OECD Economic SUrvey of Canada - brochure 2025 French

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ÉTUDES ÉCONOMIQUES DE L’OCDE

CANADA 2025

MAI 2025

• L’économie canadienne a fait preuve de résilience, mais la croissance du PIB par habitant est faible

• Les perspectives de croissance s’assombrissent et sont entourées d’incertitudes

• Trouver un juste équilibre entre un soutien macroéconomique à court terme destiné à atténuer l’impact des droits de douane et la réduction de l’endettement à moyen terme

• Améliorer l’accessibilité financière du logement

• S’adapter au changement climatique

• Rehausser la productivité du secteur des entreprises

2 . OECD ECONOMIC SURVEY OF SPAIN 2023 – EXECUTIVE SUMMARY

À PROPOS DE L’OCDE

L’OCDE est un forum unique où les gouvernements travaillent ensemble pour relever les défis économiques, sociaux et environnementaux liés à mondialisation. L’OCDE est également à l’avant-garde des efforts visant à comprendre et à aider les gouvernements à répondre aux nouveaux développements et préoccupations, tels que le gouvernement d’entreprise, l’économie de l’information et les défis posés par le vieillissement de la population. L’Organisation offre un cadre dans lequel les gouvernements peuvent comparer leurs expériences en matière de politiques, chercher des réponses à des problèmes communs, identifier les bonnes pratiques et travailler à la coordination des politiques nationales et internationales.

À PROPOS DE LA DIRECTION DES ÉTUDES PAR PAYS

La Direction des études nationales aide les pays à se réformer en leur fournissant les meilleures informations et analyses. Nos études économiques évaluent la situation économique d’un pays de manière personnalisée, avec des caractéristiques spéciales qui mettent en lumière les défis les plus urgents auxquels le pays est confronté. Les enquêtes présentent des mesures concrètes que les décideurs politiques pourraient prendre pour mettre en œuvre des réformes afin que la croissance profite à tous, que les économies soient plus résilientes et que le bien-être progresse. Nous réalisons des enquêtes depuis plus de 60 ans, chacune d’entre elles étant basée sur un engagement étroit avec les autorités nationales. Ces relations de confiance nous permettent de mieux comprendre les réformes qui améliorent la vie des gens. Nos équipes ont toutes un “état d’esprit réformateur”, et notre expertise, notre regard et notre histoire aident les gouvernements à l’adopter également.

Le rapport complet est disponible ÉTUDES ÉCONOMIQUES DE L’OCDE : CANADA 2025

OECD Publishing, Paris https://doi.org/10.1787/d806a81d-fr

L’ÉCONOMIE CANADIENNE A FAIT PREUVE DE RÉSILIENCE,

MAIS LA CROISSANCE DU PIB PAR HABITANT EST FAIBLE

L’environnement économique difficile de ces dernières années a accentué les problèmes structurels du Canada, en particulier la faible croissance de sa productivité. Ramenée par habitant, cette croissance a été faible en raison de l’atonie des gains de productivité. Cette situation montre bien la nécessité impérieuse de réformes destinées à stimuler la production potentielle et à améliorer la compétitivité.

Le Canada a enregistré une reprise vigoureuse après la pandémie, mais ces dernières années, la croissance du PIB par habitant s’est essoufflée, en particulier si on la compare aux résultats des États-Unis, son proche voisin. La forte croissance de la population qui a suivi la pandémie a stimulé l’offre de main-d’œuvre, mais les investissements favorisables à la productivité n’ont pas progressé à un rythme similaire. La croissance plus faible du PIB par habitant s’explique également par la productivité plus faible des immigrés récents, parmi lesquels on compte de nombreux résidents non permanents peu qualifiés. Les hausses antérieures des taux d’intérêt ont pesé sur les dépenses de consommation, en raison de l’endettement élevé des ménages et de la durée relativement courte des prêts hypothécaires. L’accessibilité financière du logement a été mise à mal. Si les exportations de matières premières sont vigoureuses, la compétitivité des autres exportations et la forte concentration des marchés à l’export restent un problème.

