Libertés! mai 2008

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Ne paraît pas aux mois de juillet-août. 9, rue Berckmans 1060 Bruxelles

DÉPOT À BRUXELLES X

Libertes!

BELGIQUEBELGIE PP 1/2345 BXL X

MAI 2008 – N°444 – LE MENSUEL D’AMNESTY INTERNATIONAL

LES CONFLITS EMMURÉS

COLOMBIE DES DÉFENSEURES À BRUXELLES

LA DUDH A 60 ANS EXPOSITION ET CONCERT


É D ITO R I A L

CARTHAGE DANS LE BONHEUR «

Aujourd’hui, l’espace des libertés progresse. Ce sont des signaux encourageants que je veux saluer». Ces propos sont de Nicolas Sarkozy, le président d’un État fondateur de l’Union européenne, suffisamment inspiré pour rendre un vibrant hommage aux «efforts» du régime du président tunisien Zine elAbidine Ben Ali. Pendant ce temps, des opposants tunisiens entamaient une énième grève de la faim : Rachid Khechana et Mongi Ellouze, respectivement rédacteur en chef et directeur d’AlMawqif («La Position»), l’hebdomadaire du Parti démocratique progressiste (PDP). Les deux Tunisiens protestent contre le «blocus» qui vise le dernier titre indépendant d’une presse tunisienne paralysée par l’autocensure et la peur. «Nous sommes le premier journal à avoir raconté ce qui s’est passé dans la région de Gafsa», se félicite le rédacteur en chef. Ce bassin minier s’est soulevé en janvier dernier contre le népotisme qui domine le marché du travail. Selon la presse française, l’hebdomadaire indépendant tunisien paierait aussi son scoop révélant le «déclassement» de terrains

archéologiques protégés par l’Unesco, dans le but de les revendre à vil prix au profit de proches du président Ben Ali. Enfin, le PDP est dans le collimateur du régime depuis la désignation de Najib Chebbi comme candidat à la présidentielle de l’année prochaine. Après avoir brisé les reins de l’opposition islamiste regroupée au sein du parti Ennahda («Renaissance») au début des années 90, le régime du tombeur d’Habib Bourguiba est également parvenu à bâillonner la société civile. Ainsi, la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) ne peut plus légalement fonctionner depuis 2005, tandis que l’Association tunisienne des Femmes démocrates (ATFD) est harcelée dans un pays dont le régime met pourtant en avant le statut de la femme, adopté sous Bourguiba. Près de 1 500 jeunes hommes pourrissent en prison, arrêtés ou condamnés en vertu d’une législation «antiterroriste» entrée en vigueur en 2004. Un chiffre qui fait de la Tunisie l’un des États arabes ayant le plus de prisonniers politiques par habitant. «Ces jeunes n’avaient pas d’idéologie précise en entrant en prison, ils en sortiront aguerris et farouchement djihadistes», s’inquiète un universitaire. Confirmant en cela le sinistre présage de Sihem Benseddrine (Libertés! n°437 d’octobre 2007) : «Dans une situation absolue de blocage, il y a une tendance croissante chez les jeunes à se tourner vers des solutions violentes et dangereuses, des solutions que leurs propres parents ne comprennent tout simplement pas.» Gageons que la Tunisie occupera une place de choix dans le Rapport annuel 2008 qu’Amnesty rendra public le 28 mai prochain. e Pascal Fenaux

Libertés ! • Rue Berckmans, 9 – 1060 Bruxelles • Tél : 02 538 81 77 Fax : 02 537 37 29 • libertes@aibf.be • www.libertes.be • Éditrice responsable : Christine Bika • Rédacteur en chef : Pascal Fenaux • Comité de rédaction : Bruno Brioni, Thandiwe Cattier, Valérie Denis, Véronique Druant, Samuel Grumiau, Anne Lowyck, Brian May, Suzanne Welles • Ont collaboré à ce numéro : Gilles Bechet, Claudio Guthmann, Fabrice Kada, Baudouin Massart et Pierre Vanrie • Iconographie : Brian May • Maquette : RIF • Mise en page : Gherthrude Schiffon • Impression : Remy Roto • Couverture : Des casques bleus des Nations unies sur le no man’s land sécurisé qui sépare les parties grecque et turque de la capitale chypriote depuis 1974. Nicosie, novembre 2005. © AFP/Marina Passos

CHANGEMENT D’ADRESSE – ATTESTATION FISCALE – MODIFICATION, ANNULATION OU NOUVELLE COTISATION DE MEMBRE/DONATEUR(TRICE) Madame Michele Ligot : mligot@aibf.be je change d’adresse (inscrire uniquement la nouvelle adresse) Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom: . . . . . . . . . . N° de membre: . . . . . . . Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . bte . . . . . . . . . . Code postal: . . . . . Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Oui, j'adhère aux objectifs d'Amnesty et souhaite devenir membre Je répartis le montant de : ma cotisation de mon abonnement sur toute l’année en complétant ce coupon et en le renvoyant à Amnesty International, 9 rue Berckmans à 1060 Bruxelles. Tout montant qui dépassera 14,87 e (prix de la cotisation ou de l'abonnement), sera considéré comme un «don», et par là-même jouira de la déductibilité fiscale pour autant que ce supplément soit de 30 e ou plus. Je verse tous les mois, au départ de mon compte n° . . . . . . . . . . – . . . . . . . . . . . . . . la somme de : 2,5 e 5e . . . . . . . . e (toute autre somme de mon choix) au profit du compte 001-2000070-06 de Amnesty International à partir du . . . . . . . . . . et jusqu’à nouvel ordre. Je conserve le droit d’annuler ou de modifier cet ordre à tout moment. ou je verse en une fois le mandat de . . . . . . . . . . . . . . au compte 001-2000070-06 Nom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date de naissance: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . . . . bte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Localité: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél (obligatoire): . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Profession: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date: . . . . . . . . Signature:

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SOMMAIRE ACTUEL

■ Colombie : Pendant le prime time,

les «affaires» continuent ■ Palestine-Irak : Des hommes dans le soleil ■ Insolites-Brèves

DOSSIER LES CONFLITS EMMURÉS ■ Irlande du Nord : Murs physiques, barrières mentales ■ Chypre : Un mur qui commence à se fissurer ■ Maroc : De métal ou de sable ■ Israël/Palestine : Où est la frontière ? ■ Italie : Padoue Run Run

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MOUVEMENT

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ISAVELIVES.BE

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CULTURE/AGENDA

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■ AG 2008 : Tropismes et concerts ■ Rencontre : «Le Congo a besoin d’élites»

■ Lettres du mois ■ Bonnes nouvelles

■ Les citrons de la discorde ■ Quand la voiture fait boum ■ Un homme de bonne volonté


ACTU EL GUINÉE ÉQUATORIALE DÉTENTION MORTELLE À l’approche des élections législatives et municipales du 4 mai 2008, la situation s’est tragiquement dégradée en Guinée équatoriale. Des opposants politiques ont été arrêtés et certains auraient été battus en détention pour qu’ils signent des «aveux». Dans la nuit du 12 au 13 mars 2008, Saturnino Ncogo Mbomio, membre du Parti du Progrès de Guinée équatoriale (Partido del Progreso de Guinea Ecuatorial – PPGE), un parti politique interdit, est mort en détention. e

KENYA UN NOUVEAU GOUVERNEMENT Le 13 avril, un gouvernement de coalition a été mis sur pied. Le président Mwai Kibaki a nommé Premier ministre le chef de l’opposition Raila Odinga, ainsi que Musalia Mudavadi, le numéro deux du Mouvement démocratique orange d’Odinga, comme vice-Premier ministre. Uhuru Kenyatta, un allié de Kibaki et fils de Jomo Kenyatta, héros de l’indépendance, a également été nommé vice-Premier ministre dans le nouveau cabinet de coalition. Amnesty International a demandé à la nouvelle équipe au pouvoir de veiller à ce que les responsables des atteintes aux droits humains commises lors des violences qui avaient suivi les élections soient jugés et que ces crimes ne restent pas impunis. e

Un groupe de jeunes aidés par le HCR rejoue, dans un spectacle de rue, l’enlèvement d’un de leurs amis par un groupe armé dans la région de Barrancabermeja. Plus de 2 millions de Colombiens sont des déplacés. Octobre 2002. © UNHCR/P. Smith

NÉPAL MENACES

COLOMBIE

Amnesty International a condamné ce lundi 21 avril les propos du ministre de l’Intérieur du Népal, qui a menacé de faire usage de «la force, y compris des tirs d’arme à feu, pour empêcher les manifestations contre la Chine» lorsque la flamme olympique arriverait dans l’Everest au début du mois de mai. Ces menaces de recours à la force meurtrière font suite à des opérations anticonstitutionnelles de répression de manifestations pro-tibétaines pacifiques, qui se sont soldées par l’arrestation arbitraire d’au moins 400 personnes. e

PENDANT LE PRIME TIME, LES «AFFAIRES» CONTINUENT

JORDANIE CRIMES D’HONNEUR En mars, des condamnations, de toute évidence excessivement légères, ont été prononcées en mars contre deux hommes reconnus coupables du meurtre de proches parentes. Jugés dans deux affaires distinctes, ces hommes se sont vu infliger des peines respectives de six et trois mois d’emprisonnement après que le tribunal pénal eut considéré qu’ils avaient tué les victimes dans un «accès de rage», au nom de l’honneur de la famille. Se fondant sur l’article 98 du Code pénal, le tribunal a dans les deux cas requalifié le crime en un délit passible d’une peine beaucoup plus légère que les quinze ans d’emprisonnement prévus en cas de meurtre. e

OUZBÉKISTAN ANDIJAN 3 ANS APRÈS Alors que les ministres européens des Affaires étrangères se réunissaient le 28 avril 2008 pour débattre de la suspension des sanctions imposées à l’Ouzbékistan, Amnesty International a rappelé que l’Union européenne (UE) ne devait pas oublier les massacres perpétrés par les forces gouvernementales à Andijan. Voici exactement trois ans, en mai 2005, la répression de violentes manifestations y avait fait, selon la Croix-Rouge, entre 500 et 1 000 morts. e

Pendant que le sort d’une des otages des FARC occupe le devant de la scène médiatique au gré de négociations improbables et d’effets d’annonce tragicomiques, c’est l’ensemble de la société colombienne qui continue de souffrir de maux endémiques : violence paramilitaire, arbitraire militaire, guérilla des FARC, déplacement de centaines de milliers de personnes. Témoignage.

