l'appel de la Forêt #18

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L appel de la Forêt Bulletin d’information n° 18 – Aout2019

«Une tempête de verglas se produit du Texas au Tennessee je suis à Los Angeles et il fait très froid. Le réchauffement climatique est un canular total et très coûteux!» Donald Trump

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Des arbres salvateurs Fiction or not fiction?

Édito

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e nombreuses études sociologiques ont fait la démonstration que nous, humains, nous sommes considérablement éloignés du vaisseau spatial Terre…à en devenir «hors sol»…« extra-terrestre ». « L’ancienne alliance est rompue » nous rappelait Jacques Monod. S’inscrire dans une démarche de chantier nature, de plantation d’arbres, c’est participer d’une certaine poétique du monde, à son ré-enchantement ... Planter un arbre c’est rentrer en contact avec la matrice de nos existences : le vivant, la nature. C’est en saisir les subtilités, les fragilités et l’importance fondamentale qu’elle revêt. Éprouver son corps dans l’action c’est enfin, prendre la mesure de sa place dans ce monde… L’association «les planteurs volontaires» développe depuis 2013 un programme d’action en faveur des arbres sur terrains publics et sur parcellaires agricoles. Ainsi, en 6 hivers plus de 6 500 «habitants paysagistes » ont permis la plantation de plus de 111 000 arbres. En répondant à l’appel de la forêt, en nous mobilisant pour la création de vergers, pour le maintien et la valorisation du bocage, pour le développement des trames vertes, nous nous engageons collectivement sur la voie du développement durable et réduisons l’écart entre ce qui a déjà été fait et tout ce qu’il nous reste encore à accomplir. Les planteu’

le troupeau aveugle, illustration de Philippe Caza

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l’arbre: le ventilateur climatique

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es derniers mois nous démontrent que le changement climatique n’est pas une nouvelle prophétie fumeuse mais bien une réalité dont on commence à sentir les premiers effets. Ce juillet 2019 est le mois le plus chaud jamais mesuré dans le monde, selon le programme européen Copernicus. 2018 était déjà l’année la plus chaude jamais enregistrée en France. Pourtant rien ne change, les projets d’aménagements restent inchangés: du béton, du bitume et des briques…Véritables accumulateurs de chaleur en période estivale, ces matériaux imperméabilisent les sols empêchant l’infiltration de l’eau et favorisant les inondations. Quelles sont les solutions que l’on nous propose ? Des arbres en pots sur une place minérale? Végétaliser et arborer les villes est une des solutions pour rendre nos villes plus résilientes aux changements qui s’annoncent, mais il est indispensable de changer le prisme à travers lequel nous voyons l’arbre en ville. L’arbre n’a pas seulement un aspect esthétique, il a de nombreux autres bénéfices. Il améliore la qualité de l’air en fixant les particules fines et en piégeant les émissions de gaz à effet de serre. Il améliore la gestion des eaux pluviales en facilitant leur infiltration. Enfin, Il améliore le climat urbain en luttant contre les ilots de chaleur.

L’arbre, outils de rafraichissement de la ville. La présence d’arbres matures est un des moyens les plus efficaces pour réduire le phénomène d’îlots de chaleur urbains : Le projet de recherche Épicéa (www.cnrm.meteo.fr/IMG/pdf/epicea-synthese.pdf) a démontré que la végétation influe sur le rafraîchissement en journée : une température inférieure de 1 à 3°C sur toute la durée de l’épisode et de 3 à 5 °C à un instant donné en fonction du taux de végétation. Comment ça marche? Par ombrage direct au sol ou sur les bâtiments : les feuilles des arbres empêchent les rayons du soleil de passer et projettent de l’ombre sur le sol et les surfaces environnantes. Par exemple, une différence de plus de 10°C peut exister entre une façade ensoleillée et la même façade ombragée. L’arbre rafraîchit l’air ambiant par évapotranspiration : en pratique, l’arbre prélève de l’eau dans le sol (jusqu’à 450 litres par jour pour un arbre mature) et la rejette dans l’air sous forme de vapeur d’eau. (Fondation Canadienne de l’Arbre) 2


