une nouvelle famille

Cette quĂȘte de sincĂ©ritĂ© trouve une nouvelle rĂ©sonance avec sa signature rĂ©cente chez Roche Musique. « J’avais travaillĂ© avec eux sur LONGO MAÏ, mais ce n’était pas une signature en licence, c’était un accompagnement, une premiĂšre prise de contact », explique-t-elle. DĂ©sormais, elle fait officiellement partie de cette famille. « Avec Roche Musique, on partage beaucoup de choses. J’ai le sentiment qu’ils croient en ce que je fais et qu’ils apprĂ©cient mes chansons », confie-t-elle. Dans un milieu souvent hostile, oĂč le contrĂŽle des majors peut ĂȘtre Ă©crasant, cette libertĂ© est prĂ©cieuse : « Il n’y a aucun DA qui est lĂ  pour me juger ni me dire que je devrais m’habiller de telle maniĂšre, ou me coiffer ainsi. Ils respectent entiĂšrement ma musique et la prennent comme elle est. »

En parallĂšle de cette signature, la chanteuse et Prince Waly crĂ©ent leur propre sociĂ©tĂ©, un label indĂ© pour prĂ©server leur autonomie artistique. « On veut avoir le plus d’indĂ©pendance possible. Tous les artistes devraient le faire s’ils en ont les moyens », soutientelle avec conviction.

La source

L’album ONZE, conçu en quelques mois, puise son inspiration dans un retour aux sources, une reconnexion Ă  la nature. Aussi bien romanesque que vĂ©gĂ©tal, avec les titres La sĂšve, Fleur de peau, Les Santolines ou encore la reprĂ©sentation des fleurs appelĂ©es immortelles en cover d’un single de l’album, fait Ă©cho au pouvoir de l’amour qui dure toujours, d’aprĂšs la chanteuse. Et si Les Santolines est un des titres les plus personnels du projet, c’est parce qu’il porte le nom de la maison de ses parents dans le Sud de la France. Un lieu qu’elle dĂ©crit comme un refuge, une bulle de tranquillitĂ© loin de l’agitation parisienne, dans la montagne prĂšs d’une forĂȘt de cĂšdres. « C’est une maison magnifique avec une vibe incroyable », se souvientelle. Nostalgie du Sud, EnchantĂ©e Julia chante : « DĂ©sespĂ©rĂ©e quand je vois le monde », sur Les Santolines, dans lequel elle fait rĂ©fĂ©rence Ă  Paris. Difficile pour l’artiste de s’épanouir dans la capitale, faute d’ĂȘtre dĂ©connectĂ©e de la nature et des plantes. Elle me dira : « Plus je grandis, plus j’ai besoin de retourner aux sources, je pense que c’est humain. Ma façon de

« Les choses doivent se faire avec les bonnes personnes, au bon moment.»

me raccrocher Ă  quelque chose de positif, c’est uniquement via la spiritualitĂ©, c’est pour ça que l’album s’appelle ONZE » Dans la numĂ©rologie, le chiffre 11 est considĂ©rĂ© comme l’un des nombres maĂźtres, portant une vibration spirituelle Ă©levĂ©e. Par exemple, dans la Bible, le 11 est porteur de messages d’intervention divine et de transformations puissantes. EnchantĂ©e Julia habite Ă  La Chapelle dans un petit appartement, un quartier pauvre de la ville des LumiĂšres : « Autour de moi, ce n’est pas trĂšs joyeux, c’est assez noir, assez sale, assez triste, les gens souffrent. » Mais heureusement, une fois chez elle, dans son cocon, avec ses chats, la chanteuse sourit Ă  nouveau en pensant Ă  la maison de ses parents, laquelle n’est autre que le point de dĂ©part d’une rĂ©sidence artistique oĂč l’album prendra forme dĂšs novembre 2023, avec l’aide de LaBlue Ă  la rĂ©alisation.

Pour EnchantĂ©e Julia, cet album est plus qu’une collection de morceaux, c’est « la concrĂ©tisation de pas mal d’annĂ©es de galĂšres, intĂ©rieures et extĂ©rieures. C’est de la chanson qui groove, de la chanson française, pas simplement du R&B mais des chansons Ă  texte » qu’elle assume. Un accomplissement personnel, oĂč chaque morceau semble vibrer d’émotions brutes, souvent douloureuses. Dans Doutes, elle chante son environnement parisien, ses angoisses, ses peurs, mais aussi ses aspirations. « C’est une chanson que j’ai du mal Ă  Ă©couter, elle me fait mal au cƓur. Elle me remet dans des moments d’angoisse et de peur. À la fin, il y a un rĂ©el cri du cƓur avec les ad libs qui sont assez intenses », avoue-t-elle.

Comme un manifeste

ONZE est le reflet d’une femme en quĂȘte d’équilibre, entre une carriĂšre qui prend son envol et un dĂ©sir profond de rester fidĂšle Ă  elle-mĂȘme. « Je veux juste avancer en mettant mon Ă©nergie au bon endroit, avec les bonnes personnes », rĂ©sume-t-elle. Ainsi, l’enjeu est clair : faire de la musique sincĂšre, qui touche, qui Ă©meut, et qui, surtout, ne triche pas.

Écoutez le premier album d’EnchantĂ©e Julia, ONZE. En concert le 3 avril au Trianon, Paris .

« Je pense qu’aprĂšs avoir fait beaucoup de feats, il Ă©tait temps que je fasse le focus sur moi. » Plus qu’une affirmation de soi, il s’agit pour EnchantĂ©e Julia de se recentrer sur sa propre musique aprĂšs des annĂ©es de collaborations. Et le rĂ©sultat est lĂ  : un album riche, dense, Ă  la fois intime et universel, qui cherche Ă  bousculer les a priori sur le R&B et la nĂ©o soul en France. EnchantĂ©e Julia sait qu’elle n’a pas fini de douter, de se remettre en question. Mais elle avance, portĂ©e par cette « petite voix intĂ©rieure » qui lui dit que tout est possible.

IG : @enchantee_julia

Mieux qu’un go fast au Sri Lanka ?

La mélodie de Nilusi

La chanteuse franco-sri-lankaise, Nilusi, 24 ans, devenue virale avec son titre Leave a Message, qui a cumulĂ© plus de 30 M de vues, prĂ©sente son premier album : Lettre Ă  l’Univers. Une aventure musicale dans laquelle l’artiste se livre comme jamais auparavant, oĂč la tradition rencontre des sonoritĂ©s modernes, explorant une dualitĂ© culturelle, crĂ©ant ainsi un pont entre l’Orient et l’Occident.

À la dĂ©couverte de Nilusi

À cinq ans Ă  peine, Nilusi Nissanka ne se doutait pas encore que son parcours l’amĂšnerait Ă  devenir l’une des figures montantes de la scĂšne musicale française. Assise sur une petite chaise, les pieds ne touchant pas encore le sol, elle participait dĂ©jĂ  Ă  des concours de chant sri-lankais organisĂ©s dans un temple, avec une ferveur naĂŻve et des Ă©toiles dans les yeux. « J’avais cinq, six ans quand j’ai intĂ©grĂ© un petit groupe de musique sri-lankaise, on faisait des tournĂ©es lĂ -bas », se rappelle-t-elle.

Un début de carriÚre précoce pour cette jeune fille née en France de parents singhalais, qui baignait depuis son plus jeune ùge dans une double culture enrichissante et complexe.

Dix ans plus tard, en 2015, Nilusi intĂšgre Kids United, un groupe montĂ© de toutes piĂšces par l’UNICEF, M6 et Play On. L’aventure commence presque par hasard. « Quand j’étais plus jeune, je me suis dit que je voulais ĂȘtre chanteuse et artiste. Et comme mes parents ne parlaient pas trĂšs bien le français Ă  ce moment-lĂ , j’ai cherchĂ© les castings

toute seule sur mon petit ordi. » À force de persĂ©vĂ©rance, l’implication de ses parents et de dĂ©placements incessants de Nice Ă  Lyon, de Marseille Ă  Paris, et de dĂ©ceptions rĂ©pĂ©tĂ©es, Nilusi s’est taillĂ© une place dans l’univers impitoyable des auditions. Jusqu’au jour oĂč, lasse de rester dans l’ombre, elle prend son tĂ©lĂ©phone et appelle Marcos Escudero, un directeur de casting qu’elle connaĂźt bien. Il y a une opportunitĂ©, dit-il, pour un groupe, mais sans prĂ©ciser la nature exacte du projet. « AprĂšs le casting, j’ai attendu six mois avant d’avoir un retour. Je n’y croyais plus Ă  vrai dire, et puis on m’a annoncĂ© que j’étais prise. » Kids United, c’est une expĂ©rience de trois ans, de 2015 Ă  2018, qui forge autant qu’elle bouscule. Un groupe initial de six enfants, puis cinq, Ă  cĂŽtoyer l’intensitĂ© des plateaux de tĂ©lĂ©vision et des tournĂ©es, loin de l’insouciance propre Ă  leur Ăąge. « C’était assez spĂ©cial. Quand on est enfant dans cette industrie, on est entourĂ© d’adultes, donc on se comporte diffĂ©remment, on agit en fonction de ce que l’on nous dit. » Nilusi, alors adolescente, se trouve soudainement

plongĂ©e dans un monde oĂč l’authenticitĂ© cĂšde le pas aux attentes, oĂč chaque geste, chaque mot, est mesurĂ© et souvent dictĂ©. « J’ai Ă©tĂ© formatĂ©e trĂšs tĂŽt pour rĂ©pondre Ă  des attentes », dit-elle, rĂ©flĂ©chissant aujourd’hui Ă  ces moments oĂč elle s’interroge sur ce qui Ă©tait rĂ©ellement appropriĂ©. Grandir loin de sa famille, de ses ami·e·s, sans aller Ă  l’école, entourĂ©e d’adultes qui la poussaient Ă  bout sans Ă©gard pour sa santĂ© mentale, marque profondĂ©ment l’artiste en devenir. « On n’était pas forcĂ©ment entourĂ© de gens bienveillants. J’aurais aimĂ© avoir un psy Ă  cette Ă©poque, car on Ă©tait des enfants dans le top 3 en France. »

À la fin de cette aventure, Nilusi doit se reconstruire. « En sortant du groupe, j’ai dĂ» dĂ©construire toute ma personne, ma maniĂšre de parler, de bouger, de penser, et j’ai fini par m’entourer de bonnes personnes, qui comprennent ma vision, comme Ray Nguyen, producteur sur l’album et rĂ©alisateur des clips. » Ce travail sur soi n’est pas de tout repos. Il a fallu du temps, du recul, et surtout une quĂȘte de sens. Aujourd’hui, Nilusi

Texte Marie-Maxime Dricot Photos Chloe Rose
« Dans cette industrie, on a tendance Ă  blanchir nos origines ou Ă  les utiliser. »

Dans la lignée de M.I.A. et Priya Ragu, Nilusi offre enfin une représentation sud-asiatique en France !

se sent enfin alignĂ©e avec son identitĂ©. « Ça m’a pris quelques annĂ©es avant de savoir ce que je souhaitais rĂ©ellement. Ça ne fait que deux ans que j’ai enfin compris, et que j’ai pu me rattacher Ă  mon identitĂ©, qu’il s’agisse de la partie française ou sri-lankaise. » Une quĂȘte de soi qui se reflĂšte dans sa musique, oĂč s’entremĂȘlent deux cultures et deux Ăąmes. « Quand j’étais petite, je n’ai jamais vu quelqu’un de sud-asiatique Ă  la tĂ©lĂ©vision. Maintenant je reçois des messages via les rĂ©seaux me disant : “Moi aussi, je suis sri-lankaise”, ou d’autres qui sont indiennes et qui me disent que je les inspire et qu’elles se projettent aussi dans cette industrie. Je trouve ça incroyable. » Forte de cette responsabilitĂ©, elle aspire dĂ©sormais Ă  une carriĂšre artistique plus vaste et plus engageante, mĂȘlant musique, Ă©criture, cinĂ©ma, et tout ce qui peut donner du poids Ă  la culture. Une renaissance, presque, qui replace la jeune artiste au centre de ses dĂ©sirs, loin des diktats de l’industrie.

