Les forêts et le bois de la métropole francilienne. Richesse à cultiver pour de nouvelles perspectives politiques et constructives Iris Andreadis Théo Imberty Lucien Kammermann Adel Mohamedi
Peuplier noir guité
Aubépine Troène
Robinier
Charmille
janvier 2021 Projet de fin d’étude : Architecture de reconquête, Déconstruire/Reconstruire. Alternatives critiques. Encadrants: Béatrice Jullien et Emilien Robin Intervenants : Françoise Fromonot et David Albrecht.
École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville
Les forêts et le bois de la métropole francilienne Richesses à cultiver pour de nouvelles perspectives politiques et constructives
Projet de diplôme mené avec Iris Andreadis, Lucien Kammermann et Adel Mohamedi Félicitation du jury “Sont-ils nombreux parmi nos concitoyens ceux qui savent discerner dans une forêt autre chose qu’un amas confus de troncs dressés, autre chose qu’un mystérieux labyrinthe de verdure ou d’ombre où l’on aime à égarer son rêve, à reposer sa lassitude, autre chose que le domaine du hasard ou des libres forces de la nature, fermé à toute conception humaine?” Henry Biolley
Enseignants : Emilien Robin, Béatrice Jullien
Arpentages et rencontres en forêt francilienne
janvier 2021 Projet de fin d’étude : Architecture de reconquête, Déconstruire/Reconstruire. Alternatives critiques. Encadrants: Béatrice Jullien et Emilien Robin Intervenants : Françoise Fromonot et David Albrecht. École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville 06 59 00 75 75 quid.architecture@gmail.com
En Ile-de-France, la forêt existe comme un espace d’expérience au sein d’une vaste métropole, dans laquelle se projettent de multiples usages et affects, et dont la tension révèle les débats sous-jacents quant à notre relation au vivant. S’affrontent également les ambitions économiques et politiques liées à la dimension matérielle de ce milieu : celle de la filière bois. La forte industrialisation de ce secteur et des modes de culture de l’arbre, ainsi que les pressions urbaines et mercantiles sur les milieux forestiers situent la forêt au cœur des enjeux métropolitains contemporains. Par ailleurs, l’homogénéisation croissante des matériaux de construction issus du bois interpelle l’architecte sur les possibilités d’une réelle alternative face aux produits de l’industrie. Par conséquent, mener une réflexion quant aux conditions d’émergence d’une architecture trouvant ses sources localement est légitime en Ile-de-France. Mais celle-ci doit s’accompagner d’une posture critique globale face au système de production du bois et des conditions territoriales et politiques qui le soutiennent. Elle doit également porter une prise de position claire quant au métier et à la pratique de l’architecture, indispensable pour qui s’engage à bâtir.
De par leur histoire et leur dimension symbolique, les forêts représentent encore à ce jour des lieux de résistance sur les territoires suscitant de vifs désirs d’émancipation autant qu’elles semblent supports pour une alternative politique et, de par la ressource qu’elles représentent, constructive. Par conséquent, ce projet est moins la structuration d’une filière régionale de dimension industrielle devant s’aligner à des impératifs de production aussi politiques qu’inatteignables, qu’une mise en réseau souple, publique et partagée. Nous proposons donc de composer avec ce qui est déjà là, dans les villes comme dans les paysages, et d’infléchir une écologie de projet œuvrant en circuits courts, soucieuse de son impact sur les milieux forestiers et urbains. Il s’agit également de suggérer un scénario économique et politique cohérent, afin d’en dimensionner précisément l’échelle de décision et d’investissement. Un tel réseau esquisse une organisation à dimension humaine, dans laquelle peuvent se dérouler et se solidifier des processus de décision, de collaboration et de solidarité entre les habitants d’un territoire, qu’ils soient élus, acteurs, opérateurs, bénéficiaires ou apprentis.
