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: Quand j’avais dix ans...

Dernièrement, j’ai retrouvé une photo que j’avais prise en 1998 : j’avais dix ans, c’était il y a déjà un quart de siècle. Je peux y voir mes parents avec ma petite sœur, notre chienne qui est morte depuis longtemps déjà, ma cousine, son compagnon, mon oncle, et surtout, ma tante, qui nous a quittés il y a exactement dix ans cette année, emportée par un cancer. C’était une belle blonde souriante, radieuse, épanouie, un vrai soleil pour notre famille.

Naturellement, difficile de ne pas avoir un pincement au cœur quand on revoit l’image d’un être cher qui n’est plus de ce monde. Pourtant, je n’ai pas de raison personnelle d’être nostalgique de mon enfance, et surtout pas de l’année 1998 qui est quand même celle de mon entrée au collège, autrement dit le début de quatre années d’enfer que j’ai passées entouré de petits branleurs qui n’avaient que le foot et le rap pour tout horizon et qui m’ont traité comme le dernier des derniers parce qu’ils avaient vite compris que je n’étais pas tout à fait comme eux, le tout dans l’indifférence quasi-générale des adultes qui me disaient en substance qu’ils ne pouvaient pas demander à mes « camarades » d’être moins cons et que c’était à moi de faire l’effort d’être moins intelligent.

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Cela dit, mis à part les malheurs de ma petite personne, cette époque n’avait pas que des inconvénients. Je me souviens qu’à l’époque, c’était la troisième cohabitation : le gouvernement, qui écoutait encore un peu les syndicats, instaurait les 35 heures, les RTT, le Pacs, le chômage baissait, j’attendais 2002 pour assister au triomphe définitif de la socialdémocratie. J’attends toujours, aujourd’hui. On n’aurait pas imaginé un seul instant, en ce temps-là, que l’extrême-droite pouvait dépasser les 15%, d’ailleurs le Front National se déchirait entre Le Pen et Mégret. Bill Clinton était président des États-Unis, son bilan n’était pas mirobolant mais n’était pas complètement négatif, d’ailleurs les Républicains n’avaient rien trouvé d’autre qu’une relation sexuelle adultérine pour l’emmerder. Le Monde était loin d’être complètement pacifié, mais l’Europe de l’est était libérée du communisme et l’Europe de l’ouest bâtissait une union qui semblait indestructible et appelée à s’étendre indéfiniment. Le 11 septembre 2001 n’avait pas encore eu lieu, les jeunes Beurs des banlieues n’étaient encore vus par les braves gens « que » comme des délinquants, je suis sûr qu’ils regrettent cette époque où ils n’étaient pas encore vus comme des terroristes. La télé-réalité n’était pas encore arrivée en France, on n’en était pas à presque regretter le temps des soirées dans le style « Champs-Élysées », et Canal+ était encore une chaîne regardable même si ses plus belles années étaient déjà derrière elle. Le portable n’était pas encore généralisé, on pouvait encore passer des vacances peinardes et prendre les transports en commun sans que les autres voyageurs ne vous cassent les oreilles, les réseaux sociaux n’existaient pas, les smartphones non plus, on pouvait aller partout sans avoir à redouter de se retrouver en photo sur Internet le lendemain, on n’était pas tenu d’être au courant de tout en temps réel, les enseignants, les artistes, les soignants, les chercheurs étaient encore un peu respectés, les théories du complot n’avaient qu’une audience marginale

Mais j’arrête là, vous allez finir par croire que je suis nostalgique alors que ce n’est pas mon propos. Je ne peux absolument pas dire que c’était mieux avant. Le problème, c’est que ce n’est pas tellement mieux non plus maintenant…