L

e 31 mars dernier, Amnesty International accueillait à Bruxelles Liliana Uribe, avocate et défenseure colombienne des droits humains. Depuis 1993, année où, avec d’autres, a fondé la Corporación Jurídica Libertad à Medellín, elle s’occupe des victimes de la violence et des violations des droits humains en Colombie: syndicalistes, défenseurs, familles de victimes des paramilitaires, etc. Cela, elle le fait au péril de sa sécurité et de sa vie, comme de celle de sa famille. En 2002, par exemple, elle a dû quitter le pays pendant plusieurs mois suite à des menaces de mort, après avoir défendu en justice la famille d’une victime des groupes paramilitaires. Devant un parterre d’une cinquantaine de militants et de journalistes, Liliana Uribe a ainsi eu l’occasion de présenter un panorama assez sombre de la crise humanitaire et de la situation des droits humains en Colombie. S’il est vrai que certains «indicateurs» de violations des droits humains semblent avoir diminué ces dernières années en Colombie (on songe essentiellement aux enlèvements, et aux assassinats) d’autres indicateurs

révèlent quant à eux une détérioration de la situation. Liliana Uribe en veut pour preuve les exécutions extrajudiciaires. Un rapport intérimaire a été élaboré par une mission Internationale indépendante composée d’experts internationaux, soutenue par les Nations unies et présente en Colombie en octobre 2007. De ce rapport, il ressort que 955 exécutions extrajudiciaires ont été recensées depuis l’arrivée au pouvoir du président Uribe en 2002, tandis que, plus grave, le chiffre réel est certainement bien supérieur, d’autant que l’évolution observée en 2007 est clairement à la hausse. Une évolution tout aussi inquiétante est relevée pour ce qui concerne les détentions arbitraires ou les menaces de mort. Liliana Uribe était accompagnée d’une autre défenseure colombienne des droits humains, Claudia Erazo, avocate travaillant pour la Corporación Jurídica Yira Castro. Elle s’est quant à elle plus longuement étendue sur le drame des personnes déplacées, c’està-dire les réfugiés restés à l’intérieur des frontières colombiennes. Pour rappel, la Colombie est le deuxième pays au monde au classement des

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ACTU EL personnes déplacées, juste derrière le Soudan… Maître Erazo a également évoqué longuement la question de l’impunité générale qui continue à régner dans le pays. «Le président Uribe voudrait faire croire qu’avec la démobilisation des paramilitaires et la loi Justice et Paix, l’impunité recule dans le pays», souligne-t-elle. «Faut-il rappeler que, sur les 35000 paramilitaires ayant bénéficié des lois organisant leur démobilisation, seuls environ 2 700 remplissaient les conditions pour être jugés, tandis que dans les faits seulement environ 400 seraient détenus de façon provisoire et une centaine auraient comparus devant la justice ? Malgré cette pseudo démobilisation et en dépit des déclarations du président Uribe pour qui “il n’y a plus de paramilitaires en Colombie”, aussi bien l’ONU que l’OEA reconnaissent que les groupes paramilitaires continuent de sévir (mais le plus souvent sous d’autres noms).» Le débat qui s’en est suivi à Bruxelles a été pour le moins animé. Un journaliste a ainsi accusé Amnesty International «de ne jamais parler des FARC». Un communiqué récent dans lequel AI dénonce les abus et violations des FARC a pourtant rapidement coupé court à cette accusation. Ainsi, Amnesty International estime qu’en vertu du droit international humanitaire, il est expressément interdit à des belligérants de prendre des otages (ce qui constitue un crime de guerre) et que, par conséquent, les FARC (ainsi que l’ELN, Armée de libération nationale) doivent libérer sans délai et sans condition les otages.

De même, Amnesty ne s’oppose pas à la libération de membres des FARC condamnés et purgeant leur peine. En revanche, l’organisation reste opposée à tout accord qui engloberait des guérilleros soupçonnés d’avoir commis de graves atteintes aux droits humains ou des crimes de guerre qui n’ont pas été jugés. Cette précision étant faite, Claudia Erazo et Liliana Uribe ont à leur tour rappelé que c’était le gouvernement colombien (et pas les organisations de défense des droits humains) qui s’acharnait à ne présenter qu’une partie du problème. Présent récemment à Genève pour participer aux travaux du Conseil des droits humains des Nations unies, le vice-président colombien Francisco Santos a circonscrit sa vision du conflit colombien à la question des FARC, en omettant totalement les violations commises par les paramilitaires et les agents de l’État, alors qu’environ 70 % des violations leur sont imputables. «La libération d’Ingrid Betancourt – et de tous les otages détenus par les FARC – est une exigence que nous partageons complètement», a dû rappeler Liliana Uribe. «Leur drame, toutefois, ne saurait cacher les autres violations des droits humains en Colombie. Le gouvernement voudrait faire croire que les choses vont mieux et qu’il n’y aurait plus de paramilitaires. Ce n’est malheureusement pas vrai. Tant la réalité observée sur le terrain que les chiffres indiquent que la crise des droits humains en Colombie se poursuit de plus belle». e Claudio Guthmann (avec P. Fenaux)

L’INSOLITE BONHEUR SEXUEL Les femmes équatoriennes pourraient un jour jouir d’un nouveau droit: le droit à la poursuite du bonheur sexuel. Un membre du parti au pouvoir a en effet présenté une proposition en ce sens qui met en émoi le petit pays conservateur. Pour Maria Soledad Vela, qui siège dans une commission chargée de définir les droits constitutionnels fondamentaux, il s’agit de lutter contre les rôles d’objets sexuels ou de reproductrices auxquels les femmes sont traditionnellement réduites. «Leur garantir le droit au bonheur sexuel leur permettrait de prendre des décisions libres, responsables et en toute connaissance de cause dans leur vie sexuelle», explique-t-elle. Elle a cependant accepté la suggestion de ses collègues parlementaires de prendre des dispositions séparées pour les droits sexuels et reproductifs. Au député d’opposition Leonardo Viteri qui l’accusait de vouloir «décréter l’orgasme par la loi», la députée Vela a rétorqué : «Je n’ai jamais demandé le droit à l’orgasme, seulement le droit au plaisir.» e (AP)

PALESTINE-IRAK

DES HOMMES DANS LE SOLEIL* Début avril 2008, au moins 729 Palestiniens qui avaient fui la terreur et les violences en Irak se trouvaient bloqués dans des conditions déplorables au camp d’Al Tanf, dans le no man’s land de la frontière irako-syrienne.

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ans l’étroit no man’s land coincé entre un mur de béton et l’autoroute Bagdad-Damas, les températures atteignent 50 °C en été et passent en dessous de zéro en hiver. Les tentes bondées sont la seule protection qu’ont trouvée un petit millier de Palestiniens contre la chaleur, la neige et les tempêtes de sable. Malgré les conditions déplorables, le nombre de Palestiniens fuyant l’Irak pour se réfugier dans le camp d’Al Tanf ne cesse de croître. Ce camp a été créé en mai 2006, lorsqu’un groupe de 389 Palestiniens fuyant les persécutions en Irak s’est présenté à la frontière syrienne et a été refoulé. La Syrie a autorisé l’entrée de plus d’un million de réfugiés venant d’Irak, mais n’accepte généralement pas les réfugiés d’origine palestinienne. Par ailleurs, les forces de sécurité syriennes appréhendent peu à peu les quelque 4 000 Palestiniens qui ont utilisé de faux passeports pour pénétrer en Syrie, et les transfèrent de plus en plus régulièrement dans ce camp, qui continue donc de s’étendre. Les Palestiniens d’Irak sont victimes de graves violations des droits humains depuis l’invasion conduite par les États-Unis en mars 2003. Ils sont menacés, enlevés, torturés et tués, essentiellement par les milices chiites et notamment l’Armée du Mahdi, les partisans de Moqtada Sadr, mais aussi par les forces gouvernementales irakiennes. Les corps des personnes enlevées et tuées, lorsqu’on les retrouve, présentent souvent des traces caractéristiques de torture ou diverses mutilations. Les Palestiniens sont visés en raison de leur origine et parce qu’ils auraient bénéficié d’un traitement de faveur sous le régime baasiste de Saddam Hussein. Le nombre de Palestiniens vivant en Irak a chuté de 34 000 à environ 15 000. Pour le HCR, les Palestiniens, notamment ceux d’Al Tanf, rentrent dans la catégorie la plus vulnérable des deux millions de réfugiés ayant fui l’Irak. Un réfugié d’Al Tanf a supplié la délégation d’Amnesty International de les sauver de cet enfer. Il a ajouté qu’«un être humain ne vit pas seulement pour manger». Un autre

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Sur le panneau : «Attention, écoles». À l’horizon, la frontière syrienne. Al Tanf, février 2008. © AI

a déclaré que «vivre une journée ici, c’est passer dix ans ailleurs». Pour le HCR, seule une réinstallation dans des pays tiers permettra de résoudre durablement la situation de ces Palestiniens. Il a indiqué à Amnesty International que le gouvernement chilien avait proposé d’accueillir un premier groupe de 116 Palestiniens du camp d’Al Tanf. Leur départ était prévu pour avril 2008. En dehors du Moyen-Orient, un certain nombre d’États auraient déclaré qu’ils accueilleraient des résidents d’Al Tanf. Toutefois, la situation de ces personnes est désespérée et leur réinstallation dans des conditions de sécurité acceptables ne saurait attendre. Au moins 2 000 autres Palestiniens réfugiés d’Irak vivent dans des conditions très difficiles au camp d’Al Waleed, une autre installation de fortune près de la frontière irako-syrienne. Par ailleurs, le camp d’Al Hol, dans le gouvernorat d’Al Hasakah (nord-est de la Syrie), abrite également 300 Palestiniens d’Irak. e P.F. Vous pouvez agir, en écrivant à Annemie Turtelboom (ministre de la Politique de Migration et d’Asile) et Karel De Gucht (ministre des Affaires étrangères). Un modèle de lettre se trouve sur : http://www.isavelives.be/fr/node/1307 * D’après Rijâl fî al Shams (1963), le roman de Ghassan Kanafani, publié en français en 1990 chez Actes Sud (Sindbad).