« Rien ne peut m’enlever ce rĂȘve que j’ai d’évoluer dans la musique, de faire ce que j’aime. J’ai toujours eu foi et je pense que c’est cette mentalitĂ©, qui fait que la vie me le rend. »

CrĂ©er, composer et s’affirmer

Sur la scĂšne musicale, Nilusi Nissanka n’est pas seulement une voix, elle est une force crĂ©ative. Avec la sortie de son projet, l’artiste ne laisse aucun doute sur son engagement total dans son travail. Elle compose, produit, dirige artistiquement chaque morceau et gĂšre elle-mĂȘme

son dĂ©veloppement d’artiste indĂ©pendante, tout en menant son propre label, GleAM Records, fondĂ© en 2018. Tout cela, sans manager. Une charge de travail qui en dĂ©couragerait plus d’un·e, mais pas elle. « Je trouve ça tellement plus fluide et je me sens tellement plus libre comme ça. C’est vrai que c’est fatigant parce que j’ai plein de casquettes Ă  la fois, mais j’aime apprendre. » À force d’observer Ray, son collaborateur de longue date, produire et monter, Nilusi a acquis des compĂ©tences techniques qui lui permettent de mieux comprendre chaque aspect du processus crĂ©atif. « Ça me permet aussi d’avoir plus d’empathie quand je fais appel Ă  des personnes, quand j’ai les moyens », explique-t-elle. Ce qui pourrait ressembler Ă  une surcharge devient pour elle un terrain de jeu. « Ça reste intense en pĂ©riode de rush mais j’adore ça », confiet-elle avec un sourire. Cette libertĂ© d’apprendre et de s’autogĂ©rer est essentielle pour elle, car elle a dĂ©couvert qu’en tant qu’artiste indĂ©pendante, les rĂšgles du jeu avaient changĂ©. « On a de moins en moins besoin des labels, contrairement Ă  ce qu’on peut nous dire lorsqu’on est jeune dans la musique. D’autant plus qu’en major, il y a une grosse pression. Aujourd’hui on a Internet, on a les rĂ©seaux, on s’organise vite pour des sessions. Il suffit d’un DM parfois. C’est plus simple et on est plus heureux. »

C’est Ă  Los Angeles, en septembre 2022, que l’aventure prend un tournant particulier. Nilusi et Ray qui y Ă©taient dĂ©jĂ  allé·e·s en 2019 pour tourner leur premier moyen-mĂ©trage, Sci-Fi, de 28 min, pour la sortie de son EP HumanoĂŻde, y retournent pour un writing camp. « On ne sait pas comment la dĂ©crire, mais il y a lĂ -bas une Ă©nergie qui pousse Ă  la crĂ©ativitĂ© », se souvient-elle. Loin de simplement tourner un film, le voyage devient un prĂ©texte pour Ă©crire, composer, expĂ©rimenter. « On n’était pas dans l’optique de faire un album, l’idĂ©e Ă©tait de trouver notre son, notre identitĂ©. Ça faisait deux ans que je n’avais rien sorti donc il fallait que je trouve ma couleur (sonore, ndlr) » C’est dans ce contexte que Nilusi retrouve un ancien camarade de son groupe de musique sri-lankaise d’enfance, Dimitri, dont le talent la fascine. « Nos chemins se sont recroisĂ©s Ă  L.A., et aujourd’hui il fait partie de tout l’album. Il est Sri-Lankais, donc il a vraiment toute la pĂąte de nos musiques traditionnelles, il joue du tabla, du sitar, etc. » Cette rencontre fortuite devient le catalyseur d’un projet musical qui transcende les genres et les

Rajagiriya, Sri Lanka, 22 avril 2023. Nilusi entourée des femmes du village, ses tantes et sa mÚre (en jaune).

frontiĂšres. Avec Ray Ă  la production, Dimitri au sitar et aux percussions, et Tom Ă  la guitare, ils et elle construisent un univers musical fantasmagorique qui Ă©pouse les identitĂ©s multiples de Nilusi, un pont entre l’Asie du Sud et l’Occident. En parallĂšle de sa carriĂšre musicale, Nilusi se passionne pour l’image et le cinĂ©ma. Elle s’initie Ă  la rĂ©alisation et dĂ©veloppe son goĂ»t pour la narration visuelle. « AprĂšs avoir rencontrĂ© mes collaborateurs actuels, j’ai rĂ©alisĂ© qu’on pouvait apprendre Ă©normĂ©ment de choses sur le tas. Qu’on peut acquĂ©rir de nouvelles passions et ouvrir de nouveaux chakras. » Son projet, Lettre Ă  l’Univers, marque un tournant, car il n’est pas qu’un album de musique, il est aussi un long-mĂ©trage de 1 h 50, dont 78 % a Ă©tĂ© tournĂ©s au Sri Lanka, en 2023, dans l’optique d’incarner son dĂ©sir de raconter des histoires qui rĂ©sonnent profondĂ©ment avec ses origines et son parcours. « L’album fera partie de la BO du film, bien que l’histoire de Lettre Ă  l’Univers soit diffĂ©rente de celle du film... MĂȘme si inconsciemment, j’ai injectĂ© des Ă©lĂ©ments personnels dans la fiction, qu’on retrouve sur l’album, explique-t-elle. C’est l’histoire d’une jeune chanteuse qui vit dans le futur et qui part Ă  la recherche de son ĂȘtre dans une vie antĂ©rieure. C’est assez spirituel et Ă©motionnel. »

Une spiritualitĂ© qui est ancrĂ©e en elle. D’origine sri-lankaise et de parents bouddhistes, elle raconte : « Depuis trĂšs jeune, je suis hyper dĂ©terminĂ©e, j’ai l’impression que rien ne peut m’enlever ce rĂȘve que j’ai d’évoluer dans la musique, de faire ce que j’aime. J’ai toujours eu foi et je pense que c’est cette mentalitĂ©, qui fait que la vie me le rend. C’est donnant donnant avec la vie et j’aime cette relation. » Un art de vivre et un esprit qu’on retrouve tout au long des quinze morceaux de Lettre Ă  l’Univers, un album que l’artiste elle-mĂȘme se plaĂźt Ă  Ă©couter : « J’ai l’impression que j’ai retenu ma respiration pendant de longues annĂ©es et qu’enfin je peux expirer. Comme si j’avais Ă©tĂ© portĂ©e (par une force supĂ©rieure, ndlr) pendant toute la crĂ©ation de l’album, jusqu’à la fin, jusqu’au titre. » Un choix d’album qui pourrait aussi ĂȘtre une histoire Ă  part entiĂšre, puisque lĂ  encore, comme un signe du destin, il aura fallu d’un chat pour dĂ©cider, comme le rappelle Ray, qui Ă©tait prĂ©sent lors de notre interview. « On Ă©tait au tĂ©lĂ©phone avec Dimitri et nous n’avions toujours pas de titre pour le projet, aprĂšs deux ans de travail. Nous nous disions que le morceau aujourd’hui

Ă©ponyme Ă©tait stylĂ© (rĂ©vĂ©rencieux), donc pourquoi pas en faire le titre, mais on n’était pas sĂ»r. Et lĂ , notre chat est montĂ© sur l’ordi, a appuyĂ© sur play et le track Lettre Ă  l’Univers s’est jouĂ©. C’était pliĂ©. » Nilusi ajoute avec un sourire : « En réécoutant l’album, je me dis que je suis enfin sincĂšre, que j’ai trouvĂ© mon art et moi par la mĂȘme occasion. »

« J’ai l’impression que j’ai retenu ma respiration pendant de longues annĂ©es et qu’enfin je peux expirer. »

Identité et innovation musicale

Et si l’album de Nilusi Ă©tait l’innovation musicale tant attendue dans le spectre musical français ? L’artiste propose une musique que l’on entend rarement, grĂące Ă  un mĂ©tissage sonore poussĂ© Ă  l’extrĂȘme, atteignant par moments un Ă©quilibre frĂŽlant la perfection, comme sur les titres Tereketena, Saree ou encore Boru Kata. L’autrice-compositrice-interprĂšte, impressionne par une justesse et une authenticitĂ© saisissantes, tout en flirtant avec des influences Ă©lectroniques, trĂšs break (Like That Shit) et le jazz (Birthday Girl). Elle chante Ă©galement sur une fusion envoĂ»tante de R&B, pop et tradition avec Tsunami, tout en plaçant au cƓur de ses crĂ©ations sa culture sri-lankaise. Plus qu’un simple hommage, Nilusi la met en lumiĂšre,

Galle, Sri Lanka, 30 avril 2023. Nilusi en plein tournage du single Boru Kata sur le toit d’une camionnette.
« Ma maison, c’est la musique. Je pourrais vivre dans un studio toute ma vie. »
Nilusi au sujet de sa passion pour la musique et des sacrifices qu’elle fait au quotidien pour rĂ©ussir.

lui donnant ses lettres de noblesse entre tradition et modernitĂ©. On l’entend alors chanter en français, en anglais et en singhalais, langue avec laquelle elle Ă©change avec ses parents.

Se reconnecter Ă  ses racines et exprimer son identitĂ© musicalement n’a pas Ă©tĂ© une mince affaire pour la chanteuse nĂ©e en France. « Je pense que depuis toujours, dans mes mĂ©lodies, je mettais un peu de culture sud-asiatique sans pour autant marquer le trait. Petit Ă  petit, j’ai commencĂ© Ă  m’interroger sur la question du pourquoi je n’en mettais pas plus et j’ai rĂ©alisĂ© que dans cette industrie, on a tendance Ă  blanchir nos origines ou Ă  les utiliser, pas forcĂ©ment pour faire quelque chose de beau. » C’est aprĂšs ĂȘtre devenue une artiste indĂ©pendante que Nilusi a dĂ©cidĂ© de s’attaquer Ă  ce sujet en composant, Ă©crivant et produisant de la musique qui utilise sa culture d’origine de maniĂšre bienveillante, sans la mettre au service d’une industrie prĂȘte Ă  surfer dessus. AprĂšs tout, l’artiste a commencĂ© Ă  chanter dans un temple, au sein de la communautĂ© srilankaise : « Ce n’est pas rien, je ne peux pas oublier ça comme ça. »

Ainsi, au-delĂ  de se redĂ©couvrir et de se recentrer sur sa communautĂ©, la chanteuse a Ă©largi son apprentissage Ă  l’ensemble du monde sud-asiatique avec le soutien de Dimitri et Ray, avec qui elle est partie tourner les clips au Sri Lanka. Un moment exceptionnel qui restera gravĂ© dans sa mĂ©moire : « Pour la premiĂšre fois, j’ai pu impliquer ma famille, ma grand-mĂšre sur Leave a Message, ma mĂšre, mes tantes dans mon projet et surtout, j’ai pu les intĂ©grer dans mon monde ! » De tels moments sont rares, peu importe le mĂ©tier ou la passion.

D’autant plus que l’artiste n’est pas simplement Sri-Lankaise, mais aussi Française, il n’y avait donc aucun sens pour elle de ne prĂ©senter que 50 % de son identitĂ©. « Le jour oĂč j’ai enfin compris cela, un poids a disparu, je me suis sentie bien. » La rĂ©action de sa famille, quant Ă  elle, a Ă©tĂ© empreinte de joie, de fascination, de fiertĂ© et de reconnaissance. Une gratitude que Nilusi n’a pas comprise immĂ©diatement, mais qui,

« On a jouĂ© de la guitare comme si c’était un sitar et on a jouĂ© du piano avec des baguettes. » Ray

au fil du temps, a pris tout son sens, car ensemble, ils et elles sont devenu·e·s un tout. Pour l’anecdote : « Ma grand-mĂšre appelle mon pĂšre tous les jours pour lui dire qu’elle est trop contente d’ĂȘtre dans le clip. » Et c’est sans compter sur l’une de ses petites niĂšces qui, pendant le tournage, lui disait : « Je veux ĂȘtre comme toi un jour ».

Oui, les reprĂ©sentations sont nĂ©cessaires parce qu’elles inspirent, donnent parfois le courage de se lancer dans un domaine crĂ©atif, et surtout parce qu’elles apportent une confiance en soi. Elles nous montrent, dans les moments de doute, que l’on n’est pas seul·e. Elles constituent des points d’ancrage essentiels pour le bien-ĂȘtre de certains individus.

Compréhension

Avec le morceau Tereketena, Nilusi explore un paradoxe intime : celui de ne jamais parler de ses peines tout en aspirant Ă  ĂȘtre comprise par les autres. Ce titre, qui se distingue par l’utilisation du tabla (instrument de percussion traditionnel indien ressemblant Ă  un petit tambour), symbolise cette recherche d’équilibre entre silence et dĂ©sir de connexion. « Tereketena, ce sont un peu les notes que le maĂźtre de musique nous donne pour jouer sur le tabla, un peu comme do, rĂ©, mi, fa, sol, la, si, do. Dans notre cas, c’est Dimitri qui a donnĂ© le ton, m’explique Nilusi. C’était trĂšs dur de ramener ça dans une composition occidentale, française. Il m’a fallu presque un an pour Ă©crire le premier couplet, mĂȘme si j’avais le reste de la chanson. » Ce processus crĂ©atif, ponctuĂ© d’allersretours Ă  Los Angeles, a Ă©tĂ© boostĂ© par l’aide d’Yseult – artiste pour laquelle Nilusi Ă©crit – notamment sur le refrain, et par Ray, qui a eu l’idĂ©e de fusionner deux morceaux inachevĂ©s en un seul. Mais le premier couplet manquait toujours. Et si Nilusi a mis plusieurs mois Ă  l’écrire, c’est parce qu’elle devait d’abord accepter de se montrer vulnĂ©rable : « Je ne parle jamais de mes peines, mais j’aimerais qu’on me comprenne ; c’est quelque chose que j’ai ressenti toute ma vie. Cela tient beaucoup Ă  la solitude, Ă  la mĂ©lancolie et Ă  la maniĂšre dont j’ai vĂ©cu l’expĂ©rience de Kids United, le fait d’ĂȘtre Ă©loignĂ©e de mes proches. » La chanteuse confie qu’il lui arrive aussi d’avoir des moments d’absence quand les gens s’adressent Ă  elle, car elle se trouve dans son monde, sa solitude ; un effet de son parcours d’artiste indĂ©pendante oĂč elle sacrifie beaucoup de choses pour rĂ©ussir dans sa passion.

