Allemagne note pays- Perspectives economiques de l'OCDE, novembre 2023

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Allemagne Après s’être légèrement contractée en 2023, l’économie devrait enregistrer une croissance de 0.6 % en 2024 et de 1.2 % en 2025. La baisse de l’inflation et la progression des salaires soutiendront les revenus réels et la consommation privée. Les taux d’intérêt élevés pèseront sur l’investissement résidentiel et freineront la demande d’exportations de biens d’équipement. Cependant, l’investissement non résidentiel se redressera progressivement grâce au niveau élevé de l’épargne des entreprises et des besoins d’investissement liés à la relocalisation des chaînes d’approvisionnement, à la transformation numérique et au développement des énergies renouvelables. Ces évolutions seront soutenues par une hausse de l’investissement public et par des incitations budgétaires en faveur des investissements verts. Les exportations se redresseront lentement à mesure que la demande mondiale se raffermira. La réduction du déficit budgétaire contribuera à contenir les tensions inflationnistes. L’amélioration de la planification des infrastructures et des procédures d’approbation et le renforcement des capacités, en particulier au niveau des municipalités, permettraient d’accélérer la transition énergétique et la transformation numérique. Il faudrait remédier aux pénuries de main-d’œuvre qualifiée en renforçant les incitations au travail des femmes, des travailleurs âgés et des personnes à faible revenu, en améliorant la formation professionnelle et la formation des adultes et en facilitant la reconnaissance des qualifications des migrants et des réfugiés. Il est par ailleurs indispensable d’améliorer la qualité de l’enseignement de base et d’élargir l’accès à l’éducation des jeunes enfants pour stimuler la croissance potentielle et réduire les inégalités. Allemagne 1

1. Prix du gaz naturel vendu à l’industrie. 2. Prix de l’électricité livrée aux clients sous contrat particulier. Source : Office fédéral de la statistique (Statistisches Bundesamt) ; enquête de conjoncture de l’ifo Institut ; et GfK. StatLink 2 https://stat.link/x86z4p

PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2023 NUMÉRO 2 : VERSION PRÉLIMINAIRE © OCDE 2023


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Allemagne : Demande, production et prix 2020

Allemagne PIB aux prix du marché Consommation privée Consommation publique Formation brute de capital fixe Demande intérieure finale Variation des stocks¹ Demande intérieure totale Exportations de biens et services Importations de biens et services Exportations nettes¹ Pour mémoire PIB sans ajustements jours travaillés Déflateur du PIB Indice des prix à la consommation harmonisé IPCH sous-jacent² Taux de chômage (% de la population active) Taux d'épargne nette des ménages (% du revenu disponible) Solde financier des administrations publiques (% du PIB) Dette brute des administrations publiques (% du PIB) Dette brute des administrations publiques, définition Maastricht³ (% du PIB) Balance des opérations courantes (% du PIB)

2021

Prix courants milliards de EUR

2022

2023

2024

2025

Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)

3 396.7 1 706.6 749.6 730.4 3 186.6 14.5 3 201.2 1 473.3 1 277.7 195.6

3.1 1.5 3.1 -0.3 1.5 0.9 2.5 9.5 8.8 0.8

1.9 3.9 1.6 0.2 2.5 0.7 3.4 3.4 6.8 -1.2

-0.1 -0.7 -2.5 1.4 -0.6 0.0 -0.5 -0.7 -1.3 0.3

0.6 0.6 0.5 1.2 0.7 0.1 0.8 0.5 0.9 -0.2

1.2 1.4 0.6 1.7 1.3 0.0 1.3 2.3 2.4 0.0

3 403.7 _ _ _ _

3.2 3.0 3.2 2.2 3.6

1.8 5.3 8.7 3.9 3.1

-0.2 6.3 6.2 5.2 3.0

0.7 2.4 2.7 3.1 3.0

1.8 1.7 2.1 2.3 2.9

_

14.6

11.5

11.7

12.1

11.9

_ _

-3.7 79.3

-2.5 65.5

-2.2 65.4

-1.6 66.3

-0.9 66.3

_

69.2

66.2

66.1

66.9

67.0

_

7.8

4.4

6.7

6.9

6.9

1. Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne. 2. Indice des prix à la consommation harmonisé, hors produits alimentaires, énergie, alcool et tabac. 3. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrations publiques comprend uniquement les crédits, les titres de créance et les numéraires et dépôts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché. Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 114.

