LA MOUETTE mise en scène
Frédéric Bélier-Garcia
tchekhov nous fait aimer une société composée d’êtres insignifiants, représentants de la grande majorité. Mais ces êtres, précurseurs du grand bouleversement, portent en eux des germes de foi, d’ardeur, de génie, de résignation. C’est extérieurement seulement qu’ils sont insignifiants, mais le feu intérieur les dévore. sacha pitoëff
La Mouette est une pièce d’amour, d’amour désintéressé, irréalisable, dérisoire et pur parce qu’il est dérisoire et qu’aucune relation des corps n’est possible. C’est aussi une pièce où l’on se tue, il ne s’agit que de la mort dans tchekhov. Arkadina est actrice. Son amant trigorine écrit. Son fils Kostia (treplev) lui aussi écrit : rivalité des hommes à propos de l’écriture, du théâtre, pour l’amour d’Arkadina et de la jeune Nina qui veut devenir actrice et qui
TchekhOV est fascinée par l’écrivain trigorine. Série de ratages, de décalages, entre les désirs qui renvoient chacun à sa solitude, à ses angoisses, à sa mort. Au travers du « quatuor artistique », l’œuvre aborde le problème du statut des artistes et de l’art, et plus précisément de l’art théâtral. Pour Antoine Vitez, qui la traduisit et la mit en scène au théâtre National de Chaillot en 1984, la pièce est « une vaste paraphrase d’hamlet » où treplev répète hamlet, Arkadina, Gertrude, trigorine, Claudius, Nina, très attirée par l’eau, Ophélie... Sous l’apparent tissu de la banalité quotidienne, s’agitent de grandes figures mythiques. C’est dans le texte français d’Antoine Vitez, édité par le Livre de Poche, que Frédéric Bélier-Garcia a choisi de présenter cette œuvre universelle.