DOSSIER

LES CONFLITS EMMURÉS Le «mur de séparation» édifié par les autorités israéliennes en Cisjordanie a beau être le plus célèbre de ces 10 dernières années, il n’est pas une exception dans un monde habitué aux balafres que constituent de nombreuses lignes d’armistice ou de ségrégation. Que l’on songe à la «Ligne de contrôle» qui sépare les parties indienne et pakistanaise du Cachemire, à la «Ligne Verte» qui distingue les parties grecque et turque ethniquement homogénéisées de Chypre, à la DMZ («zone démilitarisée») qui coupe la Corée d’ouest en est ou encore au «Mur de Défense» édifié du nord au sud du Sahara occidental. L’Europe occidentale n’a pas échappé à un phénomène qui, toujours, sera légitimé officiellement par des préoccupations d’ordre sécuritaire. Que l’on songe au cas de l’Irlande du Nord (Ulster britannique) ou, plus récemment, à Padoue en Italie. Dans le premier cas, les murs s’inscrivent dans le contexte de la difficile transition pacifique d’une province longtemps déchirée par les affrontements sanglants entre Catholiques républicains et Protestants loyalistes. Dans le second cas, c’est plutôt le malaise entre «autochtones» et «migrants» qu’un mur était censé «apaiser». Une conclusion semble pourtant s’imposer, nulle part les murs n’ont apaisé ou pacifié quelque tension que ce soit. Ils les ont plutôt aggravées.

Peaceline de Cupar Way, érigée en 1969 dans un quartier ouest de Belfast. À droite, le quartier protestant de Shankill ; à gauche, le quartier catholique de Bombay Street. © Baudouin Massart

IRLANDE DU NORD

MURS PHYSIQUES, BARRIÈRES MENTALES Dix ans après la signature des accords du Vendredi Saint, la paix et la prospérité sont revenues en Irlande du Nord. Toutefois, trente ans de «Troubles» ont laissé des stigmates dans les esprits, mais aussi dans l’aménagement urbain. Il en va ainsi des peacelines qui séparent toujours de nombreux quartiers catholiques et protestants et qui restent de véritables lignes de front.

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odèles réduits du défunt Mur de Berlin, les peacelines ou «lignes de paix» sont plutôt mal nommées, en ce sens qu’elles attirent davantage la violence qu’elles n’en protègent, ce qu’indique le fait que, depuis le cessez-le-feu de 1994, leur nombre n’a cessé d’augmenter. Pour la seule ville de Belfast, où l’on en compte plus de quarante, il a quasi doublé. Et il en existe aussi, dans une moindre mesure, dans les villes de DerryLondonderry, Portadown et Lurgan. Entre 1969 et 1998, les «Troubles» ont fait plus de 3 500 morts (dont 1 800 civils) et quelque 47 000 blessés en

Ulster, où vivent aujourd’hui 1,7 million d’habitants. La violence a été omniprésente avec ses processions de paramilitaires catholiques et protestants (IRA, INLA, UVF, UDA-UFF, etc.), ses 16 000 attaques et attentats à la bombe ou encore ses 37 000 fusillades. L’on comprend mieux qu’une barrière se soit dressée entre les Catholiques et les Protestants. Longtemps, l’on a cru que les «Troubles» étaient le dernier avatar des guerres de religions européennes. Il est vrai, qu’historiquement, le terme «protestant» désigne les descendants des colons écossais, tandis que le terme

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DOSSIER Un «Catholique» sera appelé «nationaliste» ou «républicain», parce que partisan du rattachement de l’Irlande du Nord à la République d’Irlande. En face, les «Protestants-loyalistes-unionistes» désignent ceux qui souhaitent voir l’Ulster rester dans le Royaume-Uni. Bien entendu, il y a des radicaux et des modérés. Il en est même qui s’affirment «Nord-Irlandais». Le vécu d’une communauté varie en fonction du quartier de résidence : pauvre ou riche, «à risques» ou non, voisin ou distant de «Ceux-d’En-Face». Autant d’éléments intervenants dans la perception de l’Autre.

LES PEACELINES

Un mural de Bobby Sands, militant républicain de l’IRA mort en détention lors des grèves de la faim de 1981. Elle couvre une façade du siège du Sinn Fein dans le quartier catholique de Falls. © Baudouin Massart

«catholique» fait référence aux «indigènes». Avec le temps, cette terminologie a consacré un clivage socio-économique, synonyme de ségrégation. Ainsi, les Catholiques, identifiables grâce à leur cursus scolaire, n’étaient jamais prioritaires dans l’accès à l’emploi. Aujourd’hui, l’appartenance est plutôt ethnico-communautaire, le fondement religieux s’étant étiolé au fil de l’Histoire.

Apparues dès le début du conflit, les peacelines – aussi appelés peacewalls – sont un des outils de pacification élaborés par les forces de l’ordre. Elles ont été érigées aux points les plus chauds, où les deux communautés s’affrontaient avec force jets de pierres, de cocktails Molotov et autres bombes artisanales. Pour mettre fin à ces violences, les forces de sécurité ont d’abord installé des barbelés et des chevaux de frise avant de se déployer sur ces interfaces. Elles sont alors devenues des cibles de choix. Aussi, pour réduire les pertes, les autorités ont-elles jugé préférable d’ériger de véritables barrières physiques. Climat ségrégationniste aidant, ces barrières temporaires sont devenues permanentes. Par définition, elles sont infranchissables, sauf en quelques rares endroits où un sévère contrôle social a remplacé les checkpoints. D’étroits passages autorisent les piétons à franchir la «frontière». Quelques routes permettent aux voitures d’aller et venir. Mais, la nuit venue, les portes se referment. Il existe une grande variété de peacelines : en briques, sous la forme de parois ou de palissades métalliques, voire de tôles superposées. Des barbelés à lames de rasoir sont parfois placés au sommet. Certaines peacelines ont poussé avec le temps et se composent de plusieurs de ces matériaux : mur de trois mètres de haut au-dessus duquel ont été rajoutés trois mètres de grillage, suivant la logique des couches géologiques. D’autres courent sur plusieurs centaines de mètres, atteignant parfois le kilomètre. Il s’agit de se protéger de «l’Autre». Avec le renouveau touristique que connaît Belfast – passée au «Top 10» des destinations à la mode, ces «murs de la honte» sont devenus des incontournables. Des visites guidées sont organisées où l’on peut se faire raconter les affrontements par d’anciens prisonniers de groupes

CHYPRE

UN MUR QUI COMMENCE À SE FISSURER L’élection de Dimitris Christophias à la fin février 2008 au poste de président de la République de Chypre a marqué un tournant dans les rapports entre le sud (grec) et le nord (turc) de l’île. Premier signe tangible : l’ouverture éminemment symbolique du mur qui coupait la rue Ledra, à Nicosie.

L

e prédécesseur du nouveau président chypriote grec Christophias, Tassos Papadopoulos, n’avait eu de cesse de torpiller toute tentative de rapprochement entre Grecs et Turcs, notamment en soutenant le «non» lors du referendum sur le plan des Nations unies, dit «Plan Annan», en avril 2004. Ce plan avait été massivement rejeté par 76 % des Chypriotes grecs, tandis que 65% des Turcs l’avaient soutenu. Bien que le fossé culturel et sociologique entre Grecs et Turcs soit très important, un peu moins de quatre ans après leur rejet du «Plan Annan», les Chypriotes grecs craignent désormais que la partition de l’île ne devienne irréversible et définitive, ce qui déboucherait sur un rapprochement toujours plus fort entre la République (autoproclamée) turque de Chypre Nord (RTCN), qui connaît un boum économique, et Ankara. Dimitris Christophias, leader du Parti progressiste du peuple travailleur (AKEL, ex-communiste), s’est ainsi positionné comme celui qui pourrait reprendre le dialogue avec le Nord et c’est essentiellement sur ce message qu’il a bâti sa victoire électorale, balayant dès le premier tour le président sortant Papadopoulos. Grâce aux liens privilégiés qu’il entretient avec le

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monde syndical, Christophias a maintenu le dialogue avec son homologue turc, Mehmet Ali Talat, issu de la gauche modérée chypriote turque. Toutefois, le climat nouveau qui règne à Chypre aujourd’hui est aussi le fruit d’un processus qui a pris corps en Turquie avec l’arrivée au pouvoir en 2002 du Parti de la justice et du développement (AKP). Dans la lutte qui se joue à Ankara entre une partie de l’establishment kémaliste (Derin Devlet ou «État profond») et l’AKP (voir Libertés! n° 419 de décembre 2005), la question chypriote est un enjeu de taille. Dans le cadre de cet affrontement, l’AKP a réussi à forcer le président Rauf Denktash, ardent partisan de la partition de l’île et de l’intégration de la RTCN à la Turquie, à accepter une négociation avec les Grecs relancée par l’ONU, en l’isolant de ses plus fidèles relais au sein de l’appareil d’État turc et en introduisant dans l’équipe des négociateurs l’actuel président chypriote turc, Mehmet Ali Talat, qui venait d’être élu Premier ministre. Mehmet Ali Talat et son Parti républicain turc (CTP) en remportant les élections législatives de décembre 2003 permettaient ainsi aux Chypriotes turcs «de souche», en concurrence sociologique et culturelle avec les très nombreux migrants venus d’Anatolie, d’exprimer leur désir d’en finir avec un statu quo bouchant toute perspective d’avenir, alors que le sud de l’île est perçu comme un Eldorado et que de nombreux Chypriotes turcs en obtenant des passeports de la République de Chypre (partie grecque) réussissent par ce biais à être davantage en contact avec le monde extérieur.


DOSSIER paramilitaires catholiques ou protestants reconvertis en guides. Bien sûr, le propos n’est pas neutre. Du côté protestant du mur, un loyaliste vous expliquera ce qui s’est passé et vous donnera sa version. Côté républicain, votre guide sera inévitablement catholique.

