Première année : rapport de recherche & développement social

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Première année Phase de recherche et développement social 2020-2021

Canada participatif Des gens, des activités et des quartiers tout simplement. Un extraordinaire changement.


Reconnaissance territoriale Canada participatif repose sur notre amour des lieux, des patries, des communautés et de toutes nos relations. Nous avons fait équipe avec plusieurs partenaires et collaboratrices et collaborateurs de l’île de la Tortue, d’un océan à l’autre du Canada, de la Lituanie et du Royaume-Uni, qui travaillaient dans plusieurs régions et fuseaux horaires. En l’honneur des peuples autochtones de cette terre appelée Kanata, nous reconnaissons avec humilité les territoires que nous habitons : • Kjipuktuk / Halifax se trouve sur Mi’kma’ki, le territoire ancestral et non cédé des Mi’kmaq. Celui-ci est couvert par les Traités de paix et d’amitié que les Mi’kmaq, Wolastoqey et Peskotomuhkatiyik ont d’abord signés avec les Britanniques en 1726. Ces traités ne signalent pas l’abandon ou le transfert des terres et des ressources aux Britanniques. Ils reconnaissent plutôt les titres des Mi’kmaq et Wolastoqey, et établissent les fondements d’une relation à long terme entre les nations dans le but d’éviter la guerre et de faciliter le commerce. Les Mi’kmaq habitent ce territoire depuis des millénaires. Leur culture et leur présence ont nourri et continuent de nourrir Kjipuktuk, une communauté autochtone urbaine que plusieurs Premières Nations, Métis et Inuits considèrent comme chez eux. • Tiohtià:ke / Montréal se trouve sur le territoire non cédé et traditionnel des Kanien’keha:ka (Mohawks), qui a longtemps servi de lieu de rassemblement et d’échange entre les nations. Il accueille aujourd’hui une population diverse d’Autochtones et de Non-Autochtones. Nous respectons les liens avec le passé, le présent et l’avenir dans les relations continues que nous entretenons avec les Autochtones et les autres peuples au sein de la communauté montréalaise. • Tkaronto / Toronto is on the traditional territory of many nations including the Mississaugas of the Credit, the Anishnabeg, the Chippewa, the Haudenosaunee and the Wendat peoples and is now home to many diverse First Nations, Inuit and Métis peoples. For the Indigenous peoples, this land is governed by the Dish with One Spoon Wampum Belt Covenant between the Haudenosaunee and Anishinaabe. This territory is listed in Treaty 13, and in the Williams Treaties. • Amiskwacîwâskahikan / Edmonton ifait partie du territoire visé par le traité 6 et est un lieu de rencontre traditionnel et une voie de transport pour les Cree, les Saulteaux, les Blackfoot, les Métis, les Dene et les Nakota Sioux. Nous reconnaissons l’ensemble des Premières Nations, Métis et Inuits dont l’empreinte marque ce territoire depuis des siècles, tant que le soleil brillera, que la rivière coulera et que l’herbe poussera. • Vancouver est située sur le territoire traditionnel non cédé des Musqueam, des Squamish et des Tsleil-Waututh, qui y vivent depuis l’éternité. La ville accueille aussi des Premières Nations, des Métis et des Inuits de partout sur le continent.

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Il nous incombe de reconnaître le territoire sur lequel nous nous trouvons. Nous respectons le processus de vérité et réconciliation, et nous reconnaissons l’héritage du colonialisme et les torts infligés aux peuples autochtones du Canada. La reconnaissance territoriale nous permet de nous unir, de nous connecter à la terre et d’élever notre esprit d’inclusion, d’équité, d’amitié et de partenariat. Toutefois, celle-ci n’a de sens que grâce à des actions et elle ne représente qu’un premier pas.

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REMERCIEMENTS

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Remerciements

Il faut énormément de temps et de travail pour bâtir des quartiers pour tout le monde et avec tout le monde. Ce n’est possible que grâce à une collaboration entre : des gens ordinaires qui vivent et travaillent dans des villes et des communautés, des familles, des amis, des enfants, des jeunes, des personnes retraitées, des écoles, des entreprises locales, des organismes communautaires, des baristas, des gens qui fabriquent, qui cuisinent, qui jardinent ou qui réparent, des artistes, des personnes qui construisent, qui tricotent, qui racontent des histoires, qui boivent du thé, qui prennent des photos, qui donnent un coup de main ou qui tweetent, des enseignantes et des enseignants, et des personnes qui aiment placoter et d’autres qui préfèrent écouter.

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La phase initiale de R et D sociale de Canada participatif était un projet conjoint de la Fondation McConnell et de la Participatory City Foundation qui a été réalisé avec l’appui du Programme de préparation à l’investissement du Gouvernement du Canada. L’équipe centrale de cette phase initiale incluait Jayne Engle et Keren Tang de la Fondation McConnell, et Tessy Britton, Nat Defriend et Aggie Paulauskaite de la Participatory City Foundation. Celle-ci a collaboré étroitement avec les équipes locales et les organismes responsables de la mise en œuvre à Kjipuktuk-Halifax, Montréal et Toronto, c’est-à-dire le Centre d’amitié autochtone mi’kmaw, Solon collectif et le Centre for Social Innovation Institute respectivement. Ce travail n’aurait pas été possible sans eux. Un certain nombre de partenaires ont aussi appuyé la stratégie, l’évaluation et les communications de la phase de R et D sociale, notamment COLAB, Develop Nova Scotia, la Maison de l’innovation sociale, MaRS Discovery District, Percolab Coop et Social Currents.

La création du présent rapport a représenté un travail énorme et de nombreuses personnes y ont contribué. Les personnes ci-dessous ont aidé l’équipe centrale de Canada participatif, les équipes de Kjipuktuk-Halifax, Montréal et Toronto, ainsi que l’équipe chargée de concevoir la carte routière à finaliser le rapport : • Maria Turner et Rohan Quinby, qui ont fait un travail éditorial; • Camille Croze et l’équipe de Moz Translation, ainsi que Julie Lanctôt, qui se sont occupées des traductions; • Tristan Surman et Tony Wang de MyMediaCreative, qui ont produit la vidéo; • Paul Messer de Percolab Coop, qui a configuré le tout.

Nous remercions chaleureusement tous ceux et celles qui ont travaillé sur le rapport.

Pour découvrir tous ceux et celles qui se sont impliqués dans cette grande aventure, consultez la carte de l’écosystème à la page 36. Vous trouverez aussi la liste des participantes et participants aux ateliers de Canada participatif à la page 255. Pour terminer, c’est l’engagement de centaine de résidentes et résidents des trois villes pilotes qui ont donné un sens à ces travaux. Nous tenons à leur exprimer toute notre gratitude!

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Table des matières

1.

2.

INTRODUCTION 10

SOMMAIRE EXÉCUTIF

3.

20

CONTEXTE

La création du rapport de la phase de R et D s

Bienvenue 12

Glossaire

Avant-propos 16

Les acteurs et actrices

Écosystème

Jalons de R et D sociale

8

5.

6.

RAPPORT D’ÉVALUATION 54 DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

FEUILLE DE ROUTE DE CANADA PARTICIPATIF

Introduction à l’évaluation

57

Sommaire 211

Conclusion principale 1 : Faisabilité

59

Introduction 200

Conclusion principale 2 : Inclusivité

78

Établissement de la feuille de route

225

Conclusion principale 3 : Création de valeur

86

Trajectoires d’évolution et d’accroissement de

234

Conclusion principale 4 : Viabilité

94

l’ampleur

Ce qui a compliqué l’accroissement de l’ampleur

106

Conclusion 253

Annexes 113

Annexes 255

Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax rapport d’évaluation

114

Résumé des séances stratégiques

Notre voisinage evaluation et plan de suivi

144

Considérations financières

Projet Our Neighbourhood de Every One Every Day : TORONTO

188

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7.

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ÉLÉMENTS À RETENIR POUR L’AVENIR


4.

Le présent rapport a été produit par Canada participatif. Vous trouverez plus d’information sur le site web de Canada participatif : https://www.canadaparticipatif.ca/ Le présent rapport est publié par Canada participatif en vertu d’une licence Creative Commons, à l’exception des photographies qui ne peuvent être reproduites qu’avec une permission.

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sociale

NOTES

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PRÉPARER LE TERRAIN

40

La Vision 43

32

Aperçu des trois projets pilotes

44

Écosystème participatif pratique

52

34

36

38

Attribution- pas d’utilisation commerciale-Partage dans les mêmes conditions 4.0 International Cette licence Creative Commons signifie que : • Vous devez créditer l’œuvre, fournir un lien à la licence et préciser si des changements ont été apportés.

8.

258

ANNEXES

1. Résumé du Guide d’apprentissage pour les villes

• Vous ne pouvez pas utiliser le matériel à des fins commerciales. • Si vous remixez, transformez ou développez le matériel original, vous devez diffuser vos contributions en vertu de la même licence.

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2. Autres ressources 270 3. Exemple de cadre d’évaluation

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1. INTRODUCTION

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Bienvenue Jayne Engle MCCONNELL FOUNDATION

L’époque à laquelle nous vivons exige que nous fassions appel à notre créativité, notre curiosité et notre courage, individuellement et collectivement, pour faire face aux problèmes complexes qu’entraînent les changements climatiques et les inégalités croissantes. Au cours de la prochaine décennie, nous devrons apporter des changements sans précédent dans toutes les facettes de la société et cela doit commencer là où nous habitons, c’est-à-dire dans nos villes, nos quartiers et nos communautés. La bonne nouvelle est que nous avons ce qu’il faut pour faire ces changements. Cela exigera toutefois de nouvelles façons de nous organiser, et d’organiser nos systèmes. Nous devons aussi mieux réfléchir et agir ensemble, afin de répondre aux Appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Celle-ci a publié son rapport en 2015, la même année où nous avons entamé le parcours qui a mené à la création du programme Canada participatif. Des partenaires de la Fondation McConnell ont découvert cette année-là des travaux inhabituels et inspirants faits à Londres au Royaume-Uni dans le but de transformer des communautés. Ils étaient inhabituels du fait de leur conception, qui invitait tout le monde à faire part de leurs idées créatives, et prometteurs en raison de leur potentiel de changement systémique et d’accroissement de l’ampleur. Éventuellement appelée Every One Every Day, l’initiative, qui a d’abord été mise en œuvre dans l’arrondissement de Barking et Dagenham à Londres, était dirigée par la Participatory City Foundation. Nous avons eu envie d’adapter et de développer ces travaux ici au Canada, qui incluaient l’amélioration de la cohésion sociale, l’accélération de la transition écologique et de l’économie de demain, et l’avancement de la réconciliation au sein des communautés locales. La Fondation McConnell et la Participatory City Foundation ont donc fait équipe pour mettre sur pied le programme Canada participatif. Elles l’ont fait avec le soutien du Programme de préparation à l’investissement du Gouvernement du Canada et en réponse à des demandes de la part de Halifax, Montréal et Toronto. Nous voulions réaliser une phase de recherche et développement sociale (R et D sociale) d’un an pour explorer la faisabilité de cette approche. Nous étions au beau milieu de notre planification au début de l’année 2020 lorsque la pandémie de la COVID-19 a commencé. Nous avons alors dû modifier notre trajectoire pour voir ce qui était possible dans notre nouvel environnement. Les équipes des trois villes ont rapidement décidé d’aller de l’avant et de modifier leurs plans au besoin, car elles avaient compris qu’il était plus important que jamais de renforcer la résilience communautaire de manière novatrice. La pandémie est venue exacerber les inégalités déjà en place et a donné lieu à de nouvelles crises, dont bon nombre se poursuivront encore longtemps. Si nous voulons être à la hauteur collectivement face à l’ampleur des défis auxquels nous sommes confrontés, nous devons imaginer et créer de nouvelles façons d’être, de vivre et de travailler ensemble, au sein même des communautés locales. Et pour créer les conditions nécessaires à une telle transition, au rythme et à l’ampleur exigés, nous devons repenser la création d’infrastructures sociales pour que celles-ci puissent correspondre à l’avenir.

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Alors, quelles sont les infrastructures sociales qui conviennent à l’époque? La Fondation McConnell se penche sur la question dans sa stratégie communautaire1. Les infrastructures sociales aident à nourrir et maintenir une vie collective saine à l’échelle communautaire en permettant aux gens de se réunir en vue d’apprendre et de prendre soin les uns des autres, et de façonner une société à leur image. Voici une définition préliminaire des infrastructures sociales :

Il s’agit des services, des systèmes, des lieux physiques, des espaces, des plateformes et des organismes accessibles au public qui déterminent la façon dont les gens interagissent les uns avec les autres, et qui peuvent appuyer la vie collective. Elles ont le pouvoir d’encourager les interactions sociales, de permettre aux personnes, aux familles, aux groupes ou aux communautés de répondre à leurs besoins sociaux et collectifs, et de prospérer, et d’améliorer la résilience et le bien-être communautaires, aujourd’hui et demain. Les données probantes recueillies jusqu’à maintenant indiquent que l’approche de l’initiative Every One Every Day renvoie à des infrastructures sociales efficaces. Elle fournit des outils, des ressources, des relations, du savoir et des lieux accessibles qui permettent aux gens de créer, fabriquer, apprendre et croître ensemble, et ce, au sein de réseaux de coopération qui constituent les pierres d’assise d’une société saine et résiliente. Les projets réalisés par Halifax, Toronto et Montréal prouvent qu’il est possible d’adapter cette approche à différents contextes. Par exemple, à Halifax, l’initiative Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax est gérée par des Autochtones et place la réconciliation au cœur des préoccupations. À Montréal, Notre voisinage crée de la solidarité entre des résidentes et résidents de longue date et des personnes arrivées récemment au Canada, en favorisant les projets axés sur une transition écologique urbaine. Enfin, à Toronto, le projet Our Neighbourhood vient renforcer la cohésion sociale, surtout entre des résidentes et résidents de divers milieux qui n’habitent pas le même type de logement. Nous n’aurions jamais pu imaginer à quel point le monde allait changer lorsque nous avons amorcé ce parcours il y a plusieurs années. Aujourd’hui plus que jamais, nous devons faire tout ce que nous pouvons pour créer un monde meilleur, pour les générations actuelles et futures. Canada participatif peut nous aider à y arriver, car il fournit une trame narrative originale et des exemples tangibles de ce à quoi la transition peut ressembler à l’échelle des quartiers. Il adopte une approche pouvant entretenir des liens avec des mouvements de changement semblables, solidifier les travaux faits actuellement dans les communautés, et être adaptée et développée dans les différentes villes du monde. Plus simplement, il nous procure de l’inspiration pour repenser notre manière de vivre et de travailler ensemble au sein des communautés afin que celle-ci soit favorable à avenir meilleur. 1 Fondation McConnell. (19 mai 2021. Les sphères d’intérêt de la Fondation McConnell en 2021 et au-delà. Récupéré le 19 mai 2021 de : https://mcconnellfoundation.ca/fr/mcconnell-foundationsfocus-areas-for-2021-and-beyond/ CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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Tessy Britton PARTICIPATORY CITY FOUNDATION

L’organisme Participatory City a élaboré une approche systémique innovante sur une période de 11 ans en vue d’intégrer la participation pratique au cœur même de la vie quotidienne. Cette approche combine des systèmes, des méthodes, des infrastructures et des stratégies qui ont donné lieu à des moyens uniques de créer conjointement une participation inclusive dans les quartiers, les arrondissements et les villes. Au plus haut niveau, ces nouveaux systèmes participatifs sont conçus pour appuyer la transition vers un mode de vie plus sain, équitable et durable (et régénérateur). Il n’est pas question que cela ne soit qu’un ajout agréable aux grandes infrastructures sociales. Ces systèmes sont indispensables dans toutes les communautés, comme nous l’ont dit à plusieurs reprises les résidentes et résidents avec qui nous avons collaboré. Ils existent pour qu’il soit facile de participer à des activités pratiques, utiles, agréables et inclusives au sein même des quartiers. Ils ne reposent pas sur des gens extraordinaires ou des héros. Au contraire, ils peuvent faire partie de la vie de tous les jours pour que les communautés en tirent de nombreux avantages. Bien qu’il soit possible d’établir des comparaisons avec les approches de création de communautés, l’approche de l’organisme Participatory City est unique, car elle place les gens et leurs compétences au cœur même de la création conjointe d’une nouvelle façon de vivre ensemble. Nos recherches à ce jour sur l’impact d’une participation continue et répétée dans le cadre de l’initiative Every One Every Day montrent qu’une telle participation nourrit une capacité d’agir individuelle et collective. Celle-ci se manifeste par des gens s’adonnant ensemble à des activités pratiques et utiles de la vie quotidienne.

EARLY CONFIDENTIAL DRA

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AFT, PLEASE DO NOT CIRCULATE

Canada participatif Ce qui a été réalisé à Halifax, Toronto et Montréal au cours de la dernière année est remarquable. Les équipes de ces trois villes ont fait preuve du genre d’imagination, de souplesse et de résilience qu’il faut pour rebâtir ensemble nos sociétés, à tous les niveaux. Elles ont réussi à contourner tous les obstacles imposés par la COVID-19 pour réaliser et tester des projets dans leur quartier. Bâtir de nouveaux systèmes participatifs pratiques n’est pas la même chose que reproduire des projets ou des programmes standards. Cela implique de découvrir comment faciliter la cocréation de possibilités qui permettront aux gens, aux familles et aux organismes d’aider à créer des modes de vie cohésifs et régénérateurs. Cela implique aussi d’intégrer les différents lieux et idées à un vaste réseau d’occasions de participation, où tout le monde pourra exprimer sa créativité. Cette approche de « ville participative » consiste à intégrer à long terme une infrastructure sociale d’apprentissage, de désapprentissage et de réapprentissage dans nos quartiers. C’est un processus de co-création qui est dynamique et s’adapte constamment aux nouvelles personnes et idées qui viennent donner vie aux villes et aux quartiers. Adaptatif, créatif et changeant, il cultive un environnement vivant qui réagit aux idées, changements, défis et possibilités qui se présentent. Les équipes des trois villes ont relevé ce pari, durant une période particulière où se tenir loin les uns des autres était plus bénéfique qu’être ensemble. En même temps, le besoin de contact humain n’avait jamais été si grand. La réalisation de cette initiative au Canada durant la dernière année a été doublement inspirante pour moi d’un point de vue personnel : • Elle est venue mettre en lumière l’ampleur de ce que nous avons à apprendre les uns des autres; • Elle m’a montré à quel point ces apprentissages sont merveilleux, mais aussi complexes. J’en suis également venue à mieux comprendre la condition humaine. Nous sommes tous et toutes uniques et extraordinaires, tout en étant, de bien des façons, semblables. Nous avons besoin les uns des autres. Alors que nous continuons de développer cette approche, je sais que nous parviendrons à créer d’autres moyens intéressants et efficaces pour réunir des gens sous le signe de l’amitié et de la confiance. Et c’est grâce à ces fondements d’amitié et de confiance que nous pourrons susciter les idées et l’enthousiasme nécessaires pour concevoir des choses concrètes et utiles qui amélioreront notre vie, ainsi que celle des générations futures.

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Avant-propos Pam Glode-Desrochers

Louise Adongo

DIRECTRICE GÉNÉRALE DU CENTRE D’AMITIÉ AUTOCHTONE MI’KMAW

DIRECTRICE GÉNÉRALE, INSPIRING COMMUNITIES

Demandez-moi ce que Canada participatif peut offrir à Kjipuktuk et je vous répondrai que si nous pouvons poursuivre le programme en y intégrant la vérité et la réconciliation, il tracera la voie du futur pour l’ensemble du Canada.

Canada participatif, qui se situe à la croisée du changement systémique communautaire, peut aider les communautés à se remettre sur pied et à prospérer. Il peut également venir réapprovisionner les ressources internes et communes (physiques, sociales et psychosociales) qui sont indispensables pour rétablir la cohésion sociale.

La première chose qui m’a frappé du programme Canada participatif, c’est qu’il renvoie à un moyen traditionnel d’enseigner aux enfants et aux familles. Il permet d’acquérir de l’expérience pratique en offrant la possibilité de réunir tous les membres de la communauté pour qu’ils puissent apprendre, célébrer et en venir à une compréhension réciproque. C’est en réalité une très vieille façon de faire et non une nouvelle méthode d’enseignement ou d’apprentissage. Dans le cadre du projet Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax, nous avons travaillé fort pour répondre aux Appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Nous avons intégré ces appels à même notre plateforme pour qu’ils servent de moteur pour repenser et unir nos communautés. Nous avons une chance bien réelle d’éduquer les gens et de bâtir des communautés plus fortes et résilientes pour l’avenir. Le projet soulève l’importance des infrastructures sociales pour aider à bâtir de telles communautés. Il est crucial pour l’avenir, sur les plans individuel et gouvernemental, mais aussi pour le tissu social même du pays. Grâce à de tels investissements, il existera des lieux où tout le monde pourra se sentir bienvenu et en sécurité. Les communautés pourront ainsi avoir de l’auto-détermination, renforcer leurs capacités et développer leur résilience. Au cours de la dernière année, j’ai observé les gestes posés par des partenaires et des communautés en vue d’une réconciliation et c’est beaucoup de travail. Canada participatif nous a donné une plateforme pour repenser notre communauté et rendre celle-ci unique au Canada. J’ai aussi vu la réconciliation se manifester par des actions concrètes. J’ai vu des partenaires commencer à réfléchir au pourquoi et au comment. Je les ai vus changer leur façon de fonctionner et l’importance qu’ils accordent à la compréhension. Tout cela n’a pas de prix et c’est Canada participatif qui a rendu cela possible. La réconciliation n’est pas chose aisée et ne peut pas se faire à sens unique. Il reste beaucoup de chemin à parcourir. Je pense que si Canada participatif se poursuit et qu’il intègre les Appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation à sa plateforme, le chemin en vaudra largement la peine. En investissant du temps et des infrastructures sociales, la route vers la réconciliation sera moins longue et nous unira. Ça mérite qu’on fasse le voyage. J’ai hâte de voir où cette aventure mènera ma communauté, mais je regarde aussi plus loin. Je vois une occasion de changement durable. Je vois un pays qui a la sagesse, le respect, l’honnêteté, la vérité, l’humilité, le courage, la foi et l’amour qu’il faut pour faire un acte de foi avec nous et nous aider à changer la structure sociale des communautés canadiennes. Avec respect et amitié.

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L’année 2020 étant derrière nous et alors que nous continuons de faire face aux incertitudes qui demeurent en 2021, nous avons tous et toutes pris conscience des réalités qui influent sur la capacité des personnes et des communautés à survivre à une crise lorsque celle-ci limite tous les aspects de la vie civique. J’aime la promesse de Canada participatif de régénérer la société à l’échelle communautaire. Mon expérience à titre de membre du groupe stratégique du projet Every One Every Day KjipuktukHalifax a été marquée par la croissance et la transformation. Nous nous sommes donné le droit de défendre une orientation de réconciliation pour notre projet, ce qui, par moment, nous a amenés à gérer certaines tensions internes. Nous avons aussi eu peur de rater des échéanciers. Toutefois, nous étions convaincus que cela valait la peine pour nous démarquer des travaux amorcés par les autres partenaires. J’espère sincèrement que l’urgence que nous ressentions de placer la réconciliation au cœur de tous les aspects du projet apportera de la valeur au programme lorsque Canada participatif s’étendra dans l’ensemble du pays. Ayant récemment été nommée directrice générale de Inspiring Communities, j’ai aussi hâte de me pencher sur la manière d’intégrer les leçons apprises de ces travaux dans mon mandat actuel.


Tonya Surman

Shaune MacKinlay

PRÉSIDENTE ET DIRECTRICE GÉNÉRALE, CENTRE FOR SOCIAL INNOVATION

CHEF DE CABINET DU BUREAU DU MAIRE DE HALIFAX MIKE SAVAGE

Les quatorze derniers mois de pandémie ont braqué les projecteurs sur les lacunes et les ratés de plusieurs de nos systèmes. Ils ont été marqués par une agitation civile, une incertitude profonde et la résurgence des mouvements de justice raciale. Nous avons désormais la possibilité de rebâtir et de nous recentrer, mais comment faire les choses autrement? Comment guérir et concevoir un nouveau système meilleur que l’ancien? Le Centre for Social Innovation s’efforce de créer l’économie de demain et de fournir des solutions pour une économie axée sur les gens et la planète. Osons imaginer un monde dans lequel nous investissons dans les infrastructures sociales et communautaires. Osons changer le système de financement d’une année à l’autre pour donner vie à un système durable et régénérateur. Pensez au nombre d’emplois que nous pouvons créer en finançant des projets de quartier comme Every One Every Day : Toronto, qui peuvent avoir de grandes répercussions : la mise sur pied de banques alimentaires communautaires, la conversion de biens immobiliers commerciaux ou industriels non occupés en logements abordables et la création d’options en matière d’investissement communautaire. À Toronto, nous prévoyons transformer un espace vacant en actif communautaire qui nous permettra de semer des infrastructures communautaires. Non seulement cet espace pourra héberger le projet Every One Every Day : Toronto, il servira aussi de lieu physique pour augmenter la richesse communautaire en accueillant un micro-incubateur d’entreprises alimentaires, une programmation d’entreprise sociale, Radio Regent, un espace de rencontre et d’événement pour l’ensemble de la communauté et plus encore. Il prendra vie au fur et à mesure que nous trouverons des solutions axées sur les personnes et la planète.

Le parcours de Canada participatif à Halifax a emprunté quelques tournants imprévus en raison de la pandémie, avant d’atteindre sa destination réelle au cœur de la communauté. Nous nous sommes parfois demandé si nous n’étions pas nousmêmes le projet, les organismes participants, en apprenant à travailler ensemble. Nous avons dû être honnêtes à propos de nos expériences et de nos limites, et reconnaître l’ambiguïté qui venait parfois caractériser nos travaux, tout en demeurant engagés envers l’atteinte de notre objectif. Bien que des mesures soient requises pour quantifier la réussite du projet à Halifax-Kjipuktuk, les résultats qualitatifs et anecdotiques possèdent aussi une importance considérable. Le projet Every One Every Day s’est enraciné dans la réconciliation par l’entremise du Centre d’amitié autochtone mi’kmaw. Cela a mené à un partage de sagesse, de compétences et d’idées au sein de la communauté qui a pris diverses formes. Malgré les contraintes liées aux rassemblements, le projet Every One Every Day a sans aucun doute répondu au besoin des participantes et participants d’entrer en contact les uns avec les autres et de vivre un apprentissage interculturel. Il est possible que la pandémie soit venue mettre en évidence le besoin de connexions et l’envie d’un tissu social plus fort dans notre ville. Halifax vit beaucoup de changements en raison d’une population de plus en plus grande (y compris des gens venus d’autres parties du monde), d’une économie en croissance (et de toutes les difficultés et possibilités que cela entraîne), et de la nécessité d’atténuer et de lutter contre les changements climatiques. L’approche de l’organisme Participatory City peut aider plus de gens à nouer des liens et à se sentir utiles, et, du même coup, à réconcilier un passé douloureux et un avenir axé sur l’autodétermination et la participation communautaire inclusive.

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Jennifer Angel PRESIDENT & CEO, DEVELOP NOVA SCOTIA

La réalité semble être devenue très compliquée. Les défis auxquels nous faisons face semblent intimidants vu leur ampleur et leur complexité. Et urgents aussi. Bien sûr, ces problèmes ne sont pas nouveaux et ils ne sont pas arrivés par hasard. C’est nous qui les avons créés, soit directement, soit par inaction. Nous sommes responsables des paysages que nous aménageons et des objectifs que nous fixons. Nos choix n’ont pas profité à tous. Ils sont en train de détruire notre planète, ce qui revient à dire que nous détruisons notre planète. Cependant, nous pensons que des solutions sont à portée de main. Pour les mettre en place, il nous faut nous réconcilier avec ces problèmes complexes que nous avons créés. Nous devons également nous réconcilier avec nous-mêmes et avec les autres. Cela exige de repenser la notion de valeur et de renoncer à un pouvoir déséquilibré. Cela requiert aussi d’aligner nos intérêts personnels et professionnels, y compris dans les secteurs sociaux et communautaires, pour atteindre des objectifs communs axés sur l’équité et la régénération. Enfin, cela implique d’établir de nouveaux paradigmes et de nouvelles solutions en écoutant des voix et points de vue variés. Une des voix les plus importantes pour nous guider n’est pas nouvelle. Au contraire, elle est très ancienne. Son savoir et ses enseignements ont traversé le temps et elle peut nous servir de modèle pour co-exister, les uns avec les autres, mais aussi avec la Terre. Nous ne pensons pas que les solutions à nos problèmes sont descendantes, même si les leaders de tous les secteurs doivent urgemment repenser le concept de prospérité pour qu’il soit profitable à tout le monde et à la planète. Elles sont plutôt réparties, systémiques et profondément enracinées dans la communauté. À son tour, la communauté est enracinée dans un lieu. Dans notre cas, ce lieu s’appelle Kjipuktuk, ce qui, en langue mi’kmaqi, veut dire le grand port, la terre des Mi’kmaq. Et il est temps que nous apprenions le savoir de ces derniers. L’approche de l’organisme Participatory City vise à bâtir des infrastructures sociales, c’est-à-dire des lieux et des programmes qui influent sur la façon dont les gens interagissent entre eux. Celles-ci ont le pouvoir de rassembler des communautés afin qu’elles puissent apporter les changements qu’il nous faut. Elles sont les lieux où nous nous retrouvons pour apprendre, créer, faire des erreurs et réessayer… ensemble. Nous ne sommes pas d’accord et nous nous efforçons de trouver des compromis… ensemble. Nous élaborons des solutions, des produits et des services concrets pour appuyer la communauté… ensemble. En faisant cela, nous améliorons la compréhension et la résilience. En réunissant des gens de façons originales, nous créons les bonnes conditions pour innover, ainsi que la capacité à résoudre des problèmes difficiles, qu’ils soient petits ou grands. Et nous ressentons de la joie et faisons des progrès dans l’action, l’apprentissage et la résolution, car nous le faisons ensemble. Ce sont des lieux où tout le monde est bienvenu, où tout le monde peut se sentir en sécurité et où tout le monde peut participer et se sentir à sa place. Ce sont des lieux pour tout le monde parce qu’ils sont construits avec tout le monde.

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Ça semble simple. C’est même assez élégant dans sa simplicité. Toutefois, les changements significatifs que cela indique montrent que des gens qui sont respectés et à qui ont fait confiance peuvent accomplir de grandes choses, surtout des gens habituellement mis à l’écart ou laissés pour compte. Nos gros problèmes sont une collection de petits problèmes et nous pensons que les solutions sont une collection de petits gestes, posés par tout le monde, tous les jours. C’est la promesse des villes participatives.

Bertrand Fouss DÉVELOPPEMENT ET PARTENARIATS, SOLON COLLECTIF

Nous vivons une époque de crises multiples et de grandes remises en question sociétales. Nous sentons qu’un certain modèle, une certaine vision du monde est en train de se disloquer et que des alternatives émergent. Solon contribue à cet effort, à Montréal, en démontrant que les quartiers et l’action collective peuvent devenir des leviers clés de la transition socio-écologique. Solon pilote ainsi le “lab Transition”, une démarche stimulant la participation et le pouvoir d’agir citoyen. Solon soutient également une série d’infrastructures sociales: tiers-lieux (espace commun par et pour les gens du quartier), outils numériques au code ouvert, systèmes de partage, accompagnements ciblés, activités pour créer du lien, etc. Solon a toujours été très intéressé par l’approche développée par Participatory City à Londres et y a vu une occasion de tester une première collaboration dans le cadre du projet “Notre voisinage”, dans le quartier d’Ahuntsic. La confiance et la collaboration entre partenaires ont permis de mener un projet pilote intense, riche en apprentissages variés et résumés dans notre rapport final. L’équipe de Solon est déjà à pied d’œuvre pour construire la suite. D’abord, trouver la meilleure façon de continuer sur cette lancée avec les gens engagés dans le projet. Ensuite, intégrer les apprentissages et développer de nouveaux partenariats pour bonifier l’approche du lab Transition. Enfin, contribuer à la création d’une communauté plus large, ambitieuse, autour de la participation citoyenne. La participation de toutes et tous représente un élément essentiel aux alternatives qui se construisent. Nous nous réjouissons d’autant plus d’explorer ces suites possibles avec Participatory Canada.


Alex Ryan

Marie-Josée Parent

PREMIER VICE-PRÉSIDENT, MARS DISCOVERY DISTRICT

CONSEILLÈRE MUNICIPALE DE VERDUN, VILLE DE MONTRÉAL

En 2016, j’ai commencé une conversation avec Tessy Britton, qui a mené à une visite de la première vitrine de l’initiative Every One Every Day à Londres au Royaume-Uni. J’ai alors été estomaqué par la grande détermination de Tessy, et par le pouvoir de la participation à des activités de tous les jours pour combler toutes sortes d’écarts entre des gens d’un même quartier et renforcer le tissu social qui est à la base d’une société résiliente et prospère. Depuis, un certain nombre d’organismes canadiens ont dit vouloir adapter cette approche ici au Canada. En compagnie de Jayne Engle de la Fondation McConnell, ils ont fait équipe avec Tessy et j’ai sauté sur l’occasion de me joindre à eux.

Étant à la fois conseillère municipale et quelqu’un qui travaille dans le milieu culturel depuis plusieurs années, je trouve le programme Canada participatif très important.

Le Canada a une longue tradition de participation civique, alors, pourquoi une nouvelle approche? Celles qui existent actuellement sont fragmentées et ad hoc, et elles manquent de financement durable à long terme. Canada participatif propose aux communautés des infrastructures pour créer des occasions de participation pratique qui permettront aux résidentes et résidents d’acquérir de nouvelles compétences, d’adopter des modes de vie plus sains et de prendre soin de leur environnement. Il cerne et élimine les obstacles qui empêchent les gens de se réunir pour collaborer sur des projets qui enrichiront nos quartiers. Au cours de la dernière année, nous avons pu observer à Kjipuktuk-Halifax, Montréal et Toronto le potentiel extraordinaire de cette plateforme pour catalyser une culture de participation communautaire. La pandémie mondiale est venue souligner les inégalités systémiques ici et ailleurs. Elle a aussi mis en évidence l’importance des relations locales et d’un sentiment d’appartenance dans une société résiliente. Puisque nous voulons mieux pour l’avenir, nous devons investir dans les infrastructures sociales qui nous permettent de collaborer, d’innover et de participer sur le plan communautaire. Que se passerait-il si toutes les villes canadiennes avaient une culture et un système participatifs permettant de déverrouiller l’ingénuité de ses citoyennes et citoyens? Cela peut devenir une réalité si nous poursuivons la mise en œuvre dans les villes pilotes de Kjipuktuk-Halifax, de Montréal et de Toronto, tout en partageant les expériences et les leçons apprises avec la prochaine cohorte en vue d’établir une approche qui pourra être reproduite et développée pour financer et organiser le modèle de Canada participatif dans n’importe quelle ville.

Au volet Culture à la Ville de Montréal, nous soutenons les quartiers où les gens acquièrent du pouvoir grâce à leurs expériences culturelles, et où des citoyennes et citoyens se réunissent pour former une communauté grâce à la créativité, l’autonomisation et un sentiment de propriété face aux pratiques culturelles. Quand j’ai entendu parler de Canada participatif il y a environ un an et demi, j’ai vu les similitudes avec notre projet, mais avec un potentiel multiplié par 10 000. Ça allait tellement plus loin. C’était réfléchi et éprouvé, et je voulais en savoir plus. J’avais l’impression que ça pouvait rassembler la communauté et renforcer le tissu social comme nous n’avions pas réussi à le faire à Montréal, malgré tout l’excellent travail des centres communautaires, des tables de quartiers et des organismes et établissements locaux. C’est une approche qui va plus loin, parce qu’elle donne aux citoyens et citoyennes la possibilité de co-produire et de co-créer, et de façonner leur communauté telle qu’ils la voient, ensemble et par l’entremise d’un processus démocratique que je n’ai vu nulle part ailleurs. Canada participatif était en harmonie avec notre vision et je voulais aider à tester cette approche, surtout alors que nous faisons face à tant de défis : la pandémie, les changements climatiques et les inégalités croissantes qui résultent d’une structure capitaliste qui ne semble pas savoir où s’arrêter. C’était un moyen pour moi de voir comment réunir des communautés vulnérables, mais aussi d’ouvrir des communautés à d’autres personnes, d’autres pratiques et d’autres cultures, en faisant des choses ensemble au lieu de simplement discuter. Cette approche va plus loin parce que c’est là que la communauté commence réellement à se former et à exister. Je tiens à souligner à quel point le projet était important pour nous en tant que ville, et pour moi en tant que conseillère municipale, mais aussi militante. La relation entre les différents partenaires a été cruciale : la Maison de l’innovation sociale, la Fondation McConnell, les organismes canadiens que j’ai rencontrés, y compris les gens de Halifax et du Centre d’amitié autochtone mi’kmaw. Grâce à ce magnifique projet, le Canada et nos villes montrent que nous pouvons aller beaucoup plus loin pour faire disparaître les inégalités et offrir à tous et toutes les mêmes possibilités, tout en habilitant les citoyennes et citoyens, et les communautés à créer la société de demain. L’approche de Participatory City comporte un élément de résilience qui la rend encore plus indispensable et réalisable que tout autre projet que j’ai vu jusqu’à maintenant. J’appuie cette initiative et j’espère qu’elle ira de l’avant. Nous avons besoin d’une approche de ville participative au Canada. Nous devons faire l’essai de celle-ci, la mettre en œuvre et la personnaliser, car c’est un des outils qu’il nous faut pour bâtir un avenir meilleur.

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2. SOMMAIRE EXÉCUTIF

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Sommaire exécutif La pandémie de la COVID-19 a poussé des systèmes désuets et inadéquats au-delà de leurs limites, venant exposer et exacerber leurs inégalités structurelles profondes. Partout dans le monde, et partout au pays, des mouvements de protestation sont apparus en raison d’un mécontentement collectif face au manque de mesures audacieuses visant à aborder la crise climatique, les inégalités croissantes et la privation des droits. Tout cela indique la frustration d’un public animé d’un désir de cultiver la capacité d’agir collective et individuelle. De nouveaux paradigmes sont nécessaires pour relever les défis de notre époque. Il nous faut des modèles d’infrastructures sociales qui sont pratiques et pertinents, et dont l’ampleur peut être développée : dans les bibliothèques, les parcs publics, les espaces de quartier et autres biens civiques. Ceux-ci permettront de renforcer la résilience quotidienne des communautés et la capacité collective des gens à travailler ensemble, pendant et après la crise. Où pouvons-nous trouver ces nouveaux paradigmes? À quoi ressembleront-ils? Un indice se trouve dans un arrondissement de l’est de Londres animé par le changement. Des résidentes et résidents de milieux multi-culturels, socio-économiques et culturels divers ont découvert une nouvelle manière de vivre, d’interagir et de travailler ensemble. Ils apprennent les uns des autres au sein de leur quartier. Au Canada, des urbanistes, des entreprises locales, des militants sociaux, des promoteurs immobiliers et des administrations municipales ont découvert et adapté cette approche précisément à cause de son potentiel à changer des systèmes désuets. Après plusieurs conversations, rencontres, visites sur le terrain et réflexions, Canada participatif a entamé une année de recherche et développement sociale (R et D sociale). Nous voulions créer conjointement un réseau d’écosystèmes participatifs pratiques pleinement inclusifs (voir l’encadré). Nous avons mené ces travaux grâce à des investissements de la Fondation McConnell et du Programme de préparation à l’investissement d’Emploi et Développement social Canada, et en partenariat avec la Participatory City Foundation et des partenaires de partout au pays. Notre but était de bâtir le genre d’infrastructures sociales, d’espaces et de conditions qui aideront des gens d’un même quartier à travailler ensemble, côte à côte, pour créer un avenir meilleur, tant pour eux que pour la planète. Apprenez-en plus sur notre projet en visionnant cette vidéo : Video: Participatory Canada / Canada participatif 1

Les leçons tirées d’une année sur le terrain Durant sa première phase de R et D sociale, Canada participatif a œuvré avec des partenaires à Kjipuktuk-Halifax, Toronto et Montréal pour tester l’approche de l’organisme Participatory City à l’échelle de quartier, et évaluer la faisabilité avec des partenaires. Cette phase était conçue pour maximiser les partenariats et partager du savoir et des pratiques entre les villes. Elle offrait également la possibilité d’analyser les réactions locales à la culture participative ainsi que les occasions originales de bâtir des infrastructures sociales à long terme au sein de ces communautés. Les constats indiquent qu’il est possible d’adapter l’approche de l’organisme Participatory City visant à créer une participation à grande échelle et que celle-ci crée de la valeur pour les résidentes et résidents, en plus de favoriser l’inclusion raciale dans divers contextes canadiens. Voici certaines leçons apprises au cours de la dernière année :

Chaque ville a adapté l’approche à son contexte particulier • En Nouvelle-Écosse, l’initiative Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax est gérée par des Autochtones et place la réconciliation au cœur des préoccupations. • À Montréal, Notre voisinage crée de la solidarité entre des résidentes et résidents de longue date et des personnes arrivées récemment au Canada, en favorisant les projets axés sur une transition écologique urbaine. • À Toronto, Our Neighbourhood vient renforcer la cohésion sociale, surtout entre des résidentes et résidents de divers milieux qui n’habitent pas le même type de logement.

La demande communautaire et institutionnelle augmente • Il s’agit d’une initiative propulsée par la demande. Durant la première phase de R et D sociale, la demande n’a fait qu’augmenter de la part de leaders de la société civile, de dirigeantes et dirigeants municipaux, de gouvernements et du secteur privé. Les gens perçoivent l’initiative comme une infrastructure sociale importante pour notre époque, car elle crée des conditions propices à la cohésion sociale et à un transfert de pouvoir. Plusieurs autres communautés songent à adapter l’approche au cours de la prochaine année.

L’inclusion est culturelle et continue • Un des grands constats est que l’inclusion est fondamentalement culturelle. Il ne suffit pas de mettre des mécanismes d’inclusion en place, car chaque contexte est particulier. Les conditions d’inclusion doivent être faites sur mesure et continuellement adaptées et améliorées. Même si nous pouvons apprendre d’idées et d’approches, l’inclusion naîtra toujours de la création de ces conditions avec les communautés.

L’approche est viable, mais non sans défis • En 2020-2021, les restrictions liées à la COVID-19 ont bouleversé une approche reposant fondamentalement sur l’idée de réunir les gens. Les équipes de Canada participatif ont dû s’adapter.

Participatory Canada/Canada participatif. (2021, May 12). [Video] Vimeo. https://vimeo.com/548126695 1

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• Concevoir une plateforme participative est en soi un apprentissage et exige beaucoup de ressources. L’engagement requis en matière de temps pour bien répondre aux besoins de chaque projet dépassait la capacité des trois équipes et ce que l’équipe centrale avait prévu.


Est-ce “le bon moment”, à la suite d’un massacre terrible et au beau milieu de violence envers les pêcheurs mi’kmaw, de nous joindre à Canada participatif à Kjipuktuk/Halifax? Oui, c’est tout à fait le bon moment pour ce projet, car nous devons aller de l’avant avec beauté, respect et amour. » Debbie Eisan, Aînée en résidence, Centre d’amitié autochtone mi’kmaw à Halifax

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Les grandes étapes pour croître et se développer au fil du temps Pour mettre fin à une année d’apprentissage expérientiel, de recherche et de développement, nous avons tenté d’évaluer la demande et les conditions se rapportant au développement de l’approche de Participatory City au Canada. Alors que les trois projets pilotes étaient en cours à Halifax, Montréal et Toronto, nous avons sollicité la participation de leaders éclairés, d’organismes bailleurs de fonds et de partenaires pour voir comment développer la demande et les possibilités, l’architecture d’apprentissage et des occasions de financement originales.

Nous imaginons une approche graduelle sur un an, cinq ans et dix ans au moment de mettre ces éléments cruciaux en place en vue de créer et d’accroître l’ampleur des écosystèmes participatifs pratiques. Chaque phase viserait à : renforcer les capacités des gens, trouver et mobiliser des sources de financement durables, et accroître stratégiquement l’ampleur dans les divers territoires géographiques par l’entremise de relations et de réseaux solides.

Les connaissances ayant découlé de la phase de R et D sociale, et des rassemblements et conversations avec nos partenaires sont venues souligner quelques éléments cruciaux pour développer l’écosystème participatif pratique dans chacune des trois villes, ainsi que dans l’ensemble du pays :

RELATIO COMMUN

Figure 1 : Composantes essentielles de Participatory City

École

ÉCOLE

La mise en œuvre complète de l’approche dans une ville canadienne servira de campus d’apprentissage et de démonstration au pays. Cette école permettra de créer des liens entre les carrefours, de partager des apprentissages et des versions adaptées de l’approche, de développer les compétences des communautés et des équipes locales, et d’appuyer la collecte de données et la mesure de l’impact.

Architecture d’apprentissage Canada participatif doit se concentrer sur des curriculums et des programmes d’apprentissage qui incluront à la fois des expériences expérientielles, immersives et numériques pour renforcer les capacités des partenaires.

Ressources La vision de Canada participatif nécessite des équipes bien formées et des ressources coordonnées durant les phases d’accroissement de l’ampleur, ainsi qu’à l’échelle locale et nationale.

ARCHITECTURE D’APPRENTISSAGE

COORDIN

RESSOURCES

COMMUNI RACONTER DE

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Coordination, relations et communication Une bonne coordination des ressources et des réseaux dans le cadre de la programmation locale et nationale, l’élaboration continue de relations avec des partenaires et militantes et militants, et une gamme d’outils de communication uniques et créatifs sont d’autres éléments qui viendront appuyer la croissance et l’évolution de l’approche de « ville participative ».

ONS ET NICATION

Vision

VISION

NATION

La vision de Canada participatif doit être élaborée conjointement avec les partenaires afin qu’elle soit alignée aux ambitions de chaque ville et communauté.

CONTEXTE

DONNÉES PROBANTES

Contexte Les conditions locales influencent la création d’écosystèmes participatifs pratiques. Les implications financières ont une incidence sur le coût des infrastructures sociales et des actifs clés, tandis que les facteurs sociaux ont un impact sur les types d’activités.

Données probantes De la recherche et des mesures efficaces, ainsi que la collecte de données et d’histoires seront indispensables pour comprendre les résultats, procéder à une amélioration continue et développer une durabilité financière grâce à des analyses de rentabilité efficaces se rapportant aux écosystèmes participatifs pratiques dans les villes.

IQUER ET ES HISTOIRES

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Pourquoi est-ce important et quelle est la suite? Canada participatif a montré qu’il pouvait apporter des changements à l’échelle communautaire capables d’avoir des implications sociales plus grandes. Trois tendances connexes gagnent du terrain lorsqu’il est question de renforcer la résilience, le changement systémique et l’innovation. L’approche participative est en bonne position pour suivre ces tendances. Les voici : 1.

Redéfinir les infrastructures dans le but d’inclure des infrastructures sociales axées sur les lieux afin de pouvoir bâtir des systèmes solides pour relever les défis croissants de notre époque.

2.

Renforcer les capacités collectives afin que nous puissions réfléchir, apprendre et agir ensemble avec sagesse dans le cadre de notre transition vers des communautés équitables neutres en carbone.

3.

Innover en matière de financement pour accorder de la valeur à ce qui compte tout en créant de la richesse communautaire et une économie du bien-être.

Il importe d’intégrer chacune de ces tendances à l’échelle locale pour que les communautés et les résidentes et résidents aient la capacité d’agir et les outils requis pour augmenter leur résilience. Il nous faudra suivre ces tendances ensemble grâce à des systèmes axés sur les lieux pour trouver des idées prêtes à l’investissement à partir d’une base de R et D sociale que les membres de la communauté auront eux-mêmes façonnée. La dernière année a prouvé que l’approche participative donne lieu à un écosystème ouvert et fertile au sein duquel des résidentes et résidents peuvent semer de bonnes idées qui pourront faire l’objet d’un investissement pour croître et prospérer. Et les données probantes de Londres sont claires : l’organisme Participatory City a étendu sa R et D à des incubateurs d’entreprises communautaires, et a aussi permis à des collectifs locaux et des modèles d’affaires coopératifs de se développer. À court terme, et en réponse à une demande de plus en plus grande, les partenaires souhaitent que Canada participatif offre une plateforme de soutien nationale à jusqu’à dix communautés au cours des deux prochaines années. Ils souhaitent également qu’un campus d’apprentissage et de démonstration soit établi dans une ville pour offrir une formation sur le terrain à d’autres communautés. Une architecture d’apprentissage appelée la Here&Now School créera des liens entre les différents nœuds de Canada participatif grâce à des partenariats de recherche et des communautés de pratique. Elle le fera aussi à l’échelle mondiale. L’expérience précoce de placer la réconciliation au cœur du projet à Halifax a contribué à élargir le réseau. L’équipe a utilisé la méthode du « regard des deux yeux » et tenté d’intégrer le concept de vérité et réconciliation dans l’ensemble du projet. Cela est essentiel pour aller de l’avant et bâtir ensemble.

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« Au sein d’une communauté résiliente, les membres entretiennent des relations et se soutiennent, ne laissant personne de côté. En période de difficulté et d’incertitude, les communautés résilientes soutiennent et encouragent les résidentes et résidents, les entreprises locales et les organismes en se réunissant et en partageant leurs compétences, leurs connaissances et leurs ressources pour faire face aux situations changeantes et éprouvantes. » Rapport final de Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax


Principes de conception inclusifs en vue d’une participation pratique • Inviter à créer; ne pas cibler • Encourager une culture accueillante et inclusive • Ouverture complète, aucun stigmate • Bâtir des projets avec tout le monde • Des débutantes et débutants aux expertes et experts • Égalité et respect mutuel • Faire de la promotion directement et efficacement • Introduire ou accompagner • Avantages tangibles pour les gens; avantages immédiats et cumulatifs • Peu de temps et d’engagement • Gratuit ou à faible coût • Simple et direct, facile et pratique • Près et accessible; proche de la maison • Occasions multiples; grande variété • Bienvenue aux enfants Impact et capacité d’agir •

La motivation humaine repose sur la croyance que nous avons la capacité d’agir. Cette dernière renvoie au pouvoir de créer un changement grâce à nos actions. Des gens qui partagent cette croyance représentent le fondement du changement collectif.

Les résultats de Canada participatif montrent qu’encourager la capacité d’agir individuelle, par l’entremise de plateformes inclusives et accessibles permettant la répétition de micro-activités, est une passerelle vers la capacité d’agir collective, qui, à son tour, mène à une transformation de grande envergure. Dit simplement, lorsque des gens prennent part à des activités significatives au sein de leur communauté, non seulement ils se sentent mieux, mais ils développent aussi de la confiance, un esprit communautaire et des réseaux solides. Ils préparent alors le terrain pour une transformation.

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L’approche « Conceptuellement, l’écosystème participatif est un organisme vivant au sein duquel des idées de projets et des activités sont continuellement créées, mises à l’essai, développées, arrêtées, abandonnées ou reproduites. » Y2 Tools to Act

Figure 2 : L’approche de Participatory City

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« Faire revivre la politique de l’ordinaire peut sembler utopique, [...] mais cela se fait déjà en petite partie [au Royaume-Uni]. En effet, des politiciens et politiciennes, ainsi que des organismes caritatifs locaux s’y efforcent dans l’ensemble du pays. L’initiative Every One Every Day, mise en place dans l’arrondissement de Barking and Dagenham à Londres, repose sur la notion que « ce que les gens font ensemble au quotidien compte ». Plus de 2000 bénévoles ont participé à cette initiative dans le cadre de différents projets, par exemple la transformation d’un entrepôt abandonné en atelier muni de machines à coudre et d’équipement de bricolage. » The Economist, Janvier 23, 2021

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3. CONTEXTE

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La création du rapport de la phase de R et D sociale

Glossaire

Le présent rapport sur la phase de R et D sociale comprend des renseignements venant de plusieurs étapes et conversations qui ont eu lieu durant l’année 2020-2021. Il présente notamment :

Approche de l’organisme Participatory City (parfois aussi appelée approche de ville participative, ou approche participative) :

le parcours d’apprentissage de chaque ville, qui s’est terminé par la rédaction du rapport d’évaluation évolutive résumant l’expérience globale vécue à Kjipuktuk-Halifax, Montréal et Toronto;

des suggestions de stratégies et d’idées pour créer une carte routière de l’initiative, qui ont découlé de conversations avec des partenaires actuels et potentiels sur l’apprentissage, l’accroissement de l’ampleur et le financement de l’approche de Canada participatif;

Voir la définition d’écosystème participatif pratique.

Big Teaming Dans le cadre de la structure visant à promouvoir le travail d’équipe, le « Big Teaming » donne l’occasion à tous les membres de l’équipe de se rencontrer régulièrement pour réfléchir et partager et analyser des idées ensemble. Cela crée un espace de planification stratégique et de co-création avec toute l’équipe.

Canada participatif •

les réflexions de l’équipe centrale de Canada participatif au sujet des parcours de création et d’apprentissage avec les équipes locales.

Rapport de la phase de R et D sociale

Un projet collaboratif de la Fondation McConnell et de la Participatory City Foundation qui a été mis sur pied avec le soutien du Programme de préparation à l’investissement d’Emploi et Développement social Canada. Il s’agit d’un projet de R et D sociale qui a pour but de vérifier la faisabilité de l’approche de l’organisme britannique Participatory City au Canada. Canada participatif a collaboré avec des partenaires du pays pour étudier cette approche d’infrastructures sociales en réalisant des projets pilotes sur le terrain à Halifax, Montréal et Toronto.

Capacité d’agir La capacité d’agir sur le plan individuel lorsque les gens croient en leurs capacités d’atteindre un but donné. Celle-ci est enracinée dans la croyance qu’une personne a le pouvoir de changer des choses grâce à ses actions. Lorsqu’il est question d’une capacité d’agir collective, les gens mettent leurs connaissances, leurs compétences et leurs ressources en commun, se soutiennent mutuellement, forment des alliances et collaborent pour accomplir ce qu’ils ne peuvent pas réaliser seuls.

Rapports des villes

Élaboration de la carte routière

Changement systémique

Expériences des villes

Ateliers

Équipe de base

Figure 3: La création du rapport de la phase de R et D sociale

Cela renvoie à une planification et à une conception coopératives, à un apprentissage grâce à des réussites et des échecs, et à la création d’un espace pour co-créer plusieurs petits projets, ou travailler sur des projets d’envergure. C’est l’occasion de créer une économie circulaire et cela exige de co-exister et de créer des liens avec d’autres écosystèmes. Le changement systémique place les résidentes et résidents au cœur du système pour qu’ils puissent s’impliquer de façon autonome dans une gamme diverse de projets et d’occasions de participation.

Co-création Il s’agit d’une méthode pour faire émerger collectivement des idées initiales et mettre en application un savoir partagé dans le cadre d’une approche de pensée créatrice, que ce soit pour un projet, un atelier, une tâche ou une solution à un problème.

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Écosystème participatif pratique Un écosystème participatif pratique prend forme organiquement. Il est imprévisible de nature et enraciné dans la transformation de relations interdépendantes entre plusieurs parties distinctes (de nombreux résidentes et résidents se joignant aux projets ou quittant ces derniers, des projets étant mis sur pied, se développant, étant reproduits ou arrêtés sur une base constante). Des résidentes et résidents travaillent sur des projets quotidiens pratiques qui leur sont utiles. On appelle aussi cela « l’approche de l’organisme Participatory City » ou « l’approche de ville participative ».

Every One Every Day ne initiative de cinq ans qui est née d’un partenariat entre l’organisme britannique Participatory City et le conseil municipal de l’arrondissement de Barking et Dagenham à Londres. C’est le plus grand projet participatif du genre au Royaume-Uni. Il permet aux membres de la communauté de travailler ensemble pour aborder la pauvreté, les inégalités, la solitude et l’isolement (pour en savoir plus, visitez le http://www.participatorycity.org/everyone-every-day). Every One Every Day a inspiré bon nombre de projets communautaires dans le monde et a été adaptée à Halifax, Montréal et Toronto, avec le soutien de l’équipe de programme de Canada participatif.

Here&Now School La nouvelle école de conception et de systèmes participatifs mise sur pied par la Participatory City Foundation pour centraliser la recherche, la création de savoir et les apprentissages. Pour en savoir plus, visitez le http://www.participatorycity.org/herenowschool.

Infrastructures sociales Les commodités, les systèmes, les lieux physiques, les espaces, les plateformes, les services et les organismes accessibles au public qui façonnent les interactions entre les gens et qui peuvent soutenir la vie collective. Elles ont le pouvoir de favoriser les interactions et de permettre aux personnes, familles, groupes ou communautés de répondre à leurs besoins collectifs et sociaux, de maximiser leur potentiel de développement, et d’améliorer la résilience et le bien-être communautaires, aujourd’hui et demain.

Participatory City Foundation Un organisme sans but lucratif effectuant de la recherche sur la participation depuis plus de 10 ans. Il dirige actuellement l’initiative Every One Every Day dans l’arrondissement Barking et Dagenham à Londres au Royaume-Uni, ainsi que la Here & Now School, en plus d’offrir du soutien à des villes de partout au monde. While prototypes and pilots are distinct, in this report, these terms are used interchangeably to refer to the local testing of the Participatory City approach in Kjipuktuk-Halifax, Montreal and Toronto.

Plateforme participative Une plateforme qui appuie tous les autres organismes et qui propose une nouvelle façon de donner aux gens la capacité d’agir pour avoir un impact positif.

Prototype/Prototypage/Projet pilote Le prototypage est une méthode qui consiste à concevoir, tester et améliorer un concept ou une idée à ses débuts, avant d’y consacrer des ressources financières importantes. Un prototype est une représentation physique ou expérientielle d’une idée et de la forme qu’elle pourrait prendre dans le monde réel. Un projet pilote renvoie souvent à la première étape d’un nouveau programme. Contrairement à un test ou une expérimentation (c’est-à-dire un prototype), un projet pilote se déroule en direct, habituellement avec un petit groupe de personnes réelles qui font l’expérience d’un nouveau programme. Bien que prototypes et projets pilotes ne soient pas synonymes, les deux termes sont utilisés de manière interchangeable dans le présent rapport pour faire référence aux essais locaux de l’approche de l’organisme Participatory City à Kjipuktuk-Halifax, Montréal et Toronto.

Tomorrow Today Streets Un projet issu de l’initiative Every One Every Day après l’apparition de la COVID-19. Tomorrow Today Streets offre aux quartiers, aux familles et aux amis la possibilité de démarrer des projets excitants dans leurs propres rues. Il propose 24 trousses pour aider ces derniers à entreprendre des projets qui sont utiles et qui aident à garder contact avec d’autres gens. Pour en savoir plus, visitez le https://www.weareeveryone.org/tomorrowtoday.

Troisièmes lieux ou tiers-lieux Dans la création de communautés, le troisième lieu ou tiers-lieu renvoie au milieu social qui se distingue des deux environnements sociaux habituels représentés par la maison (premier lieu) et le lieu de travail (deuxième lieu). Voici des exemples de tiers-lieu : églises, cafés, bibliothèques publiques, librairies, centres communautaires et parcs. Les tiers-lieux sont indispensables à la vitalité communautaire et la démocratie locale. Le terme « quatrième lieu » est apparu récemment, en partie à cause de la pandémie, pour décrire les environnements numériques intangibles qui ont été des espaces de connexion ou des lieux pour se retrouver en période d’isolement social. »

Tuteurs ou tutrices Ce sont des conceptrices et concepteurs de projet qui connaissent très bien l’approche de l’organisme Participatory City, y compris l’initiative Every One Every Day. Ces personnes aident les villes à mettre en œuvre des projets de quartier en offrant du soutien et du mentorat aux équipes locales.

Vérité et réconciliation Ce terme renvoie à un processus individuel et collectif qui vise à reconnaître l’impact de la colonisation et des politiques coloniales sur les peuples autochtones, notamment les pensionnats indiens créés par le Gouvernement du Canada. En 2008, la Commission de vérité et réconciliation a entrepris de faire connaître notre histoire commune à tous les Canadiens et Canadiennes, en documentant la vérité des personnes survivantes, des familles, des communautés et de tous ceux et celles touchés personnellement par la réalité des pensionnats indiens. La réconciliation consiste à reconstruire et à renouveler les relations entre les peuples autochtones et non autochtones du Canada. Pour en savoir plus sur la Commission de vérité et réconciliation du Canada, visitez son site web : http://www.trc.ca/about-us/faqs.html CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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Les acteurs et actrices * = principal partenaire local

Figure 4 : Carte des villes faisant l’essai de l’approche de Canada participatif

CANADA COLAB Maison de l’innovation sociale (MIS) MaRS Solutions Lab Fondation McConnell Participatory City Foundation Percolab Coop

EDMONTON Ville d’Edmonton Edmonton Federation of Community Leagues

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LAVAL Laval en Transition Ville de Laval

MONTRÉAL L'Arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville *Solon Collectif Ville de Montréal

HALIFAX Community Sector Council of Nova Scotia Develop Nova Scotia Engage Nova Scotia Halifax Regional Municipality Halifax Partnership Inspiring Communities *Centre d’amitié autochtone mi’kmaw United Way Halifax

TORONTO *Centre for Social Innovation Daniels Corporation Mitacs Canada Regent Parks Community Organization Toronto Community Housing Corporation Ville de Toronto

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Écosystème Carte de l’écosystème des relations, des liens et de la portée des réseaux régionaux, national et international de Canada participatif.

Figure 5: Participatory Canada Ecosystem of Relationships

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Jalons de R et D sociale

Halifax

Montréal

Toronto

Canada

2017 2018

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2019

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2020


2021 CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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4. PRÉPARER LE TERRAIN

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Préparer le terrain Nous sommes à la croisée des chemins et confrontés à des enjeux mondiaux interdépendants sans précédent qui incluent les inégalités structurelles, la dégradation de l’environnement et le déclin de la confiance publique. Bon nombre des infrastructures sociales actuellement en place sont dépassées et la pandémie de la COVID-19 est venue mettre en lumière et exacerber les lacunes de ces systèmes.

de personnes. Nous avons besoin d’une plateforme de quartier à grande échelle pour cultiver la capacité d’agir, la curiosité et la volonté de gens de milieux divers, et ce, afin qu’ils puissent échanger, apprendre et partager entre eux. C’est une question de participation et non de prestation de services. Cette plateforme sera une infrastructure sociale conçue à la fois pour notre époque et pour les générations futures.

La résurgence des mouvements de protestation reflète une colère collective face aux élites politiques et économiques. Elle indique également que les gens veulent une capacité d’agir individuelle et collective pour bâtir un avenir meilleur.

Canada participatif et les leçons tirées de sa première année de R et D sociale tracent la voie pour aller de l’avant.

Pour faire face à ces enjeux, nous avons besoin de nouveaux modèles de transition qui nous permettront de changer la culture à long terme et de trouver des moyens originaux de bâtir ensemble des sociétés plus saines. Au Royaume-Uni, l’organisme Participatory City travaille avec des milliers de résidentes et résidents dans l’arrondissement de Barking et Dagenham à Londres pour former des réseaux d’amitiés et co-créer le tout premier écosystème participatif pratique pleinement inclusif de grande taille. En d’autres mots, il conçoit collectivement des espaces et des conditions qui permettent aux résidentes et résidents de travailler côte à côte pour améliorer le sort des gens et de la planète. L’organisme propose une nouvelle trame narrative et un exemple concret qui illustrent ce à quoi la transition peut ressembler à l’échelle des quartiers. C’est une approche qui peut être adaptée à tous les quartiers et communautés. À la lumière du succès, des données probantes et des résultats préliminaires obtenus au Royaume-Uni, la Fondation McConnell et la Participatory City Foundation ont voulu adapter cette approche au Canada, avec le soutien du Programme de préparation à l’investissement d’Emploi et Développement social Canada. Des partenaires à Montréal, Toronto et Halifax ont tenté d’adapter cette approche durable et possiblement transformatrice pour créer des infrastructures sociales locales. D’autres communautés du pays souhaitent désormais mettre à profit l’expérience de ces trois villes pour bâtir une infrastructure sociale participative solide, plusieurs villes ayant été inspirées en cours de route. Canada participatif invite les résidentes et les résidents, ainsi que les quartiers, à faire preuve de créativité pour créer conjointement des projets qui permettent aux gens d’acquérir des compétences, de nouer des relations plus solides, de résoudre des problèmes locaux, de répondre aux besoins locaux et de trouver des solutions communes à certains des plus grands enjeux universels de notre époque. Le but est d’éviter les pièges pouvant nuire à l’efficacité des programmes communautaires en construisant un système qui aura un impact important et durable sur un plus grand nombre

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Alors, comment en sommes-nous arrivés là? Pourquoi la Participatory City Foundation? Pourquoi la Fondation McConnell? Pourquoi Montréal, Toronto et Halifax? La Fondation McConnell est une des plus anciennes fondations philanthropiques au Canada et une des rares au pays ayant une portée pancanadienne qui mène des travaux sur les villes et les communautés. La Fondation a aidé à créer une culture d’innovation sociale et rêve d’une société plus inclusive, novatrice, durable et résiliente. Ses travaux sur les villes sont dirigés par Jayne Engle. Des centaines de partenaires, de collaboratrices et de collaborateurs ont pris part à ces derniers, y compris la Participatory City Foundation fondée par Tessy Britton. Voyant l’inspiration que l’organisme Participatory City a fournie à plusieurs de ses partenaires au Canada et constatant que des organismes et communautés d’ici souhaitaient adapter son approche, la Fondation McConnell a lentement formé un partenariat et une communauté de pratique autour de celle-ci. C’est ce qui a mené à la phase de R et D sociale de la dernière année. La Participatory City Foundation est un organisme de bienfaisance qui se concentre sur les écosystèmes participatifs pratiques. Elle cherche aussi à partager son approche de recherche, d’évaluation et d’apprentissage mondialement par l’entremise de la Here&Now School of Participatory Systems and Design. Son projet porteétendard appelé Every One Every Day renvoie à un réseau de vitrines et d’espaces de création dans l’arrondissement de Barking et Dagenham à Londres. Il repose sur 11 ans de recherche et de développement, ainsi que sur la publication de livres et de rapports, y compris Designed to Scale, Made to Measure et Tools to Act. Ces années d’apprentissage et de résultats prouvés ont fait de l’équipe de la Participatory City Foundation un chef de file en matière de création de nouveaux systèmes pour la vie quotidienne, en faisant appel à la créativité de tout le monde, en redéfinissant notre manière de vivre ensemble et en changeant pour toujours la façon dont les résidentes et résidents de l’arrondissement vivent, travaillent et s’amusent ensemble.


La vision « Et si nous osions autochtoniser la construction des villes modernes, intégrer des systèmes de savoirs autochtones et les placer au cœur de la transformation des liens et des relations entre les gens? » Melanie Sack, Centre d’amitié autochtone mi’kmaw, participante au Camp Participatory City sur l’île Wasan en 2019

La connaissance des écosystèmes participatifs pratiques de la Participatory City Foundation, combinée au vaste réseau d’agentes et agents de changement et de leaders sectoriels de la Fondation McConnell ont donné naissance à un partenariat enraciné dans la mobilisation et le savoir local. Même dans le protocole d’entente, nous savions au sein de la Fondation que nous embarquions dans un partenariat d’un autre genre, où il ne s’agit pas d’une relation entre un organisme qui offre du financement et un organisme qui le reçoit, mais plutôt d’un travail d’équipe réel exigeant des relations de travail intimes à toutes les étapes, de la planification d’un calendrier à la prise de décisions importantes. La Fondation McConnell, la Participatory City Foundation, la Maison de l’innovation sociale (MIS) et MaRS Solutions Lab ont animé conjointement le Camp Participatory City sur l’île Wasan en Ontario en juillet 2019. Celui-ci rassemblait des urbanistes et des spécialistes de l’innovation civique du Canada et d’ailleurs. Il s’est avéré être un moment central du parcours de Canada participatif, marquant le début d’une stratégie et d’un partenariat pancanadiens ayant éventuellement mené à la phase de R et D sociale en 2020. Les personnes présentes ont pu explorer comment bâtir, développer et financer le modèle londonien au sein de communautés canadiennes. Elles ont également dressé une liste de principes clés pour catalyser la phase de R et D sociale :

• Intégrer la réconciliation à l’approche pancanadienne Les communautés autochtones doivent prendre part de façon significative au processus de conception de Canada participatif. • Permettre la participation de tout le monde, tous les jours pour aborder les nombreux enjeux interdépendants qui touchent nos communautés. • Concevoir et intégrer la plateforme comme un écosystème vivant. • Songer à offrir du soutien à des projets en dehors des lieux cibles. Établir des liens avec des résidentes et résidents qui ne vivent pas là où les interventions ont lieu pour mieux tenir compte de leurs besoins au moment de concevoir le modèle.

• Bâtir des partenariats novateurs avec des gouvernements pour faire progresser les innovations institutionnelles et réglementaires. • Établir des liens entre les établissements universitaires et les espaces civiques au sein de l’écosystème participatif. • Fournir une plateforme quotidienne aux résidentes et résidents pour faire l’essai et accroître l’ampleur d’idées visant à résoudre des problèmes sociaux. • Cartographier les suspects habituels et inhabituels pour les inviter à faire partie de ce mouvement de changement transformateur.

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Aperçu des trois projets pilotes On trouve dans la présente section le contexte et l’histoire de l’initiative dans chacune des villes, comment les équipes se sont formées, ainsi que le calendrier et la description de chaque projet pilote.

Halifax Every One Every Day Kjipuktuk Kjipuktuk (Halifax), Nova Scotia Grâce au projet Wije’winen (« Venez avec nous »), le Centre d’amitié autochtone de Mi’kmaw honore la contribution des communautés autochtones et non autochtones à l’histoire et la culture de la région. Il invite tous les citoyens et citoyennes à collaborer de manière significative à des projets qui aident à bâtir une communauté de plus en plus saine, dynamique et inclusive.

Montréal Notre voisinage Ahuntsic-Cartierville, Montréal, Québec Grâce au projet Notre voisinage, Solon crée de nouveaux réseaux d’engagement avec les résidentes et résidents de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville. Diverses activités par temps froid adaptées au contexte de la COVID réunissent des gens du voisinage alors qu’ils organisent ensemble des projets communautaires.

Toronto Our Neighbourhood Regent Park, Toronto, Ontario Dans le quartier Regent Park de Toronto, l’incubateur « Our Neighbourhood », qui est géré par le Centre for Social Innovation, crée des liens entre des personnes venant de situations socio- économiques diverses.

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Figure 6 : Villes pilotes de Canada participatif

HALIFAX

MONTRÉAL MONTREAL TORONTO

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Halifax Le quartier North End à Kjipuktuk (Halifax) Quelques partenaires locaux, notamment COLAB, Develop Nova Scotia, le Centre d’amitié autochtone mi’kmaw et la Municipalité régionale de Halifax, ont fait équipe et participé au Camp Participatory City sur l’île Wasan. Certains d’entre eux suivaient les travaux de la Participatory City Foundation à Londres depuis des années. Lors du camp en 2019, ils ont convenu qu’il serait crucial de former une équipe de projet à un endroit précis pour créer un partenariat de plus grande envergure avec des groupes locaux dans le cadre de Halifax participatif. Voici les éléments qu’ils ont mis de l’avant à cette occasion : • Durant les 18 premiers mois, l’équipe de Halifax s’efforcerait de solliciter la participation d’organismes et de résidentes et résidents pour planifier et concevoir conjointement un projet pilote qui deviendrait éventuellement la plateforme participative. • Une phase initiale de R et D sociale aurait lieu avant l’élaboration même du projet pilote et celle-ci serait faite avec le Centre d’amitié autochtone mi’kmaw et d’autres organismes partenaires. • Les données recueillies durant cette phase serviraient à montrer la nécessité d’appuyer les prochaines phases de l’initiative. Des itérations seraient alors réalisées dans des vitrines physiques. • Des énoncés clairs seraient indispensables pour bâtir le modèle financier de Halifax participatif afin d’amener d’autres organismes bailleurs de fonds à saisir le caractère unique de leur engagement et à voir Halifax participatif comme un écosystème vivant plutôt qu’un projet.

Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax L’initiative Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax est dirigée par le Centre d’amitié autochtone mi’kmaw et soutenue par un groupe stratégique formé de partenaires locaux, y compris Crown corporation Develop Nova Scotia (co-bailleur de fonds), Inspiring Communities, United Way Halifax (co-bailleur de fonds), Engage Nova Scotia, Community Sector Council of Nova Scotia et la Municipalité régionale de Halifax.

