Accès à l’électricité en Afrique subsaharienne : retours d’expérience et approches innovantes

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complexes que le comptage traditionnel, qui nécessitent

évidence une diminution moyenne de la consommation

des compétences plus élevées et une adaptation sensible

électrique par foyer de l’ordre de 20 % lors de la mise en

des personnels existants, notamment en ce qui concerne

place d’un système de prépaiement ;

l’installation des compteurs et des systèmes informatiques

- une clientèle qui doit être diversifiée : le prépaiement ne

de gestion ;

doit pas s’adresser uniquement à une clientèle pauvre ;

- une fraude toujours possible : le prépaiement n’implique

pour assurer sa rentabilité et bénéficier de ses effets

pas automatiquement une diminution des pratiques

positifs pour le distributeur (réduction des frais de gestion,

frauduleuses liée à l’absence de présence physique des

économie de trésorerie, réduction du non-paiement), il se

releveurs de compteurs ;

doit d’être valorisé sur les clientèles les plus aisées et les

- les coûts d’investissement : même s’ils peuvent être

petits industriels, plus susceptibles d’entraîner des effets

rapidement rentabilisés par les gains en termes de recou-

d’échelle ;

vrement et d’amélioration de la trésorerie, il demeure que

- une introduction en zones rurales qui demeure délicate :

les compteurs à prépaiement sont plus chers que les

dans certaines régions rurales, les distances aux points de

compteurs traditionnels ( de l’ordre de 30 à 40 %) ;

vente sont pénalisantes, la téléphonie mobile, quand la

- une consommation réduite : différents travaux ont mis en

couverture existe, offrant des perspectives intéressantes

Encadré 12. Prépaiement : retours d’expérience au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en Afrique du Sud

Introduit à partir de 2006 au Sénégal, le prépaiement a rencontré un réel succès notamment dans la capitale. Dans ce pays, les clients ont le choix de garder leur ancien compteur ou de recourir au prépaiement. Le nouveau compteur électrique se présente sous la forme d’une unité centrale munie d’un clavier (qui permet de taper le code inscrit sur le ticket de rechargement) et d’un écran (pour suivre la consommation). La première tranche d’investissement s’élève à 450 000 EUR, représentant 75 000 EUR d’équipements système et 375 000 EUR d’achat de 5 000 compteurs. Du côté de la SENELEC, à volume de client constant, on constate que le nouveau système améliore la trésorerie de la compagnie à hauteur de 30 %, alors que dans le même cadre d’analyse on constate une économie de 15 % dans la consommation d’énergie des ménages. Du côté des consommateurs, le nouveau système est plutôt bien accueilli et les raisons qui poussent les clients à se connecter relèvent de plusieurs aspects : - plus de flexibilité et de visibilité dans la gestion du budget électricité ; - des temps d’accès aux comptoirs plus courts (les comptoirs prépaiement sont prioritaires et moins surchargés) ; - un avantage tarifaire : le système de facturation mis en place au Sénégal prévoit que les premiers kWh sont les plus chers, et que leur prix ne cesse ensuite de décroître (tarif par bloc descendant). Ainsi les clients achètent de quoi combler les premières tranches, puis massivement dans la troisième tranche en fin de mois, ce qui leur permet de couvrir leur besoin en électricité pour les deux mois suivants au tarif de la troisième tranche de la période précédente.

Depuis la fin des années 1990 en Côte d’Ivoire, la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) réfléchit à l’intégration des compteurs à prépaiement dans son système de gestion de la distribution. Ainsi, dès 2000, une expérimentation a été initiée par la compagnie qui a mis en place environ 5 000 compteurs à prépaiement. Ils se sont très rapidement révélés peu performants et la CIE a décidé, en 2004, de lancer une nouvelle campagne de test en utilisant un nouveau modèle de compteur fabriqué en Afrique du Sud. Actuellement, plus de 30 000 compteurs de nouvelle génération sont en cours d’expérimentation. Actuellement, la diffusion massive des compteurs à prépaiement n’est pas autorisée par le gouvernement, qui attend un avis de l’Autorité nationale de régulation du secteur de l'électricité (ANARE) pour définitivement adopter ce système de comptage. Cette nouvelle approche de la distribution s'appuie principalement sur certaines agences de la CIE et sur les critères suivants : les quartiers à forte expansion, les quartiers précaires et les résiliés débiteurs (fraudeurs).

© AFD Document de travail n° 122 • Accès à l’électricité en Afrique subsaharienne • avril 2012 71


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