Une forte progression de la productivité du travail est indispensable à la croissance économique dans les pays à revenu élevé. La productivité du Canada est inférieure à celle de pays comparables. L’insuffisance des investissements dans des

actifs innovants essentiels comme la propriété intellectuelle et les technologies numériques limite les gains de productivité. À cela s’ajoute la faiblesse de la dynamique des entreprises et des pressions concurrentielles. Les obstacles au commerce et à la mobilité de la main-d’œuvre entre les provinces, qui existent depuis longtemps, empêchent le Canada de tirer parti de marchés plus vastes.

Le Canada vise la neutralité en gaz à effet de serre d’ici 2025, mais cet objectif nécessite une action vigoureuse des pouvoirs publics. L’économie du Canada, grand producteur de pétrole brut et de gaz naturel, se caractérise par une forte intensité de carbone et d’énergie. La tarification du carbone occupe à juste titre une place centrale dans la stratégie nationale de réduction des émissions, même si la suppression récente de la redevance fédérale sur les combustibles a eu pour effet d’annuler le signal-prix adressé directement aux consommateurs. D’autres mesures nouvelles importantes, comme le système de plafonnement et d’échange dans le secteur pétrolier et gazier, sont en cours d’élaboration. En plus des efforts de réduction des émissions, et compte tenu de l’intensification attendue des effets physiques du changement climatique, il faudra intensifier encore les efforts d’adaptation à ce phénomène.

Graphique 1. La croissance du PIB par habitant est inférieure à celle d’autres pays de l’OCDE PIB réel par habitant

Note : L’agrégat OCDE zone euro à 17 comprend les pays membres de l’OCDE qui font partie de la zone euro. Les données de 2024 ont été compilées à partir de projections démographiques. Source :Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE.

LES PERSPECTIVES DE CROISSANCE S’ASSOMBRISSENT ET

SONT ENTOURÉES D’INCERTITUDES

La croissance du PIB du Canada a rebondi en 2024 après une période d’atonie, et l’inflation est revenue à son taux cible. La croissance du PIB a bénéficié de manière continue de la forte hausse de la population. Toutefois, l’augmentation des obstacles aux échanges commerciaux avec les ÉtatsUnis pèse lourdement sur les perspectives économiques.

L’activité économique a repris de la vigueur en 2024, après une période d’atonie en 2023 (Graphique 1). La consommation privée a été soutenue par la forte progression démographique et la baisse des taux d’intérêt au second semestre de 2024, même si le coût des prêts hypothécaires, toujours élevé, continue de limiter les dépenses des ménages. L’investissement des entreprises par travailleur reste modeste au Canada en comparaison avec d’autres pays de l’OCDE. Plusieurs mesures ont été adoptées récemment pour soutenir l’investissement dans les secteurs verts. À la fin de 2024, le Canada n’avait pas non plus réussi à tirer pleinement parti de la croissance de ses marchés à l’exportation. Il a ainsi perdu des parts de marché, malgré la croissance vigoureuse de ses exportations de pétrole brut et d’autres matières premières.

Les tensions sur le marché du travail se sont atténuées. La situation s’est dégradée sur le marché du travail, avec un nombre d’emplois vacants en diminution et une hausse du taux de chômage en 2024. Les salaires n’augmentent plus aussi rapidement, mais ils restent élevés

comparativement aux gains de productivité. Les tensions inflationnistes ont diminué et l’inflation globale est revenue à son taux cible. Néanmoins, dans les services, l’inflation reste supérieure à 2 %, en partie du fait de la persistance d’une forte hausse des prix des logements.

Toutefois, les incertitudes commerciales et l’évolution des droits de douane ont considérablement assombri les perspectives économiques (Tableau 1). Le PIB devrait reculer à partir du deuxième trimestre de 2025 en raison de la forte baisse des exportations à destination des ÉtatsUnis due au relèvement des droits de douane. La consommation des ménages et l’investissement des entreprises seront eux aussi pénalisés par les tensions commerciales et le climat de grande incertitude. La situation du marché du travail se dégradera en 2025. En 2026, le PIB devrait se redresser lentement à mesure de l’ajustement de l’activité économique aux nouveaux droits de douane. La baisse des taux d’intérêt stimulera l’investissement des entreprises et la consommation des ménages, sur fond de recul de l’incertitude. En revanche, le ralentissement de la

Tableau 1. Les droits de douane assombrissent les perspectives de croissance

Taux de croissance annuelle, sauf indication contraire

des prix à la consommation

Solde budgétaire, % du PIB

Solde de la balance courante, % du PIB

Taux directeur (moyenne de la période)

Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE.

croissance démographique sera moins favorable à la progression de la consommation. L’inflation globale ne devrait repasser que très légèrement au-dessus du taux cible, les tensions à la hausse exercées sur les prix à la consommation par l’augmentation des droits de douane étant partiellement compensées par la baisse des prix de l’énergie due à la suppression de la redevance sur les combustibles. L’inflation sous-jacente sera un peu plus élevée.