« Jusqu’à rĂ©cemment, je n’ai jamais eu de groupe d’amis, parce que je n’ai jamais pu le construire. C’est vrai que je ne m’arrĂȘte jamais. Et Ă  cause de ça, je me suis Ă©loignĂ©e de ma famille. »

Bien que cela ait ses aspects positifs et nĂ©gatifs, la chanteuse ambitieuse, qui dormait bien trop souvent dans son studio de musique, exprime nĂ©anmoins le souhait de faire Ă©voluer cet aspect de sa vie en trouvant un Ă©quilibre. PeutĂȘtre en trouvant un appartement, elle qui n’a « jamais vraiment eu de maison Ă  cause de [son] enfance artiste » et qui souhaite simplement ressentir que « lorsque je rentre quelque part, c’est chez moi », mĂȘme si, en creusant un peu, elle finira par avouer : « Ma maison, c’est la musique. Je pourrais vivre dans un studio toute ma vie. »

Pour toutes les raisons Ă©voquĂ©es plus haut, Lettre Ă  l’Univers est un album unique qui, lorsqu’on l’écoute attentivement, rĂ©vĂšle un ensemble de gammes sud-asiatiques. Ray, le producteur, m’explique : « C’est beaucoup dans les accords. On a jouĂ© de la guitare comme si c’était un sitar et on a jouĂ© du piano avec des baguettes pour le transformer en percussion. Dans la musique occidentale, on a le majeur et le mineur qui reprĂ©sentent souvent la joie et la tristesse, mais dans la musique sud-asiatique, il y a toute une panoplie de gammes qui permettent d’avoir des Ă©motions plus nuancĂ©es, et le rythme parfois en 6-8, c’est une autre signature temporelle, qui donne lieu Ă  des instrus plus chaloupĂ©es. » La chanteuse profite Ă©galement de ce premier album pour dĂ©dier un morceau guitare-voix Ă  sa mĂšre, dont elle tient sa dĂ©termination : comme je l’aime, un mĂ©lange entre l’ego, la pudeur et la dĂ©claration. « J’ai toujours eu du mal Ă  dire Ă  mes parents ce que je ressentais ; c’était pareil de leur cĂŽtĂ©, mais ça a changĂ© depuis l’écriture de l’album. Ce n’est toujours pas naturel, mais au moins, on se le dit, et c’est sincĂšre », me raconte Nilusi, qui espĂšre ainsi Ă©tablir une connexion plus profonde et dĂ©velopper une complicitĂ© avec ses parents. Et pour s’en rendre compte, il suffit de l’écouter prononcer ces mots sur un air de comptine : « Si ça ne tenait qu’à moi, je ne serais jamais partie, c’est dans son regard que je vois, le plus beau des paradis. »

Nilusi, Lettre Ă  l’Univers, GleAM Records, dĂ©jĂ  disponible sur l’ensemble des plateformes de streaming.

Les 24 Heures Doomed Mans

Samuel Lebouc (Ă  dr.) pour une premiĂšre au Mans. Sa came, c’est l’anneau de Longchamp et ses 3,6 km oĂč il tourne comme un dĂ©ment !

Texte Patricia Oudit Photos Dom Daher

Les 24 et 25 aoĂ»t derniers, Samuel Lebouc, dit « Black Metal Rider », connu pour ĂȘtre le Seigneur de l’anneau de Longchamp, a investi le circuit Bugatti des 24 Heures du Mans en force avec sa Doomed Army. Soit 44 Suicidal Urban Riders (S.U.R.) prĂȘtes et prĂȘts Ă  rouler Ă  bloc sous l’enfer de la pluie, jusqu’au bout de la nuit. The Red Bulletin Ă©tait lĂ  pour vivre cette expĂ©rience dĂ©moniaque.

« Je me recharge Ă  l’énergie du peloton. Comme si c’était un organisme vivant. C’est enivrant. »
Samuel Lebouc

Toutes les six minutes. Qu’il soit 17 heures, minuit passĂ©, 7 heures du mat’, sous la pluie mordante, dans la nuit froide ou dans l’aube orange, Samuel Lebouc, 42 ans, passe toutes les six minutes. En mĂ©tron’homme. Black Metal Rider a l’habitude des circuits. Celui de Bugatti, rendu mythique par la seconde place Ă  bord d’une Porsche de Paul Newman en 1979, Ă©grĂšne ses onze virages au long de ses 4,185 km. Soit 585 m de plus que celui de Longchamp dont il ponce le bitume habituellement. Nous sommes au 24 Heures VĂ©lo Ć koda, l’avant-dernier week-end d’aoĂ»t. Et voici un homme, 666 en latin et en grec tatouĂ© sur le bras gauche, fine natte tressĂ©e Ă©mergeant du casque, vĂȘtu d’une skinsuit bardĂ©e de croix inversĂ©es, et d’un logo tĂȘte de mort, que la plupart des fidĂšles de l’anneau parisien voient de dos, et de loin. Un homme qui a su motiver 44 cyclistes de son team, les Suicidal Urban Riders (S.U.R. pour les intimes), de former le plus gros crew, sa Doomed Army, jamais inscrit Ă  cette course. Investir de façon aussi massive cette quinziĂšme Ă©dition dont les places s’arrachent en vingt minutes, et ce chaque dĂ©but janvier, fut un petit exploit en soi. À inscription express, dispositif de geek : un serveur Discord créé pour l’occasion, neuf Doomed Troopers pour s’acquitter de la mission, scotché·e·s sur WhatsApp pour

cliquer de concert. Samuel, professeur d’anglais en tweed dans le civil, alors en cours, checke que le plan se dĂ©roule sans accro. Le site plante, gros flip pendant le refresh. Mais ça fonctionne. AllĂ©luia, ils et elles seront lĂ . Trois le feront en solo (sur 74 inscrit·e·s dans cette catĂ©gorie) dont Quentin Laffitte, Ugo Gavalda et Alexandre Duros, puis sept Ă©quipes de six, dont une mixte avec deux femmes, Julie et ElĂ©onore.

Les 24 Heures VĂ©lo, kĂ©sako ? 3 044 dingos pris·es dans un tourniquet infernal oĂč il s’agit d’enchaĂźner des tours jusqu’à l’extinction dans un univers limite carcĂ©ral fait de grilles, de barbelĂ©s et de portes en mĂ©tal. Bracelet Ă©lectronique « de taulard » portĂ© Ă  la cheville que chaque relayeur· euse doit se passer compris. Un concept plein d’attrait pour Samuel, un leader de fast pack qui mĂšne ce qu’il appelle le “pain train” comme un possĂ©dĂ©, embarquĂ© dans les wagons fous de Snowpiercer.

Rembobinons : Lebouc nous est apparu un jour de fĂ©vrier 2022 dans son antre de Longchamp, en tĂȘte d’une horde appliquĂ©e et mĂ©tallique, Ă  prĂšs de 50 km/h dans le faux plat. Un signe de main, et voilĂ  qu’il s’extrait du fast pack avec prĂ©cision. Conforme aux attentes, fidĂšle aux a priori qu’on peut avoir lorsqu’on s’apprĂȘte Ă  tirer le portrait d’un homme qui se fait surnommer « Black Metal Rider ». Immobile, de profil, mĂąchoires verrouillĂ©es, corps sec, regard clair impĂ©nĂ©trable. Samuel semble pressĂ© de rĂ©intĂ©grer le fast pack dont il est devenu, en quelques annĂ©es, le patron respectĂ©. Il dĂ©balle Ă  gros dĂ©bit sa passion pour la sape, de ses tenues qu’il imagine, et dont le Doomed et les tĂȘtes de mort se sont rĂ©pandus sur le dos des un·e·s et des autres autour de l’anneau, qu’ils ou elles fassent partie ou non des plus de 3 000 adeptes de son club Suicidal Urban Riders. Entre deux sessions, le king du hellriding se livre volontiers :

JOIN THE ARMY

Revue de troupes avec quelquesun·e·s des S.U.R. , rencontré·e·s avant l’épreuve et engagé·e·s sur ces 24 heures d’endurance.

QUENTIN LAFFITTE

29 ans, en solo « Le mix vĂ©lo et metal : c’est pour ça que j’ai adhĂ©rĂ© aux S.U.R. Les 24 Heures VĂ©lo, c’est une premiĂšre pour moi. En solo surtout, je ne sais pas trop ce qui m’attend. Je vais devoir apprendre Ă  gĂ©rer les kilomĂštres, mon objectif est de 420. » Ce sera 442 km au final, et 30 minutes de sommeil pour ce designer qui a choisi, malgrĂ© un souci au genou, de rentrer chez lui Ă  Montpellier
 en partie Ă  vĂ©lo. HoplĂ , 450 bornes de plus !

Ci-dessus : let’s go! Le dĂ©part des 24 Heures VĂ©lo Ć koda 2024. Ici : Samuel passe le

bracelet de cheville et le relais Ă  son acolyte.

sa passion tardive pour le vĂ©lo, lui qui a cessĂ© le basket et le rugby Ă  16 ans, et dont les deux seuls liens avec la bicyclette consistent en Tours de France reluquĂ©s avec papy et un VTT Ă  peine utilisĂ©. Il concĂšde, lucide, une propension Ă  la bigorexie (addiction au sport) et reconnaĂźt que faire « 500 bornes par semaine, uniquement ou presque Ă  Longchamp, c’est un peu bizarre, vu de l’extĂ©rieur ». En 2016, Samuel s’est remis au vĂ©lo pour se dĂ©placer. « Un pote m’a un jour prĂȘtĂ© un singlespeed, puis je me suis vite mis au fixie. Il y a cette violence que je recherche dans cette pratique, les courses sont Ă©lectriques. Fin 2016, je roulais dĂ©jĂ  quatre fois par semaine. Et tous les jours pendant les vacances. J’étais complĂštement excitĂ©. Rouler vite, fort, en intensitĂ©. »

RAINER HEITMÜLLER

65 ans, relayeur

FidĂšle Ă  ses valeurs d’ouverture, Samuel Lebouc voulait absolument avoir des aĂźnĂ©s dans les inscrit·e·s ! Rainer est venu tout spĂ©cialement de Bonn (Allemagne) pour pousser fort sur les pĂ©dales comme il sait le faire. « DĂšs que je viens Ă  Longchamp, je vais les rejoindre ! Je me dĂ©place en mini van, et bien sĂ»r, jamais sans mon vĂ©lo. »

Samuel : « J’étais tellement content de le rencontrer enfin aprĂšs des annĂ©es Ă  lui envoyer des tenues Doomed. »

Performance et style avec Samuel Lebouc, le roi du Jersey satanique.

ANTOINE MAUVOISIN

22 ans, relayeur

Avec Ugo Gavalda, le soliste, Antoine fait partie des benjamins de l’aventure Doomed Army. Si Samuel l’a recrutĂ© dans son Team Q de forts en cuissots, ce n’est pas un hasard. Le garçon aime l’extrĂȘme et la longue distance. « J’ai couru la Race Across France, je fais des GravelMan (circuit de course sans assistance, ndlr) et j’ai remportĂ© la Race Across Paris. J’aime bien l’émulation créée par Samuel Ă  Longchamp ! »

Longchamp ? « Jamais entendu parler. » Et il y a eu cette « petite course oĂč je me suis inscrit et fait Ă©clater. Mais ça m’a plu. J’ai remis ça, et en fĂ©vrier 2017, je suis tombĂ© sur Strava. Une Ă©tape clĂ© ». En maniaque assumĂ© qui s’inflige du scotch double face pour maintenir ses chaussettes en place, il instaure des rituels. Dimanche et jeudi, c’est brakeless (trad. sans frein) oĂč l’on doit skidder (faire des dĂ©rapages successifs) pour s’arrĂȘter. Ce qu’il traque, c’est l’adrĂ©naline. « Je me recharge Ă  l’énergie du peloton. Comme si c’était un organisme vivant. C’est enivrant. » Violence, intensitĂ©. Dans la vie de Samuel Lebouc, vĂ©gan par Ă©thique, sobre par nĂ©cessitĂ©, son foie ayant du mal Ă  encaisser, il semble n’y avoir pas grandchose de mou, de neutre, de tiĂšde, d’inco-

hĂ©rent. « Elle est Ă©goĂŻste, cette passion, chronophage et coĂ»teuse, mais clairement, je m’en fous. » Deux ans et demi plus tard, il roule toujours au mĂȘme rythme, chevauchĂ©es vĂ©loces en fixie Ă  Lonchamp, en dĂ©pit d’infidĂ©litĂ©s les week-ends pour cause d’addiction nouvelle Ă  la VallĂ©e de Chevreuse, Ă  raison de sorties de 180 km. LĂ©ger changement de braquet en ce qui concerne le matos Ă©galement : son stock de vĂ©los culmine Ă  quinze aujourd’hui. « Des bons plans de geek technos immanquables, plaide-t-il, dont un Enve Melee noir qui a remportĂ© une Ă©tape sur le Tour de France. J’aime l’objet vĂ©lo, rouler avec. Je chine parfois Ă  l’autre bout du monde pour trouver la piĂšce. Monter, peaufiner, ça peut durer des mois. Je veux que ce soit des objets totalement personnels. » Un de ses vĂ©los culte : un Skream/Doomed, collab’ collector, Ă©dition limitĂ©e Ă  onze spades, guidoline chromĂ©e pour matcher avec l’ensemble. « Ça tue visuellement, mais ça glisse, je suis obligĂ© de porter des gants pour le grip. »

