Parterre Sud

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Le soleil venait de se cacher derrière les toits gris et bleus du Palais Royal dont les murs s’effritent depuis quelques années. La fraîcheur du soir me réveillait enfin, les touristes bruyants à casquettes rouges se dirigeaient vers la sortie et moi, j’avais très faim. Je décidais de marcher vers les restaurants japonais du quartier de l’Opéra aperçus ce matin pour y déguster quelques sushis, sans oublier mon quotidien froissé et coincé derrière les barreaux de ma chaise, ainsi que mon vieux livre tombé par terre, plein de poussière et dont quelques pages se détachaient irrémédiablement, emportées par le glacial vent du soir. La veille, sur un banc de la Place des Vosges, il me semblait avoir dormi moins longtemps qu’aujourd’hui car les façades des bâtiments étaient plus élevées, le soleil fuyant se cachant plus tôt et faisant place au froid qui réveille. Aussi, telle une révélation, je me souviens avoir été assis hier durant de longues heures entre deux personnes. Une belle inconnue italienne et très élégante, tout de noir vêtue, qui parlait au téléphone avec son éditeur afin de publier un recueil de poésie de Li Bai, dont la couverture serait rouge. L’autre personne était une étudiante taïwanaise, assise à côté de son petit ami français d’origine chinoise. Ils vivaient ensemble Porte Blanche. Elle le quittait pour rentrer dans son pays et devenir une « betelnut girl ». …………………………. Revenant à ce monde, cette retombée fût terrible. J’étais malgré tout très heureux du pur frottement avec le monde réel, pas encore tout à fait haïssable. Ce fût une belle journée. Aussi, je prendrai la ligne 1 tout en remerciant les conversations, inconsciemment perçues, de ces inconnus qui m’ont ouvert la route de grandes aventures. J’espère parfois qu’il y a une part de vrai dans les rêves. A ce soir Marie-France.


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