Citoyenneté et violence Deux visages de la vie humaine: symétries et métabolisme ? Colloque Ecoles, Institutions, Citoyenneté MIEC 8-12-2018 Morlanwelz (Belgique)
Jacques Pain Professeur émérite Paris 10 Nanterre-Université
Le thème fait réfléchir sans doute plus que de coutume. Dans les circonstances actuelles, comme on l’entend, comme on le vit tous les jours, c’est à la fois presque banal, tel un sujet de dissertation ; sauf que l’actualité conjoint avec une vraie puissance médiatique les deux termes, et du coup répond dans les faits à la question. En même temps dira-t-on, cet énoncé « citoyenneté et violence » consacre une aporie constitutive de l’humanité, dans ses questionnements philosophiques. Depuis trois semaines, j’ai lu ou relu pas mal de textes. Pris par les événements. Les Gilets Jaunes, aujourd’hui, on les voit à la télévision, ils « sautent aux yeux ». En fait il s’agît d’une métaphore sociale. Déjà du plus loin de nous, du temps des Grecs, des « gilets » hantaient la rue. Il y eut toujours des citoyens ou qui n’en étaient pas ou qui jouaient un rôle de « citoyen négatif », constitutionnellement. En fait c’est affiché ou masqué mais c’est une constante, il n’y a pas semble-t-il de société humaine qui ait réussi à faire de l’ensemble des personnes qui la composent des citoyens à part entière. Les gueux, les sans nom, les sans dents, les intouchables indiens, les burakumin japonais. C’est comme l’interface citoyenneté et violence, les deux visages en un de la vie humaine. Notre vie sociale occidente cultive la symétrie, les clivages et les oppositions. L’Occident est resté binaire et symétrique, nous n’avons jamais su concilier dieu et le diable. C’est en principe à cela que servent les mythes ! C’est la différence entre ce que nous disons être la dissertation : thèse, antithèse, synthèse, typiquement occidentale, gréco-romaine-occidentale, et ce que les Chinois, par exemple, ou les Japonais entendent par le Ying et le Yang, ou le In et le Yô. Ça n’a strictement rien à voir. Les modes de penser ou, dirait un asiatique boudhiste zen, de « non pensée », sont radicalement différents. Ajoutez-y un « koan » Zen et la conclusion est alors une entrée sans suite. Ce qui veut dire que les postures intellectuelles, les postures politiques et la réalité sociale ne sont pas non plus les mêmes. Il faut avoir ça en tête. Aujourd’hui, nous sommes dans une période assez importante et grave de l’humanité, où, à nouveau, on remet en question y compris les fondements, les fondamentaux, et de la citoyenneté, et de la violence humaines, et de l’humanité. C’est même revendiqué haut et fort par certains de nos dirigeants mondialistes. Cette semaine est paru, dans plusieurs journaux, le Manifeste de Xi Jinping, le président chinois, sur sa nouvelle pensée et les recommandations fortes qu’il enjoint à ses citoyens de tenir en mémoire et à l’œil, et d’appliquer. Dans les dix recommandations, il y a cette ligne de fuite programmatique : attention à la pensée 1