02/01/2014 Metro Journal

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02/01/2014

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Mise à jour : 2 janvier 2014 | 11:41

Un féminisme mur à mur avec les reines du graffiti Par Elisabeth Braw Metro World News

Le féminisme est divers et coloré. Pour Panmela Castro, l’art du graffiti est un mode d’expression et une profession, mais aussi une manière de créer une communauté de femmes émancipées.

Photo : courtoisie de Panmela Castro

Que sont les mots comparés à une image saisissante que des milliers de personnes peuvent admirer? Bien peu de chose. C’est pourquoi les féministes brésiliennes font appel à un nouveau médium: le graffiti. (Lisez aussi Deux femmes qui parlent aux murs

(http://journalmetro.com/monde/392694/deux-femmes-qui-parlent-aux-murs/))

Toute jeune déjà, Panmela Castro aimait flâner avec les garçons. Il était donc naturel pour elle de se joindre à eux lorsqu’ils dessinaient des graffitis. «C’était étrange pour eux, mais j’étais meilleure qu’eux, donc ils me permettaient de rester», se rappelle-t-elle. Maintenant adulte, Castro fait encore des graffitis. En fait, elle est à l’avant-plan d’une brigade de graffeuses féministes brésiliennes. «Au début, je faisais des œuvres comme les garçons en faisaient», dit la résidante de Rio. Mais j’ai vite voulu faire plus et exprimé mes idées.» Et les idées de Castro étaient claires : la situation des Brésiliennes doit changer. Castro, parfois aidée par d’autres graffeuses, a réalisé des portraits de femmes époustouflants sur des murs partout dans le monde. Ses œuvres ont connu un si grand succès que des compagnies lui en ont même commandé pour embellir leurs quartiers généraux. Castro, en fait, dirige un réseau en pleine expansion de femmes défavorisées qui se rassemblent pour peindre des graffitis et en apprendre sur l’émancipation des femmes. «Panmela est féministe, mais elle ne recrute pas les membres en fonction de leur allégeance à la cause : elle la leur insuffle en se basant sur les arts», explique Jessica Cabon, chercheuse à l’Université de New York et auteure d’un livre consacré à la présence des artistes graffeuses dans la culture du hip-hop et du graffiti. «Elles peignent, mais dans le processus, elles apprennent que c’est criminel de se faire violer, que c’est incorrect que leur mari les batte. Et comme le groupe de Panmela est souvent payé pour faire des murales, ces femmes ne se renforcent pas qu’au niveau émotionnel, mais aussi sur le plan financier. Ananda Nahù, une autre graffeuse brésilienne, peint quant à elle des icônes de la lutte féministe. «Mon intention est de montrer une réalité et de laisser le spectateur en proie aux questions et à la réflexion», explique-t-elle. Les graffitis comme médias politiques n’ont rien de nouveau au Brésil. La peinture à la bombe est légale sur la place publique et, par conséquent, elle est devenue un moyen d’expression pour la population. Mais la majorité des graffitis faits au Brésil sont trop conformistes, dénonce Nahù : «Ils répondent aux attentes du marché et des firmes qui cherchent à se moderniser et à accompagner les changements sociaux. La grande majorité des graffitis servent seulement à décorer.»


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