StatLink 2 https://stat.link/in97h2

La faiblesse de la demande d’exportations pèse sur la croissance Le PIB a stagné aux cours des trois premiers trimestres de 2023. La forte progression des salaires nominaux et la baisse de l’inflation ont eu pour effet de stabiliser les salaires réels et la consommation privée. En raison de la baisse des prix de l’énergie, l’inflation globale est tombée de 4.3 % en septembre à 3 % en octobre, tandis que l’inflation sous-jacente est restée élevée, à 4.3 %. L’investissement des entreprises a fortement augmenté depuis janvier, malgré la hausse des taux d’intérêt et une confiance fragile, mais les exportations ont diminué. La production industrielle a diminué depuis le début de 2023, avec une forte baisse dans les secteurs à forte intensité énergétique qui a été en partie compensée par l’effet positif, sur d’autres secteurs manufacturiers, de l’atténuation des difficultés dans les chaînes d’approvisionnement et de carnets de commandes bien remplis. Les anticipations des entreprises se sont dégradées cette année, mais ont connu une légère embellie en septembre, de même que les données sur le chiffre d’affaires des usines. Dans le secteur manufacturier, les commandes ont augmenté en août et en septembre, principalement à la faveur des commandes à l’exportation, indiquant une stabilisation de la demande d’exportations. Le taux de chômage est resté stable, à 3 % en septembre.

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1. Indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH). 2. Indice des prix à la consommation harmonisé, hors produits alimentaires, énergie, alcool et tabac. Source : Office fédéral de la statistique (Statistisches Bundesamt) ; et Eurostat. StatLink 2 https://stat.link/m7q0ir

Le niveau élevé des taux d’intérêt pèse sur la demande mondiale de biens d’équipement, qui représentent une part importante des exportations allemandes. La valeur des exportations a continué de baisser en septembre pour s’établir à un niveau inférieur de 7.5 % à celui de septembre 2022. Les exportations mensuelles vers les autres pays de l’UE ont reculé de 2.1 % en septembre par rapport au mois d’août, tandis que les exportations vers les pays non-membres de l’UE ont progressé de 1.7 % en octobre, principalement sous l’effet de la hausse des exportations vers les États-Unis. L’atténuation des goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement continuera d’aider les entreprises à honorer leurs commandes dans les secteurs des machines et équipements et soutiendra l’activité manufacturière.

L’investissement public et les incitations budgétaires en faveur de l’investissement privé soutiendront la reprise Le dispositif national de frein à l’endettement a été rétabli en 2023 après avoir été suspendu en 2020-2022. La consommation publique a fortement diminué en 2023, en raison de la disparition progressive des dépenses de santé liées à la pandémie. Cependant, l’État prévoit de financer une série de priorités jusqu’en 2026 au moyen de fonds extrabudgétaires spéciaux. Les dépenses nettes effectuées à partir de ces fonds ne sont pas soumises à la règle du frein à l’endettement, et pendant la suspension de cette règle, une enveloppe d’environ 400 milliards EUR leur a été affectée. Des dépenses au titre du Fonds pour le climat et la transformation (KTF) représentant environ 1 %, 1.5 % et 1.2 % du PIB en 2023, 2024 et 2025 respectivement sont censées être consacrées à des subventions et investissements publics destinés à appuyer la transition verte. En valeur nette, ces dépenses, qui auront un impact sur le déficit budgétaire selon les critères de Maastricht, seront cependant inférieures, car le fonds doit aussi percevoir des recettes provenant de la taxe carbone qui représenteront quelque 0.5 % du PIB en 2023 puis 0.8 % en 2025 en raison des hausses prévues de la taxe nationale sur le carbone qui passera de 30 à 50 EUR par tonne de CO2 d’ici 2025. En novembre 2023, la Cour suprême a décidé une réduction de 60 milliards EUR des autorisations d’emprunt disponibles pour le KTF, ce qui affectera tout particulièrement les programmes de dépenses pour 2025 et 2026. Les dépenses militaires augmenteront pour atteindre 1.6 % du PIB en 2023 et 1.9 % en 2024 et 2025, du fait de dépenses provenant d’un fonds spécial pour la défense qui a été doté de 100 milliards EUR pour améliorer les équipements de défense, tandis que les dépenses militaires inscrites au budget régulier resteront probablement aux alentours de 1.3 % du PIB. PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2023 NUMÉRO 2 : VERSION PRÉLIMINAIRE © OCDE 2023