Anatomie critique Enquête sur les dysfonctionnements de la filière forêt-bois francilienne
Publication du diplôme
Publication du diplôme
Nous faisons l’hypothèse d’entités territoriales regroupées et définies autours de leurs tissus forestiers dessinant un découpage relatif lié à la ressource en présence, aux besoins et aux capacités des territoires pour eux-mêmes. Ce découpage se situe à l’articulation de l’échelle des limites biogéographiques des sylvoécorégions et des intercommunalités. Ainsi, il ne s’émancipe pas des contours administratifs existants, il se superpose plutôt aux réalités des découpages actuels afin de stimuler l’échelle politique qui nous paraît centrale : l’échelle communale. Ainsi, nous proposons d’autres formes de relations intercommunales fondées sur l’échange du bois et sa transformation au sein du territoire, suggérant de nouveaux groupements pouvant inspirer un ajustement des limites actuelles. Chacune de ces biorégions seraient alors rattachées à un grand massif forestier déjà constitué et produisant une quantité importante de bois. Nous appelons ces nouvelles formes de collaboration intercommunalités forestières.
Le Pays forestier de la Brie Cadre d’étude methodologique pour une approche biorégionale fondée sur la ressource en bois
feuillus
feuillus
Chênes décidus
Frêne commun
Chêne pédonculé - Quercus pedunculata Chêne pubescent - Quercus pubescent
Fraxinus excelsior
x ha 61 %
Le chêne est l’espèce indigène la plus présente sur le territoire francilien. Le bois de ses branches courbes était très utilisé pour la construction navale. Ces arbres sont les reliques de la politique forestière engagée au milieu du XVII par Colbert pour endiguer le défrichage du à la surexploitation des forêts royales. La visée de cette politique était militaire - approvisionner les chantiers navals - et économique pour assumer l’autonomie matérielle du royaume.
18 000 ha 12%
hauteur
30-40 m 15-20 m
densité
700 - 800 kg/m3
hauteur
25 - 40 m
densité
680 - 720 kg/m3
système racinaire
profond et vertical
propritétés du bois
système racinaire
très étendu à racine pivotante
propritétés du bois
bois souple, au fil droit et au grain grossier, cintrage facile
longévité
jusqu’à 1000 ans
durabilité naturelle
bois dense et lourd au fil droit, régulier et au grain moyen
longévité
200 ans
5 - non durable
régénération
multiplication par semis et greffage
régénération
multiplication par semis et greffe
durabilité naturelle
port
port
Port érigé, cime irrégulière et clairsemée.
élancéérigé, cime équilibrée en forme de voûte. Tronc droit.
risques
chalarose
sol
sols frais et humides, profonds, bien aérés, riches et calcicole
risques
capricorne, tordeuse du chêne
sol
peu exigeants sols frais et de natures variées
régime
arbres forestiers traité en futaie
cycle de coupe en futaie
2 - durable (sans aubier)
classe d’emploi
1 - 2 - 3.1 - 3.2 extérieur
traitements
thermique tht
séchage
long - 1 cm / an 36 mois à l’air libre
usages
80 à 120ans
structure charpente poteau, poutre en extérieur bardage menuiserie parquet, lambris, meubles ébenisterie placage autres charpente marine, tonnellerie
Le frêne, adepte des sols frais et plutôt humides se trouve souvent le long des cours d’eau. Essence pionnière, il colonise les espaces forestiers et aide à assainir les sols acides.
régime
.
cycle de coupe en futaie
50 - 60 ans
classe d’emploi 1 - 2 traitements
traitement THT pour emploi en extérieur
temps de séchage
séchage sans difficulté
usages
extérieur enveloppe (si traité) menuiserie parquet, escalier, mobilier ébénisterie déroulage pour contreplaqué
Forêt de la Briche (91), octobre 2020
feuillus
feuillus
Châtaignier commun
Robinier faux-acacia
Castanea sativa
Robinia pseudo acacia
6 386 ha 4%
10 000 ha 6%
Selon des usages forestiers séculiers, le châtaignier a été cultivé en taillis pour s’approvisionner en bois de chauffe. Cette coupe dite en cépée génère des rejets à partir de la même souche et empeche donc l’évolution génétique des individus, ce qui les rend aujourd’hui vulnérables au changement climatique. Ainsi les châtaigniers des forêt franciliennes meurent peu à peu laissant la place à des essences plus invasives ou des plantations de résineux.
