Plaquette de saison 2013 2014

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mai

Serge Noyelle Metteur en scène d’opéra et de théâtre, scénographe et plasticien. Jusqu’en 2012, il dirige le Théâtre à Châtillon. Il y crée en 1992, le Festival des Arts de la Rue. Il crée en 2003 avec Marion Coutris, l’École Européenne des Arts de la Scène. En 2008, il s’implante à Marseille où s’installe sa compagnie, le Théâtre NoNo.

Samuel Beckett

Oh les beaux jours Mise en scène

Serge Noyelle Marion Coutris

« Oh le beau jour encore que ça va être ! Encore une journée divine. Jesus-Christ Amen. Siècle des siècles Amen. Commence, Winnie. Commence ta journée, Winnie. »

On voit la disparition progressive d’une femme qui, tout en étant avalée par la terre, parle sans tragédie de la vie telle qu’elle respire encore. La Winnie de Oh les beaux jours est sans doute la Madame Bovary de Beckett, un double féminin, son rêve de théâtre. Un corps entravé, contrarié, une parole libre. Libre des codes de l’écriture et libre de devoir « faire théâtre ». Ne racontant qu’elle-même, dévidant ses pensées en miettes. Drôle et tragique, Winnie, une marionnette au sommet d’une montagnette, féroce et sensible, un être tout en tête, occupant l’espace des mots seulement, celui du discours seulement, l’acte théâtral se réduisant à une succession d’indications. Femme-aux-objets au sens propre, qui s’évertue à ponctuer le temps d’une journée d’actes insignifiants et indispensables : l’image de la représentation théâtrale, chaque jour annulant l’autre, chaque acte oubliant le précédent. Le corps, une fonction. Ballet des objets. Leur dramaturgie minutieuse, véritable partition de gestes, raconte un monde en images, désarticulé, précis, informe, facétieux, éperdu, poétique et trivial. Une chorégraphie où finalement le corps ne dit plus rien, ne signifie plus que son engloutissement programmé dans le monde de l’usuel. Joie d’être au monde, ce beau jour-là encore.

Passionné par le cirque, la peinture, le cabaret, le music-hall, Beckett n’était pas seulement l’auteur irlandais ascétique qu’on veut voir en lui. La révolution dans Beckett c’est l’invention d’un monde comme l’écume de toutes les histoires déjà racontées. Un monde où l’imaginaire, le pathétique, le cosmique, l’anéantissement et le rire le disputent à une réalité triviale, crue et sensible, lapidaire et frêle, beaucoup trop humaine. Une expérience du théâtre – temps et espace – la plus concrète qui soit. Les apparences ne sont pas forcément trompeuses. Chez Beckett on est ce qu’on paraît être. Ce qu’on dit. Ce qu’on fait. Et il n’y a pas de temps de latence. Sans afféterie ni procédé, la parole est issue du temps posé là, au réel de la sensation. Marion Coutris

La création française de Oh les beaux jours a été marquée par l’interprétation de Madeleine Renaud. Marquée aussi par la mythologie d’une figure imposée par un « deuxième texte » parallèle – les didascalies si précieuses à la vision que se fait Beckett de son théâtre, mais qui paralysent aussi potentiellement celle des metteurs en scène. C’est donc avec une grande liberté adossée à un profond respect que j’aborde cette mise en scène, qui est aussi mises en image : un univers plastique à la fois dépouillé et puissant, où on peut lire l’empreinte des peintres – Ensor, Delvaux, Magritte. Sur cette terre brûlée de Oh les beaux jours, il y a d’abord et avant tout un chaos, un espace ailleurs, en marge, loin : inqualifiable. Dans cet amas de caisse et de linge, il suffit de suivre le chemin des acteurs qui progressent, s’approchent de l’énigmatique texte de Oh les beaux jours ; petits morceaux déchirés, déchiquetés, de paroles et de regrets : le vieux style ! – lente agonie en forme de rituel amusé de l’éternelle résurrection de la représentation – mourir et renaître demain et demain l’ombrelle, le grand sac noir, le pistolet seront là, à leur place, encore et toujours là. Serge Noyelle, mars 2013

C’est à l’invitation d’un théâtre contemporain de Pékin, le Nine théâtre – dirigé par l’auteur et poète Xu Wen – que le Théâtre NoNo présentera en Chine, à l’occasion de l’inauguration d’un nouveau lieu entièrement dédié à l’écriture de Samuel Beckett, Oh les beaux jours et En attendant Godot en mai-juin 2014.

M 13 > 20 h M 14 > 20 h J 15* > 19 h *Rencontre avec le public à l’issue de la représentation Ouverture de la location lundi 6 janvier Durée estimée 1h45

Marion Coutris Auteur, actrice, metteur en scène, formée comme comédienne à l’ENSATT. Elle travaille depuis 1985 dans plusieurs projets théâtraux en France et à l’étranger. Sa pratique d’actrice et de dramaturge la conduit à l’écriture dramatique qu’elle pratique désormais parallèlement au jeu. Marion Coutris devient la directrice artistique du Théâtre NoNo à partir de 2008.

Scénographie et lumières Serge Noyelle Assistant à la mise en scène Grégori Miege Régisseur général Bernard Faradji avec Marion Coutris Noël Vergès Production Théâtre NoNo Coproduction Marseille-Provence Capitale Européenne de la Culture 2013


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