 75 Les subventions aux prix de l’électricité et du gaz, qui doivent rester en vigueur jusqu’en décembre 2023 mais pourraient être prolongées jusqu’en avril 2024, sont financées grâce au Fonds de soutien pour l’énergie auquel a été allouée une enveloppe de 200 milliards EUR. Du fait de la baisse des prix de l’énergie, les coûts budgétaires des subventions aux prix du gaz et de l’électricité seront sans doute moins importants que prévu et devraient représenter environ 0.9 % du PIB en 2003 et 0.1 % du PIB en 2024. Supprimer progressivement comme prévu la réduction de la TVA sur le gaz permettrait de renforcer les incitations en faveur des économies d’énergie. L’orientation budgétaire devrait être globalement restrictive en 2024 et 2025, représentant un durcissement cumulé d’environ 1.7 % du PIB, tandis que la dette publique augmentera légèrement pour s’établir à 67 % du PIB en 2025. L’arrêt rendu en novembre par la Cour suprême sur le KTF pourrait également avoir des répercussions sur l’utilisation d’autres fonds spéciaux, en exigeant un financement supplémentaire de leurs programmes de dépenses au moyen d’une hausse des recettes ou de la réduction des dépenses dans d’autres domaines, ce qui pourrait donner lieu à un nouveau resserrement budgétaire.

L’économie se redressera lentement L’économie devrait se contracter légèrement en 2023, puis enregistrer une croissance de 0.6 % en 2024 et 1.2 % en 2025. La consommation privée tirera la reprise, du fait du repli de l’inflation et de la progression des salaires nominaux sur fond de tensions sur le marché du travail. Le niveau élevé des taux d’intérêt continuera de peser sur l’investissement dans le logement et la demande d’exportations, mais l’atténuation des goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement et l’ampleur des carnets de commandes permettront de soutenir l’activité dans le secteur manufacturier. L’investissement des entreprises repartira à la hausse en raison de l’importance de l’épargne accumulée par les entreprises et des besoins d’investissement, et bénéficiera de l’augmentation de l’investissement public et des incitations fiscales à l’investissement vert. La consommation publique commencera à augmenter en raison des dépenses de santé et de retraite liées au vieillissement de la population, qui devraient progresser de 0.3 point de PIB jusqu’en 2025, et de la hausse des salaires dans le secteur public. Le durcissement des conditions monétaires, l’atténuation des tensions sur les prix de l’énergie et le resserrement budgétaire contribueront à faire descendre l’inflation qui reviendra de 6.2 % en 2023 à 2.7 % en 2024 et 2.1 % en 2025. Les tensions géopolitiques, qui pourraient entraîner de nouvelles perturbations au niveau de l’énergie ou des échanges, ainsi que la nécessité de relocaliser les chaînes d’approvisionnement, constituent des risques majeurs de divergence à la baisse par rapport aux projections. La poursuite des incertitudes politiques liées au financement des mesures de soutien des entreprises et des travailleurs pendant la transition écologique pourrait freiner l’investissement et la consommation privée. Si un tour de vis budgétaire supplémentaire est nécessaire pour soutenir les programmes de dépenses des fonds extrabudgétaires, la croissance du PIB et l’inflation seront plus faibles. En revanche, une reprise plus vigoureuse en Chine pourrait améliorer sensiblement les perspectives.

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Progresser sur la voie de la double transition écologique et numérique nécessite davantage d’investissements Pour développer l’offre d’énergies renouvelables et accroître la sécurité énergétique, il est fondamental de continuer à réduire le temps nécessaire pour mener à bien les procédures complexes de planification et d’approbation, au niveau des communes et des Länder. Pour accélérer la transformation numérique, il faudra investir davantage dans l’infrastructure numérique, et moderniser plus rapidement le secteur public, notamment en fixant des normes informatiques communes obligatoires, et de promouvoir l’harmonisation des procédures administratives entre les différents niveaux d’administration. Augmenter l’efficience de la dépense publique par un recours efficace aux examens de dépenses, réduire les subventions et exonérations fiscales régressives et dommageables pour l’environnement et améliorer le respect des obligations fiscales sont autant de mesures qui permettraient de dégager des ressources supplémentaires pour les investissements publics qui s’imposent. Afin de remédier aux pénuries de main-d’œuvre croissantes et qui risquent, en outre, de mettre en péril l’investissement privé et public dans les énergies renouvelables, il faudra relever le taux d’activité des femmes, des personnes peu qualifiées et des seniors en proposant des incitations fiscales appropriées, en améliorant la formation et en offrant aux adultes des possibilités d’apprentissage. La réforme du système actuel d’imposition commune des couples contribuerait à augmenter l’offre de main-d’œuvre féminine et à corriger les disparités entre les genres.

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