étudiant 27 mai 2021, Volume 3 Numéro 8
La voix des étudiants francophones d’Orléans
Prochaine édition : Automne 2021
Faire de ces ruines notre château
Florence Fortier (gauche) et Léah Gauthier (droite) parlent de la concentration Design en page A2. CRÉDIT : M. SIMARD
Christine Sawaya, 12e année École secondaire Gisèle-Lalonde Souvent, en temps de crise comme celleci, il est facile de nous sentir perdants. Certains élèves ressentent qu’ils ont perdu leur expérience éducative « traditionnelle », d’autres ont perdu leur emploi, et encore, quelques-uns ont perdu un membre de leur famille. Ces pertes sont, sans aucun doute, valides et difficiles. Puisque je suis une élève qui obtiendra son diplôme d’études secondaires cette année, le confinement a été rempli de hauts et de bas. Je vous raconte mon histoire, dans l’espoir de vous faire sentir beaucoup moins seul(e), en ces temps inhabituels. Au début de la pandémie, j’ai été chanceuse, car ma vie était légèrement affectée. J’ai fait le choix de quitter mon emploi à temps partiel afin de garder ma famille en sécurité. J’ai aussi commencé l’école virtuelle. Je me sentais bien et au repos; l’incertitude était mon seul souci. Le 4 août 2020, une explosion s’est passée au port de Beirut. Les larmes aux yeux et le cœur vide, je regardais les nouvelles dans un silence interminable. Je me sentais triste, mais extrêmement furieuse. Je voulais crier jusqu’à ce que ma
voix résonne au Liban. Je voulais que le monde entier partage cette rage issue de mon sang. Alors que je continue ma vie facile, certains membres de ma famille ramassent les morceaux en verre de leurs fenêtres cassées, réduisent leurs portions alimentaires et combattent à chacun leur tour le coronavirus, en se partageant des bouteilles d’oxygène. En étant au courant de la situation du monde, je commençais à me sentir perdante. Ma motivation était mitigée et mon épuisement aggravé. Je n’arrivais plus à trouver une raison valable pour travailler fort ni à l’école ni à la maison. Malgré ce pessimisme, je devais me concentrer sur ce dont j’avais un contrôle, aussi minime soit-il. Par exemple, nous pouvons allouer un temps pour nous instruire, pour rester actif(ve) et surtout pour ne rien faire. C’est ainsi que je suis arrivée à définir un nouvel équilibre pendant le confinement. Je me suis instruite en apprenant comment couper les cheveux directement sur ceux de mon frère cadet. Au début, c’était loin d’être réussi, mais c’est à ça que sert la pratique! De toute façon, c’était encore l’hiver et il sortait avec un chapeau sur la tête, ni vu ni connu.
Poursuivez vos interrogations sur la nature humaine et la foi avec notre B.A. spécialisé avec majeure en foi, éthique et justice.
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