Les perspectives sont entourées d’incertitudes considérables, aussi bien ce qui concerne les niveaux futurs des droits de douane que leur

impact sur l’économie canadienne. Les droits de douane pourraient augmenter ou baisser par rapport à leur niveau actuel. L’ampleur considérable du choc douanier, les liens étroits entre les chaînes d’approvisionnement transfrontières et l’ incertitude entourant l’orientation des politiques commerciales futures rendent leur impact très incertain. Cependant, sur le plan positif, si l’évolution des droits de douane incite à s’attaquer à des problèmes structurels existant de longue date, par exemple à renforcer les marchés intérieurs du Canada, cela pourrait entraîner des effets positifs durables.

TROUVER UN JUSTE ÉQUILIBRE ENTRE UN SOUTIEN

MACROÉCONOMIQUE À COURT TERME DESTINÉ À ATTÉNUER

L’IMPACT DES DROITS DE DOUANE ET LA RÉDUCTION DE L’ENDETTEMENT À MOYEN TERME

Les finances publiques sont solides, la dette publique brute est proche de la moyenne de l’OCDE et l’endettement net et le déficit primaire sont peu élevés. De ce fait, le pays est à même d’absorber la détérioration du déficit budgétaire dû au choc douanier. À moyen terme, la politique budgétaire devra assurer un juste équilibre entre de fortes tensions sur les dépenses consacrées à des programmes sociaux, au logement et aux infrastructures, et la poursuite de la réduction du ratio dette/PIB.

Avec le reflux de l’inflation, la banque centrale a abaissé le taux directeur, ramené de 5.0 % à 2.75 % en avril 2025. Le resserrement quantitatif a pris fin en mars 2025 et la Banque du Canada est revenue à une gestion ordinaire de son bilan. Dans la conjoncture actuelle, le maintien d’une orientation globalement neutre est approprié. Cependant, la banque centrale devrait rester vigilante en cas de concrétisation de risques négatifs pour la croissance ou les prix.

Le secteur bancaire semble bien capitalisé. Cependant, les risques, en particulier en lien avec le marché hypothécaire national, restent significatifs et ils justifient une surveillance étroite ainsi que le maintien d’une réglementation prudentielle rigoureuse.

Après le creusement dû à la pandémie, les déficits budgétaires ont été réduits plus rapidement que dans d’autres pays de l’OCDE et restent modestes en comparaison internationale. Le déficit primaire des administrations publiques s’est établi à -0.3 % du PIB en 2024. La dette brute s’est élevée à 107 % du PIB et la dette nette à 8 % du PIB en 2024. Le ratio de la dette publique brute au PIB devrait globalement se stabiliser aux niveaux actuels, soit un peu au-dessus de 100 %, sans nouvelles mesures budgétaires, pour autant que les augmentations des dépenses liées au vieillissement puissent être compensées. Cependant, les tensions sur les dépenses publiques liées aux nouveaux programmes sociaux, au logement, à la défense et aux infrastructures nécessitent une maîtrise efficace des dépenses ainsi

qu’une réduction des dépenses moins prioritaires opérée en s’appuyant sur des examens de dépenses menés de manière efficiente. Une fois que l’impact du choc commercial récent sur le solde budgétaire sera atténué, il conviendrait de ramener la dette sur une trajectoire descendante à moyen terme.

La structure fiscale pourrait être mieux alignée sur les objectifs en matière de croissance et d’environnement. Dans le cadre de cette stratégie, il faudrait notamment prévoir de transférer en partie le poids de la fiscalité des revenus vers la consommation, en supprimant progressivement les éléments bénéficiant d’un taux zéro. Le Canada s’est doté d’un système de tarification du carbone complet et bien conçu, qu’il convient de préserver. La suppression récente de la redevance fédérale sur les combustibles affaiblit le signal-prix du carbone en direction des consommateurs et a pour effet de freiner la stratégie de réduction des émissions de carbone du Canada.

