What's up Doc 30

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JAN- FÉV 17

Le magazine des jeunes médecins

RENÉ RENÉ FRYDMAN FRYDMAN

DES BÉBÉS À TOUT PRIX LE LE COURRIER COURRIER DU DU CŒUR CœUR

LE LE TEST TEST DE DE BONALDI BONALDI

BON COUP DE FOURCHETTE

SPÉCIAL ST VALENTIN

www.whatsupdoc-lemag.fr What’s Up Doc ? (Quoi de neuf Docteur ?) est édité par Planète Med. Exemplaire gratuit. Ne peut être vendu.

Matthieu Matthieu Durand Durand

Les acteurs de What's Up Doc sont de jeunes médecins, spécialistes des questions d’avenir et de carrière, convaincus de la nécessité de communiquer et d’accompagner leurs pairs pour les aider à mieux choisir leur avenir.

DIRECTEUR DES PUBLICATIONS_ Dr Matthieu Durand RÉDACTEUR EN CHEF_ Dr Alice Deschenau DIRECTION ARTISTIQUE_ Marc Schreiber CHEF DE RUBRIQUE "ACTU"_ Adrien Renaud COMITÉ ÉDITORIAL_ Idris Amrouche, Dr Sarah Balfagon, Dr Jean-Victor Blanc, Lisa Camus, Dr Guillaume de La Chapelle, Dr Alice Deschenau, Dr Matthieu Durand, Yvan Pandele, Johana Hallmann, Adrien Renaud, Imène Hamchiche, Marc Schreiber, Anton Iftimovici, Dr Juan Sebastian Suarez Valencia, Alexia Fary SECRÉTARIAT DE RÉDACTION_ Delphine Sellier CRÉATION DE LA MAQUETTE_ Luciole CRÉDITS PHOTOS_ © Lisa Camus, © Getty images, © Thinkstock, © DR, © The Noun Project, © Peerayot, © Johana Hallmann NOMBRE D'EXEMPLAIRES_ 18 500

What's Up Doc est édité par Planète Med 101, rue de Sèvres - 75280 Paris Cedex 06 — NATIVE ADVERTISING_ PLANÈTE MED Chloé Jez Tél. 06 37 92 61 46 native@whatsupdoc-lemag.fr — PUBLICITÉ_ PLANÈTE MED Matthieu Durand Tél. 01 49 96 49 08 pub@whatsupdoc-le mag.fr — PAGES EMPLOIS_ RÉSEAU PRO SANTÉ Kamel Tabtab Tél. 01 53 09 90 05 emploi-medecins@whatsupdoc-lemag.fr

UN NUMÉRO HAUT EN COULEUR

A

quelques encablures des prochaines élections, nous avons fait une petite pause politique pour dévoiler le podium de la 4e édition cette année, du classement des CHU et des spécialités les plus prisées par les nouveaux internes. Un rendez-vous qui fait désormais référence.

En exclusivité cette fois, la rédaction a travaillé d’arrache-pied pour publier 8 numéros complémentaires exceptionnels sur les interrégions d’internat. De l’Île-de-France aux Antilles-Guyane, c’est une analyse complémentaire avec des investigations de terrain que nous vous invitons à découvrir sur le site www.whatsupdoc-lemag.fr Autre sujet à l’honneur : les mutations de l’internat. En commençant par celles des ECN qui ont remplacé le concours d’internat, et sont devenues pour la première fois en 2016 les ECNi dont la gestation est bien arrivée à terme, non sans avoir été douloureuse. Pour continuer avec celles de la formation, la réforme du 3 e cycle expliquée en clair et décodé pour tous.

C’est donc un numéro très attendu et surdimensionné que nous avons le plaisir de partager pour ouvrir le bal de 2017.

Bonne lecture, Et rendez-vous sur le site pour l’intégralité des classements et des compléments d’enquête.

— ISSN 2258-157

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30 SOMMAIRE ACTU]

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DOS DOSSIER SIER

H.O. LA CAMISOLE DU MOIS DR JEAN-ROCH HUET

NANTES CREUSE L’ÉCART

SUR LE VIF

"AL-BISTOURI", L'INTERNE DJIHADISTE, EST EN PRISON

08 10

12

L’ACTU QUI A FAIT

LE BUZZ

REJOINT LE PODIUM !

21 L’INTERNE EN PSY : QUOI, MA GUEULE ?

Ah

bo

t’e

sûr

s

n,

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LES PSYCHIATRES RISQUENT LA PRISON À CHAQUE PRESCRIPTION

23 ANTILLES-GUYANE : « LE BOUCHE-À-OREILLE COMMENCE À FONCTIONNER » 24 LE CLASSEMENT DES 8 INTERRÉGIONS D'INTERNAT

CHRONIQUE POUR UNE AUTRE MÉDECINE PAR YVES CHARPAK

26 LES MUTATIONS DES ECN

ACTES DE SANTÉ : ALLONS-NOUS ENFIN APPRENDRE À PARTAGER ?

