DIGRESSION
Il connaĂźt tous les secrets Pendant les travaux, rien nâĂ©chappait Ă lâĆil exercĂ© de Meinrad MĂŒller.
Ce lundi, il y a cinq ans, commence trĂšs bien. Meinrad MĂŒller est sur la place devant le Centre suisse des paraplĂ©giques (CSP) et se demandeâ: «âEt tu veux quitter tout çaâ?â» La rĂ©ponse est claireâ: non, il fait partie du CSP. Un moment, il songe Ă se lancer dans une nouvelle aventure. Mais quand il se rend Ă son travail ce matin-lĂ , lâidĂ©e dâun changement dâemploi sâĂ©vanouit. En juillet 1990, Meinrad, 23 ans, dĂ©bute comme installateur sanitaire, trois mois avant lâouverture de la clinique. Il a mis en service les premiĂšres installations. Il a Ă©tĂ© promu responsable Technique du bĂątiment, a Ă©tĂ© coordinateur technique et des travaux ainsi que responsable adjoint du service Technique et sĂ©curitĂ©. Faire les choses bien, en toute modestie Pendant les travaux de construction et de transformation, il faisait le lien entre la fondation et la direction des travaux. Il coordonnait les artisans, Ă©tait en contact avec les planificateurs, savait tout ce qui se passait, oĂč et quand. Il a Ă©galement fait de nombreuses rĂ©ceptions de travauxâ: le travail a-t-il Ă©tĂ© bien faitâ? Des amĂ©liorations sontelles nĂ©cessairesâ? Rien nâĂ©chappait Ă son Ćil exercĂ©. Son expĂ©rience lui a permis non seulement dâidentifier les problĂšmes, mais aussi de trouver bien souvent des solutions. Et quand ses propositions Ă©taient rejetĂ©es, les excuses suivaientâ: «âOui, tu avais raison...â» Lâhomme de 53 ans raconte cela avec un petit sourire en ajoutantâ: «âJe suis un professionnel de terrain, je ne fais que suivre la logique. Je nâai jamais voulu ĂȘtre pĂ©dant, je veux seulement faire les choses bien.â» NĂ© dans lâEntlebuch, il est arrivĂ© Ă Nottwil il y a trente ans. LâĂ©quipe quâil a alors intĂ©grĂ©e Ă©tait encore petite. La clinique et le campus Ă©taient loin dâĂȘtre aussi grands quâaujourdâhui. Il connaissait toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs par leur nom. Et quand quelquâun quittait lâentreprise, le pot de dĂ©part Ă©tait parfois «âbien arrosĂ©â».
En regardant le campus aujourdâhui, Meinrad se ditâ: «âBeaucoup a dĂ©jĂ Ă©tĂ© acÂcompli.â» Entre les chambres, les sanitaires ou les cages dâascenseur, plus de 4700 numĂ©ros de piĂšces sont dĂ©jĂ enregistrĂ©s. Meinrad connaĂźt chaque recoin. «âIl nây a aucun local que je nâaie dĂ©jĂ vu.â» Quand on lui dit «â1P 2.27â», il rĂ©pond «âles toilettes Ă cĂŽtĂ© de lâascenseur de lâaile de soins estâ». Gaines techniques, conduites dâeau et raccordements Ă©lectriques â tout ce qui est technique â nâont aucun secret pour lui. Il sait oĂč ils se trouvent, comment ils ont Ă©tĂ© installĂ©s, comment ils fonctionnent. Nouvelle mission Il a complĂ©tĂ© son immense savoir pendant 25 ans au service incendie, dont il fut le commandant durant 13 ans. Il a rencontrĂ© Guido A. ZĂ€ch alors quâil Ă©tait jeune artisan Ă Nottwil. Le collaborateur de la premiĂšre heure est restĂ© en bons termes avec le fondateur du CSP.
Ă lâissue du projet de construction, une nouvelle mission lui a Ă©tĂ© confiĂ©eâ: en tant que responsable des biens immobiliers et des bĂątiments, il est en charge de la gestion des biens immobiliers du campus. Il assure lâinterface dans les projets et transmet les demandes du maĂźtre dâouvrage, des utilisateurs, de lâexploitation et de lâentretien. Il a lĂ©gĂšrement rĂ©duit son taux dâactivitĂ© pour mieux se consacrer Ă son mandat de conseiller municipal de Nottwil fraĂźchement Ă©lu. Nottwil est devenue sa patrie. Il y vit avec sa femme et a deux filles, aujourdâhui adultes. «âJâai aussi un million de collaboratricesâ», dit-il avec un clin dâĆil, Ă©voquant son hobby, lâapiculture. Ses dix-huit ruches produisent un miel trĂšs convoitĂ©. «âDans mon rucher, je suis dans un tout autre monde. Je dĂ©connecte complĂštement.â» DĂ©connecter pour faire le plein dâĂ©nergie. Et ĂȘtre fin prĂȘt pour les nombreuses tĂąches qui lâattendent sur le campus. (pmbâ/ârob)
PARAPLĂGIE | DĂCEMBRE 2 0 2 0 â 19