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CONGRÈS DES RÉGIONS
LES TRANSPORTS au cœur de la relance
À l’occasion du Congrès des Régions de France, le 19 octobre, le Premier ministre, Jean Castex, a rappelé l’importance du transport dans la mise en œuvre des orientations environnementales et économiques du Plan de relance. Reste à articuler efficacement l’action du couple État/Région, pour éviter d’ajouter une crise de gouvernance à la crise sanitaire. Sandrine Garnier
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Très engagées depuis le début de la crise sanitaire, les Régions sont soucieuses de continuer à porter le plan de relance aux côtés de l’État. À l’occasion d’un congrès 2020 exceptionnel à la fois par son format digital et par la portée des débats, le Premier ministre, Jean Castex, a prononcé un discours sans aspérité. Pour les présidents de Région, l’enjeu est d’autant plus fort que les prochaines élections sont en vue, sauf report pour cause sanitaire. Certains (nes) d’ailleurs ne se cachent pas d’inscrire leur démarche dans le
Le Premier ministre a rappelé les priorités du Plan de relance.

55 % des Français jugent la Région efficace pour la relance calendrier présidentiel… Terrain sensible donc, et montée de la revendication territoriale alimentée par la préparation de la Loi 3D (déconcentration, différenciation, décentralisation), face à un État qui peine encore à se défaire de ses réflexes jacobins.
Si les présidents de Région se sont entendus avec le Premier ministre, fin septembre, pour se mobiliser aux côtés de l’État sur le Plan de relance, et l’accompagner à travers les Contrats de Plan 2021-2027, les modalités de mise en œuvre restent à préciser. Au total 40 milliards d’euros sont annoncés d’ici à 2027 : 16 milliards au titre du volet régional du Plan de relance, et 24 milliards dans le cadre des CPER.
Lors de son intervention devant les présidents de Régions, le 19 octobre, le Premier ministre a rappelé les priorités du Plan de relance : transition écologique, compétitivité de notre tissu économique, cohésion sociale et territoriale. « La rappelant que 1,2 milliard d’euros seront mobilisés pour les transports du quotidien, et 4,7 milliards pour le ferroviaire. Castex a confirmé le déblocage d’une enveloppe de 600 millions d’euros au titre de l’année 2020. Il a également évoqué Les résultats d’un sondage Ipsos ont été révélés à l’occasion du Congrès. Il en ressort que, pour 55 % des Français interrogés, la Région constitue l’échelon efficace pour la relance économique (62 % pour l’État). Les transports et le tourisme arrivent en tête des compétences régionales connues, pour respectivement 81 % et 79 % des sondés, devant la formation professionnelle et l’économie. En revanche, la poursuite de la décentralisation en faveur de l’échelon régional est approuvée par un peu moins d’un Français sur deux (49 %), même si la
Les présidents de Régions se sont réunis lundi 19 octobre dans l’hémicycle du conseil régional d’Île-de-France, à Saint-Ouen.
question des mobilités est au cœur de ces actes », a-t-il ajouté, Qualifié par Renaud Muselier de « vrai décentralisateur », Jean
Région leur apparaît à cet égard plus légitime que le département ou la commune. la mise en place rapide d’une solution de compensation pour les autorités organisatrices, inspirée de ce qui a été décidé pour l’Île-de-France. La disposition a été confirmée le lendemain par Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales. Les discussions devraient aboutir, et l’on imagine mal l’État refuser de soutenir les transports publics. Les conséquences du couvre-feu, instauré depuis le 17 octobre et élargi depuis, devraient rester limitées, en dehors de l’Île-de-France et des grandes métropoles.
Territoires en souffrance
Pour autant, si les élus locaux reconnaissent la pertinence des mesures prises au printemps dernier, ils persistent à réclamer un surcroît d’autonomie. « Territoires Unis », qui regroupe les grandes associations d’élus régionaux, départementaux et communaux, a critiqué l’action du gouvernement, qui prive graduellement les collectivités locales de ressources fiscales propres (suppression de la taxe d’habitation, baisse programmée des impôts de production…). Les représentants des territoires critiquent aussi le recours massif aux appels à projet, qui restent administrés par l’État central et ses services déconcentrés, mais favorisent le saupoudrage et ne permettent pas de décliner de véritables politiques locales.
Un constat relayé par l’Assemblée des communautés de France (AdCF), qui regroupe les intercommunalités, à l’occasion de la rencontre entre l’État et les collectivités locales, organisée le 20 octobre. L’AdCF plaide en effet pour un « contrat global de territoire », plus efficace dans la mise en œuvre du plan de relance. Si l’association se montre enthousiaste à la perspective des « contrats de relance et de transition écologique », elle appelle à la vigilance pour éviter de rajouter encore des procédures et rechercher au contraire à simplifier l’existant.
La crise sanitaire bouleverse nos modes de vie et notre manière de gouverner. Elle a bien sûr mis en lumière l’importance du local, mais aussi la prépondérance de l’État dans un contexte aussi dramatique. L’ampleur de la 2e vague de l’épidémie est tel que le prolongement des mesures de chômage partiel et de protection de l’économie vient à nouveau remettre au premier plan le rôle protecteur et indispensable de l’État central. Aussi longtemps que l’économie restera sous perfusion, c’est bel et bien l’État qui demeurera maître des opérations. ■