FRONTIÈRES URBAINES Les peacelines ne sont qu’une des variantes des nombreuses frontières intraurbaines qui délimitent les quartiers catholiques et protestants. Parfois, les habitants parlent d’interfaces. Il en existe trois sortes: l’enclave, la frontière nette et radicale (la peaceline) et la zone tampon, constituée d’une communauté mixte séparant les deux communautés. Une interface est difficilement discernable lorsqu’il s’agit d’une route ou d’un coin de rue. Toutefois, les drapeaux ou les couleurs des bordures des trottoirs peuvent aider à identifier l’appartenance communautaire d’un quartier. Sans oublier les inévitables fresques murales peintes à la gloire des mouvements paramilitaires et de leurs martyrs. De manière générale, les peacelines et les interfaces conditionnent les déplacements dans la ville, que ce soit à pied ou en transport en commun. On hésite encore à s’aventurer dans le fief de l’autre communauté.

ÉBAUCHE DE PASSERELLES Néanmoins, en certains endroits, des «espaces partagés» se développent. On voit ainsi apparaître sur certaines interfaces des pôles sociaux (formation, emploi, services de proximité, centres de santé), des pôles économiques (centres d’entreprises) ou encore des pôles culturels (associations d’artistes). Regroupant plus de 30 associations actives sur les interfaces, le Belfast Interface Project œuvre à leur redéveloppement. Il y a fort à faire, d’autant que les interfaces possèdent toutes les caractéristiques des quartiers en crise : taux de chômage élevé, logements insalubres, accès restreint aux services (emplois, magasins, loisirs, social, etc.), environnement dégradé, sentiment d’insécurité, drogue, violence… À l’Ouest de Belfast, le Stewartstown Road Regeneration Project s’est implanté sur une partie de la peaceline séparant le quartier loyaliste de Suffolk du quartier nationaliste de Lenadoon. Outre le supermarché, un nouvel immeuble (le 124 Stewartstown Road) abrite, à l’étage, des services sociaux des deux communautés et accueille, au rez-de-chaussée, des commerces

C’est dans ce contexte de renouvellement du personnel politique chypriote turc et de pressions exercés par un gouvernement AKP motivé par l’adhésion à l’Union européenne qu’une nette majorité de Chypriotes turcs, y compris ceux menacés d’expropriation, ont soutenu le Plan Annan lors du referendum du 24 avril 2004, quelques jours avant l’admission officielle (le 1er mai 2004) de la République de Chypre comme membre à part entière de l’Union européenne. Mais le rejet de ce plan par les Chypriotes grecs a compliqué la tâche des modérés turcs (continentaux et insulaires), tandis que l’armée turque reste solidement installée dans le nord de Chypre et ne voit pas d’un bon œil la politique chypriote du gouvernement Erdogan, qui a été prétexte à deux projets de coups d’État fomentés en haut lieu contre l’AKP et avortés in extremis. L’élection de Christophias, qui a fait campagne pour une reprise du dialogue, change la donne. Les gestes n’ont d’ailleurs pas manqué depuis lors. L’ouverture de la rue Ledra, à Nicosie, qui traverse la Ligne Verte en coupant le mur en est le plus symbolique, même s’il y a quatre autres points de passages tout le long de cette ligne verte. Outre la rencontre entre les deux leaders chypriotes grec et turc, les différentes commissions de dialogue, dont même la composition posait problème, viennent enfin d’être installées et ont commencé à travailler. Le processus de paix reste toutefois fragile dans un pays où la répartition géographique actuelle des deux communautés ne correspond pas du tout à celle qui prévalait avant l’intervention militaire turque de 1974. Par ailleurs, le nouveau président chypriote grec, en coalition avec le parti du président sortant, dispose d’une marge de manœuvre limitée. Enfin, l’AKP, affaibli par une procédure judiciaire d’interdiction et frileux depuis un certain temps vis-à-vis du processus d’adhésion à l’Union européenne, n’est plus vraiment en position de peser en faveur d’un dialogue que la tendance dure de l’establishment à Ankara souhaite encore pouvoir saboter. e Pierre Vanrie

et un bureau de poste. Il possède deux entrées : l’une côté protestant, l’autre côté catholique. Dernièrement, une crèche pouvant accueillir 50 enfants à également été construite sur ce site. Certains éléments de la peaceline ont été conservés pour raisons de sécurité, mais les changements vont dans le bon sens. Au Nord de la Ville, le North City Business Centre a pris place sur la peaceline de Duncairn Gardens. Il tente de revitaliser ce quartier qui compte l’un des taux de chômage les plus élevés de Belfast Nord. Avant, Duncairn Gardens comptait des maisons de chaque côté de la route. Aujourd’hui, la plupart sont remplacées par des unités de production industrielle et des PME. Elles ont été créées en partant du principe que les travailleurs pourront venir tant du quartier protestant que du quartier catholique. À terme, toutes les maisons disparaîtront. Duncairn Gardens fonctionnera comme un espace partagé, mais aussi comme une barrière. Composé uniquement d’industries et de commerces, il permettra à chacune des deux communautés de ne plus être visible de l’autre, tout en créant des emplois et des retombées économiques profitables aux deux côtés. De cette manière, le brassage se fera progressivement. Enfin, en maints endroits, des projets artistiques sont menés dans une optique de régénération et de rénovation des espaces publics. La consultation et la participation des communautés sont indispensables pour mener ces processus à bien, en particulier lorsqu’on remplace des fresques murales à connotation politique par d’autres totalement neutres. La culture et les arts participent ainsi du processus de réconciliation.

DES MURS TOMBENT ? Le 5 février 2008, les quotidiens News Letter et Belfast Telegraph évoquaient une étude selon laquelle 81 % de personnes seraient favorables à la destruction de peacewalls. L’enquête avait été menée auprès de 1 037 personnes vivant le long de trois peacelines : Falls/Shankill à l’ouest de la ville, Short Strand/Templemore Avenue à l’est et Tiger Bay/Antrim Road au nord. Les mentalités évoluent donc rapidement. Toutefois, les habitants n’estiment pas qu’il y ait urgence. On notera aussi que les personnes qui s’opposent à ce qu’on abatte ces murs mettent en avant le classique «sentiment d’insécurité» si cher à nos sociétés. e Baudouin Massart. Journaliste, auteur d’Un été à Belfast, L'Harmattan (Carnets de ville), 2005.

l Suite à un geste d’ouverture du gouvernement chypriote turc de Rauf Denktash, des Chypriotes grecs font la file du côté turc de la capitale Nicosie, au point de passage de Ledra. Nicosie, avril 2003. © AFP/EPA/Katia Christodoulou

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DOSSIER MAROC

DE MÉTAL OU DE SABLE S’il est des murs célèbres dont l’existence indigne l’opinion publique, il en est d’autres dont on parle si peu qu’ils finissent par paraître «acceptables». Ils sont pourtant depuis des décennies la cause de bien des drames. Entre Gibraltar et la Mauritanie, par exemple.

A

u nord du Maroc, face à Gibraltar, les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla sont cernées de barrières sur une longueur de 19 Km. Ces territoires, vestiges de la reconquête chrétienne contre les Maures au XVIe siècle, toujours revendiqués par le Maroc, sont d’une grande importance stratégique. Mais ils sont aussi, pour ceux de tous les coins d’Afrique qui tendent d’échapper à la misère, la première destination vers un lieu de passage pour atteindre l’Espagne et l’Union européenne. Car pénétrer dans l’une de ces enclaves, c’est pénétrer à l’intérieur de l’espace Schengen. Sous prétexte de se protéger, l’Europe a donc érigé une double barrière. La première est couverte de barbelés et truffée de capteurs électroniques pour déceler les tentatives de passage ; l’autre, haute de 3 mètres, est en métal. Entre les deux circulent régulièrement des véhicules d’intervention. Tout le long de cette muraille se pressent des centaines, des milliers de migrants. Ils vivent là, dans un total dénuement, dans les forêts voisines de Nador, près de Ceuta, à Belyounech, près de Melilla, s’abritant tant bien que mal dans des cabanes de bois ou de carton. Pendant des mois, parfois des années, ils guettent l’occasion «de passer». La garde civile espagnole les refoule, la police marocaine fait des rafles fréquentes, détruisant les abris précaires, tabassant hommes, femmes, enfants. En octobre 2005, plusieurs centaines de migrants, poussés au désespoir, prennent d’assaut les grillages. Débordées, les polices espagnole et marocaine tirent, faisant des morts et de nombreux blessés. Enquêtes et rapports n’ont amené aucun changement à la situation. Ainsi se protège la forteresse Europe. Au Sahara occidental, c’est d’abord en sable que se construira un mur. Ce territoire de 250 000 km2, colonie espagnole jusqu’en 1975, est ensuite partagé entre le Maroc et la Mauritanie. Le Maroc, qui revendique la souveraineté sur l’ancien Sahara espagnol, va se heurter au Polisario (Frente Popular de Liberación de Saguía el Hamra y Río de Oro) qui réclame depuis 1970 l’indépendance de cette région désertique, cependant riche en phosphate et autres ressources naturelles. Dans le même temps, des habitants du nord du royaume migrent vers le sud, c’est la célèbre «Marche verte» voulue par le roi Hassan II. Soutenu par l’Algérie, le Polisario établit sa base dans le sud-ouest algérien. Mais entre-temps, le Maroc a érigé un mur de sable pour protéger le territoire annexé. Ce mur sera construit de 1980 à 1987 en six étapes. Long de 2 720 Km, protégé par 160 000 soldats armés, 249 batteries d’artillerie lourde, plus de 20 000 Km de barbelés et plus de 6 millions de mines antipersonnel interdites par les Conventions internationales, il divise tout ce territoire depuis un quart de siècle. Qui sont les Sahraouis ? Il s’agit de populations semi-nomades d’origine berbère ou arabe, qui n’ont jamais été consultées lors du partage du territoire. Si un projet de référendum a bien été évoqué en 1988, il n’a pas abouti. Le mur de sable coupe en deux ce peuple dont une partie se trouve en territoire marocain tandis que l’autre vit dans des camps de réfugiés au sud-ouest de l’Algérie. La plupart des Sahraouis ont de la famille de part et d’autre du mur et après trois décennies passées dans les camps de réfugiés, la majorité des jeunes n’ont jamais connu leur pays. Une mission des Nations unies a pour objectif de permettre à certains de visiter leurs familles par-delà le mur, mais depuis 2004, moins d’un tiers des 20 000 inscrits au programme de ces visites a bénéficié de cette mesure. Tout récemment, le 22 mars 2008, près de 2 000 personnes venues de plusieurs pays européens ont formé 8 Libertés ! Mai 2008

une chaîne humaine pour demander le démantèlement de ce «symbole de la colonisation», mais les manifestants n’ont pu s’approcher du mur à moins de 5 Km en raison des mines antipersonnel enfouies le long de cet ouvrage militaire.Ils ont d’ailleurs fustigé le rejet par le gouvernement marocain du déminage des terrains proposé par l’ONU lors des négociations de Manhasset (États-Unis) avec le Polisario, qui se sont achevées le 18 mars dernier. Le nombre des victimes des mines dépasse les 1000 morts et des milliers de blessés depuis le début du conflit en 1975. e Suzanne Welles

l Des miliciens du Polisario à proximité du «Mur de Défense» dressé par le gouvernement marocain du nord au sud du Sahara occidental. Bir Lahlou, octobre 2005. © AFP/Fayez

Une section d’Il Muro, la «clôture» élevée dans le quartier de la Via Anelli. Padoue, août 2006. © AFP Ph


DOSSIER ISRAËL/PALESTINE

OÙ EST LA FRONTIÈRE ? En dépit de l’existence d’autres murs aussi controversés que meurtriers (comme ceux qui séparent les Corées du Sud et du Nord, les Californies mexicaine et états-unienne, etc.) le Mur/Barrière construit par l’État d’Israël pour se séparer des Palestiniens en Cisjordanie est celui qui, à tort ou à raison, déchaîne les passions les plus vives.