LE BLOG

13

EN ALLEMAGNE, LES GARÇONS SONT EN AVANCE SUR LES FILLES

4

19 LA MÉDECINE INTERNE

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28 LA RÉFORME DU 3e CYCLE POUR LES NULS 29 CONCLUSION

P

07

17 THE WINNER :

O TTO

!!

Spécial SaintValentin

e-SANTÉ 30 APP'STORE SANTÉ

UNIVADIS - L'ALLIÉ MÉDICAL DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ

32 LE TEST DE BONALDI -

BON COUP DE FOURCHETTE

st Te di Le l na bo

34 SIMULATION - DEVENIR FORMATEUR EN SIMULATION ÇA NE S'INVENTE PAS !

ENDOCRINOLOGY

54

38 À LA CARTE -

RENÉ FRYDMAN DES BÉBÉS À TOUT PRIX Inter view

Green spririt

BAMBINI CODES

TOUT EN DOUCEUR

DERMATO À PARIS

60

MON EXERCICE 46 INTERVIEW

Inter-

48 LA VISIBILITÉ NUMÉRIQUE RÈGLE N°1

EN TOUTES CIRCONSTANCES…

view

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57 … c'est olympique !

58

44 CAUSES DÉSESPÉRÉES

50 ÊTRE BIEN ÉQUIPÉE

TROUSSE DE SECOURS

55 Sous ma blouse…

LA PREMIÈRE IDYLLE

MÉMOIRE D'INTERNE KÉVIN JOURNIAC

Dr Love, professeur ès amours Le repos de securite

RECRUTEMENT

Assistant spécialiste

COURRIER DU CŒUR

53 HOROSCOPE {CHINOIS 2017}

36 ENGLISH CORNER N° 9

42 PUBLIC -

52

LA GARDE

TIME-OUT

TOO SHUSS…

GÉNÉRATION CINÉ’SANTÉ !

LA TRANSEXUALITÉ AU CINÉMA

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63

Culture Folie douce PETITES ANNONCES LE MEILLEUR DES OFFRES DE RECRUTEMENT MÉDICAL DU MOMENT

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[ ACTU ]

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LA CAMISOLE DU MOIS

Certificat médical d'hospitalisation d'office

le 9janvier 2017

Fait à Paris, Je soussigné Dr WUD, certifie avoir examiné ce jour :

Le Dr Jean-Roch Huet, Généraliste à Dijon, Et avoir constaté les éléments suivants :

Le 26 décembre dernier, le patient décrivait sur le groupe Facebook « Les médecins ne sont pas des pigeons » sa surprise d’avoir reçu à son cabinet un homosexuel qui ressemblait à « un monsieur-tout-le-monde », et qui n’avait rien d’une « fofolle ».

Ce praticien, qui effectue des remplacements en Côte-d’Or, en a profité pour partager sur cet espace ouvert à tous les internautes le fruit de ce qui s'apparente à un raisonnement darwinien abouti. « Quand on fait un truc que la nature n'a pas prévu, il y a toujours des complications », écrivait-il. e Or le patient n’est, semble-t-il, pas un naturaliste du 19 siècle mais un médecin discourant hors du cadre de ses compétences.

Ses propos, bien que rapidement supprimés, ont déclenché une vive polémique dans et hors de la communauté médicale. Ils ont valu à leur auteur une convocation devant le Conseil de l'Ordre.

En plus de présenter un trouble de l'interaction sociale avec déficit de théorie de l'esprit, manque d'empathie et alexithymie, le patient souffre d’un retard mental s’apparentant à un retard sociétal majeur, ce qui entraîne une inadaptation à la vie sociale.

Ces troubles constituent une menace grave pour l'ordre public, et un temps de soins assortis d'une surveillance continue est nécessaire.

Par conséquent, une hospitalisation complète sans consentement s'impose, selon les termes de l'article L. 3213-1 du Code de santé publique.

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Crédit photo : ©Peerayot

[ ACTU ]

« Al-Bistouri », l’interne djihadiste, est en prison Dans le civil, Amine L. était interne en chir’ ortho à Marseille. Mais sur Twitter, il se faisait surnommer « Al-Bistouri » et proférait régulièrement des menaces d’attentat. Interpellé fin décembre dernier en Turquie, il a été renvoyé vers la France, et se trouve actuellement en détention préventive. Une pensée pour ses collègues de La Timone, qui ont découvert par la presse les aspirations mortifères de cet interne jusqu’ici sans histoires…

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[ ACTU ]

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L’ACTU qui fait le

a

buzz

LES INTERNES ET L’OSEILLE

En décembre dernier, What’s Up Doc interrogeait Olivier Le Pennetier, nouveau président de l’Isni, sur une proposition de Marisol Touraine : (enfin) payer les heures sup’ des internes. Il saluait l'intention de la ministre, sans lui signer un chèque en blanc pour autant.

