Italie note pays- Perspectives economiques de l'OCDE, novembre 2023

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Italie La croissance du PIB devrait refluer à 0.7 % en 2023 et 2024, avant de remonter légèrement à 1.2 % en 2025. La faible croissance des salaires et le niveau élevé de l’inflation ont érodé les revenus réels, tandis que les conditions financières se sont durcies et la majeure partie des aides budgétaires exceptionnelles liées à la crise énergétique ont été démantelées, ce qui pèse sur la consommation et l’investissement privés. Le recul projeté de l’inflation, les réductions ciblées de l’impôt sur le revenu et le redressement de l’investissement public lié aux financements provenant du plan « Next Generation EU » ne compenseront que partiellement ces difficultés. Les risques sont orientés à la baisse, notamment avec le risque d’un durcissement plus important que prévu des conditions financières dû au resserrement de la politique monétaire de la zone euro ou à un accroissement de la prime de risque sur les titres d’État italiens. À l’inverse, un net redressement de l’investissement public lié au Plan national de relance et de résilience (PNRR) pourrait stimuler la croissance en 2024 et 2025. Les effets du durcissement de la politique monétaire ont commencé à se répercuter alors que les aides budgétaires accordées aux ménages et aux entreprises pour faire face à la crise énergétique ont diminué, même si ces réductions ont été largement compensées par les allègements ciblés de l’impôt sur le revenu et par une hausse des dépenses financées à l’aide du PNRR. L’orientation globalement neutre de la politique budgétaire limitera le ralentissement de la croissance, mais il est possible d’améliorer le solde budgétaire plus rapidement que cela est actuellement prévu afin de placer les finances publiques sur une trajectoire plus prudente. Les dépenses publiques doivent être maîtrisées, notamment en cherchant des solutions pour réduire les dépenses de retraite et mener des examens de dépenses plus ambitieux. La mise en œuvre rapide des projets d’investissement publics et des réformes structurelles dans le cadre du PNRR sera essentielle pour soutenir la croissance et réduire le ratio d’endettement. Italie 1

1. Taux trimestriel annualisé. Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 114. StatLink 2 https://stat.link/luhrki

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Italie : Demande, production et prix 2020

Italie PIB aux prix du marché Consommation privée Consommation publique Formation brute de capital fixe Demande intérieure finale Variation des stocks¹ Demande intérieure totale Exportations de biens et services Importations de biens et services Exportations nettes¹ Pour mémoire Déflateur du PIB Indice des prix à la consommation harmonisé IPCH sous-jacent² Taux de chômage (% de la population active) Taux d'épargne nette des ménages (% du revenu disponible) Solde financier des administrations publiques (% du PIB) Dette brute des administrations publiques (% du PIB) Dette brute des administrations publiques, définition Maastricht³ (% du PIB) Balance des opérations courantes (% du PIB)

2021

Prix courants milliards de EUR

2022

2023

2024

2025

Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)

1 659.8 963.9 343.5 298.0 1 605.4 - 4.4 1 601.0 485.8 427.0 58.9

8.3 5.3 1.5 20.7 7.3 1.0 8.4 14.0 15.2 0.2

3.9 5.0 0.7 10.1 5.2 -0.6 4.5 10.7 13.1 -0.5

0.7 1.2 -0.2 0.8 0.8 0.1 0.9 0.4 1.0 -0.3

0.7 0.7 -0.4 0.5 0.4 0.1 0.5 1.3 0.9 0.2

1.2 1.0 -0.2 1.6 0.9 0.0 0.9 2.0 1.2 0.3

_ _ _ _

1.3 1.9 0.8 9.5

3.0 8.7 3.3 8.1

4.2 6.1 4.6 7.6

2.9 2.6 3.1 7.8

2.6 2.3 2.5 7.6

8.1

1.8

0.7

1.9

2.8

_ _ _ _ _

-8.8 -8.0 -5.4 -4.2 -3.6 172.9 148.5 148.2 148.3 147.4 147.2 141.6 141.4 141.4 140.5 2.4

-1.5

-0.2

0.3

0.8

1. Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne. 2. Indice des prix à la consommation harmonisé, hors produits alimentaires, énergie, alcool et tabac. 3. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrations publiques comprend uniquement les crédits, les titres de créance et les numéraires et dépôts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché. Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 114.