T

antôt un mur de béton (le Jidar auquel font référence les Palestiniens), tantôt une épaisse barrière ou clôture électronique (la Gader que préfèrent évoquer les Israéliens), l’édifice serpente profondément à l’intérieur des territoires occupés et a pour conséquence l’expropriation massive de terres palestiniennes. En juillet 2004, la Cour internationale de Justice a rendu un avis consultatif condamnant le Mur/Barrière dans son tracé, pas dans son principe. En avril 2006, la longueur du Mur/Barrière telle qu’approuvée par le gouvernement israélien d’Ehoud Olmert était de 703 km. À ce jour, 58 % du tracé initialement prévu seraient déjà construits et 9 % seraient toujours en construction, tandis que 33 % seraient encore à construire. Cinq mois avant que la CI ne rende son avis, Amnesty International avait

hoto / Marco Bruzzo

Un tracteur israélien aplanit le sentier de sable versé le long du Mur/Barrière pour repérer toute infiltration éventuelle de la Porte 5. Jayous, Cisjordanie, octobre 2006. © MaanImages/Magnus Johansson appelé les autorités israéliennes à abattre les sections déjà construites à l’intérieur de la Cisjordanie et à y arrêter tous les travaux de construction des infrastructures à l’intérieur des Territoires occupés. Selon les autorités israéliennes, le Mur/Barrière est «un dispositif défensif, érigé pour empêcher l’entrée de terroristes, d’armes et d’explosifs à l’intérieur de l’État d’Israël.» Or, la plus grande partie du Mur/Barrière n’est pas construite sur le tracé de la Ligne Verte séparant Israël de la Cisjordanie. Presque 90 % se situent en territoire

palestinien, à l’intérieur de la Cisjordanie, et délimitent ainsi une «zone de suture» qui encercle des villes et des villages palestiniens, coupe les uns des autres les voisins et les familles, et prive les Palestiniens de tout accès à leurs lieux de travail, aux écoles, aux centres de santé et autres services de base. En effet, le tracé du Mur/Barrière a été conçu de façon à englober plus de 50 colonies israéliennes de peuplement situées dans les territoires occupés depuis juin 1967. e P.F.

ITALIE

PADOUE RUN RUN Les murs ne sont pas une spécificité exotique. Ainsi, à Padoue, en Vénétie, la municipalité a décidé de dresser un mur autour d’un quartier dit «sensible».

À

Padoue, Il Muro («Le Mur») de la Via Anelli est devenu une attraction locale. Décidée par Flavio Zanonato, maire issu du Partito Democratico (PD, social-démocrate), avec l’aval de ses alliés du PRC (Partito della Rifondazione Comunista, communiste), sa construction a débuté en août 2006 pour répondre à la colère de Padouans qui ne supportaient plus leurs voisins étrangers, le bruit, les trafics de drogue et les bagarres entre clans. Depuis lors, les immigrés ont été déplacés, les six immeubles de la Via Anelli, qui accueillaient jusqu’à 600 personnes, sont vides en attente d’être détruits, les familles en situation régulière ont été relogées dans d’autres quartiers de la ville et les dealers se sont éparpillés. Mais le mur, lui, est resté, avec ses trois mètres de haut, ses quatre-vingt de long et ses tags. Les responsables de la majorité municipale de gauche entendaient empêcher que «les trafiquants de drogue ne prennent la fuite lorsque intervenait la police». Selon l’adjointe au maire aux politiques de l’accueil et de l’immigration, la communiste Daniela Ruffini, «un régime mafieux s’était instauré. Les dealers s’échappaient et se réfugiaient dans les maisons des riverains. Nous sommes intervenus après une bagarre à la hachette entre bandes tunisienne et nigériane.» Pour certains responsables associatifs, la municipalité a tout simplement cédé aux sirènes xénophobes de la Lega Nord per l’indipendenza della Padania (la Ligue du Nord d’Umberto Bossi), qui domine la Vénétie depuis deux décennies. Désormais à Padoue, «au moindre problème, des comités de quartiers se créent. Des citoyens exaspérés demandent des barrières, des

grillages, des séparations. Pour se protéger des trafiquants de drogue et des prostituées. Ou simplement des étrangers. Le plus souvent, la division reste symbolique : une petite clôture ou un parapet. Mais on cherche à marquer le terrain, dans les rues, autour des magasins, voire des établissements scolaires». Padoue est un résumé des défis posés à toute l’Italie et en particulier à la Vénétie. En quelques années, un flux massif d’immigrés est venu fournir en main-d’œuvre les entreprises d’une région prospère mais vieillissante, autrefois terre d’émigration. Aujourd’hui, les étrangers en situation régulière constituent 10 % de la population de Padoue. Dans les écoles, le rapport avoisine les 15 %. Dans un contexte de quasi-pleinemploi, les étrangers sont essentiels à une industrie qui manque de bras. «Les immigrés sont les bienvenus quand ils travaillent mais ne doivent pas avoir une vie à l’extérieur de l’usine», dénonce le secteur associatif. La Lega Nord est pour beaucoup dans ce durcissement. Manifestant sur un terrain alloué par la municipalité de gauche à la construction d’une mosquée, Fabrizio Borron, secrétaire de la section padouane du parti autonomiste et xénophobe, tenait en laisse un porc pour que celui-ci «salisse» le lieu par son urine. Cependant, favorable au droit du sol et au vote des étrangers aux élections locales, le maire de Padoue a pris plusieurs initiatives propices à l’intégration, comme la création de mosquées, le financement de cuisines populaires qui accueillent chaque jour des centaines d’immigrés, etc. Pour Flavio Zanonato, les murs ne seraient en quelque sorte que des pis-aller. De même, le maire PD ne serait pas loin de regretter que «le patient travail de relogement des familles d’immigrés de la Via Anelli, engagé avant même la construction du mur, ait été en partie occulté par l’initiative spectaculaire d’août 2006». e P.F. (d’après Libération)

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MOUVEMENT 60 ANS DE LA DUDH EXPOSITION ET CONCERT

GROS

PLAN

AG 2008

TROPISMES ET CONCERTS Le 26 avril dernier, la section belge francophone d’Amnesty International tenait son assemblée générale à l’Espace Senghor de Gembloux. Le mouvement a sacrifié au rite des rencontres, happenings et débats. L’année 2008 a néanmoins été l’occasion de «marquer le coup» des 60 ans de la Déclaration universelle des droits de l’Homme en organisant trois concerts mémorables à l’Aula Magna de Louvain-la-Neuve. Pour célébrer le 60e anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelles des Droits de l’Homme par l’Assemblée générale des Nations unies, Amnesty International vous convie au vernissage d’une exposition et à une soirée de rencontres, d’échanges et de discussions autour des 30 articles de la Déclaration universelle, le 14 mai. À 19h00 : vernissage de l’exposition Les trente articles de la DUDH, par Stephan Zimmermann. À 20h30 : concert de piano à 4 mains du duo B!Z’ART (André Roe et Geoffrey Baptiste). Tout au long de la soirée : projection de films des différentes campagnes menées par Amnesty International. Où ? À l’Espace Jacqmotte – Rue Haute 127 – 1000 Bruxelles Du mercredi 14 mai (19h00) au dimanche 18 mai Ouvert tous les jours de 12h00 à 18h00 e Pour plus d’infos, vous pouvez contacter Ingrid Plancqueel : 02 538 81 77 - iplancqueel@aibf.be

LIÈGE - EXPOSITION DESSINER LES DROITS HUMAINS La Régionale de Liège d’AIBF monte une exposition organisée par le Département de l’information de l’ONU et le Haut Commissariat aux droits de l’Homme. Elle a été initiée par Jens Robinson, le fils de Jerry Robinson, un grand cartooniste créateur du fameux Joker dans la série des Batman. Au menu, 70 dessins de 30 pays différents qui suscitent la réflexion sur la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Il est possible de se faire une idée en allant sur le site www.cartoons.nytimages.com. Où ? À l’Athénée Destenay (Cour Gramme), Boulevard Saucy 16, 4020 Liège. Quand ? Du 7 au 20 mai de 10h00 à 17h30 (dimanche de 10h00 à 15h00). L’entrée est gratuite.

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FOIRE DU LIVRE BRUXELLES 2008 Amnesty International tient à remercier très vivement la librairie Tropismes ainsi que les Éditions Luc Pire et les Éditions De Boeck pour leur chaleureuse collaboration lors de la Foire du Livre de Bruxelles de mars dernier. Grâce à eux et à la participation d’un nombreux public, plus de 70 livres ont pu, cette fois encore, être envoyés à des prisonniers d’opinion. Cette précieuse collaboration se renouvellera lors de la prochaine édition de la Foire, qui se déroulera normalement du 4 au 8 mars 2009. e

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l En route pour les conférences de l’après-midi, au pas de charge. © Fabrice Kada j Dans la chaleur studieuse de l’amphithéâtre du Senghor, la question de la justice internationale a été débattue par (de gauche à droite) Florence Hartmann (ex-porte-parole du TPIY), Franck Petit (International Justice Tribune), Gérard Dive (Task Force) et Éric Gillet (avocat, ancien président d’AIBF). © F.K.

j Dans la douceur ombragée du parc du Senghor, Thomas Gunzig et Ariane Le Fort ont discuté du thème de l’artiste engagé, 20 ans après la disparition de Pierre Desproges, «artiste dégagé». © F.K.