OLIVIER LP. « RECONNAÎTRE LE TEMPS DE

TRAVAIL ADDITIONNEL, C’EST RATIONALISER L’EMPLOI DU TEMPS DE L’INTERNE. » …

«La mise en place va être complexe, il faudra un décret en Conseil d’État. »

Who run the

world? Girls!

LES FEMMES SERAIENT DE MEILLEURS MÉDECINS QUE LES HOMMES. C’EST EN TOUT CAS CE QUE SUGGÈRE LE JAMA INTERNAL MEDICINE DANS UNE ÉTUDE PARUE FIN DÉCEMBRE. WHAT’S UP DOC A RELAYÉ CES RÉSULTATS, QUI N'ONT PAS MANQUÉ DE FAIRE RÉAGIR NOS LECTEURS.

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Mini

buzz

LE BUZZ

[ ACTU ]

Les propos d’Olivier Le

Pennetier ont suscité de

nombreux commentaires sur

Facebook, comme ceux de ces deux praticiens de l’AP-HP.

«

Matthieu Peycelon, chirurgien

«

Paul Delval, anesth’-réa

Cela veut dire que toute la profession hospitalière doit y avoir le droit… Vivement les prochaines paies ! Et on va aussi pointer ? »

…

« Depuis le 1er mai 2015, les internes ne doivent pas travailler plus de 48 heures par semaine (…). Le problème, c’est que (…) le temps de travail hebdomadaire moyen des internes est de 60 heures. »

Ce n’est pas si rose. Ces heures sup’ représentent cinq demi-journées par mois maximum (…). Et là où je suis, les gens sont forcés de récupérer leurs heures sup’. Au final ça ne fait pas plus d'argent et moins de présence au lit du malade. »

GUILLAUME FLOURY,

INFIRMIER EN BLOC OPÉRATOIRE

« Tiens, mais cet article ne serait-il

pas sexiste ? Ah non c'est vrai !

Jamais dans ce sens-là ! » BAPTISTE EMOND, EN

SIXIÈME ANNÉE DE MÉDECINE

« Je suis sûr que cette étude

est pleine de biais ! »

PHOTO BUZZ Ho ! Ho ! Ho ! À What’s Up Doc aussi, nous avons célébré Noël !

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[ ACTU ]

[ ACTU ]

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LES PSYCHIATRES

RISQUENT DÉSORMAIS LA PRISON À CHAQUE PRESCRIPTION Adrien Renaud

AH BO N T’ES , SÛR ?

LA PSYCHIATRIE SERAIT-ELLE DEVENUE UNE SPÉ À HAUT RISQUE JUDICIAIRE ? C’EST CE QU’ON POURRAIT CROIRE À LA SUITE DE LA CONDAMNATION, EN DÉCEMBRE, D’UN MÉDECIN POUR UN MEURTRE COMMIS PAR L’UN DE SES PATIENTS. À LA SUITE DE CE JUGEMENT, CERTAINS PRATICIENS ONT MÊME MENACÉ DE NE PLUS SIGNER LES AUTORISATIONS DE SORTIE AUX MALADES HOSPITALISÉS, DE PEUR DE VOIR LEUR RESPONSABILITÉ PÉNALE MISE EN CAUSE. C’est une décision qui a fait du bruit : en décembre dernier, un psychiatre a été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour homicide involontaire. Le motif ? En 2008, un patient qu’il avait autorisé à sortir dans le parc de l’hôpital de Saint-Égrève, près de Grenoble, avait fugué et poignardé un passant.

Résultat : l’ensemble de la profession craint désormais une procédure judiciaire à chaque décision.

Chez les psychiatres, le malaise est bien réel. C’est du moins ce que permet d’établir un bref sondage réalisé auprès de ceux qui côtoient la rédac’ de

PAS DE QUOI FOUETTER UN CHAT ?

"On a un meurtre

Ce jeune praticien peut se rassurer : il a peu de chances de finir en prison du fait des agissements de l’un de ses patients. « On a environ un meurtre commis par un psychotique tous les quatre ans en France », estime le Dr Norbert Skurnik, vice-président de l’Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (Idepp). « On est proche du risque zéro. »

commis par un

psychotique tous les quatre ans.

On est proche

du risque zéro."

Dr Norbert Skurnik, vice-président de l’Idepp

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What’s Up Doc. « On nous critique quand on enferme les gens, et on nous critique quand on les laisse sortir », remarque tristement une jeune addictologue. « Je ne m’estime pas du tout formé à l’évaluation de la dangerosité, et si je suis mis en cause, je plaiderai l’incompétence », annonce de son côté un hospitalier tout juste sorti de l’internat.