Membres de l’équipe Les membres de l’équipe de projet sont : • Aimee Gasparetto, directrice de programme • Frances Palliser-Nicholas, conceptrice de projet • Tammy Mudge, responsable de l’évaluation • Cynthia Maclean, coordinatrice du carrefour de quartier Celles-ci ont profité du soutien de l’Aînée Debbie Eisan du Centre d’amitié autochtone mi’kmaw.

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Vision L’initiative a pour but de faire naître de nouveaux liens et de nouvelles amitiés grâce à une participation quotidienne à des activités utiles et agréables, qui, pour la plupart, peuvent rendre la vie plus facile et qui, dans l’ensemble, favorisent un sentiment d’unité. À Kjipuktuk (Halifax), cette vision prend la forme d’une plateforme de réconciliation permettant aux gens d’en apprendre plus sur la culture et l’histoire autochtones, mais aussi de partager au-delà des cultures et d’acquérir une nouvelle compréhension de l’autre et des lieux que nous considérons comme chez nous. Plaçant la réconciliation au cœur de ses priorités et se voulant inclusive pour tout le monde, l’initiative veut devenir une plateforme communautaire qui fera partie de la nouvelle installation du Centre d’amitié autochtone mi’kmaw, celle-ci étant actuellement à l’étape de financement avec le gouvernement et des partenaires philanthropiques. Le Centre a mis sur pied une campagne intitulée Wije’winen, qui veut dire Venez avec nous, en parallèle à ses plans de déménagement, et ce, pour mieux refléter l’aventure que le centre souhaite vivre avec l’ensemble de la communauté. Ce terme a été proposé par des Aînés et des Aînées, et se veut une invitation bienveillante pour aller de l’avant ensemble.

Contexte du quartier Le projet pilote a été mis sur pied dans le quartier North End de Kjipuktuk-Halifax, là où se trouve le Centre d’amitié autochtone mi’kmaw. Cette partie de la ville est multiculturelle et revêt une signification historique et actuelle pour les communautés autochtones de Kjipuktuk-Halifax et les communautés africaines de la Nouvelle-Écosse. La vaste majorité des logements (92 %) dans le quartier sont des unités locatives ou des logements sociaux. Bien que la vie communautaire demeure dynamique et que de nombreux organismes locaux offrent du soutien aux résidentes et résidents, le North End a fait face à de nouveaux problèmes au cours des dernières années, comme l’embourgeoisement et le déplacement.

Approche du prototype Après des mois de conversations et après avoir établi des partenariats, une équipe de projet à temps plein a été mise sur pied et la planification du projet pilote a pu commencer en septembre 2020. L’équipe a livré une programmation de printemps, de mars à avril 2021. Celle-ci avait été co-créée avec des résidentes et résidents du quartier, et le personnel du Centre d’amitié autochtone mi’kmaw. Contrairement à Montréal et Toronto, Kjipuktuk (Halifax) a conçu son projet pilote en s’inspirant de l’initiative Every One Every Day réalisée à Londres au RoyaumeUni, plutôt qu’en adaptant le modèle Tomorrow Today Streets, puisque la situation liée à la COVID-19 était différente en NouvelleÉcosse.


« Même si nous sommes très près les uns des autres, il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas à propos des uns et des autres. » Tony Thomas, président du conseil d’administration du Centre d’amitié autochtone mi’kmawr

Dans l’ensemble, le projet pilote a réuni 167 personnes (bien que beaucoup d’autres étaient inscrites sur des listes d’attente), proposé 33 ateliers facilités par 26 animatrices et animateurs provenant de la communauté, et distribué 28 trousses « At Home With Us ». Voici certains des ateliers proposés : • Talk with Us • Create with Us • Cook with Us • Move with Us • Make with Us • Build with Us • Learn with Us • At Home with Us

Contexte local relatif à la COVID-19 Halifax a profité de la « bulle atlantique » qui entourait la région, des mesures strictes décourageant les déplacements interprovinciaux. Cela a permis à la vie de suivre son cours plus ou moins normalement en respectant certains protocoles de sécurité. Sauf pour deux semaines en mars 2021 lorsqu’une petite éclosion a mené à un confinement plus strict et que la programmation a dû être transférée en ligne, la plupart des activités ont pu se dérouler en personne. Les résidentes et résidents ont eu accès aux espaces physiques au Centre d’amitié autochtone mi’kmaw et dans les centres communautaires des environs. Cette composante « en personne » est cruciale à l’approche participative. Pour en savoir plus sur ce projet pilote, reportez-vous à la page 114 du rapport final de Halifax.

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Montréal Ahuntsic-Cartierville, Montréal Plusieurs conversations ont porté sur l’approche participative (c’est-à-dire l’approche de l’organisme Participatory City) à Montréal au cours des dernières années à la suite de demandes de la part de partenaires locaux, notamment le Centre d’écologie urbaine de Montréal, Lande, la Table de quartier du CentreSud, la Ville de Montréal, la Maison de l’innovation sociale, la Pépinière, Solon, Art Hives, Exeko, Percolab, Sacred Fire Productions et Entremise. L’atelier sur l’approche de Participatory City présenté à Montréal en 2018 par Tessy Britton était l’une de ces conversations et a permis de clarifier l’importance de l’inclusion, de l’égalité et du leadership pour élaborer une vision de communautés participatives. Ce sont les grands éléments qui sont ressortis de ces conversations qui ont guidé la mise sur pied de l’initiative à Montréal : • Si une société peut être construite sur des principes d’exclusion et d’inégalité, alors elle peut aussi l’être sur des principes d’inclusion et d’égalité. • Il faut beaucoup de leadership pour créer un tel changement, non seulement grâce à du courage individuel, mais aussi un leadership éclairé qui résiste à l’épreuve du temps. • Nous devons développer nos travaux à partir de ceux des autres et puiser dans le savoir que nous avons acquis collectivement en examinant comment les gens fonctionnent et apprennent, ce dont ils ont besoin et comment ils peuvent s’organiser.

quartier ont fondé Solon dans le but de travailler ensemble pour améliorer leur milieu de vie et participer à la lutte aux changements climatiques. Solon est un organisme communautaire qui souhaite une transition écologique grâce à une mobilisation au sein des quartiers. Ses racines renvoient à l’idée des quartiers en transition. Son siège social est situé dans l’arrondissement Rosemont à Montréal et il a, depuis ses modestes débuts, mis sur pied plusieurs projets phares, y compris Locomotion (partage d’autos, de vélos et de remorques à vélos entre gens du voisinage), Celsius (un projet de géothermie partagée) et Lab transition. Le Défi des villes intelligentes de la Ville de Montréal unit tous ces projets et Notre voisinage vient compléter son mandat et ses travaux

Membres de l’équipe • Wissam Yassine - Accompagnement de projets | lab Transition • Maude Lapointe - Coordination, Ahuntsic-Cartierville • Chloé Dodinot - Coordination, Rosemont-La Petite-Patrie • Bertrand Fouss - Développement et partenariats • Karine Théorêt - Mobilisation, Ahuntsic-Cartierville • Eva Dominguez-Painchaud - Mobilisation et Inclusion • Magalie Paquet - Communication participative et soutien aux projets • Alix Ruhlmann - Mobilisation, Ahuntsic-Cartierville

Contexte du quartier Lors du Camp Participatory City sur l’île Wasan en 2019, des partenaires ont réfléchi à ces éléments et à d’autres aspects préliminaires pour trouver comment tester le concept de Canada participatif à Montréal. Parmi ceux-ci, on trouvait entre autres la Maison de l’innovation sociale, la Ville de Montréal, Percolab, Sacred Fire Productions, la Pépinière, Centraide du Grand Montréal et Les Interstices. Ils ont alors imaginé une vision qu’ils ont appelée « Ville de villages ». Celle-ci renvoyait à une trame narrative mobilisatrice, centrée sur la diversité, mettant la vie de quartier au cœur de l’urbanisme et positionnant Montréal à la croisée de l’inclusion et de la participation pour venir amplifier le prototype montréalais. Celui-ci serait caractérisé par deux éléments fondamentaux : • La reconnaissance du savoir et des relations que les groupes locaux ont cultivés au fil du temps avec les résidentes et résidents, et ce, en vue de trouver des moyens de les impliquer adéquatement dans l’écosystème plus vaste. • La mise à profit et l’avancement de l’approche participative montréalaise en se servant de compétences et de principes de conception inclusifs, et en élaborant une vision d’impact axée sur la régénération des terres, des communautés et des personnes. Ces différents principes, éléments et conversations ont continué d’évoluer pour éventuellement mener à un petit projet de démonstration dirigé par Solon collectif. Notre voisinage est le nom du projet pilote de Canada participatif dirigé par Solon collectif à Montréal. En 2015, des gens d’un même

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Solon n’avait jamais travaillé dans l’arrondissement d’AhuntsicCartierville. Il a néanmoins débuté le projet Notre voisinage à l’automne 2020 pour y faire l’essai d’un écosystème participatif pratique vu l’intérêt de l’arrondissement et la relation que l’organisme entretenait avec celui-ci et la communauté. Cela s’est aussi fait à la suite de plusieurs mois de planification et d’établissement de partenariats. Le projet pilote se concentrait dans une zone précise de la partie ouest de l’arrondissement qui comprend trois rues et points d’intérêt : la Terrasse Fleury, la Place Meilleur et le HLM MeunierTolhurst. Tolhurst-St-Benoît est le nom du quartier, qui est multiculturel et varié sur le plan socio-économique. Les données démographiques du quartier ont considérablement changé au fil des ans avec la venue de nouveaux arrivants et arrivantes, et de personnes réfugiées. L’administration de l’arrondissement et les partenaires locaux n’ont pas cessé de souligner les besoins et défis particuliers du quartier, par exemple des obstacles de langue et un manque de ressources et d’espaces pour une programmation communautaire.

Contexte local relatif à la COVID-19 Vu le nombre élevé de cas de COVID-19 dans le quartier et les mesures de confinement en place au Québec, le prototype a été conçu sous forme de plateforme en ligne. L’équipe est malgré tout entrée en contact avec divers établissements locaux au début de sa programmation, par exemple l’école et l’église du quartier. Le projet pilote a été inauguré au début du mois de janvier 2021.


« Je suis impressionné par l’approche de Canada participatif, qui consiste à solliciter la participationd’acteurs et d’actrices locaux pour concevoir conjointement des projets, ces derniers étant faits paret pour les gens. Il est indispensable de s’éloigner d’une approche descendante axée sur des serviceset de mettre sur pied des initiatives participatives et collectives pour impliquer les citoyens etcitoyennes, et s’attaquer à des enjeux fondamentaux. » Azzedine Achour ancien gestionnaire de Solidarité Ahuntsic, Montréal

Approche du prototype Pendant des mois, l’équipe de Solon (composée de personnel à temps partiel qui travaille également sur d’autres projets du collectif) a sollicité la participation de résidentes et résidents, et de partenaires locaux pour co-créer la programmation d’hiver et de printemps. Celle-ci incluait des trousses de démarrage qui encourageait les gens à participer à partir de leur maison, tout en créant des liens avec d’autres dans le cadre d’ateliers virtuels. Des résidentes et résidents, des organismes locaux et des partenaires communautaires ont collaboré à la création des trousses et à l’animation des ateliers.

Entre février et avril 2021, l’équipe a livré 66 trousses et 178 résidentes et résidents ont pris part à neuf projets : • Notre voisinage s’amuse • Notre voisinage s’inscrit • Notre voisinage partage • Notre voisinage raconte • Notre voisinage fait du pain • Notre voisinage fait du vélo • Notre voisinage raccommode • Notre voisinage fleurit et bourdonne • Notre voisinage abrite les oiseaux Ce projet pilote ressemble beaucoup au projet Our Neighbourhood à Toronto (voir la partie qui suit). Tous les deux sont inspirés de Tomorrow Today Street, le modèle adapté à la pandémie de la plateforme participative à Londres. Pour en apprendre plus sur ce prototype, reportez-vous à la page 144 du rapport final de Montréal.

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Toronto Regent Park, Toronto

• Kim Slater - évaluation • Thomas Linder - recherche • Bria Hamilton - recherche

Le Centre for Social Innovation et son organisme parent, Innovation sociale Canada, animent un réseau national d’innovatrices et d’innovateurs sociaux, d’entrepreneuses et entrepreneurs, et de praticiennes et praticiens du domaine de la R et D sociale. Le Centre for Social Innovation était présent à la retraite de planification stratégique du Camp Participatory City à l’île Wasan, qui a inspiré Canada participatif à Toronto. Les conversations se sont poursuivies après le camp dans le cadre d’un dialogue sur la richesse communautaire avec la Fondation McConnell et plusieurs partenaires locaux et étrangers, y compris la Ville de Toronto, Dark Matter Labs, Daniels Corporation et la Toronto Community Housing Corporation. Depuis presque 20 ans, le Centre for Social Innovation s’efforce de bâtir un vaste réseau de partenaires, de collaboratrices et collaborateurs, de membres et de bailleuses et bailleurs de fonds à Toronto. Il accélère la réussite de ses membres et amplifie leur impact. Comme d’autres de ses emplacements, l’installation du centre dans Regent Park a commencé par un groupe de gens qui se sont réunis pour partager un espace de travail. Après une discussion réfléchie et délibérée, ils se sont transformés en une communauté cohésive. Le Centre for Social Innovation a vu Canada participatif comme un moyen important d’animer et de soutenir le quartier en dehors de ses murs.

L’équipe Le Centre for Social Innovation (CSI) a dirigé le projet pilote de Canada participatif dans le quartier Regent Park de Toronto. Appelé Our Neighbourhood, celui-ci faisait partie de l’initiative de recherche Every One Every Day : TO, réalisée avec le soutien de Mitacs Canada. Cette dernière s’inscrit dans la vision de richesse communautaire du Centre, qui consiste à bâtir des écosystèmes participatifs, régénérateurs et durables au sein des communautés. Comptant plusieurs emplacements à Toronto, le Centre for Social Innovation a été le premier espace de co-travail au Canada il y a 15 ans. Il s’est depuis étendu au-delà de la ville pour former un écosystème et une communauté d’innovatrices et d’innovateurs sociaux. La communauté locale a accès à l’installation dans Regent Park, non seulement en tant qu’espace de co-travail, mais aussi comme carrefour communautaire, incubateur d’entreprises sociales et laboratoire d’innovation et d’accélération.

Membres de l’équipe • Denise Soueidan-O’Leary – directrice de programme • Andrea Nemtin – marraine du projet • Tonya Surman – présidente et directrice générale du CSI • Shona Fulcher – directrice communautaire, CSI • Lisa Amerongen – communications • Yuliya Tsoy - conceptrice

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• Averey Bet-Payumo – stagiaire étudiant • Sofia Lydiatt – stagiaire étudiante

Vision L’équipe a imaginé que l’initiative Every One Every Day apporterait une transformation dans le quartier Regent Park. En plus de renforcer la cohésion sociale durant la pandémie, elle offrirait un nouveau modèle pour que les groupes communautaires et la Municipalité puissent interagir avec les résidentes et résidents. Ce modèle serait axé sur la capacité d’agir individuelle, le capital social communautaire et des processus collaboratifs au sein desquels le pouvoir décisionnel serait partagé avec la communauté.

Contexte du quartier Le quartier Regent Park se transforme rapidement. Historiquement, c’est une des plus importantes communautés de logements sociaux au Canada. Au cours des dernières années, la financialisation du logement, la précarité des emplois et une économie en transformation sont venus accroître les écarts en matière de revenu à Toronto. Ces inégalités socio-économiques sont très visibles dans le quartier de logements sociaux de Regent Park. Les projets de réaménagement ont fait passer Regent Park d’un quartier à faible revenu à un quartier à revenu mixte, transformant le tissu social de la communauté, et mettant en lumière la difficulté d’intégrer les plus de 10 000 résidentes et résidents qui habitent des logements subventionnés et ceux et celles qui habitent des logements correspondant à la valeur du marché.

Contexte local relatif à la COVID-19 Durant la pandémie, presque toute la programmation a été transférée en ligne et l’organisme a fermé les portes de son établissement de longue date à Regent Park. En 2021, le Centre for Social Innovation et le projet Our Neighbourhood ouvriront un nouvel espace dans Artscape, qui fait partie du bâtiment Daniels Spectrum, avec la Toronto Community Housing Corporation.

Approche du prototype Le projet Our Neighborhood s’est inspiré du modèle Tomorrow Today Streets mis en œuvre à Londres pour encourager la participation durant la pandémie. L’équipe de projet a fourni des trousses de démarrage à des résidentes et résidents afin qu’ils puissent commencer des projets à la maison et dans la rue avec d’autres gens du voisinage. Des ateliers virtuels animés par des résidentes et résidents, ainsi que par des entreprises sociales et des partenaires locaux membres de la communauté du CSI sont venus s’ajouter aux trousses (Just Vertical, Paint Box, Green Thumbs Growing Kids, Art Heart, Regent Park Social, Fondation David Suzuki).


« Je souhaite vraiment m’impliquer dans le quartier et rencontrer d’autres gens du voisinage. J’adore l’idée de ces ateliers. » Participant EOED

Le prototype visait initialement deux quartiers aux prises avec des enjeux similaires : Regent Park et Alexandra Park. À la suite de discussions avec des partenaires et des gens de ces quartiers, le CSI a décidé de concentrer ses travaux dans Regent Park vu les relations, les ressources et les réseaux sur lesquels il pouvait compter dans ce quartier. Les leçons tirées du projet pilote pourront venir éclairer des projets dans Alexandra Park et d’autres quartiers de Toronto. L’état de préparation de l’équipe et de la communauté a amené le CSI a lancé la phase 1 du projet Our Neighbourhood en octobre 2020. Ce fut le premier prototype à être mis en place. La phase 2 était prévue à l’hiver et au printemps 2021, et incluait de plus grandes trousses et plusieurs ménages travaillant ensemble. Toutefois, vu la montée fulgurante du nombre de cas de COVID-19 en Ontario, l’équipe de projet a dû s’adapter aux mesures de confinement. La phase 2 a été reportée et incluait moins d’activités ainsi qu’une programmation réduite.

En tout, 100 résidentes et résidents ont participé à plus de 25 ateliers durant la phase 1 (octobre-novembre 2020), et ce, dans le cadre de six projets : • Our Neighbourhood Paints • Our Neighbourhood Grows • Our Neighbourhood Explores • Our Neighbourhood Cooks • Our Neighbourhood Plants • Our Neighbourhood Learns Pour la phase 2 (mars-avril 2021), plus de 30 résidentes et résidents ont pris part à quatre projets : • Our Neighbourhood Pollinates • Our Neighbourhood Reads • Our Neighbourhood Blooms • Our Neighbourhood Stories Pour en apprendre plus sur ce prototype, reportez-vous à la page 188 du rapport final de Toronto.

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Écosystème participatif pratique Figure 7 : Écosystème participatif pratique

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5. RAPPORT D’ÉVALUATION DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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Introduction à l’évaluation Rapport d’évaluation de recherche et développement sociale La phase de recherche et développement sociale de Canada participatif vise à savoir si l’approche de ville participative est faisable et viable, et si elle a le potentiel de créer de la valeur pour l’ensemble des résidentes et des résidents d’une communauté ou d’un quartier. Après une première année de recherche et développement sociale, nous sommes en voie de répondre aux questions suivantes : Dans quelle mesure l’approche de ville participative est-elle faisable, viable et désirable? Cette approche a-t-elle le potentiel de créer de la valeur pour l’ensemble des résidentes et des résidents des communautés au Canada?

Pour accroître l’ampleur de Canada participatif, notre stratégie a consisté à établir un partenariat avec trois équipes des villes et à les soutenir afin de tester l’approche de ville participative. En plus du financement, ces équipes se sont vu offrir des ressources d’apprentissage et de perfectionnement ainsi que des occasions d’acquérir de l’expérience pratique et de se faire accompagner. Ainsi, nous avons appris ce qui convient ou non pour créer les conditions idéales à la mise en œuvre de l’approche

« Pour les organismes, l’accroissement de l’ampleur pourrait être encore plus difficile que l’innovation, car de nombreux éléments qui contribuent à la réussite de leurs efforts échappent à leur contrôle. » (Seelos & Mair, 2018, p. 228)

Questions directrices pour l’évaluation de recherche et développement sociale Ce rapport présente nos apprentissages de la première année de recherche et développement sociale. Nous nous sommes posé les questions suivantes :

Dans quelle mesure l’approche de ville participative est-elle faisable, viable et désirable? Cette approche a-t-elle le potentiel de créer de la valeur pour l’ensemble des résidentes et des résidents des communautés au Canada? Nous avons par la suite été amenés à formuler quatre principales questions de recherche pour chaque prototype :

1. Faisabilité Dans quelle mesure est-il possible et désirable de créer un écosystème de projets participatifs et une plateforme de soutien efficace?

2. Inclusivité Dans quelle mesure est-il possible de créer un écosystème de projets participatifs qui inclut l’ensemble des résidentes et des résidents d’un quartier?

3. Création de valeur Dans quelle mesure cette approche visant à favoriser la participation permettra-t-elle de créer de la valeur à l’échelle individuelle pour les membres de la communauté et pour les quartiers?

4. Viabilité Dans quelle mesure ce programme est-il susceptible d’être viable dans le contexte économique, politique et social actuel?

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Adaptations de l’évaluation

Adoption d’une approche d’évaluation évolutive

Pour la première année de recherche et développement sociale, les équipes qui souhaitaient adapter l’approche de ville participative à un quartier de leur ville ont reçu du soutien. Au printemps 2019, des prototypes ont été soumis pour les quartiers Regent Park, à Toronto, North End, à Kjipuktuk-Halifax et Tolhurst/ Saint-Benoît, à Montréal. Au Royaume-Uni, la Participatory City Foundation s’est concentrée sur la réalisation d’une expérience unique dans l’arrondissement de Barking et Dagenham, à Londres, tandis qu’au Canada, des prototypes ont été déployés dans divers contextes culturels. L’évaluation de ces prototypes a évolué au fil de leur adaptation aux quartiers selon l’approche de ville participative.

Un cadre d’évaluation évolutive a servi à orienter la stratégie connexe en mettant l’accent sur l’importance des données provenant des expériences pratiques et immersives pour élaborer une approche et une méthodologie. Voici une description de l’évaluation évolutive selon Patton (2006) :

L’adaptation de l’approche de ville participative à de nouveaux contextes est essentielle à sa réussite, tout comme l’adaptation de son évaluation. La manière dont chaque prototype s’est concrétisé ainsi que leur mise en œuvre et la valeur qui en a résulté sont largement dus au travail des différents membres de l’équipe et de la communauté. Au bout du compte, il est nécessaire de relever et d’évaluer les résultats dans le contexte propre à chaque lieu.

« L’évaluation évolutive favorise l’innovation pour orienter l’adaptation à des réalités émergentes et dynamiques dans des environnements complexes. Elle vise en outre à examiner et à expliquer ce qui émerge dans des conditions complexes ainsi qu’à documenter et à interpréter la dynamique, les interactions et les interdépendances qui se manifestent au fil du déploiement des innovations1. »

Différents niveaux d’expérience, d’expertise et de capacité en matière d’évaluation

Méthodologie

Chaque équipe évoluait dans différents contextes organisationnels et structures, avec sa propre expérience de l’évaluation évolutive.

Le présent rapport fait une synthèse de l’évaluation réalisée par les trois équipes responsables de la mise en œuvre des prototypes pour permettre aux lectrices et aux lecteurs d’avoir une compréhension approfondie de la faisabilité, de la création de valeur, de l’inclusivité et de la viabilité de l’approche de ville participative en contexte canadien.

L’équipe de Regent Park, à Toronto, était formée de chercheuses et de chercheurs externes dans le cadre d’un partenariat avec Mitacs Canada. Dans ce cas, des chercheuses et des chercheurs hautement qualifiés ayant un contrat de travail à court terme travaillaient parallèlement à la mise en œuvre du prototype dans le quartier.

En outre, ce rapport vise à fournir les leçons apprises par l’équipe centrale de Canada participatif dans son rôle de partenaire d’apprentissage et de co-création de prototypes avec les équipes locales. Cette équipe centrale était formée de membres de la Fondation McConnell, de la Participatory City Foundation et de COLAB, qui a rédigé le présent rapport d’évaluation évolutive.

L’équipe de Montréal a quant à elle adopté une approche intégrée dans le cadre de laquelle l’équipe de mise en œuvre a également mené l’évaluation. Elle a notamment effectué la collecte et l’analyse de données ainsi que l’interprétation contextuelle. Il s’agissait d’un nouveau processus pour cette équipe, qui ne connaissait pas bien l’évaluation évolutive.

L’approche et la méthodologie de recherche utilisées pour chaque prototype étaient axées sur différentes formes d’évaluation par les résidentes et les résidents ainsi que des observations et des réflexions en équipe. L’évaluation par les résidentes et les résidents comprenait une mesure quantitative des résultats directs et immédiats durant les séances et les ateliers individuels ainsi qu’une mesure qualitative des avantages relevés pendant la participation. Dans le cadre de l’évaluation, chaque équipe responsable de la mise en œuvre des prototypes ayant participé aux conversations en vue de l’évaluation évolutive a également dû fournir des leçons apprises, tant à l’interne qu’avec les membres de l’équipe de Canada participatif.

Du côté de Kjipuktuk-Halifax, l’équipe était constituée de personnes de différents organismes et était hébergée au Centre d’amitié autochtone mi’kmaw. La personne en charge de l’évaluation était membre de l’organisme partenaire local Inspiring Communities, un groupe doté d’une solide expérience en évaluation évolutive, et faisait partie intégrante de l’équipe, en plus de participer à la mise en œuvre du prototype. L’évaluation a été rendue possible grâce aux contributions importantes des équipes de Kjipuktuk-Halifax, de Montréal et de Toronto. Nous remercions l’ensemble des membres de ces équipes.

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Patton, M. Q. (2006). Evaluation for the way we work. The Nonprofit Quarterly. vol. 13(1), 28-33.


CONCLUSION PRINCIPALE 1 :

FAISABILITÉ Question de recherche

Dans quelle mesure est-il possible et désirable de créer un écosystème de projets participatifs et une plateforme de soutien efficace? Conclusion principale pour la première année de recherche et développement sociale : Les conclusions de la première année de recherche et développement sociale indiquent de manière convaincante que l’approche de ville participative pour favoriser la participation à grande échelle est faisable, adaptable et désirable dans de nombreux contextes canadiens.

Leçon 1

L’approche de ville participative est grandement adaptative Leçon 2

L’approche de ville participative peut servir de plateforme de vérité et de réconciliation Leçon 3

L’accompagnement est essentiel à l’apprentissage de l’approche Leçon 4

Les membres de la communauté souhaitent que l’approche se perpétue Insight 5

La demande institutionnelle et organisationnelle est en croissance CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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LEÇON 1

L’approche de ville participative est grandement adaptative Dans le cadre de cette évaluation, les prototypes ont montré que l’approche de ville participative peut être adaptée de façon détaillée à différents contextes et à plusieurs conditions tout en continuant d’évoluer pour s’améliorer en cours de route. Chaque prototype intégrait des éléments et des principes de base de l’approche globale, en plus d’être pertinent pour les populations et les contextes locaux. La capacité de s’adapter au contexte local est essentielle au succès de l’approche de ville participative, tout comme la soif de formation et d’apprentissage continu des membres. Le fait que ces deux éléments se soient dégagés très clairement des trois prototypes exprime bien le potentiel d’accroissement de l’ampleur de l’approche

n’ont pas seulement reproduit un modèle du Royaume-Uni, mais ont procédé à un important apprentissage itératif et participé activement au processus d’élaboration. Au fur et à mesure que l’approche progresse, nous pouvons nous attendre à ce qu’elle s’améliore et se développe pour répondre aux réalités de nos communautés. Le partenariat entre Canada participatif et les équipes locales a facilité la gestion des difficultés liées à la mise en œuvre et à l’adaptation de l’approche, tout en favorisant l’apprentissage pour l’ensemble des participantes et des participants. Bien que cet apprentissage ait été essentiel à la prestation des programmes, il n’a pas forcément été facile. Une relation productive axée sur l’ouverture, la patience et la confiance était nécessaire pour que les équipes locales et Canada participatif puissent passer de la théorie à la pratique et appliquer l’approche à leur situation actuelle. Dans les trois villes, les équipes ont rapidement adapté l’approche de deux manières : d’abord en ajustant l’approche au contexte local, puis en redéfinissant leur rôle pour répondre aux changements liés à la pandémie de COVID-19. Pour mieux comprendre ces dynamiques, nous présenterons chaque équipe en détail.

Communications

Espace

PROJETS MENÉS PAR DES RÉSIDENTS

Pratiques sociales

Données

Réseaux et ressources

Figure 8 - Les ingrédients clés de l’approche Participatory City Les résultats de cette année de recherche et développement permettent de réaffirmer la stratégie de partenariat avec les organismes locaux. Ces groupes comprennent la dynamique locale et sont en mesure de tirer parti des administrations locales, des relations organisationnelles et des quartiers existants. Plus important encore, ces organismes contribuent à intégrer l’expérience communautaire vécue à l’élaboration de prototypes. Le prototypage de l’approche dans trois villes différentes était certes un défi, mais l’expérience a porté ses fruits en menant à de riches apprentissages qui ont contribué à l’élaboration et à l’adaptation de l’approche de ville participative. L’approche a continué d’évoluer, de se développer et de s’améliorer dans chacune des villes grâce à l’ajout de leçons, de pratiques, d’idées, de tactiques et d’outils pendant qu’elle faisait son chemin. À la prochaine mise en œuvre de l’approche de ville participative, ces éléments permettront d’enrichir et d’orienter l’expérience dans son ensemble. Les participantes et les participants canadiens

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À Kjipuktuk-Halifax, en Nouvelle-Écosse, l’initiative Every One Every Day est un groupe dirigé par des Autochtones qui place la réconciliation au cœur de toutes ses activités. À Montréal, Notre voisinage vise à bâtir la solidarité entre les résidentes et les résidents de longue date et les nouvelles arrivantes et les nouveaux arrivants au Canada, et préconise les projets qui favorisent la transition écologique en milieu urbain. À Toronto, l’équipe de Notre voisinage renforce la cohésion sociale, particulièrement entre les résidentes et les résidents de différents milieux qui vivent dans divers types de logements. À Montréal et à Toronto, les mesures sanitaires strictes en réponse à la pandémie ont eu une incidence sur l’organisation. Malgré cela, les équipes ont été en mesure d’adapter leurs tactiques pour continuer d’interagir en ligne avec les résidentes et les résidents. À Montréal, le programme Notre voisinage a pu atteindre un objectif important, soit celui de créer des liens de convivialité et de solidarité dans le quartier Ahuntsic. Il s’agit d’une réalisation majeure, car Solon, le groupe qui a dirigé le prototype, n’avait aucun réseau ni programme dans ce quartier. Le groupe a réussi à établir de nouvelles relations, notamment avec la Coalition montréalaise des Tables de quartier, établissant ainsi les fondements pour de futurs partenariats avec Notre voisinage.

À Halifax, la structuration de l’équipe a fait l’objet d’une adaptation clé. Depuis longtemps, la communauté du quartier North End est diversifiée, ses membres provenant notamment de la communauté afro-néoécossaise et des communautés autochtones vivant en milieu urbain et, depuis plus récemment, de personnes qui témoignent d’un embourgeoisement croissant. Par conséquent, il a fallu explorer de nouvelles formes de partenariat et le renforcement des capacités pour répondre à de nombreux objectifs, comme l’approfondissement de l’apprentissage et de la compréhension à l’échelle des organismes, la reconnaissance des différentes formes de connaissance et d’expertise ainsi que


la mise en relation et l’exploitation des ressources. L’équipe s’est concentrée sur la vérité et la réconciliation afin de reconnaître l’histoire de la communauté et de créer des espaces où toutes et tous sont les bienvenus. Parmi les trois villes, Halifax est celle qui a été le moins assujettie à des restrictions sanitaires liées à la COVID-19, mais les membres de l’équipe ont dû respecter un confinement de deux semaines peu après le début du programme. L’équipe a ainsi dû se réorienter et offrir certaines séances communautaires en ligne. Les ateliers et les séances de conversation avec la communauté ont été offerts en ligne, mais pour soutenir les membres de la communauté durant la transition, l’équipe a adopté une approche hybride; lorsque du soutien technologique était nécessaire, des responsables se trouvaient sur place pour aider les participantes et les participants qui suivaient l’atelier en ligne. Dans certains cas, l’équipe d’Halifax a tenu des événements à la fois en personne et en ligne, les rendant ainsi plus accessibles.

Les trois équipes ont adapté leur approche à leur manière, selon les connaissances locales. Pour obtenir plus de renseignements à ce sujet, consultez leurs rapports respectifs.

Chaque prototype est unique et les succès et difficultés de chacun constituent une bonne expérience d’apprentissage, non seulement pour Canada participatif, mais aussi pour les équipes de l’organisme Participatory City à Londres. C’est une plateforme en constante évolution, qui fait aujourd’hui partie d’un mouvement qui va changer la vie des gens. Ce dont ces derniers ont besoin plus que jamais, c’est un sentiment d’appartenance à leur communauté et l’impression de faire partie de quelque chose qui améliore leur vie de façon significative. Aggie Paulauskaite, Tuteur de Cities Program, Participatory City Foundation

Figure 9 : Modèle d’apprentissage et de développement de Participatory City CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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RECOMMANDATIONS

Pollinisation croisée : Des données probantes sur l’adaptabilité au sein de l’écosystème soulèvent de nouvelles questions à explorer au cours de la deuxième année. Afin de soutenir la demande, est-il possible de créer les conditions nécessaires à l’élargissement et à la croissance de la plateforme et de l’écosystème pour les communautés environnantes? Une structure de soutien pourrait permettre d’inviter les actrices et les acteurs du changement communautaire des quartiers voisins à se familiariser avec l’approche tout au long du processus. Les limites entre les quartiers sont floues, et l’enthousiasme est palpable au-delà de ces limites. L’établissement d’une structure pour ce type de croissance et d’apprentissage devrait être un objectif à long terme afin que les systèmes participatifs soient accessibles aux quartiers qui veulent les utiliser.

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LEÇON 2

L’approche de ville participative peut servir de plateforme de vérité et de réconciliation Vérité et réconciliation Selon les 94 appels à l’action présentés en détail dans le Rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (2015), il incombe aux gouvernements, aux entreprises, aux établissements d’enseignement et religieux, aux professionnelles et aux professionnels de la santé, aux groupes de la société civile et à l’ensemble de la population canadienne de reconnaître la valeur des visions du monde et des pratiques autochtones. Selon le rapport, la réconciliation consiste à « [...] établir et à maintenir une relation de respect réciproque entre les peuples autochtones et non autochtones [...] il faut prendre conscience du passé, reconnaître les torts qui ont été causés, expier les causes et agir pour changer les comportements ». À Kjipuktuk-Halifax, Every One Every Day s’efforce de comprendre comment l’approche de ville participative peut mettre en lumière la culture et les traditions autochtones pour ainsi profiter aux communautés autochtones et faire que tous évoluent ensemble pour passer des intentions positives aux mesures concrètes.

processus, les membres de l’équipe se sont posé des questions sur la réconciliation, notamment concernant la manière d’utiliser des formes de gouvernance ou d’évaluation plus traditionnelles. La compréhension de telles considérations et leur mise en œuvre sont longues, et le financement du prototype était insuffisant. Parmi les observations clés tirées de l’expérience à Halifax, notons que l’équilibre peut être difficile à atteindre entre l’efficacité d’un projet et les relations entre les parties prenantes. Par exemple, il est généralement plus rapide de travailler en respectant les structures et les cadres existants pour la planification, l’élaboration de stratégies et la mise en œuvre que de prendre le temps d’approfondir les relations personnelles et de permettre un apprentissage collectif concernant les nouveaux systèmes et processus au service de la réconciliation. À Kjipuktuk-Halifax, Every One Every Day a contribué à mettre au jour des exemples précis de la manière dont la réconciliation peut se manifester et se concrétiser à l’échelle des quartiers et des communautés. En voici certains exemples qui nécessiteront une exploration lors de futures itérations, possiblement grâce à l’élaboration d’une théorie du changement : • Adopter une approche autochtone pour l’établissement de relations et, plus particulièrement, valoriser le temps passé à tisser d’étroites relations de confiance avec la communauté. Créer de l’espace de façon proactive pour entretenir les relations tout au long du projet.

L’expérience acquise grâce au prototype montre que l’approche de ville participative peut servir de vecteur de vérité et de réconciliation. En outre, Every One Every Day permet aux perspectives autochtones d’être entendues par les nonAutochtones comme jamais auparavant. Grâce à sa mise en œuvre, le prototype aide à créer des occasions d’établir des relations interculturelles dans des espaces formels ou non. L’équipe de Kjipuktuk-Halifax contribue à faire passer le pouvoir des bailleuses et des bailleurs de fonds et des organismes aux communautés autochtones. Si la vérité et la réconciliation étaient au cœur des priorités de cette équipe, les données suggèrent que ce processus peut et doit être intégré chaque fois que l’approche de ville participative est mise en œuvre au Canada. Un élément clé des travaux de l’équipe d’Halifax consistait à placer la réconciliation au cœur de la conception, de la mise en œuvre et de l’évaluation de la plateforme de soutien et de l’écosystème participatif. Adapter l’approche pour miser sur la réconciliation a nécessité plus de travail que ce que l’équipe de Kjipuktuk-Halifax avait prévu. Par exemple, l’adaptation du journal de Barking et Dagenham a révélé que le travail réalisé doit mieux refléter le contexte du quartier North End, à Halifax. L’équipe s’était donné comme défi de créer un concept qui accueillerait non seulement les membres des communautés autochtones, mais aussi les autres. Par exemple, l’invitation à participer, envoyée à la suite de nombreuses activités de mobilisation, comprenait un élément visuel illustrant des symboles pertinents pour les cultures mi’kmaw, métis, inuite et afro-néoécossaise. Le processus a donné lieu à des conversations avec le personnel et les aînées et aînés du Centre d’amitié autochtone mi’kmaw ainsi qu’à des échanges avec la personne responsable de la conception afin de bien faire les choses. Après tout, il n’existe aucun guide ni manuel traitant de la réconciliation à cette échelle; la nature profondément relationnelle de ce travail exige le temps et les structures nécessaires à faire naître la confiance. Une fois ces éléments mis en place, il est possible d’explorer des approches qui se concentrent sur les connaissances et les pratiques autochtones. Tout au long du

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• Créer des espaces et des invitations (p. ex. dans les journaux) qui reflètent les cultures et les visions du monde autochtones tout en étant perçus comme ouverts à toutes et à tous. • Établir de nouvelles relations entre des organismes dirigés par des Autochtones (p. ex., le Centre d’amitié autochtone mi’kmaw) et des organismes non autochtones afin de favoriser un réseau d’espaces sûrs et attrayants pour les échanges culturels et la participation inclusive. • Intégrer des pratiques et des protocoles pour le partage et l’apprentissage sûrs et respectueux concernant la culture et l’histoire autochtones (p. ex., la reconnaissance territoriale et les protocoles culturels). • Honorer la sagesse des aînées et des aînés ainsi que des détentrices et des détenteurs de savoir en les invitant à contribuer à la conception et à la mise en œuvre de la plateforme et des projets d’Every One Every Day. • Inviter les communautés autochtones et non autochtones à échanger et à apprendre ensemble dans des espaces sûrs et attrayants. • Utiliser les principes directeurs des sept enseignements sacrés et laisser la place à la réflexion, aux relations et à l’apprentissage dans ce processus.

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Figure 10: Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax Newspaper 2021. CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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PRINCIPES DIRECTEURS DU GROUPE STRATÉGIQUE Les principes directeurs qui suivent ont été établis à l’aide de l’enseignement mi’kmaw d’Etuaptmumk, ou le « regard des deux yeux », élaboré par l’Aîné Albert Marshall de la Première Nation Eskasoni dans le district d’Una’ma’ki. Celuici nous enseigne d’unir les forces du monde autochtone et du monde colonisé, et, à partir de ces deux points de vue, d’améliorer les capacités et la réussite de tout le monde. Les principes intègrent donc la pratique euro-canadienne aux sept enseignements sacrés des Mi’kmaq grâce à un processus d’apprentissage conjoint et de partage d’histoires.

AMOUR ET OUVERTURE D’ESPRIT

COURAGE ET BRAVOURE

Grâce à l’enseignement de l’amour, nous effectuons nos tâches le cœur ouvert, imprégnant notre travail d’amour pour toujours demeurer accueillants et inclusifs.

Grâce à l’enseignement du courage, nous exprimons la ténacité que nous avons en nous pour surmonter les peurs qui nous empêchent d’avancer dans nos travaux en acceptant notre inconfort et en y faisant face ensemble, avec bravoure et intégrité.

RESPECT ET HARMONIE

HUMILITÉ ET RÉCIPROCITÉ

Grâce à l’enseignement du respect, nous reconnaissons l’existence de vérités multiples et accordons la même importance à tous les points de vue. Nous acceptons les différences, sans les juger ou les rejeter, en visant une compréhension mutuelle qui favorisera un environnement harmonieux où tout le monde pourra prospérer.

Grâce à l’enseignement de l’humilité, nous reconnaissons que nous faisons partie de quelque chose qui va au-delà de nos besoins individuels. Nous honorons nos liens de dépendance, Msit no’kmaq ou « Toutes mes relations », en allant plus loin que les mots pour toucher l’essence de notre être et de notre existence sur Terre. Nous reconnaissons notre interdépendance en favorisant des relations de travail à la fois réciproques et loyales.

SAGESSE ET RÉFLEXION

VÉRITÉ ET TRANSPARENCE

Grâce à l’enseignement de la sagesse, nous utilisons nos dons individuels de façon à encourager le bien-être et l’équité. Nous savons que nos travaux sont dynamiques et en constante évolution, et nous créons délibérément un espace pour réfléchir au passé et au présent, en vue de préparer l’avenir.

Grâce à l’enseignement de la vérité, nous respectons ces principes, nous travaillons avec détermination et nous agissons de manière intentionnelle. Nous connaissons nos vérités personnelles et nous reconnaissons les nombreux prismes qui influencent notre façon de voir et d’agir dans le monde afin de demeurer responsables et transparents.

HONNÊTETÉ, APPRENTISSAGE ET DÉSAPPRENTISSAGE Grâce à l’enseignement de l’honnêteté, nous demeurons authentiques face à nous-mêmes, à notre communauté et aux autres en nous exprimant toujours sincèrement. Nous créons un espace sûr pour appendre et grandir ensemble, et nous dirigeons avec curiosité, en nous posant des questions et en nous demandant pourquoi les choses sont telles qu’elles sont afin de mieux connaître notre histoire commune.

Ces principes sont magnifiques. Ils montrent que l’on se doit d’être vulnérable dans la pratique. - Un membre du groupe stratégique 7 Figure 11 - Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax Strategic Group principles (Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax Evaluation Report, March 2021)

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RECOMMANDATIONS

Explorer l’intégration des principes de réconciliation, d’abord créés dans une optique de gouvernance, et des principes d’inclusivité de l’approche de ville participative. Comment serait-il possible de les adapter ou de les mettre en application à l’échelle de la collectivité? Inclure la réconciliation au plan budgétaire et des ressources pour s’assurer que le personnel y consacre du temps. Élaborer des trajectoires et des calendriers qui contribuent à l’intégration de la culture et des connaissances autochtones à la plateforme d’Every One Every Day et à un écosystème participatif (p. ex. grâce à des espaces, à des méthodes de communication et à des projets). S’engager à établir des relations à long terme et à adopter une vision de l’approche de ville participative comme vecteur de vérité et de réconciliation. Il ne s’agit pas d’un projet à court terme, mais bien d’un travail continu. Évaluer et définir plus clairement comment le groupe stratégique et les décisionnaires pourraient mieux adopter la vérité et la réconciliation, et déterminer comment ces éléments peuvent s’intégrer plus facilement aux processus traditionnels de planification, de planification de la transition et de mise en valeur des ressources.

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« Grâce à Canada participatif, nous avons eu une plateforme pour faire avancer considérablement la réconciliation à Halifax. Les gens commencent à penser autrement. Ils commencent à céder le pouvoir qui était détenu traditionnellement par des bailleuses et des bailleurs de fonds et des organismes au Centre d’amitié et aux communautés autochtones. » Pam Glode-Desrochers, Directrice générale du Centre d’amitié autochtone mi’kmaw

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LEÇON 3

L’accompagnement est essentiel à l’apprentissage de l’approche Accroître l’ampleur d’une approche déployée ailleurs dépend de la mise en place d’une infrastructure d’apprentissage solide. Une telle infrastructure aide les nouvelles initiatives à s’appuyer sur les éléments et les principes de base, étayant les théories du changement et s’adaptant au contexte local. En raison de la pandémie de COVID-19, l’apprentissage et le soutien entre Canada participatif et les équipes responsables de la mise en œuvre des prototypes ont eu lieu en ligne et se sont tout de même avérés précieux. Cependant, certains éléments de base de la stratégie originale d’accroissement de l’ampleur ont été mis de côté, notamment les occasions concernant ce qui suit • la formation pratique et en personne; • l’établissement de relations en personne entre les membres de l’équipe canadienne, les organismes partenaires et l’équipe de Londres; • la vérification et l’apprentissage dans les vitrines ainsi que les aspects en personne de l’approche, en raison de la distanciation physique. La magie qui opère lorsque les résidentes et les résidents se rassemblent prévaut dans l’approche de ville participative, tout comme les avantages collectifs exponentiels découlant de la collaboration; • la découverte en personne des prototypes des autres et l’apprentissage en collaboration. Les structures d’apprentissage et de soutien étaient basées en grande partie sur des méthodes virtuelles, comme : • des séances de co-création avec les équipes responsables de la mise en œuvre des prototypes et Canada participatif pour les phases de planification et d’élaboration; • des séances mensuelles de réflexion, d’apprentissage et de résolution de problèmes animées par Canada participatif; • du soutien permanent de la part de tutrices et de tuteurs; • des réunions virtuelles tenues à Londres auxquelles les membres des équipes responsables de la mise en œuvre des prototypes étaient encouragés à assister; • des réunions mensuelles avec les équipes responsables de la mise en œuvre des prototypes pour soutenir une communauté de pratique émergente. •

« Participer à la grande réunion d’équipe avec les gens de Londres a été l’une des expériences les plus formatives que j’ai vécues. » Denise Soueidan-O’Leary, directrice principale du programme, Toronto

Les équipes responsables de la mise en œuvre des prototypes dans les trois villes ont dû apprendre la théorie de l’approche et sa mise en pratique principalement de façon virtuelle plutôt qu’en personne tel que prévu initialement. Sans la possibilité de se rendre à Londres pour faire l’expérience de l’approche, les équipes ont dû compter sur des conversations avec les membres de l’équipe de Londres ainsi que sur des présentations, des documents et des vidéos. Il est difficile de savoir quelles ont été les répercussions du manque d’apprentissage en personne, mais il est clair que l’apprentissage de l’approche peut se faire sur des plateformes virtuelles. « Embaucher et former une équipe de projet tout en essayant de s’informer sur la plateforme et de la bâtir a demandé beaucoup d’apprentissage dans le feu de l’action et a été particulièrement éprouvant, car aucun membre de l’équipe n’a bénéficié du même temps de formation, et aucun d’entre eux n’a reçu de formation très poussée. Nous avions des attentes concernant l’apprentissage autodirigé, par exemple par la lecture de rapports et d’articles, mais cette méthode ne fonctionne pas pour tout le monde et demande du temps. Il aurait été plus pratique de former l’ensemble des membres de l’équipe à l’approche de ville participative au même niveau, en même temps. L’apprentissage immersif est indispensable à cette approche. Toutefois, devant l’impossibilité de pouvoir se rendre à Londres, il est impératif que les membres de l’équipe soient exposés aux mêmes principes de base et outils dans la mesure du possible. » Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax Evaluation Report

« Le point culminant, c’est quand j’ai participé à une réunion d’évaluation évolutive avec l’équipe d’Every One Every Day, à Londres. La rencontre a permis de consolider ma compréhension de la nature centrée sur l’humain de l’approche, en plus de constater de mes propres yeux le fonctionnement des équipes en intense collaboration, qui se concentre sur les résidentes et les résidents tout en établissant un écosystème global grâce aux trousses de départ Demain Aujourd’hui adaptées. Il est devenu évident que pris individuellement, les projets n’avaient rien d’extraordinaire, même si la transformation de bouteilles de plastique en nouveaux produits, beaux et colorés, est remarquable. Le fait que tous les projets se déroulent ensemble est puissant et distingue cette initiative de tous les projets auxquels j’ai participé par le passé. » Keren Tang, responsable du développement, Canada participatif

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« Participer à la grande réunion d’équipe avec les gens de Londres a été l’une des expériences les plus formatives que j’ai vécues. » Denise Soueidan-O’Leary, directrice principale du programme, Toronto

RECOMMANDATIONS

Nonobstant la possibilité d’apprendre en personne, le rôle du tutorat et du mentorat s’est avéré précieux et est digne d’être perpétué et intensifié. Les tutrices et les tuteurs ont joué un rôle essentiel dans le soutien des équipes locales, particulièrement des responsables, afin d’élaborer l’approche de ville participative et les programmes locaux qui sont au cœur de cette dernière. Les tutrices et les tuteurs veillent à l’utilisation des outils disponibles et à la collecte de données pertinentes. Étant donné leur expérience de mise en place d’une plateforme participative, les tutrices et les tuteurs ainsi que l’équipe de Canada participatif sont devenus le principal vecteur de transfert des connaissances concernant l’approche. Il est essentiel que des personnes connaissent l’approche, mais nous avons également besoin de personnes ayant des compétences en co-création ainsi qu’une compréhension des éléments de cette façon de faire. Par cela, nous entendons la co-création avec les résidentes et les résidents, entre ces derniers et les conceptrices et concepteurs de projet, entre les conceptrices et concepteurs de projet et la stratégie et, enfin, entre les équipes locales et Canada participatif. Les équipes devraient disposer de plus de temps pour apprendre par la pratique et acquérir une expérience précieuse réservée aux interactions en personne. Ce type d’apprentissage doit être partagé en personne entre les équipes et les responsables. Les membres de l’équipe de projet devraient être embauchés en même temps afin qu’ensemble, ils puissent apprendre les principes fondamentaux et se familiariser avec les outils.

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LEÇON 4

Les membres de la communauté souhaitent que l’approche se perpétue Fait encourageant, les commentaires des résidentes et des résidents pour tous les prototypes révèlent que l’approche est perçue à la fois comme étant positive et unique, et qu’il y a une forte volonté de voir les programmes se poursuivre.

Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax Lancé en mars 2021, le programme a duré 8 semaines, soit jusqu’en avril 2021. En voici les détails : • 33 séances • 26 animatrices et animateurs • 235 participantes et participants inscrits (65 personnes sur la liste d’attente) • 167 participantes et participants aux séances • 28 trousses de l’initiative At Home With Us distribuées

Notre voisinage, Montreal Le projet Notre voisinage s’est tenu de février à avril 2021. En voici les détails : • 66 trousses de départ • 9 ateliers • 178 participantes et participants

« Nous avons remarqué une augmentation continue des inscriptions et de la participation tout au long du projet. Il y a un bassin de résidentes et de résidents qui sont de plus en plus satisfaits du projet et qui souhaitent s’impliquer davantage. Cette tendance, associée à la sollicitation continue des résidentes et des résidents envers l’équipe de mobilisation par courriel et par téléphone, indique que l’approche fonctionne bien. Il nous semble essentiel de consolider cet élan et d’inclure le programme dans une perspective à moyen et à long terme. »

• 8 projets concrets

« De nombreuses données probantes indiquent un solide soutien communautaire concernant le programme et un intérêt à participer lors des prochaines phases. Durant la phase de conception du projet pilote, l’accent a été mis sur la manière dont la plateforme d’Every One Every Day pourrait favoriser les nouvelles relations entre différents groupes de Kjipuktuk-Halifax. Par exemple, nous savons que le Centre d’amitié autochtone mi’kmaw offre un espace sûr et accueillant permettant aux membres des communautés autochtones de se rassembler et d’apprendre, et notre objectif consistait en partie à attirer de nouvelles personnes qui ne se sentaient pas les bienvenues au centre ou encore à leur donner une raison de s’y présenter. De même, nous avons créé un réseau d’espaces communautaires qui pourrait inviter et encourager divers groupes et personnes à se rencontrer à différents endroits dans le quartier. »

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Notre voisinage, Regent Park, Toronto Le projet Notre voisinage s’est déroulé en deux phases. Phase 1 (automne 2020) : • 100 participantes et participants • Plus de 25 ateliers • 6 projets Phase 2 (mars et avril 2021) • Plus de 30 résidentes et résidents • 4 projets

« Selon les commentaires reçus, nous devrions offrir davantage de programmes comme celui-ci, et ce, plus souvent et de façon constante afin de permettre aux résidentes et aux résidents de mieux planifier leur participation. Je pense qu’à lui seul, ce fait témoigne d’un intérêt pour les offres faciles d’accès, plaisantes et axées sur la communauté. À Toronto, le projet Notre voisinage et l’initiative Every One Every Day sont connus dans le quartier, et la communauté a hâte de savoir ce qui s’en vient. »


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LEÇON 5

La demande institutionnelle et organisationnelle est en croissance L’approche de ville participative suscite beaucoup d’intérêt chez les citoyennes et les citoyens influents, les promotrices et les promoteurs, les organismes communautaires, les administrations municipales et les gouvernements provinciaux, particulièrement en Nouvelle-Écosse et au Québec. La demande institutionnelle repose sur deux niveaux. Elle est marquée par une adhésion des dirigeantes et des dirigeants des secteurs privé, public et communautaire dans une perspective de renforcement communautaire. Les partenariats entre les fournisseuses et les fournisseurs de services communautaires et les entreprises locales constituent un très bon exemple de l’intérêt de la communauté sur le plan organisationnel. Les décisionnaires des grandes institutions, comme les administrations municipales et les gouvernements provinciaux, démontrent également un grand intérêt. Dans chacune des trois villes, les grands décisionnaires y voient de la valeur, et les actrices et les acteurs du changement ainsi que les dirigeantes et les dirigeants en matière de politiques sont attirés par le potentiel de l’approche de ville participative pour créer des résultats à l’échelle de la population. À Kjipuktuk-Halifax, l’intérêt est grand concernant les écosystèmes participatifs et leurs résultats potentiels. Cet intérêt se manifeste notamment dans la manière dont les partenariats se sont établis entre des organismes qui servent traditionnellement certaines communautés, comme la collaboration entre le Centre d’amitié autochtone mi’kmaw, Centraide Halifax et Inspiring Communities. Il y a également des preuves de soutien au sein des établissements au sens large, dont un intérêt marqué de la part du maire d’Halifax, des conseillères et des conseillers municipaux ainsi que des politiciennes et des politiciens provinciaux et fédéraux. De plus, des partenaires du secteur public, comme Develop Nova Scotia, une société d’État provinciale qui a co-investi dans la phase de recherche et développement sociale, ainsi que Centraide Halifax, offrent du soutien structurel au démarrage. À Montréal, des représentantes et des représentants de La Pépinière, de PercoLab et de Maison de l’innovation sociale ont manifesté leur intérêt envers le travail de la Participatory City Foundation avant la phase de recherche et développement sociale, en rendant visite à l’équipe d’Every One Every Day dès le début de ses travaux. Certains groupes communautaires et la Ville ont perçu une convergence avec des initiatives existantes, comme les Tables de quartier, lab Transition et des stratégies qui couvrent l’ensemble de la ville, comme Quartiers culturels. Pendant la phase de recherche et développement sociale, le partenariat avec Solon a même reçu un co-investissement et du soutien de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. De nombreux organismes et administrations locales de la région de Montréal et d’ailleurs au Québec œuvrent à l’instauration de Canada participatif dans leurs communautés.

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À Toronto, le Centre for Social Innovation, un partenaire principal, a perçu une forte convergence entre Canada participatif et son initiative de richesse collective; cette vision globale a également le soutien de la Ville de Toronto. En fait, la Ville serait heureuse de tirer profit de la phase de recherche et développement sociale pour en apprendre davantage sur les manières d’intégrer l’approche de ville participative à l’aménagement urbain pour que les communautés de Toronto soient fortes et résilientes pour l’après-COVID-19. De plus, Mitacs Canada, un important partenaire institutionnel, a co-investi dans la phase de recherche et développement sociale pour soutenir la recherche. Plusieurs promotrices et promoteurs immobiliers ont participé à des discussions, dont Tridel et The Daniels Corporation, qui s’est engagée à investir dans l’avenir. En 2020, une discussion préliminaire sur la faisabilité avec les organisatrices et les organisateurs, les planificatrices et les planificateurs et, plus particulièrement, les résidentes et les résidents des quartiers Alexandra Park et Regent Park a révélé un grand intérêt concernant la nécessité d’initiatives qui rassemblent des gens de tous les milieux. Cette discussion a mené à un point de décision critique afin de se concentrer sur une zone de Regent Park. En réaction, les projets concrets du quotidien de Notre voisinage ont permis de mobiliser des entreprises sociales et des organismes communautaires au sein du réseau du Centre for Social Innovation. Bon nombre de résidentes et de résidents ont voulu participer de nouveau et rencontrer de nouvelles personnes à la phase 2 du projet.


« De plus, le projet Notre voisinage s’inscrit directement dans la sixième priorité d’intervention du Plan stratégique de développement durable de 2019-2025 de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, dont l’objectif est de « répondre aux besoins de la population de manière juste et équitable, en mettant en place des mécanismes qui favorisent la solidarité et l’inclusion afin de renforcer la résilience de la communauté. » Émilie Thuillier, mairesse d’Ahuntsic-Cartierville

RECOMMANDATION

Évaluer et comparer le genre de soutien offert aux villes locales et celui qu’a reçu Participatory City, au Royaume-Uni. Les alliées et les alliés ainsi que les bailleuses et les bailleurs de fonds offrent-ils à l’écosystème le financement et le dévouement dont il a besoin sans condition, et la plateforme de soutien est-elle gérée de manière à insuffler la capacité d’agir nécessaire?

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LEÇON 6

Les équipes ont exprimé le désir de tirer parti de la phase de recherche et développement sociale et de tester l’approche après la pandémie Après une année d’essais dans un environnement très instructif, une base de connaissances et d’expérience ainsi que des références pour mesurer les répercussions, les changements et les différences ont été établies. Les trois équipes ont exprimé une forte volonté de poursuivre l’essai de l’approche de ville participative au cours de la deuxième année, et ce, d’une manière proactive et orientée par l’expérience de la première année. Les responsables de chaque équipe ont décrit le moment où certains éléments de l’approche se sont emboîtés lors de la mise en œuvre du programme. Une fois la phase de planification et d’élaboration terminée, la mise en œuvre a débuté, et l’approche a commencé à prendre vie et à se préciser. Avec du recul, bon nombre de membres des équipes responsables de la mise en œuvre des prototypes ont reconnu que c’est à cette étape qu’elles et ils ont réellement compris les composantes de l’approche et comment elles sont liées et fonctionnent ensemble. Par ailleurs, les membres ont exprimé une grande volonté de tester l’approche dans un monde où les restrictions liées à la COVID-19 seraient moins importantes. Les personnes qui travaillent à ces initiatives possèdent toutes une vaste expérience du monde de la mobilisation et du développement communautaires, et sont fébriles à l’idée de tester l’approche dans des conditions qui permettront de mieux rallier les gens.

« J’ai beaucoup appris grâce à ce projet, tant sur le plan personnel que professionnel, mais je n’ai pas eu le temps de m’investir à fond, ni de l’explorer et d’en profiter entièrement. J’aurais aimé travailler sur le projet au moins 70 % du temps et, à l’avenir, j’aimerais avoir l’occasion d’y mettre toute mon énergie. » Wissam, Notre Voisinage, Montréal

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« Plus de 100 personnes ont participé à ce programme pilote, alors je crois qu’il existe un intérêt pour la mobilisation non traditionnelle. Nous avons l’habitude des programmes traditionnels; les paramètres sont établis, et les participantes et les participants sont orientés tout au long du processus d’apprentissage. En théorie, Every One Every Day, à Toronto, offrait un parcours différent pour la mobilisation communautaire, soit une option participative à la carte, et avait pour objectif de permettre aux résidentes et aux résidents de prendre les devants pour la planification et la mise en œuvre de leurs propres initiatives de quartier. En raison de la COVID-19 et des restrictions liées au confinement, il a été un peu plus difficile de faire entièrement la transition vers l’approche participative, mais le projet pilote nous a permis de préparer le terrain et de présenter le concept afin de relancer le projet après la pandémie. » Denise Soueidan-O’Leary, directrice principale du programme Notre voisinage, Toronto Toronto


« Every One Every Day, à Toronto, offrait un parcours différent pour la mobilisation communautaire, soit une option participative à la carte, et avait pour objectif de permettre aux résidentes et aux résidents de prendre les devants pour la planification et la mise en œuvre de leurs propres initiatives de quartier. » Denise Soueidan-O’Leary, directrice principale du programme Notre voisinage, Toronto Toronto

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CONCLUSION PRINCIPALE 2 : INCLUSIVITÉ Question de recherche

Dans quelle mesure est-il possible de créer un écosystème de projets participatifs qui inclut l’ensemble des résidentes et des résidents d’un quartier? Conclusion principale pour la première année de recherche et développement sociale : Les résultats préliminaires figurant dans ce rapport indiquent que l’approche de ville participative mobilise une grande diversité de résidentes et de résidents dans chaque quartier et permet d’établir des réseaux qui rassemblent des personnes et des communautés qui n’avaient jamais été en relation auparavant.

Leçon 1:

L’approche de ville participative et les tiers-lieux mobilisent les membres de la communauté au-delà des obstacles et des divisions culturelles Leçon 2:

Des méthodes de communication variées et une solide image de marque favorisent la participation Leçon 3:

La connaissance du contexte local favorise l’inclusivité « La phase pilote vise à comprendre ce qui doit changer ainsi que la manière dont nous pouvons aider les gens à miser sur leurs compétences, talents et intérêts uniques pour cultiver une société collective qui reflète réellement les valeurs individuelles et collectives. » Aimee Gasparetto, Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax

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« On dirait presque qu’il y a une formule pour le projet. Il est possible d’adapter certains éléments de cette formule ou d’en laisser tomber d’autres, mais pris ensemble de façon rigoureuse et grâce au soutien concernant entre autres l’évaluation, nous obtenons les conditions propices à l’inclusivité et à la participation. L’idée, c’est que cette plateforme de soutien permette de mettre en relation les infrastructures avant d’établir des liens entre les gens et ces mêmes infrastructures. » Aimee Gasparetto, Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax

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LEÇON 1

L’approche de ville participative et les tiers-lieux mobilisent les membres de la communauté au-delà des obstacles et des divisions culturelles Les prototypes ont démontré que l’approche peut être le point de départ pour bâtir de grands réseaux rassembleurs. Chaque initiative prouve comment cette approche permet une mobilisation unique et précieuse des résidentes et des résidents, car elle a la capacité de rassembler les gens au-delà des obstacles et des divisions culturelles, ce que d’autres programmes de la même communauté n’arrivent pas nécessairement à réaliser. Dans le quartier North End, à Halifax, le prototype a rassemblé en milieu urbain des Autochtones, des non-Autochtones, des AfroNéoécossaises et Afro-Néoécossais et des personnes d’autres communautés dans un contexte communautaire. Dans le quartier Regent Park, à Toronto, l’approche a contribué à réduire l’écart historique entre les membres de la communauté en ce qui a trait au logement subventionné et au taux du marché. L’équipe de Solon a mobilisé une toute nouvelle communauté de Tolhurst/St-Benoît, à Montréal, créant ainsi des liens avec des partenaires locaux ainsi qu’entre les résidentes et les résidents de longue date et les nouvelles arrivantes et les nouveaux arrivants. Grâce à sa nature pratique, globale et inclusive, cette approche accueille l’ensemble des membres de la communauté, sans égard à l’âge, à la classe et à la race. Chaque ville a misé sur sa connaissance de la communauté pour créer des espaces virtuels et physiques accueillants pour toutes et tous. Fait significatif, les trois villes ont mentionné un manque de tiers-lieux dans leurs quartiers permettant d’accueillir l’ensemble des membres de la communauté pour qu’ils se réunissent et tissent des liens.

« Le prototype d’Every One Every Day a montré que les approches visant la participation inclusive sont fructueuses, et a suscité de l’enthousiasme concernant le partage et l’apprentissage entre les cultures, en plus de présenter un fort potentiel d’adaptation. » Rapport d’Every One Every Day, Kjipuktuk-Halifax

« Nous avons remarqué que les différentes manières de nous investir dans la communauté, que ce soit dans les espaces de travail, dans le cadre du Social Development Plan ou du Community Civic Engagement Collaborative ou encore au Ice Cream Parlour, nous ont permis de rencontrer des groupes de résidentes et de résidents entièrement différents. Nous avons été surpris par la surreprésentation des résidentes et les résidents habitant un logement au taux du marché par rapport à celles et ceux vivant dans un logement social. En effet, un plus grand nombre de personnes vivant dans un logement au taux du marché que de résidentes et résidents de la Toronto Community Housing Corporation se sont inscrites au programme. » Every One Every Day Toronto - Our Neighbourhood Report

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« Me gusta la iniciativa, es un buen momento a la integración. » (J’aime l’initiative, c’est un bon moment pour l’intégration). Notre voisinage Report, Montreal

RECOMMANDATIONS

Accorder la priorité au financement et au développement des espaces et des vitrines communautaires, y compris des ateliers collaboratifs. Les espaces physiques sont une composante essentielle des plateformes participatives pratiques de l’approche. Cet élément crucial de l’infrastructure nous aidera à atteindre une plus grande inclusivité, à arrimer un réseau croissant d’espaces et de projets ainsi qu’à appuyer la recherche concernant une présentation modeste mais réaliste de la plateforme de soutien. Nous pourrons ainsi créer des espaces spécialement conçus destinés à accueillir l’ensemble des membres de la communauté et à créer des liens concrets entre les groupes communautaires.

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LEÇON 2

Des méthodes de communication variées et une solide image de marque favorisent la participation La création et l’utilisation d’une image de marque et d’une stratégie de communication attrayantes, fortes et cohérentes comptent pour beaucoup dans l’établissement d’un premier contact avec la communauté. Cette démarche contribue à la stabilité et à la longévité des relations, particulièrement en l’absence d’actions sur le terrain dans les vitrines. La création de journaux était certes un effort important demandant des ressources d’investissement substantielles, mais elle a été l’initiative d’attraction la plus efficace pour la plateforme, tant à Halifax qu’à Toronto. Ces journaux ont été un outil de mobilisation important pour ancrer le travail, les organismes ainsi que les résidentes et les résidents. En complément à la communication numérique, des ressources physiques pratiques, comme les journaux, ont permis d’accroître l’inclusivité et l’équité pour les personnes dont l’accès à la technologie est restreint. À Montréal, la prestation de l’initiative a été plus difficile en raison du confinement intermittent durant la phase de promotion. Les membres de l’équipe n’ont pas pu faire de porte à porte ni distribuer de journaux dans les immeubles de logements sociaux, et le public n’avait pas accès aux espaces communautaires centraux. Il faut ajouter à cela la crainte de partager des objets. L’équipe de Montréal a utilisé WhatsApp afin de rendre la communication plus fluide grâce à l’envoi de photos, de vidéos et de courts messages, ce qui a permis d’établir des liens entre un plus grand nombre de groupes. La création de groupes WhatsApp s’est avérée efficace pour joindre des participantes et des participants, en plus de contribuer à l’animation d’un espace d’échange convivial dans un contexte où les activités devaient se dérouler à distance. À Toronto, les obstacles ont été similaires en raison des mesures strictes liées au confinement. Les vitrines et les centres communautaires où le Centre for Social Innovation tient normalement ses activités étaient fermés, et les programmes se tenaient surtout en ligne ou, dans certains cas, à l’extérieur. À Halifax, où la prestation a été possible et les espaces comme la North End Library sont demeurés ouverts et en fonction, l’équipe a facilement pu distribuer les journaux. La plupart des participantes et des participants ont entendu parler des ateliers d’abord par le journal, puis par le bouche-à-oreille et Facebook. Il est à noter que le fait d’avoir une image de marque et une stratégie de communication fortes et cohérentes sur toutes les plateformes a contribué à établir une approche équitable en matière de communication. Les stratégies de communication numériques et physiques ont permis de joindre un plus grand nombre de gens, qu’ils aient accès à des technologies et à Internet ou non, afin de s’assurer que tout le monde ait l’occasion de participer. Dans un contexte où la promotion et la communication se déroulaient presque exclusivement en ligne, le journal s’est avéré une méthode originale et efficace.

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Comme la pandémie a frappé au moment où Canada participatif donnait son coup d’envoi, les initiatives locales ont effectué un virage en ligne dans la mesure du possible. Certaines personnes n’ont pas accès à Internet ou à plusieurs ordinateurs pour permettre à des membres de la famille de participer pendant que les autres étudient ou travaillent. La communication en ligne est certes un outil important pour la sensibilisation, mais il ne peut s’agir de la seule manière de mobiliser les membres de la communauté.

« Le journal était superbe, et il a permis de rendre le calendrier et l’objectif du projet plus clairs. » Participant d’Every One Every Day, Kjipuktuk-Halifax

« Notre livret à la présentation attrayante et les documents inclus dans notre programme nous ont permis de le différencier des autres, ce qui a incité les gens à y jeter un coup d’œil. » Rapport de Notre voisinage, Toronto


RECOMMANDATIONS

Faire de l’expertise en conception graphique et en communication une ressource essentielle au sein de l’équipe de projet afin de soutenir le développement et la production de journaux et de matériel de communication connexe, comme les supports d’affichage, la décoration et le contenu en ligne ayant trait aux événements. Il pourrait s’agir d’une tâche à temps partiel ou à temps plein, selon le cycle de la production. Il serait également avantageux d’avoir du soutien en matière de communication pour gérer la portée du site Web, la promotion et la coordination des communications liées au projet. (Rapport d’Every One Every Day, Kjipuktuk-Halifax) Mettre à profit cette réussite en intégrant les journaux aux principaux outils de communication de la plateforme participative. Définir des cycles de production réalistes qui reflètent la prestation du programme et qui peuvent prendre de l’ampleur au fil du temps selon les ressources disponibles. (Rapport d’Every One Every Day, Kjipuktuk-Halifax) Utiliser différentes plateformes, comme Facebook et WhatsApp, pour créer des espaces où les résidentes et les résidents peuvent communiquer et tenir des discussions.

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LEÇON 3

La connaissance du contexte local favorise l’inclusivité La connaissance du contexte local et les relations sont essentielles pour mettre l’accent sur l’inclusivité et l’inclusion radicale en tant que moteur d’élaboration et de prestation continues pour chaque initiative. Grâce à leur expérience concrète, les équipes savent quelles personnes sont généralement exclues des programmes sociaux et comment faire pour inviter ces membres de la communauté à participer. Des membres de l’équipe ont trouvé des ressources pour aider à comprendre le concept de l’inclusion radicale, notamment à partir de leur propre vie. La définition du festival Burning Man, qui a lieu aux États-Unis et qui accueille tout le monde, a été utile; le festival n’a aucune condition préalable pour participer à la communauté.

Tout d’abord, l’inclusivité était tangible et consistait à offrir un accès sans entrave aux ressources, aux réseaux, aux espaces, aux activités de formation, aux ateliers, etc. Cette stratégie paraît simple, mais la mise en œuvre de telles dynamiques dans tous les aspects de l’approche n’a pas toujours été facile. Ensuite, les prototypes ont révélé que les définitions de l’inclusivité sont intrinsèquement culturelles. Il n’y a aucune manière simple de définir la façon dont l’inclusion radicale doit se manifester. Les conditions pour l’inclusivité doivent être adaptées à chaque endroit. Il est certes possible de se baser sur des idées et des approches existantes, mais l’inclusivité viendra surtout de la création et de la mise en œuvre de ces conditions avec les membres de la communauté.