Lebouc, de son look jusqu’à son nom en passant par son genre musical occultissime prĂ©fĂ©rĂ©, le funeral doom (Samuel Lebouc joue dans le groupe Funeralium, mot-valise créé Ă  partir de « funĂ©railles » et « valium »), et son kilomĂ©trage satanique arrĂȘtĂ© pour 2023 Ă  36 666 km – depuis juillet 2022, il dĂ©tient aussi le record de distance de Longchamp, avec 666 km Ă©videmment – a beau afficher tous les stigmates de la radicalitĂ©, il n’est nullement client d’un quelconque sectarisme. Également bienvenu·e·s au club : vĂ©tĂ©tiste de la cambrousse comme coursier punk. Chez Suicidal Urban Riders, l’éclectisme est une valeur, l’entrĂ©e libre. Une capacitĂ© Ă  rassembler ses troupes, comme en tĂ©moigne son compte Strava fort de 7 800 abonné·e·s. « Il a dit go, on a suivi », dit Matt, un Anglais venu avec son fils de 15 ans qui le suit mais n’avait jamais rencontrĂ© Samuel et ses troopers en vrai. De fait, la Doomed Army prĂ©sente au Mans est trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšne : composĂ©e des Allemands Christian et Rainer, et de gens de toute la France, de Montpellier Ă  Bordeaux en passant par la Bretagne. S.U.R., c’est une communautĂ© ouverte, un Ă©tat d’esprit dont la diversitĂ© se perçoit : si les metalleux tatouĂ©s, cheveux longs sur base rasĂ©e sont en nombre, les profils, les niveaux, les gabarits, les gĂ©nĂ©rations sont variĂ©es, le dĂ©nominateur commun Ă©tant davantage la petite reine que le gros son hardcore.

Au sortir du paddock 9, oĂč trĂŽne un home-trainer sur lesquels les S.U.R. s’échauffent Ă  tour de rĂŽle, la skinsuit noire barrĂ©e d’un Ă©norme Doomed blanc

Au sein de la Doomed Army, le dénominateur commun est davantage la petite reine que le gros son hardcore.

« au style outrecuidant et radical tout en Ă©tant Ă©lĂ©gant », dixit Samuel qui l’a créée spĂ©cialement pour l’évĂ©nement, fait son effet, et tranche parmi les accoutrements multicolores sponsorisĂ©s aux airs de panneaux publicitaires dont le cyclisme a le secret. Loge 110, un Ă©tage au-dessus, aprĂšs avoir donnĂ© l’ordre de remonter le zip de sa tenue jusqu’en haut, geste incompressible pour rouler propre, beau et stylĂ© « sinon ça sert Ă  quoi que je me casse le c.. Ă  faire douze collections depuis 2018 ? », Samuel teste les talkies-walkies. La rĂ©partition des teams s’est faite en fonction du niveau de chacun, avec une Ă©quipe de « vets », gang de rouleurs soixantenaires fit comme des jeunots emmenĂ©s par Rainer et Bernard, 65 et 68 ans. « CĂŽtĂ© stratĂ©gie, rien n’est gravĂ© dans le marbre », indique le boss en enfilant son oreillette pour pouvoir communiquer avec les cinq partenaires de son team Q, sur le papier le plus fort, avec Thibaut, Victor, Lucas, Gabriel et Antoine. « Partir sur la base de relais d’une heure, une heure vingt chacun, et affiner si besoin. Si on est dans un bon wagon, un peloton qui roule fort : ne pas couper son effort, profiter de l’aspiration. Ce qui est sĂ»r, c’est qu’on ne pourra pas rivaliser avec les meilleurs, des machines de guerre semi-pros qui sont juste un cran en dessous du World Tour. » En attendant le dĂ©part qui sera donnĂ© par Pierre Rolland, tout frais retraitĂ© du circuit pro, l’asphalte devant les loges se garnit de coureurs tournicotant en mode hamster sur un micro-terrain de 100 m de long sur 20 m de large.

Samedi 24 aoĂ»t, c’est parti pour un jour. Quatorze nationalitĂ©s sur la pĂ©dale de guerre. De la Belgique au Burkina Faso, de l’Irlande au Chili, du Maroc aux Pays-Bas, les endurant·e·s du dĂ©railleur et autres forcené·e·s de la bordure ont rendez-vous Ă  15 heures sous un ciel excessivement menaçant. Le team Q de Samuel envoie Lucas Escout au front, le seul coureur de club, assez expĂ©rimentĂ© pour se sortir du « chantier »

Revoici Maxime, Ă  la fin de son terrible relais humide et froid, qui s’affale dans le paddock, aprĂšs qu’une intense douleur Ă  la cuisse se soit rĂ©veillĂ©e pendant son heure de ride nocturne.
Maxime, jeune et vaillant soldat des Suicidal Urban Riders, met les watts dans la nuit glaciale d’aoĂ»t, sous la flotte. Si vous regardez vers le bas, vous allez voir le rĂ©sultat.

Pause Ă©nergisante sur l’escalier menant aux loges de l’un des deux Allemands venus rejoindre les S.U.R. : Christian K, « C krany » sur Strava, prĂ©cise Samuel, dont les tenues s’exportent un peu partout.

La grĂȘle est dĂ©clarĂ©e. Il est 22 heures au Mans et des hallebardes s’abattent sur le ruban d’asphalte, le rendant dangereusement glissant. L’aprĂšs-midi, la Doomed Army avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© bien arrosĂ©e.

ELEONORE BERTHET

25 ans, relayeuse

Avec Julie Soulet, elle est l’une des deux femmes de la Doomed Army. Elle vient accompagnĂ©e de Valerian, son copain, avec qui elle a partagĂ© des annĂ©es d’aviron en compĂ©tition. Elle a connu Samuel Lebouc et sa Doomed Army sur Strava. « Et comme on habite Ă  cĂŽtĂ© de Longchamp
 On roule aussi avec le team lors de leurs sorties en VallĂ©e de Chevreuse. Mais moi, c’est tranquille, 27 km/h de moyenne, pas comme les furieux du fast pack ! »

qui consiste Ă  sprinter jusqu’à son vĂ©lo, au milieu de 619 autres riders, le nombre limite autorisĂ© Ă  rouler en mĂȘme temps sur la piste. AprĂšs le premier relais, le leader du fast pack parisien est ravi : Lucas a roulĂ© fort, fidĂšle Ă  l’ambitieux plan initial. Relais 2 : Lebouc, hargneux, bien posĂ© sur sa monture noire de 7 kilos dont il a retirĂ© le dĂ©railleur pour gagner du poids et dont la selle Ă©vidĂ©e Ă©vite le martyr du postĂ©rieur, se lance, sous les auspices les plus dark, vent et grĂȘle d’apocalypse. VoilĂ  qui devrait plaire Ă  Lucifer. L’équation sur ce genre de circuit est imparable comme un vieux proverbe asiatique : vent de dos sur la ligne d’arrivĂ©e, vent de face de l’autre cĂŽtĂ©. Suite Ă  la bosse Dunlop, 1 km aprĂšs le dĂ©part, 600 m de faux plat s’excitant pour atteindre les 7 %, au milieu des bourrasques Ă  50 km /h et qui donnent une bonne claque aux baroudeurs. PiĂ©gĂ© dans un entre-deux, pas assez rapide pour accrocher les premiers, trop pour le reste du peloton, Samuel voit son autre prophĂ©tie se rĂ©aliser : il doit tenir seul pour sur-

Sprint ou marathon : on n’en bave pas de la mĂȘme façon mais, au final, les mĂ©tabolismes finissent dans le mĂȘme Ă©tat. DEAD.

Dans l’aube fumante du petit matin, un trooper aux petites croix inversĂ©es infiltre le pack. Derniers relais mortels !

JÉRÉMY ALMADOVAL

37 ans, relayeur

Cordiste et vĂ©lotaffeur, l’homme Ă  casquette roule beaucoup, et aussi ses cigarettes, et est souvent Ă  la recherche d’un briquet.

« Je viens du VTT Ă  la base, j’ai fait beaucoup de roadtrips au dĂ©part de Seine-etMarne, oĂč je vis, parfois en tirant de sacrĂ©es carrioles !

Je connais le groupe de Samuel depuis deux ans. Je kiffe l’état d’esprit, mĂȘme si je crains de ralentir mon team ce week-end, vu le peu de temps que j’ai eu pour m’entraĂźner ! »

BERNARD PÉLAMOURGUES

68 ans, relayeur

Un doyen pas comme les autres, Bernard. Un des plus fidĂšles Doomed Troopers, 15 000 bornes par an. Le genre de nĂ©o-retraitĂ© qui Ă©coute du Black death et drone metal.

« En 2018, j’ai repĂ©rĂ© les jerseys des S.U.R. avec la pratique hardcore du vĂ©lo et le cĂŽtĂ© badass qui me correspondent. »

Cet ex-statisticien et docteur en sociologie a une devise : « roule le plus vite et le plus longtemps possible », laquelle est totalement compatible avec le spirit de la Doomed Army.

vivre sans se faire dropper, malgrĂ© sa roue arriĂšre qui chasse dans la montĂ©e glissante et menace de le faire tomber. Treize tours plus tard et des crampes partout, Black Metal Rider, rincĂ©, a tout de mĂȘme assurĂ© la sixiĂšme place de l’équipe.

Alors que la nuit s’annonce aussi lugubre que dans un roman gothique et que le cliquetis des dĂ©railleurs continue de rĂ©sonner dans le ciel de zinc, la loge 110, au premier Ă©tage s’anime. On y grignote, on y somnole, toutes ces choses vitales qu’un relais toutes les quatre heures n’autorisent qu’à moitiĂ©. Samuel, embrassant la loge du regard, esquisse un sourire : « Tu pourrais ouvrir un DĂ©cathlon entre les tapis de sol, les sacs de couchage, les lits de camp et les matelas pneumatiques dans tous les sens ! » Il est 20 heures et les feux arriĂšre, obligatoires, s’allument. Deux heures plus tard, on les distingue Ă  peine : un nouvel Ă©pisode brutal de grĂȘle s’abat sur les coureurs dĂ©jĂ  mouillĂ©s, Maxime l’un des S.U.R. est dessous, et une fois Ă  l’abri du paddock, une douleur Ă  la

cuisse le cloue par terre. ÉreintĂ©, il passe le relais au boss, condamnĂ© Ă  l’aquaplaning, maudissant « les bĂątards qui vont rester sec ». À son retour, alors que Samuel s’apprĂȘte Ă  s’allonger sur son lit gonflable de dandy, la loge a mutĂ© hammam. Vitres embuĂ©es, cuissards et jerseys tentant de sĂ©cher sur l’étendoir et aux fenĂȘtres, le tout exhalant un combo sueur/humiditĂ© diabolique. Dehors, le mercure a chutĂ©, il fait Ă  peine 10 °C, les haleines fument, comme les cuisses et les cƓurs. Les efforts des diffĂ©rents coursiers sont antagonistes : les solistes comme Ugo, Alexandre et Quentin doivent se prĂ©server pour durer, tandis que les relayeurs sont Ă  bloc

Samuel est aux anges, un comble pour un diable de son espĂšce.

pendant plus d’une heure. Sprint ou marathon : on n’en bave pas de la mĂȘme façon mais, au final, les mĂ©tabolismes finissent dans le mĂȘme Ă©tat. DEAD.

“Eight hours to go!”, Ă©ructe le speaker. « Encore plus que » ? Tout dĂ©pend de la fatigue de chacun·e, mais au petit matin qui se lĂšve de son nuage de brume et va bientĂŽt empourprer l’herbe enserrant l’asphalte, le peloton aux deux-tiers de la course s’est Ă©tirĂ©, les regards se font fixes, la cadence de pĂ©dalage comme anesthĂ©siĂ©e. Des semi-zombies errent autour de l’anneau, couverture sur les Ă©paules ou enrobĂ©s dans leurs sacs de couchage. Mary Shelley ne devrait plus tarder Ă  descendre de la cime Ă©blouie des arbres en compagnie de sa crĂ©ature Frankenstein. MĂȘme les corbeaux se sont donnĂ© le mot. Samuel heureux de son troisiĂšme relais oĂč il a enfin pu s’infiltrer dans le pack et rouler comme il sait, fast & furious, astique, en vue du dernier ride, son spade un Sworks Venge passĂ© en monoplateau de 54 dents. « Super dĂ©cision, mĂȘme pas eu Ă  passer les deux derniers grands pignons de droite. 54-24 max, ça suffisait largement », se rĂ©jouit-il. À cet instant, quelqu’un met du Johnny et chante sous la douche. « Ah ouais ? C’est comme ça qu’ça s’passe? », Ă©crit Lebouc dans l’un de ses mythiques dĂ©briefs Strava. « Je leur balance du Pig Destroyer, album Terrifyer qui est juste un des albums les plus enragĂ©s jamais produits. » Rassurez-vous : au sein des S.U.R., l’ambiance restera bonne jusqu’au bout.

