Le Fort du Haut-Buc _ PFE 2015 _ Quentin LETEURTRE

LE FORT DU HAUT-BUC

Reconversion d'un fort de type Séré-de-Rivières PROJET DE FIN D'ÉTUDE _ ENSA-V 2015 Quentin LETEURTRE - Architecte Diplômé d'État

«C’est une bien triste mémoire que celle qui ne fonctionne qu’à rebours» Lewis Caroll

L E FO RT D U H AU T - B U C P ROJ E T DE F I N D ' É T U DE // ARCH I TECTURE & URBAN I SME // BUC (78) En qualité de capitale française, Paris a eu à se fortifier tout au long de son histoire. Mais sa constante expansion ne lui a permis de conserver que très peu de traces «intra-muros» de ces défenses successives. Les reliquats les plus marquants de la défense parisienne se trouvent ainsi dans sa banlieue.

Construite en 1841 et 1874, la double ceinture que forment les trente-quatre forts censés protéger Paris des invasions prussiennes demeure presque intacte à quelques enjambées de la capitale. Si les forts franciliens de 1841 sont en grande partie conservés dans le giron de l’Armée et continuent ainsi d’exister dans le paysage extra-périphérique et d’impacter le développement des villes limitrophes de Paris, ceux de 1874, type Séré de Rivières, sont eux majoritairement démilitarisés et confiés aux collectivités territoriales qui, pour la plupart, les laissent depuis se dégrader, abandonnés et oubliés.

Dès le milieu du XXème siècle, plus de la moitié de ces mastodontes se muent donc en de gigantesques friches.

Construits à l’époque à l’écart des villes, l’abandon des forts de la grande ceinture à la fin de la Seconde guerre mondiale ne semble alors poser aucun problème urbain. Mais le contexte territorial de Paris et sa région a bien évolué.

Depuis 1946, suite au baby boom et à l’attraction constante de la capitale sur la province, la population en Ile-de-France a pratiquement doublé, approchant aujourd’hui les douze millions d’habitants. Cette vertigineuse croissance entraine dans un premier temps le développement précipité de la banlieue, en totale négation de la ville traditionnelle. Patchwork de zonings urbains, délimités par les infrastructures viaires et ferroviaires, la banlieue perd alors de son attrait au profit du rêve de la maison individuelle en grande périphérie.

L’amélioration des transports en communs et l’avènement de la voiture rendent aujourd’hui ce rêve accessible et favorisent ainsi l’étalement et l’émiettement urbain.

Le Fort du Haut-Buc, fort type Séré de Rivière de 1880 Plan d'archive

C’est dans ce constat de sur-expansion désordonnée que la mégalopole commence à l’heure actuelle à absorber les fortfriches. Des infrastructures sportives, des lotissements ou des locaux municipaux rattachés aux villes de plus en plus proches viennent s’installer aux abords de ces luxuriantes parcelles boisées. Si la cohabitation n’existe pas encore, les logements proches tournant résolument le dos à ces château-forts modernes, c’est une situation précaire qui ne peut être que provisoire. Dans sa soif d’extension, la banlieue parisienne ne peut pas laisser son territoire morcelé par ces friches entourées de barbelés et jugées dangereuses.

En pleine crise d’expansion de la mégalopole et des réflexions urbaines emmenées par le Grand Paris, et suite aux multiples constats d’échecs liés à la proche banlieue, quels peuvent être l’avenir et la place des forts Séré de Rivières dans le paysage urbain francilien? Comment leur offrir la possibilité d’être à nouveau des acteurs, marqueurs du territoire?

Le fort type «Séré de Rivières» est un ouvrage polygonale souvent proche du trapèze, semi-enterré et entouré par un fossé sec, profond et étroit afin d’éviter les tirs de plein fouet sur les murs d’escarpe. Des caponnières remplacent les bastions à la Vauban. Ces ouvrages bas implantés en fond de fossé, dans les angles, sont des excroissances du mur d’escarpe et ont donc pour rôle d’assurer les tirs de protection des flancs du fort, tout en restant à l’abris des coups directs de l’artillerie assiégeante. À l’intérieur du fort la caserne est étroitement imbriquée dans des massifs de terre qui abritent les couloirs de circulation. La protection supérieure est assurée par des voûtes en maçonnerie recouvertes d’une forte couche de terre pouvant aller jusqu’à trois mètres et destinée à dissiper la puissance explosive des obus.

L’artillerie défensive des forts type 1874 est disposée à l’air libre sur des plateformes de tir situées au-dessus de la butte formée par la caserne principale. Les plateformes sont encadrées par des traverses-abri, petits locaux destinés au stockage du matériel, à la protection latérale de l’artillerie et à l’abri des artilleurs. Certaines traverses, dîtes «enracinées», communiquent directement avec la caserne, permettant ainsi de rejoindre les zones de combat sans s’exposer aux tirs.

Les forts type «Séré de Rivière» sont donc des témoins de l’évolution de la stratégie et de l’architecture militaire et de son savoir-faire. Mais un classement au patrimoine risque de les figer dans leur état actuel et de perturber ainsi l’urbanisation de la grande banlieue. Les forts de 1874 doivent préférer s’ouvrir à ces territoires et trouver une seconde jeunesse dans un registre tout autre que leur première fonction. Oubliant ce potentiel classement au patrimoine qui menace de les immobiliser dans des rénovations, ce sont des réécritures qu’appellent ces forts. Des projets qui leur apporteront une reconnaissance et un entretien de par les ré-affectations qu’ils leur proposeront. Des projets osés et ingénieux qui, tout en respectant leurs identités propres, les replaceront en tant que marqueur urbain, social et identitaire du territoire.