MOUVEMENT i Delphine Gardin, vocaliste du groupe Monsoon qui, avec le rappeur Akro, a eu la difficile tâche d’ouvrir les concerts de l’Aula Magna. © F.K.

FORMATIONS PARLER D’AMNESTY EN PUBLIC… L’expérience vous tente? Vous souhaitez présenter l’action d’Amnesty dans votre école, votre entreprise, votre association ou lors d’un événement ? Alors, inscrivez-vous vite à la formation que nous vous proposons les 14 et 21 juin prochains de 09h30 à 17h00 à Bruxelles. Ce sera l’occasion pour vous de développer vos compétences en la matière avec la collaboration de formatrices expérimentées. Voici la liste des autres modules du 2e trimestre : 14 mai de 19h00 à 22h00 Découvrir Amnesty 17 mai de 09h30 à 16h30 Mission et fonctionnement d’Amnesty 24 mai de 10h00 à 16h30 Homosexualités et droits humains 31 mai de 10h00 à 16h00 La protection internationale des droits fondamentaux 7 juin

de 09h30 à 12h30 La protection des réfugiés

12 juin de 19h00 à 22h00 Découvrir Amnesty Stef Kamil Carlens, frontman et leader de Zita Swoon, en clôture magistrale des concerts de Louvain-la-Neuve. © F.K.

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14 juin de 10h00 à 16h30 Combattre la torture (Liège) 21 juin de 10h00 à 16h30 Les violences conjugales Toutes ces formations ont lieu à Bruxelles sauf «Combattre la torture» qui sera donnée à Liège. Pour vous inscrire et/ou obtenir des détails concernant le contenu des modules, rendez-vous sur notre site Internet : http://www.amnesty.be/formations Pour tout renseignement, n’hésitez pas à nous contacter par e-mail à formations@aibf.be ou par téléphone au 02 538 81 77, de préférence les mercredi, jeudi et vendredi. e

CHARLEROI – THÉÂTRE UN GRAND CRI D’AMOUR Au théâtre du Vaudeville, la Compagnie Jean-Michel Thibault organise une soirée au profit d’Amnesty International. Quinze ans auparavant, ils furent un couple vedette. Mais le temps a passé, Hugo et Gigi se sont séparés, Hugo continuant sa carrière très honorablement, Gigi sombrant dans l’oubli, l’alcool et la dépression. Hugo se prépare à son retour sur scène, mais le jour de la première répétition, il apprend la défection de sa partenaire, un grand nom du théâtre. Sylvestre, son agent, a alors une idée, réunir Gigi et Hugo et en faire un événement médiatique… e Où ? : Théâtre du Vaudeville, Passage de la Bourse 18, 6000 Charleroi. Quand ? Lundi 26 mai 2008 à 20h00 Prix : 16 e Adultes et 9 e étudiants Renseignements : F. Demoulin-Versavel 071 41 30 74 – J.M. Detilleux 071 43 35 84

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MOUVEMENT

Ce sont aussi 80 groupes locaux qui, sur le terrain, font un travail d’action et de sensibilisation aux droits humains. Pour vous y joindre, contactez votre régionale. SECRÉTARIAT NATIONAL AIBF Rue Berckmans 9, 1060 Bruxelles 02 538 81 77 Fax : 02 537 37 29 www.amnesty.be SECRÉTARIAT INTERNATIONAL Easton Street 1, London WC1X ODW United Kingdom 00 44 207 413 5500

Apollinaire Malu Malu. © Bruno Brioni

LES VOIES DE LA LIBERTÉ

«LE CONGO A BESOIN D’ÉLITES» Président de la Conférence de Goma pour la Paix, la Sécurité et le Développement en RDC, l’abbé Apollinaire Malu Malu est sur tous les fronts. Petite «pause» à Louvain-la-Neuve, le temps d’une conférence organisée par le festival Les Voies de la Liberté.

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epuis 2007, vous êtes chargé des travaux préparatoires de la conférence de Goma en vue de trouver une issue à la guerre qui sévit Kivu. Où en est-on aujourd’hui ? Les travaux préparatoires ont avancé comme prévu. On a réuni les différents groupes armés. Ils ont préparé un calendrier de désengagement, de libération de prisonniers et de démobilisation. Cependant, il reste des tensions parce que le désengagement total n’est pas encore d’actualité. Tous les acteurs militaires disent qu’ils veulent rentrer dans ce processus de paix, mais ils veulent être rassurés sur certains points, savoir s’ils seront impliqués dans certaines prises décisions, si le brassage des communautés au sein de l’armée nationale sera mieux organisé qu’avant.

Mais ce n’est pas nouveau! Pourquoi l’armée ne parvientelle pas à se structurer et à s’organiser correctement ? Ce n’était pas possible avant parce qu’on voulait trouver la solution en mettant les différents belligérants ensemble... et on ne trouvait pas de solution. Je pense qu’il faut considérer la politique militaire comme toute politique publique qui devrait se faire avec désintéressement. Il faut aussi savoir de quel type d’armée nous avons besoin, de quelle taille et pour faire quoi exactement. On doit avoir des militaires bien sûr, mais en nombre raisonnable. Ils doivent être rémunérés. Il ne faut pas faire du bricolage, il faut une discipline. Il ne faut pas accepter qu’il y ait des groupes monolithiques ou monoethniques dans une armée où l’on risque davantage de parler d’identité ethnique que de fonction militaire.

Ces groupes militaires ont-ils réclamé, avant d’intégrer le processus de paix, l’impunité par rapport à des actes commis durant la période guerre ? On leur a dit que l’amnistie qui pourrait être accordée serait pour des faits de guerre, par exemple, le fait de s’être opposé au gouvernement légitime. Mais cela ne concerne pas les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les crimes de génocide.

Il y a pour le moment des tensions entre le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, et Kinshasa. La dévolution aux provinces – prévue par la Constitution – de 40 % des recettes récoltées n’est pas appliquée dans les faits ? Je ne connais pas le fin mot des tensions entre Lubumbashi et Kinshasa, mais je sais qu’il y a un bras de fer entre toutes les provinces et le gouvernement central qui tourne autour de ces fameux 40 % de rétrocessions prévues par la Constitution. Un des problèmes vient de ce qu’il n’y a pas eu d’études correctes de faisabilité. Il faut faire très vite si l’on veut éviter des malentendus dangereux. Au fait, la constitution parle de 40% mais prévoit également des charges qui doivent être assumées par les provinces. Il ne faut pas non plus qu’il y ait développement inégal entre les provinces...

Comment jugez-vous l’attitude de la MONUC (Mission des Nations unies en République démocratique du Congo) ? S’il est de bon ton de la critiquer, je préfère saluer son travail. C’est une mission de maintien de la paix qui a évolué petit à petit. Elle a commencé par être une simple mission d’observation et s’est transformée par la suite en mission d’appui au processus électoral. Les Nations unies doivent savoir que la situation au Congo est en train de changer. Il faut aujourd’hui soutenir la réforme de l’armée. Dans des zones perturbées, il faut avoir la capacité de dissuasion pour ne pas retomber dans le désordre.

Durant la conférence, vous avez dit : «les élections ne servent pas qu’à choisir des dirigeants, mais aussi à leur demander des comptes. C’est la prochaine étape». Est-on loin de cette prochaine étape ? Si vous suivez les débats en RDC, il y a beaucoup de dirigeants qui sont interpellés. Ils doivent répondre sur la conception de leur politique. Pour que le débat s’emballe, il faut maintenant que la population trouve des élites représentatives qui maîtrisent les dossiers et soient dès lors davantage prises au sérieux. Un pays qui n’investit pas dans l’éducation n’a pas d’avenir. e Bruno Brioni

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AMNESTY INTERNATIONAL VLAANDEREN Kerkstraat 156, 2060 Antwerpen 6 03 271 16 16 RESPONSABLES RÉGIONAUX D’AMNESTY BRABANT WALLON Jean-Philippe CHENU chemin de la Terre Franche 13 1470 Genappe 010 61 37 73 – jpchenu@aibf.be BRUXELLES Tanguy PINXTEREN Rue de la Flèche 16 A, 1000 Bruxelles 02 513 77 10 – tpinxteren@aibf.be HAINAUT OCCIDENTAL Myriam DELLACHERIE rue Basse Couture 20, 7500 Tournai 069 22 76 18 – mdellacherie@aibf.be HAINAUT ORIENTAL Nicole GROLET av. Elisabeth 6, 6001 Marcinelle 071 43 78 40 – ngrolet@aibf.be LIÈGE Jean-Pierre ANDRÉ Responsable de transition jpablegny@yahoo.fr 04 387 51 07 Christine BIKA Responsable de la gestion de la permanence – C/O Bureau régional d’AI – rue Souverain Pont 11 – 4000 Liège – du lundi au vendredi de 13h30 à 17h30 04 223 05 15 bureaudeliege@aibf.be LUXEMBOURG Daniel LIBIOULLE Avenue de la Toison d’Or 26 6900 Marche en Famenne 084 31 51 31 dlibioulle@aibf.be NAMUR Romilly VAN GULCK Rue Vivier Anon 8, 5140 Sombreffe 071 88 92 51 rvangulck@aibf.be


IS AV ELIV ES . B E B O N N ES N O UV EL L ES

TURQUIE

Dans tous les pays du monde, des gens sont libérés grâce au travail des membres d’Amnesty. Des témoignages émouvants nous parviennent des prisonniers libérés ou de leur famille. Ils montrent qu’une action de masse peut avoir des résultats pour un meilleur respect des droits humains.