Les avantages fiscaux accordés aux PME devraient être réduits. Certains programmes publics privilégient les investissements réalisés par de petites et moyennes entreprises au détriment des grandes. L’application d’un traitement fiscal préférentiel aux PME pourrait créer des distorsions. Il faudrait mettre un terme au taux d’imposition préférentiel applicable aux PME et harmoniser les incitations à la R-D entre les petites, les moyennes et les grandes entreprises.

AMÉLIORER L’ACCESSIBILITÉ FINANCIÈRE DU LOGEMENT

L’accessibilité financière du logement a été mise à mal par les fortes hausses des prix et des loyers. Divers programmes publics ont été mis en place pour améliorer l’offre de logements. Toutefois, il est possible de faire davantage pour accroître l’offre et développer les aides au logement social et abordable.

Les prix de l’immobilier et les loyers ont augmenté plus fortement au Canada que dans la plupart des autres pays de l’OCDE (Graphique 2). Cette évolution s’explique par l’insuffisance de l’offre et par l’inadéquation entre l’offre et la demande de logements, ainsi que par le manque de logements locatifs et abordables. La vigueur récente de l’immigration a amplifié ces difficultés. Des restrictions ont empêché un développement à densité moyenne dans les centres urbains. Des délais d’approbation relativement longs et des problèmes d’octroi des autorisations ont en outre freiné la

construction de logements. Le stock de logements sociaux est peu développé et relativement ancien, et la demande est largement supérieure à l’offre.

Plusieurs programmes publics visent à accroître l’offre de logements et à venir en aide aux populations vulnérables. Ces initiatives sont les bienvenues et devraient être poursuivies. Les municipalités devraient continuer à autoriser le logement de densité moyenne dans les zones urbaines, et devraient être incitées à le faire. De plus, des efforts supplémentaires pourraient être

déployés pour accélérer le processus d’autorisation. Des financements publics supplémentaires sont nécessaires pour développer le logement social et abordable, soit par des incitations ciblant les investisseurs immobiliers, soit par un renforcement de l’implication directe des autorités fédérales et provinciales dans le secteur social et le secteur coopératif.

Il est également essentiel d’accroître la main-d’œuvre dans le secteur de la construction pour répondre aux pénuries, d’affecter des fonds suffisants aux infrastructures pour accompagner le développement du logement et de relever les normes de performance énergétique des bâtiments pour promouvoir l’efficacité énergétique dans le secteur résidentiel, qui est actuellement très faible.

Graphique 2. Les prix des logements ont augmenté fortement Prix réels des logements

Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE.

S’ADAPTER AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Les risques climatiques associés à la hausse des températures et aux phénomènes météorologiques extrêmes ont des conséquences de plus en plus lourdes sur l’économie et les populations. Pour relever ces défis il faut passer d’une démarche reposant sur la gestion post-catastrophe à une approche proactive de réduction des risques et à des investissements dans des infrastructures résilientes au changement climatique.

Le Canada est vulnérable à la hausse des températures et aux catastrophes naturelles provoquées par les inondations fluviales et côtières et les incendies de forêt. La fréquence et la gravité des catastrophes naturelles ont augmenté (Graphique 3) et continueront de s’accentuer, nécessitant une réorientation de l’action publique qui doit passer de la réaction d’urgence à la prévention. Le Canada a lancé sa première Stratégie nationale d’adaptation en 2023. Atteindre les objectifs fixés nécessitera une accélération sensible des efforts d’adaptation.

Les politiques publiques occupent un rôle crucial dans l’orientation de l’adaptation aux effets du changement climatique, en communiquant des informations, en adoptant des réglementations efficaces et en intervenant directement en cas de coûts financiers élevés et d’externalités importantes. Par exemple, une meilleure cartographie des risques d’inondation et une sensibilisation accrue du public en la matière sont essentielles pour atténuer l’exposition à ces risques. Dans les zones à haut risque d’inondation et d’incendie, l’aménagement foncier devrait être restreint. Il conviendrait de créer des organes consultatifs

État Unis

indépendants chargés de formuler des conseils sur la gestion des risques d’inondation. Par ailleurs, la modernisation des infrastructures de gestion des eaux pluviales et l’amélioration des protections contre les inondations côtières nécessitent l’intervention des pouvoirs publiques. Il est possible de développer davantage d’aménagements paysagers résistant au feu et des dispositifs coupe-feu autour des infrastructures critiques pour limiter les dommages causés par les feux de forêt.