hauteur
20 - 30 m
densité
565 - 750 kg/m3
hauteur
15 - 20 m
densité
720 - 800 kg/m3
système racinaire
profondes et largement étalées
propritétés du bois
bois régulier et flexible, aptitudes au fendage et cintrage
système racinaire
propritétés du bois
bois nerveux, lourd, très dur alternative aux bois exotiques sciage difficile
longévité
500 ans
2 - durable (sans aubier)
par semis et greffages
longévité
150 - 200 ans
durabilité naturelle
1 - très durable
régénération
durabilité naturelle
vertical et horizontal rejets de pieds et nodules racinaires qui permettent la fixation de l’azote
port
Port érigé puis étalé, tronc court et tordu. Cime irrégulière et dense.
régénération
multiplication par semis, boutures de racines, greffe
classe d’emploi
1 - 2 - 3.1 - 3.2 - 4 usage extérieur enterré ou immergé dans l’eau douce
risques
sujet au cancer du châtaignier vulnérabilité face au changement climatique
traitements
non nécessaire
sols frais et de natures variées. Présent sur les formations silicieuses et calcifuges
temps de séchage
lent, tendance à gauchir
sol
régime
culture en taillis répandue en futaie (plus rare)
classe d’emploi 1 - 2 - 3.1 - 3.2 extérieur traitements
THT
temps de séchage
normal à lent - 24 mois
port
port érigé, cime irrégulière et clairsemée.
usages
structure charpente en extérieur piquets, ganivelles bardage, bardeaux menuiserie parquet, escalier, mobilier
risques
supporte canicule et sécheresse
sol
Pousse mieux sur les formation silicieuses. S’accomode sur substrats gravilloneux et sableux, secs et pauvres.
régime
culture en taillis
cycle de coupe 25 - 45 ans en futaie
Le robinier est une essence pionnière de croissance rapide qui colonise les lisières. Elle s’accomode sur des terrains dégradés et les enrichit en fixant l’azote atmosphérique par ses racines. Originaire de l’est de l’Amérique du Nord, elle porte le nom du botaniste du roi qui l’introduisit en 1601 en France. Le robinier n’est pas répertorié dans les espèces invasives à proprement dire, toutefois le Conservatoire botanique national du Bassin parisien considère l’espèce comme « exotique envahissante avérée ». Forêt de Brou (77), novembre 2020
Forêt de St-Germain-en-Laye (78), novembre 2020
Xylothèque (extrait) Inventaire de quelques essences franciliennes
usages
disponibilité
structure fondations en extérieur platelage, bardage menuiserie parquet mobilier d’éxtérieur en faibles sections et petites quantités
Topographie des échanges biorégionaux Vue synthétique d’un réseau d’échange et de transformation du bois dans la métropole
01 En forêt
La coupe recompose une séquence territoriale imaginaire composée de situations typiques rencontrées sur le territoire. Ces différents tableaux représentent les espaces de la transformation et de production du bois, et de son usage. Ce n’est donc plus uniquement la représentation d’une géographie physique qui nous intéresse mais celle d’une géographie politique des échanges. Dans ce cadre, la forêt, loin d’être une toile de fond inerte, articule ces différents tableaux à la fois dans sa dimension paysagère palpable mais aussi à travers la transformation du bois qui la prolonge.
