Le réalisme contemporain d’Angela Wakefield

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Parlons-en !

PEINTURE

Le réalisme contemporain

d’Angela Wakefield

À la fois impressionnistes etexpressifs, les paysages d’Angela Wakefield, pour la plupart urbains, se transforment en toiles réalistes dès que l’on s’éloigne. Des tableaux où les formes et les couleurs mais aussi les ombres et les lumières distillent un récit dynamique.

A

vec un sens de la narration et du réalisme que l’on compare volontiers à celui d’Edward Hopper, Angela Wakefield livre un travail où le récit le dispute aux sensations. Sur des toiles généralement de grand format, elle trace des paysages urbains et des scènes de rue, intégrant volontiers des éléments figuratifs. Cette fille de la campagne adore le dynamisme des grandes villes qu’elle rend avec maestria en jouant des formes géométriques audacieuses, de la lumière, des ombres... Pour cette artiste qui travaille à l’acrylique,

Angela Wakefield.

ce sont les couleurs qui transforment «une ville terne le jour en aires de jeux la nuit». Elle a ainsi «croqué» les rues éclairées de New York, Paris, Manchester… rendant sur la toile sa vision personnelle particulièrement émouvante où des éclairs de couleurs éblouissants nous interpellent. Des représentations épurées où l’architecture et la figure humaine se croisent dans des décors chargés d’émotions. Quelle est votre formation artistique ? J’ai étudié à l’Université de Central Lancashire à Preston, où j’ai obtenu une lience en Beaux-Arts... malgré des problèmes de dyslexie tout au long de mes études.

Manhattan Sunset, acrylique sur panneau, 45,72 x 61 cm.

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ARTS MAGAZINE International n°23 Nouvelle Série - Mars-Avril 2019

Comment êtes-vous venue à la peinture ? Lorsque j’étais enfant, j’ai visité la France et j’ai été fascinée par les tournesols. Voir des champs entiers de fleurs suivre la course du soleil m’a réellement marquée ! Cette vision est tellement puissante pour un jeune esprit que je suis tombée amoureuse de l’œuvre de Vincent Van


New York Cityscape Series 4, acrylique sur toile, 76 x 76 cm.

Gogh. J’ai toujours dessiné mais ma première peinture à l’huile représentait des tournesols ! Et j’ai même un tatouage de tournesol ! Comment abordez-vous une nouvelle œuvre ? J’aime partir d’une esquisse sur la toile et laisser libre cours ma créativité à mesure que je progresse. Pour moi, peindre est un processus instinctif, comme si je «plongeait» dans la peinture. Je recherche à capturer l’essence de toutes les références artistiques que je possède. Quel plaisir avez-vous à voir votre travail ? Voir un tableau terminé dans mon atelier ou une galerie est extrêmement satisfaisant. Mais je ne peux véritablement apprécier mon travail que plusieurs semaines après l’avoir achevé. Il me faut en effet laisser passer un peu de temps avant de pouvoir le regarder de nouveau.

Votre style est décrit comme étant réaliste contemporain. Cette définition vous convient-elle ? Tout à fait. Je suis heureuse que mon travail soit qualifié de «réalisme contemporain» car je cherche à représenter de manière durable le monde tel qu’il est aujourd’hui. Mon style est en partie impressionniste et expressif, mais le réalisme s’accentue quand on le regarde avec une certaine distance. Pourquoi cette prédilection pour les paysages, en particulier les paysages urbains ? Le paysage urbain est un environnement dynamique et dramatique qui m’offre un éventail d’idées inspirantes. J’adore sa vivacité, les formes des bâtiments, les couleurs des lampadaires, des voitures..., ainsi que les reflets et les ombres qui en résultent. J’aime contempler le récit plus large de toute la scène. J’ai tendance à créer ma propre his- ••• ARTS MAGAZINE International n°23 Nouvelle Série - Mars-Avril 2019 31


Parlons-en !

ANGELA WAKEFIELD

New York Storm, Chrysler Building, 42nd Street, acrylique sur toile, 91,5 x 122 cm.

Chrysler Building, 42nd Street New York, acrylique sur toile, 100 x 150 cm.

••• toire en peignant, et j’aime voir comment cette énergie interagit. C’est un sujet si vaste et si changeant, avec des designs architecturaux fascinants, associant l’ancien et le nouveau. Et la façon dont la nature se mêle au paysage urbain est une belle association pour moi. Travaillez-vous uniquement à partir de photos ? J’ai tendance à travailler à partir de photos parce qu’elles me permettent de capturer un moment ou l’essence d’un lieu. Cependant, si je travaille à partir de plusieurs points de référence photographiques, j’y ajoute une bonne dose d’imagination ! Je modifie des éléments, j’en enlève… Mon objectif n’est pas de reproduire mais de créer une interprétation artistique de la réalité.

The Fall, Greenwich Village, NYC, New York Series, acrylique sur toile, 101,6 x 101,6 cm.

Où voir ses œuvres ? Ascot Studios Art Gallery Ribchester, Preston PR3 3XJ, Royaume-Uni

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Tél. : +44 (0)1254 878100 www.ascotstudios.com www.angelawakefield.co.uk

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Qu’est ce qui donne une telle «puissance» à vos tableaux ? Le contraste de l’ombre et de la lumière ? Les touches de couleur ? C’est un compliment incroyable, merci ! Les villes sont des lieux dynamiques avec une force naturelle. Peut-être que c’est l’échelle de mes peintures qui rend cette puissance. Mais c’est aussi la force de la composition qui donne le dynamisme. Je me concentre sur les formes géométriques audacieuses, en accentuant la lumière et les ombres pour obtenir un effet dramatique. Comment obtenez-vous ces effets de mouvement ? Un moyen de capturer l’essence de l’animation d’une ville est de mettre en avant les jeux de lumière selon le mouvement du trafic et le comportement de la lumière dans l’environnement urbain. J’utilise parfois des photos avec une exposition longue pour créer cet effet.


Parisian Café, European Series, acrylique sur toile, 76 x 50 cm.

New York Woman, acrylique sur toile, 152,4 x 91,5 cm.

Comment trouvez-vous l’inspiration ? Tout part de la découverte d’un centre d’intérêt, qui dépend généralement de l’interaction de plusieurs facteurs. La composition est importante, tout comme le sens de la narration, mais j’ai tendance à me concentrer sur les paysages urbains et les scènes de rue, incorporant des éléments figuratifs du paysage, de l’architecture, du transport et de la figure humaine. Je suis inspirée par la vaste gamme de couleurs qui transforme les villes d’un environnement terne le jour en aires de jeux animées la nuit. Pourquoi avez-vous choisi l’acrylique ? L’acrylique fonctionne très bien pour moi parce que je travaille rapidement, avec plusieurs séances sur une même toile en un seul jour. J’ai besoin de construire rapidement ma peinture en superposant des couches. Comme je peux changer d’avis très rapidement, j’ai

View from St Paul’s London, acrylique sur toile, 152,4 x 122 cm.

besoin que la peinture sèche vite pour me permettre d’ajouter la couche suivante. Certains comparent vos tableaux à ceux d’Edward Hopper. Qu’en pensez-vous ? Je pense que c’est parce qu’Edward Hopper a un sens de la narration et du réalisme qui résonne évidemment avec mon travail. Je pense que c’est ce que les critiques et les collectionneurs ressentent. C’est un grand compliment car je suis une grande admiratrice de cet artiste, mais je ne crois pas chercher consciemment à peindre comme lui. Gabrielle Gauthier

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