AGRÉÉ PAR LA FONDATION ABBÉ PIERRE
LES GENS DE L’OUBLI
maison de la solidarité 29 rue Ed 9 2 23 0 G m o n d d a r ∫ ois e n n e v il lie r s T 0 1 47 9 0 49 0 3 F 0 1 47 m s o lg e n 3 3 6 0 9 3 n @ fr e e. fr
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2007 imestre
LIBERTÉ ÉGALITE PLAGE
ar i t i o n la disp t e e t ouver La déc lage p. 2 /3 ar i t é p d i l o s de xi us - ta d b i a S n i e ra sd age - t Po ême s - voy e c n a c : va elo ds - à v S an ar y - à pie r s emme i le pou domic telier F à A » é t 4 p. s s an e ! ar c o ur omic i l U n « p e i l l i s s a n s d u des acc t ur e ’o u v e r d s e r i Hora
solidarité
plage
SOLIDARITÉ PLAGE : MAIS POURQUOI DONC ?
ressemble habituellement à une autre, à toutes les autres : le même décor, la même place au petit-déjeuner, les mêmes bruits, les mêmes têtes, les mêmes somnolences.
par Régis Toulemonde, président
Alors, comment rompre cette monotonie ? Comment titiller la curiosité, comment frapper l’imagination, comment interpeller, comment réveiller, comment donner envie ?
Fin juin, un grand quotidien titrait en première page : « Organisateurs cherchent lieux insolites pour surprendre » et expliquait que face à une offre pléthorique, des responsables cherchent des lieux imprévus et spectaculaires pour attirer le public, car si les lieux intriguent, c’est déjà un atout. À la Maison de la Solidarité, c’est tout autre chose. L’originalité de Solidarité Plage n’était pas un moyen pour attirer un public. Il est déjà là. Et pour lui, une journée
COMMENT RÊVER UN PROJET par Ghislaine Valadou, directrice L’hiver avait été long cette année là, une de ces lourdeurs qui colle, une de ces lourdeurs qui, si on la laisse se coller devient indécollable, le moment était venu… ! Un matin, un de ces petits matins, plus frais, plus joyeux, plus léger que les autres, amena une idée qui traversa la pièce, quelqu’un de plus rapide l’attrapa avant qu’elle ne reparte : « transformons la maison ! c’est vrai après « le mur de la Solidarité », pourquoi ne pas faire « la plage de la Solidarité » ? que fautil ? pas grand-chose, deux tonnes de sable, trois ou quatre parasols, un décor pour cette scène « et roule ma poule… » ponctuent certains après l’énoncé d’une bonne idée, faire rouler les poules… pourquoi pas ? …une idée à retenir pour une autre fois... pas mal… tant que ce n’est pas des poules mouillées... mouillé… eau... mer… je reviens sur la plage. Il faut commencer par planter le décor. Une grande toile peinte qui dessine la mer, en bleu outremer
Impossible d’emmener tout le monde en voyage. Il fallait donc que, d’un coup de baguette magique, notre centre, lieu d’accueil, se métamorphose en lieu de rêverie, où chacun, pour quelques instants du moins, ayant perdu ses repères habituels, s’émerveillerait. Ainsi, c’est la mer qui a ensablé la grande salle, les accueillants sont devenus les maîtres nageurs,
le bureau de la directrice le poste de secours, les horaires d’ouverture les horaires des marées. Certains, étonnés, ont simplement demandé à quoi servait ce décor, combien ça avait coûté. Mais la plupart des accueillis ont réagi. Le ciel bleu sur les murs incitait à l’évasion, la mer au voyage vers des terres lointaines, vers la famille pour certains. Le cri des mouettes évoquait l’envol et la diversité des espèces, le bruit des vagues l’énergie éternellement inépuisable. Le fait de s’être senti en vacances les pieds dans le sable, allongé dans un transat, sous un parasol, chacun en parlera encore longtemps après que la mer se soit retirée. Pari gagné.
« ça change ! » dit quelqu’un – « c’est pas mal » dit l’autre - « c’est triste ! » dit le troisième qui venait d’arriver. Le quatrième ne dit rien du tout. Il fallait reprendre les pinceaux, et les vagues successives de bleus commencèrent à jouer sur la grande toile. Deux jours après, le camion déversa le sable dans la salle d’accueil, on piqua les parasols… la plage se mit en attente. C’est les enfants qui commencèrent à jouer, en construisant des châteaux, et tranquillement l’air de rien, les chaises longues trouvèrent leurs siesteurs , leurs rêveurs, la moquette verte de « Leroy Merlin » était du plus bel effet. Cette première semaine fut ponctuée de « ho ! là là ! …. pourquoi vous faites ça… ? ça sert à rien… ooooh ! c’est bôôôôô !... moi j’m’en fou !... pas moi ! j’suis pas d’accord avec toi, j’aime bien… ça change, et patati et patata… pppfffff !!. Moi j’veux juste un rasoir et une serviette… où elle est vot’piiiiiscine ? » La deuxième semaine, certains arrivaient avec leurs lunettes de soleil, la serviette sur l’épaule dès le
matin. Le lundi de la deuxième semaine, une mouette traversa la salle, au premier passage silencieux je ne sentis que le souffle de son vol, comme moi d’autres l’avait remarquée, la bestiole nous regardait perchée suite page 2
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