climate fiction C

uire au soleil en lisant un bon récit post-apocalyptique, où des personnages évoluent dans un monde ravagé par les effets du changement climatique... La science fiction au XXIe siècle : délire catastrophiste ou vision anticipée d’un monde malade? Plongée dans un genre littéraire à part entière! Les raisins de la colère de John Steinbeck (1939). Nous ne pouvions pas citer ce témoignage qui tonne aujourd’hui comme un avertissement. On y découvre les conséquences sociales de l’épisode climatique du Dust Bowl des années 1930, au cours duquel des tempêtes de poussière s’abattirent sur les grandes plaines américaines. Climatologues et spécialistes de l’histoire de l’environnement s’accordent aujourd’hui pour dire que le Dust Bowl fut la conséquence directe de techniques agricoles érosives. Le scalpel de Steinbeck dissèque l’américaine des années trente, entre récit de la misère, prémices du capitalisme exacerbé, étude sociologique de milliers de fermiers du sud affectés par des conditions climatiques terribles... Un grand classique! Sécheresse de J.G. Ballard(1966). Le troisième volet de sa quadrilogie des mondes dévastés; il y dépeint une apocalypse provoquée par la disparition des eaux terrestres sous l’effet de la pollution industrielle des océans. Pendant sec et aride de sa vision tropicale, humide et étouffante du monde englouti (1962). Des classiques du genre! Soleil vert de Harry Harrisson (1966). Pas le film, mais le roman qui inspirera le film éponyme de Richard Fleischer en 1973. Explosion démographique, pollution, raréfaction de l’eau potable et de toutes les ressources planétaires, rationnement. Tous les ingrédients d’une société au bord de l’implosion. Mais... contrairement à l’excellent film...ici, pas de cannibalisme! Le troupeau aveugle (couverture en une de ce numéro!) de John Brunner (1972). À la fin du XXe siècle, la pollution chimique est telle que la Méditerranée est un cloaque pestilentiel... à New York, il pleut de l’acide et au robinet l’eau n’est pas potable, tout le monde ou presque souffre d’allergies, d’intolérances, les microbes résistent aux antibiotiques et la vermine aux insecticides, la nourriture est rare et altérée par des pesticides, l’espérance de vie décroît régulièrement... John Brunner joue les Cassandre moderne face à notre sinistre attentisme... Un ami de la terre de l’excellent T.C Boyle (2000). Californie, 2025. L’effet de serre, les pluies acides et les épidémies ont fait disparaître les principaux mammifères et ont ravagé la planète. Ty Tierwater, « écoguerrier» des années 80, dirige une ménagerie d’animaux en voie d’extinction... Génialissime plume. Acerbe, outrancière et cynique à souhait!

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L’arbre qui a vaincu le temps

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e Ginkgo biloba, aussi appelé l’Abricotier d’argent, est un arbre unique en son genre. Dernier représentant de la division des Ginkgophyta, il est vieux de près de 160 millions d’années. Arbre relique de l’époque du Permien, énigme biologique, il est à ce jour le seul arbre dont les cellules contiennent une micro-algue endosymbiotique. C’est aussi un arbre qui ne présente aucunes maladies ou parasites connus, n’a aucun prédateurs vivants, est extrêmement résistant à la pollution, très difficile à brûler… Bref, si l’homme ne vient pas s’en mêler, il est immortel ! Il a d’ailleurs, au cour de l’histoire, survécu à plusieurs grandes crises d’extinctions massives qui ont vidées la planète Terre de toute forme de vie évoluée (ou presque), à des périodes glaciaires, à une météorite qui a pourtant décimé les derniers dinosaures, et même plus récemment, à l’attaque nucléaire lancée sur Hiroshima par les USA le 6 aout 1945. Il est finalement devenu un signe d’espoir et de renaissance après une catastrophe humaine sans pareil. Son incroyable résistance à la pollution et aux facteurs mutagènes, sont le secret de sa longévité. Cela lui a permis de s’acclimater et de survivre à travers l’histoire et dans tous les climats. A l’époque de l’Anthropocène, marquée par la présence parfois destructrice de l’Homme, il est peut être le meilleur allié dont nous disposons pour faire face aux changements climatiques… Qu’en pensez-vous?

les planteurs volontaires

tualité pour suivre notre ac

http://planteurs-volontaires.com/

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