Pour les derniers relais, les Doomed Troopers ont tout donnĂ© : Charly, du team T, est Ă©clatĂ©, son cƓur montĂ© Ă  202 bpm ; Valerian a explosĂ© son compteur Ă  52 km Ă  l’heure ; quant Ă  Ugo, il vient de boucler son 658e tour sans dormir, battant son record de l’an passĂ©. Le team Q de Samuel finit douziĂšme sur 197 équipes de finishers, 230 tours de circuit tout de mĂȘme, certes loin des 1 000 km qu’il faut pour gagner. « Et on place un second team en treiziĂšme position. À signaler aussi la super perf d’Alexandre Duros qui accroche la cinquiĂšme place en solo ! » Samuel est aux anges, un comble pour un diable de son espĂšce.

Comme l’an dernier, ce sont les hommes en bleu de S1neo qui montent sur la premiĂšre marche du podium, raflant leur cinquiĂšme titre au Mans. Aujourd’hui, Samuel cĂ©lĂšbre une autre victoire : grĂące Ă  son relais de 4 h 56 pour 193 km de circuit, il vient de boucler 27 000 km annuels, bien parti pour afficher 40 000 bornes au compteur. « On a bien envie de revenir en 2025 ! » Vivement les prochaines 24 Heures « Doomed » Mans.

Texte Scott Johnson
Photos Shamil Tanna

AURÉLIA AGEL & JUSTIN HOWELL

Partenaires dans la vie, la Française et le CanadoAmĂ©ricain se bougent pour accĂ©der Ă  l’élite des cascadeurs et cascadeuses d’Hollywood.

Du love en cascade

La dĂ©fonce et la fĂȘte, pas leur truc. AurĂ©lia et Justin se retrouvent sur des tapis pour se mettre quelques prises.

MR. & MRS. SMITH:

Love & War offre assez d’action pour satisfaire les fans les plus exigeant·e·s. Le fait qu’il ait suffi d’à peine 48 heures pour tourner ce court-mĂ©trage de 5 minutes dans un cimetiĂšre d’avions en plein cƓur du dĂ©sert californien tĂ©moigne de l’immense talent de ses auteur·rice·s et acteur·rice·s principaux·ales, AurĂ©lia Agel et Justin Howell, deux des cascadeur· euse·s les plus brillant·e·s Ă  Hollywood Ă  l’heure actuelle. Pendant l’étĂ© et l’automne de l’annĂ©e 2023, tandis que la grĂšve des scĂ©naristes paralysait l’industrie du cinĂ©ma, mari et femme se sont donnĂ© pour mission de rĂ©aliser « le meilleur court-mĂ©trage d’action possible en un temps record ». Force est de constater que ce film tient toutes ses promesses. Outre quelques corps-Ă -corps hallucinants, il fait la part belle au combat aĂ©rien et aux explosions en tous genres
 Justin Howell – ou plutĂŽt son bras bionique –attrape mĂȘme une roquette au vol pour la renvoyer Ă  l’expĂ©ditrice. AprĂšs deux jours passĂ©s Ă  braver les serpents venimeux, une chaleur torride et un Ă©puisement total, le couple, qui a failli s’entretuer, termine la scĂšne sur un vrai baiser de cinĂ©ma.

Mr. & Mrs. Smith: Love & War est une jolie bande dĂ©mo pour Justin Howell, et AurĂ©lia Agel, nos deux cascadeur·euse·s tout en muscles mesurant plus d1,80 m et dĂ©bordant·e·s d’énergie. Le couple semble ĂȘtre taillĂ© dans le mĂȘme granit que les superhĂ©ros qu’il double parfois Ă  l’écran, comme les Avengers Thor et Nebula. En rĂ©alitĂ©, AurĂ©lia Agel et Justin Howell n’ont pas vraiment besoin de bande dĂ©mo. SurnommĂ©e « la cascadeuse la plus sexy » au monde, la jeune femme s’est dĂ©jĂ  glissĂ©e dans la peau de Charlize Theron, Milla Jovovich ou encore Olga Kurylenko. Quant au blond Justin Howell, sa mĂąchoire a de quoi faire pĂąlir d’envie Superman, qu’il a Ă©galement doublĂ©.

Depuis sa publication en ligne au mois de mars 2024, Mr. & Mrs. Smith: Love & War cumule plus de 160 000 vues sur YouTube. Si cette vidĂ©o est trĂšs divertissante, elle symbolise aussi l’aube d’une nouvelle Ăšre Ă  Hollywood. En effet, les cascadeur·euse·s d’élite comme AurĂ©lia Agel et Justin Howell en ont assez de

Malgré leur vibe franchement sympathique, Justin Howell et Aurélia Agel peuvent vous mettre à terre en un éclair.

se castagner juste pour le plaisir : il et elle cherchent autre chose et Ă©largissent aujourd’hui leur champ de compĂ©tences à la chorĂ©graphie de cascades, la rĂ©alisation ou mĂȘme la comĂ©die. ZoĂ« Bell, qui a longtemps travaillĂ© pour Quentin Tarantino, est passĂ©e du doublage d’Uma Thurman dans Kill Bill Ă  la comĂ©die et la production. Greg Powell, un autre cascadeur Ă©mĂ©rite, s’est tournĂ© vers la coordination des cascades pour des films tels que la saga Harry Potter ou Avengers : L’ùre d’Ultron

Entre-temps, d’anciens grands cascadeurs comme Chad Stahelski, David Leitch et Sam Hargrave se sont installĂ©s dans le fauteuil de rĂ©alisateur pour apporter un savoir-faire inestimable au film d’action hollywoodien, alliant une comprĂ©hension parfaite de la chorĂ©graphie et de la sĂ©curitĂ© sur les plateaux de tournage Ă  un vĂ©ritable talent de conteur d’histoires. Chad Stahelski, qui doublait Keanu Reeves dans Matrix, est l’architecte de la saga John Wick, qui a rapportĂ© plus d’un milliard de dollars de recettes mondiales. En 2023, John Wick : Chapitre 4 a Ă©tĂ© saluĂ© en tant que chefd’Ɠuvre du genre, portĂ© par un univers immensĂ©ment riche et des scĂšnes d’action Ă  la chorĂ©graphie millimĂ©trĂ©e. De mĂȘme, David Leitch, qui a corĂ©alisĂ© le premier John Wick avant de se lancer

dans une carriĂšre solo de rĂ©alisateur, est Ă  l’origine d’énormes blockbusters, parmi lesquels Fast & Furious: Hobbs & Shaw et Deadpool 2, dont les recettes mondiales dĂ©passent les 760 millions de dollars. Sam Hargrave, une autre star de la cascade, s’est servi de son expĂ©rience dans la coordination des cascades lors des films Marvel pour rĂ©aliser la saga Tyler Rake sur Netflix, qui s’illustre au travers de scĂšnes d’action Ă©poustouflantes et d’une cinĂ©matographie novatrice, avec, par exemple, le fameux plan-sĂ©quence de 21 minutes sur Tyler Rake 2

Pourtant, malgrĂ© les succĂšs artistiques et Ă©conomiques auxquels l’activitĂ© de cascadeur participe, cette discipline est rarement honorĂ©e par les institutions connues du grand public, Ă  l’instar des Oscars. Les Taurus World Stunt Awards visent Ă  combler ce manque. Depuis 2001, ils cĂ©lĂšbrent les plus belles performances dans des catĂ©gories telles que Meilleur combat, Meilleur travail aĂ©rien et Meilleure cascade spĂ©cialisĂ©e. Ă  la cĂ©rĂ©monie de 2022, le film de la sĂ©rie James Bond, Mourir peut attendre, a ainsi Ă©tĂ© rĂ©compensĂ© pour une cascade spĂ©cialisĂ©e pendant laquelle le pilote Paul Edmondson a fait passer une moto 12 mĂštres au-dessus d’un mur qui s’élevait dĂ©jĂ  Ă  20 mĂštres. Par ailleurs, les nominĂ©s pour la catĂ©gorie du Meilleur

travail avec un vĂ©hicule comprenaient une sĂ©quence de poursuite et de crash dans The Suicide Squad et un carambolage impressionnant dans Fast & Furious 9. En 2024, c’est le dernier film de Sam Hargrave, Tyler Rake 2, qui a dominĂ© les Taurus Awards : le film a Ă©tĂ© nommĂ© dans sept des huit catĂ©gories, et a reçu les prix de la meilleure cascade automobile (pour sa course frĂ©nĂ©tique en voiture Ă  travers la forĂȘt, travaillĂ©e avec soin pour simuler une prise de vue unique), du meilleur combat et de la meilleure coordination de cascades. La communautĂ© des cascadeur·euse·s fait toujours campagne pour obtenir une catĂ©gorie aux Oscars. « Sachant que tout au long de l’histoire, cet art a permis Ă  des milliards de personnes de s’immerger dans les fictions qu’on leur proposait, comment s’opposer Ă  la crĂ©ation d’une catĂ©gorie dĂ©diĂ©e aux cascades lors des Oscars ? », interroge Sam Hargrave.

En attendant, le rĂ©alisateur continue de repousser les limites et a embarquĂ© AurĂ©lia Agel et Justin Howell avec lui. Dans un studio de Budapest (Hongrie), le trio filme Matchbox sous l’égide de Skydance, Apple et Mattel Films, s’inspirant de la cĂ©lĂšbre gamme de vĂ©hicules miniatures en mĂ©tal de Mattel. Ce longmĂ©trage d’action, mettant en scĂšne John Cena et Jessica Biel, raconte l’histoire d’un espion qui sauve le monde avec l’aide de ses amis – et de leurs voitures. « Nous sommes en route pour de nouveaux records, lĂąche Sam Hargrave de maniĂšre

Ă©vasive. Si on parvient Ă  tout intĂ©grer, ce film sera bourrĂ© d’action. » À la demande de Justin Howell, le rĂ©alisateur a modifiĂ© le script de sorte qu’AurĂ©lia Agel puisse travailler avec son mari. « On lui a Ă©crit un rĂŽle, explique Sam Hargrave. Celui d’une tueuse qui apparaĂźt de temps en temps Ă  l’écran pour tenter d’assassiner notre hĂ©ros. Elle a d’ailleurs quelques interactions assez drĂŽles avec John Cena. »

AurĂ©lia Agel, 26 ans, a grandi dans une famille française d’origine modeste. Elle est nĂ©e Ă  OrlĂ©ans, mais a passĂ© une bonne partie de son enfance Ă  Cahors, situĂ©e Ă  une heure et demie en voiture de Toulouse, ville rĂ©putĂ©e pour sa gastronomie. Son pĂšre Ă©tait professeur de sciences Ă©conomiques et sociales au lycĂ©e. Il faisait du taekwondo et Ă©crivait des livres sur la mythologie grecque pendant son temps libre. Sa mĂšre Ă©tait infirmiĂšre et judoka. Ils dĂ©mĂ©nageaient souvent, pour s’installer parfois dans des quartiers difficiles, comme La Courneuve en banlieue parisienne. Inquiets pour la sĂ©curitĂ© de

leurs filles, les parents d’AurĂ©lia l’ont encouragĂ©e, ainsi que sa grande sƓur, à pratiquer les arts martiaux. AurĂ©lia Agel y a pris goĂ»t. Elle obtient sa premiĂšre ceinture noire de judo Ă  l’ñge de 14 ans, et elle a aussi suivi des cours de taekwondo, de boxe chinoise et de KaratĂ© Contact. Elle a d’ailleurs fini par rejoindre l’équipe nationale française de boxe chinoise.

Quand elle Ă©tait petite, AurĂ©lia Agel s’imaginait cheffe d’un grand restaurant. Elle a donc tout naturellement fait une Ă©cole de cuisine. Mais vers ses 17 ans, cela a commencĂ© Ă  interfĂ©rer avec son entraĂźnement aux arts martiaux. Elle a abandonnĂ© son Ă©cole et s’est laissĂ©e aller. Son pĂšre et sa mĂšre se sont inquiĂ©té·e·s. « Je sentais leur dĂ©sarroi
 Qu’allais-je devenir ? », se rappelle AurĂ©lia Agel. Iels lui ont suggĂ©rĂ© de suivre une formation au Campus Univers Cascades, une Ă©cole de cascadeur·euse·s trĂšs rĂ©putĂ©e dans le nord de la France. AurĂ©lia Agel a tout de suite su qu’elle avait trouvĂ© sa voie. ProblĂšme : la formation coĂ»tait extrĂȘmement cher. Cernant son potentiel, le directeur de l’établissement lui a offert une remise de 50 %. Et il n’a pas fallu longtemps Ă  la jeune femme pour commencer Ă  attirer l’attention. Cette annĂ©e-lĂ , elle a auditionnĂ© pour le doublage de Sasha Luss, une actrice et mannequin russo-amĂ©ricaine qui avait dĂ©crochĂ© le premier rĂŽle dans Anna, un film de Luc Besson. Elle a pris un train pour Paris et trois jours plus tard, elle a appelĂ© le magasin adidas dans lequel elle travaillait Ă  Toulouse. « Je ne reviendrai pas », a-t-elle annoncĂ© au bout du fil.