La couverture d’assurance n’est pas suffisamment développée, et de nombreux ménages vivant

dans des zones à haut risque ne sont pas assurés. En conséquence, les catastrophes induisent souvent des dépenses élevées à la charge des particuliers ou des pouvoirs publics. Une couverture plus large de l’assurance contre les inondations est nécessaire, sur la base d’un partage efficace des risques. Parallèlement, il faudrait mettre en place des incitations fortes à réduction des risques, comme l’octroi de réductions de primes liées à des initiatives d’adaptation. Ces mesures pourraient en outre être complétées par des aides ciblées aux particuliers et aux entreprises investissant dans l’adaptation.

Graphique 3. Les coûts d’assurance liés aux catastrophes naturelles ont augmenté rapidement

Montant des pertes dues à des catastrophes au Canada

2023 CAD billions Loss + loss ajustment expenses in 2023 CAD

Milliards de CAD de 2023 Perte + charges d'ajustement des pertes en CAD de 2023

Estimated trend

Tendance estimée

Note : Ce graphique présente le point médian entre deux estimations du pourcentage de pertes économiques assuré : le pourcentage des pertes totales qui était assuré et la moyenne du pourcentage de pertes assuré pour chacun des événements considérés. La présentation du point médian entre ces deux estimations permet d’atténuer le biais lié aux données pouvant résulter des événements pour lesquels les pertes totales étaient importantes, mais les pertes assurées déclarées étaient faibles.

Source : Calculs du Bureau d’assurance du Canada à partir d’estimations de Catastrophe Indices and Quantification Inc. (CatIQ), à la date d’août 2024.

REHAUSSER LA PRODUCTIVITÉ DU SECTEUR DES ENTREPRISES

Au Canada, la croissance de la productivité est depuis de nombreuses années inférieure à celle des pays de l’OCDE les plus performants en la matière. Cet écart de productivité s’explique notamment par des investissements insuffisants et par la faiblesse des dépenses de R D des entreprises. Il est indispensable de corriger ces défaillances pour pouvoir tirer parti des évolutions en cours dans le domaine des nouvelles technologies, notamment concernant la transition écologique et l’intelligence artificielle.

La faiblesse des gains de productivité est attribuable pour l’essentiel à une faible performance en la matière au sein des secteurs. La composition sectorielle du

Canada ne joue qu’un rôle mineur à cet égard. Toutefois, le secteur des ressources naturelles (et notamment de la production pétrolière), relativement important, est

périodiquement à l’origine de fortes fluctuations des gains de productivité. La faiblesse de la dynamique des entreprises et de leur croissance, ainsi que l’insuffisance des investissements dans des actifs essentiels à l’innovation, sont autant de freins à la croissance et à la productivité.

La R-D des entreprises, un moteur essentiel de la productivité, est faible, représentant seulement 1 % du PIB contre une moyenne de l’OCDE se situant à 2 %. Les incitations fiscales existantes pour la R-D devraient être rationalisées pour les petites et grandes entreprises, et avoir une composante de soutien plus direct. Le taux d’imposition préférentiel applicable aux petites entreprises devrait être supprimé pour éviter qu’il ne limite potentiellement leur croissance. Il est également possible d’améliorer l’accès aux financements, en particulier celui des jeunes entreprises ne possédant pas d’actifs tangibles, ce qui pourrait faciliter leur développement.

L’environnement réglementaire pèse sur la croissance de la productivité. Les obstacles au commerce intérieur restent importants et devraient être réduits plus rapidement. Les restrictions sur les investissements étrangers devraient être réexaminées.

De plus, l’amélioration de la reconnaissance mutuelle des qualifications entre les provinces, y compris des diplômes

étrangers, permettrait de réduire les obstacles intérieurs à la mobilité sur le marché du travail.

Il est possible de mieux exploiter les avantages des technologies numériques. L’intensité numérique de l’économie pourrait être accrue et l’environnement concurrentiel des entreprises numériques renforcé. Il est également possible d’améliorer l’accès aux services numériques et de télécommunications et d’en abaisser les coûts en stimulant la concurrence dans ce secteur.

