Troisième Nature

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importante le pouvoir politico-économique de sa société. C’est à cette époque-là, que la ville commence à « s’opposer » à la nature. Ville et nature deviennent deux entités antithétiques. D’un coté on trouve la nature sauvage, représentant une menace, le danger, alors que de l’autre coté, se trouve le lieu de la civilisation où règne l’ordre sur le chaos. A cette époque l’homme commence également à modifier le paysage, à utiliser la nature à son profit. Il canalise l’eau dans des aqueducs pour la ramener dans les villes ou encore intensifie l’agriculture pour répondre aux besoins de sa population. En même temps que ces sociétés se transforment, la ville évolue en adéquation et prend de l’importance. Les villes deviennent des centres territoriaux, attirant de plus en plus de populations. Au fur et à mesure, la reproduction d’une logique naturelle, en tant que représentation de l’ordre sacré du monde, disparaît pour laisser s’installer la vision de la nature en tant que pourvoyeuse de biens et de ressources innombrables. Avec la croissance démographique, les avancées techniques qui entament une «proto-industrialisation»2, et les besoins de place, de nourriture et de matériaux, les hommes s’emparent de la nature et commence à l’utiliser de manière intensive. Cependant, l’aspect menaçant de la nature à l’extérieur des remparts persiste. Pendant que la ville moyenâgeuse est le lieu de protection, de la citoyenneté avec ses droit et devoirs, la campagne, ou nature, reste le lieu d’incertitude, d’insécurité, de non-loi. Vers la fin du Moyen-Age se développe un courant de sacralisation ou plutôt d’idéalisation de la nature, mais en termes d’esthétique. Il s’oppose clairement à la réalité des villes, dans lesquelles la population s’entasse, dans un environnement gris, étouffant et insalubre. Ce courant arrive à son paroxysme pendant la Renaissance et notamment le Romantisme, idéalisant la nature en tant que lieu du rêve, d’aspiration, et du désir. A cette vision s’ajoute, vers la fin du XVIIIe siècle, notamment avec la destruction des remparts à la Renaissance, peu à peu une «mise en scène» de la nature, dorénavant «urbaine», car instrumentalisée par les pouvoirs politiques. Les parcs urbains, les allées et boulevards verdoyants accompagnent la réorganisation des villes.

1 • Champigny, Danielle. Le regard de l’historien. dans « La ville et la nature, un accord difficile, un désaccord impossible » 2 • Époque avant la révolution industrielle ; même si, dans ce contexte, il s’agit plutôt de l’artisanat, on utilise le terme d’industrialisation pour marquer le changements en termes d’importance de la production par rapport au époques antérieures

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