Ses dĂ©buts Ă  Paris n’ont pourtant pas Ă©tĂ© faciles. AurĂ©lia Agel vivait avec sa grand-mĂšre qui souffrait d’Alzheimer, et s’occupait d’elle tout en travaillant sur Anna, en s’entraĂźnant et en se rendant Ă  autant d’auditions que possible. AprĂšs quelques tentatives ratĂ©es en France et Ă  l’étranger, elle est retournĂ©e Ă  l’école pour complĂ©ter son apprentissage, notamment sur le travail de cĂąblage, et elle a Ă©tĂ© engagĂ©e sur Black Widow Puis sa carriĂšre a dĂ©collĂ©. Elle s’est fait connaĂźtre pour avoir rĂ©alisĂ© des cascades dans des films au succĂšs retentissant, comme Fast & Furious X et The Old Guard 2. La pandĂ©mie de Covid a freinĂ© cet Ă©lan, mais la jeune femme n’a pas mis longtemps avant de dĂ©crocher une place importante de cascadeuse dans Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3, oĂč elle a doublĂ© l’actrice Ă©cossaise Karen Gillan dans le rĂŽle de Nebula. RĂ©cemment, son travail pour des stars telles que Charlize Theron a assis sa rĂ©putation : elle est aujourd’hui

Avec Will Smith, sur le tournage du film Suicide Squad Justin y a doublé Joel Kinnaman (rÎle de Rick Flag).
Le couple double des stars parmi les plus bankable d’Hollywood.

considĂ©rĂ©e comme l’une des cascadeuses les plus douĂ©es et les plus polyvalentes de l’industrie du cinĂ©ma.

Cependant, son ascension vers la cĂ©lĂ©britĂ© ne s’est pas faite sans quelques heurts. AurĂ©lia Agel se souvient notamment d’un harcĂšlement rĂ©pĂ©tĂ© qu’elle avait subi pendant plusieurs semaines sur un plateau de tournage. Cet Ă©pisode pĂ©nible ne l’a pas conduite Ă  abandonner sa carriĂšre dans le secteur du divertissement, mais l’a endurcie. « J’aurais pu tout quitter, raconte-t-elle. Mais j’ai dĂ©cidĂ© de continuer parce que c’était mon rĂȘve. » Selon elle, sa capacitĂ© Ă  traverser les Ă©preuves lui vient de sa pratique des arts martiaux. « Cela m’a donnĂ© la force mentale nĂ©cessaire », assure-t-elle.

À l’autre bout du monde, dans la ville canadienne de Mississauga, Justin Howell, 35 ans, a grandi au cƓur d’un environnement similaire oĂč sport et ambition tenaient une place prĂ©pondĂ©rante. Sa mĂšre, comme celle d’AurĂ©lia Agel, Ă©tait infirmiĂšre, tandis que son pĂšre travaillait dans l’immobilier. Il a aussi commencĂ© les arts martiaux trĂšs tĂŽt, obtenant rapidement ceinture sur ceinture et devenant, Ă  tout juste 10 ans, l’un des cinq membres de l’équipe canadienne de dĂ©monstration qui voyageait à travers l’AmĂ©rique du Nord pour prĂ©senter le taekwondo au grand public. À cette Ă©poque, Justin Howell rĂȘvait de faire cela toute sa vie, mais quand il a eu 16 ans, il a dĂ©couvert le cheerleading. Le jeune garçon a finalement intĂ©grĂ© l’équipe canadienne et s’est produit lors des championnats du monde de taekwondo entre 2011 et 2016.

Cependant, tout a changĂ© lorsqu’il a dĂ©crochĂ© un rĂŽle de chevalier au Medieval Times Dinner & Tournament de Toronto, oĂč il a appris Ă  monter Ă  cheval, Ă  se battre dans le sable avec des Ă©pĂ©es en mĂ©tal, et Ă  titiller une foule avec des jeux d’adresse. Il s’est mis sĂ©rieusement Ă  la musculation dans une « salle du donjon » avec d’autres chevaliers et a pris 11 kilos de muscles en deux ans. Le grand Ă©cran lui a rapidement fait de l’Ɠil. Son premier film Ă©tait un pĂ©plum intitulĂ© PompĂ©i (2014). Puis il a doublĂ© l’acteur Joel Kinnaman dans Suicide Squad (2016) et a vite intĂ©grĂ© l’univers Marvel Avengers. Depuis, Justin Howell a doublĂ© Chris Hemsworth dans des films tels que Thor: Love and Thunder et la production de Sam Hargrave, Tyler Rake 2 AurĂ©lia Agel et Justin Howell se sont rencontré·es sur un plateau de tournage Ă  Budapest en janvier 2021, pendant la

Si vous souhaitez apprĂ©cier les skills de ces fous d’action, filez sur YouTube pour y voir le court-mĂ©trage Love & War

premiÚre saison de Halo. « Je doublais le Master Chief et elle doublait Riz », se remémore Justin Howell.

« Il avait une copine et j’étais cĂ©libataire, poursuit AurĂ©lia Agel. On n’était pas franchement dans la sĂ©duction. »

Un jour, Justin Howell a demandĂ© Ă  AurĂ©lia Agel si elle avait un petit ami. « Et j’ai rĂ©pondu non », prĂ©cise-t-elle. L’un et l’autre ont commencĂ© Ă  se voir de plus en plus souvent et, en l’espace de quelques mois, AurĂ©lia Agel a compris qu’elle voulait finir sa vie avec lui. Jonglant avec les plannings entre le Canada, Berlin et l’Australie, le duo a pu se retrouver Ă  Prague pendant plusieurs mois alors que Justin Howell travaillait sur le dernier John Wick. L’occasion s’offrant

donc d’organiser leur mariage
 Les mariages au Danemark Ă©tant moins bureaucratiques qu’en France, le couple a finalement choisi Copenhague. « Toi, tu es arrivĂ©e de Budapest et moi, d’Italie », rappelle Justin Howell Ă  AurĂ©lia Agel. Le lendemain, il et elle sont reparti·e chacun·e de leur cĂŽtĂ©.

Si cet agenda de globe-trotter semble chargĂ©, ce n’est pas pour rien. Mais ni AurĂ©lia Agel ni Justin Howell ne paraissent prĂȘt·e Ă  s’en tenir lĂ . Le couple veut aussi avoir des enfants, un ou deux selon la jeune femme, et cherche pour le moment son Ă©quilibre entre le cĂŽtĂ© privĂ© et le cĂŽtĂ© public de leur nouvelle vie à deux, et partagent leurs routines d’entraĂźnement, des informations sur

les coulisses en exclusivitĂ© et du contenu lifestyle auprĂšs de leurs communautĂ©s respectives qui regroupent plus d’un million de fans sur Instagram et TikTok. Mais leur relation Ă©tait encore trĂšs rĂ©cente quand Internet a dĂ©cidĂ© que des rumeurs valaient mieux que leur vraie vie.

Le duo s’est promis d’accepter unique ment les projets qui leui permettraient de prĂ©server sa future vie de famille, et de ne pas rester sĂ©parĂ© plus de trois semaines d’affilĂ©e. NĂ©anmoins, compte tenu du mĂ©tier, aucun·e des deux n’ima gine se cogner dessus ad vitam ĂŠternam Justin Howell prĂ©voit de se reconvertir dans la coordination des combats. AurĂ©lia Agel, consciente du fait que

« On n’était pas dans la sĂ©duction Ă  nos dĂ©buts.»

la grossesse et la maternitĂ© risquent d’affecter la capacitĂ© de son corps Ă  endurer les coups, espĂšre que des projets tels que Mr. & Mrs. Smith: Love & War, qu’ils souhaitent tous deux transformer en long-mĂ©trage, l’aideront Ă  trouver les rĂŽles d’actrice qu’elle commence Ă  convoiter. « On ne se drogue pas, on ne fait pas la fĂȘte, on ne boit pas, souligne AurĂ©lia Agel. On veut juste se dĂ©tendre et s’entraĂźner. On se respecte et on se soutient mutuellement. On a tous les deux notre carriĂšre. Il n’y a aucune jalousie, ni d’un cĂŽtĂ© ni de l’autre. » Et les enfants ? Ils les accompagneront et suivront l’école Ă  la maison, au moins pendant les premiĂšres annĂ©es. « On veut continuer Ă  voyager avec nos enfants parce que cela fait partie de notre travail, indique AurĂ©lia Agel. Mais on restera ensemble. »

Pour l’instant en tout cas, il et elle le sont. Il y a quelques jours, le couple a partagĂ© un petit-dĂ©jeuner avec expresso et croissants dans une salle de sport au nord de Paris avant de s’entraĂźner au Parkour. AurĂ©lia Agel a gentiment encouragĂ© Justin Howell Ă  pratiquer son français hĂ©sitant tandis qu’iels commençaient Ă  s’étirer. Puis, pendant la majeure partie de la journĂ©e, il et elle se sont jeté·e tour Ă  tour sur un tapis, se donnant des coups de pied et des coups de poing pour finir dans les bras l’un de l’autre. Au fil du temps, AurĂ©lia Agel et Justin Howell ont imaginĂ© et chorĂ©graphiĂ© plusieurs sĂ©quences de tumbling et de combat sur mesure qu’iels utilisent dans un cadre professionnel. Tous deux ont un physique aussi imposant en vrai qu’à l’écran. AurĂ©lia Agel est capable d’exĂ©cuter un coup de pied sautĂ© retournĂ© et retrouver son Ă©quilibre en un instant, tandis que Justin Howell peut recevoir coup sur coup dans la poitrine, ce qui lui fait beaucoup moins mal qu’il n’y paraĂźt, car il se relĂšve immĂ©diatement pour s’assurer qu’AurĂ©lia Agel va bien. Iels s’entraĂźnent ainsi Ă  Paris en vue du nouveau projet de Sam Hargrave, Matchbox. « C’est un couple adorable. Ils sont aussi impressionnants physiquement qu’authentiques, doux et gentils, dĂ©clare Sam Hargrave. C’est formidable qu’ils

AurĂ©lia Agel avec l’actrice
Karen Gillan qu’elle double dans Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 (à gauche), et avec de Keanu Reeves en John Wick et sans chien (à droite).
AprĂšs s’ĂȘtre faite plaquer (au sol) en mode cinoche, la Française rebasculera dans sa romance IRL avec son Justin.

Aurélia veut plus de rÎles, et devenir productrice.

se soient trouvĂ©s en exerçant leur mĂ©tier et qu’ils nourrissent la mĂȘme passion pour le cinĂ©ma, le sport et les cascades. »

Sam Hargrave voit les choses en grand pour Matchbox. Et la barre qu’il s’est fixĂ©e est dĂ©jĂ  trĂšs haute. À 42 ans, le rĂ©alisateur doit sans doute sa renommĂ©e Ă  un plansĂ©quence de 21 minutes dans Tyler Rake 2, qui incluait des dĂ©placements fluides à plusieurs endroits, avec notamment une Ă©meute en prison, une course de voitures et une scĂšne dans un train. La logistique Ă©tait folle : 400 personnes, 75 cascadeur·euse·s et 29 jours de tournage. Pour plus de rĂ©alisme, Sam Hargrave a Ă©vitĂ© au maximum les effets spĂ©ciaux, y compris quand Chris Hemsworth, doublĂ© par Justin Howell, a pris feu pendant un combat au corps Ă  corps. L’acteur a d’ailleurs avouĂ© que c’était la scĂšne la plus difficile de sa carriĂšre.