Il existe un potentiel d’amélioration de l’utilisation des ressources humaines. Les taux de surqualification sont élevés, en particulier chez les immigrés. Les femmes sont toujours sous-représentées dans certains domaines clés des STIM et aux postes de direction. Les écarts de temps de travail et de rémunération entre les genres demeurent importants. Afin d’exploiter pleinement le potentiel de l’activité féminine, le gouvernement devrait continuer d’accroître l’offre de structures abordables d’accueil des jeunes enfants et de renforcer les politiques relatives au congé parental, à l’égalité salariale, à la lutte contre les discriminations et à la flexibilité des modalités de travail.

Graphique 4. La croissance de la productivité est inférieure à celle observée dans d’autres pays de l’OCDE PIB par heure travaillée, croissance annuelle moyenne sur la période 2000-23

Note : Moyenne non pondérée pour l’agrégat OCDE. Source : OCDE, Statistiques sur la productivité (base de données).

PRINCIPALES CONCLUSIONS | ● PRINCIPALES RECOMMANDATIONS

PROMOUVOIR LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE ET SE PRÉMUNIR CONTRE LES RISQUES MACROÉCONOMIQUES

■ L’inflation globale est revenue à l’objectif de 2 %. Les droits de douane exercent deux influences opposées sur l’inflation : ils font augmenter les prix à l’importation, mais en même temps, ils réduisent la demande, ce qui fait baisser les prix.

● Adopter une orientation monétaire globalement neutre face au choc commercial attendu. Se tenir prêt à agir en cas de concrétisation de risques négatifs pour la croissance ou les prix.

■ L’endettement des ménages est élevé. Le niveau de risque associé aux prêts hypothécaires continue d’augmenter, de même que les coûts du service de la dette.

● Continuer de surveiller de près les évolutions du marché du logement et les risques associés au marché hypothécaire.

■ Après la hausse observée en lien avec la pandémie, les déficits budgétaires ont diminué plus rapidement que dans d’autres pays, mais le ralentissement économique devrait peser sur les perspectives budgétaires. Des mesures nouvelles de grande ampleur prises dans le passé ont accru les besoins de dépenses à long terme.

● Laisser le déficit budgétaire se dégrader spontanément (« stabilisateurs automatiques ») en réponse au choc commercial.

● À moyen terme, ramener la dette sur une trajectoire descendante, conforme aux ancrages budgétaires, et assurer un contrôle efficace des dépenses.

■ L’administration publique fédérale mène actuellement une nouvelle série d’examens des dépenses dans le cadre du budget fédéral. Les examens des dépenses sont axés principalement sur les dépenses de fonctionnement et les économies ad hoc.

● Procéder à des examens des dépenses de manière plus systématique et régulière et élargir le périmètre des examens en cours.

■ La part des recettes provenant des impôts indirects (TVA/TPS) est comparativement modeste, tandis que celle des provenant des impôts sur le revenu et les bénéfices est élevée.

● Relever progressivement les taux de la TPS/TVH et s’éloigner des taux zéro pour des articles comme les produits alimentaires de base, les produits agricoles et les médicaments sur ordonnance de façon à financer une baisse de l’impôt sur le revenu des personnes physiques.

■ La fiscalité de l’énergie et des transports est faible par rapport à celle des autres pays de l’OCDE.

● Préserver le système complet de tarification carbone existant, y compris la redevance sur les combustibles pour les consommateurs.

AMÉLIORER L’ACCESSIBILITÉ FINANCIÈRE DU LOGEMENT

■ Le zonage résidentiel était jusqu’à il y a peu orienté vers les maisons individuelles, même dans les zones métropolitaines.

● Encourager les municipalités à continuer de réformer les lois sur le zonage, en éliminant le zonage à maison individuelle et en permettant un logement de densité moyenne dans les zones urbaines.

■ Les délais d’approbation des nouveaux projets de logement peuvent être longs et les procédures d’octroi de permis lourdes dans certaines municipalités.

● Accélérer la procédure d’octroi de permis en développant des systèmes électroniques à guichet unique et en améliorant le suivi des approbations.

■ Le stock de logements non marchands et abordables est relativement ancien et en diminution.

