Le modèle d’action de mobilisation contre l’exclusion sociale par le logement communautaire de parol

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Fiche 3

L a S o c i é t é d ’ h a b i t a t i o n p o p u l a i r e de l’est de Montréal (SHAPEM) La genèse de la SHAPEM : d’abord une société acheteuse Fondée en 1988 dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, la SHAPEM est un organisme à but non lucratif qui avait pour but initial d’acheter temporairement des immeubles en mauvais état et habités par des ménages à faible revenu afin de les revendre à des coopératives d’habitation pour qu’elles puissent, à l’aide de financement gouvernemental, les acquérir à long terme et les rénover. Pour bien comprendre l’apparition de la SHAPEM, il faut savoir qu’à l’époque, la production de logement social se faisait par concours (des appels de propositions) où les projets d’habitation devaient s’élaborer sur une courte période de deux ou trois mois (la durée du concours). Par la suite, il fallait quelques mois pour obtenir les résultats de cet appel de propositions, et quelques mois encore, pour que le financement puisse être obtenu. Or, dans les quartiers centraux de Montréal, il n’y avait que très peu de terrains disponibles pour la construction. Pour réaliser des projets de logement social, il faillait donc se retourner vers l’achat d’immeubles existants et leur rénovation. De plus, toujours à cette époque, le marché immobilier était effervescent et il était très difficile, voire impossible, de maintenir des offres d’achat pour une durée d’une année. En conséquence, la création de la SHAPEM est la réponse au besoin de créer un instrument local permettant l’acquisition continue d’immeubles en prévision d’appels de propositions pour la réalisation de logements sociaux. La SHAPEM fut donc d’abord une société acheteuse qui s’activa rapidement et réussit, après deux ans seulement, à avoir un parc immobilier totalisant près de 150 logements. Une transformation importante de l’environnement économique et sociopolitique qui a marqué la nature profonde de la SHAPEM La période 1990-1993 est marquée par deux événements importants qui auront une influence déterminante sur l’orientation et le développement de la SHAPEM : une crise immobilière importante à Montréal (taux d’intérêt élevé, taux d’inoccupation élevé, nombreuses reprises d’immeubles par les institutions financières à la suite de l’incapacité des propriétaires de faire leurs paiements hypothécaires…) et le retrait du gouvernement fédéral dans le financement de nouveaux projets de logement social. Pour Hochelaga-Maisonneuve, la crise immobilière était doublée de difficultés socioéconomiques importantes (pauvreté, vente de stupéfiants, prostitution de rue…) faisant en sorte que de nombreux immeubles, repris par les institutions financières, étaient littéralement abandonnés et placardés. Par ailleurs, le retrait du fédéral était conjugué à un fort ralentissement du financement du gouvernement du Québec dans la production de logements sociaux. À la suite de cette transformation radicale de son environnement, la situation financière de la SHAPEM était catastrophique et sa raison d’être (acheter pour revendre à l’aide des programmes gouvernementaux) n’existait plus. Malgré tout, ce contexte adverse eut deux conséquences déterminantes.


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