À quelques exceptions prĂšs, ce genre de cascades risquĂ©es est bien loin des actions les plus dangereuses souvent tournĂ©es par les acteurs eux-mĂȘmes au temps du cinĂ©ma muet. Buster Keaton, l’un des pionniers du cinĂ©ma, a su mĂȘler comĂ©die physique et cascades ultradangereuses dans des rĂ©alisations telles que Le mĂ©cano de la GĂ©nĂ©rale, notamment cĂ©lĂšbre pour une poursuite de train iconique Ă  l’époque oĂč les films n’avaient mĂȘme pas de son. Le passage au cinĂ©ma parlant dans les annĂ©es 1930-1940 a permis de mettre en place des actions plus Ă©laborĂ©es, ce qui nĂ©cessitait l’intervention de cascadeurs professionnels gĂ©nĂ©ralement issus du rodĂ©o ou du cirque, Ă  l’instar de Tom Mix qui a apportĂ© son expertise du rodĂ©o dans plusieurs westerns cĂ©lĂšbres. Par la suite, les studios ont commencĂ© Ă  embaucher des spĂ©cialistes pour des sĂ©quences plus dĂ©licates. ConsidĂ©rĂ©e par beaucoup comme la premiĂšre cascadeuse professionnelle, Helen Gibson est connue pour avoir sautĂ© de motos ou de trains en marche dans une sĂ©rie datant de 1915, The Hazards of Helen D’autres casse-cous comme Yakima Canutt ont rĂ©volutionnĂ© la chorĂ©graphie des combats et les cascades Ă  cheval dans des films tels que La ChevauchĂ©e

fantastique, introduisant des techniques toujours d’actualitĂ©. Avec Matchbox, Sam Hargrave souhaite faire appel Ă  AurĂ©lia Agel et Justin Howell pour passer Ă  la vitesse supĂ©rieure. « Justin va innover, s’exclame Sam Hargrave en Ă©voquant le projet Ă  venir. Il va vraiment faire des choses qui resteront dans les annales. »

Le film Matchbox marquera aussi en quelque sorte les dĂ©buts d’AurĂ©lia Agel. Pour la premiĂšre fois de sa carriĂšre, elle apparaĂźtra en tant qu’actrice-cascadeuse dans un rĂŽle qui comprendra plusieurs scĂšnes de combat Ă©laborĂ©es et lui accordera un temps important Ă  l’écran sous les traits d’une « femme commando

HONORER LES STARS ANONYMES

InitiĂ©s par Dietrich Mateschitz en vue d’honorer des performances souvent sous-estimĂ©es en matiĂšre de casade, les Taurus Stunt Awards existent depuis 2001. Chaque annĂ©e, un jury constituĂ© de membres expĂ©rimentĂ©s de la communautĂ© des cascadeur·euse·s dĂ©cerne des prix dans huit catĂ©gories : Meilleur combat, Meilleur travail en hauteur, Meilleur travail avec un vĂ©hicule, Meilleure cascade spĂ©ciale, Meilleure cascade globale par une cascadeuse, Coup le plus difficile, Meilleur Ă©quipement de cascade et Meilleure coordination de cascade et Direction de la 2e unitĂ©. L’organisation gĂšre aussi une fondation qui fournit une aide financiĂšre aux professionnel·le·s de l’industrie victimes de blessure invalidante liĂ©e Ă  une cascade. Les Taurus Awards 2025 se tiendront Ă  Los Angeles le 10 mai.

badass », d’aprĂšs Sam Hargrave. « On la verra vers 1’40, puis elle repointera rĂ©guliĂšrement le bout de son nez tout au long du film, jusqu’à la scĂšne finale. » Il ajoute : « Elle a une grosse scĂšne d’action assez sympa vers la fin du film, que je suis trĂšs impatient de tourner. » C’est ce type de performance sur laquelle Sam Hargrave dĂ©sire attirer l’attention quand il Ă©voque la nĂ©cessitĂ© de rĂ©compenser les cascades aux Oscars. « Je suis convaincu que les cascades mĂ©ritent une catĂ©gorie aux Oscars, tout autant que n’importe quelle autre catĂ©gorie, s’exclame-t-il. Et mĂȘme plus que certaines, pour ĂȘtre honnĂȘte. »

Quant Ă  AurĂ©lia Agel, elle n’attend qu’une chose : Ă©largir son rĂ©pertoire. « Je veux jouer plus de rĂŽles et devenir productrice un jour », confie-t-elle. Avec Mr. & Mrs. Smith: Love & War, AurĂ©lia Agel et Justin Howell ont peut-ĂȘtre proposĂ© plus qu’une simple bande dĂ©mo. Iels collaborent actuellement avec un scĂ©nariste pour Ă©crire un long-mĂ©trage et ont commencĂ© Ă  en discuter avec plusieurs producteurs. L’équipe qui les a aidé·e Ă  monter le projet, et qui compte certains des plus grands talents Ă  Hollywood, voudront aussi peut-ĂȘtre les rejoindre sur le format long. « Cette expĂ©rience n’a eu que des effets positifs, se rĂ©jouit AurĂ©lia Agel. Elle nous a permis de nous vendre et de montrer ce que l’on est capable de crĂ©er. »

Loin de l’avoir fait exprĂšs, AurĂ©lia Agel et Justin Howell ont trĂšs certainement jetĂ© les bases de leur propre projet de vie. AprĂšs cinq minutes de combat acharnĂ© entre les deux cascadeurs, le court-mĂ©trage se conclut par une Ă©treinte.

« Tu m’as manquĂ©, bĂ©bĂ© », dit Justin Howell.

« Ça veut dire que tu m’aimes encore ? », rĂ©pond AurĂ©lia Agel.

Ce n’est qu’aprĂšs un baiser torride qu’elle assĂšne le coup de grĂące Ă  son ennemi – un dernier geste pour sceller le pacte. Et si la destruction mutuelle n’est pas vraiment la mĂ©taphore d’un mariage heureux, la tension qui se dĂ©gage touche à quelque chose de plus profond. « Ils sont trĂšs amoureux. C’est super de les voir coexister dans ce monde sans lutter pour attirer l’attention, constate Sam Hargrave. Les couples qui peuvent se battre ensemble sont aussi capables de gĂ©rer beaucoup de problĂšmes. C’est une chance unique de pouvoir travailler ensemble. »

AurĂ©lia Agel commence dĂ©jĂ  Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  l’avenir et Ă  la place de ses enfants dans sa vie future. « Quand on aura des enfants, je veux une Ă©quipe de cascadeurs
 Une famille en or ! » On ignore encore la date de dĂ©but du tournage.

IG : @aurelia_agel ; @stuntjustin

Équiper, optimiser et vivre la plus belle des vies EXCURSION

Ski de rando Ă  Hokkaido, Japon

« L’üle la plus septentrionale du Japon est connue pour ses stations de ski et sa poudreuse, mais les volcans restent encore un secret jalousement gardĂ©. »

Un vent rugissant enveloppe le volcan enneigĂ© et me mord le visage. J’ai l’impression qu’un brouillard glacial me colle au corps. Chaque mouvement fait souffrir un peu plus mes muscles faciaux, ma barbe et mes cils se changent en glaçons. Les nuages rassemblĂ©s au-dessus de nos tĂȘtes rĂ©duisent notre visibilitĂ© Ă  quelques mĂštres. Mes deux compagnons ( Rowan Brandreth et Mauri Marassi ) et moi-mĂȘme grimpons la paroi ouest de l’Asahidake, il nous reste encore plusieurs heures de marche avant d’atteindre le sommet conique du volcan, point culminant d’Hokkaido Ă  2 291 mĂštres. Nous avons dĂ©jĂ  enfilĂ© nos vĂȘtements les plus chauds. Notre ultime protection contre la morsure du froid est de continuer d’avancer, encore et encore.

Alors que l’üle la plus septentrionale du Japon est mondialement connue pour ses stations de ski et ses immenses descentes de poudreuse, les volcans, eux, restent encore un secret jalousement gardĂ©. Ils offrent un terrain de jeu spectaculaire en marge des cĂ©lĂšbres spots noirs de monde. Leur simple existence raconte une histoire vieille de milliards d’annĂ©es en perpĂ©tuelle Ă©criture : rien qu’à Hokkaido,

on recense 31 volcans en activitĂ© (mĂȘme si les possibilitĂ©s d’éruption soudaine sont quasi nulles).

FascinĂ©s par ces gĂ©ants Ă©ternels, nous avons dressĂ© une liste de volcans Ă  explorer qui devrait nous faire traverser toute l’üle, mais ce sont les prĂ©visions mĂ©tĂ©orologiques qui se sont chargĂ©es d’en dĂ©terminer l’ordre. Ainsi, nous avons d’abord cochĂ© le mont Yotei, semblable en tous points au lĂ©gendaire mont Fuji. Nous avons continuĂ© par les monts Tokachi et Furano, deux paradis de poudreuse. Les couloirs aux parois abruptes, les sommets enneigĂ©s et les fulminants cratĂšres tonitruants aux fortes odeurs de soufre resteront gravĂ©s dans ma mĂ©moire.

Jour aprĂšs jour, nous skions jusqu’aux derniers rayons du soleil avant de profiter des incroyables couchers de soleil sur les sommets, nos jambes endolories plongĂ©es dans des onsen, ces bains traditionnels dans des sources chaudes Ă  ciel ouvert omniprĂ©sents dans la rĂ©gion. Mais il reste encore un point essentiel Ă  cocher sur notre liste : l’Asahidake,

le plus haut sommet de la chaĂźne volcanique Daisetsuzan, cette rĂ©gion que les AĂŻnous surnomment Kamui Mintara (« le terrain de jeu des dieux »). Une description on ne peut plus exacte, comme nous ne tarderons pas Ă  le dĂ©couvrir.

L’Asahidake n’est pas aussi Ă©levĂ© que les sommets alpins europĂ©ens, mais les vents ocĂ©aniques venus du Pacifique lui apportent d’énormes quantitĂ©s de neige. Nous faisons le plein de nourriture avant d’entamer une excursion de ski de 45 minutes pour rejoindre un refuge dont nous devons d’abord dĂ©gager l’entrĂ©e. Ce modeste abri aux murs de pierre et au plancher de bois peut accueillir jusqu’à vingt personnes, mĂȘme si nous sommes les seuls invitĂ©s prĂ©sents ce soir lĂ .

Nous repartons Ă  l’aube, alternant entre nos skis de randonnĂ©e et les indispensables chaussures Ă  crampons pour franchir les immenses blocs de neige gelĂ©e qui parsĂšment l’arĂȘte. Sous nos pieds s’ouvre le cratĂšre : une simple glissade pourrait avoir des consĂ©quences

AU CHAUD ou presque. Rolph et Brandreth dans le refuge.

INSTANTS EXTRÊMES (de gauche Ă  droite dans le sens des aiguilles d’une montre): les nuages s’amoncellent au sommet du mont Biei; la vapeur s’échappe du mont Tokachi; ski nocturne sur le mont Teine prĂšs de Sapporo; l’intrĂ©pide Marassi dĂ©couvre de la poudreuse encore vierge dans les forĂȘts du mont Teine; Rolph trace les premiĂšres lignes au sommet du mont Yotei.

JOURS INTENSIFS (de g. Ă  d. dans le sens des aiguilles d’une montre): Rolph sur la neige du Asahidake; les onsen ou sources chaudes offrent du repos pour les jambes fatiguĂ©es ; descente sur le Yƍtei­zan; rĂ©confort Ă  la japonaise.

fatales. AprĂšs quatre heures qui en paraissent quarante, une vue extraordinaire s’offre Ă  nous : derriĂšre le cercle de falaises surplombant les rebords du cratĂšre apparaĂźt soudain un soleil matinal illuminant une immense Ă©tendue de neige Ă©tincelante. Tout en gravissant les derniers mĂštres jusqu’au sommet, j’échange un regard complice avec Mauri et Rowan et nous nous tapons joyeusement sur l’épaule. L’air se fait rare, et aprĂšs les efforts de l’ascension, j’ai du mal Ă  reprendre mon souffle pour savourer ce spectacle exceptionnel. Mais le froid ambiant ne nous laisse pas le temps de nous attendrir. Nous prĂ©parons nos skis pour la descente, ĂŽtons les peaux de phoque et ajustons nos fixations pour nous lancer sur les pentes glacĂ©es modelĂ©es au grĂ© des caprices du temps sur cette Ăźle exposĂ©e aux quatre vents.

Il est presque impossible de distinguer la terre du ciel au cours de la descente,

tous deux se fondent en une infinie Ă©tendue d’une blancheur immaculĂ©e. L’unique moyen d’évaluer la profondeur est de suivre le skieur de tĂȘte jusqu’à atteindre les pentes infĂ©rieures boisĂ©es. Ici, la neige se fait soudain plus profonde, douce et lĂ©gĂšre, nous avons droit Ă  cette fameuse « poudre de champagne » si typique du Japon. Les rayons du soleil qui transpercent ça et lĂ  les nuages font scintiller les bouleaux argentĂ©s. Tracer ensemble de nouvelles lignes dans cette forĂȘt enchantĂ©e est digne d’un conte de fĂ©es. Une ultime Ă©vidence s’impose Ă  nous : quiconque osera s’aventurer dans cette rĂ©gion sauvage tombera fatalement sous son charme.

Aaron Rolph est un aventurier et photographe britannique basĂ© dans les Alpes. Il est le fondateur du British Adventure Collective et se spĂ©cialise dans les expĂ©ditions Ă  ski et Ă  vĂ©lo propulsĂ©es par l’homme Ă  travers le monde. britishadventurecollective.com

DIRECTION HOKKAIDO Capitale de la prĂ©fecture d’Hokkaido, Sapporo est accessible en avion depuis Tokyo. Pas moins de six stations de ski sont situĂ©es Ă  moins d’une heure de route les unes des autres. Sur ou hors piste : 18 mĂštres de neige chaque annĂ©e garantissent Ă  coup sĂ»r des journĂ©es de ski inoubliables.

snowsapporo.com

HORS DU COMMUN

Retrouvez votre prochain numéro en Février en abonnement avec et avec , dans une sélection de points de distribution et sur abonnement.

FITNESS ZONE/ LES HOT SPOTS

PARISIENS DE NAOMI

CLÉMENT

L’alliance parfaite du body and mind en musique.