StatLink 2 https://stat.link/5v17co

L’activité économique ralentit Le PIB a stagné au troisième trimestre, après s’être contracté de 0.4 % au deuxième trimestre en partie du fait d’investissements en logements exceptionnellement faibles dans le sillage du durcissement des règles d’octroi de crédits d’impôt destinés à l’amélioration de l’habitat. Les récents indicateurs à haute fréquence laissent entrevoir une poursuite de l’atonie à court terme. Si la production industrielle semble avoir commencé à se redresser ces derniers mois, les indicateurs de ventes au détail et de confiance restent faibles. En dépit du ralentissement de l’activité, le taux de chômage demeure historiquement bas, l’emploi continue de progresser fortement et la croissance des salaires nominaux s’est accélérée pour s’établir à 3 % environ, ce qui devrait soutenir les revenus des ménages et la consommation privée au quatrième trimestre de 2023. Les baisses des prix internationaux de l’énergie survenues au premier semestre de 2023 ont été vite répercutées sur l’inflation mesurée par les prix à la consommation, qui est passée de plus de 12 % en novembre 2022 à 1.8 % en octobre 2023. Cela étant, les hausses des prix du pétrole depuis la fin du mois de juin devraient freiner le recul de l’inflation à court terme. Les stocks de gaz sont quasiment au maximum des capacités et la diversification géographique de l’approvisionnement en gaz s’est nettement améliorée l’an passé, tout ceci limitant le risque de pénurie. Le resserrement des conditions financières à l’échelle mondiale a eu jusqu’à présent peu de retombées négatives sur le secteur bancaire, qui a profité d’une meilleure rentabilité due à la hausse des marges d’intérêt nettes.

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Italie 2

Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 114. StatLink 2 https://stat.link/e1adiq

La hausse des taux d’intérêt a eu un impact important Les coûts des emprunts appliqués aux ménages et aux entreprises ont nettement augmenté l’an passé dans la foulée du durcissement de la politique monétaire de la zone euro, avec des taux d’environ 4.2 % pour les prêts hypothécaires et de 5.3 % pour les prêts aux sociétés non financières en septembre. Les critères d’octroi des prêts ont aussi été durcis et les volumes de prêts se sont contractées. La hausse des taux d’intérêt a renchéri le coût du service de la dette publique, qui devrait atteindre quelque 4.2 % du PIB en 2025. Abstraction faite de l’incidence d’une modification du traitement comptable des crédits d’impôt au titre de la rénovation des logements, l’orientation budgétaire sera globalement neutre en 2024. Le récent durcissement des règles relatives à ces crédits d’impôt augmentera le solde budgétaire des administrations publiques en 2024, sur la base des droits constatés et non sur la base des paiements. Ce résultat est en effet largement déterminé par les crédits d’impôt qui ont été octroyés de 2021 à 2023 mais qui seront demandés au cours des années ultérieures. Les aides liées à la crise énergétique ont été démantelées courant 2023, mais certaines mesures ont été prolongées jusqu’au quatrième trimestre, notamment l’aide au revenu ciblée sur les ménages modestes, l’annulation des frais fixes sur les factures de gaz et la réduction de la TVA sur le gaz. Le gouvernement prévoit de supprimer progressivement ces mesures courant 2024, ce qui devrait se traduire par des économies budgétaires à hauteur d’environ 1 % du PIB. Ces économies seront largement compensées par les allègements ciblés de l’impôt sur le revenu dont bénéficient les ménages à revenus faibles ou moyens et par la progression attendue des dépenses liées au plan NGEU. La législation en vigueur prévoit que les allègements ciblés de l’impôt sur le revenu mis en place en 2024 et les réductions ciblées des cotisations de sécurité sociale instaurées en 2023 expireront en 2025. Il s’ensuivra un léger resserrement budgétaire et une amélioration du solde budgétaire primaire de l’ordre de ½ pour cent du PIB environ. Dans l’ensemble, en 2024, le durcissement des conditions financières et une politique budgétaire globalement neutre devraient aboutir à une atténuation progressive des tensions inflationnistes, tandis que la croissance restera modeste.

