Programme on avait le gout de vous dire version web

Page 1

PROGRAMME


Un jour de décembre 2011, en flânant entre les rayons d’une librairie bien connue de la rue Ste-Catherine, je suis tombé sur un tout petit livre au titre accrocheur, L’Art d’ignorer les pauvres. L’auteur, John Kennett Galbraith, était un célèbre économiste américain qui a agi, entre autres comme conseiller du président John F. Kennedy. Il commence par cette phrase : Je voudrais livrer ici quelques réflexions sur l’un des plus anciens exercices humains : le processus par lequel, au fil des années, et même au cours des siècles, nous avons entrepris de nous épargner toute mauvaise conscience au sujet des pauvres. Je me suis plongé dans la lecture et j’y ai découvert comment, de la Bible à nos jours, les élites économiques, politiques ou philosophiques, avaient développé au fil des siècles des théories et des discours visant à démontrer pourquoi les pauvres étaient pauvres et pourquoi, cela ne devait pas changer. Fascinant. Quand j’ai fermé le livre, j’ai imaginé une pièce de théâtre avec une succession de tableaux, de Moïse à Rockfeller, en passant par Malthus. Estce que Galbraith nous suggère que ces théoriciens des classes dirigeantes auraient érigé en art leur sentiment de supériorité absolue et leur mépris des pauvres ? Et puis, je me suis replongé dans le processus qui m’a amené, par la réalisation du film Parole d’excluEs, à la création de notre organisation et j’ai imaginé un tableau additionnel au texte original, qui serait écrit par celles et ceux à qui on ne demande jamais l’avis. Ni pourquoi ils sont pauvres, ni comment ils vivent la pauvreté, ni comment on pourrait s’organiser pour qu’il n’y ait plus de pauvreté. Dès lors, il s’agissait de trouver des gens qui accepteraient d’écrire une œuvre collective, avec leurs mots, leurs histoires et leurs rêves. Mais aussi, et surtout, il fallait, pour accompagner ce processus et les guider une expertise que nous n’avions pas. Carole Marceau, professeure à l’École supérieure de théâtre de l’UQAM, était la personne toute désignée. Elle s’est lancée dans l’aventure avec toute son énergie et sa passion. La troupe Fleurs de macadam était née et le projet ne m’appartenait plus, il était maintenant le leur. L’Art d’ignorer les pauvres est ainsi devenu On avait le goût de vous dire. La parole est à eux. Écoutons-les. Mais l’aventure ne se termine pas là. Après avoir capté sur vidéo leur œuvre, nous allons partir à la rencontre d’un large public, comme nous l’avions fait en 2015 avec le film Parole d’excluEs, pour présenter la vision des pauvres, animer des débats, construire un autre discours, se donner plus de forces et construire le monde auquel nous aspirons, un monde qui ne produit ni ne justifie la pauvreté.

En janvier 2015, j’ai fait la connaissance de membres de Paroles d’excluEs qui avaient le goût de prendre parole différemment, de poursuivre leur mobilisation, mais cette fois-ci par le biais du théâtre. Je ne sais pas si Denise, Noria, Marc, Francine, Paul, Nabila, Pierre et Ghislaine savaient vraiment dans quelle galère ils s’embarquaient à ce moment-là. Car de loin, le théâtre peut sembler facile, mais lorsque l’on s’y frotte, on comprend vite qu’il en ait tout autre! On travaille fort! Paradoxalement, au théâtre on joue, on s’amuse, on rigole, c’est permis… Je crois bien qu’ils n’avaient pas joué depuis longtemps, comme la plupart des adultes occidentaux, comme la plupart d’entre vous!  Le travail, c’est du sérieux et si tu es moins nanti, alors là c’est certain, il n’y a pas de place pour la rigolade! Sauf au théâtre! Dans un esprit de collégialité et un climat de confiance, là où l’erreur est permise, où les fous rires vont de soi, où la présence est primordiale, ils se sont engagés dans un processus de création et ont parcouru ce trajet jusqu’à vous. Ils ont discuté, cogité, exploré, expérimenté, travaillé le corps, la voix, utilisé l’espace pour créer des personnages, élaboré des récits et porter ce discours jusqu’à vous. Ce soir, ce sont leurs mots portés par leurs voix et leur corps dans cet espace théâtral, car ils avaient un urgent besoin de vous dire, de se faire entendre. Ce soir, c’est la rencontre de personnages aux prises avec l’exclusion, l’intégration difficile, la solitude, la vieillesse! C’est un moment de questionnement et une remise en question de notre société. C’est un moment de rencontre! Bonne soirée!


de gauche à droite : Denise Beaufort, Noria Belrami, Marc Hubert, Francine Labbé, de droite à gauche : Paul Lévesque, Nabila Messaoudi, Pierre Pelletier, Ghislaine St-Onge

Mise en scène : Carole Marceau en collaboration avec Laurence Castonguay Emery

Captation vidéo : Ariane Aubin-Cloutier

Assistance à la mise en scène : Mylène Bergeron

Collaborateurs : Jonathan Riverin, Sylvie Delisle, Catherine Cléroux, Frédérick Todd

Éclairage et son : Cédric Delorme-Bouchard

Modérateurs : Luc Gaudet

Insipide train-train

Aller plus loin

Texte de Francine Labbé

Texte de Nabila Messaoudi

La vie d’un pauvre La pauvreté et l’exclusion Texte de Marc Hubert

Bêtes de somme Texte de Francine Labbé

L'argent ou le monothéisme du marché Texte de Pierre Pelletier

Passage à vide Texte de Noria Belamri

La vie d’un pauvre d’après « La vie d'artiste » de Balzac Paul Lévesque

Les refus Collectif (adaptation Laurence Castonguay Emery)

Se sentir rejeté Texte de Ghyslaine St-Onge,

Il faut que ça cesse Texte de Noria Belamri La présentation sera suivie d’un débat-échange avec les membres du projet afin de discuter avec eux du processus de création et des différentes visions de la pauvreté.


Nous aimerions remercier ceux et celles qui ont apporté leur contribution à ce projet. Merci aux étudiants du profil enseignement, Catherine, Frédérick et Jonathan pour le temps donné. Merci à Sylvie pour son temps et ses précieux conseils. Merci à Mylène fidèle assistante. Merci à Laurence de nous avoir accompagné dans ce projet. Merci à Geneviève pour le support moral et l’allégement de certaines tâches. Merci à Sarah pour son soutien tout au long du projet. Enfin, merci à l¹École supérieure de théâtre de nous avoir permis d¹utiliser les salles de répétitions et le

Chère Carole, nous les membres de la troupe « Fleurs de Macadam » tenons à te dire un gros merci! Merci pour tes conseils avisés, ta grande patience, ton sens de l’humour. Merci d’avoir mis à profit ton expertise afin de nous guider dans les méandres du processus de création qui nous a menés à la pièce « On avait le goût de vous dire ». Nous gardons un excellent souvenir de cette expérience hautement enrichissante au point de vue personnel et notre gratitude est proportionnelle à l’investissement que tu y as mis. Nous remercions également ton bras droit Mylène et ton assistante Laurence dont l’expérience nous a été précieuse tout au long de ce parcours. Sans oublier Ariane à l’audiovisuel et Cédric à l’éclairage sans qui nous serions invisibles et sans voix. Enfin, merci à Jonathan et Sylvie de nous avoir coachés au niveau de nos monologues respectifs. MERCI!


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.