4.1 Généralités
Aspects historiques et culturels L’axonométrie a son histoire culturelle, tout comme les projections de Monge et la perspective ont les leurs*. Au XVIe siècle, J. Androuet Du Cerceau (v. 1515-1585) utilise la perspective et l’axonométrie dans Les plus excellents bâtiments de France (1576-1579). L’ouvrage est novateur avec l’usage d’axonométries empiriques, prenant la forme de cavalières. Mais, c’est J. de la Gournerie (1814-1883), successeur de Monge à l’Ecole polytechnique, qui peut être considéré comme le premier en France à développer dans son Traité de géométrie descriptive (dès 1873) ce qu’il appelle les perspectives axonométriques et cavalières. Il les englobe sous l’appellation de perspectives rapides. Pour réaliser une image parlante d’un objet, en complément du système parfait mais visuellement abstrait de la double projection de Monge, La Gournerie recommande le recours à la perspective cavalière, tout en s’accommodant de sa « tare congénitale », le parallélisme des fuyantes qui entraînent des distorsions visuelles. C’était dire en somme qu’au chapitre dessin, pour les ingénieurs de la fin du XIXe siècle, il y a une voie royale, celle de la géométrie descriptive, et un succédané de représentation tridimensionnelle, la perspective cavalière, qui ne saurait remplacer la grande perspective conique, réservée à ceux qui la maîtrisent, les architectes et les perspectivistes. La Gournerie sera le formateur d’Auguste Choisy (18411909), polytechnicien, qui publia en 1899 une Histoire de l’architecture qui offre une synthèse de ses travaux et * Le texte qui suit emprunte librement des passages à Jean Aubert, dans son ouvrage Axonométrie (1996, pp. 83 à 90). L’auteur y fait, comme il le dit, une brève histoire orientée de l’axonométrie. Notre source citée, on renonce, par souci de lisibilité, à multiplier les guillemets pour les citations textuelles et ponctuelles.
A Bastion B Cavalier
A. Choisy, axonométries militaires, extrait de L’art de bâtir chez les Byzantins, 1883 Axonométrie cavalière (en haut) « Le cavalier est un ouvrage en terre-plein, destiné à recevoir de l’artillerie, élevé au-dessus d’un autre ouvrage… pour doubler les feux de cet ouvrage » (J.-M. Pérouse de Montclos, 1989) Axonométrie militaire (en bas) « Le nom de perspective militaire qu’on donne aux élévations géométrales fait assez connaître qu’on en laisse l’usage aux gens de guerre… » (J. du Breuil, 1642)
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