Les gens de l'oubli i#37

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maison de la solidarité AGRÉÉE PAR LA FONDATION ABBÉ PIERRE

29 rue Ed 9 2 23 0 G m o n d d a r ∫ ois e n n e v il lie r s T 0 1 47 9 0 49 0 3 F 0 1 47 m s o lg e n 3 3 6 0 9 3 n @ fr e e. fr

N°37 /

ÉDITORIAL

IRE A M M O S o 2014 /

orains s Ar ts f it e d d E e é s p. 1 ie mu La sor t aine en Tour r u jo é S p. 2 / 3 har te n à la C io s rité é h d A s Solida e u p. 4 iq t u des Bo m e nt s mercie e r , s e Horair

pour ne rien  ou∫lier

par Anne Cosquer, directrice La visite au musée des Arts forains et le séjour d'une semaine en Touraine sont racontés dans cette édition des Gens de l'Oubli. Ce sont deux volets du projet culturel auquel la Maison de la Solidarité est fortement attachée depuis sa création.

Création qui, rappelons-le, aura bientôt 20 ans, comme plusieurs autres accueils de jour soutenus par la Fondation Abbé Pierre et adhérents à sa « Charte des Boutiques Solidarité » dont la version actualisée (2014) vous est également présentée.

rôle des associations dans la société française aujourd’hui ; de rappeler que les associations loi 1901 ne peuvent exister que dans un état démocratique ; que défendre leur existence, c’est s’opposer à toute forme de totalitarisme.

20 ans d’existence… Un anniversaire qui sera souligné par un temps fort prévu en novembre, organisé par quelques-unes des associations Boutiques Solidarité situées en Ile-de-France. Ce moment sera l’occasion de réfléchir aux spécificités des « Boutiques Solidarité » mais aussi, plus largement, de réaffirmer la place et le

Je vous laisse maintenant découvrir, au travers de ce nouveau numéro des Gens de l’oubli, quelques facettes de ce qu’une association peut réaliser avec les personnes qu’elle accueille et vous apporter ainsi une large bouffée d’optimisme ...

IMAGINEZ-VOUS UNE ÉPOQUE… par Pascale Roux Imaginez-vous une époque sans écrans : ni tv ni cinéma ni ordinateurs ni smartphones. On devait s'ennuyer, pensez-vous... Eh bien on allait à la fête foraine, tournez manèges de chevaux de bois et caroussels ! Arrêtez-vous au stand de tir de chamboule-tout, essayezvous aux jeux de palets, de force, de massacre avec les Pieds Nickelés, laissez-vous aller aux brises des balançoires et des nacelles. Voilà entre autres ce qu'on découvert au musée des Arts forains neuf personnes accueillies à la Maison de la Solidarité. Un endroit magique de 5 000 m2, hors du temps et abrité sous les anciens chais du Cour St-Emilion bâtis en pierres imposantes, projet porté et financé par JeanPaul Favand. Comédien dès son plus jeune âge, il se livre parallèllement à la chasse aux objets d'art, ouvre plus tard

un magasin d'antiquités en 1970 où il expose sa collection d'objets de curiosité. Dans les années 80, il touche à la mise en scène d'expositions-spectacles sur les thèmes du jouet, de la sorcellerie ou de l'art forain. Aujourd'hui, sa collection

couvre l'histoire du spectacle et de la fête foraine de 1850 à 1950. C'est ce que nous raconte notre guide, Libere, de sa voix chaude et grave illuminée par un franc sourire, nous promenant, comme un vieil ami, de salle en salle, toutes dans une pénombre réchauffée de lumières chaudes et fantastiques. Nous avons esquissé quelque pas de danse sur le parquet d'une magnifique salle de bal. Assis, nous avons voyagé en gondole sur le Rialto de Venise, debout, les yeux en l'air, écouté les automates de la commedia dell'arte dirigés par le Doge, avec Arlequin, Pierrot, Mozart, sur des airs d'opéra. Nous avons tourné autour d'une vraie montgolfière, admiré les costumes des Folies Bergère et la fameuse ceinture de Joséphine Baker. Tous les regards pétillaient de plaisirs enfantins, de rires, d'envies de jouer, seul comptait ce moment présent hors du quotidien. Les rires fusaient lors de parties animées de jeux de palets ou de tours de manèges sur les chevaux de bois. Un peu de sport aussi sur ce manège de 19 vélos de 1897, de mécanique anglaise, fonctionnant grâce aux mollets des participants. Emportés par l'ivresse du pédalage nous avons atteint la vitesse de 20 km/h, alors que certains autrefois pouvaient se vanter d'une pointe à 80 km/h ! Rien de figé dans ce musée : on peut toucher. Ce rapport direct de chacun d'entre nous à l'objet est important aux

yeux de Favand. D'où son travail artistique sur leur positionnement et leur éclairage, et leur mise en scène pour nous suggérer des voyages là où tout n'est que fantaisie et jeu. Comme il le dit lui-même : «... un Musée Spectacle vivant où les visiteurs traversent le miroir et deviennent acteurs dans leurs propres rêves. » (Jean-Paul Favand) Au retour, dans le brouhaha de la ligne 14, chacun rêvassait à la magie de la visite quand un homme estropié avança péniblement dans l'allée, sur ses mains — presque un homme tronc. Un des plus jeunes des accueillis lui a alors tendu quelques pièces de monnaie, puis une des femmes plus âgée, puis une autre et une autre. Les pauvres donnent aux plus pauvres et voilà un beau geste de solidarité. + d'infos : www.arts-forains.com


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