● Préserver et protéger les logements locatifs abordables, en mettant en place des stratégies d’acquisition et des fonds d’acquisition spéciaux, à l’exemple du Fonds canadien de protection des loyers annoncé.

■ Le secteur de la construction est confronté à d’importantes pénuries de main-d’œuvre.

● Élargir les effectifs dans le secteur de la construction en augmentant les admissions aux programmes de formation spécialisée et d’apprentissage.

■ La forte immigration récente, en particulier de résidents non permanents, a créé des tensions sur le marché du logement.

● Mettre les dispositifs d’aide au logement en adéquation avec les objectifs d’immigration.

■ PRINCIPALES CONCLUSIONS |

PRINCIPALES RECOMMANDATIONS

S’ADAPTER AUX ENJEUX DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

■ Le manque de sensibilisation aux risques liés au climat empêche les particuliers et les entreprises de s’y adapter plus efficacement. La plupart des personnes vivant dans des zones exposées à un risque élevé d’inondations ne sont pas conscientes des risques qu’elles encourent.

● Redoubler d’efforts pour améliorer les cartes des zones inondables et les rendre publiques.

● Imposer la communication d’informations sur les risques climatiques lors de la vente de biens résidentiels et commerciaux.

■ L’aménagement du territoire ne tient actuellement pas assez compte de ces risques.

● Créer des organes indépendants chargés de formuler des conseils sur la gestion des risques d’inondation, et des propositions en vue de limiter l’urbanisation, et contraindre les autorités à s’y conformer ou à en justifier le non respect.

■ Une grande partie des biens à haut risque ne sont pas assurés en raison de l’absence de solutions d’assurance abordables.

● Améliorer l’offre d’assurances contre les inondations et le partage des risques connexes en augmentant la couverture globale et en mettant en place un programme de réassurance plus efficace entre acteurs du privé et du public.

■ Les investissements publics et privés dans l’adaptation peuvent réduire sensiblement les risques liés aux aléas climatiques et diminuer les coûts.

● Renforcer le soutien à l’investissement dans des infrastructures résilientes au changement climatique en tirant parti des programmes fédéraux existants et en veillant à ce que des financements suffisants soient disponibles au niveau des municipalités et des provinces.

REHAUSSER LA PRODUCTIVITÉ DU SECTEUR DES ENTREPRISES

■ Malgré des allégements fiscaux généreux via le programme de recherche scientifique et de développement expérimental (RS&DE), l’intensité d’investissement en R-D du Canada est faible. Les crédits plus importants aux petites entreprises provoquent des distorsions et favorisent les entreprises sous contrôle canadien.

● Harmoniser le crédit d’impôt en faveur des activités de RD dans le cadre du programme RS&DE entre les petites et les grandes entreprises, et songer à réintégrer les dépenses en capital dans l’assiette du crédit d’impôt.

■ L’accent mis sur les aides fiscales à la R D signifie que les subventions générales à la recherche ont un poids excessif.

● Accroître le recours aux aides de soutien directes en faveur de la R-D, notamment pour promouvoir les technologies numériques telles que l’Iintelligence artificielle.

■ L’accès des petites et moyennes entreprises (PME) canadiennes à des financements abordables doit encore être amélioré.

● Cibler les programmes de financement des PME sur les entreprises jeunes et innovantes qui n’ont pas d’antécédents financiers ou ne possèdent pas d’actifs corporels.

■ Les obstacles intérieurs aux échanges ont un coût économique élevé et limitent l’efficience des marchés du travail en contribuant à les cloisonner.

● Accélérer la réduction des obstacles intérieurs aux échanges intérieurs, notamment en élargissant la portée de l’Accord de libre-échange canadien et en renforçant ses dispositions.

■ Les taux élevés de déclassement parmi les immigrés salariés mettent en évidence une sous-utilisation des compétences.

● Mieux harmoniser la reconnaissance des compétences des immigrés entre les provinces.

■ Les écarts de taux d’activité et de rémunération entre les genres demeurent importants. Les femmes sont également sousreprésentées à certains postes de direction.

● Poursuivre comme prévu le déploiement des mesures d’accès à des services abordables d’accueil des jeunes enfants. Améliorer la représentation des femmes dans les postes de direction en renforçant les programmes de sensibilisation à cet égard.

ÉTUDES ÉCONOMIQUES DE L’OCDE CANADA 2025

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