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DIMANCHE 05 JUILLET 2015
ROS PLAN
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eau climat. Je ne sais pas si on est le seul pays au monde dont un patelin porte le nom de Beau Climat. Mais ironiquement, au moment où le monde entier, surtout les Américains et les Japonais !,deux gros pollueurs de la planète Terre, prennent conscience du danger représenté par le changement climatique, et que les Néerlandais manifestent dans les rues, pour obliger leur gouvernement à agir contre l’effet de serre qui menace la boule bleue, à Maurice j’ai bien peur d’écrire que c’est du business as usual.
LE JOURNAL DU DIMANCHE
Sedley Richard Assonne Le Vicomte des gueux
Bien sûr, il y a les écologistes, ceux qui ont dit non à la centrale de charbon à Albion, par exemple. Et il y a ceux qui appellent au tri des déchets et aux actes citoyens qui peuvent donner un sursis à notre île. Mais pour les autres, la mentalité reste hélas la même. Il suffit d’entrer dans Port-Louis pour voir l’état de déchéance de la capitale, devenue l’otage des marchands « ambulants ».Le nouveau ministre des Administrations Régionales, Anwar Husnoo, n’y est pour rien. Car avant lui, les régimes Ramgoolam et MSM/MMM ont laissé perdurer les choses. Ah mais au fait, M. Husnoo est aussi du ML. Et lui aussi n’agit pas contre les « ambulants »,plus que jamais fixés dans les rues principales de Port-Louis. Oui, on a parlé de « hawkers‘ malls » durant la campagne municipale. Mais le temps que la première pierre soit posée, et que la plaque de bronze soit gravée dans du béton, décembre sera déjà là, et le bal des « ambulants » recommencera pour une nouvelle année encore. Il n’y a pas qu’eux
Beau climat, vraiment ?
d’ailleurs. Prenez les autobus de la Compagnie Nationale de Transport, gros pollueurs de nos routes, avec leur diésel qui s’échappe des pots d’échappements, quand ils ne prennent pas carrément feu sur nos routes ! Plus personne ne parle de remplacer ces cercueils roulants par des véhicules verts, roulant à l’éthanol. D’ailleurs, même notre production d’éthanol part à l’étranger, au Brésil notamment. Parce que notre Etat n’a pas encore compris l’importance des énergies vertes. Revenant d’un deuxième voyage en Inde, j’avais évoqué l’énergie solaire. Et pourtant, la délégation mauricienne, dirigée par Vishnu Lutchmeenaraidoo, est allée visiter les centres financiers, mais à leur retour rien sur les panneaux solaires indiens. Pourtant, l’Inde, pays « ami» de notre île depuis toujours, a une certaine expertise dans le domaine. Mais on préfère investir dans une piste d’atterrissage à Agaléga, dans ce qui ressemble plus à un accord militaire, que de demander à l’Inde de nous aider à nous préparer pour le solaire. Et personne ne semble voir que nous avons du soleil à gogo tout le long de l’année à Maurice. Oui, on a commencé dans le solaire, mais c’est encore timide. Alors que toute notre île aurait déjà dû être drapée des rayons solaires depuis belle lurette ! Piquons maintenant une tête dans l’eau, à Blue Bay. Son parc marin fout le camp, et selon les spécialistes, dans un avenir très proche, on pourra dire adieu à ce bel environnement marin. Quand on sait que le ministre Soodhun défend aux écologistes de manifester, pour accorder un énième
permis de développement hôtelier sur une plage très fréquentée par les Mauriciens, et que la police arrête un fonctionnaire qui veut sauver le Fort George, on se dit que les carottes sont cuites pour tout ce qui nous entoure. Nous ne sommes pas contre le développement, mais dans 50 ans, allons-nous faire croire à nos petits-enfants, si on est encore là dans cinq décennies !, que notre île était un amas de béton, où ont été entassés des gratte-ciels? Est-ce vraiment la seule image de notre pays qu’on veut léguer à la génération future? Contrairement à ceux qui veulent chaque année nous comparer, nous ne sommes pas Singapour ! Car ici, on a une histoire où se sont succédé Portuguais, Hollandais, Français, Anglais et notre peuple. Gommer tout cela serait un crime. On a donc le devoir de veiller à ce que l’île aux volcans endormies, et qui devraient se réveiller un de ces quatre, reste en l’état naturel où on l’a reçue. C’est bien de faire de beaux discours sur l’environnement, contre la pollution, et sur les énergies vertes, mais si on n’a pas la volonté politique pour protéger notre habitat, dans toute sa globalité !,le sort en sera jeté pour nous. Pendant longtemps, les Américains, alors dirigés par George Bush jr., ont systématiquement refusé de signer les accords pour la protection de la planète. Et aujourd’hui que les tornades, les inondations, les sécheresses menacent de plus en plus les Etats-Unis, Barack Obama est enfin sorti de sa réserve ( fédérale) pour tirer la sonnette d’alarme. On veut croire que chez nous également, nos décideurs, pas seulement au niveau de l’Etat,
Aah ! the LIGHT
Le Big Bang de Shakuntala Hawoldar ! D epuis le temps qu’elle nous a habitués à parcourir les allées et venues de son âme, Shaku n’a eu de cesse de nous parler des bienfaits et des vicissitutes de l’humanité. Son dernier opus, “Aah ! the Light” est à la fois un cri de désespoir, une désespérance, qui remonte vers l’espoir, vers cette lumière qui est vie. Les Réunionnais ont une formule pour célébrer la vie. Quand un enfant naît, ils disent qu’il est sorti dans le “fénoir”... De l’ombre, des entrailles de la matrice maternelle, il exulte : “Aah ! the Light” ! Quand la lumière émerge du “fénoir”, quand le magma crache sa lave, c’est qu’il y a de la vie qui s’annonce, et c’est là tout le message que veut nous transmettre Shakuntaka Hawoldar, c’est qu’au-delà du désespoir, il y a des énergies positives qui nous interpellent, quand la spiritualité nous guide vers cette lumière intérieure que nous portons en chacun d’entre nous.
