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SYLVAIN SCOTT

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CHANTAL LAMBERT

CHANTAL LAMBERT

Dans L’Enfant et les sortilèges, il y a la révolte explosive d’un enfant qui refuse de se soumettre à l’autorité. Un enfant qui veut s’affranchir du monde des adultes. Il ira même jusqu’à saccager son propre univers sous le coup de l’impulsion. Colette et Ravel nous tendent, à travers cette fantaisie lyrique, un miroir aux reflets peu édifiants de nos comportements humains. Mais tout ne s’arrête pas là, car le spectateur assistera à une seconde révolte soit celle des animaux malmenés par l’enfant. Un juste retour des choses direz-vous, mais c’est au cœur de ce chaos que l’œuvre nous révèle l’importance des valeurs d’entraide et d’altruisme afin de mieux vivre dans un monde en constante évolution.

Vous découvrirez également en ouverture de programme, Shéhérazade Trois récits d’une grande beauté qui sont à leur façon une ode à la liberté et à cette envie quelquefois de vouloir être ailleurs.

Merci à Chantal Lambert pour cette magnifique invitation. Merci aux interprètes pour l’ouverture dans le travail ainsi qu’aux fabuleuses équipes de l’Atelier lyrique, de l’Opéra de Montréal et de l’Agora.

Bonne représentation!

Sylvain Scott, Metteur en scène et scénographe

L’Enfant refuse de travailler, préférant s’adonner à toutes sortes de bêtises et provoquant le chagrin de sa Maman qui le punit : il restera seul dans sa chambre, sans manger (« J’ai pas envie de faire ma page »). Furieux, l’Enfant détruit tout sur son passage (« Ça m’est égal ! »).

Epuisé, il tombe dans un Fauteuil. Mais celui-ci s’anime : lui et la Bergère Louis XV lui reprochent ses destructions, refusant dès lors de servir à son repos (« Votre serviteur humble, Bergère »). L’Horloge, déréglée, ne peut plus s’arrêter de sonner (« Ding, ding, ding, ding, et encore ding »), tandis que la Théière, avec ses accents anglais, et la Tasse chinoise mettent l’Enfant au défi (« Où est ta tasse ? »). Alors que la nuit gagne, l’Enfant s’approche du Feu : ce dernier le menace, puis s’éteint, le laissant dans le noir (« Arrière ! Je réchauffe les bons »). Des tentures que l’Enfant a mis en lambeaux, les personnages peints d’un Pâtre et d’une Pastourelle se détachent et passent, lui reprochant son ingratitude (« Adieu, pastourelles ! Pastoureaux, adieu ! »).

D’un livre lacéré surgit une Princesse, dont l’Enfant s’est épris. Mais ses destructions la menacent car elle ne peut plus exister désormais que dans ses rêves fragiles : il promet de la défendre (« Ah ! C’est Elle ! C’est Elle ! »). D’un autre livre paraît un Petit Vieillard, l’Arithmétique, entouré de chiffres devenus fous, qui emmènent l’Enfant dans leur danse absurde avant de disparaître (« Deux robinets coulent dans un réservoir »). Le Chat vient jouer avec l’Enfant, mais se détourne bientôt de lui, courant rejoindre une Chatte au jardin (duo miaulé).

L’Enfant le suit dans le jardin. L’Arbre y pleure : l’Enfant l’a blessé avec un couteau (« Ah! Quelle joie de te retrouver, Jardin »). Une Libellule et une Chauve-souris passent tandis que résonne le chant du Rossignol. Toutes deux cherchent leurs compagnes : l’Enfant a épinglé celle de la première et tué celle de la seconde, laissant ses petits sans leur mère (« Où es-tu? Je te cherche »). De la marre émerge une Reinette. Un Ecureuil, échappé de la cage de l’Enfant, la presse de fuir pour ne pas finir capturée (« Sauve-toi, sotte »).

L’Enfant, seul et désolé face aux conséquences de ses bêtises, appelle sa Maman. Mais le jardin entier fond sur lui pour le châtier. Dans la bousculade, un écureuil se blesse : l’Enfant se précipite pour lui porter secours. Attendris par ce généreux élan, les bêtes aident l’Enfant à retrouver sa chambre, constatant qu’il est devenu sage. L’Enfant appelle de nouveau sa Maman (« Ils s’aiment. Ils sont heureux »).

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