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« Le prototype d’Every One Every Day a mis en lumière l’importance des relations significatives et de confiance dans la communauté pour susciter l’intérêt et obtenir une grande adhésion. Deux des membres de l’équipe avaient déjà noué des relations dans la communauté, et le Centre d’amitié autochtone mi’kmaw agit comme pôle communautaire depuis des décennies. Ainsi, la personne responsable de la conception du projet a pu rapidement dresser une liste des membres de la communauté qui pourraient animer une séance pour mettre la machine en marche. Les relations existantes ont également eu une influence positive sur la participation communautaire durant le projet pilote. Comme résidentes et résidents, les animatrices et les animateurs étaient à l’aise de participer au projet pilote parce qu’elles et ils savaient que l’équipe de projet et le Centre d’amitié autochtone mi’kmaw leur offriraient du soutien adéquat. Au cours du projet pilote, ces relations se sont consolidées et ont permis d’établir une base solide pour aller de l’avant. » Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax Evaluation Report


« L’arrondissement soutient pleinement la réalisation de projets comme celui-ci qui, par la création et le renforcement des liens sociaux, favorisent la résilience des voisinages où ils sont réalisés. Au cours des dernières années, Solon a démontré sa capacité à mener de tels projets, et c’est la raison qui a amené notre arrondissement à développer divers partenariats avec cet organisme. » Émilie Thuillier, mairesse d’Ahuntsic-Cartierville

RECOMMENDATIONS

La création d’une culture d’accueil et d’inclusion est étroitement liée au contexte et doit se faire en interaction avec les gens, y compris avec les personnes qui interagissent avec les résidentes et les résidentes, celles qui planifient et organisent la logistique, et celles qui définissent les orientations stratégiques. La manière dont les membres de l’équipe locale collaborent n’est que le miroir du fonctionnement de l’approche dans son ensemble. L’équipe doit incarner et refléter le fonctionnement de l’approche dans son ensemble, laquelle sera perçue différemment en s’adaptant à un endroit en particulier. Idéalement, l’ensemble des membres de l’équipe doivent mettre à profit leur expérience et leurs relations locales, en plus de leur expertise au sein de l’équipe.

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CONCLUSION PRINCIPALE 3 : CRÉATION DE VALEUR Question de recherche

Dans quelle mesure cette approche visant à favoriser la participation permettra-t-elle de créer de la valeur à l’échelle individuelle pour les membres de la communauté et pour les quartiers? Conclusion principale pour la première année de recherche et développement sociale : Grâce à un éventail de données qualitatives et quantitatives, les trois prototypes ont révélé que l’approche de ville participative est en mesure de créer de la valeur pour les résidentes et les résidents ainsi que les quartiers.

Leçon 1:

Les premiers indicateurs servent à formuler des objectifs à long terme Leçon 2:

Pour les membres de la communauté, la valeur réside surtout dans les relations et la connaissance de leur communauté Leçon 3:

Les membres de la communauté souhaitent co-créer l’avenir des plateformes Leçon 4:

La perspective géographique accroît la valeur créée pour les membres de la communautés

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“Especially during pandemic time, it has been so fulfilling to make tangible connections with strangers, who are friends now.” Participant, Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax

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LEÇON 1

Les premiers indicateurs servent à formuler des objectifs à long terme Dans chaque ville, les prototypes ont créé de multiples possibilités de participation pour les résidentes et les résidents. Ces occasions constituent la pierre angulaire d’une participation répétée et de résultats combinés. Les activités de participation variaient selon le contexte et la ville, mais la valeur générée était similaire dans les trois villes. Parmi les thèmes communs, nous avons relevé le sentiment d’appartenance des résidentes et des résidents à leur communauté, le partage et l’apprentissage des compétences et de la culture ainsi que la participation à l’élaboration des futurs programmes. Dans sa forme la plus simple, la théorie du changement de l’approche de ville participative concerne l’idée selon laquelle une participation répétée mène à de meilleurs résultats en matière de résilience communautaire. Les résultats des trois prototypes montrent tous des analogies initiales avec le succès d’Every One Every Day, à Londres.

Figure 12 - Cadre de mesure des résultats (version 2, 2019)

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« Les résultats de l’initiative Participatory City montrent qu’encourager la capacité d’agir sur le plan individuel par l’entremise de plateformes accessibles et inclusives permettant la répétition de micro-activités constitue un moyen d’encourager la capacité d’agir collective, ce qui, à son tour, aide à mener à une transformation de grande envergure. Pour le dire plus simplement, les gens se sentent mieux et bâtissent de la confiance, des communautés et des réseaux puissants lorsqu’ils prennent part à des activités significatives et bénéfiques au sein de leur communauté. Ils préparent alors le terrain pour une transformation. » Made to Measure (rapport sur la première année), Every One Every Day, Barking et Dagenham


LEÇON 2

Pour les membres de la communauté, la valeur réside surtout dans les relations et la connaissance de leur communauté Les résultats de chaque prototype révèlent que les gens veulent éprouver un plus grand sentiment d’appartenance à leur quartier et que les programmes mis en œuvre grâce aux prototypes contribuent à établir ce lien. À Halifax, 73 % des membres de la communauté interrogés ont déclaré s’être liés d’amitié ou avoir noué une nouvelle relation. De toute évidence, la pandémie et le fait que certaines activités du programme aient eu lieu en ligne ont rendu les rencontres plus difficiles, mais malgré le confinement intermittent et les restrictions liées aux rassemblements, tout porte à croire que le réseau est en croissance et que des relations communautaires se créent. Chaque prototype met à profit le partage des compétences et de la culture. Comme nous l’avons vu, ce type de partage favorise la résilience et l’établissement de réseaux au sein de la communauté, en plus d’aider les participantes et les participants à se sentir en confiance pour essayer de nouvelles choses. Les animatrices et les animateurs ainsi que les participantes et les participants de la communauté se sont montrés intéressés et enthousiastes à l’idée d’acquérir et de partager des connaissances culturelles et communautaires ainsi que des compétences. À Halifax, 84 % des participantes et des participants interrogés ont affirmé avoir acquis une nouvelle compétence. Les animatrices et les animateurs de séance ont constaté une plus grande confiance chez les participantes et les participants en ce qui a trait à l’utilisation d’outils de menuiserie et de construction lors d’un atelier.

« Autre avantage important : les résidentes et les résidents ont eu l’occasion de partager leur culture et leurs traditions avec les autres dans un environnement sûr et respectueux axé sur l’apprentissage collaboratif. Les séances culturelles ont été bien accueillies et ont été les plus populaires chez les participantes et les participants. Un certain nombre d’entre eux ont demandé à ce que le programme offre davantage de séances présentant du contenu autochtone. »

À Montréal, le partage de compétences a été difficile en raison de la pandémie, mais bon nombre de résidentes et de résidents ont exprimé de l’enthousiasme concernant le renforcement du sentiment d’appartenance et la création de liens dans leur communauté. L’équipe de Notre voisinage a commencé à constater les résultats que pourrait avoir l’approche.

« En raison de la pandémie et des restrictions, l’équipe de Notre voisinage n’a pas eu le temps ni l’occasion de tisser des liens étroits ou d’interagir avec les résidentes et les résidents afin de comprendre les défis auxquels la population du quartier fait face. Nous avons toutefois remarqué que les valeurs et les objectifs du programme répondaient aux besoins et aux aspirations de la plupart des participantes et des participants. » Rapport de Notre voisinage, Montréal

De même, l’équipe de Toronto a constaté un grand intérêt et une forte demande pour ce type de programme facile d’accès, plaisant et axé sur la communauté.

« Les participantes et les participants ont indiqué s’être lancés dans le projet pour apprendre et tisser des liens avec leur communauté. Elles et ils ont aimé pouvoir redonner à la communauté et avoir l’occasion de participer au programme avec les voisines et les voisins tout en tissant des liens avec eux. » Rapport de Notre voisinage, Regent Park, Toronto

« C’était vraiment enrichissant de créer des liens tangibles avec de nouvelles personnes avec qui je me suis lié d’amitié, particulièrement durant la pandémie. » Participant d’Every One Every Day, Kjipuktuk-Halifax

Rapport d’Every One Every Day, Kjipuktuk-Halifax

« J’aimerais apprendre à connaître les gens de mon quartier et contribuer à l’esprit de communauté! » Résident de Regent Park, Toronto

« J’ai appris à quel point il est important de discuter et de tisser des liens avec les gens. Dans un monde où nous avons tendance à faire les choses chacun de notre côté, il est essentiel d’avoir des gens vers qui se tourner et de pouvoir entamer une conversation, faire des compliments et bénéficier de bienveillance. Je crois que ces projets de quartier incitent les gens à collaborer sans se restreindre. »

« Je viens d’emménager dans le quartier et j’aimerais apprendre à mieux le connaître. Aussi, je voudrais que ma fille et moi puissions nous faire un cercle de connaissances et d’amis. » Participante de Notre voisinage, Montréal

Résident de Regent Park, Toronto

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LEÇON 3

Les membres de la communauté souhaitent co-créer l’avenir des plateformes Pour chacune des initiatives, les membres de l’équipe ont constaté un intérêt à contribuer à l’élaboration du programme et au développement de l’initiative de la part des membres de la communauté. Les trois équipes ont remarqué que les membres des communautés ont aimé co-créer le programme et qu’ils en ont bénéficié, car ils ont pu apporter leurs propres idées. La manifestation de cet intérêt était différente dans chaque ville, mais un enthousiasme et une volonté de partager de nouvelles idées concernant les prochaines étapes et la manière de continuer à placer la communauté à l’avant-plan se sont manifestés à Halifax, à Toronto et à Montréal.

« La plupart des résidentes et des résidents ont exprimé le désir de voir les projets se poursuivre. Les projets ont suscité et mis en pratique un sentiment de créativité collective permettant à plusieurs résidentes et résidents de proposer de nouvelles idées et initiatives. Les projets et les ateliers ont révélé le besoin de projets structurants qui s’inscrivent dans une démarche à moyen et à long terme et qui sont nécessaires pour le voisinage. »

« À ma connaissance, aucun autre programme ne permet de participer aussi activement à la vie communautaire. » Participant d’Every One Every Day, Kjipuktuk-Halifax À Toronto, l’atelier sur l’hydroponie a suscité tant d’intérêt que certaines participantes et certains participants ont créé un club de culture hydroponique et ont participé à la deuxième phase des projets Our Neighbourhood Blooms et Our Neighbourhood Pollinates. Une telle reprise de la mobilisation aide à évaluer le potentiel de croissance des initiatives communautaires à mesure que le projet avance. À Montréal, la majorité des ateliers n’étaient pas dirigés par des membres de la communauté comme à Halifax ou à Toronto en raison des restrictions liées à la COVID-19 et parce que c’était la première fois que les membres de l’équipe interagissaient avec les résidentes et les résidentes du quartier. Quoi qu’il en soit, la population s’est montrée intéressée et prête à participer aux programmes à venir. De nombreuses données probantes ont révélé que le projet Notre voisinage a été bien reçu et que les activités et les projets proposés trouvent un écho chez les résidentes et les résidentes qui croient que la plateforme a le potentiel de répondre à leurs besoins. Voici les principales valeurs qui devraient orienter l’avenir de la plateforme participative selon les participantes et les participants de Notre voisinage : • un sentiment d’appartenance et des liens dans les quartiers; • la solidarité et l’entraide;

Rapport de Notre voisinage, Montréal

À Halifax, les commentaires des résidentes et des résidents alimentent la planification de la prochaine phase. « Les animatrices et les animateurs ont aimé avoir l’occasion de partager leurs connaissances et leurs compétences avec la communauté et faire partie du processus de co-création, élaborer du contenu et personnaliser la prestation de la séance selon leur degré de confiance. » Rapport d’Every One Every Day, Kjipuktuk-Halifax

« Grâce à la diversité des bienfaits constatés et à l’unicité ressentie lors de la création d’un espace destiné au partage interculturel, le projet pilote d’Every One Every Day a renforcé la manière dont cette approche est centrée sur l’expérience des résidentes et des résidents en créant différentes façons permettant à différentes personnes de participer à leur manière, en mettant l’accent sur le renforcement des liens entre toutes ces possibilités. » Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax Evaluation Report

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• l’écologie de partage; • la vie de quartier; • l’apprentissage, la créativité et le plaisir.

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RECOMMANDATIONS

S’assurer que pour les résidentes et les résidents, la valeur est le moteur principal et constitue l’objectif du programme et de l’organisme. En montrant la voie et en définissant les besoins concernant la cohésion sociale et la résilience communautaire, les résidentes et les résidents auront une influence sur les principaux résultats pour la population. Trop souvent, la définition de l’objectif et de la valeur des programmes correspond aux priorités organisationnelles et de financement. L’approche de ville participative permet aux membres de la communauté de prendre les choses en main en ce qui a trait aux programmes. Cette approche n’est pas habituelle et peut constituer un changement dans la manière dont les organismes mesurent la réussite. Veiller à ce que la structure de gouvernance et les relations de financement permettent aux programmes de se concentrer sur les résidentes et les résidents afin que ces derniers puissent déterminer la valeur et les résultats.

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LEÇON 4

La perspective géographique accroît la valeur créée pour les membres de la communauté Il ressort des prototypes qu’une perspective géographique plus restreinte dans un quartier améliore la capacité à entretenir des relations significatives et le sentiment d’appartenance. L’utilisation d’une distance de marche radiale de 15 minutes à partir d’un point central dans un quartier permet de maintenir l’échelle des interventions à un niveau réalisable. La définition d’un quartier ne peut être que subjective. Le paramètre de la distance de marche radiale de 15 minutes souligne l’importance de posséder des connaissances locales. À Halifax, la zone géographique du prototype était restreinte et respectait le concept d’une distance de marche de 15 minutes, mais la définition de ce qu’est un quartier pour les membres de la communauté était plus large, ancrée dans le passé ainsi que dans les liens familiaux et d’amitié. Étonnamment, la perspective géographique restreinte a permis de joindre une communauté plus vaste, grâce aux connaissances et aux relations entre les résidentes et les résidents. Les membres de la communauté des trois quartiers ont exprimé le désir de créer des liens et des occasions de partage des ressources et des compétences avec leurs voisins. Comme pour la leçon 2, les participants ont souligné que ces liens présentaient le plus de valeur pour eux.

15 mins

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15 mins

Figure 13 - Concept d’une distance de marche de 15 minutes

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RECOMMANDATION

L’approche de ville participative permet d’obtenir une meilleure compréhension et une définition plus exacte des quartiers naturels et historiques d’une ville et de leur emplacement. Cette acquisition continue de connaissances locales devrait être partagée avec les organismes de planification et les services municipaux, afin de veiller à ce que les activités de la Ville soient adaptées au fonctionnement de la communauté. Ce type de partage pourrait contribuer à la réduction des obstacles et à l’établissement d’un écosystème participatif à long terme.

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CONCLUSION PRINCIPALE 4 : VIABILITÉ Question de recherche

Dans quelle mesure ce programme est-il susceptible d’être viable dans le contexte économique, politique et social actuel? Conclusion principale pour la première année de recherche et développement sociale : Les résultats préliminaires indiquent que l’approche de ville participative est viable dans différents contextes et peut être intégrée à des écosystèmes existants de programmes, d’actifs et d’activités communautaires locaux.

Leçon 1:

Les relations locales existantes réduisent les obstacles aux activités. Leçon 2:

Une proposition de valeur unique parmi l’écosystème de programmes. Leçon 3:

Un grand potentiel de faire partie de la stratégie de reprise après la pandémie. Leçon 4:

La plateforme a souffert de l’absence d’espaces physiques. Leçon 5:

Nécessité d’une diversité de compétences et de ressources pour atteindre le seuil minimal de viabilité.

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« Nous avons intégré des entreprises, des organismes de service et des groupes locaux à notre projet pilote. Nous nous sommes vraiment efforcés de faire les choses différemment. L’adhésion des partenaires locaux démontre clairement que ces types de plateforme et de programme constituent une transition attendue vers une nouvelle façon de faire les choses, qui peut être intégrée au contexte local. » Rapport de Notre voisinage, Toronto CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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LEÇON 1

« Des leaders de la collectivité et des partenaires locaux nous ont mis en contact avec des résidentes et des résidents du voisinage très mobilisés, notamment avec la présidente du comité de locataires du HLM Meunier-Tolhurst, un immeuble de logements sociaux, et une locataire des Habitations NicolasViel. Malheureusement, dans les deux cas, cela ne nous a pas permis de recruter d’autres participantes et participants. Les mesures sanitaires strictes, l’interdiction d’accès aux édifices et l’orientation numérique du programme (processus d’inscription et ateliers) en raison de la pandémie ont nui à l’inclusivité que nous recherchions. »

Les relations locales existantes réduisent les obstacles aux activités. Dans chaque ville, grâce au soutien des membres de l’équipe en étroite relation, les prototypes ont été intégrés à l’écosystème local de programmes, d’organismes, d’acteurs du changement et d’entreprises. Cette intégration systémique à l’échelle locale est nécessaire au succès à long terme.

« Les groupes et les organismes locaux sont des partenaires solides et rehaussent la valeur de l’approche. Leur présence renforce la plateforme. » Rapport de Notre voisinage, Toronto À Toronto, l’équipe connaissait bien le travail communautaire dans le quartier, ce qui a permis de savoir par où commencer et d’établir un processus de partenariat tout en déterminant les obstacles à la participation. La connaissance des organismes locaux a permis de miser sur les relations existantes pour appuyer les programmes. Les partenariats avec des organismes comme Art Heart, Just Vertical, Wosen, PaintBox et Green Thumbs Growing Kids ont permis de s’assurer que le programme répond aux besoins communautaires et s’adresse à l’ensemble de la collectivité.

« Nous avons intégré des entreprises, des organismes de service et des groupes locaux à notre projet pilote. Nous nous sommes vraiment efforcés de faire les choses différemment. L’adhésion des partenaires locaux démontre clairement que ces types de plateforme et de programme constituent une transition attendue vers une nouvelle façon de faire les choses, qui peut être intégrée au contexte local. »

Rapport de Notre voisinage Dans les trois villes, les entreprises et les organismes locaux étaient prêts à participer et à soutenir les prototypes. Cette volonté est le fruit des relations existantes et du capital social. L’administration et les politiciens municipaux ont exprimé leur intérêt, mais ils attendent les résultats de cette année relativement aux prototypes avant de s’impliquer davantage. Néanmoins, une intégration politique s’est produite sur le plan stratégique dans les trois villes. À Halifax, le bureau du maire fait partie du groupe stratégique d’Halifax, qui assure la gestion d’Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax, alors qu’à Toronto, la Ville a présenté une lettre d’appui au début du projet. À Montréal, Notre voisinage a reçu une contribution équivalente de la part de l’arrondissement. La Ville de Toronto est favorable à l’idée de procéder à un prototypage et à lancer un projet pilote, mais souhaite voir les résultats avant de s’engager.

« La Ville [de Toronto] envisage un déploiement à grande échelle des mécanismes de création de richesse collective et des infrastructures communautaires intégrant le modèle de Participatory City, les infrastructures communautaires offrant un avantage stratégique pour l’adhésion municipale. »

Rapport de Notre voisinage, Toronto À Halifax, des relations existaient à l’échelle locale, tant sur le plan organisationnel qu’individuel. À l’échelle organisationnelle, l’association avec le Centre d’amitié autochtone mi’kmaw a apporté de la stabilité et a facilité la création d’espaces et de relations en tant que pilier à long terme du quartier North End. Sur le plan individuel, les membres de l’équipe entretenaient des relations soutenues avec d’autres organismes et avec des membres de la communauté. Cette connaissance a permis de joindre les membres de la communauté en s’adaptant à leur collectivité, et a facilité l’utilisation des espaces et des partenariats avec des entreprises comme Alter Egos, un café local et une institution communautaire importante. À Montréal, l’équipe a été confrontée à des obstacles, alors qu’elle travaillait dans un nouveau quartier. Même si la connaissance de la culture du quartier de Montréal a aidé l’équipe à comprendre les besoins des résidentes et des résidents, le fait de ne pas entretenir de relations avec des organismes communautaires clés lui a compliqué la tâche pour joindre les résidentes et les résidents, particulièrement pendant la pandémie. .

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Rapport de Notre voisinage, Toronto .


RECOMMANDATION

L’établissement de partenariats avec les administrations locales et régionales pendant la phase de développement est synonyme d’une plus grande résilience et augmente les chances de réussite à long terme, et contribue à une meilleure intégration systémique.

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LEÇON 2

Une proposition de valeur unique parmi l’écosystème de programmes. L’idée d’un écosystème participatif suscite l’enthousiasme des citoyennes et des citoyens et des organismes dans les collectivités. Cette idée semble à la fois familière, unique et innovatrice. Lorsque les parties prenantes des organismes réalisent qu’il n’y a pas de risque de concurrence ou de pénurie, elles comprennent qu’un écosystème participatif peut combler les lacunes et relier les programmes, et en sont enchantées. Le concept de la participation est simple, mais il est difficile à définir pour un système complexe d’organismes dont les priorités diffèrent. L’offre d’un écosystème qui touche les gens dans leur environnement, et qui met à profit leurs compétences et leurs passions, procure une proposition de valeur simple et unique. Les gens qui travaillent dans le secteur communautaire reconnaissent qu’il est essentiel de fournir des ressources aux résidentes et aux résidents pour mener des projets, mais il y a peu d’outils efficaces en place pour le faire.

« Il n’existe rien de tel à Regent Park. On y retrouve des programmes sociaux et artistiques et des programmes d’écologisation communautaire qui s’adressent à divers groupes d’âge et sont offerts dans différents organismes. Le projet Notre voisinage d’Every One Every Day proposait à l’ensemble des résidentes et des résidents un guichet unique de programmes gratuits touchant à divers domaines. Les parents et les enfants pouvaient y participer, et les aînés se sentaient les bienvenus. L’inclusivité régnait et des projets dans divers domaines étaient disponibles. » Rapport de Notre voisinage, Toronto

« Plusieurs organismes desservent le quartier, mais peu rejoignent précisément les gens. Les programmes et services répondent à des besoins spécifiques et urgents : l’éducation, la santé, etc. Il y a peu de programmes clés en main, faciles à réaliser, pour lesquels la participation serait simple, et dont l’objectif serait de créer et de renforcer des liens d’amitié, de convivialité et de solidarité et de faire se rencontrer les gens. Notre voisinage a réagi en offrant un programme complémentaire aux divers autres déjà en place dans le quartier. » Rapport de Notre voisinage, Montréal

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« Beaucoup d’organismes font un travail incroyable souvent très ciblé, comme mettre l’accent sur les jeunes, sur les aînés ou sur les arts. L’approche de ville participative consiste à tisser des liens entre tous ces programmes et services et à créer une base solide pour permettre aux résidentes et aux résidents de choisir les activités qui les intéressent et d’y participer de différentes manières. Je crois que l’engagement envers toutes ces composantes est ce qui constitue cette plateforme de soutien, et la volonté de la développer de manière proactive au fil du temps. » Aimee Gasparetto, directrice de programme, Every One Every Day, Kjipuktuk-Halifax

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RECOMMANDATION

Le lancement d’un nouveau prototype ou d’une nouvelle plateforme au Canada doit disposer d’une certaine autonomie, d’un financement suffisant, du soutien du personnel et des dirigeants politiques, ainsi que de bonnes relations avec les entreprises et les organismes du quartier, et doit être motivé par les besoins et les passions des résidentes et des résidents.

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LEÇON 3

Un grand potentiel de faire partie de la stratégie de reprise après la pandémie. Il n’était pas prévu de lancer un écosystème participatif pendant une pandémie, mais après réflexion, il est évident que l’objectif de l’approche de ville participative cadre avec la réponse à la pandémie et avec la stratégie de reprise connexe. Non seulement ces programmes nous aident-ils à affronter la pandémie, mais la résilience et la cohésion de la communauté sont des éléments nécessaires au rétablissement, et pour se préparer au prochain problème à l’échelle planétaire.

« Avec le taux d’inscription et de participation aux ateliers, les partenariats solides et les commentaires positifs obtenus, nous sommes convaincus du grand potentiel de viabilité de cette approche à Regent Park. La pandémie a eu des répercussions importantes sur le déroulement du projet pilote, mais je crois que l’occasion est unique d’intégrer les plateformes participatives à la stratégie de reprise après la pandémie. La plateforme participative d’Every One Every Day, Toronto, peut permettre aux résidentes et aux résidents de contribuer à rebâtir en mieux. » Rapport de Notre voisinage, Toronto

There is a desire and a wish expressed by most residents for projects to continue. The projects provoked and put into action a feeling of collective creativity where several residents proposed new ideas and initiatives. The projects and workshops have shown that the needs of structural projects that are part of a medium and long term approach are necessary for the neighborhood. Rapport de Notre voisinage, Montréal

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« J’ai trouvé le partage très intéressant, car de nos jours, il faut trouver des façons de nous rapprocher de nos voisins. Des petits détails, comme partager un morceau pain, ça fait du bien. Résident d’Ahuntsic, Montréal

« J’adorerais qu’il y ait davantage de ces rencontres en personne lorsque la pandémie prendra fin. J’aurais vraiment aimé rencontrer les autres participants du clavardage et avoir le temps de mieux les connaître. Je travaille de 9 h à 17 h, alors j’aimerais que des activités soient offertes en soirée. » Résidente de Regent Park, Toronto

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LEÇON 4

La plateforme a souffert de l’absence d’espaces physiques. L’approche a souffert de l’absence d’infrastructures physiques spécialement conçues. En raison des restrictions liées à la pandémie, nombre d’espaces partagés ont été perdus, différemment dans chaque ville, alors qu’ils permettent souvent d’établir des relations de façon naturelle, ce qui a grandement nui à la plateforme. À Montréal et Toronto, les collectivités n’offraient tout simplement pas d’espaces physiques. À Halifax, le prototype a mis en lumière le besoin d’espaces communautaires. L’initiative Every One Every Day de Londres nous a démontré les nombreux avantages d’une présence physique dans un quartier. Dans les prototypes canadiens, trois besoins ont été désignés comme pressants : 1.

Veiller à ce que les espaces soient conçus pour être inclusifs;

2.

Les espaces doivent avoir pignon sur rue et susciter la participation;

3.

Les espaces doivent être ouverts et informels pour permettre l’établissement de relations naturelles et la réalisation de projets. Un espace communautaire où les résidentes et les résidents peuvent entreprendre un projet avec d’autres personnes, faire une pause, et le reprendre un autre jour.

Dans la conclusion principale 2 (inclusivité), nous avons abordé l’importance d’avoir une image de marque et une stratégie de communication cohérentes et spécialement conçues pour que les membres de la communauté se sentent inclus. Cet aspect proactif doit se refléter dans les espaces physiques. Pour susciter et maintenir la participation des résidentes et des résidents, les espaces utilisés doivent être conçus avec un objectif et refléter la culture du quartier et des membres de la communauté.

« Le projet pilote a permis de démontrer que différentes activités se déroulant dans différents secteurs du quartier peuvent favoriser une participation inclusive. Ce réseau d’espaces pourrait d’ailleurs être grandement amélioré grâce à l’établissement d’un espace entièrement accessible et bien visible servant de point d’ancrage, avec le soutien de partenariats communautaires étroits contribuant à la continuité et la visibilité des activités. » Rapport d’Every One Every Day, Kjipuktuk-Halifax En raison de la pandémie, les prototypes de Toronto et de Montréal n’ont pas été en mesure d’offrir les mêmes types de programmes en personne. Les équipes ont réfléchi à ce qui a été perdu lors de la transition vers les programmes virtuels.

« Avec les activités en ligne, il était difficile pour les participants de créer des liens en-dehors des séances et des rencontres. Il n’était pas possible de raccompagner quelqu’un ou de rencontrer une personne au détour d’un rassemblement communautaire. » Rapport de Notre voisinage, Toronto

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« Nous n’avons pas accès à un tiers-lieu dans le voisinage où les résidentes et les résidents peuvent se présenter pour récupérer les trousses, et nous nous sommes trouvés dans l’obligation de livrer les trousses à domicile. Cette contrainte nous a demandé plus de temps et d’énergie, en plus de toute la logistique supplémentaire à gérer. » Rapport de Notre voisinage, Montréal Les espaces neutres donnant lieu à la création naturelle de liens, par exemple la rue, les vitrines et les espaces dédiés comme les espaces de création, font partie de l’approche au Royaume-Uni. Ces lieux permettent les interactions naturellement stimulantes qui en font une approche si intéressante et rendent les ateliers communautaires plus viables grâce à la capacité de répercussion.

« Un élément qui a eu une incidence sur l’expérience globale des participantes et des participants est la durée allouée à chaque séance. Dans bien des séances, la durée allouée ne permettait pas d’achever les tâches, de terminer les œuvres d’art et les pièces d’artisanat, ou dans certains cas, ne permettait pas aux animatrices et aux animateurs de présenter tout leur contenu. Les séances dépassaient souvent le délai alloué, et bien des participantes et des participants acceptaient de rester plus longtemps, alors que d’autres devaient partir en raison d’autres engagements et s’en disaient déçus. À deux occasions, les animatrices et animateurs ont mentionné se sentir bousculés pour partager leur contenu et leurs connaissances, et ont proposé d’offrir leurs séances en deux parties. » Rapport d’Every One Every Day, Kjipuktuk-Halifax Des espaces dédiés aux activités communautaires permettent aux ateliers de dépasser le temps alloué. Dans les ateliers de construction Build With Us organisés à Halifax, des participantes et des participants ont pu terminer leurs projets de construction, par exemple de bancs et de mini-bibliothèques, en respectant les paramètres des ateliers, mais d’autres ont eu besoin de plus de temps. Les animatrices et les animateurs étaient en mesure de partager leurs connaissances, mais davantage d’espaces neutres et de temps seraient requis pour permettre aux participantes et aux participants de revenir pour terminer leurs projets. Des espaces visibles ayant pignon sur rue permettent à ces types d’activités communautaires naturelles de se poursuivre tout en permettant aux autres membres de la communauté de voir les résultats des projets et de susciter leur enthousiasme. Sur le plan opérationnel, Montréal a aussi semblé éprouver des difficultés en raison de l’absence d’un endroit pour distribuer les trousses et inviter les gens à participer. Dans le contexte de la pandémie, ces espaces pourraient être situés à l’extérieur et permettre une distanciation (si la météo le permet).


« Bien que l’idée d’aménager des espaces ouverts, inclusifs et invitants semble tout à fait logique en théorie, en pratique, c’est bien différent. Par exemple, des espaces clairs, blancs et ouverts (intégrant parfois de l’art moderne) ne sont pas courants (ou attrayants) pour les Autochtones. Le défi consiste à créer des espaces ouverts et invitants pour tous, ou culturellement neutres, ou reflétant qui nous sommes ainsi que nos valeurs, ce qui comprend souvent notre identité culturelle. Il a été particulièrement difficile d’atteindre notre objectif en matière de réconciliation, qui doit refléter et célébrer la culture autochtone par la cocréation d’espaces et d’expériences. » Rapport d’Every One Every Day, Kjipuktuk-Halifax

RECOMMANDATION

Veiller à ce qu’un financement et des mesures de soutien soient en place pour l’aménagement d’espaces dédiés et spécialement conçus. La conception et l’aménagement de ces espaces pourraient offrir aux membres de la communauté des occasions de participer aux projets. Si les rassemblements intérieurs sont impossibles, ces espaces pourraient être situés à l’extérieur. Prévoir davantage de périodes libres et non structurées pendant les programmes pour offrir aux résidentes et aux résidents différentes façons de créer des liens et d’interagir.

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LEÇON 5

Nécessité d’une diversité de compétences et de ressources pour atteindre le seuil minimal de viabilitées pour atteindre le seuil minimal de viabilité. Le temps requis pour répondre adéquatement aux besoins de chaque projet dépassait les capacités des trois équipes. Les équipes relativement petites de chaque ville remplissaient différents rôles et fonctions de communication, d’évaluation, de prestation, de gestion et d’administration. Cela s’est révélé particulièrement ardu pour les prototypes, avec des membres de l’équipe de projet à temps partiel ou dont le temps était partagé entre différents projets. Tout le monde a convenu du surcroît de travail requis par rapport à ce qui avait été prévu au départ pour la mise en place d’un écosystème participatif viable, et les membres de l’équipe ont également réalisé la nécessité d’un éventail de compétences spécialisées. Ces compétences spécialisées incluent le travail communautaire de première ligne, la gestion de projet, le leadership horizontal, la conception graphique, l’aménagement de l’espace et l’évaluation. Il faut du temps pour réunir toutes ces compétences.

« Les ressources nécessaires pour établir, maintenir et développer cette plateforme de façon adéquate sont IMMENSES. Jusqu’à ce jour, j’ai toujours des doutes sur ce en quoi consiste une approche par étapes. C’est un peu comme si soit on avait une plateforme de soutien, soit on n’en avait pas, comme s’il fallait connaître et appliquer les exigences minimales avant de commencer (un espace entièrement fonctionnel et accessible, deux concepteurs de projet, un concepteur graphique, etc.), PUIS entreprendre le projet. » Un membre de l’équipe d’Every One Every Day, Kjipuktuk-Halifax

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RECOMMANDATIONS

Prévoir davantage de temps pour la conception conjointe du programme,du journal et des autres aspects de la communication visuelle qui sont chronophages, mais qui représentent une « première impression » ou une étape importante d’un projet inclusif. mière impression » ou une étape importante d’un projet inclusif.

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CE QUI A COMPLIQUÉ L’ACCROISSEMENT DE L’AMPLEUR Réflexions de l’équipe centrale de Canada participatif Les résultats de la première année de recherche et développement sociale contenus dans ce rapport sont très encourageants, mais une entreprise aussi ambitieuse et complexe que Canada participatif comporte son lot de défis et d’apprentissages. La présente section énonce les principaux apprentissages et difficultés selon la perspective de l’équipe centrale de Canada participatif, qui a offert son soutien à l’approche de ville participative pendant sa mise à l’essai dans trois villes.

« L’ACCROISSEMENT DE L’AMPLEUR ÉTAIT PLUS EXIGEANT ET PLUS COMPLEXE QUE PRÉVU » - Nat Defriend, Participatory City Foundation Au départ, on supposait que l’accroissement de l’ampleur des prototypes canadiens suivrait un processus linéaire reproduisant approximativement les étapes vécues par l’équipe du RoyaumeUni pendant l’établissement du projet à Londres. En réalité, la co-création et l’accroissement de l’ampleur ont exigé beaucoup plus que ce que l’équipe de direction de Canada participatif avait prévu, particulièrement pendant la phase de recherche et développement, principalement en raison du contexte de la COVID-19. Le niveau d’adaptation à la pandémie a été sous-estimé, et le développement dans chaque ville s’est révélé complexe. Soutenir à la fois les trois prototypes et l’initiative de Barking et Dagenham pendant la pandémie a encore augmenté le niveau de complexité. L’équipe centrale reconnaît que la mise en place de nouvelles initiatives selon l’approche de ville participative sera toujours complexe, particulièrement pendant la phase de démarrage. Il n’existe aucun raccourci à l’apprentissage nécessaire pour faire de cette phase un succès. Les prototypes ont permis de comprendre l’ampleur de l’apprentissage requis et la nature des infrastructures d’apprentissage à déployer avant de poursuivre le travail.

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L’équipe a cerné six facteurs qui ont grandement compliqué l’accroissement de l’ampleur :

1. La pandémie de COVID-19 2. L’établissement d’un grand nombre de relations de travail concertées 3. La complexité du processus de cocréation 4. L’aspect créatif et la propriété intellectuelle 5. Des modes de prestation de programme changeants 6. L’influence des cultures et des priorités organisationnelles


1. Pandémie de COVID-19 La pandémie a eu des effets variés et très perturbateurs sur tous les aspects de cette phase de recherche et développement sociale. Il est impossible de dissocier les difficultés liées au prototypage de celles découlant de la pandémie. En raison des perturbations provoquées par la pandémie, nous devrions nous demander dans quelle mesure nous avons mis à l’essai une plateforme participative. Les restrictions imposées par la COVID-19 ont tellement limité les prototypes qu’ils n’étaient parfois qu’un pâle reflet des intentions et attentes initiales. En plus de l’épuisement, de la fatigue, du stress émotionnel et de la détresse mentale provoqués par la pandémie, les prototypes devaient fréquemment s’adapter aux restrictions et aux règlements changeants. Les équipes responsables de la mise en œuvre des prototypes et l’équipe centrale de Canada participatif devaient sans cesse ajuster leur calendrier, leurs tactiques et leurs attentes. La distanciation sociale et les restrictions auxquelles nous avons été confrontés en 2020 et 2021 ont nui à l’accroissement de l’ampleur d’une approche centrée sur l’établissement de relations entre les gens. Les modifications et les adaptations effectuées en raison de la COVID-19 ont fait s’éloigner les prototypes des attentes initiales. En outre, les prototypes différaient les uns des autres d’une manière qui n’aurait pas pu être anticipée, car chaque équipe a dû s’adapter aux situations et aux règlements provinciaux et locaux.

RECOMMANDATIONS Le prototypage est axé sur l’apprentissage, et l’approche de développement d’idées et de concepts ne devrait pas être abandonnée après cette phase de recherche et développement sociale. La rapidité d’apprentissage, d’adaptation et de développement fait partie de l’ADN de cette approche, mais il ne faut pas sous-estimer le temps et l’énergie nécessaires. Le prototypage de l’approche devrait se poursuivre et pourrait être considéré comme la deuxième phase des prototypes existants, avec la levée des restrictions liées à la COVID-19, qui permettra de tester tous les aspects de l’approche à chaque emplacement. Chaque nouvelle ville ou nouveau quartier effectuant le prototypage de l’approche de ville participative doit être traité comme un cas unique exigeant de grands efforts d’adaptation, quelles que soient la situation pandémique et les circonstances externes.

Cependant, les prototypes ont généré une bonne compréhension et une forte demande envers le modèle de la part des parties prenantes locales, et les équipes responsables de la mise en œuvre des prototypes en ont retiré des connaissances empiriques. Des indicateurs démontrent que l’approche est utile aux communautés locales, et que les prototypes établissent les fondements nécessaires à l’obtention de résultats à long terme.

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2. Établissement d’un grand nombre de relations de travail concertées L’approche sous-jacente de ces prototypes repose sur l’hypothèse qu’une étroite collaboration et des relations productives permettent aux équipes des villes et de Canada participatif de co-créer des initiatives à l’échelle locale. Cela représente le meilleur moyen de transférer les connaissances et les pratiques de l’approche pour assurer le succès de ces prototypes dans des contextes bien différents. L’établissement de ce type de relations a rencontré plusieurs difficultés.

Absence de rencontres en personne Les relations ont beaucoup souffert lorsque les déplacements et les rencontres en personne ont été interdits. Les interactions entre d’une part l’équipe de Canada participatif, et d’autre part les équipes responsables de la mise en œuvre des trois prototypes et les organismes partenaires se déroulaient en vidéoconférence, par courriel et au téléphone. Bien qu’importants, ces moyens de communication étaient loin d’être idéaux pour instaurer un lien de confiance. En outre, l’absence de rencontres en personne limitait l’apprentissage par l’expérience et la co-création. Les membres des équipes des villes étaient présents à différents moments, et certains ont assisté aux ateliers en ligne, tandis que d’autres ne l’ont pas pu. Cela a entraîné un apprentissage asymétrique et une fragmentation des connaissances.

Manque de temps de la Participatory City Foundation La Participatory City Foundation a apporté une mine de connaissances sur la création d’écosystèmes participatifs pratiques. Le lancement simultané des trois prototypes a fait en sorte que les membres de l’équipe de la Participatory City Foundation ont dû entretenir de nombreuses relations en même temps, tout en gérant leur propre situation changeante au Royaume-Uni. L’établissement de relations à l’échelle locale est toujours exigeant, et du temps en personne est requis pour instaurer un lien de confiance. Ces relations locales se sont étendues au-delà des équipes responsables de la mise en œuvre des prototypes pour toucher les responsables organisationnels, les partenaires stratégiques, les représentants des administrations locales et les politiciens, entre autres. La Participatory City Foundation et la Fondation McConnell ont joué un rôle de sensibilisation qui a créé les conditions nécessaires à la mise en œuvre du prototype par les équipes. Le programme très chargé offert en ligne est tout le contraire d’une façon de faire efficace dans des conditions différentes, c’est-à-dire en personne, de manière informelle, en transmettant de l’énergie créatrice et de l’enthousiasme à mesure que les stratégies sont élaborées et que les apprentissages sont acquis.

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RECOMMANDATIONS Pour accroître l’ampleur, beaucoup de relations de travail étroites ont dû être cultivées, en particulier entre les équipes responsables de la mise en œuvre des prototypes et la Participatory City Foundation. Les nouvelles villes et équipes devraient prévoir de six à douze mois pour l’apprentissage du modèle au moyen d’expériences pratiques et de méthodes concrètes et par l’établissement de relations avant le lancement du prototype. Il s’agit d’un processus complexe qui exige davantage que la simple mise en place de l’approche. Les équipes locales doivent comprendre qu’elles acceptent une relation collaborative, selon une approche ouverte réunissant un apprentissage et un développement conjoints. Il faut comprendre qu’entretenir les relations adéquates nécessite du temps, des efforts et des pratiques. Il faut établir les composantes essentielles de l’infrastructure qui doivent être en place avant le lancement simultané de multiples prototypes. Le potentiel de complexité de chaque prototype est élevé, et des efforts sont requis pour créer et maintenir des relations solides.


3. La complexité du processus de co-création La co-création établit la manière dont les membres de l’équipe prévoient d’adapter l’approche de ville participative aux contextes communautaires au Canada. La co-création est une entreprise commune dans le cadre de laquelle les équipes locales et Canada participatif trouvent de nouvelles façons de fusionner les connaissances, les leçons et les réseaux. L’objectif est d’élaborer le plan ayant la plus grande probabilité de réussite en fonction du contexte, en raison des sources de renseignements. On suppose que ni l’organisme local ni Canada participatif ne peuvent concevoir isolément un projet efficace. C’est grâce à la collaboration en matière de ressources, de modèles et de relations qu’un projet solide sera mis en place. Le plan initial était que les équipes se rendent à Londres pour expérimenter directement l’approche, et que la Participatory City Foundation collabore ensuite étroitement avec les équipes locales pour co-créer les prototypes. En raison de la COVID-19, les occasions d’apprentissage en personne étaient inexistantes, et les processus d’apprentissage et de co-création ont commencé à s’entremêler. Les membres de l’équipe de la Participatory City Foundation ont dû animer des séances de co-création, tout en devant agir en tant qu’experts en contenu présentant les principes majeurs de l’approche à intégrer. Le processus de co-création a exigé de trouver un équilibre très délicat entre ouverture et contraintes de conception. Il ne s’agissait pas d’un processus entièrement ouvert dans le cadre duquel une toute nouvelle approche est co-créée. Il a été démontré que des aspects clés de l’approche permettent d’atteindre des résultats à long terme. Toutefois, l’approche a dû être adaptée pour demeurer pertinente en fonction de chaque endroit. En définitive, des relations productives ont été entretenues. Les équipes responsables de la mise en œuvre des prototypes ont mentionné que plus elles avançaient concrètement dans le projet, plus elles se rendaient compte que les éléments fondamentaux de l’approche sont interreliés et intégrés, et comprenaient l’avantage que constitue l’accès aux membres de l’équipe de Londres capables d’offrir de l’accompagnement, des outils et des ressources.

RECOMMANDATIONS Les personnes qui établissent l’accord de partenariat de co-création initial doivent être les mêmes que celles qui exécutent le projet, afin de s’assurer que les nuances du processus de co-création participatif sont comprises par tous. Ce processus doit être défini de telle sorte que toutes les parties sachent le rôle qu’elles vont y jouer, même si ce n’est pas celui auquel elles s’attendaient. Dans la mesure du possible, il faut communiquer les contraintes de conception que doivent respecter les participants. Tenir compte du fait que l’expérience dans chaque ville et chaque quartier sera différente. Bien des facteurs influenceront la complexité et le rythme du processus de co-création. Avoir une vision commune du processus de co-création et de l’approche de ville participative, et insister sur le fait qu’il est essentiel de collaborer, et que la relation de co-création exige une certaine vulnérabilité et une ouverture au changement à bien des niveaux, et de la part de tous les partenaires. Faire en sorte que toutes les parties intègrent l’approche et les principes de base tout en les adaptant à un nouvel endroit et à un nouveau contexte pour produire un résultat pertinent.

Figure 14 : Processus de design de l’approche Participatory City

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4. Trouver un équilibre entre l’aspect créatif, le partage en accès libre et la propriété intellectuelle Respecter la propriété et la paternité tout en s’efforçant d’instaurer une culture de partage en accès libre et de co-création a posé un défi tout au long du processus. L’objectif des accords de partenariat initiaux était d’établir un partenariat équitable où les deux parties partageaient la responsabilité du succès des travaux, respectaient leurs contributions mutuelles, et co-créaient et retouchaient les prototypes au fil du temps. Il était entendu que les deux parties contribueraient au partenariat chacune à sa manière, mais avec des responsabilités et des ressources claires et appropriées pour les différents éléments. Au fur et à mesure que chaque équipe adaptait les différents aspects de l’approche à la culture de son quartier, notamment les outils, les documents, les stratégies de communication et les ressources, des questions surgissaient à propos de la paternité et de la propriété. Les organismes locaux souhaitaient reprendre à leur compte l’approche, tout en adoptant ses principes de base. De toute évidence, les organismes participants ont à la fois besoin d’autonomie, d’appropriation et d’une capacité d’agir, et de s’appuyer sur l’approche de ville participative telle qu’elle a été conçue et mise à l’épreuve jusqu’à maintenant. Remarquons qu’une rivalité est souvent présente dans le secteur communautaire, car les organismes dépendent de ressources et d’un financement limités. Simultanément, il existe dans ce secteur une culture de partage et d’apprentissage, ainsi qu’un désir de mettre à profit le travail de chacun en évitant de reproduire les mêmes tâches que les autres. Cette tension s’est manifestée pendant cette année de prototypage, comme elle le fait régulièrement dans le secteur et dans l’ensemble du Canada. Apprendre des personnes qui gèrent des plateformes participatives, et avoir accès à des outils et à des ressources pour s’adapter, fait partie de l’ADN de l’approche de ville participative. Cette ouverture contribue à sa capacité à s’adapter et à s’améliorer. Les questions d’attribution, de paternité et de propriété devront être traitées de façon explicite à mesure que davantage de quartiers et de villes s’ajouteront et que le travail interculturel augmentera. Parmi les questions à examiner, mentionnons celles-ci : • Comment pouvons-nous favoriser une culture de partage en accès libre et d’apprentissage dans l’ensemble des organismes et des plateformes participatives au moyen de cette approche? • Comment les organismes ou les équipes peuvent-ils être reconnus et recevoir une attribution valable pour leurs contributions, tout en maintenant un esprit d’ouverture et de co-création?

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5. Des modes de prestation de programme changeants À première vue, l’approche de ville participative semble simple, ce qui en fait la beauté. Une conception de haut niveau est utilisée dans un large éventail de moyens de communication, dont des sites Web, des rapports, des vidéos et des documents infographiques. Sous la surface, l’approche de ville participative nécessite toutefois de modifier les systèmes et les comportements. Au cœur de l’approche de ville participative, on retrouve des pratiques proactives pour les équipes qui collaborent, pour les partenariats avec les administrations locales, et pour l’apprentissage et le développement en accès libre. Comme on peut s’y attendre, ces pratiques sont souvent incompatibles avec les systèmes dominants. Les équipes responsables de la mise en œuvre des prototypes se sont efforcées d’intégrer et d’adapter les principaux éléments de l’approche aux contextes locaux et organisationnels, mais les méthodes de travail et les comportements ancrés nuisaient parfois au changement de comportement envisagé et nécessaire. La mise en place d’une plateforme produisant des résultats fiables dans des domaines comme la santé mentale, la cohésion sociale et le bien-être est compliquée, et représente une transition marquée pour la plupart des organismes. Bien que cela semble facile de l’extérieur, les connaissances, les compétences et les capacités requises pour mener à bien la mission se forgent sur plusieurs années.

RECOMMANDATIONS Créer des modalités de partage des connaissances. Faire en sorte qu’au fil de l’évolution de l’approche de ville participative au Canada, les apprentissages liés aux changements systémiques soient partagés au-delà des intervenants directs, pour permettre la transition des systèmes dans l’ensemble du secteur communautaire. Travailler avec les partenaires des villes qui acceptent d’être des co-créateurs de ce nouveau champ de pratique, comprennent ce que cela implique, et qui s’engagent à perfectionner les connaissances conjointement et à les partager ouvertement avec le reste du monde.

« Il est important de faire la distinction entre une approche axée sur la participation et un modèle de prestation de services dans le monde du développement communautaire. C’est une chose de concevoir un programme ou un service et de l’offrir aux résidentes et aux résidents ainsi qu’aux membres de la communauté, mais c’en est une autre de favoriser la motivation, la capacité d’agir, l’autonomie, le financement et la culture au sein de la communauté pour permettre aux gens de partager leurs compétences et d’apprendre les uns des autres, malgré leurs différences, en tant qu’égaux, au lieu d’entretenir une relation expertélève ou fournisseur de service-utilisateur de service. » Keren Tang, responsable du développement, Canada participatif

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6. L’influence des cultures et des priorités organisationnelles sur l’approche Au Royaume-Uni, la Participatory City Foundation a pour seul but de servir l’approche de ville participative et sa mission. Au Canada, trois organismes existants ont pris en charge les prototypes, en raison de leur intérêt et de l’adéquation avec leurs missions et leurs mandats. L’intégration de l’approche à des organismes existants était une première. Au Canada, chaque équipe considérait Canada participatif comme l’un des nombreux programmes qui contribuent à l’avancement des priorités et de la mission de leurs organismes respectifs. Les priorités organisationnelles ont orienté les prototypes, et la culture organisationnelle a influencé la façon dont les membres des équipes responsables de la mise en œuvre des prototypes collaboraient. Avec l’adaptation de l’approche, nous pouvons nous attendre à une tension créatrice entre d’une part les éléments de l’approche fonctionnant à Londres depuis des années, et d’autre part le mandat et la culture de chaque organisme participant. L’adaptation s’est faite non seulement en fonction du contexte local, mais aussi du contexte organisationnel, c’est-à-dire de l’expérience et de l’expertise de l’équipe du prototype ainsi que des différentes cultures et priorités organisationnelles. La situation de chaque ville est unique, et chaque organisme possède différents niveaux d’expérience du développement et de l’engagement communautaires et a des aspirations différentes en ce qui concerne la plateforme participative. L’approche de ville participative exige que les priorités et les objectifs de l’organisme soient définis par les membres de la communauté. Il est présumé que cette approche doit être adaptée sur tous les plans pour obtenir des résultats marquants. Cela comprend la façon dont l’équipe et l’organisme interagissent avec les résidentes et les résidents, le quartier, l’administration locale et les structures de financement. Finalement, cela devrait être considéré comme une tension créatrice entre d’une part l’approche, et d’autre part le mandat et les secteurs d’intérêt de chaque organisme. Il est possible que les organismes doivent gérer la dynamique interne des programmes au détriment de la mobilisation des résidents.

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RECOMMANDATIONS Il est possible que le prototypage de l’approche de ville participative ne soit pas adapté à de grands organismes d’innovation sociale qui ont déjà des plans établis et qui considèrent l’approche comme l’un de leurs nombreux outils. La réussite de l’approche nécessite une portée, une intention et une adaptabilité pour que les résidentes et les résidents établissent l’orientation et les objectifs du programme, et pour faire de l’augmentation des taux de participation une priorité. Communiquer clairement le besoin de changement à divers niveaux dans les organismes qui veulent participer; l’approche n’est pas seulement un programme parmi tant d’autres. Cela signifie qu’il faut faire connaître l’échéancier, le financement et le nombre de membres de l’équipe requis pour l’établissement d’une plateforme participative. Envisager la mise en place de nouveaux organismes dont le mandat est souple et clair, et dont les équipes sont mises sur pied selon les fonctions et les expériences nécessaires pour bâtir la plateforme et l’écosystème participatif.


Rapport d’évaluation de recherche et développement sociale

Annexes

Rapports sur les villes : Halifax :

Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax rapport d’évaluation

Montréal :

Notre voisinage evaluation et plan de suivi

Toronto :

Projet Our Neighbourhood de Every One Every Day : TORONTO

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Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax rapport d’évaluation

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EVERY ONE. EVERY DAY. KJIPUKTUK HALIFAX RAPPORT D’ÉVALUATION MARS 2021

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PJILA’SI ~ BIENVENUE ~ WELCOME Le projet pilote de l’initiative Every One Every Day (EOED) à Kjipuktuk-Halifax s’est déroulé dans le quartier North End de Kjipuktuk (Halifax), qui se trouve sur Mi’kma’ki, le territoire ancestral et non cédé des Mi’kmaq. L’histoire orale, appuyée par des preuves écrites et des artéfacts, raconte que les Mi’kmaq ont occupé ce territoire pendant plus de 13 000 ans. Mi’kma’ki est couvert par les Traités de paix et d’amitié que les Mi’kmaq, Wolastoqey et Peskotomuhkatiyik ont d’abord signés avec les Britanniques en 1726. Ces traités ne signalent pas l’abandon ou le transfert des terres et des ressources aux Britanniques. Ils reconnaissent plutôt les titres des Mi’kmaq et Wolastoqey, et établissent les fondements d’une relation à long terme entre les nations dans le but d’éviter la guerre et de faciliter le commerce. Les Mi’kmaq considèrent ces traités comme des engagements juridiques. Ces pactes sacrés sont à la base des relations qu’ils entretiennent avec le gouvernement euro-canadien. Nous devons tous, en tant que citoyennes et citoyens touchés par les traités, accepter et apprécier leur légitimité pour reconnaître en tout honnêteté la présence des Mi’kmaq su ce territoire, tant hier qu’aujourd’hui. Cette reconnaissance territoriale ne se veut qu’un engagement de départ, puisque nous savons que de tels énoncés ne valent rien s’ils ne sont pas appuyés par des gestes significatifs en vue d’une réconciliation. En réfléchissant et en désapprenant, nous poursuivons notre éducation sur l’héritage de la colonisation, en tentant d’acquérir une compréhension neutre et concrète de notre histoire commune, et de la culture et des traditions des Premières Nations du territoire sur lequel nous menons nos activités. LES RELATIONS SONT AU CŒUR DE LA RÉCONCILIATION ET NOUS DEVONS EN PRENDRE SOIN. Msit no’kmaq est un terme mi’kmaw qui veut dire Toutes mes relations. Il évoque le respect des liens de dépendance qui existent entre nous, avec notre environnement immédiat et avec la nature sacrée de la Terre, notre mère, et tout ce que le Créateur nous a donné en cadeaux. Nous invitons nos partenaires, ainsi que les parties prenantes du projet à s’inspirer de Msit no’kmaq alors que nous allons de l’avant ensemble pour créer des communautés saines et durables, capables de soutenir un écosystème de participation, de respect mutuel et de compréhension.

Il est important de partager notre culture pour aider les autres à mieux comprendre comment aller de l’avant en tant qu’allié. - Un Aîné autochtone animant une séance

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REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier les personnes qui ont travaillé fort pour faire de l’initiative EOED à Kjipuktuk-Halifax (EOED) ce qu’elle est aujourd’hui, notamment : Les membres du groupe stratégique et du groupe de travail chargé de l’évaluation du projet pilote EOED : Pamela Glode Desrochers (Centre d’amitié autochtone mi’kmaw), Jennifer Angel, Anna Meranik et Mathew Neville (Develop Nova Scotia), Sue LaPierre, Pamela Yates et Sara Napier (United Way Halifax), Sara Colburn (Engage Nova Scotia), Annika Voltan (Community Sector Council of Nova Scotia), Louise Adongo et Cari Patterson (Inspiring Communities), Tom McGuire (ATN Group Consulting), Shaune MacKinlay, Cheryl Copage-Gehue et Mary Chisolm (Municipalité régionale d’Halifax) et Miriam Zitner (Halifax Partnership). Les leaders et les contributrices et contributeurs de l’équipe de Canada participatif : Tessy Britton (directrice générale et fondatrice), Aggie Paulauskaite, Saira Awan et Laura Rogocki (tutrices) de la Participatory City Foundation; Keren Tang (gestionnaire du développement, Canada participatif) et Jayne Engle (directrice de programme, Des villes pour tous) de la Fondation McConnell; et Sophia Horwitz et Greg Woolner de COLAB à Halifax.

LES MEMBRES DE L’ÉQUIPE DE PROJET DE L’INITIATIVE EOED : • • • •

Aimee Gasparetto, directrice de programme Frances Palliser-Nicholas, conceptrice de projet Tammy Mudge, responsable de l’évaluation Cynthia McClean, coordinatrice du carrefour de quartier

Avec le soutien de Debbie Eisan, Aînée du CAAM. Nous remercions chaleureusement tous ceux et celles qui ont offert du temps, de l’inspiration, des idées et des ressources, et qui ont adhéré à la vision d’une participation inclusive et d’une réconciliation à Kjipuktuk-Halifax.

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TABLE DES MATIÈRES CONTEXTE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Présentation de l’initiative EOED à Kjipuktuk-Halifax . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Géographie du projet pilote. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4 Wije’winen - Venez avec nous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5 Travailler ensemble pour un changement transformateur . . . . . . . . . . . . . . . . .6 Principes directeurs du groupe stratégique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7 JALONS CLÉS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8 Pré-conception. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9 Conception . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10 Lancement et réalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .12 Rapport final . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13 PRÉSENTATION DE L’ÉVALUATION DU PROJET . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14 ÉVALUATION ÉVOLUTIVE : FAITS SAILLANTS, PRINCIPAUX CONSTATS ET ÉLÉMENTS À PRENDRE EN CONSIDÉRATION À L’AVENIR. . . . . . . . . . . . . . . .15 Faisabilité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16 Inclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .18 Création de valeur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20 Viabilité et demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22 Avancement de la réconciliation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24 CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26

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CONTEXTE PRÉSENTATION DE L’INITIATIVE EOED À KJIPUKTUK-HALIFAX Le projet pilote Every One Every Day (EOED) à Kjipuktuk-Halifax s’inspire des travaux de l’organisme Participatory City dans l’est de Londres au Royaume-Uni. Il montre comment participer à des activités quotidiennes utiles peut transformer la vie des gens et le quartier qu’ils habitent. Kjipuktuk-Halifax est une des trois villes canadiennes qui travaillent en partenariat avec la Participatory City Foundation Foundation et Canada participatif dans le but d’explorer les infrastrucwtures sociales transformatrices qu’il nous faut pour créer et soutenir des communautés prospères, aujourd’hui, mais aussi dans l’après-COVID. Parmi les partenaires locaux, on trouve le Centre d’amitié autochtone mi’kmaw, Develop Nova Scotia, Inspiring Communities, Engage Nova Scotia, United Way Halifax, Community Sector Council of Nova Scotia, Group ATN, Halifax Regional Municipality and the Halifax Partnership. L’initiative EOED souhaite faire naître de nouveaux liens et de nouvelles amitiés grâce à une participation quotidienne à des activités utiles et agréables, qui, pour la plupart, peuvent rendre la vie plus facile et qui, dans l’ensemble, favorisent un sentiment d’unité. À Kjipuktuk-Halifax, cette vision prend la forme d’une plateforme de réconciliation permettant aux gens d’en apprendre plus sur la culture et l’histoire autochtones, mais aussi de partager au-delà des cultures et d’acquérir une nouvelle compréhension de l’autre et des lieux que nous considérons comme chez nous.

Une petite plateforme de soutien a été conçue en septembre 2020 afin de permettre à différents quartiers de se réunir pour créer et démarrer des projets utiles pour la communauté. Celleci incluait des espaces fonctionnels au sein d’un quartier, une équipe de projet travaillant aux côtés de résidentes et résident locaux dans le cadre d’un processus de co-création, des idées et des ressources pour encourager un réseau de projets participatifs pratiques, et un journal communautaire pour susciter de l’intérêt. Cela a mené à une programmation de six semaines comprenant huit projets de quartier et 30 séances animées par des résidentes ou résidents à huit endroits différents, le tout orienté sur le savoir autochtone et un partage et un apprentissage interculturels. Les séances ont été rendues possibles grâce à des résidentes et résidents locaux, y compris des Aînés et Aînées, gardiennes et gardiens de savoir, et artisanes et artisans autochtones, qui se sont réunis pour partager leurs idées, leur temps et leur talent. Ensemble, ils ont aidé à nourrir notre imaginaire collectif pour réaliser ce que nous pourrions faire ensemble tous les jours, en plus de nous donner un aperçu de ce à quoi pourraient ressembler la participation inclusive et la réconciliation dans nos quartiers.

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GÉOGRAPHIE DU PROJET PILOTE : LE QUARTIER NORTH END DE KJIPUKTUK-HALIFAX Le projet pilote EOED a été mis sur pied dans le quartier North End de Kjipuktuk-Halifax, qui est situé juste au nord du centre-ville à l’extrémité de la péninsule d’Halifax. Le projet pilote était accessible à tout le monde, mais la communication s’est faite surtout dans une zone du quartier bordée par quatre grandes artères qui traversent la ville du nord au sud (rue Barrington et rue Gottingen) et de l’est à l’ouest (rue North et rue Cunard).

Un profil communautaire et une carte de Uniacke Square et du quartier North End montrent que les unités locatives (57 %) comptent pour la plus grande partie des logements dans cette partie de la ville, suivis des logements sociaux (35 %) et des propriétés (8 %).

57 % 35% UNITÉS LOCATIVES

Même si nous sommes très près les uns des autres, il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas à propos des uns et des autres. - Le président du conseil d’administration du CAAM Cette partie de la ville est multiculturelle et revêt une signification historique et actuelle pour les communautés autochtones de Kjipuktuk-Halifax et les communautés africaines de la Nouvelle-Écosse. Plus précisément, c’est là que le Centre d’amitié autochtone mi’kmaw (CAAM) a ouvert ses portes en 1973. Celui-ci fait aujourd’hui partie des 125 centres d’amitié au Canada. Le CAAM est reconnu dans la ville et en Nouvelle-Écosse comme un lieu sûr et accueillant qui propose des programmes et des services appropriés sur le plan culturel aux membres des communautés autochtones. Plusieurs d’entre eux sont profondément attachés au Centre et à sa communauté. De l’autre côté de la rue, face au CAAM, se trouve deux organisations sœurs, le Mi’kmaq Child Development Centre et Direction 180, une clinique communautaire de traitement à la méthadone qui dessert l’ensemble de la communauté.

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LOGEMENTS PROPRIÉTÉS SOCIAUX

Le projet de logements sociaux Uniacke Square se trouve quelques rues au nord du CAAM. Celui-ci est reconnu comme abritant essentiellement une communauté noire. Bon nombre des personnes qui vivent là ou dans les environs sont d’anciens résidents et résidentes d’Africville, un quartier historique noir aux abords du port de Kjipuktuk-Halifax qui a existé du milieu des années 1800 au milieu des années 1900. Le quartier a été détruit dans les années 1960 à des fins de réaménagement urbain. De nombreuses personnes se sont installées à Uniacke Square au cours des dernières années, surtout de nouveaux arrivant et arrivantes au pays, ce qui a contribué à la nature multiculturelle du quartier. Depuis quelques années, la communauté du North End est menacée par l’embourgeoisement qui change les données démographiques et force le déplacement des résidentes et résidents locaux. Malgré ces bouleversements, la vie communautaire du quartier demeure dynamique et de nombreux organismes servent de carrefours pour les résidentes et résidents locaux. Chacun de ces organismes entretient des liens avec différents groupes communautaires. Durant les premières étapes de planification du projet pilote EOED, une des grandes préoccupations était de concevoir une plateforme de soutien capable non seulement de mettre à profit les actifs communautaires déjà en place, mais aussi de renforcer les liens entre eux et de créer de nouveaux liens entre les différentes zones du quartier.


WIJE’WINEN – VENEZ AVEC NOUS

Le CAAM travaille à la création d’une nouvelle installation, près du lieu historique de la citadelle et à quelques pas de son emplacement actuel sur la rue Gottingen. Créée comme le tout premier bâtiment d’inspiration autochtone à Kjipuktuk-Halifax, la nouvelle installation mettra en lumière la contribution des peuples autochtones à l’histoire et la culture de la région, en plus d’agir comme un emblème de la réconciliation.

Outre offrir des programmes et des services appropriés sur le plan culturel à une population autochtone urbaine en croissance, la nouvelle installation sera un carrefour au cœur même de la ville qui pourra faciliter de nouvelles relations avec une communauté plus vaste dans le but de favoriser une participation significative et des échanges interculturels entre les communautés autochtones et non autochtones. On imagine que cette installation fera partie d’une plateforme permanente qui alimentera un écosystème de participation inclusive dans les quartiers et les communautés de Kjipuktuk-Halifax. Le CAAM a mis sur pied une campagne intitulée Wije’winen, qui veut dire Venez avec nous, en parallèle à ses plans de déménagement, et ce, pour mieux refléter l’aventure que le centre souhaite vivre avec l’ensemble de la communauté. Ce terme a été proposé par des Aînés et des Aînées, et se veut une invitation bienveillante pour aller de l’avant ensemble.

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UNE PLATEFORME DE PARTICIPATION INCLUSIVE ET DE RÉCONCILIATION Notre parcours durant le projet pilote EOED s’est fait aux côtés du CAAM dans le but de voir quelles formes peuvent prendre la participation inclusive et la réconciliation au sein des quartiers. Nous avons utilisé des approches et des pratiques qui ont été étudiées et mises en œuvre efficacement par l’organisme Participatory City à Londres au Royaume-Uni. L’équipe locale à Kjipuktuk-Halifax a collaboré avec les tutrices de Participatory City pour profiter de leurs expériences et de leurs connaissances en matière de co-création et de culture participative.

Nous avons aussi appris des leçons utiles sur les implications que pourraient avoir ces travaux si nous placions la réconciliation au cœur de nos priorités. Dans certains cas, ces leçons ont été mises en application en temps réel, par exemple en élaborant des outils de communication, en intégrant le savoir autochtone et en adoptant des pratiques favorisant un échange culturel entre résidentes et résidents. Dans d’autres cas, elles ont été intégrées sous forme de questions et de recommandations qui viendront éclairer des itérations futures de ces travaux, à Kjipuktuk-Halifax ou ailleurs.

TRAVAILLER ENSEMBLE POUR UN CHANGEMENT TRANSFORMATEUR Dès ses débuts, le projet pilote a été soutenu par un groupe stratégique composé de partenaires de plusieurs secteurs qui se sont réunis pour orienter les premières étapes des travaux et fournir un soutien par l’entremise d’infrastructures et de systèmes déjà en place. Le groupe stratégique croit sincèrement à la possibilité de créer des infrastructures sociales transformatrices pouvant donner lieu à de nouvelles formes de culture participative à Kjipuktuk-Halifax, mais aussi dans le reste de la Nouvelle-Écosse. Le CAAM a agi comme partenaire principal du projet et sa relation avec le groupe stratégique repose sur un partenariat et un apprentissage commun.

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Si la réconciliation pouvait se faire rapidement ou par un groupe de personnes seulement, cela serait déjà fait. - Directrice générale, Centre d’amitié autochtone mi’kmaw Durant l’élaboration du projet pilote, le groupe stratégique a entrepris d’établir un ensemble de principes directeurs pour appuyer de nouvelles façons de travailler et de mesurer les progrès. L’objectif était d’étudier concrètement la réconciliation à travers le prisme de la gouvernance. Du temps était réservé durant les réunions du groupe pour mieux comprendre le savoir autochtone en compagnie d’une Aînée du CAAM. Il en a résulté un ensemble de principes directeurs éclairé par les sept enseignements sacrés, qui considère comment nous travaillons ensemble comme un indicateur de réussite indispensable.


PRINCIPES DIRECTEURS DU GROUPE STRATÉGIQUE Les principes directeurs qui suivent ont été établis à l’aide de l’enseignement mi’kmaw d’Etuaptmumk, ou le « regard des deux yeux », élaboré par l’Aîné Albert Marshall de la Première Nation Eskasoni dans le district d’Una’ma’ki. Celuici nous enseigne d’unir les forces du monde autochtone et du monde colonisé, et, à partir de ces deux points de vue, d’améliorer les capacités et la réussite de tout le monde. Les principes intègrent donc la pratique euro-canadienne aux sept enseignements sacrés des Mi’kmaq grâce à un processus d’apprentissage conjoint et de partage d’histoires.

AMOUR ET OUVERTURE D’ESPRIT

COURAGE ET BRAVOURE

Grâce à l’enseignement de l’amour, nous effectuons nos tâches le cœur ouvert, imprégnant notre travail d’amour pour toujours demeurer accueillants et inclusifs.

Grâce à l’enseignement du courage, nous exprimons la ténacité que nous avons en nous pour surmonter les peurs qui nous empêchent d’avancer dans nos travaux en acceptant notre inconfort et en y faisant face ensemble, avec bravoure et intégrité.

RESPECT ET HARMONIE

HUMILITÉ ET RÉCIPROCITÉ

Grâce à l’enseignement du respect, nous reconnaissons l’existence de vérités multiples et accordons la même importance à tous les points de vue. Nous acceptons les différences, sans les juger ou les rejeter, en visant une compréhension mutuelle qui favorisera un environnement harmonieux où tout le monde pourra prospérer.

Grâce à l’enseignement de l’humilité, nous reconnaissons que nous faisons partie de quelque chose qui va au-delà de nos besoins individuels. Nous honorons nos liens de dépendance, Msit no’kmaq ou « Toutes mes relations », en allant plus loin que les mots pour toucher l’essence de notre être et de notre existence sur Terre. Nous reconnaissons notre interdépendance en favorisant des relations de travail à la fois réciproques et loyales.

SAGESSE ET RÉFLEXION

VÉRITÉ ET TRANSPARENCE

Grâce à l’enseignement de la sagesse, nous utilisons nos dons individuels de façon à encourager le bien-être et l’équité. Nous savons que nos travaux sont dynamiques et en constante évolution, et nous créons délibérément un espace pour réfléchir au passé et au présent, en vue de préparer l’avenir.

Grâce à l’enseignement de la vérité, nous respectons ces principes, nous travaillons avec détermination et nous agissons de manière intentionnelle. Nous connaissons nos vérités personnelles et nous reconnaissons les nombreux prismes qui influencent notre façon de voir et d’agir dans le monde afin de demeurer responsables et transparents.

HONNÊTETÉ, APPRENTISSAGE ET DÉSAPPRENTISSAGE Grâce à l’enseignement de l’honnêteté, nous demeurons authentiques face à nous-mêmes, à notre communauté et aux autres en nous exprimant toujours sincèrement. Nous créons un espace sûr pour appendre et grandir ensemble, et nous dirigeons avec curiosité, en nous posant des questions et en nous demandant pourquoi les choses sont telles qu’elles sont afin de mieux connaître notre histoire commune.

Ces principes sont magnifiques. Ils montrent que l’on se doit d’être vulnérable dans la pratique. - Un membre du groupe stratégique CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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JALONS CLÉS PROJET PILOTE EOED

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Obtention du financement pour le projet pilote à KjipuktukHalifax

Embauche de la directrice de programme

Présentation des recommandations concernant la réalisation du projet

Embauche de la conceptrice du projet

Élaboration des principes directeurs du groupe stratégique

Élaboration de la charte de projet du groupe stratégique

Embauche de la coordinatrice du carrefour de quartier

Embauche de la responsable de l’évaluation

Co-création de la programmation de mars

Cadre d’évaluation

Lancement du site web et de la page Facebook

Réalisation de la programmation (six semaines)

Overture de la programmation

Lancement et distribution du journal

Fin de la programmation

Rapport final

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PRÉ-CONCEPTION : JUILLET 2019 À AOÛT 2020 JUILLET 2019

C A M P PA RTIC IPATO RY CITY SU R L’Î LE WA SA N

Camp Participatory City sur l’Île Wasan, qui a réuni des représentantes et représentants de Halifax, Montréal et Toronto. Choix d’Halifax comme une des trois villes pour tester la faisabilité grâce à un projet pilote.

OCTOBRE 2019

Dîner-causerie en compagnie de la directrice générale et fondatrice de la Participatory City Foundation. Atelier d’une journée réunissant des leaders locaux. Planification du projet pilote par le groupe stratégique (neuf organismes, 14 personnes). Obtention du financement pour le projet pilote de R et D sociale à Kjipuktuk-Halifax.

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CONCEPTION : SEPTEMBRE 2020 À JANVIER 2021 SEPTEMBRE 2020

UN E A ÎN ÉE PA RTAG E UN ENSE IG N EM EN T AUTO UR LA JO UR N ÉE DE LA CH EM ISE O R A N G E AVEC LE G RO UPE

Embauche de la directrice de programme. Entrevues avec les membres du groupe stratégique : travail de cartographie et perspectives à ce jour. Orientation, apprentissage et planification relativement au projet pilote (directrice de programme + Participatory City Foundation + Canada participatif). Présentation de constats et de recommandations au groupe stratégique pour aller de l’avant.