Les forts Séré de Rivière cherchent donc à faire l’objet de projets audacieux pour se révéler, accueillir la population en leur sein et revivre. C’est cette activité et ce dynamisme retrouvé qui leur assurera la meilleure protection et le meilleur entretien.

Chaque fort ayant sa situation particulière, je me suis penché sur le cas du Fort du Haut-Buc situé sur le plateau de Saclay. En s’appuyant sur un réseau de transport en plein essor lui permettant de rayonner sur tout le territoire, le Fort a les moyens d’accueillir un projet susceptible de le ré-ancrer dans le paysage francilien.

Conscient du tiraillement historique existant au sein du plateau, entre agriculture et haute technologie, mon projet choisi de reconvertir le fort en un lycée agricole horticole avec des cursus post-baccalauréat dans ces domaines, réaffirmant ainsi la place du travail de la terre au sein du territoire et portant cette notion au cœur du campus. Des échanges stimulants pourront dès lors se nouer avec les établissements du nouveau cluster et des cursus innovants traitant de l’agriculture en ville pourront également trouver un écho sur le développement du plateau.

L’école vient donc occuper la caserne principale du Fort, laissant la façade intacte, et y installant la partie administrative.

Du côté Sud, la butte de terre qui recouvrait et protégeait la caserne cède alors sa place à une façade moderne derrière laquelle les salles de classe s’étendent sur trois niveaux.

Elles sont desservies par le long couloir souterrain existant et les circulations verticales rejoingnent celles qui remontaient jusqu’aux casemates.

Des bâtiments de logements, pour les étudiants en internat sont aussi construits. Semi-enterrés eux aussi afin de ne pas émerger des glacis, ils viennent s’installer le long de la douve et récréent, par un jeu de façade, le mur d’escarpe effondré.

L’ancienne douve est trandformé en une nouvelle boucle piétonne permettrant de faire le lien entre les zones urbaines entourant le Fort. À l’origine conçue pour isoler, cette douve deviend ainsi la couture des différents morceaux de patchwork du territoire.

L’élargissement de la douve au niveau de l’entrée du Fort au Nord, couplé avec les premiers ouvrages défensifs au niveau des portes, permettent d’installer la place de village faisant tant défaut à la partie plateau de Buc. Des commerces de proximités et de petits restaurants et cafés pourraient occuper les défenses et les arcades de la douve et profiter de l’espace pour installer des terrasses.

Au Sud, une nouvelle entrée est pensée dans la douve afin de faire la jonction avec le nouveau quartier de la gare du métro 18. Cette remontée vers le plateau s’effectue autour d’un programme d’espace de réunion offrant des amphithéâtres aux entreprises qui s’installeraient à proximité. Ce programme pourrait aussi renforcer le lien avec le campus qui y trouverait là des espaces de conférences.

Un nouveau parvis permet d’accéder au complexe sportif de Buc à l’Est. Un gymnase, une piscine et un dojo viennent le compléter, enterrés eux aussi et s’ouvrant sur la douve derrière les arcades de la contrescarpe Enfin, les glacis intérieurs du Fort sont transformés en parc urbain, rendus aux Bucois pour qu’ils se réapproprient le lieu.

La caserne des officiers, rendue à la ville, peut alors accueillir des associations visant à donner vie au Fort, organisant des activités dans le parc ou des représentations, théâtrales ou lyriques, avec la façade de la caserne comme décor.

Analyse

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Situation des Forts d'Ile-de-France

¤ Fort de 1840 ¤ Fort de 1880 ¤ Fort de 1880 sur le plateau de Saclay

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Analyse

Situation des Forts du plateau de Saclay

Analyse

Cluster du plateau de Saclay

Analyse

Établissements universitaires et de recherche prÊsents

Analyse

DĂŠveloppement urbain du plateau liĂŠ au cluster

Le Fort du Haut-Buc, fort type Séré de Rivière de 1880 Photos d'archive

Caserne principale du Fort Photos actuelles

Douve sèche du Fort Photos actuelles

Usine Thomson Photo actuelle

PFE / Reconversion du Fort du Haut-Buc Plan du fond de douve // -6m

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PFE / Reconversion du Fort du Haut-Buc Plan du fond de douve +1 // -3m

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PFE / Reconversion du Fort du Haut-Buc Plan du niveau du plateau de Saclay // 0m

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PFE / Reconversion du Fort du Haut-Buc Plan du niveau du plateau +1 // +3m

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PFE / Reconversion du Fort du Haut-Buc Plan du niveau du plateau +2 // +6m

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PFE / Reconversion du Fort du Haut-Buc Plan de masse

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Nouvelle place urbaine - Nord // 1

Douve de l'internat - Ouest // 2

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Espace confĂŠrence - Sud // 3

Parvis des sports - Est // 4

Lapides clamabunt ( Les pierres témoigneront ) Épitaphe sur la sépulture du général R.A. Séré de Rivières Père-Lachaise, Paris