ISSN 0997 6922
Fac similé (N° 236 bis) - Août 2012
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Le défi des licenciements collectifs le n° 2 s n a d publié Edito
36 Il ne fait aucun doute que les vagues de licenciements collectifs
qui dĂ©ferlent sur la France depuis quelques semaines â la plus spectaculaire Ă©tant celle frappant le site PSA dâAulnay â ont Ă©tĂ© diffĂ©rĂ©es jusquâau lendemain de lâĂ©lection prĂ©sidentielle pour tenter en vain de sauver la mise Ă Sarkozy. Mais cela ne doit pas faire oublier quâil sâagit lĂ , plus fondamentalement, des consĂ©quences prĂ©visibles de la rĂ©cession, plus exactement mĂȘme de la cause principale de celle-ci, Ă savoir lâaustĂ©ritĂ© salariale qui sĂ©vit partout en Europe. Aussi nâest-il pas Ă©tonnant que ces licenciements se concentrent dans les branches productrices des biens de consommation durables, tels lâindustrie automobile et le bĂątiment. Face Ă ces licenciements, qui en annoncent probablement dâautres dans les mois Ă venir, les travailleurs directement concernĂ©s et leurs organisations syndicales ne peuvent se contenter dâorganiser des luttes purement dĂ©fensives, visant Ă sauver le plus dâemplois possible ou Ă obtenir les meilleures compensations dans le cadre des soi-disant « plans sociaux ». Encore moins devraient-ils applaudir, comme certaines de ces organisations ont commencĂ© Ă le faire, aux projets de relance de la production industrielle, avancĂ©s ou soutenus par un gouvernement qui en a fait un de ses chevaux de bataille, ne remettant pas en cause les normes actuelles de production et de consommation. A quoi rime, par exemple, de mettre en chantier des automobiles Ă©lectriques alors quâil sâagit de transformer non seulement tous les modes actuels de dĂ©placement mais encore, plus fondamentalement, la production de lâespace social de maniĂšre Ă Ă©viter les dĂ©placements contraints par la dispersion des diffĂ©rentes activitĂ©s Ă©conomiques et sociales ou par lâaberration que constitue la substitution de flux de poids lourds sur les routes et autoroutes aux stocks des entreprises ? Car, si les travailleurs ne veulent plus subir la loi du capital, qui fait dâeux une simple variable dâajustement soumise aux fluctuations du carnet de commande, il leur faut commencer Ă se (rĂ©) approprier les questions relatives Ă la finalitĂ© de lâusage des forces productives de la sociĂ©tĂ© : se demander ce qui doit ĂȘtre produit et comment cela doit ĂȘtre produit et lutter pour imposer des finalitĂ©s et des modalitĂ©s de production conformes aux besoins sociaux et aux contraintes Ă©cologiques. Et cet impĂ©ratif ne vaut pas seulement pour les salariĂ©s du secteur privĂ© mais tout aussi bien pour les travailleurs employĂ©s dans le secteur public : face aux politiques dâaustĂ©ritĂ© budgĂ©taire qui frappe de coupes claires les services publics de lâenseignement et de la santĂ©, câest Ă un semblable effort dâimagination collective quâils sont conviĂ©s. Faute dâĂȘtre capable de relever pareil dĂ©fi, les travailleurs se condamneraient Ă renoncer Ă toute capacitĂ© de transformation sociale.