Méditons sur les mots de cette femme remplie d’amour :” Discipline yourself. You have to be onepointed and not divided in yourself. Your work will reflect what you are. There are great instructions in all our scriptures. I would like to remind you of the sayings from the Upanishad, the Brihadaram Upanishad of the ancient rishis of India which is the same as the Dhammapada, the Quran, the Bible and other holy scriptures... “DATTA means to give... “DAYA which means mercy or compassion... and “DAMYATA, meaning controlling our senses... We cannot let the senses lead us wrongfully. We are more powerful as we are agents of Light...” Toute la magie de cet ouvrage lumineux de Shakuntala Hawoldar se résume à l’image de cette écrivaine et poétesse éclatée dont chaque fragment recèle une pépite ! n
S. Gérard Cateaux
mais aussi du secteur privé, comprennent les enjeux, et écoutent ceux qui dénoncent l’inertie qui nous guette. D’ailleurs, l’exempletype des erreurs à ne plus commettre est l’attitude envers le cannabis. Figurez-vous que la plante-gandia est toujours considérée comme un danger pour notre pays, alors que ses vertus médicales, thérapeutiques et scientifiques sont mondialement reconnues. Par contre, le tabac, un vrai danger, qui tue des Terriens quotidiennement, est en vente libre partout dans le monde ! Nous ne faisons pas l’apologie du gandia. Mais, comme les Américains eux-mêmes ont fini par l’admettre, refuser de reconnaître les vertus de cette plante, c’est être contre la nature. Pendant longtemps, nous nous sommes pliés aux règlements des Nations Unies, dans le combat contre la drogue, et le gandia figurait parmi les drogues. Mais aujourd’hui que les Américains ont compris qu’ils ont fait fausse route sur le cannabis, nous n’avons plus le droit de continuer à persécuter ceux qui en consomment. Et il est dommage qu’une scientifique du calibre d’Amina Gurib-Fakim n’ait jamais travaillé sur cette plante. Les Américains ont maintenant plusieurs longueurs d’avance sur les autres pays, concernant la weed- positive attitude. Dans le temps, le gandia était en vente libre à Maurice. Ce ne fut plus le cas après le départ des Anglais.
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Bref, les Mauriciens eux-mêmes ont tué leur poule aux œufs d’or. Car le cannabis, comme la canne, peut servir à toute chose, dans le textile, l’alimentation(chocolat), la médecine, entre autres. J’avais écrit une nouvelle,parue dans l’anthologie « Maurice,demain et après », éditée par Immedia, et où j’évoquais une île Maurice couverte de plants de gandia. Utopie malsaine ? Et si on abandonnait la canne à sucre et qu’on se mettait à planter du gandia, qui pousse très vite, et qu’on l’exportait vers les Etats-Unis et l’Europe, à des fins thérapeutiques et médicales, ne serait-ce pas une bonne idée ? Que les travailleurs sociaux qui s’aviseraient de mettre en garde contre un tel projet cessent d’être hypocrites. Ils savent très bien que le gandia a des vertus. Ne pas le dire, sous prétexte qu’il représente un danger pour les jeunes, est un nonsens. Le retour à la terre, aux choses naturelles, à un beau climat donc, passe par une reconnaissance de tout ce qui fait partie de cette terre. Nous avons du soleil, du gandia, de la plage et des paysages à satiété. Profitons-en, au lieu de les détruire à coups de pelleteuses. Qu’allonsnous laisser à nos petits-enfants ? Un bloc de béton, où vivre deviendrait très vite irrespirable, ou une île naturelle, telle que nous l’avons reçue des dieux, de Dieu ? Hamlet aurait déjà trouvé la réponse !
Notre français
n parle du niveau du français en baisse. Combien est de rigueur la critique du français parlé et écrit à Maurice; Critique formulée par des étrangers se réclamant eux -aussi de la Francophonie. Critique constructive! Elle ne date pas d’aujourd’hui. Pourtant, l’accueillir avec humilité est nécessaire pour parler et écrire efficacement. Souvent, des erreurs dans la manière de prononcer et le fait de l’employer dans le sens contraire des règles d’usage de la langue de Molière nous trompent. D’où la raison de rendre meilleur notre français. Trouvons à travers les remarques des étrangers un guide pour bien côtoyer les règles grammaticales. Celles-ci, en accord avec l’usage, rendront plus souple la langue. Prenons toujours des notes appropriées, surtout, quand les critiques relèvent nos points faibles. Face aux observations avertisseuses, inclinons nous modestement et en appliquant, sans faute, tout ce qui est dit. Si notre “français” est souvent créolisé ou anglicisé, il ne servira à rien de faire preuve d’un attachement excessif au passé. En faisant confiance aux personnes qui maîtrisent la langue de Molière, il y aura toujours un échange d’habilité. L’aide qu’ils nous apportent nous réchauffe-t-elle à blanc? Sans l’ombre d’un doute ! Toutefois, nous ne devons pas la considérer comme une éternelle béquille pédagogique. De par la bonne volonté, nous pourrons relever le gant. L.es textes d’auteurs très connus peuvent servir de récapitulatif qui frappe l’esprit. Leurs écrits ont toujours une place dans le cœur des lecteurs. Pour comprendre et se faire comprendre facilement, la simplicité grammaticale est essentielle. n Harold Casimir