OCTOBRE 2020

Solidification du modèle du projet pilote à Kjipuktuk-Halifax. Apprentissage et planification : • sensibilisation et partenariats (organismes et entreprises du North End) • co-création du projet pilote (personnel du CAAM + résidentes et résidents du North End) • architecture de programme (Participatory City Foundation et personnel du CAAM)

CO N CE PTIO N DU PRO G R A M M AT IO

• image de marque et communications (personnel du CAAM et Participatory City Foundation)

Présentation et discussion avec le personnel du CAAM (22 membres du personnel)

Image de marque : Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax.

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N DE M A RS


NOVEMBRE 2020

Embauche de la conceptrice du projet. Apprentissage et réflexion du groupe stratégique : une Aînée du CAAM explique les sept enseignements sacrés pour orienter l’élaboration des principes directeurs. Finalisation du plan pour le projet pilote. Co-création (personnel du CAAM + entreprises et résidentes et résidents du North End) Octobre à décembre : conversations avec 50+ animatrices et animateurs potentiels, et 20+ entreprises et organismes locaux. Début de la création du journal (personnel du CAAM et tutrices de Participatory City).

DÉCEMBRE 2020

Présentation du projet pilote au personnel de United Way Halifax (UWH) et lien avec le réseau de carrefours de quartier d’UWH. Co-création de la programmation de mars avec les résidentes et résidents du North End, le personnel du CAAM et des membres de la communauté. Planification du projet pilote (co-création, séances de la programmation de mars, architecture de programme, journal, planification de l’espace). Conception et élaboration du site web et de la page Facebook. Élaboration de la charte de projet du groupe stratégique.

JANVIER 2021

Embauche de la responsable de l’évaluation. Embauche de la coordinatrice du carrefour de quartier. Co-création de séances avec le personnel du CAAM et des résidentes et résidents du North End. Rencontre avec du personnel de la Municipalité régionale d’Halifax : production d’un rapport de présentation pour le directeur général. Finalisation de la programmation de mars. (huit projets et 33 séances) Création d’un plan de communication pour la programmation de mars. Élaboration des principes directeurs du groupe stratégique. CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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LANCEMENT ET RÉALISATION : 1ER FÉVRIER AU 14 AVRIL 2021 FÉVRIER 2021

1ER FÉVRIER : Lancement du site web et de la page Facebook 2 FÉVRIER : Lancement du journal : distribution de 2500 exemplaires porte-à-porte et de + 800 par l’entremise d’organismes locaux Finalisation du cadre d’évaluation Aménagement de l’espace pour la programmation de mars. Production du matériel de communication. Création d’un plan COVID pour la programmation de mars.

MARS 2021

Début de la programmation de mars. 130+ personnes présentes sur Zoom et + 405 engagements sur Facebook. Programmation de mars : • 30 séances • 26 animatrices et animateurs • 235 participantes et participants inscrits, et 65 personnes sur des listes d’attente • 167 personnes qui participent aux séances • 28 trousses « At Home With Us » distribuées Entrevues dans les médias : Quatre entrevues, y compris à la radio, à la télévision et dans la presse écrite. Présentations et allocutions : 7 séances de partage d’histoires sur des plateformes locales et nationales.

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RÉDACTION DU RAPPORT : 1ER AVRIL AU 30 AVRIL 2021 AVRIL 2021

Dernières séances de la programmation de mars. Fin de la programmation Rapport final du projet pilote à Kjipuktuk-Halifax

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PRÉSENTATION DE L’ÉVALUATION DU PROJET L’évaluation du projet pilote à Kjipuktuk-Halifax repose sur un cadre élaboré en janvier 2021. Elle porte sur les quatre composantes de recherche et de développement mises de l’avant par Canada participatif dans le but d’adapter l’initiative EOED à l’échelle nationale : 1. Faisabilité; 2. Inclusion; 3. Création de valeur; 4. Viabilité. Nous en avons ajouté une cinquième, soit l’avancement de la réconciliation, afin de renforcer et maintenir notre engagement en-

vers la réconciliation tout au long du projet, et d’éduquer toutes les personnes impliquées à propos de l’histoire, de la culture et des traditions des peuples autochtones. Dans un esprit de réconciliation, nous avons traduit le nom des composantes en langue mi’kmaw.

FAISABILITÉ KETANTOQ ~ S’EFFORCER D’OBTENIR INCLUSION TOQOLUKWEJIK ~ TRAVAILLER ENSEMBLE CRÉATION DE VALEUR KSITE’TAQAN ~ QUELQUE CHOSE DE PRÉCIEUX VIABILITÉ NIMJI’MUATL ~ SOUTENIR, ENCOURAGER AVANCEMENT DE LA RÉCONCILIATION NESTU’ET AQQ TETAPU’LATL ~ APPRENDRE À CONNAÎTRE ET RENDRE JUSTICE

Pour appuyer le processus d’évaluation et aider la responsable de l’évaluation dans son parcours d’apprentissage, nous avons formé un groupe de travail d’évaluation (GTE) composé de personnes possédant une en matière d’évaluation. La tâche première du GTE était de soutenir la responsable de l’évaluation en lui fournissant des renseignements et des suggestions tout au long du

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processus. Trois rencontres en ligne ont eu lieu durant le projet pilote. Des contacts réguliers avec la directrice de la recherche et de l’évaluation de l’organisme Inspiring Communities ont aussi permis d’obtenir plus de soutien, d’information et d’expertise, et d’aborder toute préoccupation liée à l’évaluation du projet.


Les résultats présentés dans le rapport reposent sur de l’information provenant des sources suivantes : • • • • • • • • •

Participantes et participants Animatrices et animateurs Membres de l’équipe de projet Réflexions personnelles de la responsable de l’évaluation Groupe stratégique Feuille d’inscriptions Feuilles de planification de la programmation de mars Notes des séances Observations

Les données d’évaluation ont été recueillies à l’aide des méthodes suivantes : • • • • • •

• • • •

Observations (30 séances) Revue de la documentation Examen de la base de données Sondages sur place (52 participantes et participants) Sondages en ligne (10 participantes et participants, 1 animateur) Entrevues au téléphone ou sur Zoom (3 participantes et participants, 3 animateurs et animatrices, 3 membres de l’équipe de projet, 4 membres du groupe stratégique) Exercices de réflexion (13 participantes et participants) Contacts réguliers avec l’équipe de projet (4 membres) Séances de réflexion avec le groupe stratégique (9 membres) Réflexions à la fin des séances (7 animatrices et animateurs)

RÉSULTATS DE L’ÉVALUATION Les résultats de l’évaluation sont répartis en fonction des cinq composantes de recherche et de développement mentionnées précédemment. Ils sont présentés de manière à combiner les approches euro-canadienne et autochtone en matière de compréhension et de partage de savoir, et ce, pour exprimer le plus fidèlement possible chacune de ces voix. Chaque section détaille les faits saillants, les principaux constats et les éléments à prendre en considération à l’avenir. Les faits saillants renvoient aux expériences vécues par tous ceux et celles impliqués dans le projet pilote. Les principaux constats cernent les

apprentissages ayant découlé de ces expériences. Les éléments à prendre à considération à l’avenir visent à orienter les prochaines étapes de l’initiative EOED à Kjipuktuk-Halifax, et à garantir que nous menions le processus de la bonne façon, en honorant à la fois tradition et esprit.

Je préfère entendre les histoires du projet, car elles parlent plus fort que les chiffres. - Un membre du groupe stratégique

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KETANTOQ ~ S’EFFORCER D’OBTENIR (FAISABILITÉ)

L’initiative EOED à Kjipuktuk-Halifax s’efforce d’obtenir un niveau de participation communautaire inclusive qui renforcera la capacité communautaire et encouragera les résidentes et résidents du North End à créer des liens avec d’autres dans leur quartier, ainsi qu’avec des entreprises et organismes locaux. Le projet pilote a permis de créer une plateforme de soutien et de connexion qui a aidé des gens à donner vie à leurs idées durant la programmation de mars.

FAITS SAILLANTS

Cette programmation est différente parce qu’elle est enracinée dans la communauté et qu’elle permet aux gens d’imaginer d’autres façons d’entreprendre des activités semblables sur une base hebdomadaire. - Un participant

La programmation de mars a piqué la curiosité de la communauté. - Une participante

ENTENDRE PARLER DE LA PROGRAMMATION DE MARS Savoir comment les participantes et participants ont entendu parler de la programmation de mars est crucial pour déterminer le moyen de communication qui sera le plus utile pour la suite des choses. Des 62 participantes et participants sondés, 29 % ont indiqué avoir entendu parler de la programmation de mars grâce au journal de l’initiative EOED. Ensuite, 26 % ont signalé avoir entendu parler de la programmation de « bouche-à-oreille », principalement d’une ou d’un ami, d’un membre de la famille ou d’une ou d’un collègue. Enfin, 18 % ont indiqué avoir découvert la programmation grâce à la page Facebook de l’initiative. Les promotions et activités semblent très intéressantes et aussi très nécessaires durant cette période de distanciation sociale pour nous aider à sentir que nous faisons partie d’une communauté et que nous ne sommes pas seuls. - Un résident

Le journal était magnifique et l’horaire et le but du projet étaient clairs. - Une participante INSCRIPTION ET PRÉSENCE Les résidentes et résidents pouvaient s’inscrire aux séances sur notre site web. Toutefois, nous n’avons pas recueilli de données sur la facilité d’utilisation du site ou la façon dont les gens l’ont utilisé autrement que pour s’inscrire à la programmation. Un total de 300 personnes se sont inscrites aux séances (dont 65 étaient sur une liste d’attente). Nous avons noté la participation de 122 personnes (41 %) sur les 300 personnes inscrites. Il était aussi possible de s’inscrire pour recevoir deux trousses « At Home with Us », qui ont été conçues pour augmenter la participation et l’inclusion de ceux et celles qui voulaient participer, mais qui n’étaient pas en mesure de le faire en personne ou en ligne. Au total, 28 personnes se sont inscrites à ces activités à faire à la maison et plus de 30 autres trousses ont été distribuées par l’entremise d’organismes communautaires partenaires. Les 30 séances proposées incluaient quatre séances « Thé et bannique » où les membres de la communauté pouvaient venir discuter avec des Aînés et Aînées de la communauté. Trois rencontres ont eu lieu en personne dans un café local et une a été enregistrée en direct du CAAM

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J’ai adoré l’atelier de décoration de fenêtres et j’ai aimé que la création de places soit utilisée pour une activité communautaire. - Un participant et diffusée sur la page Facebook. Huit personnes ont participé et commenté activement lors de la séance en direct sur Facebook. Il n’était pas nécessaire de s’inscrire aux quatre séances, mais une feuille de suivi des présences indique que 37 personnes ont participé aux trois séances en présentiel. Des membres de la communauté ont animé les séances de la programmation de mars avec l’aide de l’équipe de projet. En tout, 26 animatrices et animateurs ont participé à la co-création et la facilitation d’une ou de plusieurs des 33 séances proposées. Pour faire connaître la programmation, 3300 exemplaires du journal de l’initiative EOED ont été distribués à des organismes et des résidences du quartier North End.


PRINCIPAUX CONSTATS

La bannique était bonne, mais la compagnie encore meilleure. Tout le monde voulait parler et poser des questions. Je ne sais pas qui a eu cette idée, mais je pense que c’est une des meilleures choses qui a été organisée au centre. - Une animatrice

ENCOURAGER LA PARTICIPATION Le projet pilote a mis en lumière l’importance de compter sur des relations significatives et de confiance au sein de la communauté pour susciter de l’intérêt et gagner du terrain. Deux membres de l’équipe de projet entretenaient déjà des liens avec la communauté. De son côté, le CAAM est un carrefour communautaire depuis plusieurs décennies. La conceptrice de projet a donc été en mesure d’établir rapidement une liste initiale de membres de la communauté pouvant possiblement animer des séances. Les relations déjà en place ont aussi influé positivement sur la participation communautaire tout au long du projet pilote. Tant les animatrices et animateurs que les résidentes et résidents se sentaient à l’aise de s’implique, puisqu’ils savaient que l’équipe de projet et le personnel du CAAM allaient leur offrir un soutien adéquat. Ces relations ont évolué en cours de route et constituent des fondations solides pour aller de l’avant. Après avoir participé au projet pilote, presque toutes les personnes ayant animé des séances ont dit qu’elles seraient prêtes à recommencer, en animant la même séance ou quelque chose de nouveau. Parmi les participantes et participants sondés, 5 % ont déclaré qu’ils seraient prêts à animer une séance et 31 % ont suggéré des idées pour d’éventuelles séances.

• Le journal de l’initiative EOED s’est avéré le meilleur moyen de communication pour faire connaître l’initiative et inviter la communauté à participer. La production du journal a exigé beaucoup de temps et de ressources, de la part de l’équipe de projet locale, mais aussi des tutrices de Participatory City. Cet apprentissage en accéléré, combiné à d’autres exigences de communication, est venu souligner le besoin de ressources humaines spécialisées dans ce domaine, même au début des travaux. • La production du journal nous a réellement montré comment placer la réconciliation au cœur de la société viendrait modifier ces travaux. Nous nous sommes efforcés de créer une mise en page invitante pour la communauté autochtone, mais aussi pour tout le monde. Un dialogue continu a eu lieu entre la conceptrice et le personnel du CAAM pour bien faire les choses et garantir un échéancier adéquat pour la planification des éléments visuels. • Il est primordial que l’équipe de projet connaisse et comprenne la communauté. Des relations déjà établies ont grandement aidé à solliciter la participation d’animatrices et d’animateurs, à engager un réseau d’espaces locaux et à faire la promotion de la programmation de mars au sein de la communauté. • L’inscription obligatoire a freiné la participation et l’inclusion, mais nous ne savons pas dans quelle mesure. Il est probable que les limites renvoyaient à l’accessibilité technologique (accès à internet et connaissance de la technologie) et à la planification requise lorsqu’une présence spontanée n’est pas une option. • Le projet pilote a montré le niveau considérable de soutien individuel et de relations requis pour créer et développer une culture de participation. Bien que la majorité des animatrices et animateurs souhaitent animer de nouveau, amener des participantes et participants à passer à l’animation exigera beaucoup de temps et de soutien.

ÉLÉMENTS À PRENDRE EN CONSIDÉRATION À L’AVENIR

Vu les restrictions liées à la COVID-19, il était nécessaire de s’inscrire à la programmation du mois de mars et la première semaine s’est déroulée entièrement en ligne après l’annonce d’un confinement quelques jours avant le lancement. Cela a entraîné des défis sur le plan des présences. Bon nombre de séances affichaient complet avec une liste d’attente, mais finalement, seulement la moitié des personnes inscrites ont pris part aux séances. Les personnes sur la liste d’attente ont raté leur occasion de participer. Cela a aussi limité la participation dans son ensemble.

Un bon travail a été fait pour modifier et adapter la programmation. - Un membre du groupe stratégique

• Intégrer les journaux comme principal outil de communication pour encourager et augmenter une participation continue au fil du temps. Ce faisant, il faut définir des cycles de production réalistes correspondant au déroulement de la programmation et pouvant croître au fil du temps en fonction des ressources disponibles. • Faire de l’expertise en communication et en graphisme une ressource centrale de l’équipe de projet, et ce, pour superviser la création des journaux et autres outils de communication. • Approfondir la recherche sur la façon dont l’inscription obligatoire influe sur une participation inclusive. Expérimenter davantage avec des projets à présence spontanée lorsque cela sera possible, et réfléchir attentivement à la meilleure façon de gérer les présences durant de tels projets. CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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TOQOLUKWEJIK ~ TRAVAILLER ENSEMBLE (INCLUSION) Il faut que la communauté travaille ensemble pour créer un écosystème de projets participatifs avec les résidentes et résidents du quartier. Ces relations de travail doivent encourager la diversité culturelle et reconnaître les expériences diverses présentes et passées des membres de la communauté pour venir renforcer la capacité d’agir collective et favoriser l’inclusion.

FAITS SAILLANTS

Nous devons garder l’esprit ouvert face à la programmation, en nous demandant constamment qui nous ne touchons pas et en cherchant de nouvelles occasions de toucher des gens au sein de la communauté. - Un membre de l’équipe de projet

ENCOURAGER LA PARTICIPATION INCLUSIVE Nous n’avons pas recueilli de données démographiques, mais des observations faites par l’équipe de projet indiquent de manière anecdotique que les séances ont attiré des gens de différents âges et milieux culturels : • Des enfants ont participé à quelques séances : marches dans le quartier, création de capteurs de rêves traditionnels, rencontre « Thé et bannique » et initiation à la capoeira. • Plusieurs animatrices et animateurs possédant une vaste gamme de compétences et de talents ont aidé à attirer une participation diverse. Certaines personnes ont assisté à plusieurs séances, mais les listes de participation indiquent que chaque séance a attiré des membres particuliers de la communauté. • Des personnes autochtones et non autochtones ont animé des séances et participé à celles-ci. De nombreux animateurs et animatrices de la programmation de mars étaient autochtones et les séances ont attiré à la fois des personnes autochtones et non autochtones. • Des personnes de différents milieux culturels ont exprimé le souhait d’apprendre et de partager du savoir. Elles ont posé des questions et exprimé leur volonté à partager ouvertement leurs connaissances.

Durant la séance sur les capteurs de rêves, un père et son fils ont partagé leurs coutumes juives avec le groupe pendant qu’ils fabriquaient un capteur de rêves. Ils ont aussi exprimé leur intérêt à apprendre la langue mi’kmaw.

(Observation)

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Durant la séance sur la cérémonie de purification par la fumée et le pow-wow, deux participants se sont présentés comme étant autochtones et souhaitant en apprendre plus sur leur culture, tandis que deux autres personnes se sont présentées comme n’étant pas autochtones, mais souhaitant mieux connaître ces pratiques.

(Observation) Durant les entrevues, certaines personnes ont avancé que la participation ne représentait pas la communauté du North End dans son ensemble. Par exemple, une personne a mentionné qu’elle aurait aimé voir plus de personnes âgées prendre part à la programmation (reconnaissant toutefois qu’elles étaient peut-être limitées par les restrictions liées à la COVID). Une autre aurait aimé voir plus de jeunes s’impliquer, surtout en tant qu’animatrices ou animateurs.


UNE INVITATION CHALEUREUSE POUR TOUT LE MONDE Un effort important a été déployé pour créer des invitations et des espaces chaleureux et accueillants pour tout le monde. Par exemple, le journal et le site web contenaient des images, des couleurs et des symboles reflétant la culture autochtone, mais aussi des éléments qui parlaient à tout le monde. Nous avons aménagé le CAAM pour en faire un environnement convivial pour les familles et les enfants. La salle a été décorée avec des bannières colorées et voyantes, de la signalisation et des sièges de style café. Plusieurs membres du personnel et de la communauté ont mentionné à l’équipe de projet qu’ils aimaient le côté chaleureux et invitant de ces éléments. Le projet pilote s’est déroulé à huit endroits, tous cernés comme des lieux familiers et invitants pour les différents groupes de la communauté. Cela a semblé encourager les liens au sein de la communauté, mais cela a aussi entraîné des difficultés relativement à l’aménagement, l’accessibilité et l’horaire des différents emplacements.

C’était vraiment génial et j’ai adoré. Vous avez fait un travail remarquable avec ces séances et les outils de communication sont magnifiques. J’ai hâte de voir ce qui va suivre et nous y serons sans faute! - Une participante CULTIVER UN ESPACE SÛR Les séances représentaient un espace sûr où les participantes et participants pouvaient apprendre ensemble et partager leurs expériences. Par exemple, durant une séance, l’Aîné qui animait a invité les participantes et participants à poser des questions qu’ils jugeaient délicates et qu’ils n’auraient pas d’autres occasions de poser en dehors de la séance. Cela a mis les gens à l’aise et encouragé une discussion importante. Durant une autre séance animée par deux personnes du quartier ayant grandi dans le North End, une discussion spontanée a permis de comprendre comment le quartier a changé au fil des ans. Des histoires qui exprimaient à la fois de l’inquiétude et de l’espoir pour la communauté ont été racontées. Les membres des générations plus jeunes se sont montrés particulièrement intéressés durant cette séance. Ils étaient attentifs, posaient des questions et avançaient des réponses. Les histoires que les animateurs ont partagées avec le groupe étaient parfois personnelles, ce qui indiquait un bon niveau de confiance.

ANALYSER L’ACCESSIBILITÉ Nous n’avons pas recueilli de données sur l’impact qu’a eu l’accessibilité des lieux sur la participation. Concernant l’accessibilité physique, le CAAM a un appareil de levage à l’entrée arrière qui peut potentiellement accommoder un fauteuil roulant avec de l’aide, mais il n’a pas été utilisé durant la programmation de mars. D’autres lieux étaient accessibles aux fauteuils roulants et ne semblaient pas poser de limites en matière d’accessibilité physique.

PRINCIPAUX CONSTATS • Le projet pilote a entraîné une participation inclusive et suscité un engouement particulier pour l’apprentissage et le partage interculturels. • Plus de recherche est nécessaire pour comprendre ce qui freine la participation et l’inclusion des différents groupes, et les occasions d’améliorer celles-ci, surtout en ce qui concerne la question de l’accessibilité. • Bien que de nombreux facteurs puissent contribuer à la création d’un lieu sûr et accueillant, il importe de nourrir les forces subtiles et apparentes qui aident à créer un sentiment de bien-être entre les personnes qui animent les séances et celles qui y participent. • Le projet pilote a montré que différentes activités organisées à divers endroits dans le quartier peuvent encourager la participation inclusive. Cela étant dit, le réseau d’espaces pourrait être renforcé grâce à un lieu visible et entièrement accessible qui servirait de « lieu d’ancrage » et viendrait augmenter la visibilité et la nature inclusive des travaux.

ÉLÉMENTS À PRENDRE EN CONSIDÉRATION À L’AVENIR • Étudier l’impact qu’a l’accessibilité des lieux sur la participation à toutes les étapes du projet : planification, cocréation, réalisation et évaluation. • Prioriser l’établissement d’une vitrine locale (au minimum) comme composante essentielle de la plateforme EOED. Celleci aidera à ancrer un réseau croissant d’espaces et de projets, et à appuyer la recherche sur la participation inclusive. • Étudier la possibilité de partenariats officiels avec des organismes locaux capables d’aider à bâtir un réseau stable de lieux d’accueil et de mettre à profit les ressources actuelles dans le quartier (p. ex. les installations de la Municipalité régionale d’Halifax, les bibliothèques publiques, etc.). CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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KSITE’TAQAN ~ QUELQUE CHOSE DE PRÉCIEUX (CRÉATION DE VALEUR) La réussite de l’initiative EOED dépend en grande partie de sa capacité à créer de la valeur pour les participantes et les participants. La co-création de la programmation de mars avec les résidentes et résidents a permis de comprendre ce que ces derniers trouvent utile pour leur communauté. Cette façon de faire venait appuyer l’objectif de créer quelque chose de précieux pour toutes les personnes du quartier et les générations futures.

FAITS SAILLANTS

Ce que je retiens, c’est l’idée que nous pouvons changer l’aspect de notre ville grâce à ce que nous faisons et construisons ensemble. Nous étions en train de construire des bancs et j’ai pu observer d’autres personnes réaliser qu’elles étaient capables de créer quelque chose pour leur communauté. Nous avons uni nos forces pour planter les clous bien droits! - Un participant

RELATIONS ET CONNEXIONS Le plus grand avantage signalé par les résidentes et résidents qui ont pris part à la programmation de mars était l’occasion de socialiser et d’entrer en contact avec d’autres membres de la communauté. Des 62 personnes sondées, 73 % ont dit avoir noué une amitié ou une nouvelle relation grâce à la programmation. La possibilité de socialiser et de nouer des liens avec des personnes du voisinage était l’avantage le plus souvent mentionné, mais il se peut que le besoin de connexions et d’activités sociales ait été exacerbé par la pandémie de la COVID-19. Cela a été très enrichissant de nouer des liens réels avec des personnes qui étaient jusque-là étrangères, mais qui sont maintenant des amis, surtout en temps de pandémie. - Une participante

DÉVELOPPER LA CONFIANCE ET LES COMPÉTENCES Acquérir une nouvelle compétence ou de nouvelles connaissances était un avantage direct de la participation à la programmation de mars et 84 % des personnes sondées ont dit que c’est exactement ce qu’elle avait fait. De plus, les animatrices et animateurs ont pu gagner en confiance en partageant leurs compétences et leur savoir, ce qui mettait l’accent sur leurs talents et leurs habiletés. Un participant a regardé la personne assise en face de lui dans la salle et lui a demandé : « N’es-tu pas mon voisin? » Tous les deux ont alors entamé une conversation qui leur a permis de créer un lien plus profond. (Observation)

Rencontrer des personnes inconnues lors de l’atelier et, grâce à celui-ci, créer des liens que je n’aurais pas pu créer autrement, ça me donne une impression différente de ma place dans la communauté, comme si des fils me reliaient désormais au centre d’amitié et à la communauté. - Un participant Une participante a expliqué qu’elle était médecin et un Aîné au sein du groupe a mentionné des travaux qu’il faisait avec l’hôpital pour y introduire des cérémonies de purification par la fumée. L’Aîné l’a ensuite invitée à venir discuter des pratiques autochtones de guérison. (Observation)

PARTAGE INTERCULTUREL Un autre avantage important était la possibilité pour les résidentes et résidents de partager leur culture et leurs traditions avec d’autres dans un environnement d’apprentissage mutuel sûr et respectueux. Les séances culturelles ont été les séances les plus populaires auprès des participantes et participants. Un certain nombre d’entre eux ont demandé que plus de séances avec du contenu autochtone soient ajoutées à la programmation future. La programmation de mars était une excellente occasion de partager nos cultures et offre un potentiel considérable pour continuer ce partage et ces apprentissages. - Une Aînée

Durant une séance culturelle, un animateur a semblé fier de sa connaissance de l’assise territoriale et honoré de partager son expérience avec le reste du groupe. (Observation)

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Une participante qui est venue à la séance avec sa fille de cinq ans a profité de l’occasion pour lui montrer l’importance de s’impliquer dans la communauté et lui apprendre des leçons de vie précieuses, comme embrasser la diversité et gérer les préjugés et les stéréotypes. (Observation)


INFLUENCE POSITIVE SUR LA SANTÉ MENTALE Des personnes ont indiqué que participer aux séances avait influé positivement sur leur santé mentale. Dans certains cas, cela était dû au contenu de la séance (p. ex. Introduction au yoga : par où commencer?), mais c’était surtout parce qu’elles pouvaient vivre une expérience d’apprentissage et de partage conjoints dans un environnement sûr, en plus de socialiser, d’être actives et de nouer des liens avec leur communauté. Personnellement, je vivais une journée stressante et j’ai beaucoup aimé pouvoir sortir, aller faire une marche et rencontrer d’autres membres de la communauté. C’était une bonne journée pour faire un peu d’exercice et discuter avec des gens du voisinage. - Un participant

ENGAGEMENT ET GRATITUDE La plupart des personnes qui ont pris part aux séances semblaient pleinement engagées. Elles participaient aux conversations, posaient des questions, partageaient des histoires et des apprentissages, demeuraient présentes et riaient souvent. Elles ont aussi exprimé de la gratitude les unes envers les autres, ainsi qu’envers l’équipe de projet, et ce, à chaque séance.

Pour faire face aux problèmes des personnes qui devaient quitter la séance avant d’avoir terminé leur création, les animatrices et animateurs, ainsi que l’équipe de projet ont proposé de leur envoyer une vidéo YouTube pour les soutenir dans leur apprentissage. Les participantes et participants ont aimé l’idée et l’équipe de projet a fait suivre des liens par courriel après la séance.

RÉTROACTION DES ANIMATRICES ET ANIMATEURS Les animatrices et les animateurs ont aimé pouvoir partager leur savoir avec la communauté et participer au processus de co-création, en élaborant du contenu et en personnalisant leur séance pour qu’ils se sentent à l’aise. Les personnes interviewées ont aussi dit que le fait de n’avoir qu’à se présenter, sans avoir à s’impliquer dans la logistique, était très agréable.

Je n’ai entendu parler d’aucune autre programmation offerte dans la communauté avec un tel niveau d’implication communautaire. - Un participant

PRINCIPAUX CONSTATS • Les relations établies dans le cadre du projet pilote sont indispensables à ces travaux. Il est donc crucial de les maintenir et de les développer, surtout en l’absence de cycles de réalisation.

Durant une des séances « Thé et bannique », une Aînée qui s’occupait de l’animation a montré à des enfants dans le groupe un cadeau qu’elle avait reçu d’un membre de la communauté. C’était un petit bateau et l’Aînée leur a expliqué comment le nom mi’kmaw du bateau se traduirait en anglais. Les enfants étaient très intéressés et cela a donné lieu à une conversation sur l’apprentissage de la langue mi’kmaw et la possibilité d’offrir éventuellement des cours en ligne. (Observation)

RÉTROACTION DES PARTICIPANTES ET PARTICIPANTS Au moment d’évaluer les séances (de mauvaises à excellentes), 84 % des participantes et participants ont attribué une mention « excellente ». De toutes les personnes sondées, 15 % ont dit que le contenu est ce qu’elles avaient préféré. Un aspect qui a eu une incidence sur leur expérience globale était la durée de chaque séance. Dans bien des cas, il n’y avait pas assez de temps pour terminer les tâches, les œuvres d’art ou les créations, ou, dans d’autres cas, pour que les animatrices et animateurs puissent présenter tout le contenu voulu. Souvent, les séances ont dépassé le temps prévu et bien que de nombreuses personnes n’avaient pas d’objection à rester plus longtemps, d’autres avaient des engagements qui les en empêchaient. Elles étaient alors déçues de partir. À deux reprises, la personne qui animait a eu l’impression de se dépêcher pour terminer le contenu et partager son savoir, et a suggéré que sa séance soit offerte en deux parties.

Il n’y avait pas assez de temps pour fournir une explication adéquate et discuter du contenu culturel.

- Une animatrice

• Vu les différents avantages notés et l’individualité ressentie grâce à la création d’espaces de partage interculturel, le projet pilote est venu renforcer la façon dont cette approche centralise l’expérience des résidentes et des résidents en s’efforçant de concevoir différents moyens pour différentes personnes, afin qu’elles puissent participer à leur façon, en gardant comme objectif le renforcement des liens entre toutes ces personnes et occasions. • Bien que les animatrices et animateurs se sont sentis appuyés et ont aimé ne pas trop s’impliquer dans la logistique d’organisation, par sa nature, une approche participative encourage les personnes qui animent et celles qui participent à s’impliquer dans les nombreuses facettes d’un projet (y compris la logistique). L’équipe de projet doit donc fournir un soutien et une modélisation continus, mais a besoin de suffisamment de temps et de formation pour éviter d’adopter de vieilles habitudes en matière de conception et de prestation de programmes.

ÉLÉMENTS À PRENDRE EN CONSIDÉRATION À L’AVENIR • Continuer de trouver des moyens d’engagement créant des liens continus entre les résidentes, les résidents et les organismes, et offrant des possibilités de co-création pour les étapes à venir pour ne pas perdre le terrain gagné grâce au projet pilote. • Élaborer une approche structurée de formation préliminaire et continue pour aider toute l’équipe de projet à approfondir et modéliser des approches et pratiques participatives. Se servir des informations ainsi obtenues afin de concevoir un modèle d’apprentissage expérientiel local pour différents organismes et particuliers. CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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NIMJI’MUATL ~ SOUTENIR, ENCOURAGER (VIABILITÉ) Le projet pilote visait à renforcer la résilience communautaire au fil du temps. Au sein d’une communauté résiliente, les membres entretiennent des relations et se soutiennent, ne laissant personne de côté. En période de difficulté et d’incertitude, les communautés résilientes soutiennent et encouragent les résidentes et résidents, les entreprises locales et les organismes en se réunissant et en partageant leurs compétences, leurs connaissances et leurs ressources pour faire face aux situations changeantes et éprouvantes.

L’initiative EOED a le potentiel de renforcer la résilience communautaire, à condition de comprendre comment la communauté fonctionne et ce que ses membres jugent utile ou important. Ce processus profondément enraciné exige du temps et représentera un facteur déterminant de la réussite globale du projet. Il est donc impératif que les résidentes et résidents, ainsi que les entreprises et organismes locaux appuient l’initiative.

FAITS SAILLANTS SOUTIEN ET INTÉRÊT À L’ÉCHELLE LOCALE Un grand nombre de preuves indiquent un bon soutien communautaire et un intérêt pour une participation future. Tout au long de l’étape de conception, nous avons mis l’accent sur la manière dont la plateforme EOED pourrait encourager de nouveaux liens entre les différentes parties du quartier. Par exemple, nous savons que le CAAM est un lieu sûr et accueillant pour les membres de la communauté autochtone. Un de nos objectifs était d’amener au centre de nouvelles personnes qui ne se sentiraient autrement peut-être pas les bienvenues ou qui n’auraient pas de raison de le fréquenter. De manière semblable, nous avons délibérément formé un réseau d’espaces communautaires pouvant inviter et encourager des personnes et des groupes de différentes parties du quartier à nouer des liens. Durant le projet pilote, il est arrivé à plusieurs reprises que des organismes locaux communiquent avec l’équipe de projet pour proposer du soutien et de la collaboration. Après une séance en particulier, une animatrice qui s’implique aussi dans l’entreprise à vocation sociale pour les jeunes où avait lieu la séance a proposé de faire don de boîtes à fleurs pouvant être utilisées pour une séance future et ensuite distribuées au sein de la communauté. À une autre occasion, un bénévole travaillant dans un atelier local de sérigraphie a assisté à une séance sur les masques et fait part de son intérêt à collaborer sur des projets créatifs et à animer une séance à son organisme de quartier.

À l’échelle du quartier, des organismes locaux ont fourni des espaces, soutenu le personnel et fait part de leur volonté à aider comme il le pouvait. Environ au moment où la Santé publique a annoncé un confinement en raison de la COVID-19, un responsable de la bibliothèque du North End a communiqué avec nous pour voir si nous avions besoin d’aide pour transférer nos séances en ligne. - Un membre de l’équipe de projet

Peu après le lancement public du projet pilote, et alors que nous gagnions du terrain, la directrice de programme et un autre membre de l’équipe de projet ont participé à quatre entrevues médiatiques et huit présentations/rassemblements liés à différents thèmes. Après une conversation avec une classe de design interculturel au NASCAD, un étudiant nous a envoyé son interprétation visuelle de l’initiative EOED, que l’équipe de projet a beaucoup aimée. Je suis un étudiant international au NSCAD. Vous avez donné une conférence sur l’initiative Every One Every Day dans le cours de notre professeure Leslie le mois dernier. C’est une initiative géniale. J’ai habité la ville pendant deux ans. Au début, je me sentais souvent seul et j’avais peur de communiquer avec d’autres parce que je n’étais pas familier avec l’environnement, la culture et la langue. Découvrir de telles activités m’a aussi fait découvrir le côté chaleureux et amical de la ville. - Un membre de la communauté

Un entrepreneur local a parlé de la diversité au sein de la communauté et dit que participer à ce projet lui a permis d’entrer en contact avec des membres de la communauté qu’il n’aurait pas pu rencontrer autrement. Il a insisté sur l’importance des partenariats pour y arriver.

(Observation)

La programmation m’a permis d’entrer en contact avec des personnes que je sais habiter le quartier, mais que je n’avais pas d’occasion de rencontrer. - Une animatrice J’ai aimé juste avoir l’occasion de visiter des espaces dans le quartier. J’habite dans le North End depuis plus de 10 ans et je n’avais jamais mis les pieds au centre d’amitié. - Un participant

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RÉFLEXIONS SUR LE SOUTIEN ET LA VIABILITÉ Bâtir une équipe solide : L’élaboration du projet pilote a exigé beaucoup d’apprentissages collectifs et individuels en lien avec les approches participatives, la co-création avec les résidentes et résidents, l’évaluation évolutive et plus encore. Ces apprentissages ont dû être faits sur le terrain, en temps réel. Le besoin de mettre rapidement en pratique de nouveaux apprentissages a été ressenti différemment par les groupes de parties prenantes, chaque groupe s’efforçant de faire avancer les travaux selon un angle précis et à différentes étapes du système. En ce qui concerne l’équipe de projet, une grande partie de ces apprentissages s’est faite de manière autonome ou grâce à des conversations et du coaching avec les tutrices de Participatory City.

Les discussions et le coaching individuels avec les tutrices ont été extrêmement utiles, surtout pour la création de notre premier journal, qui était une grande aventure et qui a nécessité beaucoup d’apprentissages en cours de route. - Un membre de l’équipe de projet L’équipe de projet s’est concentrée sur la co-création avec les résidentes et résidents, les communications, la modélisation des pratiques participatives et l’évaluation du projet. Les membres ont trouvé difficile d’apprendre et d’agir rapidement à un tel niveau. Les niveaux de formation et les dates de début du projet, et la mesure à laquelle les membres étaient à l’aise face aux exigences techniques et administratives du projet sont venus exacerber cette impression. Au sein du groupe stratégique, l’apprentissage était axé sur la mise en application des travaux à l’échelle de la ville et comprendre comment l’approche et le modèle des villes participatives pouvaient être bien intégrés dans des systèmes et structures déjà en place. Les membres du groupe étaient également motivés à collaborer pour comprendre quelles formes pouvait prendre la réconciliation à travers le prisme de la gouvernance. Ces réflexions offrent des occasions de poursuivre l’apprentissage et la mise en application.

SOUTIEN ET CAPACITÉ À TOUS LES NIVEAUX Le groupe stratégique a aussi fourni un soutien et une capacité supplémentaires, qui se sont manifestés sous différentes formes et par des relations diverses. Certains membres du groupe ont offert un soutien en matière de financement ou de ressources, tandis que d’autres ont noué des liens cruciaux avec des partenaires potentiels. Enfin, certains ont aidé à renforcer les capacités de l’équipe de projet. Plus précisément, deux membres de l’équipe travaillaient à temps partiel, partageant aussi leur temps entre le CAAM et deux organismes partenaires (aussi membres du groupe stratégique). Cette structure a entraîné certains défis en matière de logistique et d’administration. Les membres de l’équipe de projet devaient aussi naviguer les différentes cultures et demandes organisationnelles. Cela a cependant permis à l’équipe de profiter d’un soutien et d’une capacité considérables, et reflétait un engagement profond envers l’apprentissage conjoint et le développement des travaux. Toutes ces personnes ont travaillé à différents moments et de différentes façons, au sein de Canada participatif, de la Participatory City

Foundation et des équipes locales à Toronto et Montréal, dans le but de s’entendre sur une approche nationale. Les travaux ont été et continueront d’être influencés par les différents prismes et contextes organisationnels des personnes impliquées et, tout au long du projet pilote, l’engagement de ces nombreux organismes influents a créé un bon réseau de soutien qui pourra être fort utile à la continuation des travaux.

Bien qu’explicable, le fait que certains membres de l’équipe étaient au CAAM et d’autres à United Way et Inspiring Communities a entraîné certains défis en matière de cohésion et d’intégrité structurelle. - Un membre du groupe stratégique

PRINCIPAUX CONSTATS • Des entreprises et organismes locaux ont semblé appuyer la vision unique de l’initiative EOED, bon nombre ayant proposé des idées et des possibilités de collaboration future. • Les membres du groupe stratégique jouent un rôle crucial et peuvent aider à mobiliser des partenaires, à obtenir des ressources, à renforcer des capacités et à améliorer l’intégration de la plateforme EOED au sein des systèmes et structures déjà en place. • À la base, l’initiative EOED est un modèle d’apprentissage qui exige un bon cadre de travail pour faciliter l’apprentissage continu et le renforcement des capacités des différentes équipes et parties prenantes. Il est donc indispensable de cultiver une approche réfléchie et favorable en matière d’apprentissage, et d’y allouer des ressources.

ÉLÉMENTS À PRENDRE EN CONSIDÉRATION À L’AVENIR • Concevoir un cadre d’apprentissage pouvant aider diverses parties prenantes dans de nombreux domaines d’apprentissage, se chevauchant parfois, par exemple la culture participative, l’évaluation évolutive, l’intégration systémique et l’avancement de la réconciliation. • Allouer du temps et des ressources à la promotion du travail d’équipe et à des dialogues facilités, ce qui aidera à ancrer les membres de l’équipe de projet face aux nombreux contextes culturels et personnalités pouvant influencer les méthodes et les relations de travail. • Évaluer et continuer à définir comment le groupe stratégique et les responsables de la prise de décisions peuvent mieux intégrer les travaux de réconciliation, et, plus précisément, la façon dont cela guide les processus d’apprentissage, de planification et de développement des ressources.

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NESTU’ET AQ TETAPU’LATL ~ APPRENDRE À CONNAÎTRE ET RENDRE JUSTICE (AVANCEMENT DE LA RÉCONCILIATION) Selon les 94 Appels à l’action énoncés dans le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (2015), il revient aux gouvernements, aux entreprises, aux établissements religieux et éducatifs, au personnel du milieu de la santé, aux groupes de la société civile et à tous les Canadiens et Canadiennes de reconnaître la valeur des pratiques et des points de vue autochtones. Dans son rapport, la Commission dit que la réconciliation « consiste à établir et à maintenir une relation de respect réciproque entre les peuples autochtones et non autochtones du pays », et que, pour y arriver, « il faut prendre conscience du passé, reconnaître les torts qui ont été causés, expier les causes et agir pour changer les comportements. » C’est dans cet esprit que nous avons voulu apprendre à connaître les façons dont l’initiative EOED pouvait mettre en lumière la culture et les traditions autochtones. Nous avons aussi voulu rendre justice aux communautés autochtones, en allant de l’avant ensemble sous le signe du respect, nos gestes venant appuyer nos intentions.

Le projet offrait l’occasion de prendre les rennes et de faire avancer les choses, d’essayer d’y intégrer le plus de pouvoirs et de façons de faire autochtones possibles. - Un membre du groupe stratégique

Cet engagement envers l’avancement de la réconciliation est unique et ne fait pas partie de l’approche participative mise en place par la Participatory City Foundation à Londres au Royaume-Uni. L’approche particulière adoptée à Kjipuktuk-Halifax a par conséquent été éclairée par des discussions approfondies avec le personnel du CAAM et des membres de la communauté autochtone. Elle doit désormais être développée et dirigée aux côtés de la communauté autochtone de la ville. Nous espérons qu’elle représentera une occasion d’apprentissage pour nos partenaires et parties prenantes, afin qu’ils puissent mieux saisir l’importance et l’urgence de collaborer avec la population autochtone du Canada pour faire avancer la réconciliation, et agir en conséquence.

Le projet offre une occasion d’apprentissage et la possibilité de changer la façon de penser des gens par rapport à l’approche coloniale pour les amener à voir les choses autrement. - Un membre du groupe stratégique

FAITS SAILLANTS RÉCONCILI-ACTION (GOUVERNANCE) Le projet pilote a incorporé du savoir autochtone dans sa structure de gouvernance. Cela s’est fait en invitant une Aînée à plusieurs rencontres du groupe stratégique afin qu’elle puisse fournir de l’information sur les façons d’être et de connaître autochtones. Inspiré par ce savoir, le groupe a discuté ouvertement pour ensuite élaborer les sept principes directeurs. Ces derniers ont ensuite été revus en fonction de la rétroaction fournie par des membres du groupe. Vers la fin du projet pilote, une séance spontanée a été organisée sur Zoom avec les membres du groupe stratégique pour réfléchir à l’impact des principes sur les travaux. Ils ont pu nous dire s’ils avaient vu les principes se concrétiser. Vu la durée limitée du projet pilote, nous n’avons pas travaillé ensemble assez longtemps pour bien évaluer l’impact des principes directeurs. Au moment de réfléchir à des modèles de gouvernance, ces principes pourront servir de fondements pour orienter les relations de travail et la prise de décisions. Il faudra cependant cerner collectivement des pratiques pour appuyer et évaluer les progrès.

J’aurais aimé que nous adoptions les principes avant. Cela aurait influencé la formation du groupe. Nous aurions pu nous y reporter. - Un membre du groupe stratégique

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Ces principes ne ressemblent pas aux ensembles de principes habituels qui, dans le cas des entreprises, sont axés sur les profits. Dans ce cas-ci, ils sont axés sur les gens. Ils sont interdépendants et ne pas en respecter un rend impossible le respect des autres. - Un membre du groupe stratégique


PRINCIPAUX CONSTATS RÉCONCILI-ACTION (PROJETS DE QUARTIER) Cinq séances portant sur des thèmes autochtones ont été proposées. D’autres séances incluaient aussi du contenu et des enseignements autochtones, par exemple les séances « Thé et bannique ». Les participantes et participants, et, dans certains cas, la communauté locale, ont pu en apprendre plus sur la culture et les traditions autochtones, ou pratiquer l’artisanat autochtone. Les séances avec du contenu autochtone sont celles qui ont été le plus populaires auprès des personnes sondées.

La programmation de mars a offert la possibilité a des personnes non autochtones de discuter avec un Aîné ou une Aînée de la communauté. Ce genre de chose est inhabituel. - Une animatrice Le projet pilote a montré des exemples précis de la façon dont la réconciliation pourrait se manifester et être vécue à l’échelle du quartier. Bien que plusieurs de ces exemples sont anecdotiques, ils révèlent des issues potentielles pouvant faire l’objet d’une exploration plus poussée durant les prochaines étapes des travaux, notamment : • Adopter une approche autochtone pour bâtir des relations, plus précisément en tenant compte du temps nécessaire pour bâtir des relations significatives et de confiance avec la communauté, et en créent délibérément de l’espace pour nourrir ces relations sans empressement, et ce, tout au long du projet. • Créer des éléments visuels (p. ex. des journaux ou pour l’aménagement de l’espace) qui honorent et reflètent la culture autochtone, et qui serviront d’invitations bienveillantes pour l’ensemble de la communauté. • Nouer des liens entre des organismes autochtones et non autochtones pour former un réseau d’espaces sûrs et invitants qui appuiera les échanges culturels et la participation inclusive. • Travailler aux côtés des Aînés, Aînées, gardiennes et gardiens de savoir pour intégrer des pratiques ou des protocoles axés sur l’apprentissage sûr et respectueux de l’histoire et de la culture autochtones. • Créer des espaces sûrs et invitants pour que des personnes (autochtones et non autochtones) habitant un même quartier puissent participer à des projets utiles et agréables, en favorisant le partage de différents points de vue et cultures.

J’ai toujours voulu en apprendre plus sur la communauté autochtone. Ce projet m’a permis de le faire, m’ouvrant la porte à ce que je souhaitais explorer depuis longtemps. - Une animatrice

• Il n’existe pas de manuel ou de guide d’instructions sur la réconciliation. Vu la nature profondément relationnelle de ces travaux, il faut des échéanciers et des structures au sein desquels des relations de confiance pourront se développer, avec la communauté autochtone, mais aussi la communauté locale et les différents partenaires, groupes de travail et parties prenantes. • Les membres de l’équipe de projet ont ressenti une contradiction entre travailler au sein des cadres existants pour planifier, élaborer des stratégies et agir rapidement, et approfondir l’apprentissage personnel et collectif face à de nouveaux systèmes et processus (c.-à.-d. au service de la réconciliation). Il faut suffisamment de temps pour discuter et mettre sur pied un processus qui fera avancer la réconciliation à différents niveaux (p. ex. gouvernance, co-création, projets). • Le personnel autochtone du CAAM et des membres de la communauté ont aidé à intégrer du savoir autochtone dans les diverses composantes du projet pilote (p. ex. reconnaissances territoriales, apprentissage auprès d’Aînés et d’Aînées, intégration de pratiques et de protocoles), ce qui a permis de créer des conditions sûres et respectueuses pour partager la culture autochtone. Cela semble avoir été bien reçu et apprécié, en plus d’avoir été au cœur de ce qui a rendu le projet pilote si unique. • Le projet pilote a servi de point de départ pour explorer la façon dont le savoir autochtone peut aider à façonner les structures de gouvernance et de responsabilisation. En introduisant des enseignements autochtones et en discutant ouvertement de ceux-ci, le groupe stratégique s’est concentré sur un apprentissage conjoint et a pu réfléchir à de nouvelles méthodes pour définir et mesurer les progrès.

ÉLÉMENTS À PRENDRE EN CONSIDÉRATION À L’AVENIR • Concevoir des structures et des échéanciers capables d’appuyer l’intégration de la sagesse autochtone dans la plateforme EOED et l’écosystème participatif. Cela inclut la centralisation des voix et des savoirs autochtones dans tous les aspects des travaux, et le reflet de cette réalité dans le plan budgétaire et d’allocation de ressources (p. ex. des heures de travail consacrées). • Continuer de créer des liens entre les organismes autochtones et non autochtones pour aider à former un réseau d’espaces sûrs et invitants capables de soutenir les échanges culturels et la participation inclusive dans les différentes parties du quartier. • Élaborer une Théorie du changement en fonction des leçons apprises durant le projet pilote (axées sur la réconciliation et la participation inclusive), et l’utiliser pour guider l’évaluation des cadres et des structures qui appuient et solidifient les travaux (p. ex. les cadres d’évaluation et d’apprentissage, l’approche de gouvernance, etc.). CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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Nous vivons en parallèle depuis tellement longtemps, il est temps de vivre ensemble. - Un résident

CONCLUSION L’initiative Every One Every Day à Kjipuktuk-Halifax souhaite créer un mode de vie où ce que nous considérons comme important, par exemple les relations, la culture ou les liens avec la nature, sera reflété dans les lieux que nous habitons et les choses que nous faisons ensemble, au sein de notre quartier. Elle souhaite aussi que la réconciliation soit une réalité quotidienne grâce à des occasions d’apprendre sur les communautés autochtones, mais aussi de celles-ci, afin que nous pussions rendre hommage à la culture et aux traditions de plusieurs nations, et construire des relations de confiance pour tracer une nouvelle voie. Pour la courte durée du projet pilote, nous avons vu de nombreux résidents et résidentes du quartier travailler côte à côte pour donner vie à leurs idées, tout en invitant d’autres personnes à participer. Nous avons réussi à susciter de l’enthousiasme et de la curiosité par rapport à ce à quoi la vie pourrait ressembler si, tous les jours, des gens du voisinage pouvaient facilement se rencontrer, apprendre, créer et partager dans des lieux accueillants. Nous avons aussi entamé un parcours de réconciliation dans le quartier, amenant les gens à imaginer collectivement ce qui pourrait être possible en ayant des lieux et des occasions pour passer du temps ensemble. Nous espérons que cela n’est qu’un début, mais nous savons que la vision EOED ne tient pas qu’à une seule personne ou un seul organisme. Il s’agit plutôt d’une invitation pour que tout le monde puisse réaliser son plein potentiel créatif et participer à créer la société de l’avenir, au sein de laquelle les relations, la guérison et la régénération occuperont une place centrale. Wela’lin~Merci~Thank you

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Notre voisinage évaluation et plan de suivi

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Notre voisinage Arrondissement Ahuntsic-Cartierville Voisinage Tolhurst / Saint-Benoît

ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI

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Sommaire 3 Faisabilité 1 Contexte P4

PARLEZ-NOUS DE LA COMMUNAUTÉ DANS LAQUELLE VOUS AVEZ MENÉ L’INITIATIVE DE R&D SOCIALE DE NOTRE VOISINAGE

2 Résumé du

P6

développement du projet et chronologie

P8

QUELLES PREUVES EXISTE-TIL POUR MONTRER QUE C’EST POSSIBLE ET DÉSIRABLE DE CRÉER UN ÉCOSYSTÈME DE PROJETS PARTICIPATIFS ET UNE PLATEFORME D’APPUI QUI FONCTIONNE BIEN ?

Inclusion

P22

QUELLES SONT LES PREUVES QU’IL EST POSSIBLE DE CRÉER UN ÉCOSYSTÈME DE PROJETS PARTICIPATIFS OUVERT À TOUT LE MONDE DU VOISINAGE ?

Création de valeur

P29

QUELLE EST LA PREUVE QUE CETTE APPROCHE DE DÉVELOPPEMENT DE LA PARTICIPATION EST CAPABLE DE CRÉER DE LA VALEUR POUR LES RÉSIDENT-E-S ET LES VOISINAGES ?

Viabilité P35 et demande DANS QUELLE MESURE CE PROGRAMME EST-IL SUSCEPTIBLE D’ÊTRE VIABLE DANS LE CONTEXTE ACTUEL (ÉCONOMIQUE, POLITIQUE, SOCIAL, ETC.) ? 1

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4 Adaptation

P39

et apprentissages

Équipe KARINE THÉORÊT - MOBILISATION | AHUNTSIC-CARTIERVILLE EVA DOMINGUEZ-PAINCHAUD - MOBILISATION & INCLUSION MAUDE LAPOINTE - COORDINATION, AHUNTSIC-CARTIERVILLE ALIX RUHLMANN - MOBILISATION | AHUNTSIC-CARTIERVILLE WISSAM YASSINE - ACCOMPAGNEMENT DE PROJETS | LAB TRANSITION CHLOÉ DODINOT - COORDINATION | ROSEMONT - LA PETITE-PATRIE BERTRAND FOUSS - DÉVELOPPEMENT ET PARTENARIATS MAGALIE PAQUET - COMMUNICATION PARTICIPATIVE ET SOUTIEN AUX PROJETS CAMILLE BUTZBACH - RÉCIT, RECHERCHE ET MOBILISATION DES CONNAISSANCES

notrevoisinage@solon-collectif.org

facebook.com/notre.voisinage

NOS PARTENAIRES Miel Montréal, Le Comité, GUEPE, CANA, Geneviève des Créations Ploukk. Merci au Dépanneur O-Coin Fleury, 444 Rue Fleury O

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Contexte PARLEZ-NOUS DE LA COMMUNAUTÉ DANS LAQUELLE VOUS AVEZ MENÉ L’INITIATIVE DE R&D SOCIALE DE NOTRE VOISINAGE CHOIX DU VOISINAGE :

de s’engager pleinement dans sa réalisation. Pour rappel, Solon

«

suscite et accompagne l’action citoyenne dans le déploiement de

d’Ahuntsic-Cartierville, dont l’objectif est «de répondre aux besoins

projets collectifs locaux, pour créer des milieux de vie conviviaux,

de la population de manière juste et équitable, en mettant en place

solidaires et écologiques. Basé initialement dans le quartier de

des mécanismes qui favorisent la solidarité et l’inclusion afin de

Rosemont-La Petite-Patrie, notre organisme travaille depuis le

renforcer la résilience de la communauté.

printemps 2020 à développer sa mission dans Ahuntsic.

- Émilie Thuillier, mairesse d’Ahuntsic-Cartierville

Le projet Notre voisinage fait partie intégrante du développement de la mission de Solon dans Ahuntsic, ce qui a permis à l’équipe

De plus, le projet Notre voisinage s’inscrit directement dans la sixième grande priorité d’intervention du Plan stratégique

de développement durable de 2019-2025 de l’arrondissement

Enfin, le projet Notre voisinage a permis d’expérimenter de nouvelles approches pour la mise en action citoyenne (Projets clés en main, impact direct et rapide, résultats et apprentissages collectifs).

4

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NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI


La carte nous montre 3 zones à découvrir : 1

Le voisinage initial pour implanter le

projet Notre voisinage Tolhurst/St-Benoît (triangle

bleu)

dans

l’arrondissement

Ahuntsic-Cartierville.

2

Les zones principales visées dans le

voisinage Tolhurst/St-Benoît : Terrasse Fleury, Place Meilleur et HLM MeunierTolhurst.

3

La zone de distribution des journaux

par Poste Canada (Zone en vert).

Il faut noter que les journaux ont été distribués dans la zone en vert

• Manque de programmes similaires dans le voisinage et manque

sur la carte ci-dessus afin de ne pas ghettoïser le projet dans une

de tiers-lieux, alors que plusieurs organismes locaux souhaitaient

petite zone socio-démographiquement homogène (triangle bleu).

trouver des moyens pour rejoindre cette population.

L’idée est d’ouvrir l’accès au milieu plus aisé pour provoquer des rencontres riches et inspirantes. Le voisinage choisi initialement au sein d’Ahuntsic pour mener cette expérimentation est celui de Tolhurst/St-Benoît (triangle bleu), pour plusieurs raisons : • Volonté de Solon de mettre en place un tiers-lieu dans Ahuntsic : le projet Notre voisinage représentait donc une opportunité

• Développer une meilleure compréhension d’un nouveau territoire et d’un nouveau public. • Élargir le champ d’action de Solon dans l’arrondissement : être présent sur de nouveaux territoires en plus des voisinages de Locomotion, et renforcer les liens partenariaux entre Solon et les organismes locaux.

de travailler avec un public différent de celui avec qui Solon a l’habitude de travailler dans Rosemont La Petite-Patrie (population issue de la diversité ethno-culturelle et de l’immigration), et de comprendre les besoins de cette population. • Élargir les actions de Solon et les zones d’intervention dans le quartier : Solon était déjà implanté dans ce voisinage avec le projet LocoMotion (cercle rouge - carte ci-dessus), mais mener ce nouveau projet a permis de créer des liens avec des citoyen-ne-s qui ne connaissent pas encore Solon et sa mission.

CARACTÉRISTIQUES DÉMOGRAPHIQUES, SOCIO-ÉCONOMIQUES ET TYPOLOGIQUES DU VOISINAGE TOLHURST/ST-BENOÎT Le voisinage de Tolhurst/St-Benoît compte 4500 habitant-e-s environ. Il est caractérisé par une population à faible revenu, majoritairement locataire, et qui utilise le transport en commun. Au nord du voisinage, ce sont principalement des propriétaires. On note une grande présence d’enfants, et moins de personnes seules que la moyenne de l’arrondissement. Le voisinage comporte une proportion importante de non-citoyens canadiens, et la présence d’immigration de première génération est plus importante sur ce territoire que dans les autres quartiers d’Ahuntsic. Les minorités visibles sont également très présentes : elles sont à majorité francophone, et on constate également la présence d’une communauté arabophone significative ainsi que quelques hispanophones. Au niveau du cadre bâti, ce sont surtout des immeubles moyens (à l’ouest, plus récents autour de la Place Meilleur) et petits avec des loyers à tendance basse et des maisons individuelles d’après-guerre (certaines de plain-pied).

5

NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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Résumé du développement du projet et chronologie Confinement total à Montréal Phase de design Choix et design des kits Design du journal Design des ateliers

De juillet à novembre 2020

Production du journal Impression de 4 000 journaux

Décembre 2020

6

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Lancement de Notre voisinage Distribution de 3 000 journaux

6-19 janvier 2021

Événement de lancement au Parc St-Benoît est annulé Mise en pause des partenariats : Arrondissement Ahuntsic, École St-Benoît, Habitation Nicolas Viel, HLM Meunier, Tolhurst, CANA

11 janvier 2021

NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI


Première session d’information Accueil et présentation du projet

20 janvier 2021

Élargissement du voisinage Distribution de 600 journaux (600 ménages)

31 janvier 2021

8 Projets 261 Inscriptions 178 Participations 124 kits achetés et distribués

19 avril 2021

7

NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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Faisabilité QUELLES PREUVES EXISTE-T-IL POUR MONTRER QUE C’EST POSSIBLE ET DÉSIRABLE DE CRÉER UN ÉCOSYSTÈME DE PROJETS PARTICIPATIFS ET UNE PLATEFORME D’APPUI QUI FONCTIONNE BIEN ? Tout d’abord, pour le projet Notre voisinage, la plateforme représente l’ensemble des stratégies qui ont été mises en place pour informer, mobiliser et accompagner les résident-e-s lors du développement du projet (kits, outils de communication, Facebook, accompagnement de l’équipe).

I. COMBIEN DE PERSONNES ONT PARTICIPÉ ? Entre le 6 janvier 2021 et le 19 avril 2021, 261 inscriptions aux

Parmi les 178 participations, un grand nombre de personnes ont

8 projets, et parmi celles-ci, un grand nombre sont inscrites à

participé à plus d’un projet. Nous avons également constaté que

plusieurs projets :

ces participations venaient de 82 codes postaux dans le voisinage Tolhurst/St-Benoît, ce qui explique la présence de beaucoup de

• 25 personnes inscrites à 1 projet

familles dans nos projets.

• 8 personnes inscrites à 2 projets • 15 personnes inscrites à 3 projets • 12 personnes inscrites à 4 projets • 5 personnes inscrites à 5 projets • 12 personnes inscrites à 6 projets • 2 personnes inscrites à 7 projets • 2 personnes inscrites à 8 projets

8

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Projets

Inscriptions

Participations

Kits créés/achetés

Kits distribués

S’amuse

34

21

2

1*

S’entraide

25

0

0

0

Partage

40

8

0

0

Raconte

18

17

6

5

Fait du pain

20

15

14

10

Fait du vélo

27

19

25

10

Raccommode

21

11

17

12

Fleurit et bourdonne

47

48

30

28

Abrite les oiseaux

29

42

30

16

TOTAL

261

178

124

82

* Boîte à jouets déployée dans le parc Saint-Benoît mais pas encore déployée. Le matériel fourni inclut : seaux et pelles de sable, ballons, cerf-volant, balles et raquettes, camions, etc.

Quelques éléments de compréhension supplémentaires quant à la participation des résidente-s et aux modifications apportées à certains projets dans le contexte de la pandémie, en particulier concernant les projets Notre voisinage s’amuse, Notre voisinage partage et Notre voisinage s’entraide : Avec les ressources (humaines et matérielles), les contraintes contextuelles (hiver, Covid, partenariat) et la contrainte de temps (liée à un échéancier serré) pour se faire connaître, certains projets (s’amuse, partage et s’entraide) ont demandé plus de temps pour se développer, afin de bien comprendre et intégrer la dynamique de participation des résident-e-s.

Modifications apportées au projet Notre voisinage s’amuse : Par exemple, en partenariat avec le studio de design urbain “Le comité”, nous avions prévu un parcours hivernal avec une signalétique qui propose un itinéraire avec des jeux (Course de traîneau / Tic-tac-toe enneigé / Glaces multicolores / Sculptures en neige / Château et refuge et Festin hivernal) et une boîte à jouets (crazy carpet, moules à bloc de neige, moules à boules de neige, skis de plastique, ballons et balles, raquettes, spike ball, corde à sauter). Le but de ce parcours était de découvrir et de se réapproprier le milieu de vie, de rencontrer les voisins et d’avoir du plaisir. Malheureusement, l’arrondissement n’a pas pu approuver le déploiement du parcours car cela représentait un risque de rassemblement dans un zone rouge. Toutefois, avec des mesures sanitaires claires et un processus d’inscription obligatoire, nous avons lancé le projet Notre voisinage s’amuse avec la mise en place d’une boîte à jouets dans le parc Tolhurst le 10 avril 2021. Une affiche sur la boîte indique comment s’inscrire à l’aide d’un code QR qui mène à un formulaire.

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Les participant-e-s doivent accepter les conditions d’utilisation qui comprennent le respect des mesures sanitaires. Après avoir accepté ces consignes, ils reçoivent le code du cadenas. En date du 19 avril 2021, 21 familles étaient inscrites à la boîte à jouets du parc Tolhurst. Quelques familles ont même déjà ajouté des articles à la boîte, par exemple des seaux et des pelles pour jouer dans le sable. La prochaine étape est d’inaugurer la boîte à jouets au parc St-Benoît (mai 2021), pour ensuite partager ces projets sur les médias sociaux et inviter les familles à bonifier les deux boîtes à jouets. Le service des Loisirs de l’arrondissement nous a d’ailleurs prêté une grande boîte de rangement pour le projet du parc St-Benoît. Celle-ci sera accessible aux familles à compter du mois de mai. En plus des deux boîtes existantes, une troisième boîte sera prévue pour le début de l’été sur le terrain vacant derrière la Place Meilleur.

Stratégie de mobilisation pour Notre voisinage partage : Ce projet a démarré au début du mois d’avril. Le fonctionnement de ce projet nécessite l’approbation des participant-e-s afin d’assurer la confidentialité des données sensibles incluses dans le Bottin de partage. En date du 19 avril, bien que 40 personnes se soient inscrites au projet, moins de 10 personnes y participent. Par contre, nous sommes confiant-e-s que ce genre de projet de partage pourrait intéresser les familles qui participent aux boîtes à jouets. Un courriel d’invitation leur sera donc acheminé, pour les inviter à s’inscrire au projet de partage d’objets.

Modifications apportées au projet Notre voisinage s’entraide : Nous avons arrêté nos efforts pour ce projet au début du programme en raison des difficultés logistiques occasionnées par la pandémie. En effet, l’idée était de créer des jumelages entre les résidente-s nécessitant de l’aide et ceux et celles prêt-e-s à s’impliquer, ce qui s’est avéré impossible à réaliser à distance. Nous avons tenté de coordonner nos efforts avec Entraide Ahuntsic-Nord, un organisme local qui s’occupe d’une ligne téléphonique venant en aide aux aîné-e-s du secteur. Suite aux échanges avec l’organisme, nous avons décidé de remettre ce projet à plus tard, lorsque les conditions sanitaires le permettront, afin d’assurer la sécurité de ces personnes vulnérables et à risque. Nous espérons baser ce projet sur la confiance, mais pour ce faire, nous devons prendre le temps de bien connaître les participant-e-s intéressé-e-s.

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II. QUELLE A ÉTÉ LA RÉPONSE DU VOISINAGE AU PROJET ? Malgré la méfiance et la réticence (en raison de la pandémie et des mesures sanitaires) de certain-e-s citoyen-ne-s et partenaires, les échanges avec les résident-e-s, leurs témoignages, le niveau d’inscription et le taux de participation (68%) nous montrent que le programme Notre voisinage a été très bien accueilli. Les projets proposés ont trouvé un écho chez les résident-e-s qui considèrent que nos propositions répondent à leurs enjeux et besoins :

Un voisinage qui souhaite s’impliquer, notamment pour renforcer les liens : “Pour rencontrer mes voisins” | “Pour rencontrer des gens dans le voisinage” “Pour créer des liens avec les gens du quartier, pour nous et nos enfants” “Pour participer avec mes enfants” “Pour être plus proche de notre communauté” “J’aime m’impliquer dans des projets communautaires et comme mes enfants fréquentent l’école St-Benoît, j’aimerais rencontrer d’autres parents du quartier” “Créer une appartenance à mon quartier ainsi que m’impliquer davantage.” “Ma fille et moi voulons nous impliquer dans notre quartier!” “Pour apprendre, partager” “Nouveau dans le quartier, besoin de se divertir et de faire des rencontres !”

Solidarité et entraide : “Je suis curieuse d’apprendre et j’aimerais offrir mon aide. Pour les autres [projets], je n’ai pas besoin de connaissances ou simplement par manque d’intérêt” “Dans la mesure de mes capacités, je veux développer la vie de quartier et l’entraide” “Solidarité et partage” “Très intéressant ce partage de connaissances, nous le faisons déjà avec mon voisinage immédiat et aidons des nouveaux arrivants …” “Il est bon de connaître son voisinage afin de s’entraider” “J’aime l’entraide” “Intéressée pour partager et s’entraider entre voisins”

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Partage : “Nous avons trois enfants en bas âge, donc peu de temps (ça viendra j’imagine!). Mais beaucoup de choses que nous pourrions prêter (machine à coudre, échelles, etc.). Et un jardin.” “J’ai des projets et peu d’expertise pour réparer des vêtements, et je n’ai pas de machine à coudre.” “Le partage d’objets m’intéresse beaucoup! Ça permet d’aller vers un monde zéro déchet!” “Je trouve intéressant de partager que ce soient des connaissances, des objets etc.” “Rencontrer mes voisins pour moi et mes enfants, entraide, partage outils et connaissance” “Je m’intéresse au partage de matériel” “Récupération et je fais [le] jardin” “J’ai le temps de partager avec d’autres comme mon auto et recevoir [d’]autres” “Plaisir de partager et de créer des liens”

Importance pour les résident-e-s de participer à leur vie de quartier : “Participation sociale, amour de la nature” “Vie de quartier” “J’aime m’impliquer dans des actions communautaires” “Je suis sur le CA des Habitations Nicolas Viel” “Pour favoriser l’esprit communautaire dans le quartier et y faire un milieu de vie agréable” “Habitant le quartier depuis 28 ans, j’ai à coeur de contribuer à améliorer la qualité de vie de mes voisins et du quartier par le partage et le soutien” “C’est très local” “J’adore participer à la vie de quartier !”

Excitation et curiosité : “J’aime beaucoup faire des activités, j’habite seule et j’aime ce genre de projets. Une amie a vu le journal et elle a pensé à moi, elle m’a découpé la page d’inscription et me l’a donnée.” “Vraiment belles initiatives!!” “Je suis curieuse de savoir ce qui s’y fera.” “Je trouve votre initiative très inspirante.” “En exploration :)” “Les sujets sont très intéressants”

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Apprentissage, créativité et plaisir : “J’aime beaucoup faire des projets.” “Parce qu’ils sont créatifs et intéressants!” “J’aime voir et essayer de deviner de quelles espèces d’oiseaux il s’agit. Depuis que nous vivons ici, je me suis découvert un intérêt pour les oiseaux locaux.” “Apprendre et socialiser” “Je suis cycliste et j’aimerais avoir de meilleures bases pour entretenir et réparer mon vélo” “Je me suis convertie au vélo depuis l’année dernière, j’explore enfin la ville (ses quartiers, ses résidents, ses parcs et ses commerces)!” “J’aime les arts et c’est intéressant de les partager. Ex : la photographie. Et pour ce qui est des abeilles, j’habite un 2e étage et j’avais déjà commencé à semer des fleurs pour les abeilles l’an dernier.” “Favorise l’autonomie et le savoir faire” “Ça serait plaisant d’approfondir notre connaissance en ville…”

III. QUELS DÉFIS AVEZ-VOUS RENCONTRÉS POUR ACCROÎTRE LA PARTICIPATION CITOYENNE ? (MOBILISATION)

• Repousser le lancement de certains projets en raison du manque

Nous avons rencontré plusieurs difficultés au cours du

communication adaptés à la pandémie : réunions en mode virtuel,

développement du projet :

documents centralisés accessibles à toute l’équipe, suivi quotidien

Pandémie 1

Interdiction de rassemblement : Le confinement total nous a

de temps et également des mesures sanitaires qui interdisent le partage d’objets et d’espaces communs, comme les projets “s’amuse”, “s’entraide” et “partage”.

3

Réorganisation de l’équipe et de nos modes de gestion et de

et hebdomadaire.

Mobilisation des partenaires

empêché de mettre en place notre stratégie de mobilisation terrain

Notre échéancier très serré (lancement du projet en janvier) ne

et également de distribuer des journaux en particulier dans le HLM

convenait pas à nos partenaires locaux dont la plupart souffrait

Meunier-Tolhurst.

d’un manque d’effectif et de ressources financières. Les mesures

2

Incompatibilité de la plupart des kits avec les mesures

sanitaires : • Besoin d’adapter les projets pour passer du présentiel au virtuel au niveau des ateliers, de l’animation et de la coordination. Ex : Le concept initial des projets “Notre voisinage fait du pain” et “Notre voisinage raccommode” consistait à se partager du matériel (kits) entre voisin-e-s pour faire du pain ou raccommoder. Toutefois, les risques de propagation du virus nous ont obligés à adapter et

sanitaires strictes avec notre échéancier très serré ont provoqué la mise en pause de nombreux partenariats. Ex : CANA, École SaintBenoît, HLM Meunier-Tolhurst, Habitations Nicolas-Viel, etc. Par la suite, nous avons remarqué que les organismes avaient embauché de nouvelles personnes, et il a donc été très difficile de prévoir en amont sur quelles actions nous pouvions collaborer. Enfin, le fait d’agir dans un périmètre très limité a rendu le partenariat complexe.

repenser ce concept. Les participant-e-s ont donc tous et toutes reçu un kit individuel chez eux/elles. Cela a dû impacter l’aspect collectif du projet.

13

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Des projets adaptés aux conditions météorologiques

Un lien de confiance à développer sur le terrain

La saison hivernale, le froid extrême et les conditions

Solon est peu connu par les résident-e-s du voisinage, ce qui a

météorologiques nous ont poussé à adapter plusieurs projets ex :

demandé plus d’effort et de temps pour tisser un lien de confiance

fleurit et boudonne, abrite oiseaux. Nous avons mis en place des

avec les résident-e-s et faire connaître les projets. Nous avons

ateliers numériques pour préparer les activités collectives cet été.

essayé de répondre à cet enjeu en impliquant tous les partenaires locaux pour établir ce lien mais la pandémie nous a forcé à mettre

Annulation de l’événement de lancement en présentiel

en pause ces partenariats, comme expliqué au point B.

En raison du confinement et du classement de Montréal en zone

Une stratégie de mobilisation à ajuster

rouge.

Le taux d’inscriptions s’est révélé plutôt faible suite à la distribution de 2400 journaux via Poste Canada dans la zone Tolhurst/StBenoît : nous avons eu seulement 15 inscriptions.