Portrait de mise en œuvre n°1 Construire in situ Connaitre et valoriser les différentes essences de bois et les assemblages bois-bois
Construire avec et dans la forêt Connaître et valoriser les différentes essences de forêt et valoriser les assemblages bois-bois
La scène populaire de forêt
voligeage en sous face 150 x 22 cm x 1,50 m
6 Toiture à 25° en bardeaux de châtaignier ou chêne déclassé 150 x 22 cm x 1,80 m
en tr ch axe ev ron entr s1 e ,50 m
liteaux 40 x 40 cm
Charpente chevron formant ferme 2 x (5 x 18 cm)
Blochet
5 forage à sec Jambe de force embrèvée enveloppe bardée en châtaignier classe 4
Platelage en robinier
Poteau en chêne 15 x 15 cm
4 Façonnage des pièces embrèvement, entures, entailles
Pieu de robinier en attente
Parquet de chêne en pointe de Hongrie
chèvre de levage
3 Réssuyage durant une année en forêt
2 Sciage sur plot et sur dosse
1 abattage et façonnage des pieux de robinier classe 5
dosses
1:40
02 En lisière de forêt
Minimiser les étapes de sciage Construire en bois rond
Portrait de mise en œuvre n°2 Minimiser les étapes de sciage Construire en bois rond
Le hangar à combustible
4 fabrication de palissade en bois empilé demi-bois rond Ø 20 cm
récupérateur d’eau de pluie en cas d’incendie
pannes à joints croisés Ø 20 cm x 6 m
tôle ondulée vissée sur pannes
Fiches et contrefiches en avivés de châtaignier
arbalétrier moisé en châtaignier demi-bois rond Ø 20 cm
3 Assemblage de la charpente au sol sur épure avant levage platine métallique sur pieu en béton
Entrait moisé demi Ø 20 cm Poteau Ø 25 cm
sciure
bille
2 fût
entrait moisé en châtaignier demi-bois rond Ø 20 cm
Sciage de gorges de décharge
8m
Jambe de force avivé 10 x 15 cm surb
ille
5
1
cloisons latérales mobiles bois demi-rond issus de taillis de châtaignier cloués sur cadre
tronçonnage de grumes de châtaignier et de robinier âgés de 30 ans issus de taillis
poteau en châtaignier avec gorge de décharge Ø 25 cm
bois rond avec entaille et gorge de décharge Ø 20 cm
1:5
Bois rond scié sur une face Ø 25 cm
demi bois rond Ø 20 cm
Avivé 10 x 15 cm
1:40
03 En ville-bourg et pavillionaire
Portrait de mise en œuvre n°3 Améliorer la durabilité naturelle de bois peu valorisés Bois brûlé et coffrage perdu
La chaufferie collective communale
Améliorer la durabilité naturelle de bois peu valorisés Bois brûlé & coffrage perdu Variations morphologiques
2 Construction de la charpente et de la couverture Bois de chataîgnier
1 Montage à plat des portiques Montants 150x100 Traverses 120x100
5 Pose des bardeaux en diagonale Contreventement Coffrage perdu
6 Enduit au platre ou à la chaux 5cm coupe feu 2h
3 Brûlage du bois 4 Découpe des planches
pour le coffrage perdu 40x30
technique du Shou Sugi Ban par cheminée
planches de bois peu valorisées Bois brûlé Peuplier/Frêne/Aulne/ Chêne déclassé
1:40
Intégration urbaine Préfiguration dans le village de Monthyon
04 En zone d’activité périphérique
Portrait de mise en œuvre n°4 Court-circuiter les longues étapes de séchage Valoriser le débit en plot pour les grandes portées
La Grange des communs Tire-fond pris dans platine métallique 5 mm
Contrefiche en chêne 150 x 40 mm
5 Pose de bardeaux en châtaignier
tirant métallique Ø 30mm
Découpe des bardeaux au fendoir
Arbalétrier composé de quatre sections de 350 x 40 mm
pieux et sous-bassement en béton
Faux entrait composé de trois sections de 250 x 40 mm
4 Montage de la paroi ventilée en châtaignier
Poutre treillis pour ferme intermédiaire
2 Levage des portiques
Poteau 200 x40 mm
1 Assemblage au sol sur épure des fermes préfabriquées
3 Assemblage des montants en châtaignier pour les parois ventilées
ux
ea
Lit
Court-circuiter les longues étapes de séchage Valoriser le débit en plot en structure de grande portée
Grume de chêne débitée en plot 40mm
m m m 40 its tra en m ux 0m Fa 0x4 25
0m
x4
40
0x
s7
n ro ev Ch
rs rie lét m ba 0m Ar 0x4 25
1:40
1:20
Composer un réseau d’échange et de collaboration
Système raisonné de production du bois d’œuvre
Circuit local d’approvisionnement énergétique
Débouchés de la filière, maîtrise d’œuvre et prescriptions
User et partager
Vers une culture constructive
Fiches-outil prescriptives Scénario cosmopolitique
Jury, janvier 2021
janvier 2021 Projet de fin d’étude : Architecture de reconquête, Déconstruire/Reconstruire. Alternatives critiques. Encadrants: Béatrice Jullien et Emilien Robin Intervenants : Françoise Fromonot et David Albrecht. 06 59 00 75 75 quid.architecture@gmail.com