L’animatrice Apple Music France de l’émission À l’écoute, Naomi ClĂ©ment, aussi connue sous le nom de DJ Naomi et rĂ©sidente de la radio Rinse France, a plusieurs cordes Ă  son arc. Chaque semaine, elle reçoit des invité·e·s de marque comme Eddy de Pretto, Meryl ou encore Yseult. L’adoratrice de R&B et musique en tous genres cumule les savoir-faire et les passions puisqu’elle est aussi l’autrice de Femmes de rap, et de Tatoueuses : Ces femmes qui font bouger les lignes du tattoo en France. Elle voue une passion rĂ©elle au sport qui accompagne sa vie au quotidien. Pour ce numĂ©ro, celle dont les journĂ©es commencent Ă  8 heures du matin et se finissent parfois Ă  5 heures (du matin aussi) nous explique pourquoi le fitness est si important Ă  ses yeux. DĂ©couvrez les spots prĂ©fĂ©rĂ©s de Naomi ClĂ©ment, Ă  mi-chemin entre salles de sport et lieux de convivialitĂ© dont les ambiances ne manqueront pas de vous sĂ©duire.

Pourquoi le sport est-il important pour toi ?

Le sport a toujours occupĂ© une place centrale dans ma vie : je l’ai pratiquĂ© pour me sentir mieux dans mon corps, amĂ©liorer mon souffle (d’asthmatique... !), et me prĂ©parer physiquement Ă  certaines Ă©preuves et aventures (comme des courses ou des surf trips).

En tant que journaliste, j’ai aussi eu l’occasion d’écrire sur les scĂšnes surf et skate fĂ©minines, ce qui m’a beaucoup animĂ©e. Aujourd’hui, je le perçois surtout comme une Ă©chappatoire, un rare moment oĂč je peux dĂ©connecter et me libĂ©rer du quotidien, souvent trĂšs chargĂ©. Que ce soit pendant un cours de yoga ou une session de surf (surtout lors d’une session de surf !), j’arrive vraiment Ă  faire abstraction de tout.

De quelle maniùre s’inscrit-il dans ton quotidien ?

Ce n’est pas facile quand j’ai des semaines trĂšs remplies, mais je fais toujours en sorte de trouver deux Ă  quatre crĂ©neaux par semaine pour aller faire du yoga, du Hiit ou du Pilates dans un studio parisien. En gĂ©nĂ©ral, le dimanche soir, je me pose

devant mon ordinateur et je joue Ă  Tetris avec mon agenda, pour caser mes sĂ©ances entre deux Ă©missions et un DJ set. Quand je suis prĂšs de l’Atlantique (ce que mon statut de freelance me permet de temps Ă  autre), les choses sont un peu diffĂ©rentes : j’alterne plutĂŽt entre surf, running et yoga en plein air, suivant la mĂ©tĂ©o et les conditions de l’ocĂ©an.

Est-ce que le sport et un mode de vie actif sont des Ă©lĂ©ments dĂ©terminants pour ton bien-ĂȘtre ?

ComplĂštement ! Le sport est un vĂ©ritable pilier pour mon bien-ĂȘtre, qui me permet d’ĂȘtre endurante sur le long terme. Mentalement dĂ©jĂ , car, comme je l’expliquais, il m’aide Ă  crĂ©er un espace oĂč je peux me recentrer sur moi-mĂȘme et mes sensations ; mais Ă©galement physiquement, car grĂące Ă  lui, je suis capable de tenir le rythme de journĂ©es qui commencent Ă  10 heures chez Apple Music et se terminent Ă  4 heures du matin derriĂšre les platines. C’est donc un Ă©lĂ©ment essentiel pour mon Ă©quilibre global – autant physique que mental.

SES 4 SPOTS FAVORIS, SALLES DE SPORT/SOCIAL CLUBS

1. Flawless Yoga

Des cours de vinyasa intenses sur fond de R&B, voilĂ  le concept proposĂ© par mon amie AurĂ©lie-Louis Alexandre, la personne qui m’a fait dĂ©couvrir (et aimer !) le yoga il y a sept ans. Elle m’a non seulement transmis sa passion pour cette pratique, mais m’a aussi appris l’importance de la respiration et de l’écoute de mon corps. Je ne peux que recommander, que vous soyez dĂ©butant·e ou confirmé·e !

IG : @aurelielouisalex

@flawless_yoga

3. Carbonne

Un tout nouveau studio lancĂ© par Angelina Nieddu (avec qui j’avais l’habitude de m’entraĂźner il y a quelques annĂ©es) et sa comparse OcĂ©ane Le Bras Bianchi. ÉpaulĂ©es par des prĂ©parateurs sportifs et des experts du Pilates Reformer, elles ont co-créé la mĂ©thode CarbonneÂź, un programme en trois blocs : 15 min de Reformer Abs (axĂ©es sur les abdominaux et le haut du corps), 15 min de Hip Thrust (axĂ©es sur les fessiers), et 15 min d’Intense Kettle (full body).

IG : @carbonne_paris

OĂč ? 14 Bd Saint-Martin, 75010 Paris

2. Drip Hiit

Drip, c’est l’endroit oĂč je fonce pour me dĂ©fouler aprĂšs une journĂ©e bien stressante. Ce studio propose des circuits de HIIT (High Intensity Interval Training) combinant renforcement musculaire et cardio, ce qui vous permet de travailler l’intĂ©gralitĂ© de votre corps – et de vous vider la tĂȘte. Mention spĂ©ciale pour le coach Marvin et ses playlists mĂȘlant rap et baile funk !

IG : @drip__hiit

OĂč ? 50 rue de Monceau, 75008 Paris 29 rue des Petites Écuries, 75010 Paris

4. Riise

L’un des studios parisiens oĂč je me rends le plus souvent. Riise propose des cours de workout inspirĂ©s du yoga, du Pilates et du Reformer, plongĂ©s dans la pĂ©nombre et accompagnĂ©s de playlists sur-mesure concoctĂ©es par les coachs. Le fait de s’entraĂźner dans l’obscuritĂ©, guidĂ©e par la voix des profs et en rythme avec la musique m’aide Ă  me plonger dans ma bulle.

IG : @riise_studios

OĂč ? 9, rue Charlot, 75003 Paris 43 rue Étienne Marcel, 75002 Paris 79 rue La BoĂ©tie, 75008 Paris 2 rue de la SaussiĂšre, 92100 Boulogne

Son style acéré renforce le caractÚre affirmé de ce

HONDA CB1000 HORNET : LA PUISSANCE POUR TOUS

Avec 152 ch à 10 599 euros, c’est le retour du roadster puissant et accessible. La nouvelle CB1000 Hornet devrait enflammer les passions et les routes en 2025.

Avec cette nouvelle

CB1000 Hornet, Honda fait parler son savoir-faire et fait revivre l’esprit de la mythique Hornet des annĂ©es 2000. Un gros moteur rageur dans un roadster polyvalent, sportif et joueur. L’outil idĂ©al pour mettre un peu de bonheur dans un quotidien parfois un peu trop gris.

Les Japonais ont trouvĂ© une formule simple mais mĂ©ticuleusement mise au point pendant quatre ans. Ils ont dĂ©cidĂ© de retravailler le moteur de la mythique sportive CBR1000RR Fireblade de 2017. Un beau et gros quatre cylindres qu’ils ont rĂ©ussi Ă  passer Ă  la norme anti-bruit et anti-pollution Euro 5+. Un gros cƓur avec 152 ch Ă  11 000 tr/min et du muscle avec

104 Nm de couple Ă  9 000 tr/min. La version SP parvient mĂȘme Ă  tirer 5 ch et 3 Nm de plus que la version standard.

CƓur de sportive

Le moteur quatre cylindres fait donc son retour en force et a conservĂ© tout son caractĂšre rageur. Avec chaque accĂ©lĂ©ration, c’est un vĂ©ritable coup de pied dans le derriĂšre qui provoque une montĂ©e d’adrĂ©naline. Au-delĂ  des 7 000 tr/min, le caractĂšre rageur s’exprime pleinement avec une bande-son rauque jouissive.

Mais c’est aussi une bĂȘte qui sait se montrer docile avec son caractĂšre linĂ©aire, dosable et toujours disponible. Pas besoin de se cracher dans les mains Ă  chaque trajet pour aller au boulot, la Hornet sait tempĂ©rer ses ardeurs.

Dans son comportement, ce qui impressionne le plus, c’est sa facilitĂ©. À peine montĂ© dessus, pas de doute, c’est une Honda, votre Honda ! Comme si elle avait toujours Ă©tĂ© entre vos mains. La position est sportive, lĂ©gĂšrement sur l’avant, mais reste confortable, avec une selle perchĂ©e Ă  809 mm et une ergonomie bien pensĂ©e. Le cadre double poutre offre un excellent

Haut : la selle affinĂ©e Ă  l’entrejambe permet Ă  tous les gabarits de poser le pied ; bas : le moteur se montre plein, coupleux Ă  bas rĂ©gime.
streetfighter.

les

toujours rassurante.

compromis entre rigiditĂ© et agilitĂ©, et chaque virage devient un jeu. La moto se rĂ©vĂšle homogĂšne, avec un excellent Ă©quilibre qui la rend toujours facile et prĂ©visible, quel que soit le niveau du pilote. Dans la version SP, les suspensions revues, notamment avec un amortisseur arriĂšre Öhlins TTX36, la rendent encore plus affutĂ©e pour les pilotes les plus sportifs, sans jamais nĂ©gliger le confort en ville pour franchir les dos d’ñnes.

Ajoutez Ă  cela des Ă©triers radiaux double disque de 310 mm, et vous obtenez tout le mordant d’un freinage qui permet de stopper vos envolĂ©es lyriques en toute sĂ©curitĂ©. Mieux, la version SP se dote d’un Brembo Stylema haut de gamme pour plus de prĂ©cision.

Un pilote connecté à la machine

L’électronique est Ă  l’image de cette Hornet : intuitive et efficace. On retrouve un anti-patinage HSTC, un anti-wheeling, et la possibilitĂ© d’ajuster le frein moteur. GrĂące Ă  la poignĂ©e d’accĂ©lĂ©rateur Ă©lectronique, la machine possĂšde trois modes de conduite prĂ©dĂ©finis (Standard, Sport, Rain) et

deux modes personnalisables, qui offrent une expĂ©rience sur mesure, adaptĂ©e Ă  toutes les envies et conditions. Le tableau de bord TFT customisable permet de garder un Ɠil sur toutes les informations essentielles, tout en profitant de la connectivitĂ© Roadsync pour vos appels ou votre musique.

Et que dire du design ? Sensuel et dynamique, il Ă©voque presque une silhouette humaine : un rĂ©servoir sculptĂ©, une selle accueillante, et un arriĂšre aussi compact qu’élĂ©gant. Ce look audacieux rappelle que la CB1000 Hornet est autant une machine de plaisir qu’un outil performant.

La CB1000 Hornet, c’est une moto qui ne fait aucun compromis

Le nouvel écran TFT 5 pouces se veut lisible et facile à utiliser avec le nouveau joystick main gauche.

entre performance, polyvalence et accessibilitĂ©. Elle redonne ses lettres de noblesse au grand roadster sportif, tout en permettant Ă  tous de prendre du plaisir grĂące Ă  son guidon. C’est d’ailleurs pour cela que Honda a gardĂ© son tarif accessible, Ă  10 599 euros. Le remĂšde idĂ©al contre l’inflation et la morositĂ© du quotidien !

FICHE TECHNIQUE :

Moteur : quatre cylindres en ligne, 999 cm3, refroidissement liquide

Puissance : 152 ch à 11 000 tr/min

(157 ch en version SP)

Couple : 104 Nm à 9 000 tr/min (107 Nm en version SP)

Cadre : double poutre en acier

Suspension avant : fourche Showa USD SFF-BP 41 mm, dĂ©battement 118 mm

Suspension arriĂšre : amortisseur Showa Monoshock, dĂ©battement 138 mm. (monoamortisseur Öhlins TTX36)

Freinage avant : Ă©triers radiaux Nissin quatre piston, double disque 310 mm (Ă©triers radiaux Brembo Stylema en version SP)

Empattement : 1 455 mm

Hauteur de selle : 809 mm

RĂ©servoir : 17 l

Poids : 211 kg (tous pleins faits)

Tarif : à partir de 10 599 euros. 11 799 euros pour la version SP

Agile dans
virages, la Hornet se montre

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Date de parution

6 février 2025

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Cet homme est 10 fois Champion du monde de BMX Flat. Et un rider pro Ă  la retraite. Matthias Dandois ne vous est pas Ă©tranger, tant le Français de 35 ans a enchaĂźnĂ© les projets marquants, en ambassadeur planĂ©taire d’une discipline niche qu’il a rĂ©vĂ©lĂ©e au plus grand nombre. Aussi mannequin, comĂ©dien, animateur, consultant, pĂšre de famille, celui qui vient de publier sa biographie (Figure du bitume, Ă©d. Flammarion) a atteint son but ultime en compĂ©tition avec dix titres mondiaux. Comme l’écrit le natif d’Épinay-sur-Orge sur son compte Insta : « Game pliĂ© en compĂ©tition. Place Ă  la nouvelle gĂ©nĂ©ration. » On lui fait confiance pour continuer Ă  innover pour le BMX et Ă  multiplier les expĂ©riences les plus audacieuses hors vĂ©lo. Big up Matthias, Ă  bientĂŽt !

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