Ajustement de la stratégie (à partir du 31 janvier 2021) Elargissement du voisinage vers l’est Distribution de 600 journaux par l’équipe (600 nouveaux ménages) : • 11 personnes de plus se sont inscrites au programme • 15 personnes de plus ont aimé la page Facebook • 18 personnes de plus s’y sont abonnées

“Je suis heureux de lire le journal, je l’ai reçu à la maison, cela fait plaisir de voir que l’entraide existe encore”. Suivi individuel

Ce suivi personnalisé a également permis de mieux comprendre les

Des appels téléphoniques ont été faits auprès de chaque personne

raisons de non participation de certaines personnes :

inscrite au programme pour les remercier, bien les accueillir, établir un dialogue avec eux/elles, répondre à leurs questions et cerner leurs intérêts. L’objectif était de stimuler l’engagement des personnes inscrites au programme. Démarche de suivi : • Envoyer des courriels de bienvenue et laisser un numéro de téléphone pour nous rejoindre. • Envoyer des courriels de rappel un jour avant l’atelier et quelques heures avant celui-ci. • Envoyer des courriels de remerciement aux participant-e-s après les activités.

‘’L’heure du conte ne fonctionnait pas pour moi, mais si la journée est modifiée, je serai intéressée pour y participer.’’ “Je me suis abonnée à la page Facebook, mais je ne veux pas me lancer à bâtir quelque chose car je manque d’énergie avec le quotidien, les enfants, etc.” Recrutement et mobilisation par les pairs Nous avons demandé aux personnes motivées et bien engagées de mobiliser et recruter de nouvelles personnes dans leur entourage : 20 personnes au total ont indiqué avoir connu le programme Notre voisinage grâce à des ami-e-s ou de la famille.

14

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Une participante très engagée dans le voisinage a généreusement offert un atelier de boulangerie : elle a parlé à plusieurs voisines pour les inviter à participer au projet Notre voisinage fait du pain et 4 d’entre elles se sont inscrites. Une participante au projet Notre voisinage raccommode, la seule ayant été présente à la séance d’information, a parlé du projet à plusieurs mères du quartier pour les inviter à s’y joindre. Il y a maintenant 20 participantes à ce projet. Faire appel aux personnes ressources et aux leaders de la communauté Quelques partenaires locaux nous ont mis en contact avec des résident-e-s du voisinage qui sont très mobilisé-e-s, notamment avec la présidente du comité de locataires du HLM Meunier-Tolhurst

Adaptation et programmation des ateliers 100% en ligne avec la

et une locataire des Habitations Nicolas-Viel, un immeuble de

livraison des kits à domicile

logements sociaux. Malheureusement, dans ces deux instances,

Nous avons mis en place plusieurs ateliers en ligne animés par des

ces contacts ne nous ont pas permis de recruter plus de participant-

partenaires et des résident-e-s.

e-s. En effet, les mesures sanitaires strictes, l’interdiction de s’introduire dans les bâtiments et l’orientation du programme vers

Guérilla Marketing (25 janvier 2021)

le numérique (processus d’inscription et programmation d’ateliers)

L’équipe de Solon s’est rendue sur le terrain afin de faire une

dues à la situation de pandémie ont été des facteurs nuisibles à

campagne d’affichage à l’approche des séances d’informations,

l’inclusivité tant souhaitée.

pour promouvoir les projets et augmenter la participation des résident-e-s :

Une mobilisation adaptée au numérique et une communication

• 72 affichettes (de 12 différents modèles)

active : passer de l’action terrain à une stratégie de mobilisation

• 4 personnes ont mentionné avoir connu le programme grâce à ces

numérique

affichettes

Nous avons renforcé notre mobilisation à distance en multipliant la

• 13 personnes de plus se sont inscrites au projet

visibilité de notre communication sur nos plateformes numériques :

• 16 personnes de plus ont aimé la page Facebook

Page Facebook Notre voisinage, Site web Solon, instagram Solon,

• 18 personnes de plus s’y sont abonnées.

ainsi que les plateformes numériques de nos partenaires qui ont des programmes et une certaine proximité avec les résident-e-s : Entre-maison Ahuntsic, Arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, CANA Nous avons également partagé activement notre communication et nos annonces sur différents groupes Facebook du voisinage, en particulier la page Fleury Ouest -Vie de quartier, mais aussi Communauté active Tolhurst et Parents de l’école Saint-Benoît (CSSDM), Bazar d’Ahuntsic, Ahuntsic, etc. Cette stratégie nous a permis de rejoindre des personnes ayant un profil plus diversifié. Nous nous sommes assuré-e-s que notre communication mentionne clairement que le programme s’adresse aux résidente-s de Tolhurst/St-Benoît. Il est ainsi arrivé à plusieurs reprises que des personnes hors secteur s’inscrivent. Nous avons constaté qu’il n’est pas facile de rejoindre de façon numérique un secteur aussi petit que celui ciblé par Notre voisinage.

15

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Création d’un formulaire d’inscription en 4 langues (français,

Quelques questions qui se trouvent dans le formulaire pour

anglais, arabe et espagnol)

stimuler la participation et la co-création :

Le 22 février 2021, nous avons débuté la planification de la livraison

• Dites-nous pourquoi ces projets vous intéressent ou ne vous

des kits et il nous est apparu pertinent de créer un formulaire et

intéressent pas ?

une campagne de communication spécifiques à chaque projet

• Si vous avez d’autres idées de projets, vous pouvez les écrire ici.

sur les réseaux sociaux (de Solon et des partenaires locaux).

• Connaissez-vous d’autres gens du voisinage, famille ou ami-e-s du

Ces formulaires nous ont permis de récolter les informations

secteur qui aimeraient participer ?

nécessaires à la livraison des trousses, mais aussi de promouvoir

• Nous réfléchissons à de nouveaux ateliers ou moments de

chacun des projets et de débuter un processus de co-création avec

rencontre (pour l’instant en ligne, un jour en personne !) Pour parler

les participant-e-s dans un contexte de mobilisation à distance.

de couture, veuillez cocher tout ce qui vous intéresse dans cette

Les formulaires d’inscription contenaient un appel à l’action et une section dans laquelle les participant-e-s pouvaient indiquer leurs réflexions pour participer à la co-création du projet.

liste. • Aimeriez-vous montrer une technique ou un type de création aux participant-e-s du groupe ? • Nous tenterons de vous proposer un horaire qui vous convient. Quel moment est préférable pour vous ?

IV. QUELLES OPPORTUNITÉS ONT ÉTÉ CRÉÉES GRÂCE À LA PARTICIPATION DES RÉSIDENTE-S ? QUELLES IDÉES NOUVELLES SONT APPARUES ? Les projets ont permis de stimuler la créativité et de générer un sentiment de création collective. Plusieurs résident-e-s ont ainsi proposé de nouvelles idées et initiatives, par exemple :

‘’Promenade de chien, corvée de printemps, groupe de marche (ou joutes sportives pour petits et grands)’’ ‘’Faire des cours de dessin ou de peinture’’ ‘’En invierno, mi hija sugiere que en cada tempestad de nieve, se organicen concursos en los parques para los niños y sus padres (integración familiar) por ejemplo premiar el mejor hombre de nieve, en navidad la mejor figura de Noel, el parque es grande que tranquilamente podrían participar 50 familias manteniendo la distancia requerida. En verano, concurso para los niños con premios que les incentive, pueden ser en grupos o individuales, que canten, que bailen y todos con inscripciones previas, en el pasado vi en el parque Tolhurst que los miércoles por la tarde, es dia familiar, y a los adultos bailando, lo mismo se podria hacer tambien con los chicos, un concurso de baile, canto, de dibujo, me gustaría ir al parque y aplaudir a alguno que participe en un concurso’’(En hiver, ma fille propose qu’à chaque tempête de neige on organise des concours dans les parcs pour les enfants et leurs parents (intégration familiale) : par exemple, donner un prix au meilleur bonhomme de neige, la meilleure sculpture de Noël...comme

16

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NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI


le parc est grand, on pourrait être 50 familles en conservant la distance nécessaire. En été, un concours pour les enfants avec des prix, que ce soit en groupe ou individuel, que les enfants chantent, dansent, dessinent. Dans le passé, j’ai vu que le mercredi après-midi est une journée familiale au parc Tolhurst. J’aimerais aller au parc et applaudir les participant-e-s d’un concours.) ‘’Cours pour les enfants au parc ?’’ ‘’J’ai beaucoup aimé cuisiner . Peut être demander à la chef Marie Fleur St Pierre qui habite le quartier de nous faire une recette en direct’’ ‘’Notre voisinage apprend à faire pousser des légumes sur notre balcon.” ‘’En été, nous pourrions organiser un barbecue au parc Tolhurst pour nous rencontrer personnellement’’ ‘’Club de lecture’’ ‘’J’aimerais voir si le partage de voiture est possible et si oui, comment cela fonctionne-t-il ?’’ En outre, les projets et les ateliers ont montré le besoin de projets structurants qui s’inscrivent dans une démarche à moyen et long terme, et qui sont nécessaires pour le voisinage.

‘’Certains projets pourraient se relier aux écoles du quartier. Projet agriculture mais aussi, heure du conte, vélo, boîte de jeux,...’’ ‘’Des jumelages linguistiques seraient chouettes, ou bien du pairage pour les nouveaux dans le quartier aussi.. pour se créer un réseau. ou bien des activités pour enfants et parents en parallèle’’

V. QUELS DÉFIS AVEZ-VOUS RENCONTRÉS LORS DE LA MISE EN PLACE ET DE LA GESTION DU PROGRAMME DE SUPPORT ?

Contrainte de mobilisation citoyenne

Les mesures sanitaires strictes imposées par les autorités

(en raison de la situation sanitaire) a largement impacté (à la baisse)

(interdiction de se rencontrer, d’échanger des objets, d’utiliser un tiers-lieu, etc.), le sentiment de peur et d’insécurité des résident-

L’incapacité à mettre en place des actions de mobilisation basées sur la rencontre avec les résident-e-s, l’événementiel et le présentiel le nombre de personnes inscrites dans le projet.

e-s, et la réticence des partenaires communautaires locaux ainsi

Adaptation des kits

que de l’arrondissement nous ont forcé-e-s dans un premier temps

La situation sanitaire nous a poussé à adapter nos kits d’une formule

à mettre en pause les projets s’amuse, s’entraide et partage.

en présentiel à une formule numérique. Notre challenge était de

Développement et coordination à distance Nous avons expérimenté le travail à distance non seulement avec les citoyen-ne-s mais également au sein de l’équipe elle-même. En raison des mesures sanitaires, nous n’avons pas eu la chance de nous voir, de partager nos impressions et de réfléchir à des solutions en présentiel. Ce fut un grand challenge de travailler ensemble sur

pouvoir jumeler la plupart des projets avec des ateliers qui suscitent la découverte, le savoir et l’entraide. La formule a été adaptée aux familles ainsi qu’aux personnes vivant seules. L’approche numérique et l’absence d’un tiers-lieu ont exigé la livraison des kits à domicile, et d’impliquer les résident-e-s dans le processus de choix des kits en cohérence avec leurs besoins.

ce projet à distance, cela a causé beaucoup de frustration car nous

Logistique de livraison des kits

aurions voulu être plus présent-e-s pour pouvoir accompagner les

Cette partie du processus fut très engageante pour l’équipe de

groupes de participant-e-s.

mobilisation de Solon au niveau du temps et de la logistique. En effet, sans accès à un tiers-lieu dans le voisinage où les résident-

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NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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ont émis des refus catégoriques et ne souhaitaient pas s’impliquer dans des projets actuellement pour ces raisons. Plusieurs personnes nous ont ainsi mentionné que, pour elles, ce n’était pas le bon moment de se partager des choses. Par exemple, le HLM Meunier-Tolhurst n’a pas voulu de boîte à jouets sur son terrain, et le partage de pain a pu être considéré par certain-e-s comme à risque.

e-s auraient pu se présenter pour récupérer les kits, nous nous sommes trouvé-e-s dans l’obligation de livrer les kits à domicile. Cette contrainte nous a demandé plus de temps et d’énergie, en plus de toute la logistique supplémentaire à gérer.

‘’Super initiative par contre je crois qu’il aurait plus sage d’attendre la fin de la pandémie avant de mettre toute cette énergie dans les projets, je crois qu’il y aura beaucoup moins de participation dans le contexte actuel (comme locomotion)’’

Contrainte de développement partenarial

Échéancier très court

Le contexte de la pandémie n’a pas permis à Solon de s’appuyer sur les

L’échéancier pour réaliser le projet était assez serré pour les

partenaires communautaires locaux. La majorité de ces partenaires

citoyen-ne-s et les partenaires, qui ont senti-e-s qu’ils et elles n’ont pas eu le temps de s’approprier le projet pour s’y investir pleinement.

Faible sentiment d’appartenance Le secteur Saint-Benoît est un voisinage de passage, en particulier

étaient en mode “gestion de crise” et ont fait face à plusieurs défis, dont le manque de ressources, pour pouvoir participer au projet (ressources financières, ressources humaines, etc. ). Cette réalité a contraint ces partenaires (par ailleurs convaincus par le projet) à mettre la collaboration sur pause, et certains ont tout simplement décidé de ne pas s’impliquer.

pour les nouveaux-elles arrivant-e-s, et ses résident-e-s ont plutôt un faible sentiment d’appartenance au quartier (et donc une plus faible implication dans les projets du quartier).

Manque d’accès à un tiers-lieu dans le voisinage Plusieurs impacts : • Incapacité d’avoir un lieu de rassemblement où les gens peuvent

“C’est un super beau projet mais on ne peut en aucun cas risquer une éclosion au sein des locataires des HLM. Il est donc strictement interdit pour Solon d’entrer dans les immeubles des Habitations Meunier-Tolhurst et de distribuer les journaux de Notre voisinage” (Organisatrice communautaire - OMHM)

se rencontrer, tisser des liens et expérimenter des ateliers et des discussions dans le cadre des projets. • Incapacité de nos partenaires à entrer en contact et à animer des ateliers et événements liés au projet avec leurs publics. • Incapacité à avoir un espace pour l’entreposage des kits, des matériels et des outils pour le partage et la récupération des kits.

Méfiance et peur chez certain-e-s résidente-s

“Malgré la pertinence du projet et le lien avec nos propres objectifs, le conseil d’administration a voté contre la contribution de notre équipe et ce, afin de veiller à la santé de nos collègues et des dangers d’épuisements.” (Directeur de l’organisme EntreMaisons)

Les mesures sanitaires ont renforcé le sentiment de méfiance et d’éloignement chez les résident-e-s, en particulier ceux et celles qui vivent dans des habitations sociales (HLM Meunier-Tolhurst) et dans des coopératives comme Les Habitations Nicolas-Viel. Outre la crainte associée au partage d’objets, la crise a aussi un impact important sur la santé mentale et les gens sont déjà submergés par leur quotidien et les difficultés qui y sont liées. Plusieurs personnes

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NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI


VI. QU’EST-CE QUE CELA VOUS DIT SUR LE SUCCÈS POTENTIEL DE CE PROGRAMME (PLATEFORME) DANS CE OU TOUT AUTRE VOISINAGE À MONTRÉAL ? La plupart des résident-e-s ont exprimé le souhait que les projets continuent :

“J’aimerais bien continuer avec vous si possible.” En outre, les constats exposés ci-dessous nous confortent dans le possible succès de ce programme auprès d’autres voisinages :

Constat 1 : Le bassin de résident-e-s est de plus en plus satisfait du projet, et ils-elles souhaitent s’impliquer davantage. Nous avons également constaté une augmentation continue des inscriptions et de la participation tout au long du projet. Cette tendance a été doublée par la sollicitation continue de l’équipe de mobilisation envers les résident-e-s via des courriels et des appels téléphoniques, ce qui nous montre que cette approche de mobilisation fonctionne bien.

‘’Stimulant’’ ‘’Tellement une bonne idée’’ ‘’Excellente idée’’ ‘’Génial! Je ne comprend pas comment il n y avait pas plus de monde!’’ ‘’Que du positif’’ ‘’J’adore l’idée.. le temps manque un peu/compatibilité d’horaire pour les autre groupes qui m’intéresse.’’ ‘’J’aime ça, ça me donne l’opportunité de partager des idées, des connaissances et de rencontrer d’autres personnes.’’ ‘’Intéressant, axé sur l’entraide’’ ‘’Je trouve le concept intéressant’’ ‘’Un programme très bien organisé et convivial avec une belle variété d’activités.’’ ‘’J’adore l’idée, la formule et l’offre’’ ‘’très belle initiative’’ ‘’Vraiment excellent. Je ne savais pas que ça existait. Content de le savoir. Bravo.’’ ‘’excellente initiative’’

Constat 2 : Un écosystème de partenaires complémentaires (services et missions) à consolider et à développer. Notre collaboration dans le cadre de la phase Social R&D a permis à Solon, nouvellement arrivé sur le territoire d’Ahuntsic, de découvrir rapidement le bassin d’acteurs clés qui compose l’écosystème communautaire dans le quartier. Pendant la phase de développement, nous avons contacté plusieurs partenaires locaux qui œuvrent auprès de la population locale. Ces premiers contacts n’ont malheureusement pas abouti à des collaborations concrètes dans le cadre de Notre voisinage, pour des raisons détaillées à la section V. Toutefois, nous sommes à présent connus par les différents acteurs du milieu et nous sommes souvent sollicités lorsque nos partenaires voient des opportunités de synergies avec nos projets dans Ahuntsic. De plus, cette expérience nous a permis de développer des liens importants avec des organismes que nous n’aurions pas forcément mis en priorité au premier stade de notre développement sur le territoire (comme par exemple, les acteurs du logement social Entre-maisons, OMHM, Habitations Nicolas-Viel). Des discussions sont déjà en cours avec ces organismes pour développer d’autres projets en lien avec la transition.

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très claire tout au long du développement du programme Notre

Constat 5 : Les mesures sanitaires vont être assouplies dans les mois à venir, et nous pouvons envisager un retour à la normale avec la vaccination.

voisinage. L’arrondissement voulait savoir comment nous appuyer

Les projets seront encore plus facilement réalisables dans ce

dans cette démarche. Ils nous ont invité à plusieurs rencontres

contexte.

Constat 3 : L’arrondissement souhaite s’impliquer davantage. La posture du bureau de l’arrondissement et des élu-e-s a été

pour qu’on puisse nommer nos besoins et leur partager l’évolution du programme. Ils ont diffusé nos communications, nous ont prêté la programmation d’événements du service des Loisirs cet hiver.

Constat 6 : L’équipe de Solon a une solide expérience en matière de mobilisation.

Pour la suite, l’arrondissement nous accompagne dans le projet

Elle a pu développer à travers ses récents projets, dont Notre

de valorisation de l’Espace Meilleur en s’assurant que le terrain

voisinage, ses habiletés en codesign et en coproduction de projet.

nous soit octroyé par la Ville, en nous partageant le certificat de

Ces nouveaux apprentissages, qui se sont faits en continu, pourront

localisation pour assurer la servitude du terrain et en s’occupant du

être utilisés pour bonifier les futurs projets.

du matériel (boîte à jouets parc St-Benoît) et nous ont inclus dans

nettoyage du site ce printemps.

Constat 4 : Nous avons développé une meilleure compréhension des enjeux et des besoins du voisinage et de ses habitant-e-s.

Constat 7 : L’ajustement de la stratégie de mobilisation et de communication adoptée par l’équipe en janvier a porté ses fruits. Nous avons observé une augmentation significative du taux

En discutant avec plusieurs partenaires, nous avons compris

d’inscription et de participation aux ateliers. Plusieurs participant-

qu’un des enjeux prédominant du secteur est lié à des difficultés

e-s reviennent à des activités et s’inscrivent à de nouveaux projets.

de cohabitation entre différents groupes de personnes (par

De plus en plus de personnes inscrites sont également devenues des

exemple, entre divers groupes ethnoculturels, des familles et des

membres actifs : 68% des personnes inscrites sont effectivement

personnes vivant seules). Ces mêmes partenaires ont constaté

actives, c’est-à-dire qu’elles ont participé au moins à une activité ou

qu’un programme comme Notre voisinage peut être très porteur

que ce sont des personnes avec qui nous sommes en contact.

pour aider à briser l’isolement, créer des liens de confiance entre voisin-e-s et diminuer une certaine méfiance entre les groupes d’individus.

20

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NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI


Par exemple : • Notre voisinage raconte : 10 personnes sur 18 sont actives dans ce projet 10 personnes (3 adultes et 7 enfants) sur 17 (11 enfants et 6 adultes) ayant participé à l’heure du conte ont également participé à des activités dans les autres projets. • Notre voisinage raccommode : 15 personnes sur 21 sont actives dans ce projet 1 personne était présente à la séance d’information sur le projet, 10 personnes (9 adultes et 1 enfant) ont participé à l’atelier de couture et 5 personnes participent au groupe Whatsapp du voisinage pour discuter de couture. 7 personnes ayant participé à la séance d’information, à l’atelier de couture ou à la machine à coudre en partage ont également participé à des activités dans les autres projets. • Notre voisinage fait du pain : 13 personnes sur 20 sont actives dans ce projet 2 personnes ont participé à la séance d’information sur le projet, 13 personnes (3 enfants et 10 adultes) étaient présentes à l’atelier de boulangerie, 5 personnes (adultes) étaient présentes à la discussion sur le pain. 7 personnes participent au groupe Whatsapp du voisinage pour discuter de pain. 7 personnes ayant participé à la séance d’information, à l’atelier de boulangerie ou à la discussion entre voisin-e-s ont également participé à des activités dans les autres projets. • Notre voisinage partage : 8 personnes sur 40 sont actives dans ce projet

ont participé au premier atelier au parc, 7 personnes ont participé au deuxième atelier au parc.

8 personnes sont inscrites dans le bottin de partage, 4 personnes participent à co-construire et mobiliser autour du projet. • Notre voisinage s’amuse : 21 personnes sur 34 sont actives dans ce projet

Faits saillants : • 261 inscriptions aux 9 projets

4 personnes ayant participé à l’atelier de co-construction, 4

• 178 participations aux projets (ateliers, événements, création, etc.)

adultes et 8 enfants ont installé la première boîte au parc Tolhurst.

Ce qui donne un taux de conversion entre inscription et

• Notre voisinage fleurit et bourdonne : 47 personnes sur 48 sont actives dans ce projet 9 personnes ayant participé à l’atelier sur les abeilles, 39 personnes ont participé à jardinons pour les pollinisateurs. Les 2

participation de 68% • Le 4 mars, nous avons franchi le cap des 100 abonné-e-s sur la page Facebook, alors que nous avions 89 mentions “j’aime”. Le 27 avril, 98 mentions “j’aime” et 111 abonné-e-s.

prochains ateliers s’adressent à 25 personnes. • Notre voisinage abrite les oiseaux : 29 personnes sur 42 sont actives dans ce projet 16 personnes ayant participé à l’atelier sur les oiseaux, 26 personnes à l’atelier cabane d’oiseau. • Notre voisinage fait du vélo : 19 personnes sur 39 sont actives dans ce projet 9 personnes ont participé au premier atelier en ligne, 10 personnes ont participé au deuxième atelier en ligne, 6 personnes

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Inclusion QUELLES SONT LES PREUVES QU’IL EST POSSIBLE DE CRÉER UN ÉCOSYSTÈME DE PROJETS PARTICIPATIFS OUVERT À TOUT LE MONDE DU VOISINAGE ? I. QUEL EST LE PROFIL DÉMOGRAPHIQUE DU VOISINAGE ET COMMENT LA PARTICIPATION AU PROGRAMME REFLÈTE-ELLE CELA ? QUELS APPRENTISSAGES ONT ÉMERGÉ CONCERNANT LES PARTICIPANT-E-S ET LA MANIÈRE DONT ILS-ELLES ONT PARTICIPÉ ? Profil démographique :

Les minorités visibles sont également plus nombreuses en

Composition des ménages

proportion (44 %) dans ce voisinage que dans la circonscription

Le voisinage Saint-Benoît semble être un voisinage peu uniforme,

électorale fédérale (CEF) d’Ahuntsic (38 %) et Montréal (34 %).

où deux tendances se côtoient : d’une part, la présence de familles (beaucoup de couples avec enfants, et les enfants semblent se

Concernant les langues parlées, le voisinage est majoritairement

situer dans le groupe de 0 à 14 ans), et d’autre part de nombreux

francophone, avec la présence d’une communauté arabophone

ménages composés d’une personne, qui habitent seules mais

significative ainsi que de quelques hispanophones. C’est le français

pourraient être en couple. Il y a peu de personnes de 65 ans et plus

qui est le plus souvent parlé à la maison (66 %) , mais près de 9 % ont

dans ce voisinage. Enfin, il y a en moyenne une plus forte présence

l’arabe comme langue maternelle et 5 % l’espagnol. On y parle plus

de couples que dans les autres voisinages d’Ahuntsic, et une forte

souvent le français et une langue non officielle à la maison (dont on

proportion de couples avec enfants.

peut supposer qu’il s’agit de l’arabe et de l’espagnol) que dans les autres voisinages (8 %).

Immigration Il y a considérablement plus d’immigrant-e-s de première génération

Logement

dans ce voisinage que dans les autres voisinages. Plus de 4 personnes

Le parc immobilier du voisinage considéré est nettement plus vieux

sur 10 déclarent en faire partie (43 %), et on compte une proportion

que la moyenne d’Ahuntsic ou de Montréal. Les logements ont un

importante de non-citoyens canadiens (18 %). Ces personnes

nombre de pièces légèrement moins élevé que dans les autres

immigrantes sont plus souvent parrainées par la famille (33 %).

voisinages d’Ahuntsic.

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NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI


On constate une forte présence de locataires dans ce voisinage.

débutantes comme les sachantes (ex : projet vélo, projet couture,

Les loyers y sont assez abordables. Il y a une proportion plus grande

pain, etc.), car la culture de l’entraide et le partage des savoirs font

de personnes ayant déménagé dans les 5 dernières années dans

partie du cœur même du programme et sont favorisés tout du long.

le voisinage par rapport à la moyenne montréalaise (Mobilité 5 ans auparavant : 46 %, vs CEF 43 % et Montréal 45 %).Une grande partie du voisinage (place Meilleur, terrasse Fleury) est considérée comme un lieu de passage pour les nouveaux-elles arrivant-e-s, ce qui affaiblit le sentiment d’appartenance, réduit l’interaction entre les résident-e-s, et explique ainsi le manque d’initiative citoyenne dans ce secteur. Près de 7 personnes sur 10 sont locataires, ce qui est plus élevé que dans les autres quartiers d’Ahuntsic.

CONSTRUIRE DES PROJETS AVEC TOUT LE MONDE Programme ouvert à tout le monde : toutes les personnes ont leur place dans cette initiative, et en particulier les aîné-e-s. En effet, les aîné-e-s représentent environ 20 % des personnes participantes dans le programme. Par exemple, dans le groupe Notre voisinage fait du pain, il y a eu 20% d’aîné-e-s. PROMOTION DIRECTE Nous avons essayé de créer un dialogue

Caractéristiques spécifiques à certains logements du voisinage : le

direct avec les résidents, faire du porte à porte, rencontrer les gens

HLM Meunier-Tolhurst est un bâtiment de 120 logements sociaux,

dans les parcs et devant la sortie de l’école, etc.

qui comprend un espace communautaire géré par l’organisme du quartier Entre-Maisons. Ces logements sont habités en majorité par une population issue de l’immigration récente d’origine arabe et africaine. Une coopérative d’habitation se trouve également au cœur du secteur Saint-Benoît, en plein quartier résidentiel de location. Revenus On observe deux tendances extrêmes quant aux caractéristiques socio-économiques des résident-e-s : d’une part une population aisée, et d’autre part une population vraiment moins nantie. Ce voisinage figure parmi les voisinages les moins bien nantis de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville. En outre, la fréquence de ménages à faibles revenus y est plus importante que dans d’autres quartiers de l’arrondissement. Compte tenu de la spécificité du voisinage, nous avons mis en place un plan de développement inclusif, dont l’objectif était de créer les conditions pour que tous les projets soient inclusifs et invitant pour les personnes issues de la diversité culturelle. L’adaptation des kits aux mesures sanitaires et les mesures inclusives adoptées par l’équipe ont permis d’augmenter la participation des personnes issues de la diversité. Ex : 25% des participant-e-s au projet Notre voisinage fait du pain sont issu-e-s de la diversité ethno-culturelle.

ACCOMPAGNEMENT DISPONIBLE TOUT AU LONG DU PROJET Une équipe est dédiée pour répondre aux questions par téléphone, par courriel et via notre page facebook. FLEXIBILITÉ ET PEU DE TEMPS ET D’ENGAGEMENT Nous nous sommes adapté-e-s au rythme des participant-e-s avec des horaires flexibles en leur demandant toujours leurs disponibilités. Les kits ont été préparés pour ne pas exiger beaucoup de temps de la part des participant-e-s. SIMPLE, ZÉRO COÛT, LOCAL ET ACCESSIBLE Il n’y a eu aucun coût pour les participant-e-s, notre but était qu’ils-elles participent et qu’ils-elles aient du plaisir. Nous nous sommes occupé-e-s d’acheter les kits et nous avons même pris en charge la livraison des kits à domicile en demandant aux participant-e-s le meilleur moment pour recevoir les kits. CRÉER UN ESPACE ACCUEILLANT POUR LES ENFANTS ET LES FAMILLES La majorité des personnes inscrites à Notre voisinage raconte étaient des familles. Nous avons encouragé les parents à inviter leurs enfants dans les activités et les ateliers. Les enfants ne sont pas comptabilisés dans l’inscription, car ils sont inscrits avec leurs parents, mais plusieurs enfants ont dans les faits participé à nos activités. • L’heure du conte : 11 enfants • Atelier de pain : 3 enfants

Mesures d’inclusion ATTIRER LES TALENTS Nous avons offert un espace pour que les talents puissent s’exprimer, mettre en valeur leur savoir, et le partager. ex : Le projet Notre voisinage fait du pain a été animé par une résidente du voisinage. Le projet raccommode a été animé également par une résidente du voisinage. 100% OUVERT ET SANS STIGMATISATION Des familles, des enfants, des aîné-e-s, des personnes à mobilités réduites, des personnes issues de la diversité, entre autres, ont participé

• Atelier de couture : 1 enfant • Fait du vélo : 2 enfants • Fleurit et bourdonne : 14 enfants • Abrite les oiseaux : 9 enfants • S’amuse : 18 inscriptions dont 7 ont 2 enfants, 4 ont 3 enfants, et 7 ont 1 enfant = total de 33 personnes inscrites.

‘’Voir les enfants interagir et s’intéresser aux histoires’’ ‘’Énormément. Les enfants ont vraiment apprécié.’’

au projet. Tout le monde peut trouver sa place, les personnes

NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI

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COMMUNICATION ADAPTÉE AUX DIFFÉRENTES CULTURES CULTURALLY ADAPTED COMMUNICATION La communication s’est faite dans 4 langues différentes, représentatives des langues parlées sur le territoire : en français, anglais, espagnol et arabe. De plus, différents types de supports ont été utilisés afin de rejoindre un maximum de personnes. Support numérique : page facebook, formulaires d’inscription. Support imprimé : Journal, dépliants, affiches.

Projets

Aîné-e-s

Enfants

Familles

Diversité*

Raconte

2

11

10

3

Fait du pain

4

4

3

5

Fait du vélo

3

2

4

3

Raccommode

4

1

1

5

Fleurit et bourdonne

5

9

14

8

* Diversité : on parle ici de la diversité ethnoculturelle (personnes racisées)

Langue parlée des participant-es Français (91), Anglais (3), Arabe (1) et Espagnol (2). Il est à noter que quelques personnes ont inscrit le français comme langue de communication bien qu’ils-elles parlent d’autres langues en plus du français.

II. EN QUOI LA PARTICIPATION EST-ELLE SIMILAIRE OU DIFFÉRENTE DES AUTRES PROGRAMMES MENÉS DANS LE QUARTIER ?

• Enjeux avec Entre-Maisons qui travaille physiquement dans trois HLM d’Ahuntsic, dont celui situé dans le secteur Tolhurst/StBenoit. Les intervenants animent des projets et des activités avec les locataires, dont l’aide aux devoirs, des cours de musique et

Nos observations, échanges et discussions avec les résident-e-s

d’entreprenariat. Le local qui sert d’espace communautaire pour

et les organismes locaux ont montré plusieurs réalités :

leurs activités n’est pas accessible aux locataires à l’extérieur des

• Zone peu desservie par des projets : plusieurs organismes

heures d’ouvertures ni sans la présence des intervenants, il est

desservent le quartier, mais peu rejoignent spécifiquement

réservé à l’usage unique des locataires du HLM.

le voisinage. Les programmes et services disponibles dans le voisinage répondent à des besoins spécifiques et essentiels comme l’éducation, la santé, etc. Il y a peu de programmes clés en main, facile à réaliser, pour lesquels la participation serait simple, et dont l’objectif serait de créer une convivialité, de renforcer les liens et de connecter les gens ensemble. Notre voisinage est venu répondre à cet enjeu en proposant un programme innovant et complémentaire aux divers programmes qui existent dans le voisinage. • Solidarité Ahuntsic, la table de quartier d’Ahuntsic, a déjà occupé un local communautaire dans le secteur St-Benoit, mais celuici a fermé en 2010. Le local servait de point d’ancrage pour la

Spécificité de Notre voisinage par rapport aux programmes déjà existants : Le projet Notre voisinage a mis en place des projets ouverts à tout le monde, qui permettent aux locataires de rencontrer des personnes qui n’habitent pas le HLM, qui ont l’objectif de provoquer de nouvelles rencontres, de permettre l’acquisition de nouvelles compétences et d’avoir du plaisir. Notre voisinage a permis également une flexibilité en dehors des heures de travail des intervenant-e-s. Finalement, Notre voisinage a permis aux participant-e-s une autonomie en matière de d’animation des ateliers et du choix des kits.

mobilisation dans le secteur, avec des activités de couture, d’informatique, de cuisine et une halte-garderie. L’ancien directeur de Solidarité Ahuntsic nous a confirmé que “ce secteur a gravement besoin d’un espace citoyen pour se rapprocher de la population et dynamiser ce milieu de vie”.

24

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III. QUELS DÉFIS AVEZ-VOUS RENCONTRÉS CONCERNANT LA PARTICIPATION INCLUSIVE ? En début du projet, la distribution du journal a montré que la plupart

des journaux doit se faire par l’équipe de mobilisation, ce que nous

des 17 premières inscriptions étaient des résident-e-s habitant

n’avons pu faire en raison du Covid19. Le taux d’inscription et de

autour du voisinage principal initialement visé (Terrasse Fleury,

participation est beaucoup plus élevé dans les secteurs ou le

Place Meilleur, Parc Saint-Benoît), et ce groupe ne reflétait pas

journal a été déposé dans les boîtes aux lettres.

vraiment le profil démographique du voisinage - en particulier concernant la diversité ethnoculturelle du secteur.

• Incapacité de recruter des personnes influentes qui habitent dans le voisinage en raison du manque de temps et de l’indisponibilité de ces personnes ressources.

Nous nous sommes alors posés deux questions :

1

Pourquoi n’arrivons-nous pas à rejoindre plus de participant-e-s

issu-e-s de la diversité ?

2

Comment faire pour attirer plus de personnes issues de la

diversité et qui représentent la majorité des résident-e-s du voisinage (Triangle : Terrasse Fleury - Place Meilleur - Parc SaintBenoît) ?

• Malgré le grand intérêt pour le projet, l’école Saint-Benoît n’a pas pu faire partie du projet en raison de la situation sanitaire, ce qui a affaibli la participation des enfants et de leurs parents qui habitent dans le voisinage. • Un autre obstacle a été l’incapacité d’aller à la rencontre des résident-e-s, que ce soit dans les centres communautaires, lors de fêtes de quartier, à proximité de leurs résidences, dans des kiosques dans les parcs, alors que ce sont habituellement des façons de mobiliser des personnes issues de la diversité. Ces

La réponse à ces deux questions est multiple :

stratégies de mobilisation n’étaient pas réalisables en raison de la

• La population est difficile à mobiliser, avec un faible sentiment

crise sanitaire. Les activités ont dû de ce fait se dérouler en ligne,

d’appartenance en raison de la nature passagère du voisinage, en particulier pour les nouveaux-elles arrivant-e-s. • L’interdiction pour l’équipe d’accéder au HLM Meunier Tolhurst et aux Habitations Nicolas Viel, qui disposent d’un tiers-lieu et qui rassemblent un bassin de personnes issues de la diversité. • Une grande crainte de la propagation du virus et donc une réticence à participer de la part des habitant-e-s du voisinage

ce qui a pu représenter un frein pour certaines personnes moins à l’aise avec la technologie (fracture numérique). • Une partie de nos participant-e-s n’utilise pas fréquemment Facebook, alors que c’est actuellement l’un des principaux moyens de communication de Notre voisinage. Nous avons demandé aux participant-e-s de nous indiquer leur moyen de communication préféré afin de les rejoindre de la façon qui leur convient le mieux. Avec certaines personnes, nous privilégions le téléphone,

• Le journal n’a pas eu l’effet souhaité en matière de mobilisation et

avec d’autres le courriel et avec d’autres le groupe Whatsapp.

de passage à l’action, d’où la nécessité d’aller à la rencontre des

Ce dernier permet de communiquer de façon plus fluide : nous

gens, et de mener une action d’affichage agressive à l’entrée des

y envoyons des photos, vidéos, messages vocaux et messages

immeubles, dans les rues, dans le parc du voisinage, etc.

écrits, cela permet de souder davantage le groupe. Pour l’instant,

• Un élément très important qui explique le faible taux d’inscription et de participation : Il est très important de noter que nous avons conclu un contrat avec Poste Canada pour la distribution des journaux dans les blocs appartement du secteur Fleury Ouest (Terrasse Fleury et Place Meilleur - zone en jaune dans la carte ci-haut) qui représentent notre cible prioritaire dans le projet. Le mode de livraison prévu était de mettre un journal par boîte aux lettres. Nos suivis et investigations auprès des citoyen-ne-s et en

ces groupes ont été créés pour les projets de couture et de pain. Malheureusement, comme ce ne sont pas tou-te-s les participante-s qui utilisent Whatsapp, ce n’est pas tout le groupe qui peut participer aux échanges, mais la création de ces groupes s’avère une stratégie intéressante pour rejoindre certain-e-s participante-s, pour créer un plus grand sentiment d’appartenance et pour animer un espace d’échange convivial dans un contexte d’activités à distance.

particulier les participant-e-s qui ont découvert le projet sans le journal nous ont permis de découvrir que le facteur a simplement laissé une pile de journaux à l’entrée de chaque bâtiment. Beaucoup de personnes n’ont pas pu découvrir le journal et cela a négativement affecté le taux d’inscription et de participation dans le zone de Terrasse Fleury - Place Meilleur - Parc Saint-Benoît (triangle bleu). Cette expérience nous montre que la distribution

NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI

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IV. QU’EST-CE QUE CELA VOUS DIT SUR LE SUCCÈS POTENTIEL DE CE PROGRAMME DANS CE VOISINAGE OU VOTRE VILLE, EN MATIÈRE D’INCLUSION ?

total (novembre 2021), l’équipe de Solon est allée à la rencontre des résident-e-s sur la Terrasse Fleury, la Place Meilleur et dans le parc Saint-Benoît, avec des brochures présentant brièvement le projet. Considérant l’absence d’un tiers-lieu de Solon dans Ahuntsic, il était nécessaire de mettre en place une stratégie de mobilisation basée sur des rencontres et des échanges avec les citoyen-ne-s

Approche inclusive, et qui rejoint plusieurs voisinages :

du voisinage. En quelques demi-journées de présence physique

Les mesures d’inclusion (cf section Inclusion I., paragraphe Mesures

et un échange très positif dans les rues et le parc Saint-Benoît. Le

d’inclusion) mises en place dans le programme Notre voisinage montrent la façon dont l’équipe a cherché à opérationnaliser l’inclusion d’une population diversifiée et à rejoindre les personnes représentatives du voisinage.

‘‘Faciliter les échanges entres voisins, créer des liens par les intérêts communs, partager les expériences et les ressources, c’est définitivement idéal. Et les sujets d’ateliers que vous offrez sont pertinents et très intéressants, pouvant rejoindre une variété de citoyens. Bravo pour cette initiative. :)’’

dans le voisinage, nous avons réussi à établir des discussions et un dialogue avec 21 personnes. Nous avons eu de vraies interactions projet a été très bien accueilli, plusieurs personnes nous ont même fourni leur numéro d’appartement. Une dizaine de discussions avec les résident-e-s ont confirmé le besoin de concevoir des projets qui animent le voisinage, renforcent les liens entre habitant-e-s et participent à la création d’un sentiment d’appartenance. Parmi ces personnes, 19 personnes sont issues de la diversité : • 5 femmes ( 3 d’origine arabe, 2 d’origine africaine) • 7 hommes ( 3 d’origine africaine, 2 d’origine hispanique, 2 originaires du Québec) • 6 enfants (3 d’origine arabe, 3 d’origine africaine) - 3 filles et 3 garçons. • 3 jeunes ( 2 garçons et 1 fille)

L’approche inclusive adoptée a ainsi permis une grande participation de la part des résident-e-s. 83% des personnes inscrites sur le formulaire d’inscription vivent dans le voisinage Tolhurst/St-Benoît (cf Carte ) et 17% viennent de l’extérieur du secteur. On explique cette participation extérieure par plusieurs raisons : les gens

Un leadership local pour développer l’inclusion : Au niveau communautaire :

souhaitent créer des liens et participer même en sachant qu’ils ne

Tel qu’indiqué à la section Faisabilité -VI, plusieurs organismes sont

sont pas dans le secteur. Ils avaient également besoin de participer

intéressés à collaborer par la suite avec notre équipe : il est donc

à des initiatives. Enfin, certain-e-s étaient motivé-e-s par l’aspect

envisageable et souhaitable de continuer à avancer les discussions

de l’entraide et de la solidarité présent dans le projet.

avec les organismes qui travaillent directement avec les résident-

Citation : “Les projets créent de la diversité dans la communauté”.

e-s du secteur. Le rôle de ces organismes est central pour favoriser l’inclusion de certaines personnes. L’inscription de Marie Yolaine illustre bien l’importance de miser sur certaines personnes clés dans le voisinage : elle a été référée par Mehdi, d’Entre-Maisons, qui

Opportunités futures pour renforcer la mobilisation citoyenne des personnes issues de la diversité : Il existe une réelle opportunité de renforcer la participation citoyenne des personnes issues de la diversité lors de la phase 2. Il faut noter que l’amélioration du contexte sanitaire avec la vaccination et les baisses des cas nous permettront d’aller à la rencontre des résident-e-s dans le voisinage et de renforcer le lien de confiance. En effet, nous avons constaté que la mobilisation

l’a aidée à s’inscrire par téléphone, alors qu’elle travaille souvent les fins de semaine Une participante travaille souvent les fins de semaine, ce qui complique sa participation, mais elle était très intéressée par le projet. Elle a été référée par membre de l’équipe d’Entre-Maisons, et elle a procédé à une inscription téléphonique. Comme elle n’était pas à l’aise avec la technologie, nous lui avions proposé de faire un test ensemble avant l’atelier. Cet accompagnement personnalisé lui a permis de faire partie du projet.

terrain est primordiale pour mobiliser la population dans ce secteur,

Au niveau des résident-e-s :

et notamment les personnes issues de la diversité. Pendant la phase

En outre, il y a un réel potentiel à renforcer le noyau de résident-

de design du projet (en septembre 2020) et avant le confinement

e-s motivé-e-s et actif-ve-s qui ont participé à plusieurs projets et

26

170

CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI


qui commencent à connaître leurs voisin-e-s. Cette cohorte sera

Or, selon L. dans la culture colombienne, le partage est important :

en mesure de porter certains projets et d’avoir ainsi un leadership

“J’ai trouvé très intéressant le partage car ces temps-ci, il faut trouver des manières de nous rapprocher avec nos voisins et des petits détails comme partager un pain, ça fait du bien.”

mobilisateur dans le voisinage.

Un tiers-lieu inclusif : De plus, l’implantation d’un tiers-lieu par Solon devrait permettre de rejoindre une population plus diversifiée (Solon est actuellement en prospection pour un tel lieu). En effet, ce tiers-lieu permettra de se faire connaître et d’établir un lien de confiance avec les différentes populations du voisinage, en plus de développer leur pouvoir d’agir en les invitant à s’impliquer dans la programmation et la gouvernance du lieu.

Un parcours de participation facteur de succès en matière d’inclusion : Enfin, le parcours de participation de certain-e-s résident-e-s et le développement d’un engagement inscrit dans la durée représentent des éléments clés du succès potentiel de la plateforme en matière d’inclusion.

Parcours des résident-e-s - Documenter l’histoire de quelques citoyens qui ont participé à plusieurs projets - mettre en lumière les différents niveau d’interaction PARCOURS DE LA PARTICIPANTE L. L. n’a pas reçu directement le journal, mais elle a connu le programme Notre voisinage grâce à une amie habitant le secteur qui l’avait reçue. Cette dernière ne souhaitait pas s’inscrire, mais elle savait que L. pouvait être intéressée. Elle lui a donc découpé la page d’inscription et lui a remis. L. nous a ensuite contactés par téléphone pour avoir plus d’informations et nous avons commencé à développer une relation de confiance avec elle. Elle a ensuite rempli le formulaire d’inscription et est allée le porter dans la boîte au dépanneur O-Coin-Fleury. Elle nous a ensuite téléphoné à nouveau pour confirmer son inscription à Notre voisinage. Ce qui a motivé son inscription a été la perspective de pouvoir créer des liens, rencontrer des voisin-e-s et avoir du plaisir malgré le contexte sanitaire actuel. En effet, L. habite seule, et avec la crise sanitaire, plusieurs des activités de socialisation qu’elle avait l’habitude de faire ne peuvent plus avoir lieu :

“Moi j’aime le tai chi, le bowling, mais je ne peux plus faire cela en ce moment.”

Elle partage d’ailleurs déjà de la sauce tomate et d’autres mets avec ses voisin-e-s. L. est en outre bien connectée dans son voisinage : elle trouve important de connaître ses voisin-e-s et de créer des liens avec elles et eux :

“À mon arrivée, je distribuais des cartes à mes voisins en indiquant mon numéro d’appartement pour me faire connaître dans le voisinage”. Nous lui avons donc demandé si elle croyait que ses voisin-e-s seraient intéressé-e-s par le projet et elle nous a expliqué que :

“Ici, les gens n’aiment pas les projets, ils jouent plutôt aux dominos, aux cartes, pas plus que ça. J’ai parlé à mes voisins pour les inviter à se joindre aux projets, mais ils m’ont dit : “oh non, on ne veut pas se salir les mains !” En effet, les deux projets dans lesquels elle s’était initialement inscrite impliquent de mettre les mains à la pâte (Notre voisinage fait du pain) ou dans la terre (Notre voisinage fleurit et bourdonne) même si c’est justement ce qui l’a attirée. Comme elle nous avait indiqué qu’un de ses moyens de communication préféré était Whatsapp, nous avons commencé à communiquer avec elle par ce canal pour lui donner des précisions concernant la séance d’information sur le projet. Une relation de confiance s’est ainsi créée. L. a ensuite participé à la séance d’information sur le projet Notre voisinage fait du pain avec un autre participant et les deux ont proposé l’idée de partager les coordonnées entre les participant-e-s du projet. C’est ainsi que le groupe Whatsapp Notre voisinage fait du pain a été créé. De plus, bien que L. ne se soit pas inscrite initialement à Notre voisinage abrite les oiseaux, nous avons eu l’occasion de lui parler de l’atelier Becs et plumes et de la construction de cabanes pour les oiseaux lors d’un de nos échanges. Elle a été emballée à l’idée d’y participer et s’est donc inscrite à ce troisième projet, Notre voisinage abrite les oiseaux. L. est très active dans ces trois projets : pour l’instant, elle a participé à 6 activités du programme (la séance d’information sur le pain, l’atelier sur le pain, l’atelier Becs et plumes, l’atelier de construction de cabanes d’oiseaux, l’atelier sur les pollinisateurs et l’atelier de jardinage). Elle a aussi partagé avec une voisine du

NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI

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pain qu’elle a cuisiné dans le cadre du projet. Enfin, elle nous écrit souvent sur Whatsapp pour nous poser des questions, pour nous partager des photos de ses réalisations, ou pour maintenir le lien de confiance et d’échange entre nous (par exemple, en nous souhaitant une bonne journée ou en exprimant sa gratitude pour les activités auxquelles elle participe).

celles-ci. En broderie, j’aime beaucoup de techniques, et en tricot, je n’ai pas beaucoup d’expérience mais je suis capable de confectionner des chapeaux et foulards d’hiver, des chaussons pour bébés, etc. J’aime aussi le crochet”. Elle est également expérimentée en matière de pâtisserie :

PARCOURS DE M. Bien que M. n’aille pas fréquemment sur Facebook, c’est à travers une publication annonçant le cours de couture sur le groupe Fleury Ouest - vie de quartier que M. a connu le programme Notre voisinage.

“Ma spécialité, ce sont les gâteaux de noces et la décoration, pour l’instant je ne fais pas ce métier que j’espère recommencer bientôt.” Le projet Notre voisinage fleurit et bourdonne l’a grandement

Elle parle français, mais sa langue maternelle est l’espagnol

interpellée également :

puisqu’elle est originaire du Pérou. Elle était donc heureuse de

“J’ai un jardin communautaire où je cultive des légumes et je suis intéressé à attirer les abeilles pour aider le processus de pollinisation.”

pouvoir remplir le formulaire d’inscription en espagnol. Elle a décidé de s’inscrire à 6 projets : Notre voisinage s’entraide, Notre voisinage partage, Notre voisinage fait du pain, Notre voisinage fait de la couture, Notre voisinage fleurit et bourdonne, ainsi que Notre

Enfin, les projets représentent pour elle une possibilité pour créer

voisinage abrite les oiseaux.

du lien social :

Le programme l’a interpellée puisqu’elle a des intérêts similaires

“ [...] et parce que j’aimerais me faire des amies !!”

aux projets proposés :

“Avant, je faisais des gâteaux d’anniversaire et de mariage, je fais du pain, j’ai suivi un cours de haute couture il y a plusieurs années”, des connaissances en matière de couture qu’elle pourrait partager :

“J’aime coudre, broder, tricoter, mais je manque de pratique en couture : j’ai fait un cours de haute couture il y a de nombreuses années, je suis capable de prendre des mesures et de développer un patron à partir de

Le lendemain de son inscription avait lieu l’atelier de couture. Elle a beaucoup apprécié l’atelier :

“J’ai aimé sortir de la routine, voir de nouvelles filles voulant apprendre et une professeure très calme désireuse de partager son savoir.” Elle nous a indiqué qu’elle serait intéressée de partager son expertise avec les autres personnes du groupe :

“Bien sûr, je vous apprendrai volontiers comment coudre les sacs pour le marché, en utilisant des tissus recyclés ou des “coupons” qui sont très bon marché. Aussi, je pourrais partager comment décorer les torchons de cuisine pour la vaisselle avec des broderies appliquées au crochet. Je peux vous apprendre à broder au point de croix”. Des ateliers animés par M. seront donc prochainement offerts au groupe Notre voisinage raccommode. M. est très active dans ces trois projets : pour l’instant, elle a participé à 7 activités du programme (l’atelier de couture, l’atelier sur le pain, la discussion sur le pain entre voisin-e-s, l’atelier Becs et plumes, l’atelier de construction de cabanes d’oiseaux, l’atelier sur les pollinisateurs et l’atelier de jardinage). Elle a aussi participé à faire connaître le programme à son réseau : elle a invité une amie voisine à participer aux projets avec elle et cette dernière s’est inscrite à Notre voisinage raccommode, fait du pain ainsi que fleurit et bourdonne.

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NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI


Création de valeur QUELLE EST LA PREUVE QUE CETTE APPROCHE DE DÉVELOPPEMENT DE LA PARTICIPATION EST CAPABLE DE CRÉER DE LA VALEUR POUR LES RÉSIDENT-E-S ET LES VOISINAGES ? I. DE QUELLES FAÇONS CE PROGRAMME RENCONTRE-T-IL LES BESOINS DES RÉSIDENT-E-S ? Ce voisinage souffre d’un manque de projets citoyens structurants qui permettraient de renforcer la solidarité et l’entraide, et de créer des liens et de la convivialité.

‘’Constats : peu de lieux de rassemblement comme les gymnases pour pratiquer des sports, ou une maison de jeunes’’ ‘’Il y a rien qui se passe dans ce quartier surtout en hiver’’ Les résident-e-s nous ont confirmé la nécessité d’avoir un projet comme Notre voisinage. En raison de la pandémie et de toutes les mesures sanitaires, l’équipe de Notre voisinage n’a pas eu le temps ni la possibilité d’établir une interaction plus étroite avec les résident-e-s du quartier qui puisse permettre de comprendre dans le détail les défis auxquels ils-elles étaient confrontés. Cependant, nous avons remarqué que les objectifs et les valeurs du programme correspondaient aux besoins et enjeux de la majorité des participant-e-s :

Solidarité et partage d’objets : plusieurs participant-e-s ont exprimé la volonté de s’entraider entre résident-e-s ‘’Intéressée pour partager et s’entraider entre voisins’’ ‘’Nous avons trois enfants en bas âge, donc peu de temps (ça viendra j’imagine!). Mais beaucoup de choses que nous pourrions prêter (machine à coudre, échelles, etc.). Et un jardin’’

NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI

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‘’C’est intéressant de partager’’ ‘’le partage d’objets m’intéresse beaucoup! Ça permet d’aller vers un monde zéro déchet!’’ ‘’Je m’intéresse au partage de matériel’’ ‘’Intéressant, axé sur l’entraide.’’

Création de moments de joie et de plaisir ‘’Vraiment excellent. Je ne savais pas que ça existait. Content de le savoir. Bravo.’’ ‘’Voir les enfants interagir et s’intéresser aux histoires’’ ‘’Énormément. Les enfants ont vraiment apprécié.’’ Le tableau de la page 9, indique bien à quel point les projets sont venus répondre à ces besoins (solidarité, partage, et plaisir). En effet, les inscriptions aux trois projets Notre voisinage s’amuse, s’entraide et partage, ont été parmi les plus élevées. Ceci s’explique par le désir des résident-e-s à la fois de s’entraider dans des moments difficiles, de partager des objets pour des personnes en ayant besoin, et également de profiter de moments de joie.

Développer et renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté Le quartier est considéré par de nombreuses personnes comme un lieu de passage, en particulier pour les nouveaux-elles arrivant-e-s. Beaucoup de participant-e-s ne connaissaient pas leurs voisin-e-s (Triangle : Terrasse Fleury - Place Meilleur - Parc Saint-Benoît).

‘’Créer une appartenance à mon quartier ainsi que m’impliquer davantage’’ ‘’J’aime m’impliquer dans des actions communautaires’’ ‘’Participation sociale amour de la nature’’ ‘’Dans la mesure de mes capacités, je veux développer la vie de quartier et de l’entraide’’ ‘’Pour favoriser l’esprit communautaire dans le quartier et y faire un milieu de vie agréable pour rencontrer des gens dans le voisinage’’ ‘’Mes filles et moi voulons nous impliquer dans notre quartier!’’ “Habitant le quartier depuis 28 ans, j’ai à cœur de contribuer à améliorer la qualité de vie de mes voisins et du quartier par le partage et le soutien.”

Renforcer et créer des liens, rencontrer des gens et se faire de nouveaux-elles ami-e-s ‘’Nouvelles connaissances, nouveaux amis’’ ‘’Nouveau dans le quartier, besoin de se divertir et de faire des rencontres !’’ ‘’Pour créer des liens avec les gens du quartier, pour nous et nos enfants’’ ‘’Rencontrer mes voisins pour moi et mes enfants, entraide, partage outils et connaissance’’ ‘’J’aime m’impliquer dans des projets communautaires et comme mes enfants fréquentent l’école St-Benoit, j’aimerais rencontrer d’autres parents du quartier’’ ‘’Plaisir de partager et de créer des liens’’

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‘’Je viens d’emménager dans le quartier et j’aimerais apprendre à mieux le connaître. Aussi, j’aimerais que ma fille et moi puissions nous faire un cercle de connaissances et d’amis’’ “Il est bon de connaître son voisinage afin de s’entraider’’ ‘’J’aime beaucoup faire des activités, j’habite seule et j’aime ce genre de projets.’’ ‘’Je trouve que c’est un très bon programme pour apprendre à connaître ses voisins.’’ ‘’Me gusta la iniciativa, es un buen momento a la integración.’’ (J’aime l’initiative, c’est un bon moment d’intégration.)

Apprentissage et partage des connaissances ‘’Je suis curieuse d’apprendre et j’aimerais offrir mon aide. Pour les autres, je n’ai pas besoin de connaissances ou simplement par manque d’intérêt’’ “apprendre et socialiser’’ ‘’Très intéressant ce partage de connaissances, nous le faisons déjà avec mon voisinage immédiat et aidons des nouveaux arrivants.’’ ‘’J’ai des projets et peu d’expertise pour réparer des vêtements, et je n’ai pas de machine à coudre.’’ ‘’Je suis cycliste et j’aimerais avoir de meilleures bases pour entretenir et réparer mon vélo’’ ‘’Je trouve intéressant de partager que ce soient des connaissances, des objets etc’’ ‘’Favorise l’ autonomie et le savoir faire’’ ‘’En pareille situation pandémique, ces offres sont bienvenues et il me tarde de pouvoir préparer la plantation vers la floraison de fleurs attrayantes pour pollinisateurs.’’

Intérêt et curiosité : le projet répond à un besoin de créativité des résident-e-s, et permet par la même occasion de stimuler la créativité collective. ‘’Je suis curieuse de ce qui s’y fera’’ ‘’Je trouve votre initiative très inspirante’’ ‘’Parce qu’ils sont créatifs et intéressants!’’ ‘’En exploration :)’’

Développement de la confiance dans les capacités des résident-e-s : “À ne pas avoir peur de l’entretien des vélos! “

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II. DE QUELLE MANIÈRE ET DANS QUELLE MESURE LE PROGRAMME A-T-IL PERMIS DE CRÉER DE NOUVELLES RELATIONS ET DE NOUVEAUX LIENS ? Les participant-e-s ont nommé à plusieurs reprises le fait qu’ilselles avaient pu créer de nouveaux liens grâce au projet :

‘’On a choisi ce quartier pour la vie de famille et pouvoir se créer des liens avec nos voisins. On a déjà réussi à créer des amitiés avec quelques voisins proches de chez nous. Le fait de faire plus d’activités communautaires tout en rencontrant des nouveaux voisins c’est génial!’ “Je participe à plusieurs projets de Notre voisinage pour rencontrer des nouveaux voisins et voisines. L’autre jour, j’ai rempli mes coordonnées dans le Bottin de partage d’objets en indiquant aux autres que je cherchais une pelle en métal pour briser la glace dans mon jardin. Ma voisine est passée chez moi le lendemain pour me prêter sa pelle et nous avons jasé pendant 45 minutes pendant que nos enfants couraient et jouaient ensemble.”

«Nous, on sera des multiplicateurs !» - E. «On ne peut pas sortir, mais on peut partager !» - L. «Ça me touche, c’est utile quand quelqu’un me donne quelque chose.» E. «Dans ma culture, on salue tout le monde, on offre de la nourriture aux autres» - L. «J’ai beaucoup aimé l’aspect de création de liens et d’interactions, apprendre à se connaître, être ensemble, c’est très positif !» - E. «Quand j’ai vu le titre du projet, partager, j’ai tout de suite aimé ça !» - E. De plus, la création de groupes Whatsapp pour soutenir certains projets a permis de développer ces liens. Par exemple, dans le groupe Whatsapp de Notre voisinage raccommode, une participante, qui n’avait pas encore assisté aux ateliers, a offert des patrons usagés au reste du groupe. Deux personnes du groupe se sont dit intéressées et vont aller chercher ces patrons. Bien que ce projet ne soit pas spécifiquement un projet de partage, l’idée de partager ses patrons est venue spontanément de la participante et a été accueillie favorablement. Cette action a généré un plus grand sentiment d’appartenance au projet : les participantes ont réalisé que projet n’est pas qu’une programmation d’ateliers sur le thème de la couture, mais plutôt une communauté de voisin-e-s qui partagent un intérêt pour la couture, s’entraident, partagent leurs

“Ça fait 10 ans que j’habite le quartier et grâce au programme Notre voisinage, j’ai enfin rencontré tout plein de voisins! On se reconnaît pendant les activités en ligne et ensuite, on se dit un gros bonjour quand on se croise dans la rue. C’est magique!”

savoirs et créent des liens. Un autre exemple concerne le projet Notre voisinage fait du pain. En effet, leur groupe Whatsapp est très actif, même si ce ne sont pas tou-te-s les participant-e-s au projet qui en font partie. Des messages, vidéos et photos y sont fréquemment envoyés pour partager de nouvelles recettes, des trucs et astuces en lien avec le pain, mais aussi simplement pour se souhaiter une belle journée ou pour célébrer certaines journées spéciales. De plus, comme un volet important du projet est le partage de pain avec d’autres voisin-

L’échange ci-dessous entre deux participant-e-s illustre de quelle

e-s, les participant-e-s souhaitent donner envie de partager en

manière le programme a pu permettre la création de nouveaux

envoyant les photos des pains qu’ils et elles ont fait et offert à leurs

liens :

voisin-e-s. Des amitiés se tissent et en cette période peu propice

Échange entre la participante L. et le participant E. :

aux rencontres en personne, ces partages virtuels avec les voisine-s sont plus que bienvenus !

«J’aime partager, je partage de la sauce tomate avec mes voisin-e-s» - L. « C’est la première fois que je vois un programme aussi agréable !» - E.

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NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI


III. DANS QUELLE MESURE ET DE QUELLE MANIÈRE LEUR PARTICIPATION EST-ELLE DIFFÉRENTE DES AUTRES PROGRAMMES AUXQUELS ILS-ELLES PARTICIPENT ? D’après nos observations les autres programmes dans le voisinage répondent à des enjeux complexes, comme l’accueil des immigrants, l’éducation, l’emploi, etc. Peu de programmes proposent ainsi des projets clefs en main, faciles à réaliser, ouverts à tout le monde, inclusifs, flexibles et avec peu d’engagement, disposant d’une plateforme de support et d’outils, et qui ont pour but de renforcer la solidarité, de créer des moments de joie et de solidarité, et de mobiliser la créativité collective. Ces projets ont ainsi eu un franc succès auprès des résident-e-s. Plusieurs personnes ont trouvé l’idée des projets avec les kits et l’accompagnement qui vient avec innovante.

‘’Génial! Je ne comprend pas comment il n y avait pas plus de monde!’’ ‘’Intéressant, axé sur l’entraide’’

“Belle diversité d’activités proposées “ ‘’Un programme très bien organisé et convivial avec une belle variété d’activités.” “Ça me donne l’opportunité de partager des idées, des connaissances et de rencontrer d’autres personnes.”

‘’Je trouve le concept intéressant’’ ‘’J’adore l’idée, la formule et l’offre’’ ‘’Vraiment excellent. Je ne savais pas que ça existait. Content de le savoir. Bravo.’’ Le taux de participation (62%) témoigne bien que la formule plaît aux résidents. Il faut noter également que certain-ne-s participant-e-s sont revenus à d’autres activités (voir partie parcours participante-s) ce que nous considérons comme un succès du contenu et de la formule du programme Notre voisinage. Certains citoyen-ne-s considèrent également que les projets de Notre voisinage sont complémentaires aux services offerts par la ville de Montréal.

‘’Surtout en temps de confinement, les échanges entre voisins sont plus difficiles. À un certain point, l’offre de Solon me semble très complémentaire au département des loisirs de la ville. Comme une façon de rejoindre les gens à la maison pour des ateliers qui ne sont pas disponibles en présentiel’’

L’apprentissage et l’acquisition de nouvelles compétences et expertises par les participant-e-s représentent un aspect important de la participation, tout comme le retour des participant-e-s dans les différents ateliers.

‘’Comment coudre avec une machine à coudre et comment faire des points d’arrêt’’ ‘’J’ai aimé apprendre comment faire des points d’arrêts à la main, et comment faire les points en x pour les ourlets’’ ‘’Utilización de agujas, ensanche de costuras’’ (Utilisation d’aiguilles, expansions de couture) ‘’À choisir le bon point pour le type de tissu. À réparer un petit accroc, à transformer un vêtement’’ ‘’Une meilleure technique pour les ourlets / bas de pantalons pour éviter qu’ils se détachent’’ ‘’Agrandissement et réduction des vêtements’’ -Projet Notre voisinage raccommode-

La diversité des contenus et des thématiques ainsi que l’aspect apprentissage et solidarité ont eu un grand succès auprès des participant-e-s, ce qui nous laisse penser que les projets viennent répondre à une demande non comblée.

NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI

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IV. QU’EST-CE QUE CELA VOUS DIT SUR LE SUCCÈS POTENTIEL DE CETTE PLATEFORME DANS VOTRE QUARTIER OU VOTRE VILLE ? Le programme Notre voisinage nous a permis d’atteindre un objectif important, qui était de créer des liens de convivialité et de solidarité dans un milieu de vie d’Ahuntsic. Cette première étape était essentielle pour établir un premier contact avec les gens du secteur. Pour la suite, Solon souhaite participer à un effort concerté de la transition sociale et écologique sur l’ensemble du quartier. Cet effort se manifestera sous plusieurs formes, notamment par l’inauguration d’un tiers-lieu de Solon et la formation d’une communauté engagée et inclusive qui regroupe des citoyen-ne-s, des organismes, des commerces et des institutions. Il nous semble ainsi primordial de consolider ce momentum et d’inscrire ce programme dans une optique à moyen et long terme avec une phase 2, qui serait basée sur : Le maintien de quelques projets avec les kits : les projets s’amuse, fait du vélo, etc. montrent l’appétence et le désir des résident-e-s de

1

continuer à participer aux activités.

2

La proposition de nouvelles initiatives de la part des résident-e-s en accord avec leurs enjeux et réalités.

3

La présence d’un tiers-lieu, qui sera implanté par Solon dans Ahuntsic à proximité du voisinage.

4

Le démarrage d’un projet citoyen cet été pour valoriser un terrain vacant (Espace Meilleur) dans le secteur Saint-Benoît, en collaboration

avec l’arrondissement, Ville en vert, Habitations Nicolas-Viel et Solidarité Ahuntsic. Pour plus de détails sur le potentiel succès de la plateforme, nous vous invitons à lire la section VI de la partie Faisabilité : Qu’est-ce que cela vous dit sur le succès potentiel de ce programme (plateforme) dans ce ou tout autre voisinage à Montréal ?

34

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NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI


Viabilité et demande

(intégration systémique) DANS QUELLE MESURE CE PROGRAMME EST-IL SUSCEPTIBLE D’ÊTRE VIABLE DANS LE CONTEXTE ACTUEL (ÉCONOMIQUE, POLITIQUE, SOCIAL, ETC.) ? I. QUELLES SONT LES PREUVES QU’IL EXISTE UNE DEMANDE POUR QUE CETTE PLATEFORME EXISTE ET/OÙ SE DÉVELOPPE (DE LA PART DES RÉSIDENTE-S, DES PARTENAIRES LOCAUX, DES GOUVERNEMENTS LOCAUX) ?

cet été. Par le biais de son programme de l’École de la citoyenneté,

(voir aussi partie Faisabilité page 8)

participative pour le projet de valorisation du terrain.

Solidarité Ahuntsic veut inciter les résident-e-s à se mobiliser autour de projets participatifs pour améliorer la vie de quartier et le vivre-ensemble. Au cours des prochains mois, Solidarité Ahuntsic souhaite co-animer des ateliers avec Solon dans le cadre du programme Notre voisinage, et ce, sur le site à la fois pour créer des liens entre voisin-e-s, mais aussi pour entamer la démarche

Demande de la part des partenaires locaux Le réseau de partenaires locaux est motivé et partant pour continuer à développer le programme sur le territoire. L’intérêt des partenaires est grandissant pour le projet, et nous voyons le potentiel à poursuivre la discussion avec les partenaires locaux afin de mettre en place un plan d’action pour les 3 prochaines années. En effet, un partenariat plus concret est en train de se dessiner avec la table de quartier, Solidarité Ahuntsic, qui souhaite collaborer avec Solon afin de dynamiser le secteur St-Benoît, à compter de

NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI

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179


‘’Il y a un endroit dans lequel les gens jettent des déchets qui pourrait être nettoyé et embellit en le transformant en potager, une fois son rotoculteur réparé’’ R. pourrait prêter aux voisin-e-s une compostière, et aider dans l’aménagement pour rendre le lieu plus accueillant pour les enfants. En outre, certaines personnes hors territoire ont montré de l’intérêt pour que le projet soit développé dans d’autres secteurs :

‘’J’ADORE l’idée! J’espère qu’un projet comme ça couvrira mon secteur prochainement.” Le Carrefour d’aide aux nouveaux arrivants (CANA) est un autre

Nous avons également constaté, par exemple, de l’intérêt de

organisme local avec lequel nous avons tenté de collaborer pour

participant-e-s hors voisinage à participer à Notre voisinage : en

faire connaître Notre voisinage et co-animer des activités ensemble.

effet, à plusieurs reprises, des personnes hors secteurs se sont

Le CANA accompagne les nouveaux-elles arrivant-e-s dès leur

inscrites à nos activités que nous avions laissées volontairement

arrivée dans le quartier mais ne reste pas forcément en contact

ouvertes.

une fois l’intégration complétée. Au moment où le programme se déployait, le CANA se trouvait en période active de recrutement pour pallier au manque de personnel à l’interne. Il n’était donc pas

Demande de la part de l’arrondissement

en mesure de nous accompagner, mais demeure intéressé par la

En plus de soutenir financièrement une partie de Notre voisinage,

possibilité de collaborer pour des projets spécifiques à l’école St-

et d’octroyer certains permis d’occupation de l’espace public,

Benoît, où une intervenante communautaire scolaire interculturelle

l’arrondissement a ouvert le dialogue pour un travail concerté

(ICSI) du CANA travaille depuis quelques semaines. Solon travaille

en permettant au projet de Notre voisinage de se lier à d’autres

actuellement avec des parents de l’école pour développer un projet

activités connexes. Voyant les objectifs et les impacts positifs

de verdissement de la cour dans les prochaines semaines.

de notre action, l’arrondissement souhaite que le programme se

Les Habitations Nicolas-Viel (HNV) sont un autre partenaire du

poursuive.

secteur que nous avons eu la chance de rencontrer. HNV est un OBNL

En accord avec les objectifs du Plan stratégique de développement

qui est propriétaire de deux bâtiments de logements abordables et

durable de l’arrondissement d’Ahuntsic- Cartierville, la mairesse

accueillera un troisième bâtiment dans le secteur St-Benoît d’ici

rappelle que :

quelques années. Les membres du conseil d’administration ont démontré beaucoup d’enthousiasme pour le programme Notre voisinage et nous ont mis en contact avec des locataires intéressés à participer aux différents projets. HNV demeure un partenaire important pour Solon puisque le terrain vacant est situé derrière leur bâtiment de Place Meilleur et que le droit d’accès au site, qui passe devant leur bâtisse, demeure un sujet délicat.

Demande de la part des résident-e-s Ce projet est un exemple de la volonté de certain-e-s résident-e-s

“L’arrondissement soutient donc pleinement la réalisation de projets comme celui-ci qui, par la création et le renforcement des liens sociaux, renforcent la résilience des voisinages où ils sont réalisés. Au cours des dernières années, Solon a démontré sa capacité à mener de tels projets et c’est la raison qui a amené notre arrondissement à développer divers partenariats avec cet organisme.” - Émilie Thuillier, mairesse d’Ahuntsic-Cartierville

pour que Notre voisinage se poursuive. En effet, il s’agit ici du terrain que le résident R. le concierge de plusieurs édifices sur Terrasse Fleury, nous a montré, et sur lequel il souhaiterait développer un projet de jardinage :

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CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI


II. QUELLES SONT LES PREUVES QUE LA NOUVELLE PLATEFORME PARTICIPATIVE ET LE NOUVEL ÉCOSYSTÈME PEUVENT ÊTRE PLEINEMENT INTÉGRÉS DANS LE CONTEXTE LOCAL DES SERVICES, DES ENTREPRISES ET DES AUTRES ACTIVITÉS ?

voisinage. Cette situation n’a pas permis à l’équipe de bien évaluer et adapter certaines situations en ce qui concerne par exemple la mobilisation et la charge de travail.