AVOCAT MENACÉ

ÉTHIOPIE GRÂCE PRÉSIDENTIELLE Les militants des droits humains et prisonniers d’opinion Daniel Bekele et Netsanet Demissie ont été libérés le 28 mars 2008. Ils étaient détenus depuis novembre 2005. Ils ont bénéficié d’une grâce présidentielle après avoir signé une lettre «reconnaissant les erreurs» commises au sujet des élections de 2005. On ignore encore si cette grâce est inconditionnelle. Ils avaient été arrêtés dans le contexte des troubles déclenchés par les élections de mai 2005. Des manifestations avaient été organisées à Addis-Abeba en juin et en novembre 2005 pour dénoncer des fraudes électorales. Elles avaient été violemment réprimées, les forces de l’ordre abattant 187 personnes, tandis que six policiers perdaient la vie. e

MAROC GRÂCE ROYALE Mohamed Boughrine (72 ans), ancien prisonnier d’opinion, Abdelkbir Rabaoui, Abass Abbassi, Mohamed Fadel, Abdelaziz Timor, Brahim Ahansal, Smaïn Amrar, Abderrahmane Aaji, Mohamed Yousfi et Nabil Cherqui ont bénéficié d’une grâce accordée le 4 avril par le roi Mohammed VI. Ces 10 personnes sont membres de l’Association marocaine des droits humains (AMDH). Sept autres personnes arrêtées après des manifestations du 1er mai 2007 ont également bénéficié d’une grâce. Le comité de soutien aux familles des personnes jugées pour «atteinte à la monarchie» a remercié les membres d’Amnesty International d’avoir envoyé des appels en faveur de ces hommes. e

L

’avocat, défenseur des droits humains et éditorialiste Orhan Kemal Cengiz a reçu des menaces alors qu’il faisait son travail d’avocat en faveur de trois hommes assassinés en avril 2007 lors d’un attentat contre une maison d’éditions chrétienne dans la province de Malatya au sud-est de la Turquie. Alors qu’il se rendait à Malatya pour assister au procès des accusés, il lut dans un journal local des informations à son sujet et au sujet d’autres membres de l’équipe d’avocats, informations qui n’avaient pu être obtenues que par l’interception de ses appels téléphoniques et de ses e-mails. Il a découvert plus tard qu’une lettre avait été envoyée au procureur de Malatya l’accusant d’implication dans les assassinats commis contre la maison d’édition Zirve. Des lettres de menaces lui ont également été envoyées. A la suite de multiples demandes, un garde du corps lui a été octroyé le 27 février. Cependant, il n’y a pas encore eu d’enquête sur les menaces dont il a été victime. Orhan Kemal Cengiz travaille comme avocat et défenseur des droits humains

© D.R. depuis environ 15 ans. Il est membre fondateur de la section d’Amnesty International Turquie. Les trois victimes de l’attentat sont deux Turcs et un Allemand. Ils avaient mains et pieds liés et la gorge tranchée. L’équipe avait reçu des menaces de mort durant les mois ayant précédé les meurtres. e

MEXIQUE DÉFENSEUR LIBÉRÉ Le militant politique David Venegas, originaire de l’État d’Oaxaca, a été libéré le 5 mars après avoir passé 11 mois en prison, sans mandat d’arrêt et sur base d’indices créés de toute pièce. Malgré plusieurs injonctions des autorités judiciaires fédérales contre sa détention, les autorités de l’État ont fait traîner sa remise en liberté. Libéré sous caution, il reste inculpé de «détention de stupéfiants» et d’«attaque grave et rébellion lors de son arrestation». David Venegas est membre de l’Assemblée populaire du peuple d’Oaxaca (APPO), qui a mené des campagnes de protestation en faveur de la démission du gouverneur de cet État. Il a été arrêté par la police de l’État à Oaxaca, le 13 avril 2007, sans mandat d’arrêt. À la suite de son interpellation, il aurait été maintenu en détention au secret et torturé. e

IRAN LIBÉRÉE SANS CAUTION Interpellée le 12 avril, Khadijeh Moghaddam a été libérée le 16 avril, sans qu’elle doive verser une caution astronomique de 70 000 euros initialement exigée. Khadijeh Moghaddam participe activement à la Campagne pour l’égalité, qui vise à recueillir un million de signatures iraniennes sur une pétition demandant l’abrogation des dispositions juridiques discriminatoires envers les femmes. Elle fait aussi partie du Comité des mères, et de l’organisation des Mères pour la paix. En outre, depuis de nombreuses années, Khadijeh Moghaddam mène activement campagne pour la protection de l’environnement. e

MODÈLE DE LETTRE Monsieur le Procureur, Orhan Kemal Cengiz, avocat, défenseur des droits humains et éditorialiste, a été menacé et intimidé alors qu’il effectuait son travail d’avocat en faveur de trois hommes assassinés en avril 2007 lors d’un attentat contre la maison d’éditions chrétienne Zirve, dans la province de Malatya, au sud-est de la Turquie. Un journal local a diffusé des informations personnelles sur lui et les autres avocats, informations qui n’avaient pu être obtenues que par l’interception de ses appels téléphoniques et de ses e-mails. Une lettre adressée au Procureur l’accuse d’implication dans les trois meurtres et il a reçu des lettres de menaces. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International, je demande que soit ouverte sans délai une enquête exhaustive et indépendante sur les menaces proférées à l’encontre d’Orhan Kemal Cengiz et que les responsables de ces actes soient traduits en justice. Dans l’espoir qu’il sera fait droit à ma requête, je vous prie d’agréer, Monsieur le Procureur, l’expression de ma considération distinguée. Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À : Monsieur le Procureur en charge de Nobetci Savciligina Ankara Cumhuriyet Savciligi, Ankara Adliye Binasi Sihhiye/Ankara, Turquie Fax : +90 312 312 3940

POUR RECEVOIR LES LETTRES DU MOIS : abonnez vous à la lettre d’information Isavelives.be sur : http://www.isavelives.be/leslettresdumois

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COPIE À ENVOYER À : Ambassade de Turquie, Rue Montoyer, 4, 1000 Bruxelles Fax : 02 514 07 48 — E-mail : info@turkdeleg.org http://www.isavelives.be/fr/node/1387

Libertés ! Mai 2008 13


IS AV ELIV ES . B E JAPON

MODÈLE DE LETTRE

DANS LE COULOIR DE LA MORT DEPUIS 32 ANS «

Libérez-moi des fausses accusations qui pèsent sur moi, tant que je suis encore en vie.» Okunishi Masaru, avril 2005 Âgé de 82 ans, Okunishi Masaru se trouve dans le couloir de la mort depuis 1972, après qu’il a été reconnu coupable de l’empoisonnement mortel de cinq femmes dans la ville de Nabari, au sud du Japon, le 28 mars 1961. Sa femme et sa maîtresse figuraient parmi les victimes. Il a été accusé de leur avoir servi du vin mélangé à des produits chimiques agricoles. Aucune preuve n’avait cependant été trouvée pour étayer l’accusation. Okunishi Masaru avait avoué le crime après de longues séances d’interrogatoires par la police et durant lesquelles il aurait été torturé. Au procès, il s’était rétracté et avait été reconnu non

coupable, faute de preuves. Mais, lors de son procès en appel, il avait été condamné à mort. Malgré ses nombreux pourvois pour obtenir un nouveau procès, la condamnation à mort a été confirmée par la Cour suprême le 15 juin 1972. Finalement, à la suite de sa septième procédure d’appel, la Haute Cour de Nagoya lui a octroyé un nouveau procès qui a débuté en avril 2005. Cependant, la procédure a été abandonnée soi-disant parce que, si la condamnation à mort était cassée, cela minerait la confiance de l’opinion publique dans l’application de la peine de mort au Japon. Okunish Masaru a maintenant épuisé ses possibilités d’appel et risque donc l’exécution à tout moment à moins d’être gracié par le ministre de la Justice ou d’obtenir un nouveau procès.e

Monsieur le Ministre, Okunishi Masaru, âgé de 82 ans, se trouve dans le couloir de la mort depuis 1972. Il a été reconnu coupable de l’empoisonnement de cinq femmes parmi lesquelles son épouse et sa maîtresse, malgré le manque de preuves. Il avait été acquitté lors d’un premier procès, mais ensuite condamné à mort le 15 juin 1972 lors d’une procédure d’appel devant une plus haute juridiction. A la suite de plusieurs appels, la Haute Cour de Nagoya lui a octroyé un nouveau procès commencé en avril 2005, mais la procédure a été abandonnée en cours de route. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International, je vous prie instamment de lever la condamnation à mort qui pèse sur Okunishi Masaru car, ayant épuisé ses possibilités d’appel, il ne dépend plus que d’une grâce ministérielle ou de l’octroi d’un nouveau procès. Dans l’espoir que mon appel sera entendu, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma considération distinguée. Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À : M. le Ministre Hatoyama Kunio Ministre de la Justice, 1-1-1 Kasumigaseki Chiyodaku, Tokyo 100-8977, Japon Fax : +81 3 3592 7088 — E-mail : webmaster@moj.go.jp

COPIE À ENVOYER À : Ambassade du Japon Avenue des Arts 58, 1000 Bruxelles Fax : 02 513 15 56 — E-mail : info.embjapan@skynet.be http://www.isavelives.be/fr/node/1388

COMMENT AGIR EFFICACEMENT ?

TARIFS POSTAUX

Les cas exposés concernent des victimes de violations des droits humains dont s’occupe Amnesty International. Chaque appel compte. Un texte (à écrire ou à photocopier) vous est proposé pour chaque cas. Dans l’intérêt des victimes, écrivez en termes mesurés et courtois aux adresses indiquées. Ces lignes sont lues partout dans le monde par les quelque 1800000 membres d'Amnesty International. Elles sont reproduites dans de nombreux pays par des dizaines de journaux et constituent la clé de voûte de l'action du mouvement.

Lettres (jusqu’à 50 grammes) Belgique: 0,48e; Europe: 0,70e; reste du monde: 0,75e. La surtaxe aérienne est incluse (étiquette requise).