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Marion Mourand, avocate spécialisée en droit médical, abonde dans ce sens. « Pour qu’un psychiatre se voie reprocher des actes délictueux ou criminels commis par son patient, il faudrait que sa responsabilité pénale soit engagée », expliquet-elle. « Or la loi pénale s’applique difficilement en matière médicale. » (voir interview ci-contre).

Mais au delà du risque statistique se pose la question des moyens dont les praticiens disposent pour évaluer correctement la dangerosité psychiatrique d’un patient.

Pour Norbert Skurnik, il n’y a pas de sujet : c’est quelque chose que les psychiatres savent faire. « Depuis les grands classiques, on sait évaluer la schizophrénie », assure le syndicaliste. « Et avec les neuroleptiques, on sait la doser. »

UN BOULOT POUR LES PROS Le Pr Jean-Louis Senon, psychiatre au CHU de Poitiers, a présidé les auditions dans le cadre d’un rapport de la Haute autorité de santé (HAS) sur le sujet. Il tient à souligner que la psychiatrie est loin d’être la première spé en termes de mise en cause des praticiens, mais reconnaît que l’évaluation de la dangerosité nécessite beaucoup d’expérience. « Quand on a des patients difficiles dans une unité, ce n’est pas le boulot du nouvel arrivant, c’est celui du senior », avertit ce PU-PH. D’après lui, il s’agit en effet « d’un travail de clinicien très fin », qui doit retenir toute l’attention des équipes et nécessite de connaître l’ensemble des antécédents du patient : délire, injonctions hallucinatoires, persécution, dissociation, et surtout, historique détaillé de la pathologie. « On ne peut oublier ne serait-ce qu’un seul incident violent, même s’il remonte à 25 ans », souligne Jean-Louis Senon.

D’où l’importance de la traçabilité. « J’ai des clients mis en cause qui me disent qu’ils allaient voir le patient tous les jours », raconte Marion Mourand. « Mais s’ils n’ont rien noté de précis, comment je le prouve ? » Elle ne demande pas forcément aux psychiatres de « se transformer en écrivains », mais leur conseille fortement de faire un effort pour consigner tout ce qui doit l’être, « surtout dans les situations dont on sait qu’elles peuvent dégénérer ».

Bref, les observations du type « Va bien » sont à bannir du dossier patient !

LES MÉDECINS NE SONT PAS DES SURHOMMES

ERINT W vIE

MARION MOURAND EST AVOCATE SPÉCIALISÉE EN DROIT DE LA SANTÉ. ELLE CONSIDÈRE QUE LES MÉDECINS NE DOIVENT PAS AVOIR PEUR DES CONDAMNATIONS… DU MOINS AU PÉNAL. WHAT’S UP DOc Après le jugement de Grenoble, les psychiatres doivent-ils avoir peur de se retrouver en prison ?

Marion Mourand. À fond ! Il faut qu’ils m’appellent tout de suite (rires) ! Non, plus sérieusement, il ne faut pas avoir peur. Tout d’abord parce que les situations à risque sont relativement exceptionnelles. Mais surtout, sur le plan juridique, une condamnation comme celle de Grenoble suppose des conditions très précises.

WUD Lesquelles ?

MM. En matière pénale, on peut surtout reprocher à un médecin un homicide ou des blessures involontaires.

Il faut donc prouver l’existence d’une véritable faute pénale d’imprudence, d’inattention, de négligence.

WUD Cela suffit-il à faire condamner un médecin ?

MM. Seulement s’il existe une causalité directe entre la faute du médecin et le dommage final. Mais dans la majorité des situations, la causalité est indirecte, comme dans le cas d’un retard de diagnostic, par exemple. Il faut alors prouver que la faute est caractérisée, c’est-à-dire qu’elle est d’une gravité supérieure, et qu’elle a été commise en sachant qu’on allait exposer autrui à un risque particulièrement sérieux.

WUD En somme, le médecin n’est pas tenu à une obligation de résultat, mais à une obligation de moyens.

MM. Exactement. On ne reprochera pas un mauvais diagnostic à un médecin si on peut établir qu’il y a passé du temps, et qu’au vu des éléments dont il disposait, on ne pouvait pas prévoir un passage à l’acte. Il n’y aura pas de condamnation si c’est uniquement a posteriori qu’on peut savoir qu’il aurait fallu faire différemment.

Les médecins ne sont pas des surhommes.

WUD Finalement les médecins ont toutes les cartes en main pour éviter d’avoir besoin de vos services…

MM. En matière pénale, oui. Mais au civil (où il s’agit de réparer les dommages causés plutôt que de punir les fautes, ndlr), il faut savoir se défendre !

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