Le retrait de notre partenaire de production “la Pépinière” : Cette situation a exigé plus de temps que prévu en matière

Tout d’abord, comme énoncé dans les constats de la partie

d’idéation, de production, d’achat et de livraison des kits.

Faisabilité -VI., il y a un écosystème de partenaires complémentaires à développer dans le voisinage (cf constat 2), et une certaine volonté pour ça. L’arrondissement souhaite aussi s’impliquer davantage (cf constat 3), et ces volontés de collaborations futures sont prometteuses pour l’intégration du programme dans le contexte local des services, des entreprises, et des autres activités de

Équipe qui collabore à distance : Nous avons dû faire face à une double frustration : au-delà de l’impossibilité de rencontrer les citoyen-ne-s, nous n’avons pas pu nous rencontrer entre nous en présentiel.

l’arrondissement (cf également paragraphe précédent). En outre, le programme proposé permet de répondre aux besoins exprimés par les résident-e-s, qui ne sont pas adressés avec le contexte actuel (en matière de services ou d’activités) (cf section Création de valeur - I.), et on constate qu’il est vraiment complémentaire aux projets

S’adapter à la nouvelle formule de projets “Clés en main” en virtuel : Ce fut un apprentissage riche mais difficile dans le contexte de la

existants (cf section Création de valeur - III.).

pandémie.

III. QUELS DÉFIS AVEZ-VOUS RENCONTRÉS CONCERNANT L’INTÉGRATION DE CE MODÈLE DANS VOTRE ORGANISATION ET VOTRE CONTEXTE LOCAL ?

Gestion et gouvernance : Nous retenons de cette expérience qu’il est nécessaire de mieux définir les rôles et les responsabilités au sein de l’équipe en amont (dont la prise de décision). Cela permettrait de clarifier les ambiguïtés, de réduire le travail en silo et surtout d’introduire les autres membres dans les sessions de co-design avec Participatory

Nous avons rencontré plusieurs défis au niveau de l’intégration du

Canada.

modèle dans notre organisation :

Une équipe dédiée aux projets à temps partiel : Tous les membres de l’équipe en coordination et en mobilisation travaillaient en moyenne entre une et deux journées par semaine sur le développement du programme. Cette situation a mis beaucoup de stress et de pression sur l’équipe compte tenu de la Covid et de l’échéancier très serré. Il est fortement recommandé d’avoir au moins une personne à temps plein en coordination, voire une autre personne à temps plein en mobilisation.

Avoir les outils d’évaluation au début du processus de design : Nous avons reçu les outils d’évaluation quelques mois après le début de la phase du design. Nous avons constaté qu’une période d’appropriation et de compréhension de ces outils est nécessaire. Se former aux outils d’évaluation dès le début du projet aurait permis à l’équipe de mieux introduire cet aspect dans la gestion et le développement du projet.

Échéancier court et serré, calendrier très chargé pour les membres de l’équipe : Le contexte de la Covid a exigé de redoubler d’effort pour réussir le programme. Avec les différents engagements sur d’autres projets au sein de l’organisation, l’équipe s’est retrouvée avec un échéancier très chargé pour mener à bien l’ensemble de ses projets, dont Notre NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI

37 CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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IV. QU’EST-CE QUE CELA VOUS DIT SUR LA VIABILITÉ POTENTIELLE D’UNE VERSION À PLUS GRANDE ÉCHELLE DE CE MODÈLE DANS VOTRE QUARTIER OU VOTRE VILLE ? Une partie des inscriptions et des participations dans les différents projets viennent de l’extérieur du voisinage choisi. Nous avons accepté d’inclure ces participant-e-s (en dehors du voisinage) par souci d’inclusion et également dans le but d’élargir le voisinage. L’objectif est également de créer des liens entre le voisinage principal ( Triangle Terrasse Fleury - place Meilleur - Parc St-Benoît) et les voisinages alentours. Certain-e-s ont également mentionné l’importance d’élargir l’accès au projet à d’autres voisinages

‘’J’ai pas d’idées supplémentaires à ajouter pour le moment, sauf le fait d’ouvrir d’autres ‘’voisinages’’ à des secteurs différents aussi, pour que plus de gens puissent en profiter.” Pour d’autres opportunités de la mise à l’échelle voir la section I de cette partie et également la section VI de la partie Faisabilité

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NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI


Adaptation et apprentissages

Les ressources (humaines, outils et ateliers) mises en place par Participatory Canada et la Fondation McConnell ont été indispensables pour la réussite du projet. Les séances de travail pendant la phase de développement offertes par Aggie, Rahela et Keren ont été extrêmement importantes pour pouvoir mettre en place et avancer le projet. De plus, les rencontres ‘‘City Team community meeting’’ nous ont permis de partager les apprentissages, les défis, et d’apprendre de nos expériences sur les différents territoires. Finalement, les outils d’évaluation et de suivi ainsi que la centralisation du système de collecte de données nous ont permis de mieux collecter les informations et de documenter nos interactions, les défis rencontrés et nos apprentissages.

Voici les apprentissages de l’équipe de Notre voisinage : CRÉER | INITIER

CESSER | ÉLIMINER

Favoriser la réutilisation (projet)

La livraison des kits

Plus inscrire l’engagement dans la transition écologique en

L’achat de matériel neuf et polluant

plus de l’aspect social Unifier le projet-calendrier Donner la parole aux résident-e-s Apprendre des autres projets (autres villes) Bien clarifier rôles, responsabilités, et notre façon de faire ensemble Clarifier les intentions du projet dès le début

Le processus décisionnel ambiguë Les rôles qui ne sont pas assez clairs Porte d’entrée par petits projets plutôt que dans le grand La planification qui sous estime la charge de travail et l’envergure du projet Les délais très court pour réaliser le projet Du personnel qui travaille sur le projet à temps partiel

Prévoir l’évaluation en même temps que le design et le développement

NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI

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MAINTENIR | PROTÉGER

AMPLIFIER | MAGNIFIER

Diversité de propositions (équipe/citoyen-ne-s)

Mise à l’échelle

Action concrète/réalisation (équipe)

Relation avec les partenaires locaux pour être plus ancré,

Tolérance/capacité de dialogue (équipe/citoyen-ne-s) Capacité à livrer (équipe)

mieux répartir les activités et les efforts Renforcer la participation à travers de nouvelles propositions citoyennes en relation avec le noyau du projet

Capacité à s’ajuster (équipe)

Motiver, pousser l’engagement à un autre niveau

Force de mobilisation (équipe)

Renforcer une compréhension du terrain

Transmission des savoirs (équipe/citoyen-ne-s)

Amplifier et améliorer l’inclusion et la diversité dans les

Thématique de bon voisinage : la rencontre et le renforcement des liens (équipe/citoyen-ne-s) Incitatif à la participation (équipe)

projets Participation citoyenne aux designs des kits/projets, plus de processus de création Calendrier/échéancier plus long : mieux prévoir en amont la mobilisation, compter 4 mois de préparation

RÉDUIRE | DIMINUER Moins de temps aux partenaires, aux 2 semaines (plutôt que hebdomadaire) Rencontre d’information (parceler le projet) Pas tout le monde sur les mêmes décisions, clarifier ambiguïtés, réduire les silos et les consultations

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NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI


Analyse SWOT (FFOM) du projet : FORCES

FAIBLESSES

Grande capacité de mobilisation citoyenne

Processus rigide de prise de décision

Création de liens de confiance avec les participant-e-s

Horaires non-synchronisés des membres de l’équipe

Grande capacité d’adaptation, ouverture

Faible connaissance du terrain en raison de la pandémie

Créativité et innovation

Manque de temps et de ressources humaines : une équipe

Résilience et flexibilité

déjà engagée sur d’autres projets à temps plein

Solidarité et entraide au sein de l’équipe

Processus stressant et épuisant

Capacité à fédérer les partenaires

Manque de tiers-lieu, d’espace rassembleur

Grands apprentissages en matières de design de projets/kits

Calendrier pas clair et trop chargé

Excellente animation de la communauté des participant-e-s

Faible taux d’engagement de la part des citoyen-ne-s de la

Apprentissages en évaluation et mise en place des outils de

Terrasse Fleury : on a élargi le territoire, et finalement on a

suivi

OPPORTUNITÉS

moins de gens visés

MENACES

Potentiel de développer des partenariats avec les organismes

Zone vulnérable à faible sentiment d’appartenance

et l’arrondissement : à clarifier et à renconforcer

Manque de présence physique de Solon

Un momentum pour continuer à développer le projet et

Contexte de pandémie qui empêche l’interaction avec les

pevnser les impacts à moyen et long terme Bassin de citoyen-ne-s motivé-e-s à ne pas perdre : élaborer des propositions qui suscitent un engagement pérenne Synergie avec les projets Solon : arrimer les projet avec Notre voisinage Potentiel d’ouvrir Notre voisinage au projet phare de Solon Mobilité de Quartier Options de lancer le lab Transition dans Ahuntsic en y

voisin-e-s Épuisement des organismes communautaires (HLM, CANA) Plusieurs personnes sceptiques par rapport au timing Ne pas perdre le momentum, donc il faut réfléchir à des projets de longues durées Manque de stratégie pour autonomiser les participant-e-s et inscrire les projets dans la durée

inscrivant certains projets à moyen et long terme Opportunités de financement en 2021 Possibilité de la mise en place d’un système de gouvernance de voisinage, ex : comité Mise en place un tiers-lieu propice à la diversité

41

NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

185


42

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CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE : PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

NOTRE VOISINAGE - ÉVALUATION & PLAN DE SUIVI


CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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Projet Our Neighbourhood DE EVERY ONE EVERY DAY : TORONTO

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CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE : PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE


Projet Our Neighbourhood DE EVERY ONE EVERY DAY : TORONTO

Rapport du projet pilote Mars 2020 - Mars 2021 1 | Project Our Neighbourhood de EOED : Toronto

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189


Table of Contents

3

Our Introduction

4

Notre quartier…

6

Notre projet Our Neighbourhood

8

Nos statistiques En chiffres

9

Théorie du changement

10 Participation 11

Qui s’est inscrit?

12 Notre quartier a dit... 13 Nos réussites 15 Nos difficultés 16 Nos apprentissages 17

Notre avenir : étude de faisabilité

18 Nos prochaines étapes

2 | Project Our Neighbourhood de EOED : Toronto

190

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Our Introduction

En janvier 2020, le Centre for Social Innovation Institute (CSII) a été invité à prendre part au programme Canada participatif de la Fondation McConnell pour introduire au Canada le modèle de ville participative adopté par l’organisme Participatory City au Royaume-Uni. Toronto a été choisie avec Montréal et Halifax comme les trois villes appelées à réaliser un projet pilote pour explorer de nouvelles façons de bâtir des infrastructures communautaires et de renforcer les écosystèmes de quartier. Portant le nom de Every One Every Day : Toronto (EOED :TO), le projet pilote est venu s’inscrire dans notre programme d’enrichissement des communautés (Community Wealth). Ce programme fait partie d’un projet plus vaste mené par la Ville de Toronto auquel participe le CSII. Celui-ci a pour but de trouver des occasions de créer et solidifier des infrastructures communautaires dans le quartier Regent Park, et, ultimement, dans tous les quartiers de Toronto. Le projet pilote EOED : TO avait comme objectifs de :

»

tester la faisabilité d’un projet participatif à plus grande échelle, et l’intérêt envers celui-ci, par exemple une vitrine et un espace de création dans le quartier Regent Park;

»

découvrir comment adapter le modèle britannique de l’organisme Participatory City à la réalité communautaire de Regent Park;

»

partager les connaissances liées à l’adaptation du modèle britannique au contexte canadien en rejoignant une communauté de pratique formée des hôtes des projets pilotes canadiens à Toronto, Montréal et Halifax.

Le présent rapport détaille les réussites, les difficultés, les apprentissages et les prochaines étapes du projet EOED :TO.

3 | Project Our Neighbourhood de EOED : Toronto

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191


Notre quartier… Notre calendrier Les inégalités croissantes en matière de revenus qui existent à Toronto sont exacerbées par la financiarisation du logement, des emplois précaires, une économie changeante et des services et programmes sociaux sous-financés. Ces inégalités socioéconomiques sont très visibles dans le quartier de logements sociaux de Regent Park. Celui-ci en est à environ la moitié d’un projet de revitalisation de 20 ans mis sur pied par la Toronto Community Housing Corporation (TCHC), le plus important fournisseur de logements sociaux au Canada. Le projet a fait passer Regent Park d’un quartier à faible revenu à un quartier à revenu mixte, transformant le tissu social et économique de la communauté, et mettant en lumière la difficulté d’intégration des résidentes et résidents qui habitent des logements subventionnés versus ceux et celles qui habitent des logements correspondant à la valeur du marché. Malgré certaines avancées économiques pour les soutiens de famille à faible et moyen revenu à Regent Park, on observe des tensions sociales croissantes et des obstacles à la mobilité économique. Ces défis ont aussi été exacerbés par la nouvelle réalité qu’a entraînée la pandémie de la COVID-19.

16 janvier 2020

Le CSI est accepté pour réaliser un des projets pilotes de ville participative dans le cadre du programme Canada participatif

1er mars 2020

Annulation du voyage d’études à Londres en raison de la COVID

6 mai

Début du processus de co-création

20 mai

Confirmation de Every One Every Day: Toronto comme image de marque locale

10 août

Début de la création des trousses EOED :TO

24 août

Création du projet Our Neighbourhood

15 septembre

Création du journal du projet

5 octobre

Lancement de la phase 1 du projet Our Neighbourhood de EOED : TO Cinq premières inscriptions

6 octobre

18 inscriptions

20 octobre

Distribution du livret

Oct 20 - 31

20 nouvelles inscriptions

3 novembre

Début des premiers ateliers

9 novembre

Huit ateliers animés en UNE SEMAINE!

10 décembre

Dernier atelier de la phase 1

1er février 2021

Lancement de la phase 2 du projet Our Neighbourhood de EOED : TO : les trousses de démarrage

4 | Project Our Neighbourhood de EOED : Toronto

192

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Photo Credit: Murwan Khogali

Situé dans la bordure est du centre-ville de Toronto, le quartier Regent Park s’étend sur 70 acres et comprend principalement des logements : un mélange de tours à logements dans la partie revitalisée et des immeubles bas de logements sociaux dans les vieilles parties. Au centre du quartier, on trouve un grand parc, un terrain d’athlétisme, une patinoire, une piscine et un centre communautaire. Il y a aussi une école secondaire, plusieurs organismes de services et quelques commerces, y compris une épicerie. Le CSI a une « maison » dans Regent Park depuis huit ans maintenant, exploitant une plateforme de lancement, un carrefour communautaire et un espace de co-travail pour des entreprises à vocation sociale. Plus récemment, le centre a fait équipe avec la communauté pour bâtir des infrastructures de capital social et de richesse communautaire en tant que contributeur actif au Plan de développement social de la Ville de Toronto. Le CSI est situé au cœur de la communauté, dans un espace communautaire partagé et accessible, soit le bâtiment Daniels Spectrum. L’idée de réaliser le projet pilote EOED : TO dans Regent Park nous semblait tout indiquée compte tenu de notre histoire, de notre connaissance de la communauté et des relations que nous entretenons avec celle-ci.

Quand je suis déménagé à Regent Park, je ne savais pas que j’allais TOMBER EN AMOUR avec cette communauté. Elle est diverse, parfois disparate, vaste dans sa représentation culturelle et socio-économique, ET cruciale et INTENTIONNELLE. Travailler, vivre et faire du bénévolat dans le quartier m’a permis de rencontrer des gens extraordinaires. J’ADORERAIS participer à un projet de plus grande envergure qui viendrait me soutenir et m’enraciner dans un endroit dans lequel j’ai déjà investi autant de mon cœur. » - Un participant du projet pilote EOED : TO

5 | Project Our Neighbourhood de EOED : Toronto

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Notre projet Our Neighbourhood Le projet Our Neighbourhood a été l’itération adaptée à la COVID du modèle de ville participative de EOED : TO. Le but était de présenter et de développer la participation inclusive en offrant différents points d’entrée aux résidentes et résidents du quartier, ainsi que des occasions de renforcer l’écosystème social. Pour faciliter cette tâche, nous avons conçu une série de trousses en vue d’aider les gens à prendre part à des projets, à la maison et au sein de leur communauté. Les trousses ont été déployées en deux phases. Voici comment les ateliers et les trousses du projet étaient décrits dans le livret :

Phase 1

Phase 2

Ateliers Our Neighbourhood – Parfaits pour les personnes seules, ou ceux et celles qui veulent commencer à petite échelle, mais tout de même apporter une contribution dans leur quartier. Vous aurez tout ce qu’il faut grâce à ces ateliers pour réaliser un projet amusant à la maison. Vous pouvez assister aux ateliers en ligne ou en personne dans le quartier.

Trousses de démarrage Our Neighbourhood – Vous pouvez choisir parmi 12 trousses de démarrage pour commencer à collaborer sur des projets avec d’autres membres du voisinage. Vous pouvez aussi faire équipe avec vos collègues, vos camarades de classe ou vos voisines et voisins.

Durant la phase 1 (octobre à décembre 2020), nous avons proposé des ateliers axés sur six thèmes durant six semaines. Ils portaient le nom d’action à faire dans le quartier, c’est-à-dire le nom Our Neighbourhood accompagné d’un verbe pour aider les résidentes et résidents à s’imaginer dans le processus participatif proposé par les ateliers et les trousses.

2. Our Neighbourhood Grows :

1. Our Neighbourhood Paints : Trois semaines d’ateliers d’art virtuels. Toutes les personnes qui ont participé ont créé une tuile hexagonale qui pourra faire partie d’une murale communautaire. C’était un partenariat avec Art Heart, une agence artistique locale.

Les participantes et participants ont appris les fondements de l’agriculture hydroponique à la maison. C’était un partenariat avec Justvertical, une entreprise sociale de technologie verte de Toronto.

4. Our Neighbourhood Cooks : Des voisines et voisins ont pris part à quatre séances de cuisine en groupe : déjeuner, dîner, souper et collations amusantes. C’était un partenariat avec Paintbox Bistro, une entreprise sociale d’emploi.

5. Our Neighbourhood Plants : Un projet communautaire de plantation d’arbres pour faire pousser des espèces indigènes de la graine jusqu’à l’arbre. Il y avait aussi des promenades guidées pour repérer les espèces d’arbres locales. C’était un partenariat avec Green Thumbs Growing Kids, un organisme éducatif local sur le jardinage.

3. Our Neighbourhood Explores : Une exploration en profondeur des pensées, sentiments et valeurs se rapportant à la communauté, à l’entreprise sociale et à l’action participative. C’était un partenariat avec WOSEN, le Women of Ontario Social Entrepreneurship Network.

6. Our Neighbourhood Learns : Des séances pour apprendre des compétences ou des passetemps entre pairs, animées par des résidentes et résidents locaux.

Les ateliers ont été appréciés par la communauté : plus de 100 personnes ont participé aux 30 séances proposées durant les six semaines.

6 | Project Our Neighbourhood de EOED : Toronto

194

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Les ateliers Our Neighbourhood Grows et Our Neighbourhood Paints ont attiré le plus grand nombre de personnes. Our Neighbourhood Explores a encouragé des liens profonds entre les participantes et participants. Our Neighbourhood Plants a vraiment aidé des gens à ressentir un lien d’appartenance à leur communauté, et c’est le seul atelier que nous avons pu tenir en personne vu la pandémie.

TC’est la toute première chose que je plante de ma vie! J’ai tellement hâte d’en prendre soin et de le regarder pousser pour que je puisse redonner à la communauté. J’ai appris tellement de choses en me promenant dans le parc. J’ai découvert des espèces et l’histoire des arbres. Je veux faire partie de tout ça. Comme un héritage. Ça fait du bien de pouvoir contribuer quelque chose au quartier. » - Un participant à l’atelier Our Neighbourhood Plants Nous avons été surpris du peu de personnes qui ont pris part aux ateliers Our Neighbourhood Cooks et Our Neighbourhood Learns, puisque nous pensions que ces sujets allaient intéresser la communauté et que nous avions supposé que l’aspect « entre pairs » attirerait plus de gens. Douze trousses de démarrage de projet étaient prévues pour la phase 2 :

1. Our Neighbourhood Celebrates une célébration hivernale

2. Our Neighbourhood Feasts un potluck communautaire

3. Our Neighbourhood Pollinates

la construction de ruches et de jardins de pollinisateurs

4. Our Neighbourhood Plays

des boîtes d’activités communautaires facilement accessibles

5. Our Neighbourhood Reads

7. Our Neighbourhood Composts

la réduction des déchets et le maintien de sols en santé

8. Our Neighbourhood Recycles de nouvelles façons de réutiliser les déchets de plastique communautaires

9. Our Neighbourhood Shares

échange d’objets entre voisines et voisins pour réduire le gaspillage et trouver des choses

10. Our Neighbourhood Swaps

une programmation d’activités et d’histoires pour enfants

un échange de vêtements, qui est un moyen amusant, créatif et économique de se vêtir

6. Our Neighbourhood Blooms

11. Our Neighbourhood Stories

la mise en beauté de la communauté grâce à des bulbes et des fleurs

recueillir et partager des histoires de notre quartier dynamique

12. Our Neighbourhood Farms des poules dans Regent Park!

7 | Project Our Neighbourhood de EOED : Toronto

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195


Étant donné que la planification s’est faite au mois d’août 2020, nous avions fait preuve d’optimisme et pensé que nous serions en mesure d’accueillir de nouveau la communauté dans nos espaces à l’hiver 2021. En janvier, nous avons été forcés d’adapter encore une fois la programmation. L’équipe de projet a donc entrepris d’adapter et de changer le design des trousses de démarrage. La décision a été prise de remettre à plus tard un certain nombre de trousses, dans le but de préserver la magie et l’enthousiasme pour un lancement au moment où il serait de nouveau sûr de se rassembler et de présenter les trousses comme prévu. Nous voulions quand même nous assurer que les résidentes et résidents qui souhaitaient continuer de s’investir dans le projet pilote EOED:TO avaient quelques options et c’est pourquoi nous avons adapté quatre trousses de démarrage pouvant être utilisées sans danger en respectant les protocoles liés à la COVID. En février 2021, nous avons donc lancé quatre trousses de démarrage de projet que nous étions sûrs de pouvoir adapter en prenant des précautions de sécurité : Our Neighbourhood Pollinates, Our Neighbourhood Blooms, Our Neighbourhood Stories et Our Neighbourhood Reads. Plus de 30 résidentes et résidents utilisent ces trousses de démarrage et les groupes ont décidé de fusionner pour créer des projets plus complets : Our Neighbourhood Blooms and Butterflies, qui inclura des jardins de fleurs et de pollinisateurs, et Our Neighbourhood Stories, recueilleront les histoires de personnes habitant le quartier et à propos du quartier lui-même, en plus de mettre en valeur des auteures et auteurs canadiens dans Regent Park.

En chiffres

1000+

104

38

18

6

30

130

12

4

Nombre de livrets distribués

Nombre total de trousses offertes

Nombre de personnes ayant participé aux ateliers

8 | EOED ProjectToronto’s Our Neighbourhood Our Neighbourhood de EOEDProject : Toronto

196

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Nombre total de personnes inscrites Phase 1

Nombre d’ateliers proposés

Nombre de trousses de démarrage (prévu)

Nombre total de personnes inscrites Phase 2

Nombre de séances

Nombre de trousses de démarrage (proposé)


Théorie du changement Une communauté joyeuse et connectée dont les membres prospèrent parce qu’ils peuvent profiter des aspects sociaux, politiques et économiques de la communauté. La création d’un écosystème participatif vient appuyer ce but en venant renforcer l’autonomie, la capacité d’agir et le capital social des résidentes et résidents de Regent Park.

But ultime

Résultats souhaités

Suppositions

Activités

Livrables

Tester l’efficacité et les effets des principes participatifs dans le quartier à l’aide du modèle de ville participative.

Les résidentes et résidents soutiennent ce but et ces résultats.

Acquérir une compréhension de base de la communauté de Regent Park.

Les liens sociaux communautaires que nous cultivons/renforçons seront durables et s'appliqueront à d’autres sortes de problèmes.

Nous permettons à la « communauté » de choisir ce qu’elle veut changer.

Trousses et ateliers Our Neighbourhood qui favorisent le capital social.

Concevoir et mettre en place une évaluation évolutive pour encourager le dialogue continu, la réflexion, l’apprentissage et la réactivité face aux besoins de la communauté.

Cartographier les actifs et les histoires sur Esri pour présenter visuellement des données riches qui deviendront un actif communautaire vivant et l’héritage du projet.

RAP avec les résidentes et résidents pour sonder la communauté dans son ensemble afin d’améliorer la capacité de recherche et d’ancrer la recherche dans la sagesse communautaire.

Trousses et ateliers Our Neighbourhood. Matériel de marketing, site web et outils d’évaluation pour saisir des histoires, de la rétroaction et des données participatives.

Cadre et guide d’évaluation évolutive comprenant des instruments. Ressources d’information. Intégration des données dans la stratégie pour aller audelà du prototype.

Carte des actifs et des histoires sur Esri. Licence communautaire. Formation pour les praticiennes et praticiens communautaires.

Sondage et analyse. Intégration des données dans la carte.

9 | Project Our Neighbourhood de EOED : Toronto

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197


Participation Nombre de séances offertes

Nombre de Nombre de Nombre de cohortes personnes femmes (total)

Nombre d’adultes

Nombre d’enfants

Nombre de personnes âgées

Nombre de personnes habitant des logements correspondant à la valeur du marché

Nombre de personnes habitant des logements sociaux

Our Neighbourhood Plants

2

2

12

9

3

12

0

0

10

2

Our neighbourhood Paints

3

2

17

12

5

14

3

0

7

10

Our Neighbourhood Explores

6

1

5

3

2

4

0

1

2

3

Our Neighbourhood Learns

6

n/a

12

9

3

12

0

0

8

4

Our Neighbourhood grows

2

2

16

15

1

5

0

11

15

1

Our Neighbourhood Cooks

4

n/a

20

16

4

20

0

0

16

4

Our Neighbourhood Blooms & Butterflies

n/a

n/a

16

15

0

6

0

10

12

4

Our Neighbourhood Stories

n/a

n/a

6

5

1

2

0

4

1

5

Our Neighbourhood Reads

n/a

n/a

4

4

0

4

0

0

4

0

108

88

19

79

3

26

75

33

82%

18%

73%

3%

24%

70%

30%

Totals

Percentages

198

Nombre d’hommes

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Qui s’est inscrit? Étant donné que 142 personnes se sont inscrites et que plus de 100 personnes ont participé aux ateliers, nous pensons que le projet pilote Our Neighbourhood de EOED : TO a été une réussite. L’âge moyen des participantes et participants était entre 25 et 45 ans. Il s’agissait surtout de jeunes professionnelles et professionnels, et d’un petit groupe de personnes de plus de 60 ans venant d’une des résidences pour personnes âgées du quartier. Seulement trois enfants ont participé, et ils venaient d’une même famille et se sont inscrits pour faire ensemble l’atelier Our Neighbourhood Paints. Plus de personnes habitant des logements correspondant à la valeur du marché (70 %) que de personnes habitant des logements sociaux (30 %) se sont inscrites au projet. C’est surprenant, puisque d’habitude, le pourcentage de personnes habitant des logements sociaux est plus élevé dans les initiatives communautaires. Au moment de l’inscription, plusieurs personnes habitant des logements correspondant à la valeur du marché ont avoué se sentir à l’écart dans le quartier et vouloir s’impliquer davantage et nouer des liens. Bon nombre ont cité la COVID comme une raison d’investir du temps dans la création de relations au sein du quartier.

11 | Project Our Neighbourhood de EOED : Toronto

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199


Notre quartier a dit... Pourquoi je me suis inscrit… Je me sentais triste et j’ai pensé que ça m’aiderait psychologiquement de m’impliquer dans quelque chose. » Je pense que c’est une bonne façon de rencontrer des gens du quartier dans un contexte sûr. Je ne ressens pas la pression financière de m’inscrire dans ma communauté (hourra pour les programmes gratuits!) et je pense que pouvoir choisir parmi plusieurs sujets m’aide à créer des liens avec des personnes qui s’intéressent à des choses semblables. J’aime aussi pouvoir découvrir des intérêts et des passe-temps à mon propre rythme. Je peux trouver un équilibre dans mon horaire assez chargé pour pouvoir m’impliquer et en apprendre plus sur des sujets qui me passionnent. »

Je veux apprendre à connaître des gens du quartier et contribuer à la création d’un esprit communautaire. Je viens juste de déménager dans le quartier. »

En tant que jeune ayant grandi dans le quartier, j’aimerais beaucoup profiter de cette occasion d’apporter des changements positifs au sein de la communauté. »

Je souhaite vraiment m’impliquer dans le quartier et rencontrer d’autres gens du voisinage. J’adore l’idée de ces ateliers. »

Pourquoi est-ce important pour moi...

Je viens d’arriver en ville, mais la pandémie m’a fait comprendre à quel point les communautés locales sont importantes. Je réalise aussi qu’elles le seront de plus en plus. Il me semble crucial de renforcer ces liens pour réunir les gens, surtout dans Regent Park, où on trouve un mélange de logements communautaires et de condos modernes. »

12 | Project Our Neighbourhood de EOED : Toronto

200

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Nos réussites Durant l’année du projet pilote, l’équipe de projet s’est concentrée sur la réussite du projet Our Neighbourhood et sur l’intégration de pratiques et de principes participatifs dans l’élaboration du projet pour la communauté de Regent Park. Elle a :

»

créé et livré des trousses et des ateliers;

»

mené de la recherche communautaire auprès des membres du quartier pour mieux comprendre comment les activités pouvaient répondre à des besoins précis et exploiter leurs forces;

»

évalué les processus;

»

commencé à cartographier les actifs de la communauté et à concevoir un outil de quartier pour aider cette dernière à organiser ses données (utilisation du terrain, services offerts, activités de loisirs, lieux d’intérêt locaux, sites des projets EOED:TO, comme les jardins de pollinisateurs).

Regent Park est une communauté riche qui comprend plusieurs organismes de services et un bon réseau de groupes communautaires. Intégrer l’écosystème local actuel dans le projet pilote représentait une partie importante du processus d’adaptation. Nous avons formé des partenariats avec Green Thumbs Growing Kids, Art Heart, le Women of Ontario Social Entrepreneurship Network (WOSEN), Regent Park Catering Collective et Paintbox Bistro. Il y avait beaucoup d’enthousiasme à l’idée de faire quelque chose de différent à l’échelle du quartier, quelque chose de coordonné et de collaboratif. L’engagement et le soutien de ces partenaires locaux indiquent que ce genre de plateforme et de programmation est une nouvelle façon de faire qui suscite de l’intérêt et peut être intégrée au contexte local.

13 | Project Our Neighbourhood de EOED : Toronto

CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

201


Commentaires de participantes et participants :

J’ai eu beaucoup de plaisir tout au long du projet et j’ai hâte de poursuivre l’aventure avec les plus gros ateliers prévus en 2021. L’année a été difficile pour plusieurs d’entre nous et ce projet nous a aidés à créer des liens et à interagir avec d’autres personnes sans danger lorsque c’était possible.»

Comme je ne fais pas de peinture, j’étais un peu nerveuse lors de la première séance [de Our Neighbourhood Paints], mais l’accueil a été très chaleureux. Durant les semaines qui ont suivi, j’avais très hâte aux séances et le temps a passé beaucoup trop vite! J’ai vraiment hâte de voir quels autres projets communautaires seront mis sur pied. »

Je veux apprendre à connaître des gens du quartier et contribuer à la création d’un esprit communautaire. Je viens juste de déménager dans le quartier. »

14 | Project Our Neighbourhood de EOED : Toronto

202

CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

J’ai beaucoup aimé ces ateliers! L’animateur avait des connaissances et du talent, et il a pris le temps de nous donner des explications, en nous encourageant et en nous aidant au besoin. Ça faisait changement de se sentir seule et isolée, et cela m’a donné le goût de créer, ce que je n’avais pas ressenti depuis longtemps! »

J’aime beaucoup les projets uniques et amusants, qui sont axés sur l’environnement et fournissent l’occasion de rencontrer d’autres membres de la communauté qui partagent mes intérêts, tout ça en améliorant le quartier pour tout le monde.»

C’était amusant de participer à une activité qui n’avait pas de lien avec mon travail. »


Nos difficultés Sans aucun doute, la COVID-19 s’est avérée être notre plus grande difficulté. Beaucoup de ces ateliers et la nature même de la plateforme exigent que des gens se réunissent dans un même lieu. Le contexte créé par la pandémie a donc été notre plus grand défi. On ne peut pas trop insister sur le fait que la pandémie a réellement bouleversé la réalisation du projet, de la planification au marketing, en passant par la livraison. Lorsque le projet a été lancé, les membres de la communauté commençaient à comprendre et naviguer la nouvelle réalité numérique. À la fin du projet, presque un an après le début de la pandémie, la fatigue Zoom était palpable. Le modèle de ville participative encourage la création d’une plateforme qui sert de fondements et d’outils pour que des résidentes et des résidents puissent créer et façonner leur communauté à l’aide de leurs idées, de leurs compétences et de leur écosystème social. La réalité imposée par la COVID et le besoin de transférer les activités en ligne sans beaucoup d’occasions d’interagir en personne ont amené le projet Our Neighbourhood de EOED : TO à adopter un format plus « traditionnel », même s’il demeurait grandement participatif, puisque des paramètres étaient fixés et que les participantes et participants étaient guidés à travers ces derniers. Pour résoudre ce problème, l’équipe de projet a tenté de créer une vaste gamme d’expériences pour cerner où se situaient l’énergie et l’intérêt. Il est aussi juste d’affirmer que la participation en ligne, même avec des trousses et de l'animation, a tendance à être plus passive qu’active, ce qui va à l’encontre des principes participatifs. Le modèle britannique encourage un engagement participatif considérable et même si cela était l’idéal, la réalité imposée par la COVID nous a forcés à nous concentrer davantage sur l’offre d’activités, la mise à l’essai d’idées et l’établissement de partenariats communautaires que sur la création d’une plateforme et d’une programmation participatives. De plus, il faut du temps pour créer une telle plateforme, qui se veut relationnelle et très réactive. Toutefois, nous avons quand même pu faire vivre de nouvelles choses à la communauté (comme l’hydroponie) et aider des voisines et des voisins à nouer des liens de façons originales. Ce style de programmation, qui repose sur des idées et des principes participatifs, pose les assises pour la création d’une plateforme de soutien participative plus complète dans le quartier Regent Park.

15 | Project Our Neighbourhood de EOED : Toronto

Voici d’autres défis liés à la COVID que nous avons notés : »

L’accès à la technologie : Ce n’est pas tout le monde à Regent Park qui a accès à Internet ou à plusieurs ordinateurs. Lorsqu’un membre de la famille utilise l’ordinateur familial pour le travail ou l’école, les autres ne peuvent pas participer aux activités.

»

La promotion : Nous n’avons pas pu distribuer les livrets porte-à-porte dans le quartier en raison de la COVID. Comme beaucoup de gens ne quittaient pas leur maison, il était difficile de promouvoir la programmation auprès d’un public plus vaste. Une grande partie de la promotion s’est faite en ligne, ce qui a limité la participation aux personnes ayant accès à Internet. De plus, il n’y avait aucun événement communautaire ou rassemblement spontané qui offre habituellement l’occasion de passer le mot.

»

La fatigue Zoom : Beaucoup d’ateliers étaient offerts en ligne et des membres de la communauté ont exprimé une certaine fatigue face aux écrans, mentionnant que rajouter du temps d’écran à la fin de leur journée de travail était trop pour eux.

»

La santé et la sécurité : Certaines personnes, par exemple les personnes âgées, avaient l’ordre d’éviter tout contact et ne pouvaient pas participer aux séances en personne. De plus, les nombreux confinements et un manque de clarté quant aux protocoles de santé et sécurité à respecter n’ont vraiment pas facilité la planification des différentes étapes de la réalisation du projet.

»

La dotation en personnel : Il était difficile avec une petite équipe de développer le projet et de solliciter la participation de plus de gens, surtout lorsque les membres de l’équipe étaient déjà débordés à essayer de modifier notre planification face aux nombreuses incertitudes causées par la COVID.

»

L’accessibilité : Tous les ateliers et les rencontres de projet ont eu lieu en anglais puisqu’ils se déroulaient en ligne et que les ressources étaient limitées. Par conséquent, il a été impossible pour les personnes nécessitant une traduction de participer.

CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

203


Nos apprentissages De la conception au lancement, le projet pilote a exigé des efforts considérables, mais le niveau d’engagement communautaire et la rétroaction semblent justifier la poursuite des travaux. Selon nous, l’initiative EOED :TO connaîtrait un grand succès si nous réajustions quelques leviers : distribution plus répandue du matériel du projet; offres en personne et en ligne; séances traduites; engagement porte-à-porte dans les tours à immeubles; offres constantes et continues. L’équipe EOED :TO a beaucoup appris en adaptant le modèle de la Participatory City Foundation au contexte local. Cet apprentissage est mis en lumière par les observations et informations recueillies durant le projet pilote :

»

Les personnes habitant des logements correspondant à la valeur du marché dans Regent Park cherchent des moyens de s’impliquer dans la communauté (ce qui est prometteur et aussi compréhensible, puisqu’ils habitent le quartier depuis relativement peu de temps).

»

Les personnes habitant des logements sociaux ont peu de compétences et d’accès sur le plan technologique, ce qui rend la participation en ligne difficile.

»

Il existe des obstacles de langue qui devraient être pris en considération dans les projets futurs.

»

Les groupes et organismes locaux sont d’excellents partenaires et viennent considérablement renforcer l’expérience et la force de la plateforme.

»

Le beau livret qui incluait du matériel a signalé aux résidentes et résidents que c’était une nouvelle façon de faire, et cela a attiré leur attention. Du matériel bien conçu et distribué représente un aspect clé de la réussite du projet.

»

La Ville cherche à augmenter la richesse et les infrastructures communautaires. Intégrer le modèle de Canada participatif à ces travaux (sous forme d’infrastructures communautaires) confère un avantage stratégique pour obtenir l’appui de la Ville. Cependant, il faut plus de données sur l’engagement et l’impact pour une plus grande implication municipale.

»

Il faut constituer la bonne équipe. Le personnel doit posséder les compétences adéquates pour nouer des liens avec la communauté, ainsi que d’excellentes aptitudes de facilitation. Cela est impératif à la réussite du projet.

»

Comme nous l’avons mentionné, une participation en ligne ne permet pas de respecter pleinement les principes participatifs.

»

L’engagement entre les trois villes choisies par Canada participatif pour mener un projet pilote a été très utile pour partager des réflexions et des idées, et valider les processus d’apprentissage et de développement. Une plus grande collaboration entre les emplacements pourrait améliorer la réussite du projet.

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Notre avenir : étude de faisabilité J’ai eu beaucoup de plaisir tout au long du projet et j’ai hâte de poursuivre l’aventure avec les plus gros ateliers prévus en 2021. L’année a été difficile pour plusieurs d’entre nous et ce projet nous a aidés à créer des liens et à interagir avec d’autres personnes sans danger lorsque c’était possible. » - Une participante du projet EOED :TO

Malgré les nombreuses difficultés entraînées par la COVID qui ont eu une incidence sur la réalisation du projet pilote, nous pensons qu’il est utile de poursuivre ces travaux, durant et après la pandémie. Durant, parce que les gens ont besoin de soutien et d'un sentiment de connexion, et après, parce qu’il est temps de changer la programmation communautaire. Nous n’avons fait qu’effleurer la surface de ce qui est possible. Le CSII continuera d’intégrer l’approche participative aux travaux réalisés dans le cadre du programme Community Wealth, en ayant le nouveau Community Living Room comme lieu physique pour le faire. La participation de plus de 120 personnes au projet pilote prouve qu’il existe un intérêt pour l’engagement non traditionnel. EOED : TO a offert une occasion unique et originale sur le plan de l’engagement communautaire. Le projet Our Neighbourhood était une excellente façon de présenter l’équipe de projet et le concept participatif en vue d’un déploiement à plus grande échelle lorsque la pandémie le permettra. Certains commentaires que nous avons reçus indiquaient que nous devrions offrir plus de programmation du genre, de manière plus fréquente et fiable, pour que les résidentes et résidents puissent prévoir leur participation.

J’aimerais voir plus de ces ateliers en personne une fois la pandémie terminée. J’aurais beaucoup aimé rencontrer les autres personnes qui ont pris part à la discussion et avoir le temps d’apprendre à les connaître. Aussi, je travaille de 9 h à 17 h, alors j’aimerais que certains ateliers soient offerts en soirée. »

Il y a de l’intérêt pour des activités communautaires amusantes qui posent peu d’obstacles. Le projet Our Neighbourhood et l’initiative EOED : TO ont déjà une identité à Regent Park et la communauté a hâte de voir ce qui va suivre.

J’ai appris à quel point c’est important de discuter et d’entrer en contact avec d’autres personnes. Dans un monde où nous sommes souvent seuls, il est crucial de pouvoir nous joindre à d’autres, entamer une conversation, offrir un compliment ou recevoir de la gentillesse. Je pense que ces projets de quartier poussent les gens à collaborer sans retenue. » - Une participante du projet EOED :TO Avec un bon niveau d’inscription, une bonne participation aux ateliers, des partenariats solides et de la rétroaction positive, nous sommes confiants face à la viabilité de ce modèle dans Regent Park. Il n’est pas nécessaire que le déploiement se fasse seulement après la COVID. Il existe en réalité une grande occasion d’intégrer des plateformes participatives à la stratégie de reprise de l’après-pandémie. La plateforme participative EOED : TO pourra permettre aux résidentes et résidents d’aider à « rebâtir en mieux ».

- Un participant du projet EOED :TO

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Nos prochaines étapes 1. 2.

Le CSII continuera de soutenir les groupes qui se sont formés dans le cadre des ateliers Our Neighbourhood Blooms and Butterflies et Our Neighbourhood Stories. Ceux-ci sont continus, incluent des participantes et des participants dévoués, et pourront continuer à développer les infrastructures communautaires et l’écosystème social durant la pandémie. Le CSII ouvrira le CSI Community Living Room dans Regent Park (ouverture qui dépend bien sûr de la COVID). Il s’agit d’un espace au rez-de-chaussée qui sera consacré à la richesse communautaire et qui accueillera les projets futurs de l’initiative EOED : TO. Le salon servira de lieu de rencontre pour les résidentes et résidents afin qu’ils puissent se réunir dans un lieu facilement accessible pour discuter, rêver et imaginer des solutions pour le quartier. Plus important, le salon permettra aux gens du quartier de nouer des liens, de renforcer le capital social et de bâtir des infrastructures communautaires à l’échelle du quartier.

3.

Le CSII continuera de chercher des occasions de partenariat et de financement pour la réalisation du projet EOED : TO, pour en faire un système intégré d’engagement communautaire et d’écosystème social faisant partie intégrante de notre approche pour accroître la richesse communautaire.

4.

Le CSII continuera de faire partie d’une communauté de pratique avec les autres villes du programme Canada participatif pour poursuivre l’adaptation du modèle de ville participative dans le contexte canadien, tout en rehaussant la programmation locale.

Photo Credit: Waleed Khogali

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6. FEUILLE DE ROUTE DE CANADA PARTICIPATIF

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Remerciements Le présent rapport est le fruit de trois séances stratégiques tenues en décembre 2020 et en janvier 2021, d’entrevues et de discussions menées avec des partenaires potentiels et des groupes intéressés, et de recherches secondaires. Le travail collectif a été réalisé par les organismes collaborateurs suivants : District de la découverte MaRs, la Maison de l’innovation sociale (MIS), PercoLab et Canada participatif.

Auteurs Équipe chargée du rapport Alex Ryan Chris Makris Mélanie Bisson Patrick Dubé Sasha Sud Sue Talusan

Conception Paul Messer Don McNair Avec le soutien de :

Canada participatif Fondation McConnell Jayne Engle Keren Tang

Participatory City Foundation Tessy Britton Nat Defriend Ce travail est diffusé par Canada participatif sous une licence Creative Commons, à l’exception des photographies qui peuvent uniquement être partagées avec des permissions.

Attribution – Non commercial – ShareAlike 4.0 International Conditions de la licence commune : • Vous devez mentionner les sources appropriées, fournir un lien vers la licence, et indiquer si des modifications ont été apportées. • Vous ne pouvez utiliser les documents à des fins commerciales. • Si vous modifiez, transformez ou adaptez le document, vous devez indiquer vos contributions sous la même licence.

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Sommaire Dans le but de conclure une année d’apprentissage par l’expérience et de recherche, Canada participatif souhaitait comprendre la demande et les conditions requises pour accroître l’ampleur de Participatory City au Canada. Dans le cadre de cette exploration, Canada participatif a commandé une série de trois séances stratégiques à la fin de 2020 et au début de 2021, afin d’harmoniser la demande et les possibilités de croissance, l’architecture d’apprentissage et le financement de l’initiative. La vision de Canada participatif pour les dix prochaines années a été élaborée à l’île Wasan en 2019. La Participatory City Foundation, en partenariat avec la Fondation McConnell, a lancé l’idée d’un plan pour établir et explorer la faisabilité de prototypes au cours d’une phase de recherche et développement sociale dans trois villes canadiennes, Halifax, Montréal et Toronto, et a commencé à y œuvrer. Les prototypes interactifs étaient conçus pour maximiser

les occasions d’apprentissage et partager les connaissances et les pratiques entre les trois villes. Cette initiative avait pour but de tester les réponses à la culture participative à l’échelle locale et d’évaluer de nouvelles occasions de bâtir une infrastructure sociale participative dans ces quartiers à long terme. Après une année de recherche, la vision demeure inspirante et viable, même avec les répercussions de la pandémie de COVID-19. Les renseignements recueillis auprès des participants des séances stratégiques, dans le cadre des entrevues et de la recherche, ont permis d’élaborer cette feuille de route de Canada participatif, qui énonce les diverses avenues pour favoriser la concrétisation de la vision d’une initiative étendue au Canada.

RELATIONS ET COMMUNICATION

ÉCOLE

ARCHITECTURE D’APPRENTISSAGE

VISION

COORDINATION

RESSOURCES

CONTEXTE

DONNÉES PROBANTES

COMMUNICATION ET NARRATION

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Composantes essentielles pour accroître l’ampleur de l’initiative La feuille de route utilise une approche systémique et prospective visant la croissance, afin de gérer la prise de décision et de réduire les risques liés aux incertitudes et aux externalités pouvant se présenter au cours des dix prochaines années. Pour assurer sa réussite, Canada participatif devrait évoluer dans chaque collectivité locale en fonction des six composantes essentielles pour étendre les systèmes participatifs à de nouvelles villes : la vision, le contexte, l’architecture d’apprentissage, les écoles, les ressources et les données probantes. Trois facteurs supplémentaires doivent également être pris en compte puisqu’ils s’appliquent à chaque composante et peuvent amplifier le succès ou l’échec de l’approche au Canada, soit la coordination, les relations et les partenariats, ainsi que la communication et la narration. Ces facteurs contribueront à la formation d’écosystèmes participatifs pratiques et au partage des apprentissages à l’échelle du réseau de villes de Canada participatif.

Vision Toutes les villes ont leur propre vision et l’ambition de la concrétiser en programmes et en activités au sein de leurs collectivités. La vision de Canada participatif doit être élaborée conjointement avec la Participatory City Foundation et les villes canadiennes participantes, afin qu’elle soit adaptée à l’expansion au Canada de l’approche de ville participative. À titre d’exemple, l’élaboration d’une vision souple incarnant les approches de réconciliation et de lutte contre le racisme fera progresser les programmes locaux en s’appuyant sur les approches participatives.

Contexte Les conditions locales, y compris les facteurs politiques, sociaux et économiques, peuvent grandement influencer la formation d’écosystèmes participatifs pratiques. Les conséquences financières sont prises en compte pour chaque ville, selon les coûts de l’infrastructure sociale et des actifs principaux requis pour établir les espaces nécessaires pour Canada participatif, comme les vitrines communautaires, les entrepôts et les campus d’apprentissage. En outre, les facteurs sociaux peuvent varier d’une collectivité à l’autre et influer sur les types de programmes qui doivent être mis au premier plan pour valider l’approche des villes participatives; les équipes devraient s’orienter vers des projets à impact élevé et à faible risque.

Architecture d’apprentissage Canada participatif doit mettre l’accent sur l’élaboration et la disponibilité de programmes d’études et d’apprentissage permettant d’informer les partenaires et les groupes intéressés par l’approche de ville participative. Lors des phases ultérieures, l’accent devra être mis sur le développement de l’expertise et des compétences à créer des programmes et à faciliter les changements systémiques. L’apprentissage par l’expérience et les expériences immersives sont privilégiés et considérés comme ayant l’incidence la plus importante sur l’acquisition de compétences et de connaissances pour l’approche de ville participative. Toutefois, avec la pandémie qui continue de sévir et en raison de l’élargissement de l’initiative à l’échelle du Canada, Canada participatif doit faciliter l’apprentissage en ligne et numérique pour contribuer à la croissance du programme puisque les déplacements et les interactions en personne pourraient être réduits à court et à moyen termes.

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École L’école forme une plateforme essentielle de l’approche de ville participative. Elle permet de relier le nombre croissant de campus d’apprentissage, de partager les apprentissages et les adaptations de l’approche, et grâce à elle, les équipes des villes et les collectivités peuvent acquérir des compétences. La mise en œuvre de grande ampleur dans les villes initiales devrait servir de principal campus d’apprentissage canadien de la Here&Now School, qui servira de point d’entrée principal aux autres villes canadiennes et leur permettra d’explorer l’approche de ville participative. De plus, les écoles doivent constituer le principal élément pour collecter les données et mesurer les impacts. Il sera essentiel de recueillir des données probantes pour explorer de nouvelles possibilités de financement pour Canada participatif et les villes participantes.

Ressources La première cohorte de villes à se joindre à Canada participatif aura besoin d’une équipe solide pour établir rapidement l’infrastructure sociale, les programmes et les modèles d’apprentissage locaux. Soutenant l’équipe, les ressources financières devront obtenir l’appui de l’équipe nationale et des administrations et organisations locales. Les ressources humaines et financières devront être coordonnées tout au long des phases de croissance de Canada participatif.

Données probantes Chaque ville qui se joint à Canada participatif fournit des renseignements et des données, ce qui permet de mieux comprendre collectivement les effets des programmes dans chaque collectivité et au Canada. La mesure de l’impact ainsi que la collecte de données et de témoignages seront essentielles à l’atteinte de la viabilité financière au moyen d’analyses de rentabilité rigoureuses des écosystèmes participatifs pratiques de chaque ville.

Coordination, relations et communication Les trois fonctions de soutien, soit la coordination, l’établissement de relations et la communication, appuient efficacement les six composantes essentielles à la croissance. Une excellente organisation et une bonne coordination des ressources et des communications entre les équipes, les villes et l’ensemble du programme, favoriseront la croissance et l’évolution de l’approche de ville participative. En outre, Canada participatif et les différentes villes devront établir des relations avec les organismes communautaires, les administrations locales et les bailleurs de fonds, afin d’assurer la viabilité à long terme et d’instaurer la confiance envers les écosystèmes participatifs pratiques et les infrastructures sociales. C’est sur les données probantes, le partage d’expériences et le programme d’apprentissage que s’appuieront les outils de communication pour justifier le bienfondé de l’approche de ville participative. L’établissement de relations efficaces, les outils de communication et la coordination en fonction des six composantes essentielles à la croissance créent des gains d’efficience en matière de partage de connaissances, d’utilisation des ressources et d’approfondissement des relations avec les activistes urbains, les bailleurs de fonds et les collectivités.


Figure - Feuille de route de Canada participatif pour les dix prochaines années

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Accroître l’ampleur au fil du temps Au fur et à mesure que Canada participatif jette les bases des composantes essentielles à la croissance, une approche par étapes est recommandée pour développer des éléments additionnels permettant de renforcer les compétences des personnes, de repérer et de mobiliser des sources de financement durables, et d’accroître l’ampleur de façon stratégique dans les diverses régions géographiques à l’aide d’un réseau efficace et d’une méthode axée sur les relations. Chaque période cible un domaine d’intérêt particulier, et chaque élément devra être développé en continu au cours des dix prochaines années pour assurer la croissance des écosystèmes participatifs pratiques au Canada..

Court terme (de 0 à 3 ans) : Ressources humaines À court terme, la mise sur pied des équipes nécessaires pour bien établir l’infrastructure sociale, l’architecture d’apprentissage et les méthodes de mesure de l’impact dans la première cohorte de villes, devra être privilégiée. La mobilisation de la collectivité et des principaux intervenants (la ville et les bailleurs de fonds) pour faire progresser le programme et concrétiser ses ambitions sera essentielle au succès de Canada participatif. L’accent sur les personnes a été considéré comme indispensable pour acquérir les capacités et l’expertise nécessaires à la mobilisation de la collectivité dans le cadre des divers événements et de programmes de Participatory City (p. ex., Every One Every Day, trousses Demain Aujourd’hui) et pour établir les cadres de mesure des résultats.

Moyen terme (de 3 à 5 ans) : Financement durable Pendant cette phase, la première cohorte de villes évoluera et permettra le partage d’apprentissages clés, de cadres et d’approches qui seront utiles aux cohortes subséquentes. Les villes déploieront des systèmes participatifs, en mettant l’accent sur l’obtention d’un financement durable, et en aidant d’autres villes à intégrer Canada participatif. Les villes peuvent tirer parti des témoignages et des données provenant de la mise en œuvre du programme dans chacune d’entre elles pour justifier un financement public ou d’autres méthodes de financement privé ou philanthropique axées sur les résultats et favorisant la croissance continue de l’impact social.

Canada participatif dans de nouvelles villes, certaines conditions doivent être réunies : une demande claire, la possibilité de créer des réseaux efficaces, des données probantes et une validation satisfaisante, ainsi que les compétences et les capacités acquises dans les villes déjà participantes. Le soutien des premières cohortes de villes permettra à Canada participatif de tirer profit de leurs capacités pour aider d’autres villes de la région à adopter des pratiques participatives, dans un mouvement d’expansion.

Hypothèses, contraintes et considérations futures Pour envisager l’avenir sereinement, Canada participatif doit adopter des solutions systémiques et tenir compte des possibilités d’externalités et des incertitudes. Ainsi, Canada participatif pourra s’adapter à la conjoncture des dix prochaines années pour gérer efficacement la croissance de l’approche de ville participative. Les équipes responsables de la mise en œuvre dans les villes et à l’échelle nationale devront prendre en compte d’autres aspects de la croissance que l’ampleur de la mise en œuvre dans une ville, notamment l’acquisition d’excellentes connaissances spécialisées. Les partenariats peuvent générer un impact collectif, et l’intégration de l’approche de ville participative aux pratiques participatives communautaires existantes peut en amplifier les répercussions et accélérer la création d’une solide infrastructure sociale assurant des changements systémiques à long terme ainsi que la résilience des collectivités. Le programme dans les nouvelles villes devrait tirer profit des apprentissages et des infrastructures et dépasser chaque mise en œuvre précédente, alors que les villes déjà participantes devraient tirer parti des nouveaux apprentissages pour renouveler leurs idées et poursuivre sur leur lancée. Compte tenu des fonds toujours plus limités pour bâtir l’infrastructure urbaine, il convient d’élaborer et de mettre à l’essai des mécanismes de transition du court terme au long terme en ce qui a trait au financement ou aux partenariats. La pandémie qui se poursuit pourrait nécessiter de modifier les types de programmes participatifs et d’infrastructure connexe requis dans les collectivités, et de les évaluer dans le temps, en les altérant en fonction des besoins changeants des collectivités.

Long terme (de 5 à 10 ans) : Création de réseaux Au cours des séances de consultation, des objectifs ambitieux ont été communiqués, visant l’établissement de l’approche de ville participative dans au moins 50 villes ou collectivités du Canada d’ici 2030. Pour appuyer l’instauration de la plateforme de

Avec l’établissement de données probantes, la démonstration des impacts et d’excellents témoignages, Canada participatif devrait viser à devenir un chef de file dans l’établissement, l’intégration et le financement de l’infrastructure sociale participative au Canada au cours de la prochaine décennie, et au-delà. 214

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Table des matières 218 Introduction 218 Historique de Participatory City 222 Ambition et vision de l’approche de ville participative 224 Intention de la feuille de route de Canada participatif.

225 Établissement de la feuille de route 226 Approches d’accroissement de l’ampleur 227 Composantes essentielles à la croissance des systèmes participatifs 228 Modes de financement 230 Approches systémiques pour un avenir incertain

234 Trajectoires d’évolution et d’accroissement de l’ampleur 235 Croissance des éléments essentiels 236 236 237 240 241 244 246

Vision Contexte Architecture d’apprentissage École Ressources Données probantes Coordination, relations et communication

247 Accroître l’ampleur sur trois temps 247 Court terme (de 0 à 3 ans) : Personnes 249 Moyen terme (de 3 à 5 ans) : Financement durable 250 Long terme (de 5 à 10 ans) : Création de réseaux

251 Hypothèses, contraintes et considérations futures 252 UCompréhension de la demande émergente

253 Conclusion 255 Annexes 255 Annexe A : Résumé des séances stratégiques 255 Séance de consultation 1: Accroissement de l’ampleur 255 Séance de consultation 2 : Apprentissages 255 Séance de consultation 3 : Financement

256 Annexe B: Considérations financières

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Introduction De nombreuses villes sur toute la planète sont confrontées à des difficultés systémiques, notamment les inégalités croissantes, le chômage, la pauvreté, l’itinérance, les soins de santé inadéquats, la violence familiale et le racisme, et les gens y vivent souvent isolés les uns des autres. La pandémie de COVID-19 a exacerbé les difficultés systémiques existantes comme jamais auparavant1. Certains gouvernements progressistes et plusieurs organisations aux vues similaires voient là une occasion de tout recommencer, pour bâtir un avenir meilleur. Le Canada ne fait pas exception. Dans son énoncé économique de l’automne dernier2, le gouvernement du Canada s’est engagé à investir 100 milliards de dollars au cours des trois prochaines années, et un volet initial sera consacré aux « initiatives de transformation3 ». À l’heure actuelle, il existe une occasion unique d’explorer la façon dont une stratégie de croissance de Canada participatif à l’échelle nationale pourrait être au nombre de ces initiatives de transformation. L’infrastructure sociale participative permet aux personnes de participer aux transitions au sein de leurs collectivités. Les programmes fédéraux comme l’Initiative canadienne pour des collectivités en santé4 dénotent la reconnaissance du besoin d’investir dans l’infrastructure sociale participative dans le cadre de la reprise après la COVID-19. La création de cette nouvelle forme d’infrastructure sera cruciale pour rebâtir en mieux après la COVID-19, en comblant le fossé entre le capital social et la cohésion sociale, et en renforçant la légitimité civique, la capacité d’agir collectivement et la résilience. De même, ce travail pourrait être relié aux plateformes et aux récits de transformation comme l’initiative Emergence Room5, un espace de collaboration pour les projets en démarrage axés sur les transitions structurelles profondes. Ainsi, l’infrastructure sociale participative pourrait favoriser une culture de participation et asseoir les fondements nécessaires pour bâtir des collectivités totalement inclusives, cohésives, résilientes et dynamiques. La Participatory City Foundation a dirigé de multiples initiatives du mouvement Participatory City, émanant du Royaume-Uni. En 2019 et 2020, Participatory City a pris une dimension internationale en établissant des bacs à sable de recherche et développement sociale à Montréal, Halifax et Toronto, conjointement avec Canada participatif. Ces travaux ont reçu le soutien de la Fondation J.W. McConnell et de la Participatory City Foundation, du gouvernement du Canada (Programme de préparation à l’investissement d’Emploi et Développement social Canada (EDSC)) et de coalitions de partenaires locaux6.

Historique de Participatory City Participatory City, Royaume-Uni L’initiative Every One Every Day de Participatory City est en place depuis quatre ans. Elle est fondée sur onze années de recherche et d’engagement réel envers la « culture participative » inspirée par de nouveaux types d’initiatives entre pairs dans le monde entier. L’approche de ville participative réunit les résidents de l’arrondissement de Barking et Dagenham, situé à Londres, qui conçoivent des projets concrets permettant au quotidien de nouer des liens d’amitié et de créer des communautés saines, durables et prospères. Grâce à une meilleure utilisation des espaces, des ressources, des compétences et des connaissances, l’approche de ville participative permet aux activités interreliées concernées de faire changer les choses. L’objectif de cette approche est de constituer le premier écosystème participatif pratique inclusif à grande échelle. L’approche de ville participative est basée sur une plateforme regroupant des infrastructures coordonnées et partagées et un écosystème participatif réunissant des entreprises et des projets diversifiés (voir la figure 1). L’évaluation des résultats la deuxième année de l’initiative Every One Every Day a permis de conclure qu’une participation concrète cultive la capacité d’agir sur le plan individuel. Les effets d’ensemble de plusieurs petites actions et une bonne participation sont nécessaires pour générer un impact collectif. Les apprentissages tirés de la deuxième année7 de Participatory City, au Royaume-Uni, démontrent également que si toutes les conditions suivantes, ou certaines d’entre elles, sont respectées, l’approche de ville participative peut avoir un effet positif et durable dans la collectivité : • un besoin évident; • une densité de population suffisante pour les réseaux entre pairs et les effets de réseau; • la détermination à trouver de nouvelles façons de contribuer aux résultats; • la volonté de prendre des risques chez les bailleurs de fonds, les fonctionnaires et les politiciens; • avoir essayé d’autres approches, mais sans succès;

1. Commission européenne (9 septembre 2020) « Rapport annuel de prospective stratégique Tracer la voie vers une Europe plus résiliente » https://ec.europa.eu/info/strategy/strategic-planification/strategic-foresight/2020-strategicforesight-report_fr 2. Ministère des Finances du Canada (2020) « Énoncé économique de l’automne de 2020, Soutenir les Canadiens et lutter contre la COVID-19 », https://www.budget.gc.ca/fes-eea/2020/home-accueil-fr.html 3. Ministère des Finances du Canada (2020) « Énoncé économique de l’automne de 2020, Rebâtir en mieux » https://www.budget.gc.ca/fes-eea/2020/themes/building-back-better-rebatir-mieux-fr. html 4. « Initiative canadienne pour des collectivités en santé » – Gouvernent du Canada (Infrastructure Canada) et Fondations communautaires du Canada (2021) https://www.infrastructure.gc.ca/chci-iccs/index-fr.html 5. Pour en apprendre davantage, visitez le https://emergenceroom.net 6. Emploi et Développement social Canada (2019), « Programme de préparation à l’investissement » https://www.canada.ca/fr/emploi-developpement-social/programmes/innovation-socialefinance-sociale/preparation-investissement.html

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• une équipe ou un champion de la région susceptible de plaider la cause locale et de coordonner la prise de décisions; • la compréhension et l’appréciation des avantages possibles d’une culture participative.

7. Participatory City Foundation, (2019), « Tools to Act » http://www.participatorycity.org/tools-to-act


Figure 1 - Modèle fondé sur deux systèmes de Participatory City

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EVERY ONE EVERY DAY Cette initiative quinquennale découle d’un partenariat entre Participatory City et le Barking and Dagenham Council. Il s’agit du plus important projet participatif du genre au pays. Il permet à la collectivité de collaborer pour lutter contre les inégalités, la solitude et l’isolement dans l’arrondissement de Barking et Dagenham, à Londres.

ÉCOSYSTÈME PARTICIPATIF PRATIQUE Un écosystème participatif pratique se développe de manière organique, dans un format imprévisible, et est fondé sur la modification des interrelations d’éléments divers et distincts (de nombreux résidents qui arrivent ou qui partent, et les projets qui naissent, prospèrent, se reproduisent et prennent fin régulièrement). Les résidents se consacrent à des projets concrets qui leur sont utiles. C’est ce qu’on appelle couramment l’« approche de ville participative ».

HERE&NOW SCHOOL La nouvelle école de conception et de systèmes participatifs établie par la Participatory City Foundation regroupant l’ensemble des recherches, des connaissances et des apprentissages.

INFRASTRUCTURES SOCIALES (OU CIVIQUES) Les commodités, systèmes, places publiques, espaces, plateformes, services et organisations accessibles au public, qui forgent la manière dont les gens interagissent et qui supportent la vie collective.

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Ces conditions communautaires sous-jacentes pourraient s’étendre à la mise en œuvre de l’approche de ville participative dans d’autres villes. Les avantages offerts par le programme ont suscité de l’intérêt à tester l’approche, à établir une architecture d’apprentissage centrale connectée, et à optimiser l’impact au Canada. La figure 2 montre l’intérêt actuel, à l’échelle mondiale, à l’égard de l’implantation du programme dans différentes villes, dans le cadre de la Here&Now School of Participatory Systems and Design

Canada participatif La Fondation McConnell et d’autres organisations au Canada ont commencé à s’intéresser au succès des initiatives de Participatory City au Royaume-Uni. En 2019, à la suite de discussions avec des partenaires de trois villes canadiennes, Halifax, Montréal et Toronto, Participatory City UK, en partenariat avec la Fondation McConnell, a lancé l’idée d’un plan pour établir et explorer la faisabilité de prototypes au cours d’une phase de recherche et développement sociale, et a commencé à y œuvrer. En 2020 et au début de 2021, des difficultés liées à la mise en œuvre du plan et à l’apprentissage se sont présentées, en raison de la pandémie de COVID-19, qui ont nécessité des changements majeurs à la planification. D’abord, la visite de Barking et Dagenham dans le cadre d’un voyage d’étude s’est révélée impossible. Ensuite, la COVID-19 a incité les équipes à envisager de concevoir et d’élaborer de petits prototypes interactifs au lieu d’activités en personne de plus grande envergure. Ainsi, la vérification de la faisabilité est plus concrète, et il est possible de générer un impact dans les quartiers concernés dès la phase de conception. Les prototypes interactifs ont été conçus pour maximiser les occasions d’apprentissage et partager les connaissances et les pratiques entre les trois villes. Cette initiative avait pour but d’évaluer les réactions à la culture participative à l’échelle locale ainsi que les nouvelles occasions de bâtir une infrastructure sociale participative dans ces quartiers à long terme. Les équipes des villes ont collaboré étroitement à l’aide de méthodes numériques pour créer ces prototypes pendant la phase d’exploration dans les trois villes de Canada participatif, avec pour objectif à long terme d’intégrer chacune de ces villes au centre d’apprentissage et d’étendre l’approche de ville participative à l’échelle du Canada.


Figure 2 - Potentiels campus d’apprentissage à l’échelle mondiale concernant l’approche de ville participative à la Here&Now School of Participatory Systems and Design

HERE&NOW School of participatory systems and design GLOBAL

H&N H&N Edmonton Campus

H&N H&N Montreal Campus

H&N

Halifax Campus

Glasgow Campus

H&N Kirkcaldy Campus

H&N B&D Campus

Toronto Campus

H&N Sydney Campus

H&N Auckland Campus

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Ambition et vision de l’approche de ville participative Participatory City est en constante évolution, et sa philosophie change sans cesse. Il s’agit d’un système dynamique et collaboratif permettant de créer un tout plus grand que la somme de ses parties. Les relations entre les participants et les organisations sont de premier ordre et dépassent le cadre des ententes de partenariat. L’itération de chaque ville aide l’approche de ville participative à transmettre ses évolutions et ses apprentissages, et à soutenir ses connaissances et ses infrastructures. Dans l’ensemble, les choses s’améliorent et peuvent s’accélérer chaque fois; les nouvelles mises en œuvre peuvent faire un bond en avant au fur et à mesure que les éléments d’infrastructure sont élaborés. La marche à suivre pour l’approche de ville participative est très différente de celle des modèles traditionnels de croissance qui ne sont axés que sur la reproduction et l’adaptation. La conception de cette approche fait qu’elle est intrinsèquement adaptative. Elle établit un champ de pratiques transdisciplinaire qui exige une

collaboration étroite et une façon de penser et de collaborer qui est unique. La nature complexe de ces nouveaux projets et systèmes qui co-créent et développent la culture participative nécessite en permanence de nouvelles itérations, de la réflexion et des évolutions, ce qui rend ce travail cumulatif par nature. Les éléments de l’approche de ville participative ont été et continuent d’être créés de façon collaborative, ce qui les rend disponibles en accès libre au moyen d’une licence Creative Commons Attribution - NonCommercial-ShareAlike 4.0 International. Tous participent à l’approche de ville participative. Les travaux et les apprentissages permettent d’accroître son ampleur et de l’améliorer, et un apport de connaissances a lieu à chaque itération dans un nouvel endroit (voir la figure 3). Lorsqu’une nouvelle ville entreprend le périple de Participatory City, elle se joint au réseau des autres villes qui contribuent au progrès de l’approche de ville participative. Cela comprend les structures, les méthodes, les modèles et les stratégies nécessaires pour co-créer les infrastructures de soutien et les écosystèmes participatifs. La richesse de la culture, des idées et des expériences de chaque ville s’y intègre d’une manière entièrement nouvelle et adaptative. En bout de ligne, Participatory City souhaite travailler avec les villes partenaires pour établir un éventail grandissant d’approches participatives

Figure 3 - Transmission et soutien des évolutions, des apprentissages, des connaissances et des infrastructures de l’approche de ville participative

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Figure 4 - Séance de consultation 1, discussion de la vision pour les dix prochaines années de l’approche de ville participative au Canada et de connaissances (voir la figure 7 ci-dessous sur les Six principales composantes pour étendre les systèmes à de nouvelles villes). Les villes pourront consacrer du temps aux projets en étroite collaboration, concevoir des systèmes de soutien, des programmes d’études et des architectures d’apprentissage.

Avec la Participatory City Foundation au Royaume-Uni, la nouvelle Here&Now School d’envergure internationale et l’équipe chargée de la phase de recherche et développement sociale au Canada, Canada participatif collaborera à l’élaboration d’une stratégie et d’un cadre de mise en œuvre mettant l’accent sur la création d’un modèle d’apprentissage, de connaissances et de renforcement des capacités, favorisant les partenariats de travail et d’apprentissage efficaces requis pour permettre la réalisation de cet objectif. Deux modèles ont été envisagés, puis rejetés parce qu’ils ne permettaient pas d’atteindre les objectifs, le premier proposait « une organisation à modèle descendant offrant des systèmes de participation basés sur des formules rigides et importés à appliquer à plusieurs villes », et le second, « un modèle de franchise avec des mesures de contrôle strictes et des capacités d’adaptation limitées ». En raison de la nature adaptative de l’approche de ville participative, celle-ci continuera de se mouler au contexte des collectivités locales canadiennes. Il est actuellement envisagé que chaque ville établisse des partenariats locaux, par exemple, pour le financement et les investissements, et que Canada participatif contribue à l’atteinte des résultats désirés au moyen d’un réseau connecté de villes au Canada, pour veiller à ce que l’approche soit d’un niveau élevé de qualité et d’intégrité. Canada participatif jouera un rôle central dans l’acquisition de connaissances et la codification des nouvelles vérifications et leçons dans les campus d’apprentissage de chaque ville. Il aidera les résidents, les quartiers, les collectivités et les villes à créer des

relations et à les fusionner à leurs réseaux locaux, et contribuera aux connaissances et à la compréhension approfondies de la collectivité, au moyen d’une conception conjointe, d’une intégration et d’une évaluation évolutive continues.

CONCEPTION CONJOINTE

Méthode de collecte conjointe d’idées initiales et d’application des connaissances partagées à la réflexion sur la conception, qu’il s’agisse d’un projet, d’une séance, d’une tâche ou d’une solution à un problème.

La vision pour les dix prochaines années au Canada, élaborée à l’île Wasan en 2019, demeure inspirante et viable, et se voit renforcée à la suite des expériences et apprentissages acquis au cours de cette année de pandémie (voir la figure 4). L’infrastructure de Canada participatif pourrait répondre aux besoins des collectivités en fournissant une plateforme pour intensifier les efforts visant la collaboration pratique et éliminer les obstacles connexes, et en intégrant parfaitement les apprentissages et l’évaluation. À l’échelle des quartiers, l’établissement d’expériences en personne et d’une culture participative permettra aux collectivités canadiennes de se remettre de la COVID-19 tout en se concentrant sur les aspects essentiels de la vie pour qu’elles accroissent leur résilience aux futures situations de crise. Les différentes avenues pour réaliser ces objectifs sont explorées dans cette feuille de route.

