5 minute read

NOUVELLE AQUITAINE

En théorie, l’objectif du programme Optim’TER est de mieux adapter l’offre aux demandes des voyageurs.

La Nouvelle-Aquitaine veut booster ses TER… avec la SNCF

Advertisement

OPTIMISATION. La Nouvelle-Aquitaine est la première région à expérimenter Optim’TER, un dispositif imaginé par la SNCF pour rendre plus efficientes les offres TER. À la clé, une augmentation d’offre de 10 à 14 % selon les lignes. Olivier Jacquinot

«Nous avons découpé la Région en cinq zones, qualifiées d’étoiles ferroviaires, qui seront toutes passées à Optim’TER à l’issue de la convention.» Renaud Lagrave, vice-président en charge des Transports.

«C’ est un dispositif qui consiste à faire plus d’offres et mieux », résume Renaud Lagrave, le vice-président de Nouvelle-Aquitaine en charge des transports. Figurant dans la convention signée par la Région et la SNCF pour la période 2019-2024, Optim’TER est un programme national décliné pour la première fois en France et qui consiste à réorganiser totalement les horaires et les dessertes TER sur la base d’études menées par la SNCF avec les élus, les associations d’usagers et les potentiels utilisateurs. Études qui portent sur les flux identifiés de mobilité – notamment hors TER – les besoins, les freins à la fréquentation, les pistes d’amélioration en matière d’horaires, de fréquences… « Nous avons découpé la Région en cinq zones, qualifiées d’étoiles ferroviaires, qui seront toutes passées à Optim’TER à l’issue de la convention. Ces zones, vastes et qui peuvent en fait regrouper plusieurs véritables étoiles ferroviaires, ont été constituées en fonction du type de voies, de matériel, du centre de maintenance… Car l’optimisation, c’est aussi celle de l’organisation SNCF afin de faire rouler les TER plus longtemps dans la journée, explique Renaud Lagrave. À terme, la SNCF proposera que chacune de ces étoiles ferroviaires bénéficie de 10 à 14 % d’offre supplémentaire avec trois types de trains : les périurbains, pas seulement pour les très grandes villes ; les directs, par exemple d’une préfecture à l’autre, pour une correspondance Intercité, TER ou autre… ; et les caboteurs. Pour ces derniers, il y a possibilité de supprimer certains points d’arrêt, soit parce qu’ils sont trop peu fréquentés, soit parce qu’ils sont trop proches d’autres arrêts sur la ligne… Dans ces cas-là, il y aura du TAD pour les desservir. »

Des étoiles dans les yeux

Le premier territoire à bénéficier d’Optim’TER sera dès décembre l’« étoile de Périgueux », qui rayonne jusqu’à Bordeaux, Limoges, Sarlat… Puis celle de Bordeaux, à l’occasion du changement des horaires des TGV Sud Atlantique. Actuellement, débute le travail de réorganisation des dessertes pour l’« étoile de Limoges » en perspective du changement de service du POLT, en 2023, et sur celle de Sud Aquitaine, « où les taux de régularité sont catastrophiques et alors que ce bassin de 1,5 million d’habitants a besoin d’offres supplémentaires ». Le territoire du Poitou sera traité ultérieurement, en raison d’un programme de travaux très important dans les trois ans à venir.

Cette remise à plat des dessertes est sans commune mesure avec le travail mené en 2017 lors de la mise en service de la LGV Sud Atlantique. « La LGV avait surtout occasionné des changements horaires – 70 % des horaires avaient

Railcoop : la région ne deviendra pas sociétaire

La volonté affichée par l’État de vouloir réactiver les petites lignes, quitte à y faire circuler du matériel léger, interroge en Région Nouvelle-Aquitaine. « Qu’est-ce qu’une petite ligne ? En Nouvelle-Aquitaine, c’est 60 % du réseau ! Il ne faudrait pas que, en y mettant du matériel léger, on arrête de régénérer ces voies, prévient Renaud Lagrave, vice-président en charge des Transports. Ne serait-ce que pour le fret ! Dans les cas où il n’y a que du trafic voyageurs, que l’on fasse des régénérations plus légères pour du matériel plus léger, nous y sommes ouverts… » L’élu aquitain dit également être attentif à la démarche de Railcoop, cette coopérative ferroviaire qui souhaite réactiver la ligne Bordeaux-Lyon. « Je vois d’un bon œil l’arrivée d’un nouvel acteur, d’autant qu’il s’agit d’économie sociale et solidaire. C’est une très bonne idée. Il ne faudrait pas cependant que les horaires se chevauchent. Mais la Région ne peut être sociétaire de cette coopérative car cela irait à l’encontre des règles de la mise en concurrence, nous serions juge et partie… » O. J.

La gare de Monsempron-Libos, sur la ligne Agen-Périgueux. Railcoop propose des solutions pour les petites lignes.

dû être modifiés – mais n’avait pas changé la politique d’arrêt ni l’offre TER, souligne Renaud Lagrave. Et ne concernait pas toute la région. De plus, à l’époque, nous n’avions sous notre responsabilité ni les transports scolaires, ni l’interurbain. Aujourd’hui, nous sommes plus matures. » Concernant les correspondances et l’articulation rail-route, l’élu n’est pas inquiet : « C’est quand même plus facile depuis la mise en place du syndicat mixte régional Nouvelle-Aquitaine Mobilités et la plateforme Modalis. Il y a davantage de coordination des offres. »

Cette optimisation des dessertes ferroviaires TER sera la bienvenue pour relancer la fréquentation qui, après des augmentations régulières de 10 % en 2017, 2018 et 2019, peine à repartir. « Cet été, avec 80 % de la fréquentation de l’an dernier, ça a été moins catastrophique que prévu, notamment grâce aux occasionnels. Depuis la rentrée, on a retrouvé les abonnés annuels, les hebdomadaires avec même une petite progression, mais les abonnés mensuels ne sont pas encore revenus. En revanche, l’abonnement pour les moins de 28 ans connaît un beau succès avec 9 000 abonnés en deux mois… » Si Renaud Lagrave se réjouit de l’expérimentation Optim’TER et fait, en matière de fréquentation, contre mauvaise fortune bon cœur, il peste contre la dégradation de l’infrastructure et l’attitude de l’État. « La Région Nouvelle-Aquitaine est une oubliée du rail ! En 2019, nous avons voté un plan d’investissement ferroviaire de 532 M€, basé sur une étude SNCF de 2017, qui faisait état d’un besoin de 1,2 milliard de travaux de remise à niveau du réseau. Depuis, aucune nouvelle ! Nous sommes devant un mur. Nous avons engagé certains travaux d’urgence pour éviter les

limitations de vitesse, voire la fermeture de lignes. » Et de citer la régénération de voie entre Bergerac et Libourne, les études préliminaires sur Agen-Périgueux, l’étoile de Saintes… « À chaque fois, on fait l’avance de la part de l’État qui nous doit aujourd’hui entre 17 et 20 M€ sur les travaux déjà engagés. Il faudrait 100 M€ par an. On en est loin ! On attend des précisions sur le plan de relance mais, a priori, avec 300 M€ pour tout le réseau national… Notre inquiétude est grande concernant l’avenir du réseau de Nouvelle-Aquitaine. » ■

En région Nouvelle-Aquitaine comme ailleurs, la fréquentation peine à retrouver ses niveaux d’avant Covid-19.

This article is from: