JOHN FROM_2016052_cinematraque [fr]

Page 1

John From de Joao Nicolau : Hurry Up, We’re Dreaming ! cinematraque.com/2016/05/26/john-from-de-joao-nicolau-hurry-up-were-dreaming/

« Always look on the bright side of life » aurait, paraît-il, dit le prophète. On aurait tendance à le croire devant le dernier film de Joao Nicolau, John From. Malgré les merdes de l’époque, parce que les merdes de l’époque, nous accueillons à bras ouverts la très tendre proposition du cinéaste portugais. Nicolau est connu pour ses qualités très prisées de monteur chez le regretté Joao César Monteiro (Va et Vient), le très tendance Alessandro Comodin (L’été de Giacomo). Il se révèle surtout grâce à sa relation de travail d’avec son ami Miguel Gomes (Les 1001 Nuits). Joao Nicolau est avant tout un formidable chef d’orchestre sur les tournages : s’occupant tout aussi bien de la mise en scène, du scénario que de l’écriture de la musique. Il s’est fait connaître des cinéphiles grâce à son premier long métrage, le très déconcertant L’Épée et le Rose . Ce premier film racontait l’histoire d’une bande de pieds nickelés, à bord d’un vaisseau pirate, qui décident de semer un joyeux bordel sur les côtes portugaises. Ils kidnappent tout ce qui pourrait se rapprocher de près où de loin à des symboles d’une Europe de la finance. Le film, charmant, se laissait aller et n’évitait pas les pièges du premier long métrage. Mais une chose était évidente : on assistait à la naissance d’un univers pop singulier et rafraîchissant. Cela se confirme d’une excellente manière avec John From, petite comptine sucrée s’intéressant aux fantasmes estivaux d’une jeune demoiselle lisboète. À force de se coltiner une vision quasi hégémonique d’une adolescence ravagée par la violence, la drogue et les humiliations (sous forme de drames à la Larry Clark ou de comédies prout prout), on en oublierait la puissance de l’imagination qui anime cet âge que l’on dit ingrat. Ce qui fait la force de John From est de remettre au centre des préoccupations de la jeunesse ce qui en fait sa sève : l’imagination au pouvoir.

Tout le travail de Joao Nicolau est de mettre en image un fantasme, celui de l’amour interdit : ici celui d’une ado pour son nouveau voisin, bien plus vieux qu’elle, déjà père d’un enfant. Le cinéaste se montre intelligent et ne quitte jamais la vision de la jeune fille. Il observe la naissance de cet amour uniquement avec les yeux de la gamine. Le temps d’un été, période propice à la flânerie, Rita et son amie Sara vont comploter et pousser le nouveau voisin, Filipe, à tomber dans les bras de la première. Nicolau décrit à merveille ce monde adolescent où les jeunes s’inventent des personnages, de singulières façons de communiquer et militent pour la procrastination générale. Parmi les jolies trouvailles du cinéaste, il y en a une qui donne immédiatement le ton du film. Les gamines vouent un culte à un iPod qui leur permet en

1/3


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.