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Intention de la feuille de route de Canada participatif Dans le cadre du processus de recherche et développement sociale, Canada participatif voulait comprendre la demande dans le secteur et les conditions pour accroître l’ampleur de l’approche de ville participative au Canada. Dans le cadre de cette exploration, Canada participatif a commandé une série de séances stratégiques à la fin de 2020 et au début de 2021, afin d’harmoniser la demande et les possibilités d’accroissement de l’ampleur (10 décembre 2020), l’architecture d’apprentissage (15 janvier 2021) et le financement (28 janvier 2021). (Consulter l’Annexe A pour les documents relatifs à ces séances, y compris une liste des participants des séances). Les renseignements obtenus lors des séances ont servi à élaborer une feuille de route de Canada participatif et des scénarios connexes. Ce rapport est le fruit de ces séances et des réflexions initiales de l’équipe de Canada participatif sur l’orientation de la future stratégie et la concrétisation d’une initiative étendue au Canada. La feuille de route de Canada participatif sera utilisée comme principale référence de données pour la prise de décisions et les prochaines étapes par l’équipe de Canada participatif et les partenaires actuels et potentiels. Son objet est de fournir un contexte et un soutien à l’ordonnancement et aux décisions stratégiques en matière de ressources, concernant notamment le moment approprié pour offrir les programmes ainsi que les moyens connexes, et le soutien à l’intégration pour les nouvelles villes. Elle n’est pas destinée à devenir un modèle complet ou définitif pour le développement et la mise en œuvre à venir de Canada participatif. Ce rapport propose une orientation pour la poursuite du développement et de la mise en œuvre de l’approche de ville participative au Canada et tient compte de multiples perspectives, facteurs et suggestions des partenaires dans leur ensemble, des administrateurs municipaux et des groupes intéressés exprimés à l’occasion des trois séances et des entrevues individuelles. Il cerne les principaux thèmes, lacunes, contraintes, hypothèses, conséquences et occasions qui devront être pris en compte au cours de la prochaine, des cinq prochaines et des dix prochaines années nécessaires à l’accroissement de l’ampleur. La feuille de route de Canada participatif énonce les choix qui aident à orienter Canada participatif. Elle établit un lien avec les autres volets du travail en cours, dont l’évaluation évolutive des expériences des trois villes et les activités de l’équipe principale de Canada participatif. Ces renseignements aboutissent au document fondamental de Canada participatif, le rapport sur la recherche et le développement sociale (voir la figure 5). Les autres documents et apprentissages (par exemple, relatifs à la théorie du changement et aux apprentissages éclair) dresseront un tableau plus général des recommandations stratégiques et de la planification opérationnelle dont doit se charger l’équipe de Canada participatif en se basant sur les discussions et les leçons apprises. Les prototypes actuels de Halifax, Montréal et Toronto disposent de certains programmes fonctionnels, mais

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Figure 5 - La feuille de route de Canada participatif en lien avec d’autres extrants de Canada participatif

ils devront déployer l’ensemble de leurs programmes pour mieux comprendre comment fonctionne cette approche et envisager les incidences et résultats potentiels de la participation à l’échelle locale. Cela comprend l’établissement de relations avec les résidents de ces quartiers, et leur rapport avec les organisations et les administrations, ainsi que les plateformes d’apprentissage. Ces prototypes ont pour but de produire des données probantes initiales et de soutenir la formation d’écosystèmes participatifs pratiques à long terme.


Établissement de la feuille de route La feuille de route de Canada participatif énonce les choix qui aident à orienter Canada participatif. Son objet est de fournir un contexte et un soutien à l’ordonnancement et aux décisions stratégiques en matière de ressources, concernant notamment le moment approprié pour perfectionner des compétences et renforcer des capacités ainsi que les moyens connexes, le financement des approches et des méthodes, et les processus de soutien des villes. La feuille de route de Canada participatif doit tenir compte de ces différents éléments menant à la réalisation de la vision dans dix ans, qui concernent les hypothèses, les risques et les occasions d’accroître l’ampleur de l’approche de ville participative : • Examiner les approches communes pour accroître l’innovation sociale et la nécessité de les adapter pour l’approche de ville participative au Canada; • Tirer parti des composantes essentielles des systèmes de participation à grande échelle recensés au Royaume-Uni pour en faire profiter le Canada; • Obtenir un financement approprié à chaque phase pour soutenir la croissance dès le début du programme et de la collecte de données probantes jusqu’à une croissance à long terme et la création d’un impact; • S’adapter aux incertitudes et aux externalités qui s’expliquent par une situation en constante évolution et un avenir incertain, à mesure que l’approche de ville participative évolue et progresse pour réaliser sa vision; • Faire preuve de souplesse pour réagir à l’afflux d’information et faire face aux imprévus de façon à ce que la feuille de route soit non linéaire et favorise le développement d’écosystèmes systémiques.

PARTICIPATORY CANADA ROADMAP

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Approches d’accroissement de l’ampleur Puisque l’approche de ville participative est grandement adaptative et axée sur l’élaboration d’un modèle d’apprentissage, de connaissances et de renforcement des capacités grâce à de forts partenariats de travail et d’apprentissage, la méthode utilisée pour faire évoluer l’approche et en accroître l’ampleur doit être soigneusement examinée. À l’aide des trois séances stratégiques, l’équipe centrale de Canada participatif, les administrateurs municipaux et les partenaires actuels et potentiels ont examiné les choix stratégiques liés aux approches communes d’accroissement de l’innovation sociale (voir la figure 6), centrées sur les meilleures façons d’accroître l’ampleur de l’approche de ville participative au Canada. Ils ont évalué dans quelle mesure8 : • Accroître l’ampleur du champ d’action en adaptant l’approche de ville participative à d’autres collectivités et villes, et augmenter le nombre de relations et de réseaux d’apprentissage solides entre les villes, et non au moyen de la reproduction;

8. Fondation de la famille J.W. McConnell, (octobre 2015), « Accroître l’ampleur du champ d’action, de la portée et de l’enracinement : faire progresser l’innovation sociale systémique et les processus d’apprentissage qui la soutiennent »

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• Accroître l’ampleur de la portée en modifiant les systèmes et politiques généraux et en mettant au point un changement de régime, notamment en définissant l’infrastructure sociale pour notre époque, et en communiquant pour effectuer la transition d’un paysage culturel plus vaste à des écosystèmes participatifs pratiques; • Accroître l’ampleur de l’enracinement en intégrant solidement l’approche de ville participative aux villes et à la culture locale, en améliorant les relations d’apprentissage en profondeur avec les gens et les collectivités, tout en assurant la souplesse et l’adaptation aux différents contextes et situations. Dans l’ensemble, les collaborateurs étaient explicites quant à leur désir d’éviter un modèle universel imposé aux collectivités et perçu comme un processus décisionnel descendant. Pour faire évoluer l’approche de ville participative et en accroître l’ampleur au Canada de manière sensible et réactive, divers facteurs entreront en ligne de compte, y compris savoir quand il est nécessaire d’accroître l’ampleur du champ d’action, de la portée ou de l’enracinement. L’établissement systématique et à dessein de réseaux et de partenariats, tout en recherchant de nouvelles ressources et de nouveaux modèles financiers, contribuera à une croissance efficace et équilibrée grâce à un engagement continu envers l’apprentissage en profondeur et la recherche dans les collectivités.

Figure 6 - Approches communes d’accroissement de l’innovation sociale


Composantes essentielles à la croissance des systèmes participatifs Pour assurer une croissance efficace des écosystèmes participatifs pratiques au moyen de l’approche de ville participative, six composantes essentielles doivent être présentes (voir la figure 7). Il s’agit de la vision, du contexte, de l’architecture d’apprentissage, des écoles, des ressources et des données probantes. La dynamique et les conditions locales, ainsi que les infrastructures nécessaires à l’échelle des villes et du pays sont prises en compte. En outre, trois dynamiques et activités transsectorielles sont essentielles au succès de la croissance et du développement, soit l’établissement de solides relations et réseaux d’apprentissage et de soutien, la coordination et le regroupement de toutes les composantes, et la construction du récit relatif à Participatory City au moyen de la communication et de témoignages. 1.

2.

3.

4.

Partnerships RELATIONS ET & COMMUNICATION Relationships

SchoÉCOLE ol

LeARCHITECTURE arning D’APPRENTISSAGE Architecture

Contexte : Les conditions locales peuvent grandement influer sur la possibilité de créer des écosystèmes participatifs pratiques dans les villes. La volonté et le leadership politiques, y compris la dynamique sous-jacente, les impératifs sociaux, économiques et environnementaux et les besoins des villes, ainsi que les facteurs culturels et sociaux, s’allient pour influencer la désirabilité, la viabilité et la probabilité d’une innovation systémique de cette ampleur dans un contexte local. Architecture d’apprentissage : Les programmes d’apprentissage et les documents de différents types permettent la formation et la mise en œuvre des écosystèmes de participation locaux. Les ressources d’apprentissage sont conçues pour favoriser la progression vers une compréhension approfondie de l’approche de ville participative. Que ce soit grâce aux cadres ou aux compétences pratiques, les capacités requises sont acquises au fil du temps pour co-créer ces nouveaux systèmes directement avec les résidents des quartiers de la ville. Le programme d’apprentissage permet de progresser en commençant par une sensibilisation à l’approche de ville participative, suivie d’un approfondissement de la compréhension, pour conclure avec le soutien, les réseaux et les ressources nécessaires à la mise en œuvre des initiatives. L’architecture d’apprentissage se présente sous diverses formes, qu’il s’agisse de cours en ligne pour les administrateurs municipaux, de cours d’apprentissage par l’expérience immersifs destinés aux intervenants, de centres d’apprentissage entre pairs pour les résidents ou de cours de haut niveau.

COORDINATION Coordination

RRESSOURCES esources

Vision : Chaque ville a sa propre vision de son avenir. Cette vision est souvent visiblement dirigée et communiquée par l’administration et les institutions, mais également exprimée par les gens quant à la manière dont ils souhaitent vivre, travailler et jouer ensemble. Une vision forte et cohérente est nécessaire à tous les paliers pour élaborer des initiatives audacieuses selon cette approche.

VISION Vision

CONTEXTE C ontext

DONNÉES Evidence PROBANTES

Communication COMMUNIQUER ET RACONTER DES HISTOIRES & Storytelling

Figure 7 - Six principales composantes pour accroître l’ampleur de l’approche de ville participative qui constituent la concrétisation réelle de Participatory City et servent de sites de démonstration pour la formation d’écosystèmes participatifs pratiques à grande échelle. Les dimensions mondiale, nationale et municipale de l’école soutiennent l’infrastructure d’apprentissage pour la formation de ces systèmes et modifient les capacités des villes. Plus ces connaissances sont intégrées et accessibles localement, plus l’approche pourra être établie solidement et rapidement. La Here&Now School aide à diffuser les connaissances et les pratiques de l’approche de ville participative par l’intermédiaire du réseau de campus d’apprentissage et des partenariats étroits établis avec chaque ville. Le réseau crée des espaces pour que les nouvelles collectivités, les partenaires et les gens puissent acquérir des capacités et des connaissances tout en partageant les nouveaux champs de pratiques avec les autres. 5.

Ressources: Le capital humain et les ressources financières sont essentiels pour atteindre les niveaux d’expertise appropriés, et les équipes sont en place pour co-créer l’approche de ville participative et assurer la formation d’écosystèmes participatifs pratiques dans chaque ville. Les ressources constituent aussi la plateforme d’infrastructures sociales nécessaires, y compris les réseaux, les espaces et les projets.

École : La Here&Now School de Participatory Systems and Design met l’accent sur l’apprentissage et le perfectionnement à l’échelle nationale. Elle comprend des campus d’apprentissage CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE : PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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6.

Données probantes : Chaque ville qui se joint au réseau de Participatory City fournit des données probantes et des résultats de recherche visant à atteindre la faisabilité, l’inclusivité, la création de valeur, l’intégration systémique et l’adaptabilité de l’approche de ville participative. La mesure et la collecte de données probantes permettant de démontrer les répercussions sont cruciales pour accroître l’ampleur de l’approche au Canada. De solides résultats d’évaluation stimuleront les investissements public et privé qui permettront de créer les fondements de la durabilité financière à long terme de Participatory City.

Les dynamiques et activités transsectorielles requises pour appuyer chaque composante essentielle sont les suivantes : A. Coordination: Constituant la fonction organisationnelle de ce modèle, les activités de coordination regroupent les six composantes essentielles fortement interdépendantes pour créer des initiatives et des infrastructures solides et cohésives. Un niveau élevé de coordination doit être établi pour exécuter efficacement les initiatives des villes. B.

Relations et partenariats : L’établissement de relations et de partenariats crée des occasions et une étroite collaboration au sein de l’écosystème participatif pratique. Sur le plan des six composantes essentielles, cela permet à l’approche de ville participative de réunir les bonnes personnes et organisations pour fournir la capacité et le soutien nécessaires à la mise en œuvre dans une ville.

C.

Communications et témoignages : Il est essentiel de relayer l’information et de concrétiser l’approche de ville participative à l’aide de témoignages créatifs et intéressants, afin de bâtir un vaste réseau de partenaires collaborateurs et de faire évoluer les éléments de l’écosystème. Il s’agit d’une fonction essentielle qui permet la co-création de l’approche (les gens se représentent eux-mêmes dans les témoignages) et la croissance du champ d’apprentissage et d’exercices pratiques de la Here&Now School.

L’équilibre entre le rythme et la portée de l’intégration et du développement de chaque composante essentielle d’une ville contribuera à la croissance des écosystèmes participatifs pratiques dans le cadre de l’approche de ville participative.

Tomorrow Today Streets

Un projet d’Every One Every Day et du programme Live Lagom d’IKEA. Tomorrow Today Streets offre aux quartiers, aux familles et à leurs amis la possibilité de démarrer des projets emballants dans leurs rues. Au total, 24 trousses sont proposées aux résidents pour les aider à démarrer des projets concrets qui leur permettent de rester en contact.

Changements systémiques

Il s’agit d’une planification concertée, d’une conception dans la réussite comme dans l’échec, et d’un espace pour co-créer une foule de petits projets et travailler à d’autres projets plus importants. Il s’agit d’une occasion de créer dans une économie circulaire. Le fait de coexister et d’établir des liens avec d’autres écosystèmes tout en plaçant les résidents au centre du système permet de s’impliquer dans le cadre d’un éventail d’idées de

Modes de financement Afin d’obtenir un financement approprié pour assurer la croissance et l’évolution de l’approche de ville participative et de ses composantes essentielles au Canada, des choix stratégiques doivent être faits à la lumière de deux volets de Canada participatif : la nature systémique et transformatrice de la vision de Canada participatif et l’orientation de la direction de l’initiative. Par exemple, les dépenses totales prévues devront tenir compte des stratégies, des tactiques et des architectures d’apprentissage de l’approche de ville participative qui seront établies (p. ex., Tomorrow Today Streets, Every One Every Day, un campus d’apprentissage) et de la mesure dans laquelle elles le seront, et des personnes qui seront responsable de diriger et poursuivre les efforts (p. ex, une équipe centrale nationale pour la stratégie, l’établissement de partenariats, les recherches et les apprentissages, le développement des systèmes, et des équipes au sein des villes qui structurent le travail en fonction du contexte local et qui créent des partenariats locaux, des visions pour les changements systémiques, la collecte de données et la mesure des résultats, des recherches et des apprentissages connectés aux autres éléments, etc.). Le financement des projets pilotes de recherche et développement sociale au Canada a d’abord été fourni par la Fondation de la famille J.W. McConnell, avec le soutien du gouvernement du Canada (Programme de préparation à l’investissement d’EDSC), et des contributions de 100 000 $ ont été remises à chaque ville pour établir des projets de recherche et développement sociale sur l’intégration de la participation au sein de leurs collectivités9. Un financement jumelé important et des contributions en nature ont été obtenus grâce à des partenariats locaux dans le cadre du projet pilote. Les projets pilotes de recherche et développement sociale initiaux ont donné lieu à des discussions de fond et suscité l’intérêt de chaque ville à poursuivre ou élargir les systèmes participatifs.

Afin de soutenir la demande d’évolution et d’accroissement de l’ampleur de l’approche de ville participative, il est probable que le financement de Canada participatif nécessite des partenariats intersectoriels et hybrides avec les administrations et les gouvernements (fédéral, provinciaux, municipaux et autochtones), des fondations, des partenaires du secteur privé et d’autres investisseurs à différentes échelles (quartier, collectivité, région, pays et monde) pour insuffler un changement à partir de la base et entrer en lien avec un réseau mondial. Au pays, l’approche de ville participative peut tirer parti de divers outils de financement afin que le Canada devienne une société plus inclusive et participative. Les outils de financement peuvent être considérés selon un spectre. Consulter l’illustration de la figure 9 en commençant à gauche, avec un financement modeste ayant un effet catalyseur, et en vous déplaçant vers la droite, avec un financement plus important et échelonné, et des revenus ou coûts-avantages. • Contribution : Capital initial essentiel pour financer des initiatives en l’absence de revenus substantiels et de résultats probants. De plus, les contributions sont habituellement de petite taille et visent à fournir un financement ayant un effet catalyseur pour des travaux préliminaires ou des initiatives précises.

projets et de possibilités de participation.

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9 Emploi et Développement social Canada (2019), « Programme de préparation à l’investissement » https://www.canada.ca/fr/emploi-developpement-social/programmes/ innovation-sociale-finance-sociale/preparation-investissement.html


Figure 8 - Le paysage du financement au Canada Exemples d’organisations offrant des contributions : la Fédération canadienne des municipalités10, Fondations communautaires du Canada11, ainsi que d’autres fondations. • Outils de financement mixte : Outils permettant de collecter des fonds publics ou philanthropiques pour mobiliser des investissements supplémentaires du secteur privé, afin d’atteindre un objectif social ou environnemental. Souvent utilisés dans un contexte de développement, selon un financement mixte, les fonds publics ou philanthropiques permettent d’assumer les risques au moyen de garanties ou de contributions pour améliorer le profil risque-rendement et susciter un investissement du secteur privé qui n’aurait autrement pas financé un projet. Une autre forme de financement mixte, la philanthropie de risque, canalise les fonds philanthropiques vers des initiatives à impact élevé et permet d’obtenir d’autres formes de soutien non financier, notamment des conseils stratégiques et opérationnels. Exemples d’organisations et de fondations qui utilisent un financement mixte : la Fondation Bill et Melinda Gates12, le réseau Omidyar et la Fondation Shell. Parmi les grandes organisations octroyant des fonds dans le cadre de la philanthropie de risque figurent la Fondation Draper Richards Kaplan13, PRIME Coalition14 et JDRF T1D Fund15.

+

16

AVC

et

Sweet

Dreams

-

Saskatchewan17.

• Obligations et fonds de prêts communautaires, et titres de créance et capital-investissement privés : Les obligations communautaires sont similaires aux obligations traditionnelles, sauf qu’elles génèrent toujours des retombées sociales ou environnementales en plus d’un rendement financier, et qu’elles s’adressent généralement aux investisseurs non accrédités. Les fonds de prêts communautaires octroient des prêts à des entreprises à vocation sociale ou à des organismes sans but lucratif locaux en acceptant un risque supérieur et ils offrent des modalités de remboursement plus généreuses que les prêts conventionnels. Enfin, il y a les fonds de titres de créances privés ou les fonds de capital-investissement axés sur l’impact, qui fonctionnent comme les fonds de prêts communautaires, sauf qu’ils ciblent un enjeu social ou environnemental précis, souvent dans une grande région géographique. Ces outils exigent le remboursement des prêteurs (soit par l’emprunteur, soit par la revente de capitaux propres), et des sources de revenus fiables et croissantes sont requises. Exemples de ces mécanismes de financement : CSI Community Bond18, Social Enterprise Fund19, et Arts & Culture Impact Fund de Nesta20.

• Obligations à impact social : Conçues comme instrument financier axé sur les résultats destiné aux investisseurs et servant à financer des services sociaux, ces obligations prévoient le remboursement du capital, et souvent, un certain rendement (payé par le bailleur de fonds comme le gouvernement) si les résultats sont atteints. Exemples d’obligations à impact social : CHPIdeCœur 10 Fédération canadienne des municipalités, « Occasions de financement » https://fcm.ca/fr/financement 11. Fondations communautaires du Canada, « Nos initiatives » https://communityfoundations.ca/fr/current-initiatives/ 12 Fondation Bill et Melinda Gates, « Strategic Investments », https://www.gatesfoundation.org/about/how-we-work/strategic-investments 13 Fondation Draper Richards Kaplan, « Notre modèle », https://www.drkfoundation.org/about/our-model/ 14 PRIME Coalition « En quoi consiste Prime » https://primecoalition.org/what-is-prime/ 15 JDRF TID Fund « Stratégie d’investissement » https://t1dfund.org/investment-strategy/

16 Cœur + AVC, « Programme novateur de lutte contre les maladies du cœur et l’AVC », https://www.heartandstroke.ca/activate/chpi 17 Innovation Saskatchewan, (3 septembre 2019) « Sweet Dreams Initiative », https://innovationsask.ca/news/the-sweet-dreams-initiative 18 Centre for Social Innovation, « Invest in your community », https://communitybonds.ca/invest-in-your-community 19 Social Enterprise Fund, https://socialenterprisefund.ca/ 20 Nesta, « Arts & Culture Impact Fund » https://www.nesta.org.uk/project/arts-culture-impact-fund/ CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE : PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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La nécessité d’un financement transitoire Les villes, les collectivités et les résidents qui souhaitent doter leurs quartiers d’un avenir juste, durable et participatif ont besoin d’une approche à long terme en matière de financement et de ressources, afin d’accroître l’ampleur de l’approche de ville participative au Canada. Les mécanismes de financement décrits dans les Modes de financement peuvent servir à financer l’approche de ville participative. Cependant, pour opérer des changements systémiques significatifs au Canada, un financement transitoire serait également utile21. Ce type de financement permet aux détenteurs de capital et aux investisseurs de rediriger d’importants capitaux vers de nouveaux portefeuilles d’actifs avec l’infrastructure connexe relative à la capacité en ressources humaines, aux données et aux innovations, tant à petite qu’à grande échelle. Il s’agit d’une nouvelle façon d’apporter une transformation au moyen de changements systémiques tout en cernant et en respectant les priorités, les profils de risque et les résultats attendus des acteurs relativement à l’infrastructure sociale participative. Le financement transitoire permet d’équilibrer le rythme élevé des dépenses gouvernementales liées à la COVID-19 pour gérer la réponse à la pandémie et redémarrer l’économie. Les solutions liées au capital, aux politiques et aux infrastructures nécessaires à la reprise dans le contexte de la COVID-19 et pour observer des progrès relativement aux problèmes importants des inégalités croissantes, du chômage, de la pauvreté, de l’itinérance, des soins de santé inadéquats, de la violence familiale et du racisme, peuvent être financées au moyen d’un portefeuille d’actifs à long terme au lieu de projets d’infrastructure isolés à moyen terme. Une nouvelle catégorie de capitaux publics-privés peut être mise à profit sous forme de co-investissements des résidents faisant appel à des mécanismes de création de richesse collective. Cela pourrait permettre la création d’une infrastructure sociale participative à financement partagé cruciale pour rebâtir en mieux après la COVID-19, en comblant le fossé entre le capital social et la cohésion sociale, et en renforçant la légitimité civique et la résilience.

Les solutions liées au capital, aux politiques et aux infrastructures nécessaires à la reprise dans le contexte de la COVID-19 et pour observer des progrès relativement aux problèmes importants des inégalités croissantes, du chômage, de la pauvreté, de l’itinérance, des soins de santé inadéquats, de la violence familiale et du racisme, peuvent être financées au moyen d’un portefeuille d’actifs à long terme au lieu de projets d’infrastructure isolés à moyen terme. 21 Premier, deuxième et troisième articles de blogue publiés par Dark Matter Laboratories, au 31 décembre 2020

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Approches systémiques pour un avenir incertain Le développement des six composantes essentielles de l’approche de ville participative et la détermination d’un financement approprié sur une période de dix ans peuvent contribuer à accroître l’ampleur des écosystèmes participatifs pratiques au Canada, mais l’avenir demeure incertain et évolue sans cesse. Les prévisions stratégiques peuvent nous aider à comprendre les possibles environnements futurs dans lesquels l’approche de ville participative pourrait fructifier ou échouer. De nouvelles tendances et de nouveaux développements voient le jour dans la société et peuvent devenir des facteurs de changement susceptibles de grandement influer sur la création de l’infrastructure sociale participative. Notre compréhension des répercussions éventuelles de ces changements peut être plus exacte pour une période à court terme de quelques années seulement et devient moins précise lorsque la durée s’allonge. Des possibilités d’avenir différentes se dessinent22. Si l’on suppose une durée de dix ans pour accroître l’ampleur de Canada participatif, combinée à une vision et un désir forts d’y parvenir de la part de l’équipe pour l’approche de ville participative, la marche à suivre pourrait inclure des mesures pour influencer les développements qui augmentent les probabilités pour que l’avenir désiré se concrétise. Pour veiller au succès et à la pérennité de Canada participatif, un équilibre doit être assuré entre la surveillance des tendances légères visant à détecter rapidement les changements possibles23 et une souplesse à l’égard des différentes possibilités d’avenir. Canada participatif peut envisager les avenirs possibles des villes et des collectivités ainsi que les répercussions pour l’approche de ville participative, en tirant profit des travaux réalisés par les organisations qui mettent en pratique les prévisions stratégiques à l’échelle internationale et au Canada. À titre d’exemple, Villes d’avenir Canada explore des façons de renforcer la capacité des villes, en faisant en sorte qu’elles demeurent tournées vers l’avenir, équitables, régénératives et prospères pour les cinquante prochaines années24. Un partenariat avec ce type d’organisation peut faire surgir des idées au sujet de l’avenir tout en contribuant à sa création25. À l’échelle mondiale, à l’approche de 2030, bien des villes et régions ont de la difficulté à s’adapter aux mégatendances liées aux personnes, à l’environnement physique et à l’économie mondiale, et s’efforcent d’améliorer la qualité de vie et de devenir des sociétés plus inclusives et plus justes. À titre d’exemple, une ville canadienne peut vouloir s’adapter à une population ayant une plus grande espérance de vie, alors que les jeunes ont besoin d’un emploi. Ces enjeux découlent directement de l’usage de plus en plus répandu des technologies habilitantes et de la numérisation, et des flux de capitaux à l’intérieur des collectivités et entre celles-ci, modifiant les types d’emplois disponibles, les apprentissages et formations nécessaires, et la façon dont les gens peuvent participer au processus décisionnel public. Différentes infrastructures sociales et physiques seront 22 Jacobsen, B., Hirvensalo, I. (7 mai 2019), « What is Strategic Foresight? » https://www.futuresplatform.com/blog/what-strategic-foresight 23 Prescient, « Introduction to Strategic Foresight » (extrait le 5 mai 2021) https://prescient2050.com/strategic-foresight-tools/ 24 Jessica Thornton, J. Villes d’avenir Canada (16 janvier 2020), « Planifier les villes que nous voulons : avoir une vision stratégique pour créer l’avenir idéal » https://futurecitiescanada.ca/ stories/planning-for-the-cities-we-want-the-case-for-strategic-foresight-in-cities/#Francais 25 Pour en savoir plus sur le programme de Villes d’avenir, voir https:futurecitiescanada.ca/fr/programmes-projets/


nécessaires à la prestation des services publics et à la conception d’environnements naturels et de cadres bâtis qui sont adaptés aux changements climatiques, tout en réduisant la tension exercée sur les ressources naturelles par l’accroissement de la population et la croissance économique26. Bien des gens résideront dans les villes en 2030, et l’approche de ville participative pourrait paver la voie vers un mode de vie durable.

Le contexte de la pandémie

gouvernement. L’approche de ville participative mise sur les activités en personne et l’apprentissage par l’expérience. Elle devra s’adapter pour tirer parti de pratiques efficaces pour le renforcement communautaire et la mobilisation participative afin d’assurer la sécurité, l’inclusivité et l’accessibilité des programmes. Les disparités d’accès à des technologies résilientes pourraient nuire à l’atteinte des conditions sociales souhaitées, par exemple, en matière de santé, d’éducation et d’accès à l’emploi.

Outre le fait de s’adapter aux grandes tendances et de planifier en conséquence, les villes canadiennes intéressées par l’approche de ville participative devront porter une attention particulière à l’incidence durable de la pandémie de COVID-19 et tenir compte de ses effets à long terme sur la gouvernance et le programme de Participatory City. Certaines tendances se sont accélérées au Canada, donnant lieu à des transitions dans le secteur de la santé, dans l’économie, la société, l’environnement et la gouvernance, qui influent tous sur les résultats des écosystèmes participatifs pratiques. Parmi les facteurs à prendre en considération qui peuvent influer directement sur l’approche de ville participative et entraîner des adaptations, mentionnons27 : • Persistance de la pandémie - En l’absence d’un échéancier clair quant au délai requis pour un « retour à la normale », comme le développement de l’immunité contre le virus, la gestion des mutations, la distribution des vaccins et l’offre d’un traitement, les façons dont les Canadiens interagissent en toute sécurité, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, devront changer radicalement. L’approche de ville participative devra s’adapter pour offrir des interactions efficaces et générer des impacts importants tout en assurant la sécurité des participants. En raison des probabilités élevées d’autres pandémies à venir, une approche de ville participative résiliente et efficace s’impose. • Distanciation physique à long terme et santé mentale - Le noyau de l’approche de ville participative consiste à favoriser les interactions en personne pour contribuer à la résilience et aux relations communautaires, en soulageant la solitude et les traumatismes. Les équipes du programme et les participants devront évaluer le niveau de risque qu’ils sont prêts à accepter et les avantages qu’ils pourraient retirer d’une participation en personne aux programmes en fonction des différents types d’interactions et d’expériences possibles en ligne. • Économie - Si les gens demeurent touchés par le chômage et par la perte d’actifs et d’emplois, l’approche de ville participative pourrait permettre de partager la richesse collective et d’offrir des possibilités de travail, d’apprentissage et de formation, qui n’existent pas sur le marché du travail traditionnel. Une nouvelle approche est plus que nécessaire, car les inégalités et les tensions intergénérationnelles se poursuivent. Un équilibre doit être établi entre les besoins des personnes à faible revenu ou sans revenu, les familles monoparentales qui ont besoin de services de garde d’enfant, les personnes socialement isolées et vulnérables qui ont besoin de créer des liens, et les jeunes qui ont besoin d’un moyen de subsistance. • Numérisation - L’utilisation de plateformes en ligne pour tous les aspects de la vie, ainsi que la demande connexe, ont grandement augmenté avec les mesures de distanciation physique et le confinement obligatoires ordonnés par le 26 KPMG International (2014) « Future State 2030: THe GLobal Megatrends Shaping Governments » https://assets.kpmg/content/dam/kpmg/pdf/2014/02/future-state-2030-v3.pdf 27 Horizons de politiques Canada (5 mars 2021) « Prospective sur la COVID-19 : Changements et implications possibles » https://horizons.gc.ca/fr/2021/03/05/prospective-sur-la-covid-19changements-et-implications-possibles/

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Feuilles de route linéaires vs systémiques Les feuilles de route linéaires ...supposent une certitude quant aux jalons, points de décision et destination.

Les feuilles de route systémiques ...reconnaissent l’existence de l’incertitude et envisagent les opportunités (par le biais de l’expérimentation) qui permettent une prise de décision agile en fonction de l’impact.

Figure 9 - Feuilles de route linéaires vs systémiques

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Planification systémique L’approche de ville participative vise la formation d’écosystèmes participatifs pratiques dans les collectivités et les villes. Elle est intrinsèquement destinée à créer des changements systémiques dans des environnements complexes. Ainsi, une feuille de route linéaire ne serait pas appropriée pour accroître l’ampleur de l’approche systémique au Canada, car des changements systémiques requièrent des solutions systémiques28 (voir la figure 8). Considérant les nombreuses possibilités futures, Canada participatif devrait, au fil du temps, songer à adopter une approche de mise en œuvre et de suivi de la feuille de route qui soit systémique et axée sur l’avenir. L’utilisation d’un diagramme du futur est une approche de prise de décision et d’évaluation des avenues possibles pour aider Canada participatif à réfléchir aux conséquences de premier, deuxième et troisième ordres, afin de lui permettre d’atteindre les résultats visés29. De même, une feuille de route systémique peut aider Canada participatif à gérer les incertitudes et le risque, et à mettre au point des processus de financement systémique lorsque l’avenir se précise. Pour planifier la façon dont une approche de ville participative pourrait cadrer avec un avenir où la COVID-19 existerait, une feuille de route systémique peut permettre à l’équipe de s’adapter à un avenir parsemé de poussées épisodiques, à un avenir avec des perturbations à long terme et une accélération continue des conséquences environnementales, sociales et économiques négatives, ou à un avenir très différent qui deviendrait la nouvelle 28 Dominic Hofstetter, « Innovating in Complexity » Partie 1 (7 juillet 2019), Partie 2 (26 juillet 2019), et Partie 3 (23 août 2019) 29 MindTools, « The Futures Wheel: Identifying Consequences of Change » https://www. mindtools.com/pages/article/futures-wheel.htm

normalité. Cette tâche est également nouvelle et reliée à d’autres domaines de changement clés requis pour assurer un avenir florissant. Les attributs de l’approche de ville participative, y compris une vision claire et partagée, les bases de l’expérimentation pour apprendre et s’adapter dans chaque cas, ainsi qu’une architecture d’apprentissage permettant de partager ses propres apprentissages au sein du système, devraient permettre à Canada participatif d’obtenir des résultats à grande échelle. D’autres projets fructueux ont aussi suivi des approches tirant parti de la mobilisation communautaire, des pratiques participatives et des stratégies de réseaux et de relations sophistiquées30. Canada participatif devrait miser sur des stratégies d’émergence pour amplifier l’effet transformateur de la co-production par les citoyens des transitions au sein de leurs collectivités, grâce à la création et à l’adoption de l’infrastructure sociale participative.

30 Fourth Quadrant Partners, « A whole Greater Than Its Parts: Exploring the Role of Emergence in Complex Social Change » http://www.4qpartners.com/emergence.html

Figure 10 – Feuille de route systémique ou linéaire

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Trajectoires d’évolution et d’accroissement de l’ampleur Participatory City est une initiative inspirante qui suscite un grand espoir de créer des collectivités et des cultures plus inclusives et participatives dans les villes. Pour assurer l’évolution et la croissance de l’approche de ville participative au Canada, il faudra renforcer les composantes essentielles et en accroître l’ampleur conformément à ses objectifs au cours des dix prochaines années (voir la figure 10). L’orientation de l’évolution et de la croissance de Canada participatif dépendra de l’équilibre entre les approches d’accroissement des innovations sociales, la détermination des stratégies et partenaires de financement appropriés, et la souplesse à l’égard des futures externalités et possibilités systémiques découlant de la mise en œuvre à l’échelle du Canada. Au cours des trois séances de consultation, il y a eu de nombreux points de convergence entre les participants et les principes de Participatory City. Ces éléments de consensus font office de principes de conception initiaux et orientent le développement de l’approche de ville participative dans la première mise en œuvre de grande ampleur dans une ville et dans les villes subséquentes. Au fil du temps, les éléments essentiels croîtront avec l’approche. En outre, trois facteurs prendront également de l’ampleur au fil du temps : les relations avec les autres, le financement durable et l’établissement de réseaux. Pour accroître l’ampleur de l’approche, il faut faire des choix importants en ce qui concerne le contexte et le soutien à l’ordonnancement et aux décisions stratégiques en matière de ressources, notamment décider du moment approprié pour perfectionner les compétences et renforcer les capacités ainsi que des méthodes connexes, du financement des approches et des méthodes, et des processus de soutien des villes. Le respect de la feuille de route signifie aussi qu’il faut tenir compte des différents éléments menant à la réalisation de la vision dans dix ans, qui concernent les hypothèses, les lacunes, les risques et les occasions d’accroître l’ampleur de l’approche de ville participative au sein des collectivités. La feuille de route de Canada participatif énonce les choix concernant l’orientation qui devront être pris en compte au cours de la prochaine, des cinq prochaines et des dix prochaines années nécessaires à l’accroissement de l’ampleur.

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Croissance des éléments essentiels Pour la prochaine décennie, les six composantes essentielles et leurs trois dynamiques et activités transsectorielles devront évoluer et croître pour devenir le fondement de Canada participatif. Le soutien, tout d’abord des équipes des villes à l’échelle nationale, puis des villes plus établies dans l’approche de ville participative, pourrait se transformer à mesure que les collectivités renforcent leurs capacités au Canada. En établissant des structures formelles et en maintenant des relations avec les principaux campus d’apprentissage, de nouvelles villes et collectivités pourront utiliser l’approche de ville participative pour se doter d’écosystèmes participatifs pratiques. La création d’une plateforme nationale reliant directement le Canada à Participatory City UK et aux programmes des villes permettra d’établir les principes de base et les infrastructures de Participatory City au Canada. L’un des principaux scénarios envisagés par Canada participatif est d’établir un campus d’apprentissage dans une première ville, au cours des trois premières années, puis de renforcer les capacités et d’offrir du soutien dans neuf autres villes. Toutes feraient partie de la communauté d’apprentissage et de recherche du réseau mondial de Participatory City, par l’intermédiaire de la Here&Now’ School. Ce scénario a été mentionné par les participants des trois séances stratégiques, qui ont exprimé collectivement le besoin que Canada participatif s’implante solidement dans une ville pour démontrer les répercussions, les capacités d’apprentissage et les ressources nécessaires pour accroître l’ampleur du programme au Canada.

« Dans chaque communauté, tout commence par la recherche et développement dans un quartier, suivie par l’implantation dans toute la ville ou la collectivité. » Au départ, Canada participatif établit solidement le campus d’apprentissage en partenariat avec une ville, selon le scénario principal, et l’équipe offre son soutien tout en nouant des relations interurbaines et en effectuant des recherches et une évaluation. Il est ainsi possible d’obtenir un portrait à l’échelle nationale, de tirer des leçons et de s’adapter de façon continue, et de combiner les résultats produits. Dans le scénario principal, les composantes essentielles (voir la figure 7) sont les éléments cruciaux nécessaires à un écosystème participatif pratique efficace. Elles constituent le fondement nécessaire pour bâtir les infrastructures de l’approche de ville participative qui génèrent un impact et de l’innovation sociale au sein des collectivités. .

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Vision

Contexte

Pour Canada participatif, la vision et l’ambition du programme sont définies conjointement avec les trois prototypes municipaux à Halifax, Montréal et Toronto, afin de cerner les avantages et les occasions uniques à leurs contextes. Faisant suite aux discussions amorcées à l’île Wasan en 2019, les trois séances de consultation stratégique ont validé les grands thèmes de la vision et cerné de nouveaux éléments ayant fait surface au cours de la dernière année d’expérimentation. La vision de Canada participatif doit permettre :

Dans le cadre des discussions tenues au cours des trois séances stratégiques, les participants ont mis en évidence la nécessité de répondre efficacement à la demande émergente de nombreuses villes et collectivités du Canada. Une évolution et une adaptation supplémentaires de l’approche de ville participative sont essentielles pour établir un scénario éprouvé au Canada, afin d’obtenir un financement durable. Pour la mise en œuvre initiale, Canada participatif doit évaluer soigneusement les conditions nécessaires au succès afin de disposer du soutien approprié, d’obtenir les impacts escomptés, d’acquérir une position de leadership et d’obtenir l’adhésion des divers paliers gouvernementaux et de la communauté. Cela permettra d’insuffler la capacité d’agir initiale et de réduire la paperasserie pour que la collectivité puisse établir des pratiques participatives. En outre, les responsables locaux (p. ex, les fonctionnaires, les dirigeants des organismes communautaires) et les concepteurs de projet expérimentés aideront à promouvoir l’initiative pour mobiliser la communauté.

• de répondre aux besoins des collectivités et de fournir aux résidents la capacité d’agir, les outils et le réseau requis pour mettre en œuvre leurs propres idées et initiatives; • de changer la façon dont les collectivités et les villes fonctionnent pour permettre une culture de participation systémique reconnue par les résidents et les visiteurs, qui contribue au capital social et à la résilience communautaire; • de fournir les moyens aux collectivités de prospérer et d’instaurer de la résilience en favorisant des interactions inclusives et significatives au sein des collectivités et d’éliminer les obstacles à la collaboration pratique; • de créer des scénarios d’utilisation et des données probantes pour contribuer à l’élaboration des politiques et promouvoir un changement stratégique systémique qui convient mieux aux besoins des collectivités et des villes; • d’offrir de la formation et un apprentissage réciproque au sein de la collectivité afin de jeter les bases de l’approche de ville participative; • de créer de nouveaux modèles pour que les villes interagissent et apprennent les unes des autres.

« Un récit convaincant provenant du terrain à l’échelle du pays et une stratégie partagée sur la transition socio-écologique équitable en milieu urbain » L’ambition et la vision de Canada participatif doivent se réaliser selon une approche ascendante, menée par une équipe nationale, avec le soutien d’un réseau mondial d’intervenants. Pour les premières étapes, des modes d’apprentissage en personne sont privilégiés de façon à fournir les principes fondamentaux aux concepteurs et aux intervenants locaux. La mise en œuvre initiale dans une ville canadienne nécessitera beaucoup de temps et de formation avec l’équipe de Londres, afin de bien intégrer les principes et les compétences requises.

Les participants des discussions, tenues entre autres au cours des séances de consultation, ont énoncé les conditions supplémentaires nécessaires au succès de l’approche de ville participative dans un contexte local : • Des coalitions d’organismes communautaires, de dirigeants politiques et de fonctionnaires sont intéressées par l’approche. Cet intérêt découle d’une sensibilisation aux principaux enjeux des collectivités et d’un état d’esprit consistant à vouloir tirer parti de nouveaux outils et modèles pour relever ces défis. • Certaines collectivités ont été désignées comme ayant des besoins importants. Les difficultés sous-jacentes et les motivations de la ville à résoudre les problèmes sociaux, notamment à favoriser la réconciliation et la lutte contre le racisme, doivent être considérées comme une priorité. Par exemple, une collaboration pourrait être établie avec des partenaires de la ville, et les programmes concernant des points à améliorer dans des quartiers pourraient être élargis31. • Établir des liens avec des gens passionnés, notamment des responsables d’organismes communautaires, et les bassins de talents connexes, pour former des équipes multidisciplinaires de concepteurs et de gestionnaires de projet et de programme. • Il existe une infrastructure locale pour fournir les espaces physiques nécessaires au déploiement de programmes, comme the Warehouse (espace de création), les vitrines d’Every One Every Day et les trousses de départ de Tomorrow Today Streets.

Considérations stratégiques L’équipe de Canada participatif devra faire des choix stratégiques pour réaliser la vision au Canada, puisque chaque ville présente un contexte unique. Il faudra faire preuve de souplesse dans la conception du programme, des apprentissages et des méthodes de mesure pour permettre l’exploration de nouveaux modèles, par exemple celui d’approches dirigées ou co-dirigées par des Autochtones, qui sont axées sur la réconciliation et qui permettent de lutter contre le racisme systémique. L’intégration des enjeux uniques à chaque collectivité pourrait permettre de faire progresser les approches actuelles de Participatory City.

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31 Ville de Toronto, (2014), « Neighborhood Improvement Area Profiles » https://www.toronto.ca/ city-government/data-research-maps/neighbourhoods-communities/nia-profiles/


Considérations stratégiques D’autres éléments devront être examinés lorsque l’équipe de Canada participatif s’efforcera de valider la mise en œuvre de grande ampleur pour promouvoir et accélérer l’adoption de l’approche de ville participative par d’autres collectivités au Canada. L’équipe devra tenir compte des facteurs économiques locaux, de la visibilité du programme à l’échelle mondiale, et du caractère immédiat de l’impact requis. Plus particulièrement, la viabilité financière associée aux différents facteurs économiques dans les diverses régions du Canada est une qualité importante à évaluer selon le contexte local. À titre d’exemple, les inégalités croissantes et les problèmes d’abordabilité dans une ville comme Toronto pourraient influer grandement sur les estimations de coûts figurant dans cette feuille de route comparativement aux plus petites municipalités. Inversement, Toronto pourrait offrir des possibilités immédiates d’impact et d’apprentissage pour les collectivités confrontées à des difficultés, en raison de la grande qualité des talents locaux et du réseau mondial dont fait partie une ville de cette taille. Ces facteurs exercent des pressions additionnelles et présentent des défis et des possibilités dont il faut tenir compte lors de la mise en œuvre de l’approche de ville participative dans une collectivité au Canada.

Architecture d’apprentissage L’architecture d’apprentissage de Participatory City constitue un aspect fondamental pour permettre aux collectivités et aux villes d’incarner et de diffuser les valeurs de l’approche. Les participants des trois séances de consultation ont exprimé un grand intérêt envers l’apprentissage par l’expérience. L’acquisition de connaissances au moyen d’expériences pratiques permet d’apprécier l’approche de ville participative et ses valeurs, et fait que les équipes et les collectivités peuvent adapter les outils et les services à leur contexte local.

« Il n’y a rien de tel que l’expérience concrète. » Principes directeurs À la lumière de l’éventail d’architectures d’apprentissage élaborées dans le cadre de l’approche de ville participative, les principes directeurs suivants doivent être pris en compte dans le contexte canadien pour fournir les capacités d’apprentissage nécessaires au cours de la prochaine décennie. • Compléter l’architecture d’apprentissage interurbaine par des apprentissages intra-urbains afin d’accroître l’efficacité des apprentissages de tous les intervenants de Participatory City. L’architecture d’apprentissage interurbaine peut également aider à définir un système minimum viable pour Canada participatif, en effectuant la distinction entre ce qui est unique à chaque ville et ce qui est valable dans toutes les villes. • Rendre les expériences d’apprentissage réciproque essentielles entre les équipes, les collectivités et les villes. Une profonde connaissance de l’approche de ville participative est nécessaire de la part de toutes les parties prenantes pour assurer l’harmonisation et la valeur ajoutée du modèle, ainsi qu’une compréhension approfondie de chaque contexte dans lequel l’approche de ville participative est adoptée. Une bonne compréhension de la part de l’ensemble des participants assure la légitimité de Canada participatif pour tous. Par exemple, elle permet le partage des cultures et des expériences locales, y compris la culture et l’expérience autochtones, des initiatives et des partenariats existants pouvant appuyer et intensifier l’approche de ville participative; etc. • Accorder la priorité aux modes d’apprentissage immersifs et répartis, entre pairs et axés sur les interactions humaines dans l’architecture d’apprentissage. Préférables dès les premières étapes d’apprentissage de l’approche de ville participative, ces méthodes ont été perçues comme plus efficaces pour instaurer la confiance et créer des relations considérées comme cruciales au succès du lancement, plutôt que d’utiliser des modes d’apprentissage qui sont davantage axés sur les données. La priorisation des modes d’apprentissage en personne aura une incidence sur l’infrastructure de ressource et d’apprentissage requise à l’échelle de la ville et à l’échelle nationale, par exemple à l’école.

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Phases de l’architecture d’apprentissage L’architecture d’apprentissage de Canada participatif (voir la figure 11) adopte une approche progressive pour l’acquisition des connaissances, des compétences et des expériences menant à la création d’écosystèmes participatifs pratiques. L’élaboration d’une architecture d’apprentissage se déroule en trois phases. • Intérêt initial et découverte : Des éléments et du matériel de communication concrets, par exemple, des sites Web, des articles, des rapports ainsi que des activités en personne et en ligne, sensibilisent et initient les gens à l’approche de ville participative. • Perfectionnement : Des activités comme des webinaires organisés par les autorités municipales, des journées découverte, des ateliers, des camps et des voyages d’étude, ainsi que des ateliers de perfectionnement, contribuent aux connaissances et aux expériences sur la façon dont l’approche de ville participative peut exercer une incidence sur les collectivités. • Développement des capacités liées aux initiatives : Les activités de la phase de maturité, notamment les ateliers et les réseaux d’apprentissage en ligne, les trousses de projet, l’acquisition de connaissances spécialisées, les cadres d’apprentissage (composantes du système), les modèles et les webinaires (composantes du système), le tutorat et le perfectionnement, la formation de base immersive dans des projets en cours, et des réseaux de projets en cours, permettent d’approfondir les compétences et d’acquérir de l’expertise dans l’approche de ville participative.

Figure 11 - Participatory Canada Learning Architecture

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Les participants des trois séances de consultation ont mentionné que la confiance doit être établie dès le départ pour permettre à l’approche de ville participative de s’implanter dans nos collectivités et insuffler la capacité d’agir et d’instaurer le programme. Il est nécessaire de bâtir la confiance à l’échelle de la collectivité dès la conception des programmes et la définition des résultats visés. Il importe également d’établir la légitimité des impacts et des buts, afin de créer les relations qui engendrent les possibilités de financement et l’approbation sociale et économique permettant d’œuvrer dans une ville. La confiance peut être acquise au moyen de l’architecture d’apprentissage de ville participative et en mettant l’accent sur des communications et des relations judicieuses entre les participants et les paliers de gouvernement qui participent aux travaux. Par ailleurs, même si les participants préfèrent l’apprentissage par l’expérience, les médias numériques devraient être utilisés davantage pour renforcer la confiance en raison des répercussions de la COVID-19 au cours de la dernière année. L’amélioration de l’offre numérique au sein de l’architecture d’apprentissage, axée sur la qualité des interactions, des moyens et des outils numériques utilisés, et sur la communauté d’apprentissage liée aux modules connexes, peut combler le fossé entre la préférence pour les activités en personne et les contraintes relatives au numérique

Rôle des infrastructures physiques Un élément essentiel de l’approche de ville participative est la prépondérance des actifs et espaces physiques permettant à la communauté de se rassembler et de créer de la valeur au sein des collectivités. Le succès du déploiement de l’approche de ville participative dans les premières villes à l’adopter et des expériences qui y ont lieu dépend de l’accès à ces espaces au cœur des collectivités dans lesquelles nous vivons. Les espaces, comme l’entrepôt et les vitrines de Barking et Dagenham, procurent les occasions nécessaires pour la mise en place


d’écosystèmes participatifs pratiques. L’offre et le soutien de ces éléments d’infrastructure par les villes et les administrations contribuent à la pérennité de l’approche de ville participative et à la création de points d’ancrage dans la communauté. Ces investissements soutiennent les infrastructures sociales que l’approche cherche à développer. Des relations étroites avec les villes et les bailleurs de fonds, comme les fondations et les promoteurs sans but lucratif, sont d’autres moyens possibles de financement de ces espaces.

Sujets d’apprentissage réciproque D’autres sujets d’apprentissage ont été définis par les participants des trois séances de consultation, qui permettront de développer les connaissances et les capacités, et d’établir de nouvelles perspectives pour l’approche de ville participative au Canada. Ils comprennent la marche à suivre pour : • Intégrer les pratiques autochtones à l’approche de ville participative pour l’adaptation au Canada • Davantage mobiliser les résidents dans les vitrines en assurant une inclusivité maximale dans les collectivités de Canada participatif • Partager les pratiques exemplaires pour la configuration et la gestion des vitrines communautaires • Concevoir des outils à partir des expériences locales et utiliser ceux tirés d’autres mises en œuvre de Canada participatif • Partager et améliorer l’analyse de rentabilité pour créer une infrastructure sociale, comme les espaces de création publics

Considérations stratégiques L’équipe de Canada participatif devra trouver les façons les plus efficaces de construire et de promouvoir l’architecture d’apprentissage au Canada, afin qu’elle puisse convenir à des collectivités de différents types et densités. Un langage commun sera requis pour les communications et l’activation de l’écosystème. Il faudra déterminer comment tirer parti de l’école, des méthodes d’apprentissage et des outils de communication externes pour combler les écarts linguistiques. Ainsi, Canada participatif pourra établir des récits efficaces et uniformes pour inciter d’autres villes à suivre le pas. Il existe aussi un défi lié au marché qui exige l’établissement de nouveaux paramètres et indicateurs autres qu’économiques pour mesurer les impacts recherchés par un écosystème participatif pratique. Il faudra déterminer comment renforcer la capacité et l’expertise en matière de mesure par l’intermédiaire de l’architecture d’apprentissage au Canada, afin de permettre de nouvelles formes de financement axées sur des résultats qu’il est possible de valider et de mesurer. Canada participatif serait ainsi davantage en mesure de fournir des analyses de rentabilité rigoureuses pour les collectivités et les villes.

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École L’école forme une plateforme essentielle de l’approche de ville participative. Elle permet de relier le nombre croissant de campus d’apprentissage, de partager les apprentissages et les adaptations de l’approche, et grâce à elle, les équipes des villes et les collectivités peuvent acquérir des compétences. La mise en œuvre de grande ampleur initiale devrait faire office de premier campus d’apprentissage canadien de la Here&Now School, qui servira aux autres villes canadiennes de plateforme principale pour explorer l’approche de ville participative. Les villes pourront tirer parti des ressources et de l’expertise du campus à mesure qu’elles deviendront plus établies au sein de Canada participatif. L’école représente un élément central de l’architecture d’apprentissage de Canada participatif. Elle offre un espace permettant à de nouvelles villes et collectivités de tirer profit des connaissances et de les appliquer à leur contexte local, engendrant ainsi la capacité d’apporter des changements systémiques.

les investissements précoces dans l’école et la mise en œuvre de grande ampleur.

Considérations stratégiques Bien des aspects doivent être considérés quant à la façon dont l’école peut accroître le plus efficacement les compétences et les connaissances nécessaires au Canada. L’équipe de Canada participatif doit réfléchir à la structure et aux fonctions optimales de l’école au Canada, et les adapter au fil du temps afin qu’elle soit utile aux collectivités et en harmonie avec les efforts de la Here&Now School. Ces fonctions exigent diverses compétences et ressources pour leur mise en œuvre ainsi que de gérer et coordonner les relations avec Participatory City, Royaume-Uni, et les autres campus d’apprentissage à l’échelle internationale et à l’échelle de la collectivité. Canada participatif devrait chercher des façons de mettre en œuvre et à l’échelle les fonctions suivantes de l’école : • Premier point de contact relatif à l’approche de ville participative pour les nouvelles collectivités

« Un modèle de participation à grande échelle faisant office d’école pour les collectivités de partout au Canada »

• Coordination des apprentissages entre les villes et les équipes • Regroupement des résultats et des impacts mesurés • Lieu où démontrer les pratiques de recherche et développement sociale • Formateur en matière de compétences et de connaissances

Le campus d’apprentissage initial au Canada devrait fournir un lien local vers la plateforme d’apprentissage mondiale de Participatory City. Le lien avec la Here&Now School pourrait faciliter de nouveaux apprentissages et favoriser les possibilités de créer conjointement de nouvelles initiatives avec les équipes et partenaires locaux. La connexion à un plus vaste réseau d’expérimentation pourrait également offrir des avantages incitant les communautés à l’échelle nationale et mondiale à adopter de nouvelles pratiques. Une mise à l’essai devra avoir lieu pour mieux comprendre en quoi le campus d’apprentissage canadien peut bénéficier de l’architecture d’apprentissage de Participatory City, en déterminant la meilleure méthode de partage des apprentissages avec la plateforme mondiale et les autres villes canadiennes participantes. Les trois prototypes municipaux à Halifax, Montréal et Toronto peuvent servir de terrains d’essai des variations éventuelles de l’infrastructure d’apprentissage et de leur lien avec l’école. .

Partenariats et relations Pour amorcer la mise en œuvre de grande ampleur, il conviendra d’établir des relations solides et des ressources spécialisées pour veiller à ce que des apprentissages en personne aient lieu et que des liens se forment. Cela exigera la création de partenariats entre Canada participatif et les administrations locales afin de mobiliser des personnes clés, d’instaurer la confiance et d’adapter l’approche de ville participative en fonction des prototypes canadiens actuels. L’équipe de Canada participatif doit déterminer des modes d’interaction avec les établissements post-secondaires, les chercheurs et les experts (concepteurs) dont les activités sont nécessaires pour renforcer les capacités locales et établir le campus canadien. Au fil du temps, la mobilisation de ces organismes et de ces personnes devra être appliquée à l’échelle du Canada pour établir des liens avec d’autres campus d’apprentissage et leur offrir du soutien. Des relations de financement devront être nouées avec des partenaires philanthropiques et du secteur public pour catalyser

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• Lieu de formation et d’apprentissage continu pour les villes et les collectivités


Ressources Des ressources adéquates sont requises pour créer les conditions nécessaires à la croissance de Canada participatif afin d’établir de nouveaux campus d’apprentissage (au départ, une itération de grande ampleur à un endroit) et de soutenir l’évolution et la croissance dans d’autres collectivités et villes au fil du temps. Des ressources humaines et financières sont nécessaires pour appuyer les initiatives visant à créer, à mesurer et à démontrer l’impact durable des écosystèmes participatifs pratiques (voir la figure 12).

Capital humain Les rôles et les responsabilités des équipes des villes et de l’équipe nationale dépendent de l’objet et de la fonction de chaque entité. Dans le scénario principal évoqué par les participants des trois séances stratégiques, l’équipe nationale remplirait la fonction d’école pour appuyer la mise en œuvre de grande ampleur dans la ville. L’équipe nationale serait constituée dès le départ pour offrir du soutien et du leadership à toutes les villes et collectivités participantes. Les rôles et les responsabilités devraient être axés sur plusieurs domaines clés pour intégrer les apprentissages de l’approche de ville participative et communiquer l’initiative en vue d’établir des relations partout au pays. Canada participatif offrirait des partenariats et de la collaboration, une évaluation évolutive à l’échelle nationale, la codification des apprentissages et le renforcement des connaissances. Il coordonnerait l’élaboration des types, des programmes et du matériel d’apprentissage, et la diffusion de l’expertise, des résultats de recherche et du savoirfaire aux autres villes canadiennes qui adoptent l’approche de ville participative. Le soutien de la part de l’équipe nationale aux premiers stades de la mise en œuvre de grande ampleur devrait permettre d’intensifier l’établissement de relations, les connexions à la plateforme mondiale, et la coordination du financement des prototypes. Globalement, l’équipe nationale devrait être responsable de favoriser les relations pour bâtir et financer les infrastructures nécessaires à l’élaboration et à la mise en œuvre de l’approche au fil de l’évolution du réseau de villes et des quartiers partenaires. Chaque ville devrait disposer d’une équipe locale pour contribuer à la gestion des apprentissages de l’approche de ville participative et adapter l’approche à son contexte et à ses collectivités. Les équipes des villes devraient d’abord mettre l’accent sur la création d’écosystèmes participatifs pratiques au moyen des programmes et des liens avec le réseau de villes de Canada participatif. Aux premières étapes, les équipes des villes devraient être composées d’experts dans le domaine de l’élaboration et de la prestation de programmes communautaires, qui seront en mesure de mener à bien des initiatives complexes et d’offrir du soutien connexe. Après environ deux ans de renforcement des systèmes de participation locaux, une ville devrait devenir un campus d’apprentissage possédant l’expertise et les programmes nécessaires pour élaborer et mettre en œuvre des apprentissages par l’expérience pouvant être utilisés et éprouvés par les équipes des nouvelles villes. Dans l’ensemble, les équipes des villes devraient tirer parti des compétences des concepteurs, des gestionnaires de projet et de programme, des conteurs et des collaborateurs, pour définir et concrétiser la vision à l’échelle locale, établir et entretenir des relations, et soutenir les initiatives communautaires qui contribuent à la formation d’écosystèmes participatifs pratiques au sein de leurs collectivités locales.

Figure 12 - Soutenir la croissance de Canada participatif

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Figure 13 - Coûts estimatifs associés à l’exemple d’une cohorte de villes à différents niveaux de mise en œuvre de l’approche de ville participative sur une période de cinq ans

Il serait souhaitable que Canada participatif élabore des estimations financières et des hypothèses pour soutenir une première mise en oeuvre en profondeur dans une ville, et des mises en oeuvre plus modérées dans quatre autres villes, avec l’intention de soutenir de manière plus légère cinq villes supplémentaires sur un horizon de 3 ans. Au fur et à mesure que les initiatives gagnent en maturité, les villes pourraient déployer une démonstration complète et approfondie du projet à l’échelle d’une ville, atteignant alors une population de 220 000 habitants. 242

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Estimations financières Canada participatif devra réaliser des estimations et procéder à des hypothèses sur le plan financier pour offrir un soutien initial à une mise en œuvre de grande ampleur et à quatre mises en œuvre de moyenne ampleur, avec l’intention de soutenir cinq mises en œuvre de faible ampleur dès la troisième année. Le coût de la mise en œuvre des prototypes de stade précoce pour une ville, d’une durée de trois à douze mois, pourrait varier de 125 000 $ à 650 000 $ pour une équipe, les composantes de la plateforme et les vitrines. Les projections financières fournies dans cette section font référence à la situation de Barking et Dagenham, au Royaume-Uni, et peuvent être plus élevées puisqu’il s’agit d’une infrastructure sociale et participative établie. Pendant les trois premières années, Canada participatif peut augmenter ou réduire le nombre de vitrines et d’espaces de création ainsi que l’ampleur du soutien du campus d’apprentissage pour chaque mise en œuvre, qu’elle soit de faible, de moyenne ou de grande ampleur. Au début, les portefeuilles des prototypes à l’échelle des quartiers, ou même des villes, doivent être explorés pour tester les composantes du système et leur interaction avec les apprentissages interurbains et intra-urbains, ainsi qu’avec la mobilisation et le partage des connaissances à l’échelle mondiale. Au fur et à mesure que les villes intègrent davantage l’approche de ville participative, les coûts peuvent augmenter pour passer à environ 2,6 millions $ par année pour l’exécution d’un programme Every One Every Day complet à l’échelle d’une ville, touchant une population de 220 000 habitants. Cette estimation tient compte de cinq vitrines à maturité, le système s’appliquant à divers quartiers de la ville. Les mises en œuvre de faible à moyenne ampleur visent deux ou trois vitrines à maturité permettant de joindre jusqu’à 120 000 personnes. La mise en œuvre dans chaque ville disposerait d’un financement permettant de soutenir l’architecture d’apprentissage dans le contexte local. La figure 13 décrit les coûts estimatifs associés à une série d’exemples de villes à différents niveaux de mise en œuvre de l’approche de ville participative dans une cohorte de villes qui se joignent simultanément à Canada participatif – avec une mise en œuvre de grande ampleur dans une ville, une mise en œuvre de moyenne ampleur dans quatre villes et une mise en œuvre de faible ampleur dans cinq villes. Les estimations financières fournies dans l’exemple ne tiennent pas compte des coûts supplémentaires des autres cohortes de villes qui se joignent chaque année subséquente. L’annexe B présente les remarques et hypothèses financières..

Capital financier Le financement de Canada participatif à un stade précoce pourrait cibler les possibilités de contribution publique pour l’établissement d’une ville prototype ainsi que la création des cadres d’apprentissage et des composantes du système permettant d’ériger les fondements du campus d’apprentissage. Les options de financement à court terme envisagées lors des séances stratégiques penchaient vers un financement traditionnel par des fonds publics ou philanthropiques. L’équipe devrait aussi s’efforcer de recueillir des fonds auprès des gouvernements fédéral et provincial, dès les premiers stades, en s’appuyant particulièrement sur l’infrastructure sociale et civique ainsi que les budgets de reprise d’après-COVID-19. Canada participatif se révèle également un bon candidat pour un financement continu dans le cadre du Programme de préparation à l’investissement, afin de tirer parti des expériences des villes prototypes32. Puisqu’aux stades précoces, l’évaluation et les mesures sont en cours d’élaboration et qu’il est plus difficile de démontrer

directement les impacts, des méthodes de financement plus complexes axées sur les résultats, comme les obligations à impact social, les obligations communautaires et les autres formes de capitaux privés, ne sont pas encore appropriées. L’ambition de Canada participatif ainsi que les perspectives partagées par les participants des séances stratégiques tendent vers une préférence pour un soutien municipal et un budget consacré aux écosystèmes participatifs pratiques, comme l’investissement dans Canada participatif. Aux étapes ultérieures, il serait possible de compléter le financement municipal en utilisant des méthodes de financement axées sur les résultats aux stades précoces, en prévision de résultats plus marqués après dix ans. Les options de moyen à long terme devraient être mieux définies, avec des résultats et des impacts mesurables, explicables et traçables pour effectuer des analyses de rentabilité et prédire le rendement de l’investissement. En outre, le financement au moyen d’obligations à impact social, d’obligations communautaires ou d’autres formes de financement axées sur les résultats, pourrait s’appliquer à long terme pour les actifs et les infrastructures physiques afin d’accroître l’ampleur de Canada participatif. Les participants des trois séances stratégiques ont insisté sur le fait que Canada participatif devrait faire en sorte que les programmes soient financés de façon durable et intégrés au bilan municipal à long terme, de la même façon que les bibliothèques sont financées en tant que ressources communautaires gratuites. La mesure des résultats et des impacts sera essentielle pour démontrer la viabilité et l’efficacité des écosystèmes participatifs pratiques au fil du temps. À l’échelle municipale, cela signifie une harmonisation avec les impacts désirés pour la ville et les quartiers, et à l’échelle nationale, une adéquation avec les objectifs des grandes infrastructures communautaires.

Considérations stratégiques Pour déterminer les coûts totaux, tant sur le plan financier que sur celui des ressources humaines, nécessaires pour accroître l’ampleur de Canada participatif, l’équipe doit tenir compte du niveau de soutien financier et opérationnel fourni par l’équipe nationale. Il est judicieux de fournir un soutien et des ressources à l’échelle nationale pour la mise en place d’une équipe et d’un programme efficaces afin d’augmenter les probabilités de succès de la mise en œuvre de grande ampleur et de valider globalement l’approche de ville participative au Canada. L’équipe doit évaluer le financement et le soutien requis et pouvant être fournis à l’échelle nationale, tant en matière de ressources humaines que de ressources financières, à mesure que de nouvelles villes se joignent au réseau de Canada participatif. Cette évaluation doit tenir compte des activités de croissance du programme au Canada, de la nécessité de renforcer les capacités au sein des villes et entre celles-ci et de la réduction progressive de la dépendance envers l’équipe nationale pour assurer la pérennité du projet. Cet objectif pourrait être atteint par l’acquisition de capacités dans les cohortes de nouvelles villes et le transfert de connaissances et de compétences aux futures cohortes par les villes partenaires établies.

32 Emploi et Développement social Canada (2019), « Programme de préparation à l’investissement » https://www.canada.ca/fr/emploi-developpement-social/programmes/ innovation-sociale-finance-sociale/preparation-investissement.html CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE : PARTICIPATORY CANADA ROADMAP PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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Données probantes Il est très important que Canada participatif établisse des données probantes sur les impacts au moyen d’une évaluation, tant aux premiers stades de la mise en œuvre qu’au fil du temps. Il sera essentiel de montrer l’impact pour les villes canadiennes afin de prouver la viabilité et l’efficacité des changements systémiques dans le cadre des écosystèmes participatifs pratiques. À l’échelle locale, il conviendra de démontrer le succès de l’architecture d’apprentissage et la façon dont l’approche de ville participative est déployée et adaptée dans chaque contexte local. Jusqu’à présent, une approche d’évaluation évolutive a été utilisée pour apprendre constamment et reproduire les divers éléments dans les trois prototypes municipaux à Halifax, Montréal et Toronto. Cela a permis de mieux comprendre les processus, les activités et les premiers impacts de l’approche de ville participative. Les participants des trois séances stratégiques ont indiqué que cette méthode d’évaluation devrait continuer d’être utilisée pour les mises en œuvre de grande ampleur et l’intégration de nouvelles villes au Canada. L’évaluation continuera de générer de l’information permettant de peaufiner Canada participatif à l’échelle nationale, locale et municipale, en relevant et en consignant les apprentissages à considérer par les nouvelles villes pour amorcer l’approche de ville participative dans leurs collectivités

« Il est nécessaire de COMPRENDRE le système – en quoi est-il différent? » Canada participatif devrait utiliser le cadre de mesure des résultats de l’approche de ville participative comme modèle à employer au Canada pour mesurer et surveiller les avantages systémiques que représentent les résultats combinés. Il permet aussi de mesurer les impacts globaux produits grâce à la mobilisation des collectivités et à la multiplication des projets participatifs qu’elles entreprennent. Les participants des trois séances stratégiques ont insisté sur le fait que des données probantes sont requises et que l’impact doit être démontré initialement avec la mise en œuvre de grande ampleur pour bâtir la confiance et insuffler la capacité d’agir nécessaires pour intégrer l’approche de ville participative à nos villes canadiennes. Les villes devraient utiliser cette approche à court terme pour consigner les effets directs et immédiats (p. ex., participation et projets) tout en prenant note des résultats combinés à long terme (p. ex., bien-être mental, confiance et capacités accrues). Cela rendra les villes plus confiantes pour adopter l’approche de ville participative et offrira aux bailleurs de fonds les données probantes nécessaires pour qu’ils financent une mise en œuvre à long terme.

Résultats combinés Les résultats combinés et amplifiés découlant des programmes et des systèmes de Participatory City créent de la valeur pour les collectivités et les villes. Les premiers indicateurs, comme la participation d’une collectivité et les programmes qui y sont instaurés, créent un impact important et un changement profond de la façon dont nos collectivités fonctionnent et de leur résilience à long terme face aux perturbations socioéconomiques.

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« Il ne s’agit pas de la somme du travail, mais bien des résultats amplifiés de l’impact » Les facteurs principaux, qui permettent de générer des impacts et de créer de la valeur au fil du temps ainsi que d’augmenter le bien-être des personnes, des familles et des quartiers, ont été ciblés pendant les discussions des séances de consultation stratégiques. Un suivi doit être assuré et un rapport doit être dressé pour chaque facteur au fil du temps. Pour certains facteurs, il peut être ardu d’établir les liens de causalité. Toutefois, il faut trouver des variables représentatives qui permettent de produire suffisamment d’information pour démontrer les répercussions financières afin de bénéficier de programmes de financement axés sur les résultats ou d’éviter des coûts pour les villes. Les facteurs suivants sont tirés des résultats figurant dans le rapport de la deuxième année de Participatory City, Royaume-Uni, et des conversations lors des séances de consultation. • Éducation : Fournir des espaces pour la collaboration, les interactions et l’apprentissage pour favoriser l’esprit de communauté et développer les compétences requises pour participer à l’économie locale et communautaire. Cela peut se traduire par une augmentation du taux d’alphabétisation, l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou postsecondaires, plus de perfectionnement des compétences, et la possibilité d’occuper un travail gratifiant. Ces bienfaits pourraient permettre de réduire les coûts liés au chômage. • Travail : Créer des espaces et des occasions pour les résidents et le voisinage de se rassembler pour concevoir des produits et des services pour la communauté locale. Le travail procure un revenu et un sentiment d’appartenance à la communauté, ce qui réduit directement les coûts liés au chômage. • Santé et bien-être : Créer les programmes et les relations nécessaires au sein de la communauté pour engendrer des expériences positives, comme le fait de se sentir bienvenu, inclus et accepté dans la communauté. De plus, la promotion de la culture, de la préparation et de la consommation d’aliments sains et de plats faits maison, ainsi que de l’adoption d’un mode de vie actif, permet de s’amuser et de se concentrer sur sa santé et celle de sa famille. Ces facteurs peuvent contribuer à réduire le recours aux services de santé. • Criminalité : Créer un but et des relations dans la communauté, afin de réduire les activités criminelles et les méfaits. Cela pourrait entraîner une baisse importante des coûts de détention et des services de police pour une ville, et des coûts du système judiciaire pour une province et le pays. • Soutien : Alléger le fardeau des familles et offrir un travail valorisant ainsi qu’un sentiment d’appartenance à la communauté en participant à des programmes qui créent des perspectives de soutien à l’enfance et aux personnes âgées. Cela favorise la création de relations plus étroites dans la communauté et la réduction des coûts et du temps consacré par les familles au soutien. Plus globalement, cela réduit le besoin de services de soutien pour les enfants et les personnes âgées.


Données probantes sur les changements sociaux et systémiques D’après les séances de consultation stratégiques, la preuve des changements systémiques et de la réalisation des objectifs de Canada participatif peut être établie dans les collectivités participantes comme suit : • Développement de micro-économies et d’économies locales qui accroissent la résilience des collectivités. • Réduction des tensions raciales et réconciliation avec les Autochtones, grâce à une participation accrue et à des programmes d’inclusion au moyen de la co-création au sein des collectivités. • Valeur sociale et civique positive en raison de communautés florissantes, de la mobilisation communautaire et d’économies locales prospères. • Démonstration des avantages concrets et intangibles aux villes, afin d’obtenir l’adhésion des municipalités et des investissements de la part des divers paliers de gouvernement.