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La croissance restera faible à court terme et l’inflation reculera Malgré les baisses des prix de l’énergie et l’augmentation attendue des dépenses liées aux financements provenant du plan NGEU, la croissance du PIB réel devrait s’établir à 0.7 % en 2023 et en 2024, avant de progresser légèrement en 2025. Le durcissement des conditions financières, l’érosion des revenus réels provoquée par la faible croissance des salaires et l’inflation élevée, et le démantèlement des aides budgétaires exceptionnelles liées à la crise énergétique pèsent sur la consommation et l’investissement privés. En 2024, ces difficultés ne seront que partiellement compensées par des dépenses des ménages financées en puisant dans le reste de l’épargne accumulée pendant la pandémie, par les réductions ciblées de l’impôt sur le revenu et par le redressement de l’investissement public lié aux financements provenant du plan NGEU. La consommation et l’investissement privés resteront faibles. L’inflation devrait reculer peu à peu en 2024-25 à la faveur du recul des prix de l’énergie et de la croissance modérée des salaires nominaux. En 2025, le soutien aux revenus réels des ménages provenant de la croissance des salaires réels, la contribution continue de l’investissement public et l’amélioration des exportations nettes due à la reprise de la demande extérieure entraîneront un redressement modeste. Les risques entourant la croissance sont orientés à la baisse. Le principal risque de divergence à la baisse par rapport aux projections est celui d’un durcissement plus important que prévu des conditions financières, qui pourrait découler du resserrement de la politique monétaire de la zone euro ou d’un accroissement de la prime de risque sur les titres d’État italiens. À l’inverse, une nette remontée de l’investissement public liée au Plan national de relance et de résilience (PNRR) pourrait stimuler la croissance en 2024 et 2025.

Un ajustement budgétaire et des réformes structurelles sont indispensables pour placer le ratio d’endettement sur une trajectoire plus prudente Le déficit public se réduira, tout en restant supérieur à 3 % jusqu’en 2025. Le ratio de la dette publique est élevé et des tensions majeures s’exercent sur les dépenses, qui augmenteront à hauteur d’environ 2 ½ pour cent du PIB sur la période 2023-40 en raison des besoins d’investissement et des coûts liés au vieillissement. Un ajustement budgétaire durable sera impératif pendant un certain nombre d’années afin de placer le ratio d’endettement sur une trajectoire plus prudente, de faire face aux futurs coûts et de se conformer aux règles budgétaires proposées par l’UE. Pour cela, il faudrait prendre des mesures décisives pour s’attaquer à la fraude fiscale, limiter la croissance des dépenses de retraite et engager des examens de dépenses ambitieux. La mise en œuvre intégrale des programmes d’investissement public et des réformes structurelles prévus par le plan national pour la reprise et la résilience pourrait accroître durablement le PIB de l’Italie, ce qui présenterait l’avantage supplémentaire de contribuer à faire baisser le ratio dette/PIB. L’avancée des réformes structurelles a été considérable mais les dépenses financées par le plan NGEU ont été exécutées après l’échéancier prévu, ce qui s’explique principalement par les retards de mise en œuvre de projets d’investissements publics. Les priorités devraient être de réaffecter l’exécution des projets aux administrations publiques les mieux dotées en capacités, de se concentrer sur les projets d’infrastructure favorisant la croissance et de renoncer aux projets non viables.

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