AZERBAÏDJAN

MODÈLE DE LETTRE

UN JOURNALISTE CONDAMNÉ À 11 ANS DE PRISON A

Monsieur le Président, A la suite de plusieurs années de harcèlement de la part des autorités, Eynulla Fetullayev, rédacteur en chef d’un journal d’opposition, a été jugé à deux reprises et condamné à un total de 11 ans de prison pour terrorisme, incitation à la haine raciale et fraude fiscale. Les deux premières inculpations auraient trait à des articles parus dans son journal et la troisième, à des calculs erronés. En tant que membre/sympathisant(e) d’Amnesty International qui considère cet homme comme un prisonnier d’opinion, je vous demande sa libération immédiate et inconditionnelle. Je vous prie également de lui octroyer des compensations adéquates. J’appelle les autorités à enquêter de façon exhaustive, impartiale et définitive sur les attaques dont sont victimes les journalistes et de juger les responsables de ces harcèlements. Espérant que vous ferez droit à mes requêtes, je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de ma haute considération.

la suite de plusieurs années de harcèlement de la part des autorités, le rédacteur en chef d’un journal d’opposition, Eynulla Fetullayev, a été jugé à deux reprises et condamné à un total de 11 ans de prison. Amnesty International est convaincue qu’il est un prisonnier d’opinion. Le 20 avril 2007, il a été condamné à deux ans et demi de prison pour diffamation, des affiches sur Internet qu‘il nie avoir créées, du matériel de copie qu’il avait écrit des années plus tôt et qui divergeaient de la position officielle sur l’histoire de la guerre qui avait secoué de 1991 à 1994 la région autonome majoritairement arménienne du Nagorny Karabakh. Le 20 octobre 2007, il a écopé d’encore huit ans et demi de prison sous

14 Libertés ! Mai 2008

trois différentes inculpations : terrorisme, incitation à la haine raciale et fraude fiscale. Les deux premières inculpations avaient trait à des articles parus dans le Realny Azerbaïjani, le premier au sujet de cibles éventuelles en Azerbaïdjan en cas de conflit entre les États-Unis et l’Iran, le deuxième, au sujet des déséquilibres ethniques dans la fonction publique. Les deux inculpations manquaient de crédibilité et son avocat dit qu’en ce qui concernait la fraude fiscale qui a débouché sur une amende de 235 000 dollars, il s’agissait d’un calcul erroné. Le 16 janvier 2008, la Cour d’appel de Bakou a confirmé la sentence d’octobre 2007. Eynulla Fetullayev se trouve actuellement à la prison n°12. e

Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

LETTRE À ADRESSER À : Monsieur le Président Ilham Aliyev, Bureau du Président de la République d’Azerbaïdjan, Rue Istiqlalyyat, 19, Bakou AZ1066, Azerbaïdjan

COPIE À ENVOYER À : Ambassade de l’Azerbaïdjan, Avenue Molière, 464, 1050 Bruxelles Fax : 02 345 91 58 — E-mail : office@azembassy.be http://www.isavelives.be/fr/node/1389


C U LT U R E AGENDA THÉÂTRE CARTE D’IDENTITÉ

«Un jour, l’instructeur demande au régiment “Quel est le seul nom que l’histoire retiendra ?”. Il faut lui dire que c’est le sien. Il aime cela. Car il sait que, dès la guerre finie, son nom ira rejoindre la foule de ces milliers d’anonymes que l’Histoire ne retiendra pas.» D’origine rwandaise, Diogène Ntarindwa est né en 1977 au Burundi. Il a rejoint le Front patriotique rwandais à l’adolescence, et est démobilisé à 19 ans. Après des études de droit au Rwanda, il entre en 2002 au… Conservatoire de Liège. Particulièrement attaché au Rwanda et au drame qu’a connu ce pays, Diogène choisit aujourd’hui sans fausse pudeur de nous offrir le récit de son existence : une guerre qui le ramène sur les terres de ses aïeux, l’exil, le questionnement sur l’identité, le souci de mémoire... Au travers de ce témoignage, c’est une galerie de personnages touchants, dépaysants souvent drôles, qu’il interprète : son professeur d’histoire africaine, ses instructeurs, ses camarades d’école avec lesquels il joue à la guerre avant que la guerre ne les rattrape, son père et les anciens – ceux qui ont les cheveux blancs de sagesse – qui faisaient semblant de comprendre la BBC à l’écoute des nouvelles du front, sa mère qui n’a pas pu s’opposer à son départ pour le front... Une co-production du Théâtre de Namur/Centre Dramatique, du Théâtre de Poche, de la Charge du Rhinocéros, du Groupov. Avec le soutien de Théâtre et Publics et de la Cocof/Service culture. e Au Théâtre de Poche, Bois de la Cambre, Chemin du Gymnase 1A, 1000 Bruxelles, du 3 au 14 juin 2008 à 20h30. Relâche les dimanches et lundis. Réservations : 02 649 17 27 – reservation@poche.be

PHOTOGRAPHIE LE MUSÉE DE LA PHOTOGRAPHIE DE CHARLEROI S’ÉTEND Le 1er juin 2008, le Musée de la Photographie de Charleroi ouvrira une nouvelle aile jouxtant l’ancien carmel de Mont-sur-Marchienne et financée par des fonds européens-Feder. Conçue par l’Escaut Architecture, cette aile contemporaine étendra largement la surface d’exposition, faisant du musée le plus vaste et l’un des plus importants musées de la photo en Europe, avec une collection de 80 000 photographies dont plus de 800 en exposition permanente et la conservation de 3 millions de négatifs. e Avenue Paul Pastur 11 – 6032 Charleroi, du mardi au dimanche, de 10h00 à 18h00. Prix d’entrée : à partir de l’ouverture de la nouvelle aile : individuels : 6 e - seniors, profs (avec carte de l’école), groupes à partir de 10 personnes : 4 e - étudiants, chômeurs : 3 e - Article 27 : 1,25 e - moins de 12 ans : gratuit. Infos : www.museephoto.be

LES CITRONS DE LA DISCORDE

C

e ne pourrait être qu’une simple querelle de voisinage. Sur la Ligne Verte qui sépare Israël des territoires occupés palestiniens, le moindre désaccord prend vite l’allure d’une affaire d’État. Des fenêtres de sa nouvelle maison, le ministre israélien de la Défense voit se dresser, côté palestinien, une magnifique plantation de citronniers. Une menace potentielle pour sa sécurité. Les arbres doivent donc être rasés. Pour Salma, le verger légué par son père est la seule source de subsistance et un objet de fierté. Face à la nécessité urgente et absolue avancée par les autorités israéliennes, elle ne peut s’armer que de sa farouche détermination. Déboutée par la justice militaire, elle ira devant la Cour suprême. Dans ce combat inégal et absurde, apparaissent les paradoxes et les injustices de l’occupation. Off the record, le ministre reconnaît qu’il n’est personnellement pas pour l’arrachage. Il avoue qu’il n’a rien contre sa voisine, «elle a même l’air gentille», mais question sécurité, il fait confiance aux services secrets. Près de ses personnages, le film déroule son histoire sans s’engager dans la fable, ni dans le réquisitoire. Habilement, Lemon Tree laisse des blancs dans sa narration et joue avec justesse du contraste entre les deux sociétés qui se côtoient et s’ignorent des deux côtes de la «clôture» et entre deux femmes qui cherchent à sortir des rôles qui leur sont assignés. e Gilles Bechet

Lemon Tree (Les Citronniers) d’Eran Riklis, en salle le 21 avril Prix du Public au Festival de Berlin 2008

10 X 2 places sont offertes aux membres d’Amnesty et lecteurs de Libertés ! Ces places sont valables dans tous les cinémas de Wallonie et de Bruxelles projetant Lemon Tree, sur simple présentation d’un carton d’invitation. Pour obtenir ce dernier, il suffit d’envoyer un courriel à libertes@aibf.be avec la mention «Places Lemon Tree».

QUAND LA VOITURE FAIT BOUM

U

n matin de septembre 1920, un anarchiste italien abandonna un chariot bourré d’explosifs sur Wall Street. Le banquier Jack Morgan, visé par l’attentat, n’était pas présent. Il y a eu 40 morts et 200 blessés. C’était la première voiture piégée. En moins d’un siècle, ce bombardier du pauvre a connu de nombreux perfectionnements et est devenu une arme de terreur universellement adoptée. Des attentats du Lehi (Groupe Stern) en Palestine sous le Mandat britannique à l’enfer irakien, le sociologue américain Mike Davis retrace une histoire qui se confond avec celle de la guérilla urbaine. Cette épopée sanglante est marquée par des innovations technologiques et des évolutions tactiques. S’inspirant de conseils donnés dans une revue pour agriculteurs, des étudiants gauchistes américains confectionnent un explosif à base d’engrais et de fioul. Une puissance destructrice qui dépassera de loin leurs attentes et fera école. L’attentat au camion piégé orchestré par le Hezbollah contre les bases militaires américaines à Beyrouth marque pour l’auteur un tournant géostratégique. En quelques attentats, la milice chiite a obligé l’une des plus puissantes armées du monde à plier bagage. D’autres en rêvent. L’escalade dans l’horreur et dans le nihilisme est depuis le début alimentée par une implacable loi du talion. Tu m’exploses, je t’explose encore plus fort. Un jeu avec la mort auquel les régimes autoritaires, parfois manipulés par des services secrets occidentaux n’ont pas hésité à participer. Personne ne peut encore dire quand cette folie s’éteindra. Pour Mike Davis, la porte de sortie ne sera ni militaire, ni technologique. Seules des réformes socio-économiques et des concessions politiques pourraient amener le «désarmement des esprits». e G.B.

Petite histoire de la voiture piégée, Mike Davis, Zones – Éditions la Découverte, 250 pages, 15 e.

UN HOMME DE BONNE VOLONTÉ

D

ans le Pérou des années 80, des hommes, des femmes «disparaissent». Un militant d’Amnesty international va se lancer à la recherche de quelques-uns d’entre eux. Le roman Un Voyage lointain de Louis Huwart va nous dire son périple sur un parcours semé d’embûches, de harcèlements, de pièges et de rencontres insolites. Son personnage nous apparaît d’abord fragile, un peu naïf, armé de sa seule bonne volonté face à une présence policière redoutable. Mais au gré d’un parcours quasi initiatique, il va prendre de la force. Ce sont l’amitié, le courage et l’espoir qui le mèneront jusqu’au dénouement imprévu. Voici un très bon petit livre, dû à la plume d’un membre d’Amnesty international. Il permet de rappeler, une fois encore, combien il est important de défendre et de protéger ceux qui, dans bien des pays, défendent les droits humains au risque de leur vie. e Suzanne Welles Un Voyage lointain, Louis Huwart, – Éditions Chloé des Lys -156 p. – 16,10 e.

Libertés ! Mai 2008 15



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