Équipe et relations Des responsables des mesures et des évaluations évolutives doivent être nommés à l’échelle nationale et au sein des équipes des villes pour appuyer les cycles d’apprentissage et d’itération, et respecter les cadres d’évaluation de Canada participatif. Ces personnes doivent être en communication bidirectionnelle avec la plateforme d’apprentissage mondiale pour faciliter le transfert de connaissances et la surveillance des impacts collectifs de l’approche de ville participative. Dès les premières phases d’une

mise en œuvre de grande ampleur, Canada participatif devrait fournir des orientations sur les cadres élaborés à Barking et Dagenham et chercher à les adapter au contexte local. La création et le développement de ces voies de communication permettront à Canada participatif de bien s’établir dans les différentes villes. Des voies de communication clairement définies et des données transparentes renforceront la confiance à l’échelle du système, de la plateforme d’apprentissage mondiale, des administrateurs municipaux, des organismes locaux et des membres de la communauté

Considérations stratégiques Canada participatif devra décider du niveau de centralisation et d’intégration de l’équipe nationale en ce qui concerne le soutien à l’évaluation et la mesure des mises en œuvre à court et à long termes. La préférence quant à une collecte de données dirigée par la ville, avec le soutien de Canada participatif, doit être testée pour les différentes mises en œuvre afin d’en évaluer la viabilité. Des cadres et des outils uniformes doivent être mis à la disposition des équipes locales pour les aider à normaliser les pratiques de mesure pour le développement de l’approche de ville participative au Canada et la démonstration des résultats et des impacts des activités locales. Le degré de perfectionnement de ces outils par l’équipe nationale ou à l’échelle municipale devra également être pris en compte et vérifié. Lorsque les résultats auront été consignés, ils pourront être partagés par les villes sur la plateforme mondiale afin de favoriser la collaboration et de développer de l’expertise dans l’ensemble de la communauté des intervenants de ville participative.

Figure 14 - Cadre de mesure des résultats de l’approche de ville participative331

33

Participatory City Foundation, (2020), « Tools to Act », page 30, http://www.participatorycity.org/outils-to-act

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Coordination, relations et communication Les six composantes essentielles ont toutes en commun les trois éléments que sont la coordination, la communication et les relations et qui contribuent à l’évolution des écosystèmes participatifs pratiques et au bout du compte, de Canada participatif. Les apprentissages tirés des expériences menées au Canada et les solides connaissances de Barking et Dagenham joueront un rôle crucial dans la façon dont ces éléments peuvent être utilisés et organisés efficacement dès le début de la mise en œuvre de grande ampleur ainsi que dans les mises en œuvre subséquentes de grande, de moyenne et de faible ampleur. Principalement, ces éléments constituent les fondements qui contribueront à la réussite et à la croissance des mises en œuvre de Canada participatif, grâce au partage d’apprentissages, à la gestion efficace des relations et au respect des six composantes essentielles pour accroître l’ampleur des systèmes participatifs. Ces éléments jouent un rôle clé dans l’établissement de conditions économiques et de programmes locaux durables et viables pour Canada participatif. La communication et les relations sont essentielles à la croissance de Canada participatif afin de bien faire connaître les impacts réels et potentiels au sein des collectivités et d’accroître l’intérêt, la demande et le soutien collaboratif à l’égard de l’approche dans les villes. Une saine gestion et les talents requis pour réunir ces éléments influeront également sur le succès de la croissance. En fin de compte, l’équipe de Canada participatif doit évaluer comment la coordination, la communication et les relations seront touchées et la façon dont elles peuvent soutenir l’accroissement de l’ampleur de l’approche de ville participative en fonction des six éléments au cours des dix prochaines années.

Figure 15 - Ten year roadmap for Participatory Canada

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Accroître l’ampleur sur trois temps En plus de tenir compte des six composantes essentielles et des trois éléments sous-jacents que sont la coordination, la communication et les relations, Canada participatif devra ériger et soutenir les fondements relatifs aux personnes, au financement durable et aux réseaux au cours des dix prochaines années (voir la figure 10). Pendant la prochaine décennie, le soutien « national » initial requis des équipes des villes pourrait céder la place à un soutien davantage axé sur les villes plus établies, à mesure que le modèle renforce les capacités des villes canadiennes. L’adoption de structures formelles et le maintien des relations avec le campus d’apprentissage mondial permettront à de nouvelles villes et collectivités d’utiliser l’approche de ville participative pour créer des écosystèmes participatifs plus concrets.

Court terme (de 0 à 3 ans) : Ressources humaines

Établissement de la première cohorte de villes La mise en œuvre de grande ampleur initiale et l’établissement du campus Here&Now revêtent une grande importance. Ce site de démonstration sera très utile pour valider le programme de ville participative au Canada. L’équipe qui sera mise sur pied pour établir l’infrastructure participative, apporter son expertise et sa connaissance du programme, concevoir et exécuter les programmes, et mobiliser la communauté, jouera un rôle crucial. Quatre villes disposant d’un soutien d’envergure moyenne de la part de l’équipe nationale formeront le reste de la première cohorte. Elles renforceront les capacités dans le contexte local, de préférence dans diverses régions du Canada, afin de faire connaître Canada participatif partout au pays. Ces villes offriront ensuite du soutien et du mentorat pour cinq autres mises en œuvre de faible ampleur, afin d’entretenir l’élan des systèmes participatifs dans nos villes canadiennes.

L’horizon temporel immédiat et à court terme devrait viser à rassembler les personnes, les infrastructures et les espaces appropriés pour la cohorte initiale de villes. Il est impératif de continuer à tirer profit des apprentissages du Royaume-Uni et du Canada, en mettant l’accent sur l’établissement de cadres de mesure des résultats (pour appuyer le financement futur) ainsi que sur la vision et la croissance de Canada participatif à l’échelle du pays.

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Considérations :

contribuera aux récits et aux méthodes de mobilisation efficaces.

Élaboration de cadres de mesure des résultats

Déterminer une ville possible pour une mise en œuvre de grande ampleur. Il faut comprendre la vision, le contexte et l’expertise à l’échelle locale pour chaque ville pouvant faire l’objet d’une mise en œuvre de grande ampleur et les mises en œuvre de faible ampleur dans d’autres villes. Déterminer le système minimalement viable pour exercer un impact local, tout en contribuant à l’approche de ville participative à l’échelle nationale et internationale.

Intégration des équipes, des partenaires potentiels et des groupes intéressés La mise sur pied d’une équipe nationale possédant l’expertise et la vision requises pour diriger le développement de Canada participatif sera essentielle à l’acquisition des ressources et des capacités nécessaires au soutien des équipes des villes. D’autres personnes, notamment les responsables de la gestion, de la coordination et de l’évaluation des programmes, établiront les infrastructures de base et renforceront les capacités axées sur l’avenir. Renforcer la mesure des impacts, les normes de production de rapports, la communication et les apprentissages créera les conditions nécessaires pour tirer profit des pratiques participatives actuelles et préparer Canada participatif au financement futur et l’élaboration des analyses de rentabilité. En outre, grâce à des récits et à des partenariats efficaces, les partenaires clés potentiels comme les fonctionnaires municipaux et les bailleurs de fonds de Canada participatif pourront participer à l’initiative et connaître les impacts et l’évolution du programme. Les groupes intéressés seront mobilisés en leur inspirant confiance et en les informant de l’importance d’une transition vers des écosystèmes participatifs pratiques.

Considérations : •

Définir des méthodes efficaces pour intégrer de nouveaux collègues dans l’écosystème de ville participative, en tirant parti des outils et médias numériques en raison de la pandémie. L’apprentissage par l’expérience et les activités en personne étaient les méthodes privilégiées des participants des séances de consultation et des discussions subséquentes, mais en réalité, les interactions en personne peuvent être limitées.

Mobilisation communautaire L’accent doit être mis directement sur les collectivités de la première cohorte de villes, afin de communiquer efficacement, d’établir un leadership à l’échelle locale, et de renforcer les capacités de l’approche de ville participative. L’examen des meilleures pratiques des villes au Royaume-Uni et au Canada

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Des cadres de mesure des résultats devront être établis au début, afin de recueillir les données nécessaires aux communications générales et aux analyses de rentabilité pour un financement supplémentaire. Les données recueillies permettront à l’équipe de Canada participatif de démontrer la raison de l’atteinte des résultats du programme et de procéder à une analyse de rentabilité appuyant des économies ou un rendement des investissements afin d’intéresser les bailleurs de fonds potentiels. Que le financement soit octroyé par des bailleurs de fonds axés sur les résultats (secteur privé), des philanthropes ou provienne des budgets municipaux, les données recueillies permettront d’obtenir le soutien de ces possibles partenaires et bailleurs de fonds.

Objectifs de cette phase 1.

Intégrer cinq villes à Canada participatif pour une mise en œuvre de grande ampleur et quatre mises en œuvre de moyenne ampleur. Cinq autres villes seront désignées pour une mise en œuvre de faible ampleur de Canada participatif.

2.

Développer les capacités et l’expertise des ressources humaines nécessaires à l’exécution de l’approche de ville participative dans le contexte local des dix villes.

3.

Concevoir et tester l’architecture de résultats initiaux pour démontrer la valeur et les impacts de l’approche de ville participative.


Moyen terme (de 3 à 5 ans) : Financement durable À moyen terme, l’établissement de méthodes de financement durable doit être priorisé pour favoriser l’accroissement de l’ampleur des écosystèmes participatifs pratiques au Canada. Au cours de cette phase, Canada participatif doit passer des cohortes de villes initiales au financement et à l’établissement des cohortes de la prochaine décennie. La mesure des résultats, les données et les récits convaincants tirés des mises en œuvre seront essentiels à un financement durable.

Financement durable La mise en œuvre de grande ampleur dans la ville initiale fournira des données probantes importantes pour préparer une bonne analyse de rentabilité de l’approche de ville participative. Deux des principaux outils de financement qui contribueront à une croissance soutenue de Canada participatif sont le financement axé sur les résultats et le soutien municipal sous forme de dépenses budgétaires consacrées aux programmes. Le financement par un bailleur de fonds axé sur les résultats exige de démontrer la raison de l’atteinte des résultats souhaités. L’infrastructure et les méthodes utilisées pour la collecte et la communication des impacts générés dans le cadre de l’approche de ville participative devront être établies rapidement et testées au début de la première cohorte de villes pour produire et recueillir les données requises. Il faudra également démontrer la raison de l’atteinte des résultats du programme pour justifier des dépenses ou une réaffectation de fonds de la part de la municipalité et produire les avantages et les résultats désirés pour les collectivités à l’aide de l’approche de ville participative. Il faudra également continuer de produire et de partager les témoignages et les récits tirés des initiatives locales pour appuyer les analyses de rentabilité et l’établissement de relations avec les bailleurs de fonds potentiels, qui doivent constater les impacts au moyen de données probantes.

Consolidation du site initial de mise en œuvre de grande ampleur Au cours de cette période, le campus canadien Here&Now devrait être entièrement opérationnel et viable, et offrir un centre d’expertise pour les villes du Canada. Ce campus devrait être le principal point d’interaction au pays pour toutes les collectivités et les villes qui utilisent actuellement, ou visent à établir, des écosystèmes participatifs pratiques.

Établissement de la deuxième cohorte de villes Pendant cette phase, un soutien sera offert à quatre villes canadiennes pour utiliser l’approche de ville participative. La réussite de la mise en œuvre exigera le soutien de la première cohorte de villes au moyen d’expériences immersives, d’apprentissages, de renforcement des capacités et d’orientations. L’équipe de Canada participatif doit apporter son soutien sous forme de coordination à la nouvelle cohorte de villes. Elle doit miser sur l’expertise de la première cohorte de villes en matière d’intégration de l’approche, des programmes et de l’architecture d’apprentissage de ville participative à l’échelle locale.

Objectifs de cette phase 1.

Offrir un soutien à quatre villes supplémentaires, en tirant profit des leçons apprises par la première cohorte de villes, de son expertise et de ses conseils pour guider les villes dans l’approche de ville participative.

2.

Utiliser l’architecture de résultats et démontrer aux bailleurs de fonds et aux partenaires potentiels les valeurs et les impacts de l’approche de ville participative.

3.

Offrir une orientation et une expertise au campus Here&Now canadien pour aider les autres villes à développer la capacité d’effectuer des changements sociaux systémiques.

Considérations : •

Valider et tester les méthodes et les approches de financement utilisées pour mieux tirer parti des ressources disponibles, des relations et des facteurs dans le contexte local. Par exemple, une mise en œuvre profitant d’un excellent soutien politique peut permettre d’obtenir des fonds publics pour soutenir la pérennité de l’approche de ville participative. Une autre ville ne jouissant pas d’un bon soutien politique peut se servir du cadre de mesure des résultats pour utiliser les méthodes axées sur les résultats ou les émissions d’obligations communautaires.

Comprendre les motivations des bailleurs de fonds pour mieux positionner Canada participatif comme outil utile pour les villes. Tenir compte du fait que la réponse à la pandémie et les efforts de redressement économique à moyen terme peuvent présenter des occasions et des défis relativement au financement public.

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Long terme (de 5 à 10 ans) : Création de réseaux Sur la période de dix ans, Canada participatif devrait s’efforcer d’approfondir ses relations et ses réseaux pour accroître l’ampleur à long terme de l’approche de ville participative. L’objectif établi lors des séances de consultation stratégique est que Canada participatif devrait soutenir l’approche de ville participative en présence d’une demande claire et de conditions appropriées dans au moins 50 villes ou collectivités du Canada d’ici 2030, qui s’offriraient un soutien mutuel pour instaurer les programmes, actifs et systèmes nécessaires pour obtenir des résultats sociaux positifs. Sur la période de dix ans, des effets devraient être constatés dans les villes ayant établi des écosystèmes participatifs pratiques, clairement démontré une valeur communautaire et contribué à la croissance de Canada participatif.

Intégration de Canada participatif dans cinq régions du Canada Au fur et à mesure que davantage de villes intègrent la plateforme de Canada participatif après les deux cohortes initiales, Canada participatif devrait mettre l’accent sur l’exploration d’une structure de réseau géographique pour offrir un soutien plus localisé aux villes. Cette structure pourrait permettre d’ajouter d’autres villes en créant des relations avec de nouvelles villes dans une région et en en renforçant les capacités, tout en appuyant la coordination et la diffusion des apprentissages des autres villes et régions, ou de l’ensemble des expériences. Chaque région pourrait établir l’approche dans des villes initiales pour créer un réseau de soutien régional et démontrer que l’approche pourrait être adoptée par les collectivités et les villes avoisinantes.

Soutien des villes initiales Canada participatif devrait aider les villes concernées par les mises en œuvre de grande ampleur à élaborer des expériences d’apprentissage pour les autres villes. Les campus d’apprentissage et les récits locaux découlant de leurs mises en œuvre de l’approche de ville participative devraient être accessibles pour un apprentissage commun de Canada participatif et sur la plateforme d’apprentissage mondiale. Certaines ressources humaines et financières en matière de coordination peuvent être nécessaires pour améliorer la collaboration et les occasions d’apprentissage au cours de cette phase d’expansion de Canada participatif.

Financement à long terme et pérennité Au cours de cette phase, Canada participatif doit s’assurer de maintenir le financement en cours et d’obtenir un nouveau financement durable pour appuyer la prestation de programmes continue en promouvant le soutien aux nouvelles villes. L’équipe nationale peut faciliter l’établissement de relations, l’information des principaux partenaires potentiels et groupes intéressés, et le partage des données du programme pour élaborer de nouvelles analyses de rentabilité. Avec pour objectif une plateforme de Canada participatif bien établie d’ici 2030, diverses méthodes de financement devraient être éprouvées pour déterminer celles qui offrent le meilleur soutien aux villes et à leurs réseaux dans les différentes phases de mise en œuvre, afin d’établir des pratiques exemplaires pour les modèles de financement.

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Hypothèses, contraintes et considérations futures Dans le cadre des trois séances de consultation stratégique, d’autres discussions et de recherches secondaires, bien des hypothèses, contraintes et considérations futures se sont imposées et doivent être abordées par Canada participatif au cours des dix prochaines années pour gérer efficacement l’accroissement de l’ampleur de l’approche de ville participative. Pour envisager l’avenir sereinement, Canada participatif doit adopter des solutions systémiques et tenir compte des possibilités d’externalités et des incertitudes afin de pouvoir s’adapter aux différentes évolutions de la feuille de route qui se présenteront au cours de la décennie.

A. Échelle de mise en œuvre : Mises en œuvre de grande ampleur à faible ampleur La plus grande partie de la feuille de route de Canada participatif décrit l’ampleur de la mise en œuvre comme la quantité de programmes dans une ville donnée. Cela comprend le nombre de vitrines, d’éléments de l’architecture d’apprentissage dans l’école, et la participation des villes aux programmes. Canada participatif doit s’efforcer de cerner et de mesurer d’autres facteurs parmi les principales composantes d’accroissement de l’ampleur (voir la figure 7) qui contribuent à l’intégration des principes de base, de l’expertise et de la formation d’écosystèmes participatifs pratiques. Par exemple, entre autres composantes essentielles à l’accroissement de l’ampleur, citons les connaissances et l’expérience des intervenants d’une communauté et d’une ville.

B. Accroissement de l’ampleur au moyen des pratiques participatives existantes Les participants des séances stratégiques ont conseillé d’effectuer une mise en œuvre de grande ampleur pour offrir un scénario de réussite pouvant inspirer confiance aux partenaires et bailleurs de fonds potentiels pour intégrer l’approche de ville participative à d’autres villes intéressées. Toutefois, cela ne permet pas de tirer parti du secteur social en pleine éclosion au Canada. Canada participatif pourrait mettre l’accent sur le soutien aux collectivités à l’aide des pratiques participatives en place. L’intégration de l’approche de ville participative aux pratiques existantes peut amplifier les répercussions des programmes en place et accélérer la création d’une solide infrastructure sociale pour assurer des changements systémiques à long terme et la résilience des collectivités. Une foule d’organisations et de grands organismes publics peuvent fournir les relations, les ressources et les programmes requis pour rapidement accroître l’ampleur dans les municipalités, tout en assurant l’adaptation à chaque contexte local. Les réseaux communautaires peuvent créer des occasions d’améliorer l’adoption des « produits » comme les trousses Tomorrow Today Street dans plus de 190 municipalités du Canada. Canada participatif devrait explorer les possibilités

de partenariat dans les villes au moyen de recherche et développement sociale en continu et d’une infrastructure de participation concrète, afin d’évaluer comment accélérer collectivement l’impact dans ces collectivités.

C. Tirer parti de l’expérience À chaque nouvelle mise en œuvre, Canada participatif devrait tirer profit des apprentissages, de l’architecture et de l’infrastructure existants au lieu de repartir à zéro. Cela permettrait un déploiement et des impacts plus rapides et fructueux pour les gens, les villes et la planète, comparativement aux mises en œuvre précédentes. Le recours à d’autres expériences et scénarios d’utilisation donne lieu à un niveau élevé d’apprentissage et d’expériences immersives permettant de bien comprendre les conditions du succès et leur application à de nouveaux contextes. Cela aura une incidence sur la façon dont les villes forment et informent leurs équipes avant et pendant la mise en œuvre, pour créer les capacités nécessaires à une mise en œuvre efficace de ces écosystèmes participatifs pratiques au sein de leurs collectivités de manière très adaptative.

D. Poursuite des apprentissages et de la collaboration au fil du temps Pour cette initiative relativement nouvelle au Canada, le partage des nouveaux apprentissages et la collaboration entre les équipes devront se poursuivre au fil du temps. À mesure que le modèle s’affermira, Canada participatif et les équipes des villes devraient se demander comment redistribuer les efforts nécessaires pour continuer d’augmenter l’efficacité de l’approche, tirer parti de nouveaux apprentissages, et créer des pratiques exemplaires pour accroître l’ampleur. Par exemple, les types d’architectures d’apprentissage préconisant des interactions en personne ou des apprentissages avec un petit nombre de participants peuvent maintenir un bon niveau d’énergie, mais ils nécessitent des ressources spécialisées et peuvent être plus coûteux. Les programmes à l’intention des intervenants, comme les communautés de praticiens, se basent sur l’intérêt et l’énergie des participants pour pallier la distance grâce aux médias numériques, mais ils exigent également des efforts et de la coordination pour présenter des sujets pertinents. Au fil du temps, ces types d’initiatives peuvent souffrir d’un manque d’inertie et de pertinence pour les participants, et doivent être reconnus comme des risques potentiels de réduction de l’efficacité de l’approche dans des phases ultérieures de l’évolution de Canada participatif.

E. Qu’en est-il du financement temporaire des partenaires et des organismes? Bien que soit souhaité un financement de l’approche de ville participative intégré au budget de chaque ville dans le cadre de coûts de soutien permanents de l’infrastructure sociale, il n’existe aucune façon claire d’y parvenir. Canada participatif devra gérer les tensions des partenaires de financement et des premières étapes quant à la façon dont leur engagement dans Canada participatif devra effectuer une transition pour CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE : PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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qu’ils deviennent des partenaires et bailleurs de fonds à long terme, au fur et à mesure que le programme se développera dans les collectivités locales.

F. Pandémies La persistance possible de la pandémie de COVID-19 et l’éventualité d’autres pandémies à venir pourraient entraîner des difficultés socio-économiques permanentes susceptibles d’influer sur l’évolution de Canada participatif. À court terme, l’équipe devrait se concentrer sur l’organisation d’expériences en personne et immersives ainsi que d’apprentissages par l’expérience sécuritaires sur le plan de la santé, tout en modifiant les programmes pour les rendre accessibles par des moyens numériques et en faire l’essai. Ces adaptations influeront grandement sur la façon dont les intervenants et les nouvelles équipes apprennent et font l’expérience des exemples phares de Londres, au Royaume-Uni, et du campus d’apprentissage canadien. En outre, les nouvelles difficultés socio-économiques des collectivités pourraient nécessiter de modifier les types de programmes participatifs et d’infrastructures connexes requis dans les collectivités. Cela pourrait se traduire par la transition de difficultés communautaires persistantes (p. ex., culture d’aliments sains et disponibles) à des difficultés émergentes éprouvées pendant la pandémie (p. ex., création d’une société ouverte pour favoriser l’économie locale). Ces modifications doivent être établies et évaluées dans le temps, en les altérant en fonction des besoins changeants des collectivités. .

G. Ressources financières limitées dans les villes Ces dernières années, les municipalités font face à des pressions accrues, encore exacerbées par la pandémie de COVID-19, pour qu’elles offrent plus de services, mais avec des budgets moins élevés. Elles se retrouvent dans une situation financière difficile en raison de la priorité donnée aux changements climatiques, de l’étendue et du coût de prestation des services au sein d’une ville, et de l’écart des dépenses d’infrastructure avec les autres paliers de gouvernement. Cette réalité pourrait encore s’aggraver en raison des difficultés associées au redressement économique relatif à la COVID-19 et aux dépenses subséquentes du gouvernement du Canada. Canada participatif devra évaluer la trajectoire que pourra prendre l’accroissement de l’ampleur compte tenu de la baisse du financement des villes et de l’amoindrissement de l’intégration aux budgets municipaux. Le financement durable par d’autres partenaires de financement à long terme doit être exploré, y compris la possibilité d’un financement transitoire pour intégrer l’infrastructure sociale participative aux collectivités au cours de la prochaine décennie.

H. Démonstration de l’impact Canada participatif devra trouver des façons de créer, de mesurer et de démontrer les répercussions dans les collectivités et les villes canadiennes, pour permettre un accroissement de l’ampleur de l’approche au Canada. Les cadres de mesure doivent être élaborés et éprouvés avec les partenaires et bailleurs de fonds existants et potentiels. Il convient d’utiliser ces outils en veillant à ce que les résultats intangibles, comme le bonheur et la qualité des amitiés, puissent se traduire en impacts mesurables, comme la réduction des dépenses liées aux soins de santé et au système judiciaire, pouvant faire l’objet d’un soutien et d’un financement durables. La démonstration des impacts sera un facteur clé pour accroître l’ampleur de l’approche de ville participative.

Compréhension de la demande émergente Canada participatif est axé sur la demande depuis sa création. Il ne s’agit pas d’un modèle mis en place dans les collectivités selon une perspective descendante. Il a été créé en fonction de la demande d’un certain nombre de municipalités et de collectivités qui souhaitaient en apprendre davantage sur l’approche de ville participative et en vérifier la faisabilité. Depuis plusieurs années, il suscite l’intérêt de nombreuses villes au Canada, y compris au Québec. Au cours des dernières années, avec l’émergence de Canada participatif, des dirigeants et des organismes communautaires se tournent vers la Maison de l’innovation sociale (MIS) pour étudier la possibilité de mettre en œuvre cette approche dans leur communauté et faire passer le travail participatif à la vitesse supérieure. En plus du travail effectué par Solon dans Ahuntsic-Cartierville, à Montréal, d’autres communautés du Grand Montréal et d’ailleurs au Québec ont pris des mesures pour instaurer l’approche de ville participative. Des collectivités et organismes d’autres régions du Canada ont également fait part de leur intérêt. Cet intérêt accru pour des mesures concrètes mérite d’être analysé plus en profondeur. Parmi les questions que Canada participatif doit examiner pour accroître l’ampleur de l’initiative, mentionnons : • Pourquoi l’intérêt augmente-t-il maintenant? • Quels éléments de l’approche de ville participative sont les plus attrayants pour les acteurs intéressés et les partenaires potentiels? • Ces acteurs sont-ils déjà engagés dans des initiatives participatives de leur communauté? Le cas échéant, comment l’approche de ville participative peut-elle être adaptée à ces initiatives participatives existantes pour en accroître l’impact? • Quels éléments de l’approche de ville participative sont les plus attrayants pour les potentiels bailleurs de fonds? En quoi cela peut-il aider à structurer un récit canadien et à s’assurer d’un financement durable pour Canada participatif? Une meilleure compréhension de cette demande émergente pourrait contribuer à établir Canada participatif de façon stratégique au cours des dix prochaines années dans différentes villes du pays.

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Conclusion La feuille de route de Canada participatif fournit des recommandations sur l’orientation de la stratégie avec l’accroissement de l’ampleur de l’approche de ville participative au Canada. L’équipe de Canada participatif, ainsi que ses partenaires actuels et potentiels, utiliseront les renseignements recueillis durant les séances de consultation stratégique ainsi que leurs propres réflexions initiales sur la feuille de route comme principaux éléments de données pour éclairer l’ordonnancement et la mise en œuvre en vue de la planification stratégique qui aura lieu au début de 2021. L’objectif sera d’utiliser la feuille de route pour la planification à long terme par l’équipe centrale, afin de jeter les bases des futures orientations pour le renforcement et la mise en œuvre de l’approche de ville participative au Canada. La feuille de route cerne les principaux thèmes, lacunes, contraintes, hypothèses, conséquences et occasions qui devront être pris en compte au cours de la prochaine, des cinq prochaines et des dix prochaines années nécessaires à l’accroissement de l’ampleur. Au cours de la prochaine décennie, il faudra s’assurer d’une croissance équilibrée des six composantes essentielles, soit la vision, le contexte, l’architecture d’apprentissage, l’école, les ressources et les données probantes, pour étendre les écosystème participatifs pratiques à de nouvelles villes tout en veillant à une croissance de la coordination, de la communication et des relations proportionnelle et suffisante pour appuyer le réseau croissant de villes au pays. Pour soutenir l’évolution de l’approche, il faut mettre l’accent sur les personnes à court terme, sur le financement durable à moyen terme et sur les réseaux à long terme. Au cours des trois séances de consultation, de nombreux points de convergence sont apparus entre les participants, les équipes responsables des expériences dans les villes et les principes de l’approche de ville participative, permettant de soutenir une évolution systémique. Ces éléments de consensus devraient servir de principes de conception initiaux de Canada participatif pour les équipes responsables de la mise en œuvre dans les villes et à l’échelle nationale afin de concevoir et de soutenir la mise en œuvre de grande ampleur et les mises en œuvre de faible et de moyenne ampleur subséquentes. Les apprentissages en personne et en ligne seront essentiels à l’établissement de Canada participatif.

Au cours des premières phases, il sera crucial de mettre l’accent sur la capacité des experts locaux à adapter l’approche de ville participative aux collectivités canadiennes. Les expériences immersives permettront aux personnes et aux équipes au cœur des nouvelles mises en œuvre de comprendre les avantages intangibles de la formation d’écosystèmes participatifs pratiques, mais il faudra aussi tenir compte des contraintes en matière de sécurité sanitaire, en faisant en sorte que les rassemblements soient sécuritaires ou en offrant des programmes numériques qui proposent le même niveau d’apprentissage par l’expérience. Le campus d’apprentissage sera nécessaire pour valider l’approche auprès des bailleurs de fonds, des groupes intéressés et des partenaires potentiels. À l’échelle locale, la démonstration du succès et des impacts importants de l’approche (p. ex., réduction de la pauvreté, création d’emplois et réduction des dépenses en soins de santé) permettra d’apporter la preuve de la fiabilité du modèle et ainsi de s’assurer d’un financement durable et d’une mise en œuvre à long terme. La feuille de route propose des choix pour établir le cadre et l’orientation de Canada participatif, soutenir la vision et les objectifs de l’approche et répondre à l’intérêt grandissant des villes, et les équipes responsables de la mise en œuvre dans les villes et à l’échelle nationale devront tirer le meilleur parti du leadership éclairé et des connaissances provenant des expériences de Barking et Dagenham, ainsi que des apprentissages précoces des prototypes de Canada participatif. En outre, les efforts pour faire évoluer l’approche et en accroître l’ampleur devront être axés sur l’évaluation, les apprentissages et l’amélioration continue tout en tenant compte de la vision et des défis uniques de Canada participatif. À court, moyen et long termes, les aspects à considérer et les choix proposés pour faire évoluer les composantes essentielles devront être mûrement réfléchis, testés et évalués afin d’adapter l’accroissement de l’ampleur de l’approche de ville participative au contexte canadien. Selon certaines hypothèses et compte tenu de certaines lacunes, les équipes responsables de la mise en œuvre dans les villes et à l’échelle nationale devront évaluer comment elles peuvent influer sur l’inclusion de l’approche de ville participative au sein des collectivités.

Espérons que le parcours pour accroître l’ampleur de l’approche de ville participative soit stimulant et systémique. Avec l’établissement de données probantes et l’utilisation de nouveaux cadres de mesure des impacts, Canada participatif pourrait devenir un chef de file de l’établissement, de l’intégration et du financement de l’infrastructure sociale participative au Canada au cours de la prochaine décennie, et au-delà.

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PARTICIPATORY CANADA ROADMAP


Annexes

3.

Annexe A : Résumé des séances stratégiques Séance de consultation 1: Accroissement de l’ampleur La séance sur les scénarios d’accroissement de l’ampleur était la première d’une série de trois séances stratégiques ayant permis d’élaborer la feuille de route de Canada participatif. La première séance a permis à tous les participants de s’entendre sur l’objectif de Canada participatif dans le cadre d’une vision pour les dix prochaines années. En remontant dans le temps, les principaux jalons ainsi que les composantes de mise en œuvre connexes ont été établis pour la vision des cinq premières années et celle de la première année. Participants Aggie Paulauskaite Alex Ryan Delyse Sylvester Greg Woolner Jayne Engle Jim Anderson Keren Tang Kia Kavoosi Mélanie Bisson

Nat Defriend Patrick Dubé Paul Messer Shannon Lutz Sophia Horwitz Tessy Britton Tracey Robertson Virginie Zingraff Yanique Bird

Liens • Note de synthèse - http://shorturl.at/qzMQ7 • Diapositives utilisées pour l’exposé, préparées par la Participatory City Foundation - http://shorturl.at/wxPSZ • Résumé de la séance - http://shorturl.at/hjAHS

Séance de consultation 2 : Apprentissages L’objet de la deuxième séance était d’obtenir une compréhension commune du bien-fondé d’une architecture d’apprentissage nationale pour Canada participatif. Cela permettrait de catalyser le travail des villes canadiennes souhaitant expérimenter l’approche de ville participative pour définir conjointement un ensemble de mécanismes d’apprentissage dans une architecture d’apprentissage canadienne, afin d’aider les villes à atteindre leurs objectifs et à obtenir des résultats au cours des trois à cinq prochaines années, en fonction de trois dimensions d’apprentissage : 1.

Comment une architecture d’apprentissage de Canada participatif peut-elle contribuer à la conception, à l’expérimentation et à l’application des meilleures pratiques de ville participative à l’échelle locale pour générer des impacts dans les villes canadiennes?

2.

Comment une architecture d’apprentissage de Canada participatif peut-elle assurer la légitimité de l’approche de ville participative tout en favorisant et en maximisant l’engagement des partenaires clés potentiels dans les villes canadiennes (p. ex., fonctionnaires, organismes communautaires, collectifs citoyens)?

Comment une architecture d’apprentissage de Canada participatif peut-elle créer les conditions nécessaires à une croissance durable de l’approche de ville participative dans les villes canadiennes, en plus des trois prototypes au Canada?

Participants Aggie Paulauskaite Aimee Gasparetto Alex Ryan Andrea Nemtin Chloé Dodinot Dale McFee Delyse Sylvester Denise Soueidan-O’Leary Enniyeah Okere Greg Woolner Indy Johar

Jayne Engle Keren Tang Louise Ellaway Marie-Josée Parent Maude Lapointe Nat Defriend Pam Glode Paul Messer Shona Fulcher Sue Talusan Wissam Yassine Yanique Bird

Liens • Note de synthèse - shorturl.at/fFJLQ • Diapositives utilisées pour l’exposé, préparées par la Participatory City Foundation - http://shorturl.at/lmwT6 • Résumé de la séance - http://shorturl.at/tzAT5

Séance de consultation 3 : Financement L’objet de la séance sur les scénarios de financement était de définir les derniers renseignements requis pour établir la feuille de route de Canada participatif. De manière générale, la séance visait à établir les méthodes et les outils de financement de Canada participatif, y compris : • Cerner les bailleurs de fonds et le financement appropriés pour le financement de Canada participatif • Discuter de la façon de susciter l’intérêt des bailleurs de fonds et leur engagement envers le financement • Sélectionner les outils financiers pouvant convenir à la mise en œuvre de Canada participatif en fonction des résultats, des horizons temporels et du financement requis Au cours de la séance, les participants ont travaillé sur deux scénarios de Canada participatif traitant d’une mise en œuvre à l’échelle locale ou nationale sur des périodes d’un an, de trois à cinq ans, et de dix ans, afin d’explorer les incidences financières d’après ces deux scénarios.

Participants Adam Jagelewski Alex Ryan Delyse Sylvester Denise Soueidan-O’Leary Greg Woolner Jayne Engle Jennifer Angel Keren Tang Kia Kavoosi Louise Ellaway Mélanie Bisson

Michelle Baldwin Micheal Lukowitz Mike Davis Nat Defriend Patrick Dubé Paul Messer Shannon Lutz Sophia Horwitz Tessy Britton Tracy Robertson

Liens • Note de synthèse - http://shorturl.at/zEGNP • Diapositives sur le financement (à lire avant la séance) http:// shorturl.at/itN37 • Résumé de la séance - http:// shorturl.at/dwyKO CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE : PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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Annexe B: Considérations financières

• 5 mises en œuvre de faible ampleur : 2 vitrines touchant 75 000 personnes

Projections financières de Canada participatif Remarques : 1.

Ces exemples ne sont fournis qu’à titre indicatif et décrivent les mises en œuvre de grande, moyenne et faible ampleur touchant de 75 000 à 220 000 personnes après leur établissement avec des infrastructures sociales et participatives en place. Les estimations de coûts sont fondées sur les dépenses de Barking et Dagenham, au Royaume-Uni, et de Canada participatif, avec une extrapolation à un total de dix villes.

2.

La mise en œuvre de grande ampleur comporte des coûts supplémentaires pour le campus d’apprentissage national, alors que les mises en œuvre de moyenne et faible ampleur comportent des coûts proportionnels pour l’architecture d’apprentissage locale.

3.

Estimation des coûts graduels sur trois ans à compter de la première année de la mise en œuvre dans chaque ville. Les coûts atteignent 33 % la première année, 67 % la deuxième année, et 100 % la troisième année.

4.

Les coûts de l’équipe nationale sont estimés à 1,2 million $ selon les prévisions et les dépenses historiques de Canada participatif sur trois ans.

• 1 mise en œuvre de grande ampleur : 5 vitrines touchant 220 000 personnes • 4 mises en œuvre de moyenne ampleur : 3 vitrines touchant 120 000 personnes

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5.

Les coûts approximatifs non liés au personnel pour les éléments de la mise en œuvre de grande ampleur (selon le scénario de Barking et Dagenham); vitrines 11 %, entrepôt 5 %, Tomorrow Today Streets 5 %, communication 5 %.

6.

Les coûts de dotation en personnel en pourcentage du coût total de la mise en œuvre, échelonnés selon le nombre de vitrines (3 concepteurs par vitrine); Personnel du quartier 35 %, personnel de l’école 13 %.

7.

Frais généraux d’environ 10 % selon les dépenses historiques

Les renseignements suivants représentent une estimation préparée pour les trois séances de consultation stratégique. La structure suggérée pour le personnel et l’équipe confirme les réflexions préliminaires de l’équipe de Canada participatif.

Considérations en matière de ressources humaines Équipe responsable de la mise en œuvre de grande ampleur (au début, un minimum de six employés à temps plein et des employés contractuels, au besoin) Chaque ville doit disposer d’une équipe locale pour contribuer à l’adaptation de l’approche de ville participative au contexte local, afin de créer des communautés plus participatives et plus inclusives. Les équipes de projet, formées de concepteurs, de conteurs, de collaborateurs et de responsables de programme, gèrent la vision à l’échelle locale, établissent des relations et soutiennent les initiatives communautaires. Voici des rôles qu’il pourrait être utile d’inclure dans l’équipe de mise en œuvre de grande ampleur initiale : • Concepteurs par vitrine bien formés. L’expérience de Barking et Dagenham a révélé que trois concepteurs par vitrine sont nécessaires pour créer les programmes. Ce sont les experts sur le terrain des pratiques et des outils de ville participative qui contribuent à renforcer les capacités d’une communauté. Le nombre de concepteurs augmentera à mesure que le programme se développera pour s’assurer de son efficacité. D’après les expériences menées au Canada et au RoyaumeUni, environ 13 concepteurs feront partie de l’équipe d’un site de mise en œuvre de grande ampleur établi.

• Le directeur de programme gère le programme au sein des collectivités. Il communique avec les divers partenaires et entretient des relations étroites dans la ville, afin de bâtir la confiance et d’insuffler la capacité d’agir à l’égard des programmes élaborés et mis en place. • L’évaluateur et le spécialiste des apprentissages assurent un soutien aux apprentissages et consignent les résultats des programmes. Ils entretiennent des relations étroites avec l’école, les autres évaluateurs et toutes les autres équipes, afin de continuer à peaufiner les mesures d’évaluation de l’approche de ville participative.

Équipe centrale de Canada participatif (au début, un minimum de quatre employés à temps plein et des employés contractuels) Cette équipe doit être formée dès le début pour offrir du soutien et du leadership à toutes les villes et collectivités participantes. Les rôles et les responsabilités doivent être axés sur plusieurs domaines clés afin d’intégrer les apprentissages de l’approche de ville participative et de communiquer l’initiative en vue d’établir des relations partout au pays. • Directeur responsable. Le directeur responsable de l’équipe nationale noue et renforce les relations avec l’école, les équipes de la ville et de la communauté, et les partenaires stratégiques et de financement. Il joue un rôle de premier plan dans la création de contenu, la stratégie, les communications, les recherches et les apprentissages. • Coordonnateur. Le coordonnateur gère les obligations de l’équipe nationale relatives aux tâches administratives, aux programmes, aux communications et à la production de rapports. • Évaluateur de ville. L’évaluateur établit un cadre d’évaluation à l’échelle nationale et aide à intégrer de nouvelles méthodes d’évaluation et de nouveaux apprentissages tout en contribuant aux processus de collecte de données pertinentes à l’échelle locale. • Soutien aux initiatives de collecte de fonds et aux partenariats à l’échelle locale. Ce rôle contribue à bâtir un dossier pour le financement dans les municipalités et les collectivités. Il peut œuvrer à l’échelle régionale, trouver des partenaires communautaires et présenter aux villes des possibilités de financement pertinentes.

• Communication. Le responsable des communications a pour responsabilité de gérer les témoignages, la conception et les actifs créatifs de la mise en œuvre de grande ampleur et des programmes connexes. Il joue un double rôle en co-créant des actifs avec les résidents pour assurer la mobilisation communautaire et en communiquant les résultats à Canada participatif et sur la plateforme d’apprentissage mondiale. • L’équipe opérationnelle comprend un directeur de programme et un évaluateur. Cette équipe est responsable de la gestion globale et entretient des relations avec des membres de la communauté, des organismes, l’équipe de soutien nationale et la plateforme mondiale. CANADA PARTICIPATIF | PREMIÈRE ANNÉE : PHASE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT SOCIALE

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7. ÉLÉMENTS À RETENIR POUR L’AVENIR

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Éléments à retenir pour l’avenir Plusieurs partenaires souhaitent approfondir leurs travaux de création et d’accroissement de l’ampleur en fonction des apprentissages et fondements de la phase de R et D sociale. Un nombre croissant de communautés, d’organismes, de fondations et d’organismes gouvernementaux ont signalé vouloir aider à créer cette infrastructure sociale participative. Pour ce faire, il faudrait former un bon réseau de résidentes, résidents, partenaires et championnes et champions de partout au pays.

Principaux éléments à retenir de la phase de R et D sociale L’approche s’adapte très bien Les constats de la première année de R et D sociale montrent que l’approche de l’organisme Participatory City est réalisable, qu’elle peut très bien s’adapter et qu’elle est souhaitable dans divers contextes canadiens pour créer une participation à grande échelle. Les travaux faits au Canada n’étaient pas seulement une reproduction des travaux faits au Royaume-Uni. Ils visaient plutôt à améliorer, développer et adapter l’approche afin qu’elle corresponde à la réalité et au contexte des communautés d’ici. En Nouvelle-Écosse, l’initiative Every One Every Day KjipuktukHalifax est gérée par des Autochtones et place la réconciliation au cœur de ses préoccupations. À Montréal, Notre voisinage crée de la solidarité entre des résidentes et résidents de longue date et des personnes arrivées récemment au Canada, en favorisant les projets axés sur une transition écologique urbaine. À Toronto, le projet Our Neighbourhood vient renforcer la cohésion sociale, surtout entre des résidentes et résidents de divers milieux qui n’habitent pas le même type de logement. Réaliser un prototypage dans trois villes simultanément n’a pas été chose aisée, mais nous avons appris énormément. Les équipes locales ont développé l’approche en l’adaptant à leur contexte précis, en l’améliorant constamment et en s’inspirant des leçons apprises.

La demande communautaire et institutionnelle est en croissance Cette approche est en forte demande du côté des leaders civiques, des promoteurs et des organismes communautaires, ainsi qu’au sein des administrations municipales et des gouvernements provinciaux. La demande institutionnelle se situe à deux niveaux : 1.

Les leaders de la société civile et des secteurs public et privé affichent un niveau d’intérêt et d’acceptation plus grande face à la création de communautés. Durant cette première phase de R et D sociale, les prototypes ont mené à des partenariats avec des entreprises locales et des organismes qui fournissent des services communautaires.

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2.

L’intérêt des décideuses et décideurs des administrations municipales et des gouvernements provinciaux augmente. Ils perçoivent une valeur dans les trois projets pilotes et sont attirés par le potentiel qu’a l’approche d’influer sur les résultats de la population.

Des discussions sont en cours avec plusieurs autres communautés qui souhaitent bientôt adapter l’approche participative.

L’inclusion est culturelle et continue Les constats du présent rapport indiquent que cette approche sollicite la participation d’une vaste gamme de résidentes et résidents, et ce, dans chaque quartier. Ils montrent également qu’elle permet de réunir des gens et des communautés qui n’entretenaient pas de liens auparavant. Un des grands constats est que l’inclusion est fondamentalement culturelle. Par conséquent, les conditions d’inclusion doivent être personnalisées en fonction de chaque contexte, en plus de devoir être continuellement adaptées et améliorées. Même si nous pouvons apprendre d’idées et d’approches, l’inclusion naîtra toujours de la création de ces conditions avec les communautés.

L’approche est viable, mais non sans défis Selon des indications préliminaires, l’approche de Participatory City est viable dans différents contextes et peut s’intégrer à des écosystèmes déjà en place de programmes locaux, d’actifs communautaires ou d’entreprises. Malgré cela, quelques défis ont eu une incidence sur la viabilité de la mise en œuvre dans chaque ville, plus particulièrement les restrictions imposées par la COVID en 2020 et 2021. Celles-ci ont bouleversé une approche qui repose essentiellement sur l’idée de rassembler des gens. De plus, l’engagement requis en matière de temps pour bien répondre aux besoins de chaque projet dépassait la capacité des trois équipes. De relativement petite taille, celles-ci assumaient plusieurs rôles et tâches (communications, évaluation, prestation, gestion, administration, etc.). Cela a été particulièrement difficile pour les équipes qui comptaient des membres à temps partiel ou divisant leur temps entre plusieurs projets.


Les connaissances ayant découlé des prototypes, des rassemblements et des conversations avec nos partenaires durant la phase de R et D sociale sont venues mettre en évidence quelques éléments cruciaux pour développer l’écosystème participatif pratique dans chacune des trois villes, et dans le reste du pays :

Vision

La vision de Canada participatif doit être élaborée conjointement avec les partenaires pour qu’elle soit alignée aux ambitions de chaque ville et communauté.

Contexte

Les conditions locales influencent fortement la création d’écosystèmes participatifs pratiques. Les implications financières ont une incidence sur le coût des infrastructures sociales et des actifs clés, tandis que les facteurs sociaux ont un impact sur le type d’activités.

Architecture d’apprentissage

Canada participatif doit se concentrer sur des curriculums et des programmes d’apprentissage qui incluront à la fois des expériences expérientielles, immersives et numériques pour renforcer la capacité des partenaires.

École

La mise en œuvre complète de l’approche dans une ville servira de campus d’apprentissage et de démonstration au pays. Cette école permettra de créer des liens entre les carrefours, de partager des apprentissages et des versions adaptées de l’approche, de développer les compétences des communautés et équipes locales, et d’appuyer la collecte de données et la mesure de l’impact.

Ressources

La vision de Canada participatif nécessite des équipes bien formées et des ressources coordonnées durant les phases d’accroissement de l’ampleur, ainsi qu’à l’échelle locale et nationale.

Données probantes

De la recherche et des mesures efficaces, ainsi que la collecte de données et d’histoires seront indispensables pour comprendre les résultats, procéder à une amélioration continue et développer une durabilité financière grâce à des analyses de rentabilité efficaces se rapportant aux écosystèmes participatifs pratiques dans les villes.

Coordination, relations et communication

Une bonne coordination des ressources et des réseaux dans le cadre de la programmation locale et nationale, l’élaboration continue de relations avec des partenaires et militantes et militants, et une gamme d’outils de communication uniques et créatifs sont d’autres éléments qui viendront appuyer la croissance et l’évolution de l’approche.

Nous imaginons une approche graduelle sur un an, cinq ans et dix ans au moment de mettre ces éléments cruciaux en place en vue de créer et d’accroître l’ampleur des écosystèmes participatifs pratiques. Chaque phase viserait à : renforcer les capacités des gens, trouver et mobiliser des sources de financement durables, et accroître stratégiquement l’ampleur dans les divers territoires géographiques par l’entremise de relations et de réseaux solides.

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Valeur pour les communautés, fondements pour des résultats à long terme Diverses données qualitatives et quantitatives recueillies dans le cadre des projets pilotes montrent que l’approche participative peut offrir de la valeur aux quartiers et aux gens qui y habitent. Dans chacune des villes, le projet pilote a fourni plusieurs occasions de participation. C’est un fondement nécessaire pour une participation continue et cela a montré pouvoir donner des résultats sur les plans individuel et communautaire. Les activités participatives variaient d’un contexte à l’autre et d’une ville à l’autre. Pourtant, la valeur créée était semblable dans les trois villes. Voici des thèmes courants qui sont ressortis de la phase de R et D sociale : des résidentes et résidents qui se sentaient plus attachés à leur communauté; l’acquisition de compétences et une culture de partage et d’apprentissage; la possibilité de jouer un rôle dans l’élaboration de la programmation future.

Partenariat : Avons-nous accompli ce que nous voulions accomplir? L’écosystème de Canada participatif est considérable. Des centaines de personnes en font partie : les partenaires stratégiques, gouvernementaux et philanthropiques, les organismes responsables de la mise en œuvre et les résidentes et résidents qui retroussent leurs manches sur le terrain. Les partenariats reposent sur un tiercé, chaque groupe contribuant son expertise, son savoir, ses réseaux et ses ressources. La réussite de la phase de R et D sociale dépendait de la synergie entre les trois groupes : 1.

Participatory City Foundation : elle a fourni une expertise relativement aux écosystèmes participatifs pratiques, notamment en partageant des ressources, comme les modèles de conception, les évaluations antérieures et les apprentissages de la Here&Now School, et en offrant du mentorat, un accompagnement et une orientation stratégique.

2.

Fondation McConnell : elle a mis ses ressources et ses réseaux à contribution, et ce, à l’échelle du pays, notamment en offrant du financement pour appuyer la phase de R et D sociale et en mobilisant des villes et des communautés canadiennes par l’entremise de son vaste réseau.

3.

Partenaires locaux : ils ont mis à profit leur connaissance approfondie des communautés et les liens qu’ils entretiennent avec celles-ci. Voici les organismes responsables de la mise en œuvre dans chacune des villes : le Centre d’amitié autochtone mi’kmaw à Kjipuktuk-Halifax; Solon collectif à Montréal; le Centre for Social Innovation à Toronto. Ils ont joué un rôle crucial pour mettre en œuvre et adapter l’approche sur le terrain. Ils possèdent de bonnes relations avec des partenaires stratégiques, comme des organismes de la société civile, des administrations municipales et le secteur privé, ce qui leur permet de naviguer le paysage participatif existant, de mobiliser des ressources et d’encourager le ralliement (qui est important pour la réussite à long terme).

Tout comme la co-création était au cœur même de la façon dont les équipes ont conçu leur plateforme participative avec des résidentes et résidents, elle était aussi le principe de travail à la base de tous les partenariats durant la phase de R et D sociale. Autant que possible, et lorsque c’était approprié, les équipes locales et l’équipe centrale (composée de membres de la Participatory City Foundation et de la Fondation McConnell, et aussi de COLAB au moment de l’évaluation évolutive) ont pris des décisions ensemble. Cela a favorisé l’esprit de co-création, de co-apprentissage et de co-conception indispensable à une approche participative. Work together with each city’s team to achieve success of prototypes through continuous developmental evaluation methods;

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La co-création est une méthodologie utilisée en vue d’atteindre des objectifs communs en discutant pour mettre en lumière, analyser et combiner différents facteurs et éléments de conception, et ensuite les réorganiser dans une stratégie cohésive. Le processus de co-création est important pour s’assurer que l’on prend tous les facteurs importants en considération, que l’on accorde de la valeur à toutes les connaissances et opinions tacites, que l’on tient compte des facteurs logistiques et que l’on apporte des améliorations continues au fur et à mesure que des résidentes et résidents locaux acceptent de participer.

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Pourquoi est-ce important et quelle est la suite? Durant sa phase initiale, Canada participatif a montré qu’il pouvait apporter des améliorations d’envergure dans nos villes et communautés, en créant des ponts entre les cultures, en plaçant la réconciliation au cœur des préoccupations et en réduisant l’isolement social. Pour la phase suivante, les partenaires veulent développer davantage l’infrastructure sociale participative là où il y a une demande. Ils le feront de façon à renforcer la résilience communautaire, la cohésion sociale et la capacité de créativité et d’innovation locales pour que les communautés puissent apprendre, s’adapter et agir ensemble à des fins de transition. Ils feront cela tout en nouant des relations de confiance et en plaçant la réconciliation au cœur des travaux. Quelques tendances sociales gagnent du terrain et peuvent s’avérer pertinentes pour renforcer la résilience communautaire : 1) redéfinir les infrastructures afin de pouvoir bâtir des systèmes solides qui aideront à relever les défis croissants de notre époque; 2) renforcer les capacités collectives afin que nous puissions réfléchir, apprendre et agir ensemble avec sagesse; 3) innover en matière de financement pour accorder de la valeur à ce qui compte tout en créant de la richesse communautaire et une économie du bien-être. Il importe d’intégrer chacune de ces tendances à l’échelle locale pour que les communautés aient la capacité d’agir et les outils requis pour augmenter leur résilience.

Redéfinir les infrastructures Le concept d’infrastructure est en train de changer. Le budget fédéral proposé récemment a mis plus d’accent sur l’importance des infrastructures sociales et naturelles pour améliorer le bienêtre communautaire. Pour qu’elles correspondent à l’avenir, les infrastructures sociales devront s’adapter pour permettre à des gens qui habitent près les uns des autres de se mobiliser et de collaborer en période de crise. Le capital social doit être développé pour bâtir ce genre d’infrastructures. Des données probantes préliminaires montrent que Canada participatif peut fournir une plateforme efficace pour y arriver. Nous avons toutefois besoin de financement de la part des gouvernements, et ce financement viendra également confirmer l’idée que des infrastructures sociales comme Canada participatif se doivent d’être des investissements publics importants, ainsi que des biens publics à la portée de tout le monde pour créer une résilience communautaire.

Renforcer les capacités collectives Si les communautés veulent créer des environnements neutres en carbone et équitables sur les plans social et économique, elles doivent pouvoir poser des gestes collectifs et découvrir ce qui fonctionne bien d’autres communautés. Les occasions d’en apprendre plus sur l’approche participative détaillée dans le présent rapport continueront de croître au fur et à mesure que des communautés d’ici et d’ailleurs les adapteront à leur milieu et les amélioreront en cours de route. L’architecture d’apprentissage appelée la Here&Now School créera des liens entre les différents nœuds de Canada participatif par l’entremise de partenariats de recherche et de communautés de pratique. Elle le fera aussi à

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l’échelle mondiale. L’expérience précoce de placer la réconciliation au cœur du projet à Halifax a aussi contribué à élargir notre réseau, l’équipe ayant utilisé la méthode d’évaluation du « regard des deux yeux » pour intégrer le concept de vérité et réconciliation à l’échelle de son projet.

Innover en matière de financement. La pandémie nous a appris que la résilience financière des communautés locales est meilleure lorsque des décisions sont prises à proximité du terrain. Le modèle actuel dans le cadre duquel ce sont les gouvernements qui déterminent comment la renaissance communautaire se produit est de plus en plus inadéquat. Pour réagir aux prochaines crises et aux problèmes chroniques, les communautés doivent avoir accès à de meilleurs outils de financement que les outils traditionnels que sont les subventions, les prêts et les placements de participation. Il existe de nouveaux mécanismes de financement sociaux et communautaires, par exemple les obligations d’impact, les investissements d’impact et le financement axé sur les résultats. Cependant, ces derniers n’ont pas encore atteint l’ampleur requise et une gamme plus vaste d’instruments est nécessaire pour accroître la richesse communautaire. En bref, il faut innover en matière de financement communautaire. Un certain nombre de laboratoires et de projets de richesse communautaire existent déjà. De nouveaux modèles économiques sont aussi de plus en plus utilisés à l’échelle locale, par exemple l’économie circulaire, le modèle « doughnut » et l’économie du bien-être. Toutefois, ils n’ont pas encore attiré d’investissement considérable de la part des gouvernements ou du secteur philanthropique. Intégrer de tels modèles à Canada participatif et imaginer des outils novateurs de mesure de l’impact et des résultats offrent un énorme potentiel, puisque cela redéfinira la notion de valeur lorsqu’il est question de résilience communautaire à long terme. Le budget fédéral de 2021 est porteur d’espoir, car il s’engage à renforcer les capacités dans le secteur de la finance sociale et de l’impact social dans le cadre de la prochaine mouture du Programme de préparation à l’investissement d’Emploi et Développement social Canada. C’est ce programme qui a notamment appuyé Canada participatif durant sa phase de R et D sociale. Voilà donc trois éléments cruciaux pour développer des idées prêtes pour l’investissement à partir d’une base de R et D sociale. Un système de R et D solide et réciproque pourra alors naître au sein de chaque communauté. Plutôt que choisir des idées individuelles qui seront développées en silo, l’approche de l’organisme Participatory City crée un écosystème de R et D ouvert et fertile où les meilleures idées pourront prendre leur envol. Nous pouvons apprendre beaucoup de ce qui se fait au Royaume-Uni, où le développement de projets de R et D dans des incubateurs d’entreprises vient soutenir la croissance de coopératives locales et de modèles d’affaires coopératifs. En allant de l’avant, nous souhaitons unir nos forces à d’autres pour aider les villes et les communautés qui veulent renforcer leur infrastructure sociale participative en utilisant la créativité de leurs citoyennes et citoyens, et l’approche détaillée dans le présent rapport. Dans chaque cas, une mobilisation exigerait de réunir un consortium intersectoriel formé de résidentes, résidents, gouvernements, groupes communautaires, chercheuses, chercheurs et autres parties prenantes.


À court terme, et en réponse à une demande de plus en plus grande, les partenaires souhaitent que Canada participatif offre une plateforme de soutien nationale à un maximum de dix communautés au cours des deux prochaines années, en mettant un accent particulier sur la création dans une ville d’un campus d’apprentissage où d’autres communautés pourraient suivre une formation sur le terrain. En 2021, les partenaires s’efforceront de préparer la phase suivante, y compris les ententes juridiques et de gouvernance, et le partenariat national. Il y a beaucoup de travail à faire et nous savons qu’aucun organisme ou gouvernement ne peut avoir un impact durable en travaillant seul. Le présent rapport n’est pas seulement une rétrospective de ce que nous avons accompli, mais aussi une invitation à être des nôtres. Dits bien simplement, nous ne pouvons pas faire le travail tout seul. Aidez-nous à bâtir les communautés résilientes, participatives et inclusives qu’il nous faut pour l’avenir.

Alors que nous vivons une prise de conscience sociale, les communautés ont la chance de reconstruire ensemble pour inclure tout le monde, améliorer la santé de notre mère nourricière, la Terre, et intégrer les sept enseignements sacrés de nombreux peuples autochtones. Allons de l’avant ensemble, avec amour, respect, courage, honnêteté, sagesse, humilité et sincérité. N’hésitez pas à communiquer avec nous pour en savoir plus et discuter de partenariats! https://www.canadaparticipatif.ca/

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9. ANNEXES

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Annexes

Annexe 1.

Résumé du Guide d’apprentissage pour les villes

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Guide d’apprentissage en cours d’élaboration Le Guide d’apprentissage présente les leçons apprises au moment d’adapter l’approche de Participatory City. Il propose aussi une orientation pour bâtir des écosystèmes participatifs dans de nouveaux contextes et emplacements. Le Guide : • souligne les composantes nécessaires pour concevoir un cadre de travail qui viendra appuyer une plateforme participative de quartier, tout en tenant compte d’une approche qui mettra à profit les forces et les relations de chaque emplacement; • rassemble du matériel d’apprentissage varié en un outil complet qui pourra servir de référence pour adopter ce genre d’approche; • se veut à la fois pratique et théorique, expliquant le choix de certains outils et méthodes pour créer des projets participatifs pratiques, ainsi que le besoin d’un engagement communautaire à tous les niveaux; • détaille la manière dont les équipes peuvent collaborer pour incarner les principes participatifs et venir en aide à de nouvelles équipes d’ici et d’ailleurs.

Contexte Le Guide d’apprentissage repose sur les travaux initiaux faits dans le cadre de l’initiative Every One Every Day dans l’arrondissement de Barking et Dagenham à Londres. Les connaissances acquises grâce aux prototypes à Toronto, Halifax et Montréal viennent compléter l’information présentée. Cette année de travail sur l’approche participative au Canada a été une occasion d’apprentissage incroyable et le développement et l’amélioration de l’approche se poursuivent. Les réflexions des trois équipes canadiennes ont grandement influencé l’élaboration du Guide, alors qu’elles tentaient de trouver la meilleure façon d’aider d’autres équipes de quartier à amorcer leur propre phase de R et D sociale pour faire l’essai d’une plateforme participative.

Pour plus d’information, visitez l’adresse suivante : https://www.canadaparticipatif.ca/

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Annexe 2.

Autres ressources

Lecture Ces ressources sont disponibles en anglais seulement.

Guide illustré de l’approche Participatory City

http://www.participatorycity.org/the-illustrated-guide

Rapport de l’année 1 : Made to Measure http://www.participatorycity.org/made-to-measure Rapport de l’année 2 : Tools to Act

http://www.participatorycity.org/tools-to-act

Videos Vous trouverez les vidéos ci-dessous sur les sites web de Canada participatif (www.participatorycanada.ca) et de la Participatory City Foundation (www.participatorycity.org):

Canada participatif :

https://vimeo.com/548126695

Participatory City :

http://www.participatorycity.org

Every One Every Day :

https://www.weareeveryone.org

Everyone’s Warehouse :

https://www.everyoneswarehouse.co

City newspapers Halifax https://bit.ly/3v05ka0 Montréal https://bit.ly/3oqVMSS Toronto https://bit.ly/3wbcFn6

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Annexe 3.

Exemple de cadre d’évaluation

Le cadre d’évaluation de Every One Every Day Kjipukuk-Halifax, dont les principes sont enracinés dans les enseignements autochtones, cherche à saisir comment l’approche de Participatory City peut faire avancer la réconciliation. Il vise également à vérifier la faisabilité, la nature inclusive, la valeur et la viabilité du prototype. Il est important de noter qu’il s’agit d’un document évolutif qui sera mis à jour tout au long du processus d’évaluation. Ces ressources sont disponibles en anglais seulement.

i. Préambule au cadre d’évaluation ii. Every One Every Day KjipuktukHalifax - Cadre d’évaluation préliminaire

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Préambule au cadre d’évaluation

The Every One. Every Day. Kjipuktuk/ Halifax project is being held on Mi’kma’ki, the ancestral and unceded territory of the Mi’kmaq. P’jilasi ~ Bienvenue~Welcome

The 94 Calls to Action detailed in the final report of the Truth and Reconciliation Commission of Canada (2015) place a responsibility on governments, businesses, educational and religious institutions, health care professionals, civil society groups, and all Canadians to recognize the value of Indigenous worldviews and practices. To that end, this project was created using the Mi’kmaw teaching of Etuaptmumk, “Two-eyed Seeing”, introduced by Elder Albert Marshall of Eskasoni First Nation, in the district of Una’ma’ki. This teaching asks us to take the strengths of a colonized world and an Indigenous world, and, through both lenses, build greater capacity and success for all. This evaluation framework focuses on the four guiding research and development components introduced by Participatory Canada for the purpose of adaptation and learning on a national level. They are Feasibility, Inclusivity, Value Creation, and Viability. The purpose of the fifth, Advancement of Reconciliation, is to solidify and maintain our commitment to Reconciliation throughout every phase of the project and to educate all involved in the history, culture, and traditions of Indigenous Peoples and create awareness of the legacies of colonialism. In addition, an Evaluation Working Group, including experts and professionals with evaluation experience, has been organized for the purpose of assisting and advising the Evaluation Lead in her work. In the spirit of Reconciliation, the Participatory Canada research and development components have been translated into the Mi’kmaw language. This language expresses a soft and nurturing approach to evaluation that acknowledges our connectedness and respects our interdependence.

Feasibility:

Value Creation:

KETANTOQ ~ STRIVE TO OBTAIN

KSITE’TAQAN ~ SOMETHING CHERISHED

Inclusivity:

Viability:

TOQOLUKWEJIK ~ WORK TOGETHER

NIMJI’MUATL ~ SUPPORT, ENCOURAGE

Advancement of Reconciliation: NESTU’ET AQQ TETAPU’LATL ~ BECOME KNOWLEDGEABLE AND DO RIGHT BY

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Every One Every Day Kjipuktuk-Halifax Cadre d’évaluation préliminaire Evaluation Questions (What do we want to know?)

Indicators (How will we know?)

Data Sources (Who are the target groups for this question? What other data sources can we access?)

Instruments (How will we gather the data?)

Resources (Whose responsibility will it be to gather the data? What other resources will we need?)

Timelines (When will we gather the data?)

COMPONENT 1 KETANTOQ ~ STRIVE TO OBTAIN (FEASIBILITY)

Objective: What evidence is there that it is possible to inspire inclusive participation in this project at the neighbourhood level? How many North End residents participated in the project?

Number of North End residents involved in project

How did residents learn about the March program? If via newsletter, where/how did they acquire it?

No remaining newsletters at distribution locations.

What is the response from the neighbourhood/community to the project? What have participants heard from neighbours, community?

Hosts’ experiences in community following project

Do the participants/hosts feel inspired to participate in future co-created or community-led projects?

Participants’/Hosts’ interest in contributing/being involved with future community-led projects

What was successful, or challenging, in building support for this project?

EOED registration

Document review

Session notes (Observations)

Document review

Participants

On-site survey

Hosts

Follow-up online survey

Participants

On-site survey

Hosts Program Director

3-5 interviews Evaluation debrief

Program Designer

Evaluation debrief

Community Hub Coordinator

Evaluation debrief

Project Team’s experiences

Evaluation Lead Project Team

● Registration period Feb. 8th28th ● Session notes will be taken during each session. ● During the March program (Mar. 1st- Mar. 28th)

Evaluation Lead

● During the initial planning phase (Co-design/devel opment Oct. 15th – Jan. 3rd) and after March program is complete (March 28th) 1

How is the participation similar or different to other projects/sessions being run in the neighbourhood? What participants/hosts feel this project has to offer.

What was successful or challenging about the sessions?

Project Team and Hosts’ experiences during sessions

Were there unintended outcomes from the sessions? If yes, describe them.

Project Team and Hosts’ experiences during sessions

COMPONENT 2

TOQOLUKWEJIK

Hosts Participants

3-5 interviews 2-4 interviews

Hosts

Follow-up online survey

Session notes (Observations) Project Team Session notes (Observations) Project Team

~ WORK TOGETHER (INCLUSIVITY)

Document review Weekly check-ins Evaluation debrief Document review Weekly check-ins Evaluation debrief

Evaluation Lead Project Team

During and after March program (Mar. 1st- Mar. 28th)

Evaluation Lead Project Team

Objective: What evidence is there that it is possible to create an ecosystem of participatory projects with all residents of the neighbourhood? What is the demographic of the neighbourhood or community, and how do the participants of the program reflect that?

Participants feel their culture/community/demographic is well represented/reflected in the project

Does the project offer a safe space(s) for sharing and co-learning for all participants and hosts? If yes, in what ways? If no, why not?

Participants/hosts feel comfortable and welcome to share skills and knowledge and have conversations.

● Hosts’/Project Team’s experiences with accessibility Are the locations/space(s) for sessions accessible to throughout planning and delivery all participants/hosts? If no, where was accessibility phases. lacking? How could accessibility be improved? ● Participants’ experiences with accessibility during the March program. COMPONENT 3 KSITE’TAQAN ~ SOMETHING CHERISHED (VALUE CREATION)

Session notes (Observations) www.statcan.gc.ca Hosts Participants Hosts

Document review Online database research Follow-up online survey On-site survey 3-5 interviews

Participants

On-site survey

Project Team

Weekly check-ins

Evaluation Lead Project Team

During the initial planning phase (Co-design/develop ment Oct. 15th – Jan. 3rd) and after March program is complete (March 28th)

Objective: What is the evidence that this approach to building participation can create value for individual residents and neighbourhoods? How many North End residents participated in the sessions? Did participants take interest in the sessions?

Number of North End resident attended sessions What participants are saying about their experience during the session /body language/Did participants attend entire session

EOED registration

Document review

Session notes (Observations)

Document review

Evaluation Lead Project Team

During and after March program 2

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Did these sessions build/support new relationships and connections?

Participants’/Hosts’ experience with new relationships and connections that were created/discovered during sessions

Did hosts feel confident in sharing their talents/abilities with others? If yes, would they like to host again? If no, why not?

Hosts’ experiences hosting the sessions.

Do participants feel their involvement was a co-learning experience? If yes, how? If no, why not?

Participants experiences during the sessions

To what extent do the hosts feel they are involved in this project?

Hosts’ experiences of involvement

What did it mean to participants/hosts to contribute to this project?

Participants’ experiences with the session(s)/project Hosts’ experiences with the session(s)/project

Session notes (Observations)

Document review

Hosts

3-5 Interviews

Participants

Hosts

Participants & Hosts

On-site survey

3-5 interviews

Evaluation Lead Project Team

During the initial planning phase (Co-design/develop ment Oct. 15th – Jan. 3rd) and after March program is complete (March 28th)

Session reflection exercise

Evaluation Lead Project Team

During March program (Mar.1st -28th)

On-site survey

Did the participants feel the sessions were beneficial for themselves/their community? If yes, how? If no, why not?

Participants’ experiences during the session

Participants

What new information or skill(s) did participants learn from the session?

Participants’ experiences during the session

Participants

2-4 Interviews On-site survey

Evaluation Lead Project team

After March program is complete (March 28th)

3

What doors opened for hosts because of their involvement with this project?

Hosts’ experience following the March program

The overall mood in the session What is the overall response from the space participants/hosts to the sessions? ● Reactions from participants/hosts during sessions COMPONENT 4 NIMJI’MUATL ~ SUPPORT, ENCOURAGE (VIABILITY)

Hosts

Follow-up online survey

After March program is complete (March 28th)

Session notes (Observations)

Document review

Objective: To what extent is this program likely to be viable in the current context (economic, political, social, etc)? Decisions made by funders Media coverage

What is the evidence that there is political, social, and private support for this project to scale?

● Attitudes of local business/organizations towards contributing to the project ● Attitudes of local business/organizations towards working with North End residents (before/after March program)? ● Are there changes in the way local businesses/organizations relate/support/work with/for the North End community because of this project? If yes, what are they? If no, why not? ● Would local businesses/organizations involved in the project contribute/participate in similar future projects?

Funders

Meeting

Program Director

Nova Scotia, Halifax, North End community

Observations before, during, and after March program

Evaluation Lead Project Team

Program venues

Interview

Program Designer

After March program is complete (March 28th)

4

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Is this project welcomed by existing community organizations and programs (other than those who were involved in the March program)? If yes, how? If no, why not? Are societal challenges (economic barriers, Covid-19 restrictions, etc.) addressed? If yes, how and to what extent? If no, why not? What are the unintended outcomes/impacts of the project?

● Social action: If residents are willing to work together to create/implement community initiatives in the future. ● Social action: What the North End community thinks of the project. What community organizations/businesses think of the project Project Team’s experience during the project

Project Team’s overall experience with the project

North End Community

Community organizations/businesses

Observations before, during, and after March program

Evaluation Lead Project Team

Observations before, during, and after March program

Locations that were used for program delivery

Interview

Project Team

Weekly check-ins

Project Team

Weekly check-ins

Project Team

Evaluation debrief

Program Designer Evaluation Lead Project Team After March program is complete (March 28th)

COMPONENT 5 NESTU’ET AQ TETAPU’LATL ~ BECOME KNOWLEDGEABLE AND DO RIGHT BY (ADVANCEMENT OF RECONCILIATION)

Objective: What evidence is there that this program contributed to the advancement of Reconciliation?

How does the planning and delivery of this project address reconciliation?

● The process/experience of creating the principles. ● The content of the principles ● Indigenous Peoples’ experiences with the project ● Examples of moments when principles were followed/were not followed.

Strategic Group meeting minutes Strategic Group

Reflection exercise

Hosts

Interviews

Project Team

Document review

● Evaluation Lead ● Strategic Group ● Project Team

Weekly check-ins

All phases: During the initial planning phase (Co-design/plannin g) Oct. 15th – Jan. 3rd, Planning (Jan. 4th- Feb.28th) and during after March program (March 1st- 28th)

5

Evaluation debrief

Does the Project Team/Strategic Group work together in a way that supports Reconciliation?

● To what extent were the principles followed? ● Examples of when principles were followed/not followed.

Strategic Group Strategic Group meeting minutes Project Team Project Team meeting minutes

How does the Project Team’s/Strategic Group’s/individual member’s actions and decision-making support Reconciliation?

● To what extent were the principles followed? ● Examples of when principles were followed/not followed.

Reflection exercise Document review Weekly check-ins Evaluation debrief Document review

Strategic Group

Reflection exercise

Strategic Group minutes

Document review

Project Team meeting minutes

Document review

Project Team

Weekly check-ins Evaluation debrief

● Evaluation Lead ● Strategic Group ● Project Team

All phases: During the initial planning phase (Co-design/plannin g) Oct. 15th – Jan. 3rd, Planning (Jan. 4th- Feb.28th) and during after March program (March 1st- 28th)

6

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